Les soins esthétiques à l`Institut Curie

Transcription

Les soins esthétiques à l`Institut Curie
Dossier de Presse
Les soins esthétiques à l’Institut Curie
Rester femme dans la
maladie
Les premiers résultats d’une évaluation menée
auprès de 100 patientes de l’Institut Curie
Petit déjeuner de presse du 18 mai 2000
Sommaire
Les intervenants
Les soins esthétiques : détente, bien-être, réconfort
mais aussi un complément à la démarche thérapeutique
La première évaluation des soins esthétiques menée
auprès de 100 patientes de l’Institut Curie
Les patientes témoignent…
Le témoignage de Brigitte Rizzo, esthéticienne
Contacts
Relations presse
Catherine Goupillon
[email protected]
Secrétariat/Photothèque
Cécile Charré
41 67
Tél.
01
44
Tél. 01 44 32 40 67
32
40
63
Fax 01 44 32
Les intervenants
§ Françoise Montenay, présidente de l’association CEW France depuis 1994.
Directrice pendant 16 ans dans le secteur des cosmétiques et de la mode
3
(L’Oréal, Jean Patou), directrice générale des activités mode de Chanel de
1988 à 1997, elle est, depuis 1998, présidente de Chanel SA et de Bourjois.
§ Brigitte Rizzo, esthéticienne des Centres de Beauté de CEW France à
l'Institut Curie depuis décembre 1998, elle dispense également des soins de
beauté à l’Hôpital Ste Périne et à l’Hôpital de La Pitié-Salpêtrière. Durant 15
années, elle a exercé en milieu hospitalier en qualité d’aide soignante.
§ Geneviève Borde-Müller, cadre infirmier dans le service de chirurgie du sein
de l’Institut Curie depuis 1987. Elle est à l’initiative de la mise en place des
soins esthétiques dispensés aux patientes de l’Institut Curie par l’association
CEW France. En 1996, elle a reçu le prix Asta Medica, 1er prix infirmier
d’évaluation de la douleur en cancérologie.
§ Dr Sylvie Dolbeault, psychiatre, praticien hospitalier, responsable de l’unité
de psycho-oncologie de l’Institut Curie depuis janvier 1998. Titulaire d’un DEA
de psycho-pathologie et de neuro-biologie comportementale, et du diplôme
d’Université de la douleur, elle a été chef de clinique assistante auprès du
Pr Féline à l’Hôpital Bicêtre et du Pr Dally à l’Hôpital Fernand Widal. Elle a
également acquis une expérience de psycho-pharmacologie et de psychooncologie à l’Institut Gustave Roussy.
Photographies disponibles au Service de presse
Les soins esthétiques à l’Institut Curie
Détente, bien-être, réconfort mais aussi un
complément à la démarche thérapeutique
Depuis décembre 1998, à l'initiative de Geneviève Borde-Müller, cadre infirmier en chirurgie
du sein à l’Institut Curiet, et avec le soutien de son équipe soignante et de la direction de
l’hôpital, l'association Centres de Beauté CEW France offre des soins de beauté entièrement
gratuits aux patient(e)s de l’Institut Curie afin de leur procurer un moment de détente, de bienêtre et de douceur durant leur hospitalisation.
t
Le service de chirurgie du sein de l’Institut Curie est dirigé par le Dr Krishna Clough
4
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’orientation générale poursuivie depuis
plusieurs années par l’Institut Curie visant à améliorer constamment la qualité des
soins et de la prise en charge globale du patient.
Depuis décembre 1998, plus de 600 patient(e)s, pour la plupart hospitalisés dans le
département de chirurgie de l’Institut Curie, ont bénéficié des soins de beauté.
Une enquête* menée auprès de 100 patientes permet, au-delà de la satisfaction unanime,
d’appréhender leurs principales motivations : 44 % considèrent ces soins comme « un
moment privilégié de détente et de relaxation », 28 % les demandent par « envie d’être
belle ».
Permettre aux femmes de retrouver l’intégrité de leur image et
l’estime de soi
A la suite de l’intervention chirurgicale, la grande majorité des patientes opérées pour un
cancer, en particulier un cancer du sein, éprouvent un bouleversement de leur image
corporelle.
Cette forte perturbation se manifeste aussi bien par un rejet subi de son corps, que par la peur
de la réaction ou du rejet des autres, par un sentiment d’impuissance ou de désespoir, parfois
par l’utilisation de pronom personnel pour évoquer la partie malade ou manquante. Beaucoup
de patientes refusent d’admettre le changement pourtant réel.
Mais il existe également des réactions non exprimées comme le refus de regarder, de toucher
la partie malade, ou celle d’exhiber ou au contraire de cacher sa cicatrice.
Afin d’aider les femmes à retrouver l’intégrité de leur image et l’estime de soi à travers le
regard des autres, il est nécessaire de leur offrir les moyens de dévier l’organe malade de leur
image corporelle grâce aux compétences d’une personne susceptible de valoriser leur corps
dans son ensemble.
Au-delà du soin purement esthétique, les soins de beauté permettent ainsi d’optimiser la
démarche thérapeutique.
Une esthéticienne formée spécialement au milieu hospitalier
Aide soignante de formation, Brigitte Rizzo, l’esthéticienne, a été formée spécialement pour
travailler en milieu médical. A l'Institut Curie, elle se rend sur rendez-vous dans les chambres
des patient(e)s, et, durant une heure en moyenne, leur propose soins du visage, maquillage,
beauté des mains et des pieds, épilations…
Ces soins esthétiques sont actuellement effectués deux jours par semaine, soit environ
15 rendez-vous hebdomadaires.
*
Questionnaire à choix multiples et commentaires libres
5
Compte tenu des demandes nombreuses des patients, de la place originale des soins
esthétiques comme complément à la démarche thérapeutique, cette activité va prochainement
prendre encore plus d’essor grâce à l’installation d’une véritable cabine d’esthétique au
sein de l’hôpital.
Ces soins peuvent être offerts aux malades grâce aux Centres de Beauté CEW France,
présidée par Françoise Montenay, association qui rassemble des femmes décisionnaires
dans le secteur de la beauté. Ambassadrices du projet auprès des grandes sociétés pour
lesquelles elles travaillent, les responsables de CEW France obtiennent un soutien notamment
en matériels et produits gratuits. L'association, présente en milieu hospitalier depuis 1992, a
mis en place 5 centres de beauté en région parisienne.
Tous les soins esthétiques proposés aux patients sont gratuits et il n’existe aucune
démarche commerciale ou publicitaire de la part de l’association CEW (toutes les
marques des produits cosmétiques sont dissimulées).
La première évaluation des soins esthétiques
menée auprès de 100 patient(e)s de l’Institut
Curie
Depuis décembre 1998, plus de 600 patient(e)s ont bénéficié des soins esthétiques à
l’Institut Curie.
Afin d’évaluer l’impact des soins de beauté, une enquête sous forme de questionnaire à
choix multiples et de commentaires libres a été réalisée, par Geneviève Borde-Müller,
auprès de 100 patient(e)s.
§
Le questionnaire à choix multiples montre que 100 % des malades sont satisfaits.
99 % des malades ayant bénéficié des soins de beauté sont des femmes.
64 % des patientes ont entre 40 et 60 ans.
44 % d’entre elles ont souhaité bénéficier de ce soin pour obtenir une détente et
une relaxation, et 28 % par envie d’être belle.
Les types de soins les plus demandés sont les soins du visage (71 %), la manucure et
la beauté des pieds (15 %) et le maquillage (12 %).
§
Des commentaires libres des patientes, on peut retenir que :
32 % valorisent les qualités de l’esthéticienne et les classent dans l’ordre suivant :
1 - qualités humaines
2 - appliquée, douce, charmante
6
3 - compétente
4 - de bon conseil, prend en compte la maladie
28 % mettent en avant l’apport direct du soin pendant l’hospitalisation :
1 - oubli de l’angoisse, relaxation, détente
2 - bien être, mieux être
3 - recevoir de l’attention d’autrui, de l’amour
4 - retrouve l’intégrité, compense l’amputation de féminité
5 - porter un autre regard sur soi
6 - améliore la qualité de vie
25 % soulignent l’importance de cette action :
1 - satisfaction générale
2 - remerciements
3 - très bonne initiative
4 - action à renouveler, à poursuivre
15 % insistent sur l’impact indirect du soin :
1 - moment agréable
2 - surprenant, agréable pour un milieu hospitalier
3 - oubli de la maladie, de l’hôpital
4 - vaut certains médicaments
Les patientes témoignent…
« C’est très agréable que l’on pense à nous aider à ce niveau. Quand une femme est amputée
d’une partie de sa féminité, rien ne vaut mieux que de compenser par une mise en valeur
d’une autre partie de son corps » Valérie, septembre 99
« Hospitalisée dernièrement à l’Institut Curie, j’ai pu bénéficier des soins de l’esthéticienne
dont l’efficacité et la gentillesse m’ont beaucoup aidée » Caroline, mai 99
« On pense à une gentillesse et à un charmant cadeau qui surprend dans le milieu
hospitalier » Sylvie, octobre 99
« C’est inimaginable ! Ces femmes à qui il manque un sein, après être passée une heure dans
les mains d’une esthéticienne sont comme des gamines qui ont été visitées par le Père Noël,
étonnées, ravies, souriantes. Pour vous cela est anodin, mais pour nous si vous saviez
comme cela est gratifiant » Michelle, août 99
7
« C’est une heureuse initiative que de permettre aux personnes ayant subi un traumatisme de
se sentir mieux. Et puisqu’une partie de notre corps est malade, il faut soigner également
l’extérieur pour se sentir mieux » Catherine, décembre 99
« Excellente initiative et félicitations pour ce bénévolat ! Soigner le mal d’une façon détournée,
c‘est tellement important ! » Sophie, juillet 99
« Initiative très agréable. Introduire à l’hôpital ce qui fait les petits charmes de la vie est très
réconfortant. L’esthéticienne est à la mesure de cette initiative, douce et efficace »
Anna, juillet 99
« Merci à Brigitte et à l’association permettant aux malades d’oublier les moments de désarroi
et en quelques minutes de retrouver cette personne que nous étions avant la maladie »
Françoise, juillet 99
« Moment privilégié, très agréable où l’on traite la personne autrement que comme une
malade. On retrouve son intégrité. J’ai rencontré Marie-Pierre, une personne compétente,
délicate et sensible » Elisabeth, novembre 99
Brigitte Rizzo, esthéticienne, raconte…
Brigitte Rizzo a exercé en milieu hospitalier pendant 15 ans en qualité d’aide soignante.
Durant ces années, elle a pris conscience de la nécessité d’apporter aux patients autre chose
que les soins médicaux afin de les accompagner dans ces moments difficiles.
« Souvent, j’ai lu dans les yeux des patients un mal-être dû à la détérioration de leur image
corporelle. J’ai eu envie de répondre à ce besoin. Je me suis donc impliquée dans une
formation d’esthéticienne puis de socio-esthéticienne, (enseignement dispensé par des
médecins, psychologues, psychiatres et chirurgiens). CEW m’a permis de concrétiser ce projet
qui me tenait à cœur ».
Depuis octobre 1998, Brigitte Rizzo intervient, dans les différents services de cancérologie de
l’Institut Curie, ainsi que dans d’autres établissements (Hôpital Ste Périne et Hôpital La PitiéSalpêtrière).
Se faire choyer et non soigner
Tous les soins
esthétiques proposés aux
patients
sont gratuits
et il n’existe aucune
démarche commerciale ou
publicitaire de la part de
l’association CEW : toutes
l
d
d it
Les soins offerts sont les soins habituellement proposés en
institut de beauté : soins du visage, manucure, épilation du
visage et du corps, maquillage, beauté des pieds.
« Lors de mon passage, les patients sont agréablement
surpris de la proposition de soins esthétiques en milieu
hospitalier. Il m’arrive même très souvent de leur faire
découvrir les soins esthétiques, car pour certains, ces soins
ne faisaient pas partie de leurs habitudes de vie ».
Pour les personnes qui viennent pour la première fois, la manucure est très appréciée. « Il
m’est arrivée de proposer un soin à une dame n’ayant jamais bénéficié de soins esthétiques.
Réticente au départ, elle demande une manucure. Un climat de confiance s’installe. Elle me
8
demande ensuite de lui faire découvrir un soin du visage, puis des conseils en produits
adaptés pour sa peau, et pour finir un maquillage. Ce qui représenta au final 2 heures et
demie de soins. Pour une personne un peu réticente au départ ! ».
Collaborer avec le personnel soignant
« Lors de la mise en place de cette prestation, la réaction du personnel soignant fut immédiate
et très enthousiaste. Grâce à l ’étroite collaboration qui s’est établie, les soins esthétiques
peuvent être réalisés avec succès. C’est une complémentarité importante ».
En général, c’est le personnel médical qui gère les rendez-vous et suggère les soins de
beauté aux patients. « Parfois, je vais moi-même vers les malades toujours en collaboration
avec l’équipe soignante ».
Afin d’éviter toute erreur, chaque jour, les esthéticiennes s’informent sur les risques éventuels
ou contre-indication pour l’exécution des soins. Puis, à leur tour, elles peuvent transmettre des
informations ou des observations constatées lors des soins et pouvant être utiles aux suivis
des patients « Après le soin, la patiente est détendue, reposée, souriante et les équipes
soignantes le remarquent ».
Restaurer l’image corporelle
Jusqu’à présent, certains besoins essentiels du patient ont été éclipsés. Or la maladie entraîne
chez les personnes une perte totale de confiance en elles. « Elles se sentent dévalorisées
physiquement et perdent l’intérêt de s’occuper d’elles-mêmes, elles se laissent aller ». Les
patientes ont donc besoin de ré-apprivoiser ce corps qui souffre. « Elles me confient souvent
que ce soin a déclenché l’envie de reprendre soin d’elles. Il est important de plaire aux autres,
mais surtout de se plaire particulièrement en période de faiblesse. »
Les soins esthétiques restaurent l’image corporelle altérée par la maladie, l’âge et les
traitements médicaux. Ils permettent de pallier les effets secondaires des traitements sur la
peau ou les ongles comme la sécheresse cutanée, l’hypersensibilité ou l’hypersécrétion et
l’hyperpillosité.
Les traitements de chimiothérapie entraînent bien souvent la perte des cheveux, des sourcils
et des cils. Maquillées, les patientes reprennent confiance en elles. Les soins permettent de
rétablir leur identité féminine perdue. « Il suffit parfois d’un petit coup de pouce pour que la
personne se réconcilie avec son corps ». Les femmes se sentent ensuite plus aptes à renouer
avec le monde extérieur.
« Oublier » la maladie
Les soins de beauté permettent d’offrir un moment de détente, de douceur, de bien-être aux
malades angoissés par l’hospitalisation. « Le temps d’un soin la patiente oublie ses
épreuves. Lors d’un massage du visage, une femme s’est endormie profondément. A la fin du
soin, elle me confia qu’elle avait des troubles du sommeil depuis son hospitalisation. Ce
massage lui avait permis de se détendre. Après mon départ, elle s’est rendormie et a passé
une bonne nuit ».
C’est aussi l’occasion pour les patientes de parler d’autres choses que de leur maladie :
« Nous parlons de mode, de leur famille, je les conseille en produits de soins, de maquillage.
Parfois je sens que la personne n’a pas envie de parler, je respecte tout à fait ce silence. Je
9
comprends qu’elle ait envie de faire le vide pendant une heure ». Parfois, après un soin du
visage les patientes s’abandonnent et s’effondrent en pleurs.
L’esthéticienne est une écoute non médicalisée et représente un lien avec le monde extérieur.
Les soins esthétiques sont un moyen privilégié d’établir un contact humain, de lutter contre
l’isolement des patients : « A travers le toucher qui est à la base du soin de beauté, à travers
le regard, le dialogue, l’écoute, ces soins esthétiques redonnent une dignité face à la
maladie ».
10

Documents pareils