Synthèse colloque plongée atelier 4 P

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Synthèse colloque plongée atelier 4 P
Université de Poitiers
Faculté des Sciences du sport
Colloque
« Plongée & Sécurité »
27 Mars 2010
Synthèse de l’atelier N°4
« De la conception à l’utilisation du matériel de plongée : Quelle
sécurité ? »
Modérateur :
Patrick LACOUTURE, Professeur des Universités, Responsable de l’équipe de recherche « Robotique,
Biomécanique, Sport & Santé » Institut P’, UPR 3346 CNRS, Université de Poitiers, ENSMA ;
Trésorier er responsable du conseil scientifique du CRITT Sport-Loisirs, Châtellerault.
Témoins :
Bruno GUIMBARD, Directeur marketing France SCUBAPRO, Moniteur d’Etat 2ème degré ;
Daniel HURON, Instructeur National ;
Patrice VOGEL, Propriétaire magasin « Le vieux plongeur », Marseille ;
Yves GAERTNER, Instructeur National et membre de la CTN.
Préambule
Tout d’abord, je tiens à remercier les organisateurs de ce colloque pour leur invitation à cette
journée d’études des problématiques sécuritaires propres à la pratique de la plongée. Bien que
candide dans ce domaine d’activités sportives, les attentes en matière de sécurité dans le domaine
sportif ne me sont pas étrangères dans la mesure où mes activités professionnelles de recherche et
de transfert de technologie me conduisent à traiter des questions qui intègrent l’analyse des
interactions du sportif avec son environnement matériel de pratique ; à ce titre, j’ai participé avec le
CRITT Sport-Loisirs, à la mise en œuvre de normalisations françaises (AFNOR) et européennes (EN)
pour le compte de la fédération de judo, de gymnastique, d’escalade. Ces fédérations se posent les
mêmes questions sur les responsabilités engagées, la qualité des formations des animateurs et
entraîneurs, sur le compromis attendu entre confort, performance et sécurité des équipements.
Dans ce domaine, la mutualisation des actions menées par les différentes fédérations pourrait être
intéressante.
Merci aussi aux quatre témoins de cet atelier pour la pertinence et la complémentarité de
leurs propos.
Et enfin, merci aux participants pour leurs questions et leurs témoignages qui ont enrichi le
débat et permis, par les expériences vécues de concrétiser les discours.
Synthèse :
Il a été rappelé que la sécurité demeurait un concept global qui intégrait comme le souligne
le schéma ci-dessous les facteurs humains (moniteurs, clients, sportifs, etc.), des aspects
organisationnels (stages, séjours, sorties, etc.), tout ceci dans un environnement matériel avec ses
contraintes spécifiques.
Les matériels et les équipements de plongée se trouvent à l’interface de différents facteurs
qui supposent une maîtrise totale de chacun d’entre eux ; Ces interactions illustrent bien le fait que
les outils ne sont qu’une aide à la pratique et ne peuvent en aucun cas, se substituer aux décisions du
moniteur et du plongeur ; l’intérêt de ces appareils dépend donc des capacités du moniteur et du
plongeur à analyser les situations et à utiliser les informations données par les appareils en toute
connaissance de cause pour agir, bien entendu, en toute sécurité.
Ces principes de base posés, tout le monde s’est accordé pour constater que l’évolution
technologique des matériels avait amené de plus en plus de sécurité et que les problèmes rencontrés
venaient surtout, soit d’une mauvaise utilisation, soit d’un entretien défaillant. Ceci nous amènera à
faire quelques propositions. En effet, il a été souligné que cette innovation, qui a tendance à
s’accélérer, pouvait conduire à des comportements à risque par une confiance excessive (voire
aveugle ?) en ce matériel. Le recul sur l’utilisation de ces outils est indispensable et devrait être mis
en avant lors des formations et des stages.
Pour rester sur le volet de l’innovation, les acteurs industriels ont le souci de prendre en
compte les besoins exprimés par les utilisateurs, les effets de mode avec des plongeurs de plus en
plus consommateurs dans un secteur concurrentiel aux ventes qui restent malgré tout limitées
mais…, et ceci sans déroger à la qualité sécuritaire des matériels qui subissent de nombreux tests
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avant leur mise sur le marché. Les normes et les certifications fixent des exigences drastiques parfois
jugées trop « contraignantes » et les fabricants conduisent aussi en interne des tests de qualité.
A) Les débats se sont ensuite orientés vers les problématiques d’entretien des matériels.
Comme nous l’avons mentionné précédemment, des comportements à risques existent dans
la mesure où les plongeurs peuvent assurer eux-mêmes les opérations de maintenance. Rien ne
l’interdit mais le risque de commettre des erreurs d’entretien ou de remontage par exemple peut
entrainer des incidents voire des accidents qui pourraient être évités ; « Il faut éviter le bricolage ».
Faut-il rendre obligatoire la révision des matériels après un certain nombre d’heures d’utilisation, à
l’instar de ce qui se fait pour l’automobile, ou l’aviation par exemple ? La question a été posée. Elle
n’a pas reçu un accueil très enthousiasme dans la mesure où elle risquerait de rendre « invisible » les
utilisateurs ; à cela s’ajoute une difficulté pour contrôler le suivi de cette maintenance rendue
obligatoire. Par contre deux propositions ont été envisagées :
1) Associer à l’acte de vente un contrat de maintenance des appareils. Ce dispositif aurait
le mérite de suivre au fil du temps l’évolution du matériel, son degré de vétusté et de
rendre plus responsable l’utilisateur quant au bon fonctionnement de ses appareils.
L’acheteur, comme le vendeur, seraient en quelque sorte rassurés, responsabilisés.
2) En corolaire à cette première proposition, la question s’est posée sur les compétences
des personnes qui assurent la vente et l’entretien des appareils. Actuellement, n’importe
qui, après un « stage » chez un professionnel dont la pertinence et le sérieux ont été
discutés, peut ouvrir un magasin et procéder aux opérations de maintenance. Aussi, une
proposition a été faite de créer une formation spécifique dans le domaine des métiers
de la plongée au sein de laquelle une spécialité « maintenance » serait dispensée; elle
pourrait être développée au niveau IUT, DEUST ou encore licence professionnelle. Ce
point pourrait être discuté avec la FPS, le Ministère des Sports, le CNOSF, la fédération et
le MEN.
B) Inévitablement, le volet « formation » a été abordée. Unanimement, si elle a été jugée
de qualité, il a été noté que sur le plan technique, elle ne devait pas se limiter au descriptif technique
des matériels mais devait aussi intégrer la dimension de l’utilisation de ces outils en situation de
pratique afin de sensibiliser les stagiaires sur les aspects organisationnels et environnementaux,
contraintes qui doivent être prises en compte dans toute programmation d’une sortie en plongée.
Etre capable de comprendre le fonctionnement des outils en situation réelle pour assurer une
meilleure interprétation des données.
Au regard de l’évolution technologique des matériels, la formation dite de « recyclage » a été
abordée. Il faudrait pouvoir développer cette formation. Il a été mentionné que cela était difficile à
mettre en œuvre car comment faciliter l’accès des bénévoles à ces formations sans pour autant les
rendre trop contraignantes ? Il a été précisé qu’elles devaient être organisées en région et qu’il fallait
les rendre incitatrices afin que les bénévoles puissent en tirer avantage dans une relation
« gagnant/gagnant ».
Par ailleurs, l’apparition d’un nouveau public de plongeur-consommateur suppose de la part des
moniteurs une approche encore plus vigilante ; la prise en compte de ces nouveaux publics
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« clients » amène des contraintes sécuritaires supplémentaires avec des incidences inévitables sur la
formation.
Conclusion
Pour conclure, l’ensemble des participants est bien conscient que les matériels, quel que soit
leur degré de complexité, ne peuvent être qu’une assistance et une aide à la décision, que le facteur
humain doit rester présent à toutes les étapes de la plongée, et qu’une réglementation accrue
conduirait à la déresponsabilisation des acteurs. Si des points peuvent être améliorés : contrat de
maintenance, formation professionnelle spécifique, formation fédérale revisitée, la plongée doit
rester un espace de liberté, et comme les sports de montagne, les risques doivent être connus,
dimensionnés donc maîtrisés.
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