Autour d`un alambic à vocation agrotouristique : mise en valeur du

Transcription

Autour d`un alambic à vocation agrotouristique : mise en valeur du
Institut National Agronomique Paris-Grignon
Département AGER
Agronomie Environnement
16, rue Claude Bernard
75231 Paris Cedex 05
Initiation à l’ingénierie de projet
« Enjeux et stratégies pour les productions végétales :
perspectives au plan régional »
Autour d’un alambic à vocation
agrotouristique :
mise en valeur du savoir faire et des
productions PPAM dioises
Etude réalisée par les étudiants de 2ème année de l’INA P-G :
Claire Géroudet
Michel Daigney
Denis Gourdon
Baptiste Lécroart
* Février – Mars 2004 *
AVERTISSEMENT
Ce rapport, rédigé par les étudiants de deuxième année de l’INA-PG, conclut une séquence
d’enseignement de 2 mois axée sur l’initiation à l’ingénierie de projet (INIP), intitulée « Enjeux et
stratégies pour les productions végétales : perspectives au plan régional ».
En 2004, cette INIP s’est déroulée dans le Diois (Drôme). La démarche adoptée pour mener à
bien cette étude comprend deux étapes. Tout d’abord, la réalisation d’un diagnostic de
l’agriculture de la zone d’étude, à partir de l’analyse du milieu physique et du contexte
économique, d’enquêtes auprès d’exploitants agricoles et d’entretiens avec les partenaires
institutionnels de l’agriculture. Ce diagnostic débouche sur des constats sur lesquels nous nous
sommes appuyés pour envisager différents scénarios d’évolution des exploitations agricoles, des
productions végétales ou de leur transformation, de l’aménagement de l’espace. Parmi ceux-ci, nous
en avons retenu quatre, constituant des projets, menés par petits groupes d’étudiants, dans l’objectif
de contribuer à faire évoluer l’agriculture du Diois en fonction des atouts, des contraintes et des
enjeux dans cette petite région. Ce rapport est le document de restitution d’un des projets.
Nous tenons à attirer l’attention du lecteur sur le fait qu’il s’agit là d’une initiation au projet
d’ingénieur, dont l’objectif est avant tout pédagogique. Ce document ne présente donc pas les
conclusions définitives d’un projet, mais ébauche des solutions et des perspectives selon le point de
vue des étudiants. D’autre part, certaines hypothèses de travail n’ont pas été discutées en profondeur
par manque de temps. Cependant, il nous semble que par la méthodologie développée, l’analyse des
productions végétales sur la petite région d’étude et les perspectives proposées, ce document
intégralement conçu par les étudiants peut intéresser les acteurs du développement local.
L’équipe enseignante
Stéphane de Tourdonnet
Alexandra Jullien
Geneviève David
Safia Médiene
Remerciements
Les enseignants du Département AGER (Agronomie et Environnement) de l’INA-PG
ainsi que les étudiants qui ont réalisé cette étude
tiennent à remercier toutes les personnes qui les ont aidés dans leur démarche
en acceptant de les recevoir et de répondre à leurs questions.
Ils tiennent également à remercier Philippe MEJEAN et Robert DELAGE de la Communauté de
communes du Diois qui ont largement contribué au succès de cette opération.
2
SOMMAIRE
Introduction : ............................................................................................................................ 4
I.
Définition du projet ........................................................................................................... 4
A.
Contexte et objectifs ................................................................................................................. 4
B.
Un atelier agrotouristique autour d’un alambic.................................................................... 5
II.
Organisation du travail ................................................................................................. 6
A.
Un groupement d’agriculteurs en SARL................................................................................ 6
B.
Une organisation qui vise à favoriser l’implication des agriculteurs................................... 6
1.
a)
b)
2.
3.
C.
Une structure pilotée par les agriculteurs..............................................................................................6
Qui ? ................................................................................................................................................6
Combien ? ........................................................................................................................................7
Le gestion déléguée à un gérant............................................................................................................7
Le recours à un guide saisonnier ..........................................................................................................8
Un atelier organisé en fonction des flux touristiques ............................................................ 8
1.
2.
Trois saisons .........................................................................................................................................8
Une visite mettant en valeur les savoirs faire et les produits des agriculteurs ......................................9
a)
Calendrier des visites .......................................................................................................................9
b)
Organisation d'une visite................................................................................................................10
(1) Démonstration de distillation ....................................................................................................10
(i) L'alambic utilisé...............................................................................................................10
(ii) Le fonctionnement...........................................................................................................10
(2) Présentation des PPAM et de leur filière...................................................................................11
3.
Un point de vente mutualisé ...............................................................................................................11
D.
Répartition de travail entre les différents membres............................................................ 12
E.
Une redistribution des bénéfices en fin d’exercice .............................................................. 12
III.
Etude de la rentabilité économique du projet ............................................................ 13
A.
Répartition des investissements............................................................................................. 13
B.
Les frais de fonctionnement : Prédominance des charges salariales ................................. 14
C.
Les recettes .............................................................................................................................. 15
1.
2.
3.
Hypothèses sur la fréquentation touristique et son évolution : ...........................................................15
Recettes des visites : ...........................................................................................................................16
Recettes de la boutique : .....................................................................................................................16
D.
Calcul des charges par produit et des marges : ................................................................... 17
E.
Calcul des indicateurs économiques ..................................................................................... 17
IV.
Conclusion Discussion : Choix du projet................................................................... 19
Conclusion............................................................................................................................... 20
Annexe 1 : Détails des charges fixes .............................................................................................21
Annexe 2. Fréquentation touristique..............................................................................................22
Annexe 3. Recettes ........................................................................................................................23
Annexe 4. Echéancier ....................................................................................................................24
3
Introduction :
La production des plantes à parfum, aromatique et médicinales (PPAM) occupe une place
prépondérante dans l’agriculture dioise. En effet, bien souvent associée à d’autres cultures ou à
l’élevage, elle constitue une source de revenu complémentaire pour de nombreux agriculteurs.
Cependant, toutes les potentialités offertes par ces productions végétales locales ne nous semblent
pas exploitées.
Dans ce rapport, nous vous présentons un projet qui s’appuie sur le tourisme pour valoriser
et développer une filière PPAM locale.
Après une présentation du contexte et des objectifs liés au projet, nous l’exposerons et
étudierons sa viabilité.
I. Définition du projet
A. Contexte et objectifs
Lors de notre étude sur le terrain, nous avons relevé plusieurs points qui nous ont permis
d’établir les objectifs à atteindre à travers notre projet.
Tout d’abord, nous avons constaté que la production de PPAM était une production à risque.
En effet, depuis quelques années, certaines PPAM, comme la lavande, subissent une fluctuation des
prix due à la concurrence exercée par les pays d’Europe de l’est et par le Chine. Or, il n’existe
quasiment pas de marché local pour les PPAM, les agriculteurs se trouvent donc dépendants d’un
marché mondial de plus en plus exigeant.
A cette fluctuation des prix, s’ajoute une fluctuation de la production. Ces cultures, très sensibles
aux conditions climatiques, ont un rendement qui varie fortement d’une année à l’autre.
D’autre part, bien que ces productions soient nombreuses et présentes depuis plusieurs
générations, elles sont rarement associées à l’image du territoire. Il semble qu’il y ait encore trop
peu de valorisation locale des PPAM (pas de musée, peu d’animations).
Néanmoins, il existe une volonté des agriculteurs de communiquer sur la filière et le métier.
Beaucoup d’agriculteurs souhaitent se rapprocher du consommateur et retrouver une place plus
importante dans le monde rural.
Ainsi quelques agriculteurs produisant des PPAM développent des activités agrotouristiques associées à de la vente directe, ce qui permet de stabiliser les prix et d’augmenter la
marge sur leur produits. Cependant il s’agit uniquement d’initiatives individuelles. Les contraintes
financières et la charge de travail ne permettent pas de développer des structures touristiques
d’envergure.
4
Pourtant d’après les professionnels du tourisme la demande pour les produits PPAM et pour
l’agrotourisme est grandissante. Cette tendance du consommateur moderne, attiré par le naturel,
pourrait bénéficier davantage aux producteurs.
Dans ce contexte, nous avons établi 4 objectifs qui nous paraissaient important à atteindre en
développant un projet sur les PPAM.
Objectif 1 - Augmenter les marges des producteurs sur les produits issus des
PPAM.
Objectif 2 - Diminuer la dépendance des agriculteurs vis-à-vis du marché
mondial, en trouvant des débouchés locaux moins variables.
Objectif 3 - Faire connaître la filière et le métier.
Objectif 4 - Renforcer le lien producteur – consommateur.
B. Un atelier agrotouristique autour d’un alambic
Afin d’atteindre ces objectifs, nous avons choisi d’organiser une activité touristique autour
d’un vieil alambic à valeur patrimoniale. Cette activité serait gérée par des agriculteurs afin qu’ils
puissent, d’une part se rapprocher du consommateur et, d’autre part, contrôler le développement
d’un tourisme de qualité.
De plus, nous avons souhaité organiser une structure agrotouristique professionnelle, à
l’échelle du territoire. Celle-ci permettrait de fédérer les initiatives agrotouristiques individuelles
déjà existantes afin de créer une véritable vitrine de la filière PPAM dans le Diois.
La structure que nous avons imaginée se divise en deux ateliers :
-
un atelier communication sur le savoir et le savoir-faire liés aux PPAM. Cet
atelier associerait une démonstration de distillation sur un vieil alambic ainsi que
des explications sur la filière, le métier, la botanique, l’histoire. Le lien
consommateur - producteur se fait à ce niveau.
-
Un atelier vente de produits PPAM. La majorité des produits étant issus des
producteurs diois, cet atelier permettrait d’augmenter les marges des producteurs.
Initialement, nous pensions baser notre projet autour d’un alambic ambulant. Celui-ci aurait
permis de réaliser des animations itinérantes aussi bien l’été, dans le Diois, que l’hiver, en dehors
du territoire. Après une semaine sur le terrain nous avons réalisé qu’un tel projet était difficilement
envisageable. En effet, d’une part les agriculteurs du fait de la charge de travail auraient eu du mal à
prendre part au projet, et d’autre part, la législation limite la mobilité des alambics.
5
Nous avons donc développé trois variantes que nous étudierons dans la suite de ce rapport.
Ces trois scénarios varient en fonction du type d’alambic associé à la structure :
Variante 1 : La structure s’organise autour d’un vieil alambic fixe.
Variante 2 : La structure s’organise autour d’un vieil alambic fixe associé à une
distillerie moderne.
Ce projet constitue l’extension d’une structure existante dans l’objectif de
rapprocher consommateur et producteur.
Variante 3 : La structure s’organise autour d’alambic fixe l’été et mobile l’hiver.
Ce projet permet une valorisation de l’alambic en hiver.
II. Organisation du travail
A. Un groupement d’agriculteurs en SARL
Nous avons étudié trois type de statut : l’association, le GIE, la SARL.
L’association convient parfaitement à l’activité de communication sur le métier et la filière
mais elle n’est pas adaptée à une activité commerciale puisqu’elle ne permet pas une redistribution
des bénéfices issus de la vente.
Le GIE (Groupement d’Intérêt Economique), relativement simple à mettre en place, permet
de regrouper et de vendre les productions des agriculteurs, cependant ce statut est également peu
adapté à une activité commerciale importante puisque la responsabilité des membres est fortement
engagée en cas de faillite.
La SARL (Société Anonyme à Responsabilité Limitée) est plus lourde à mettre en place,
mais correspond mieux à notre structure. En effet, dans ce cas la responsabilité des membres est
engagée à hauteur du capital investi. Ainsi, ce statut est parfaitement adapté aux activités liées à
notre structure.
B. Une organisation qui vise à favoriser l’implication des
agriculteurs
Les raisonnements présentés ci-après sont communs aux trois variantes évoquées
auparavant.
1. Une structure pilotée par les agriculteurs
a) Qui ?
L’un des objectifs fondamentaux de notre projet est l’implication des agriculteurs dans le
développement maîtrisé de l’agrotourisme. Il est donc nécessaire que les associés détenteurs du
pouvoir décisionnel dans la SARL soient les agriculteurs. Ceci implique qu’ils soient aussi
détenteurs du capital social, et donc investisseurs. Notons que rien n’empêche légalement à des non
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agriculteurs d’être associés à la SARL. Cela pourrait concerner le gérant (voir ci-après), ou une
personne morale représentant la filière (comme l’association Routes de la Lavande). Toutefois leurs
apports financiers seraient minimes devant ceux des agriculteurs.
b) Combien ?
Plusieurs facteurs déterminent le nombre d’agriculteurs associés :
ƒ Le volume des investissements nécessaires. Plus ce chiffre est élevé, plus il est
intéressant d’avoir un nombre élevé de membres. La capacité d’investissement étant très
variable selon les exploitations, il est difficile d’obtenir une relation stricte entre les
investissements nécessaires et le nombre de membres minimal.
ƒ Les bénéfices espérés. Ils sont répartis entre les membres de la SARL ; un nombre trop
important de membres limite donc les revenus par exploitant. On pense qu’au-delà de 15
associés, avec les dimensionnements économiques réalisés ci-après, le bénéfice par
associé serait inintéressant par rapport aux autres circuits de commercialisation.
ƒ Un facteur socio-économique local limite également la taille de la SARL. Nous avons
remarqué que les agriculteurs ont moins confiance dans les grosses structures,
vraisemblablement à cause de l’impression de perte de contrôle.
ƒ La charge de travail. Ce facteur joue différemment selon la variante.
o Pour le projet fixe associé à une distillerie, le travail demandé se limite à
une présence pendant les visites de la distillerie moderne en
fonctionnement. Il semble que dans le Diois une distillerie soit utilisée en
moyenne par au moins une quinzaine d'agriculteurs, soit regroupés en
CUMA, soit rassemblés autour d'un distillateur privé. Dans ce cas
général, la distillerie est utilisée du 14 juillet au 15 août sans interruption.
Ce nombre semble donc adéquat.
o Pour le projet fixe sans distillerie, la charge de travail pour les
agriculteurs est nulle. Le critère ne joue donc pas.
o Pour le projet mobile hors saison, on part du principe que l’alambic est
déplacé par les agriculteurs (associés éventuellement au gérant) au
maximum une dizaine de fois entre novembre et mars. Le nombre d’une
dizaine d’agriculteurs est donc aussi adéquat.
2. Le gestion déléguée à un gérant
Dans une SARL, le gérant est la personne qui a la responsabilité de l’entreprise à tous les
niveaux (notamment légal). Il est chargé du fonctionnement général de la structure. Plus
précisément, ses fonctions sont :
9 La gestion administrative et la comptabilité,
9 L’approvisionnement du magasin,
9 Le conditionnement de certains produits (mise en flacon),
9 L’organisation de la vente (disposition du magasin, accueil clients.),
9 La promotion du magasin,
9 La création (en collaboration) de la visite et de la démonstration.
L'opinion générale (agriculteurs et professionnels du tourisme) est que ces fonctions ne
peuvent être assurées professionnellement par un agriculteur pour des raisons de temps et de
compétence professionnelle. Néanmoins, on n'exclut pas totalement cette possibilité, à condition
que l'agriculteur passe peu de temps sur son exploitation et considère cette activité comme métier à
part entière, et qu'il suive une formation complémentaire.
7
Nous travaillerons plutôt avec un gérant professionnel. L'idéal serait une personne de
formation commerciale ayant une bonne connaissance du milieu agricole, et de la filière PPAM.
Le statut de gérant de SARL présente deux variantes : gérant majoritaire ou minoritaire
selon que ses parts soient supérieures ou inférieures à 50% du capital de l'entreprise. Au regard de
nos objectifs, il est préférable qu'il soit gérant minoritaire, car les associés conservent alors plus de
pouvoir pour les choix importants de l'entreprise (notamment sur la révocation du gérant).
Toutefois, ce statut présente l'inconvénient de coûter plus cher à l'entreprise pour obtenir la même
rémunération nette du gérant. La rémunération d'un gérant se fait sur les bénéfices de l'entreprise : il
peut en théorie ne pas être payé, ce choix est fixé en assemblée générale. La solution préférable est
que les associés fixent en assemblée générale une rémunération minimale du gérant, et une
rémunération proportionnelle aux bénéfices. Le calcul du coût de ce gérant est un des difficultés de
notre étude. Il faudrait explorer de façon plus précise la réglementation sur ce point (qui a changé
ces derniers mois).
3. Le recours à un guide saisonnier
L'employé a pour rôle de suppléer aux tâches du gérant pendant la période de pleine activité
de l'entreprise (juillet/août). Nous avons défini sa tâche ainsi : l'employé doit assurer la
démonstration de distillation, faire l'exposé présentant les PPAM et la filière. Il a donc un poste
essentiellement touristique. Toutefois on pourrait aussi envisager qu'il ne fasse que tenir le point de
vente pendant que le gérant se charge des visites.
Pour assurer un bon lien entre les touristes et la profession agricole, il est important pour
nous que ce guide soit proche du milieu agricole. Il peut être guide professionnel (appartenant à une
association de guides basée à Die), ou enfant de l'un des agriculteurs membre du groupement.
Sur les deux mois pendant lesquels il serait employé, le nombre de visites serait de deux par
jours, soit trois heures de travail par jour. Sa rémunération serait calculée sur la base d'un SMIC
horaire.
C. Un atelier organisé en fonction des flux touristiques
1. Trois saisons
Les données des fréquentations touristiques dans la Drôme permettent de définir trois
périodes :
WE + sur RDV
Mai - juin
7jours sur 7
WE + sur RDV
Septembre - octobre
Juillet - août
Figure 1. Schéma des périodes d'activité
o la saison estivale : juillet-août, pendant laquelle se fait l'essentiel du chiffre
d'affaire touristique,
o la demi-saison : mai-juin et septembre-octobre, où les flux de touristes sont
encore conséquents
o l'hiver : novembre-avril
D'emblée se dessine une distinction entre les trois variantes du projet :
8
Projet
saison estivale
alambic fixe seul
demi-saison
démo distillation + exposé sur PPAM
hiver
pas d'offre touristique
alambic
fixe+distillerie
démo
distillation+exposé
sur PPAM + visite
distillerie moderne
démo
distillation+exposé
sur PPAM
pas d'offre touristique
alambic mobile en
hiver
démo
distillation+exposé
sur PPAM
démo
distillation+exposé
sur PPAM + mobilité
éventuelle
déplacement dans les
foires, marchés,
salons (y compris
hors Diois)
Tableau 1. Activité en fonction des variantes et de la période
On constate que l'un des atouts du projet 3 est son fonctionnement sur une plus longue
période. Il faudra néanmoins prouver la faisabilité et la rentabilité de cette activité, car elle implique
aussi d'employer le gérant sur une période de temps plus longue que pour les projets 1 et 2. Pour
ceux-ci, une fois la viabilité de la SARL assurée, on peut imaginer que pendant l'hiver soient
organisés des week-ends d'information sur les usages des PPAM au quotidien. En effet, il semble
que le "bien-être" soit un thème porteur aujourd’hui, et puisse être une entrée privilégiée pour
communiquer sur les PPAM.
2. Une visite mettant en valeur les savoirs faire et les produits
des agriculteurs
L'organisation d'une démonstration de distillation associée à une présentation des PPAM et
des savoirs faire associés est le coeur du projet, qui permet de donner une valeur ajoutée
(marchande et non-marchande) aux produits PPAM, au delà de la simple vente des produits.
a) Calendrier des visites
Dans les trois variantes, on se base sur un pic d'activité au cours des deux mois d'été. Sur
cette période, l'activité est assurée 7 jours sur 7, au rythme de 2 visites par jour. En demi-saison, les
visites ne sont assurées que le week-end (1 par jour) et sur prise de rendez-vous pour les groupes. Il
n'y a pas de visites en hiver. Notons d’ores et déjà que le point de vente est ouvert sur les mêmes
journées que les visites. Les visites étant effectuées par un personnel spécialisé, elles ne sont pas
gratuites.
9
exposition
Distillerie
moderne
magasin
Figure 2. Déroulement d'une visite
b) Organisation d'une visite
(1) Démonstration de distillation
(i) L'alambic utilisé
La démonstration de distillation est effectuée dans un alambic à vase, selon une méthode
traditionnelle. Cet alambic sera d'un volume limité (300 L semble être idéal), pour un
fonctionnement simple et peu coûteux et pour éviter une surcharge administrative. En effet, les
alambics sont considérés comme des installations classées, et doivent à ce titre être connus de
l'inspection des installations classées (service de la DRIRE). Les procédures sont d'autant plus
lourdes que les volumes d'alambics sont importants (au dessus de 2500 L notamment).
Pour le projet mobile en hiver, il faut souligner la lourdeur administrative associée aux
déplacements de l'alambic : le distillateur doit en effet obtenir des autorisations pour transporter son
outil d'un point à l'autre, puis pour le mettre en marche, soit 4 autorisations par voyage (obtenues à
la DRIRE Rhône-Alpes). Toutefois, il nous a été souligné que ces démarches étaient pénibles mais
néanmoins faisables (et faites par certains).
(ii) Le fonctionnement
Le distillateur alimente la chaudière en combustible
une heure avant la distillation. Le combustible utilisé est
traditionnellement les pailles de lavande distillée. Pour le
projet associé à une distillerie moderne, il sera aisé de
récupérer ce combustible. Pour les autres, on peut compléter
avec du bois. L'alimentation en pailles doit être régulière
pour que l'eau chauffe vite. On distillera pour les
démonstrations du lavandin, dont la valeur est moindre que
celle de la lavande. Quand l'eau est suffisamment chaude, on
dispose le lavandin (préfanée ou sèche) dans la cuve. La
distillation dure alors environ une heure. Les essences sont
entraînées par la vapeur d'eau, qui se condense dans le Figure 3. Schéma d'une distillation
serpentin puis coule dans l'essencier, où il y a démixtion de
l'eau et des huiles par différence de densité. Selon les
rendements obtenus, on pourra proposer au public de se servir avec un flacon en huile et/ou en eau
florale (eau restante dans l'essencier, très parfumée).
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(2) Présentation des PPAM et de leur filière
L'autre partie de la visite payante est un exposé, qui se déroule pendant que la distillation a
lieu dans une salle réservée à cet effet. Le guide présente à cette occasion les espèces de PPAM
distillées, leurs principales caractéristiques botaniques, l'histoire de leur culture dans le Diois, les
grands principes de la distillation et l'évolution des techniques dans le temps. Cette présentation
pourrait être conçue en collaboration avec l'association Les Routes de la Lavande qui a déjà conçu
des supports pour ce type de présentations.
Pour le projet d'alambic associé à une distillerie, la présentation comporte en plus une visite
de la distillerie moderne, et sur la période estivale où celle-ci fonctionne sans interruption, une
rencontre avec les agriculteurs qui viennent y distiller leur production. Il semble en effet que dans le
cas d'une distillation en caisson (procédé moderne), les agriculteurs ne soient pas très occupés
pendant la distillation, et qu'ils aient du temps disponible. Ils pourraient alors présenter leur métier
aux touristes. Ceci représente une valeur ajoutée forte pour ce projet. Bien évidemment, la distillerie
devra être sécurisée pour pouvoir accueillir du public : l’objectif est de conduire une visite
professionnelle. Précisons que des visites de distilleries mal sécurisées ont déjà tourné au drame.
Pour le projet d'alambic mobile en hiver, la présentation est nécessairement réduite au cours
des déplacements.
On peut également envisager une exposition qui soit en libre accès (liée au magasin)
présentant les PPAM. Pour conserver une valeur ajoutée à la visité guidée, il faut que cette
exposition soit sur un créneau différent. On peut proposer une exposition de photos sur les paysages
de lavande.
3. Un point de vente mutualisé
Le point de vente propose les produits des agriculteurs du groupement en majorité, et
quelques produits achetés hors du groupement. L'approvisionnement du point de vente est à la
charge du gérant. Toutefois, le transport des produits au magasin est sous la responsabilité des
producteurs.
Une
partie
du
conditionnement pourrait avoir lieu au
niveau du point de vente, notamment la
mise en flacon des huiles essentielles,
qui est un travail coûteux en temps de
travail donc problématique pour les
agriculteurs. Les investissements sont
limités.
Plusieurs options sont possibles.
Le magasin peut être une mise en
commun des points de vente des
agriculteurs, et fonctionner selon le
principe du dépôt-vente, chaque Photo 1. Bouquet de lavande et flacons d'huile essentielles
agriculteur gérant de façon autonome sa
vente. Ce mode de fonctionnement pose
des problèmes de concurrence, et est peu intéressant dans un objectif de valorisation des produits
plus que des exploitations. On choisira donc plutôt un système où la SARL achète les produits aux
agriculteurs, les met en commun de façon à limiter les différences d'aspects entre produits
(étiquetage commun, prix identiques...), et les vend indistinctement.
Il faudra aussi choisir le niveau de diversité des produits proposés par le magasin. Les
produits commercialisés en priorité sont :
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produits des membres de la
SARL
huiles essentielles (lavande,
lavandin, Bio, autres PPAM...)
bouquets de lavande
eau florale
sachets de lavande
Produits commercialisés non
produits
huiles d'autres PPAM
bonbons au miel (cf. autres projets)
savons aromatisés
diffuseurs, sprays, parfums...
Tableau 2. Produits proposés par le magasin
La diversité devra s'accroître au fur et à mesure, avec éventuellement l'ajout d'un petit atelier
de transformation pour fabriquer des produits simples comme des savons.
D. Répartition de travail entre les différents membres
Pour les deux projets fixes, on considère que le gérant est actif 6 mois (de mai à octobre).
Sur mai/juin (et septembre/octobre), en plus de la gestion administrative et de l'approvisionnement
du magasin, il mène les visites/démonstrations le week-end et sur rendez-vous. Le point de vente
sera éventuellement fermé le temps des visites. Il se charge du recrutement du guide saisonnier. En
été, le gérant forme le guide pour effectuer les visites, qu'ils présenteront l'un et/ou l'autre. Le point
de vente reste ouvert pendant les visites.
Pour le projet ambulant, la durée de travail du gérant est plus longue : il doit gérer la
promotion et les formalités administratives nécessaires pour les démonstrations sur les salons ainsi
que leur animation en relation avec un agent.
E. Une redistribution des bénéfices en fin d’exercice
Deux hypothèses peuvent être envisagées :
•
les produits sont achetés aux agriculteurs à un prix fort, puis revendus avec une
faible marge permettant seulement d'assurer le fonctionnement du magasin. Dans ce
cas, les agriculteurs sont rémunérés directement quand ils vendent leurs produits au
magasin. Ce type de fonctionnement pourrait convenir avec un statut associatif.
Néanmoins, la prise de risque est forte pour la SARL car en cas de problème
d'écoulement des produits, l'entreprise ne sera plus capable de payer ses charges. Il
se pose aussi un problème de trésorerie au moment de l'achat des produits.
•
les produits sont achetés aux agriculteurs à un prix faible (le prix de vente à la
coopérative des plantes aromatiques par exemple) et vendus à un prix élevé, qui
permet de dégager une marge relativement importante. Cette marge permet d'assurer
le fonctionnement courant de l'entreprise. Les bénéfices sont redistribués aux
agriculteurs en fonction de leurs parts dans le capital de la SARL (imposé par les
statuts des SARL). Ceci implique que la quantité de produits vendus à la SARL par
un agriculteur soit plus ou moins proportionnelle à la quantité de parts sociales qu'il
possède. De manière générale, il est préférable que le capital soit divisé de manière
assez égale, pour éviter qu'un associé ne prenne l'ascendant sur les autres. Ce
système pose un problème de confiance entre les associés de la SARL et le gérant,
qui doit gérer les charges de manière à dégager des dividendes pour les agriculteurs.
La prise de risque est donc ici portée par les agriculteurs, dans une mesure
12
raisonnable : on peut imaginer des garde-fous comme un prix minimal d'achat des
produits fixés par le conseil d'administration. Nous choisissons donc cette option,
conscients de ses limites notamment pour les agriculteurs.
III. Etude de la rentabilité économique du projet
A. Répartition des investissements
270
1%
3000
14%
Achat alambic
3000
13%
Achat terrain
Construction hangar
1000
4%
15000
68%
Construction magasin
Communication
(Panneau publicitaire)
Figure 4. Diagramme des investissements
On distingue une différenciation de l’investissement en trois postes importants :
•
L’achat de l’alambic, qui représente un coût aujourd’hui relativement
important. Le prix est extrêmement variable. Néanmoins, au cours de notre séjour
dans le Diois, nous nous sommes rendus compte que quelques exploitations ont
encore conservé leur ancien alambic. On peut donc envisager l’hypothèse d’un prêt
ou mise disposition par un particulier d’un vieil alambic sous réserve de restauration.
Le coût en serait alors moindre.
•
L’achat d’un terrain : nous avons estimé la surface nécessaire à 150 m², et le
prix correspond au prix d’un terrain à bâtir dans le Diois hors Die (alentour de
communes de type Châtillon en Diois), soit environ 20 euros/m2.
•
La construction d’un hangar pour abriter l’alambic et d’un bâti pour le magasin
et la salle de visite. Ces coûts de construction sont estimés dans l’objectif de
conditions d’accueil certes professionnelles mais aussi rustiques et simples. La
surface du magasin est environ de 25 m² et la salle de visite serait idéalement de 50
m² pour permettre l’accueil d’un maximum de 25-30 personnes.
Dans un souci de professionnaliser l’activité, il nous a semblé important de ne pas négliger
la publicité autour de l’alambic, et en particulier la pose d’un panneau publicitaire sur la route à
proximité.
A partir de ce budget général, les différentes alternatives possibles de notre projet diffèrent
par des postes particuliers. Dans l’hypothèse d’un parcours de l’alambic durant la saison hivernale,
on prévoit ainsi l’achat d’une remorque, tandis que la visite d’une distillerie moderne peut
nécessiter un ensemble d’aménagements pour la protection des touristes. Ces dernières mesures
sont extrêmement difficiles à évaluer dans un cadre général, et sont dépendantes de nombreux
13
facteurs particuliers. C’est pourquoi, nous avons supposé qu’elles étaient partie intégrante de
mesures de mise au normes des installations, pas nécessairement liées à l’activité agro-touristique,
et que dans ce cadre-là elles étaient à la charge des exploitants de la distillerie, et donc non
imputables aux investissements du projet.
B. Les frais de fonctionnement : Prédominance des charges
salariales
Il est certain que les charges fixes sont en majorité liées à la main d’œuvre salariale. En
effet, la distillation traditionnelle est peu consommatrice d’eau, mais surtout elle ne nécessite pas
d’apport d’énergie (gaz, électricité), dans la mesure où les pailles de lavande issue d’une distillation
sont utilisées comme combustibles dans la distillation suivante. De même, les charges du magasin
sont faibles, puisqu’il est ouvert en saison estivale.
En revanche, les charges salariales sont une contrainte importante inhérente à notre projet;
elles comprennent:
•
Le paiement d’un gérant sur les bénéfices, en vertu des dispositions légales du
statut d’une SARL. Nous avons considéré que le paiement de ce salaire (de 1500
euros par mois sur 6 mois) n’est pas soumis à cotisations patronales, mais il semble
que le montant des cotisations dépende du statut du gérant (cf. site Web de la
Chambre
de
Commerce
et
d’Industrie
de
Paris :
www3.ccip.fr/inforeg/fiches/pdf/remuneration_SARL.pdf). Néanmoins, il est clair
que le gérant devra être pluriactif ou alors être le (la) conjointe d’un agriculteur (trice). Dans le cadre du projet de l’alambic ambulant hors saison estivale, le gérant
est employé en équivalent temps sur 8 mois afin de gérer les déplacements des
agriculteurs aux manifestations.
•
Le paiement d’un guide au SMIC horaire, 3 heures par jour pendant la saison
estivale.
On peut noter ici aussi le souci de communication autour d’un alambic, qui se manifeste par
un budget communication, correspondant à une cotisation à l’association Routes de la Lavande et
des cotisations à l’Office du Tourisme.
Dans le cadre du projet d’un alambic mixte, nous n’avons pas évalué les charges et recettes,
pour des raisons de temps et de difficultés. Nous avons donc volontairement simplifié, en estimant
sur la base de témoignages, que le déplacement sur une foire régionale s’équilibrait en termes de
recettes et de charges.
Le détail des charges fixes se trouve en annexe 1.
14
C. Les recettes
Les recettes proviennent des 2 ateliers : vente et visite. Les recettes sont conditionnées par la
fréquentation touristique.
1. Hypothèses sur la fréquentation touristique et son évolution :
Les personnes que nous avons rencontrées au comité départemental du tourisme de la
Drôme nous ont confirmé que la seule méthode pour évaluer la fréquentation touristique d’un site
était de le comparer avec des installations similaires existantes dans des zones différentes et
d’étudier la fréquentation touristique de divers sites de la zone de future installation. C’est ce que
nous allons exposer maintenant.
Compte tenu des données du bilan touristique du Comité départemental de la Drôme, nous
avons estimé le nombre de visites de l’atelier de la manière suivante :
Pendant la période touristique (60 jours), à raison de 2 visites guidées par
jour, soit 120 visites au total,
Pendant les mois de mai, juin, septembre et octobre, ouverture le weekend, avec une visite par jour, correspondant à 32 visites au total.
Nous avons alors calculé la fréquentation touristique annuelle en prenant comme hypothèse
un nombre réaliste de visiteurs par visite. Compte tenu de la taille de l’atelier, nous avons considéré
que le nombre de visiteurs ne pourrait pas excéder 25-30 personnes par visite. En se basant sur les
données d’autres infrastructures touristiques existantes, nous avons fait l’hypothèse que la vitesse
de croisière de l’atelier (nombre maximal de visiteurs) serait atteinte au bout de la 4ème année. Nous
avons donc obtenu l’évolution suivante du nombre de visiteurs :
pers/visite
année 1
année 2
année 3
année 4
vitesse de
croisière
10
15
20
20
20
nombre de visites par jour
été
hors saison
(60jours)
(32j)
2
1
2
1
2
1
2
1
2
1
0
5
5
10
Nombre
visiteurs
1520
2195
2820
2920
10
2920
sur RDV
Tableau 3. Evolution de la fréquentation touristique
Une fréquentation touristique de 2900 visiteurs par an en vitesse de croisière nous paraît
réaliste, compte tenu de la fréquentation des sites touristiques dans le Diois (cf. annexe 2), et de la
distillerie Bleu Provence de M. Soguel, un atelier du même type situé à Nyons qui enregistre 4000
entrées payantes par an.
Nous avons ensuite considéré que la fréquentation touristique était la même pour les
variantes 1 et 2 du projet. En effet, si l’alambic n’est pas lié à une distillerie, l’atelier pourra se
construire dans un lieu facile d’accès. Dans le cas d’un alambic associé à une distillerie, la présence
de cette dernière pourrait encourager les touristes à faire un peu plus de route. Nous avons considéré
que la mobilité de l’alambic l’hiver (variante 3) ferait de la publicité pour l’atelier qui enregistrerait
alors 5% de visiteurs en plus pendant la période estivale.
15
Nous avons ensuite fait une hypothèse (qui sera importante par la suite pour le calcul des
recettes) concernant la répartition des visiteurs en 2 catégories : les familles et groupes d’une part et
les visiteurs individuels d’autre part. D’après les données qualitatives de la fréquentation du Diois,
nous avons considéré que 50% des visiteurs étaient issus de familles ou de groupes.
Nous avons fait une dernière hypothèse concernant la fréquentation de la boutique. Les
visites guidées étant peu nombreuses et à heures fixes, les visiteurs qui arriveraient sur le site
pendant le reste du temps pourraient profiter de l’exposition ; ils sont alors comptabilisés
uniquement en tant que clients de la boutique. Nous avons supposé que ces clients étaient aussi
nombreux que les visiteurs.
2. Recettes des visites :
Afin d’encourager les familles et les groupes à suivre une visite guidée, nous avons fixé un
prix famille ou groupe. Dans le cas 1 (alambic sans distillerie), nous avons fixé le prix à 3€ par
visiteur individuel et 2€ par personne issue d’une famille ou d’un groupe. Nous avons ainsi un prix
moyen de la visite de 2,5€ par visiteur. Dans le cas 2, nous avons considéré que la visite de la
distillerie justifiait l’augmentation des prix à respectivement 3,5 et 2,5€ ; soit 3€ en moyenne. Dans
le cas 3, on effectue les calculs avec un prix de 3 euros.
3. Recettes de la boutique :
Pour calculer les recettes de la boutique, nous avons calculé le nombre
de produits vendus. Nous avons considéré que chaque client de la boutique ou
chaque visiteur individuel achète 1 produit à la boutique. Pour ce qui est des
familles et des groupes, nous avons considéré qu’un produit est acheté pour 4
personnes. Nous avons alors fixé les prix des principaux produits vendus à la
boutique, par comparaison avec des prix existants.
Produit
Huile essentielle de lavande (10 ml)
Huile essentielle de lavandin (20 ml)
Bouquet de lavande
Sachet de lavande
Autres produits revendus
Prix en €
3,5
3
3,5
3
prix moyen de 4€
Tableau 4. Prix des produits vendus en magasin
Le prix moyen d’un produit est donc de 3,4€. Nous avons fait ici l’hypothèse simplificatrice
que l’on vendait autant de chaque produit.
16
D. Calcul des charges par produit et des marges :
Nous avons calculé le coût de revient d’un flacon de lavande fine :
Elément
flacon
étiquette
10 ml huile essentielle (prix négociant)
total
Prix unitaire en €
0,15
0,05
0,70
0,90
Tableau 5.Coût de revient des produits
Le produit étant vendu à 3,5€ à la boutique, le taux de marge brute est de 75%.
De la même manière, nous avons estimé le coût de revient des autres produits vendus à la
boutique. Comme nous ne connaissions pas le prix d’achat des produits revendus, nous avons
supposé que nous faisions un taux de marge de 40% sur ces produits. Nous sommes donc arrivé à
un coût de revient moyen par produit de 1,01€.
Le détail des recettes se trouve en annexe 3.
E. Calcul des indicateurs économiques
L’investissement (alambic, terrain et construction) est amorti linéairement sur 10 ans. Le
taux d’imposition sur les bénéfices est estimé à 15,5%, dans la mesure où notre projet concerne des
bénéfices limités. Les subventions accordées par les différentes instances (Conseil Général de la
Drôme, Conseil Régional de Rhône Alpes, Communauté Européenne à travers le programme
Leader Plus) sont très variables et peu prévisibles. On a néanmoins estimé ce taux à un taux moyen
de 30%. L’annexe 4 présente le détail du calcul des différents indicateurs économiques.
Afin de pouvoir comparer les différents projets, nous avons étudié les critères économiques
de Valeur actuelle nette (VAN) et de Taux de rentabilité interne (TRI).
18 000 €
16 000 €
14 000 €
12 000 €
10 000 €
8 000 €
6 000 €
4 000 €
2 000 €
0€
Alambic fixe seul Alambic associé
à distillerie
Alambic mixte
La Valeur actuelle nette se
définit comme le cumul des flux
nets actualisés sur une période
donnée,
déduite
de
l’investissement initial. Elle se
calcule
à
partir
des
investissements
initiaux
nécessaires pour l’installation de
la distillerie et des flux nets
actuels engendrés par l’activité de
cette structure de la manière
suivante :
On a fixé ici le taux
d’actualisation à 7%, tandis que
les flux nets sont représentés par
le résultat net.
Figure 5. Comparaison des Valeurs actuelles nettes (VAN) des trois variantes
17
Selon nos hypothèses, le projet 2 (alambic associé à une distillerie moderne) est nettement le
plus rentable. L’alambic mixte est, quant à lui, peu rentable ; ceci s’explique en grande partie par les
charges salariales supplémentaires.
25%
Le
TRI
(taux
de
rentabilité interne) est le taux
d’intérêt tel que si le capital
investi avait été placé à ce taux,
on obtiendrait exactement la
même « rentabilité » finale.
21%
20%
16%
15%
9%
10%
5%
La comparaison des TRI
confirme les résultats obtenus à
partir des VAN. En particulier, le
projet alambic associé avec
distillerie est clairement le plus
rentable.
0%
Alambic fixe seul Alambic associé
à distillerie
Alambic mixte
En définitive, nous avons
pu comparer les différentes
Figure 6. Comparaison des Taux de rentabilité interne (TRI) des 3
alternatives selon des critères
variantes
économiques. S’il est vrai qu’il
apparaît nettement que le projet 2
est le plus rentable, il nous paraît important de rappeler que ceci dépend des hypothèses choisies et
explicitées précédemment. Ces chiffres sont une première approche économique de notre projet qui
nous semble cohérente, mais qui nécessiterait d’être approfondi, en particulier sur le plan des
charges salariales. En outre, la rentabilité économique est un critère certes important dans le projet,
mais qui n’est pas le seul.
18
IV. Conclusion Discussion : Choix du projet.
Critères
économique
(VAN)
Organisation
du travail
Implication
des
agriculteurs
Risque autorisation
administrative
Valorisation
filière
Alambic fixe seul
9 989 €
Pas de
structure
préexistante
-/+
+
Absence de
vision
"moderne"
Alambic fixe
associé à
distillerie
17 788 €
coordination
CUMA
++
++
locale forte
2 087 €
Motivation
des
agriculteurs
+++
++++
Promotion
hors Diois
Alambic mobile
l'hiver et fixe à
la saison estivale
Tableau 6. Récapitulatif des projets et critères
Organisation du travail :
Il nous semble plus aisé de s’appuyer sur une structure déjà en place (de type CUMA de
distillation par exemple). Ce type d’organisation peut faciliter les démarches et la mise en place,
outre la plus-value liée à la visite d’une distillerie moderne. Néanmoins, le problème de l’adhésion
de tous les agriculteurs du groupement à ce genre de projet demeure : Peut-on imaginer qu’une
partie seulement des agriculteurs de ce groupement puisse aller plus loin ? L’hypothèse de
circulation de l’alambic pendant la saison hivernale reste soumise à la motivation et à l’adhésion
des agriculteurs à ce type de démarche. Il apparaît difficile pour des agriculteurs de comprendre leur
intérêt direct dans le déplacement.
Implication de agriculteurs :
L’implication des agriculteurs est un des objectifs initiaux fixés pour le projet. Il est évident
qu’ils sont plus impliqués dans un projet où ils vont eux-mêmes présenter leur métier et leurs
produits que dans le cas d’une visite commentée par un guide salarié. L’alambic associé à une
distillerie semble faire une bonne synthèse entre les exigences de travail des agriculteurs
(distillation de leur récolte) et l’objectif de lien producteur-consommateur, dans la mesure où les
agriculteurs qui distillent peuvent expliquer leur travail pendant la distillation (1h) ou l’attente.
Risque lié aux autorisations administratives
Une des difficultés de notre projet est les autorisations administratives de distiller et de
déplacer l’alambic. Le projet de déplacement de l’alambic est relativement confronté à ce problème,
réel mais surmontable.
Valorisation de la filière
La démonstration d’un alambic fixe non associé à une distillerie moderne présente le risque,
pour les touristes, de ne conserver de la distillation de la lavande, qu’une vision partielle et
folklorique, déconnectée de la réalité. Il nous semble important de présenter en parallèle le process
19
moderne. Le projet de l’alambic partiellement ambulant permet une promotion de la production de
PPAM et de la région du Diois à l’extérieur, tandis que le projet fixe reste très ancré localement.
En définitive, le projet d’un alambic fixe associé à une distillerie nous semble correspondre
le mieux à nos objectifs. L’idée d’un alambic ambulant ou partiellement ambulant reste néanmoins,
malgré le coût, intéressant et paraît plus facilement valorisable dans le cadre d’une promotion filière
par le biais d’une association loi 1901 par exemple.
Conclusion
Les nombreuses variantes que nous avons imaginé autour du projet témoignent de la grande
marge de liberté que nous avons voulu laisser. Les éventuels porteurs de projet pourront alors
développer seulement un des aspects du projet, ou alors l’inscrire dans une structure plus importante
en fonction de leurs objectifs, de leur motivation et du capital déjà possédé. Bien que nous n’ayons
pas pu observer le fonctionnement des structures existantes en période estivale, il nous a semblé
innovant de présenter une structure agro-touristique avec démonstration régulière d’un
fonctionnement d’alambic et visite sécurisée d’une distillerie. Nous avons également cherché à
proposer une activité professionnelle avec un lien direct producteur/consommateur qui demanderait
peu de temps de travail aux agriculteurs pendant une période de pointe de travail.
Néanmoins, nous sommes conscients des limites de notre évaluation, en particulier de la
rentabilité du projet. La gestion du risque est un élément clé d’un tel projet : on doit donc chercher à
limiter les investissements initiaux, quitte à agrandir la structure par la suite. Il ne faut pas oublier
que l’objectif premier du projet est d’améliorer la valeur ajoutée sur la vente des produits issus de
PPAM ; cela nous est apparu comme la condition sine qua non pour que les agriculteurs soient
porteurs d’un tel projet.
Nous avons également souhaité inscrire ce projet dans la charte du pays Diois. Il apporterait
en effet une dynamisation de la filière PPAM dioise par la création d’un point de communication
sur la filière et l’amélioration des débouchés pour la vente des produits. Il permettrait également la
mise en relation de nombreux acteurs du territoire : les agriculteurs, la population et les touristes.
Cette structure serait également un bon exemple pour le développement touristique du Diois : les
agriculteurs seraient ici acteurs et bénéficiaires du tourisme local, la transmission de leurs savoirs
faire encouragerait la population et les touristes au respect de l’agriculture. Ce projet mettrait ainsi
en valeur la spécificité du territoire diois et participerait à la connaissance du territoire à l’extérieur.
Nous souhaitons remercier toutes les personnes que nous avons rencontrées et qui nous ont
consacré du temps pour nous aider dans l’élaboration de ce projet.
20
Annexe 1 : Détails des charges fixes
Projet 1 et 2 : Alambic fixe
Charges fixes
électricité+chauffage PVD
eau distillation
chauffage distillation
charges salariales guide
rémunération gérant
assurances
communication
commentaire
Valeur
négligeable
200L eau/jour, 0.003049 € /L, 85 jours de
distillation
pailles de lavande (gratuit), bois
3h/jour, 60 jours, SMIC horaire (7,19E),
charges *2
sur les bénéfices, 6 mois, 1500 E
0
OT Die + Routes Lavande + dépliant OT
Total Charges Fixes
50
0
2500
9000
1000
200
12750
Projet 3 : Alambic mixte
Charges fixes
électricité+chauffage PVD
eau distillation
chauffage distillation
charges salariales guide
rémunération gérant
assurances
communication
commentaire
Valeur
négligeable
200L eau/jour, 0.003049 € /L, 85 jours de
distillation
pailles de lavande (gratuit), bois
3h/jour, 60 jours, SMIC horaire (7,19E),
charges *2
sur les bénéfices, 8 mois, 1500 E
0
OT Die + Routes Lavande + dépliant OT
Total Charges Fixes
21
50
0
2500
12000
1000
200
15750
Annexe 2. Fréquentation touristique
(D’après Bilan touristique 2002, Comité départemental du tourisme de la Drôme)
Fréquentation des Offices de Tourisme
Die
Luc-en-Diois
Châtillon-en-Diois
38 803
8 706
7 768
Fréquentations de sites et musées à entrée payante
Le Jardin des Découvertes et des
Papillons - Die
Institut des Plantes Aromatiques et
Médicinales – Buis-les-Baronnies
17 335
4 515
Le Tourisme de découverte économique
La Cave de Die-Jaillance – Die
Les Domaine des Arômes/Sanoflore –
Beaufort/Gervanne
Magnanerie de Saillans
Distillerie Bleu Provence - Nyons
22
114 015
8 300
7 942
3 500
Annexe 3. Recettes
Projet 1. Alambic fixe seul
Fréquentation
Visite
Vente
visiteurs
famille-groupe
individuelle
consommateur
Total
famille
individuelle
Recette
visites
nb de produits
recettes vente
prix unitaire année 1 année 2 année 3 année 4
1520
2195
2820
2920
760 1097,5
1410
1460
760 1097,5
1410
1460
1520
2195
2820
2920
3040
4390
5640
5840
2
1520
2195
2820
2920
3
2280 3292,5
4230
4380
3,4
Total recettes
3800
2470
8398
12198
5487,5
7050
3566,9 4582,5
12127 15580,5
17615 22630,5
7300
4745
16133
23433
Projet 2 : Alambic fixe associé à une distillerie
Fréquentation
Visite
Vente
visiteurs
famille-groupe
individuelle
consommateur
Total
famille
individuelle
Recette
visites
nb de produits
recettes vente
prix unitaire année 1 année 2 année 3 année 4
1520
2195
2820
2920
760
1097
1410
1460
760
1097
1410
1460
1520
2195
2820
2920
3040
4389
5640
5840
2,5
1900
2743
3525
3650
3,5
2660
3840
4935
5110
3,4
Total recettes
4560
2470
8398
12958
6582
3566
12124
18706
8460
4582
15579
24039
8760
4745
16133
24893
Projet 3 : Alambic mixte
Fréquentation
Visite
Vente
Total recettes
visiteurs
famille-groupe
individuelle
consommateur
Total
famille
individuelle
Recette
visites
nb de produits
recettes vente
Prix unitaire année 1 année 2 année 3 année 4
1596
2305
2961
3066
798
1152
1481
1533
798
1152
1481
1533
1596
2305
2961
3066
3192
4610
5922
6132
2,5
1995
2881
3701
3833
3,5
2793
4033
5182
5366
3,4
4788
2594
8818
13606
23
6914
3745
12734
19648
8883
4812
16360
25243
9198
4982
16940
26138
Annexe 4. Echéancier
Projet 1. Alambic fixe seul
année
investissement
Chiffre d'affaire
charges variables
Valeur ajoutée
subventions
Charges fixes
EBE
dotations aux
amortissements
RCAI
Impôt (15,5%)
Résultat net
Flux
Flux actualisé (7%)
0
22270
0
0
6681
0
6681
-15589
-15589
1
0
12198
2507
9691
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
0
0
0
0
0
0
0
0
17615 22631 23433 23433 23433 23433 23433 23433 23433
3620 4651 4816 4816 4816 4816 4816 4816 4816
13994 17979 18617 18617 18617 18617 18617 18617 18617
12750
-3059
12750 12750 12750 12750 12750 12750 12750 12750 12750
1244 5229 5867 5867 5867 5867 5867 5867 5867
2227
2227
2227
2227
2227
2227
2227
2227
2227
2227
-5286
0
-5286
-3059
-2859
-983
-152
-830
1397
1220
3002
465
2537
4764
3889
3640
564
3076
5303
4045
3640
564
3076
5303
3781
3640
564
3076
5303
3533
3640
564
3076
5303
3302
3640
564
3076
5303
3086
3640
564
3076
5303
2884
3640
564
3076
5303
2696
Projet 2 : Alambic fixe associé à une distillerie
année
investissement
Chiffre d'affaire
charges variables
Valeur ajoutée
subventions
Charges fixes
EBE
dotations aux
amortissements
RCAI
Impôt (15,5%)
Résultat net
Flux
Flux actualisé (7%)
0
22470
0
0
0
6741
0
6741
-15729
-15729
1
0
12958
2507
10451
2
3
4
5
6
7
8
9
10
0
0
0
0
0
0
0
0
0
18712 24041 24893 24893 24893 24893 24893 24893 24893
3620 4651 4816 4816 4816 4816 4816 4816 4816
15092 19389 20077 20077 20077 20077 20077 20077 20077
12750
-2299
12750 12750 12750 12750 12750 12750 12750 12750 12750
2342 6639 7327 7327 7327 7327 7327 7327 7327
2247
2247
2247
2247
2247
2247
2247
2247
2247
2247
-4546
0
-4546
-2299
-2149
95
15
80
2327
2033
4392
681
3711
5958
4864
5080
787
4292
6539
4989
5080
787
4292
6539
4663
5080
787
4292
6539
4358
5080
787
4292
6539
4072
5080
787
4292
6539
3806
5080
787
4292
6539
3557
5080
787
4292
6539
3324
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Projet 3 : Alambic mixte
année
investissement
Chiffre d'affaire
charges variables
Valeur ajoutée
subventions
Charges fixes
EBE
dotations aux
amortissements
RCAI
Impôt (15,5%)
Résultat net
Flux
Flux actualisé (7%)
0
27270
0
0
0
8181
0
8181
-19089
-19089
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
13606 19648 25243 26138 26138 26138 26138 26138 26138 26138
2632 3801 4884 5057 5057 5057 5057 5057 5057 5057
10973 15847 20359 21081 21081 21081 21081 21081 21081 21081
15750 15750 15750 15750 15750 15750 15750 15750 15750 15750
-4777
97 4609 5331 5331 5331 5331 5331 5331 5331
2727
-7504
0
-7504
-4777
-4464
2727
-2630
-408
-2223
504
440
2727
1882
292
1590
4317
3524
2727
2604
404
2200
4927
3759
24
2727
2604
404
2200
4927
3513
2727
2604
404
2200
4927
3283
2727
2604
404
2200
4927
3068
2727
2604
404
2200
4927
2868
2727
2604
404
2200
4927
2680
2727
2604
404
2200
4927
2505

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