Les kystes et tumeurs de l`ovaire chez l`enfant tunisien. Aspects
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Les kystes et tumeurs de l`ovaire chez l`enfant tunisien. Aspects
Journal de pédiatrie et de puériculture (2012) 25, 8—13 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL Les kystes et tumeurs de l’ovaire chez l’enfant tunisien. Aspects diagnostiques et prise en charge thérapeutique Ovarian cysts and tumors in Tunisian children. Diagnosis and therapeutic management R. Khemakhem a,∗, Y. Ben Ahmed a, W. Ben Ftina a, F. Nouira a, A. Charieg a, S. Ghorbel a, S. Jlidi a, F. Chennoufi a, S. Barsaoui b, W. Douira c, I. Bellagha c, B. Chaouachi a a Service de chirurgie pédiatrique « B », université de Tunis El manar, hôpital d’Enfant de Tunis, place Bab Saadoun, 1007 Tunis, Tunisie b Service de pédiatrie « B », université de Tunis El manar, hôpital d’Enfant de Tunis, Tunis, Tunisie c Service de radiologie pédiatrique, université de Tunis El manar, hôpital d’Enfant de Tunis, Tunis, Tunisie Reçu le 4 juin 2011 ; accepté le 22 novembre 2011 MOTS CLÉS Kyste ; Tumeur ; Ovaire ; Enfant ; Cœlioscopie ∗ Résumé Les masses ovariennes sont rares à l’âge pédiatrique et sont représentées essentiellement par les kystes fonctionnels et les tumeurs bénignes dont le plus fréquent est le tératome mature. But. — Faire une approche clinique, radiologique, et thérapeutique des tumeurs de l’ovaire à l’âge pédiatrique. Patientes et méthodes. — Étude rétrospective de 34 cas de tumeurs et kystes de l’ovaire colligés sur une période de 16 ans, entre le 1er janvier 1992 et le 30 décembre 2007 au service de chirurgie pédiatrique (B) de l’hôpital d’enfants de Tunis. Résultats. — L’âge moyen de nos patientes est de 7,69 ans, avec des extrêmes allants d’un jour à 14 ans. Le diagnostic anténatal a été réalisé dans cinq cas (14,7 % des cas). En postnatal, le tableau pseudochirurgical était le tableau le plus fréquemment rencontré (38,2 % des cas). L’échographie abdominopelvienne a montré une masse kystique dans 53,1 %, et tissulaire hétérogène dans 28,1 % des cas. Le traitement était essentiellement : annexectomie dans 32,3 % des cas, une kystectomie simple dans 32,3 % des cas, ovarectomie dans 14,7 % des cas et une Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (R. Khemakhem). 0987-7983/$ — see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.jpp.2011.11.002 Les kystes et tumeurs de l’ovaire chez l’enfant tunisien 9 ponction de kyste dans 8,8 % des cas. L’étude anatomopathologique a conclu au diagnostic de tératome kystique mature dans 35,3 % des cas, de cystadénome séreux dans 23,5 % des cas, de kyste fonctionnel dans 26,4 % des cas. Conclusion Les tumeurs de l’ovaire chez l’enfant sont dans la majorité des cas bénins. Leur diagnostic repose sur l’échographie et le traitement est le plus souvent chirurgical et repose sur la résection qui est réalisée de préférence par voie cœlioscopique. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Ovary; Tumor; Cyst; Child; Celioscopy Summary The ovarian masses are rare in pediatric age and are represented primarily by functional cysts and benign tumors; the most common is mature teratoma. Goal. — To study the clinical, radiological, and treatment of ovarian tumors in pediatric age. Patients and methods. — Retrospective study of 34 cases of tumors and ovarian cysts collected over a period of 16 years, between 1st January 1992 and 30 December 2007 in Pediatric Surgery Department (B) of Children’s Hospital Tunis. Results. — The mean age of patients was 7.69 years, with extremes ranging from 1 day to 14 years. In five cases, diagnostic was performed in prenatal period (14.7% of cases). In postnatal, pseudo-surgical table was the most frequent (38.2% of cases). Abdominopelvic ultrasound showed a cystic mass in 53.1% and a heterogeneous mass of tissue type in 28.1% in cases. The treatment was essentially surgery: oophorectomy in 32.3% of cases, a cystectomy in 32.3% of cases, an ovarectomy in 14.7% of cases and cyst puncture in 8.8% of cases. The pathological study found diagnosis of mature teratoma in 35.3% of cases, serous cystadenoma in 23.5% of cases and functional cyst in 26.4% of cases. Conclusion. — Ovarian tumors in child are in the majority of mild cases. The diagnostic is based on ultrasound and treatment is usually based on surgical resection, which is preferably carried out by laparoscopic way. © 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Introduction Les masses ovariennes sont des pathologies rares puisqu’elles ne représentent que 1 à 2 % de l’ensemble des tumeurs de l’enfant. Elles se subdivisent en deux groupes essentiels : les tumeurs gonadiques qui sont pour la plupart bénignes, représentées par le tératome mature et le cystadénome séreux, et les lésions fonctionnelles (kyste folliculaire et kyste lutéinique). Ce travail est basé sur une étude rétrospective de 34 observations pédiatriques colligées au service de chirurgie pédiatrique (B) de l’hôpital d’enfant de Tunis entre le 1er janvier 1992 et le 31 décembre 2007. Patientes et méthodes L’âge moyen de nos patientes est de sept ans huit mois, avec des extrêmes allant d’un jour à 14 ans. Le diagnostic anténatal a concerné cinq patientes et cela à l’occasion d’une échographie systématique du troisième trimestre de gestation découvrant la présence d’une masse abdominopelvienne. En postnatal, les douleurs abdominales étaient le signe d’appel le plus fréquent. Il peut s’agir de douleurs aiguës réalisant un tableau pseudochirurgical observé chez 13 patientes (soit 38,2 % des cas), ou de douleurs pelviennes chromiques qui ont été observées chez neuf patientes (soit 26,4 % des cas). L’apparition d’une masse abdominale a été rencontrée que dans cinq cas (soit 14,7 % des cas). Les métrorragies étaient rares. Les marqueurs tumoraux dosés étaient l’␣FP et la HCG. Ces dosages ont été réalisés chez dix patientes et étaient normaux dans tous les cas. La radiographie de l’abdomen sans préparation a été réalisée chez 30 enfants. Elle a montré des calcifications pelviennes chez cinq patientes (16,6 %) et a noté une opacité de tonalité tissulaire pelvienne refoulant les anses intestinales chez 13 filles (43,3 %). L’échographie abdominopelvienne a été pratiquée de première intention et de façon systématique chez 32 de nos patientes. Deux patientes n’ont pas bénéficié de l’échographie, car opérées en urgence. L’échographie abdominopelvienne a montré une masse abdominopelvienne dans tous les cas (32 cas) et a précisé ses caractéristiques échographiques (Tableau 1), (Fig. 1 et 2). L’échographie a suspecté une complication à type de torsion d’annexe dans deux cas et d’hémorragie intrakystique dans un cas (Fig. 3). La tomodensitométrie abdominopelvienne a été pratiquée chez dix patientes. Elle a confirmé l’origine ovarienne de la masse chez neuf filles (soit 90 % des cas), et a précisé la structure de la masse, permettant ainsi d’établir le diagnostic préopératoire de kyste séreux (Fig. 4) chez une patiente et celui de kyste dermoïde chez quatre patientes, soit 40 % des cas. Le traitement chirurgical était indiqué chez 32 patientes. Dans un cas, une abstention chirurgicale sous surveillance échographique a été indiquée devant la petite taille du kyste (2,5 × 1,5 cm) et dans le second cas, et du fait de la fragilité du terrain, une ponction sous contrôle échographique a été réalisée. L’intervention a été pratiquée en urgence 10 Tableau 1 R. Khemakhem et al. Répartition des masses ovariennes en fonction de leurs aspects échographiques. Échographie n Masse kystique 33 71,8 Masse tissulaire 9 28,1 Total 42 % n % Cloisons intrakystiques Sédiment Présence de végétations 1 3 1 40,6 9,3 3,1 Avec calcifications 2 6,25 100 Figure 1. Cliché d’échographie abdominopelvienne montrant des végétations intrakystiques. dans 12 cas et à froid dans les cas restants, 14 des malades étaient compliquées d’une torsion de l’annexe et dans un cas, l’ovaire était à peine reconnaissable. Les gestes réalisés sont rapportés dans le Tableau 2. Les suites opératoires ont été simples dans tous les cas en dehors d’une patiente chez qui une reprise opératoire a été réalisée pour suspicion d’occlusion sur foyer septique intrapéritonéal et qui a bien évoluée après lavage péritonéal et antibiothérapie adaptée. Le recul moyen est de trois ans, tous les malades Figure 3. Cliché d’échographie abdominopelvienne montrant un aspect typique de kyste fonctionnel hémorragique. opérés, sauf un qui a eu une ponction peropératoire d’un kyste séreux, ont bénéficié d’un examen anatomopathologique de la pièce opératoire (Tableau 3). Discussion Les tumeurs ovariennes, quoiqu’elles constituent les plus fréquentes des tumeurs du tractus génital avant 15 ans, Figure 2. Tératome mature kystique typique : masse hétérogène avec des images fortement échogènes associées à des plages liquidiennes hypoéchogènes. Figure 4. TDM abdominopelvienne montrant une masse de densité mixte à prédominance kystique pelvienne mesurant 75 × 71 × 65 mm, correspondant à un kyste séreux compliqué d’une torsion d’annexe. Les kystes et tumeurs de l’ovaire chez l’enfant tunisien 11 Tableau 2 Acte opératoire réalisé en fonction des données peropératoires. Acte réalisé Nombre Annexectomie Cystectomie totale Ovarectomie Cystectomie partielle Ponction de kyste Tumorectomie 11 11 5 2 1 2 Total 32 cas Tableau 3 Pourcentage 32,35 32,35 14,70 5,8 2,9 5,8 100 Histologie des masses ovariennes. Nature histologique de la masse ovarienne n % Tératome kystique mature 12 cas 38,7 Cystadénome séreux 8 cas 25,8 Kyste fonctionnel Kyste folliculaire Kyste lutéinique Kyste simple 3 cas 4 cas 2 cas 9,6 12,9 6,45 Ovaire dystrophique poly kystique 1 cas 3,2 Tumeur de la granulosa type juvénile 1 cas 3,2 Total 31 100 est une pathologie rare de l’enfant et l’adolescent. Elles ne représentent que 1 à 2 % de l’ensemble des tumeurs de l’enfant [1—7]. Cette relative rareté s’explique par le fait que seuls les volumineuses tumeurs ou celles qui se compliquent ont une traduction clinique [2,3,8]. Ces tumeurs sont dans 70 à 80 % des cas bénignes et dans 10 à 30 % malignes [8—13]. Les kystes organiques sont représentés par le cystadénome séreux, le cystadénome mucineux et le cystadénocarcinome. Alors que les kystes fonctionnels sont représentés par le kyste folliculaire et le kyste du corps jaune (kyste lutéal). Le premier pic d’âge correspond aux premiers mois de la vie, ensuite la fréquence des masses ovariennes diminue après l’âge d’un an jusqu’à un second pic à l’âge prépubertaire et pubertaire. Le diagnostic anténatal est une circonstance de plus en plus fréquente. Ces kystes sont en général bénins et correspondent, le plus souvent, à des kystes fonctionnels de nature folliculaire ou folliculo-lutéinique, liés à une stimulation gonadique excessive (gonadotrophines fœtales, œstrogènes maternels ou d’HCG placentaire [14—16]). Il est généralement fait à partir de 28 à 33 SA, lorsque l’ovaire fœtal devient sensible à la stimulation gonadotrope. Dans cette série, le diagnostic anténatal a été fait chez cinq filles, soit 13,5 % des cas (contre 32 % dans certaines séries) à l’occasion de l’échographie obstétricale réalisée au troisième trimestre, ce qui illustre le manque de diffusion de l’échographie obstétricale dans notre pays. En postnatal, la pathologie annexielle est caractérisée par son polymorphisme [3,10]. Les douleurs abdominales sont le symptôme le plus fréquemment rencontré. Elles siègent souvent au niveau des fosses iliaques, de l’hypogastre parfois elles sont diffuses. Leur intensité et leur durée est variable, allant d’un tableau d’urgence chirurgicale qui fait craindre une complication à type de torsion d’annexe ou d’hémorragie intrakystique, à de vagues douleurs chroniques spontanément résolutives [4,8,10]. Dans cette série, un tableau pseudochirurgical a été rencontré dans 13 cas, correspondant à six torsions d’annexe, deux kystes séreux, deux kystes folliculaires et trois kystes lutéiniques dont deux compliqués d’hémorragie. L’apparition d’une masse abdominopelvienne est un mode de révélation assez fréquent chez l’enfant. Il s’agit d’une masse parfois très volumineuse, tantôt peu ou pas symptomatique [2,3,10]. La découverte peut être fortuite, le plus souvent à l’occasion d’une échographie systématique où lors d’un examen systématique [2,8]. L’ASP est un examen peu sensible et non spécifique et ne doit pas être réalisé de façon systématique. Son seul intérêt réside dans la possibilité de mettre en évidence des calcifications en regard de l’aire ovarien caractéristiques du tératome ovarien [2—4,8]. L’échographie abdominopelvienne permet de retrouver la masse ovarienne et de préciser son siège, sa taille, son échostructure, l’existence ou non de cloisons, de sédiments, de végétations, de calcifications intrakystiques. Cet examen a une spécificité de 93 % et une sensibilité de 80 %, ce qui en fait le gold standard du diagnostic [5]. Il permet aussi de guider une éventuelle ponction ainsi que la surveillance des malades avant et après traitement [2,8]. Parmi les signes de malignité, il faut citer : la taille du kyste supérieur à 10 cm, l’existence de cloisons épaisses, l’épaisseur importante de la paroi, la présence de végétations et l’aspect complexe et/ou hétérogène des tumeurs. Néanmoins, aucun signe n’est à lui seul synonyme de néoplasie [13]. Le doppler couleur peut aider au diagnostic de malignité. La tomodensitométrie a peu d’intérêt dans le diagnostic des tumeurs de l’ovaire sauf comme bilan d’extension, elle est parfois utile pour l’analyse des volumineuses masses ainsi que pour l’étude des rapports anatomiques avec les structures avoisinantes. C’est l’examen clef pour le diagnostic des tératomes ovariens. Devant toute masse ovarienne, le dosage des marqueurs tumoraux est indispensable en préopératoire (␣FP et HCG), afin d’orienter le diagnostic étiologique et d’éliminer une éventuelle composante maligne [2]. L’élévation de l’␣FP dans le cadre d’une masse ovarienne confirme le contingent vitellin hautement malin de la tumeur [8,10,11] alors que celle de la HCG correspond à une composante sécrétoire choriocarcinomateuse [10]. Dans notre série, seulement dix patientes (29 % des cas) ont bénéficié du dosage des marqueurs tumoraux du fait du non-disponibilité de cet examen pendant les premières années de l’étude ce qui rend difficile la prise de décision thérapeutique. L’abstention thérapeutique peut être retenue lorsque les kystes supposés fonctionnels sont asymptomatiques et mesurant 3 à 5 cm. Elle consiste en une surveillance échographique régulière tous les mois vu la possibilité de régression spontanée de ces kystes [3,8,11,16,17]. Cette surveillance doit se poursuive jusqu’à disparition totale du kyste. Sa persistance au-delà de trois mois doit conduire à une intervention, le plus souvent une ponction par voie abdominale 12 ou per-cœlioscopique. Cette ponction ne doit être envisagée qu’après avoir éliminé formellement un tératome bénin ou un cystadénome vu le risque accru de rupture peropératoire du kyste et déversement de son contenu dans la cavité abdominale qui peut être responsable d’une augmentation du risque de formation d’adhérences (avec un impact négatif potentiel sur la fertilité), le développement de la péritonite chimique suivi de granulomatose péritonéale, et possible augmentation de stade des néoplasmes malins [17,18]. En ce qui concerne les kystes ovariens fœtaux, certains proposent pour les kystes dont la taille est supérieure à 5 cm, une attitude active dès la période anténatale par une ponction échoguidée à fin de diminuer le risque de complications prénatales (torsion, hémorragie intrakystique) [19—21]. Giorlandino et al. ont rapporté un risque d’ovariectomie postnatale de 85 % si le kyste mesurait plus de 5 cm, et Bagolan a retrouvé un taux d’ovariectomie de 14 % seulement quand une aspiration intra-utérine est réalisée [20,21]. Cependant, même si les résultats maternels et fœtaux de cette technique sont bons, certaines complications ont été rapportées, le diagnostic échographique des kystes ovariens fœtaux n’est pas établit à coup sûre et des cas d’aspiration d’hydro-uretères, de kyste mésentérique ou de l’ouraque ont été rapportés, augmentant la morbidité fœtale. Par ailleurs, la rupture des membranes lors de cette procédure peut augmenter le risque de prématurité et d’infections intra-utérines. De même, des lésions des gros vaisseaux sanguins du fœtus est possible [22]. La plus grande expérience de l’équipe prenant en charge ces enfants est donc essentielle. Le traitement médical peut être indiqué chez l’adolescente pubère devant un kyste fonctionnel asymptomatique et dont la taille est comprise entre 5 et 8 cm. Il consiste à utiliser un traitement hormonal freinateur avec contrôle échographique [8]. La cœlioscopie a un rôle diagnostique et thérapeutique [3]. Elle permet de reconnaître une complication (torsion annexielle, hémorragie intrakystique) et donne une idée sur l’aspect macroscopique de la lésion permettant de prévoir sa nature. Devant la présence d’une masse suspecte ou au moindre doute de la faisabilité de la cœliochirurgie (kyste inabordable, volume important, adhérence), la conversion en laparotomie s’impose. La laparotomie peut être réalisée par une incision de Pfannenstiel ou par une incision médiane sous-ombilicale. Elle est principalement effectuée si le volume du kyste ovarien est important ou si on un doute sur la bénignité du kyste [3,8]. Une exploration abdominopelvienne doit être effectuée de façon systématique (la tumeur, l’ovaire controlatéral, l’utérus, le cul-de-sac de Douglas et le reste de la cavité abdominale) avec prélèvement du liquide péritonéal pour la cytologie [2]. Différentes techniques peuvent être réalisées (kystectomie, tumorectomie, annexectomie). Dans notre série, le taux d’ovariectomie et d’annexectomie est très important compte tenu du seul cas malin. Cela est du au fait qu’un grand nombre de nos patientes est opéré en urgence dans un tableau de torsion avec constatation d’un ovaire nécrosé qui était enlevé ou bien une volumineuse tumeur qui ne laissait pas persister de parenchyme ovarien. En fait, actuellement on est devenu de plus en plus conservateur depuis que les études ont montré la grande capacité de R. Khemakhem et al. récupération du parenchyme ovarien même celui qui paraît à l’œil nue comme complètement nécrosé. De même pour les tumeurs bénignes et quand les marqueurs tumoraux sont négatifs, il est recommandé de réaliser une tumorectomie et de préserver le moindre parenchyme ovarien persistant à fin de reconstruire l’ovaire. L’examen anatomopathologique est un élément important du pronostic et de l’évaluation des tumeurs de l’ovaire, car chaque forme histologique à son évolution propre. La classification histologique simplifiée de l’OMS est celle la plus utilisée [1]. Les tumeurs bénignes les plus fréquemment rencontrées chez l’enfant et l’adolescente sont les kystes folliculaires dits fonctionnels, les kystes dermoïdes et les cystadénomes séreux [1,3,17]. Conclusion Les tumeurs ovariennes sont caractérisées par leurs polymorphismes cliniques. Le diagnostic doit être évoqué devant toute douleur pelvienne chez une fille. L’échographie permet d’établir le diagnostic, en précisant la nature de la masse et l’état de l’ovaire controlatéral et permet de guider une éventuelle ponction. Les tumeurs de l’ovaire sont représentées essentiellement par les tératomes et les kystes. Si le traitement est chirurgical, la voie d’abord est de plus en plus cœlioscopique. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Références [1] Battin J, Colle M, Audebert A, Nehme K. Tumeurs bénignes de l’ovaire et kystes folliculaires dans l’enfance et l’adolescence. Ann Pediatr 1987;34:55—62. [2] Martelli H, Patte C. Tumeurs des gonades chez l’enfant. Arch Pediatr 2003;10:246—50. [3] Canarelli JP, Plancq MC, Bob’oyono JM, Ricard J. Kyste volumineux de l’ovaire chez l’enfant. Stratégie thérapeutique. Chirurgie (Paris) 1993;130:525—8. [4] Ribault L, Barthe BL. Les tumeurs bénignes de l’ovaire chez la fillette. À propos de trois cas en Afrique. Rev Fr Gynecol Obstet 1989;84:443—5. [5] M’Pemba loufoua-Lemay A-B, Peko J-F, Mokoko J-C, Nzingoula S. Torsion de tumeur kystique de l’ovaire chez une adolescente, révélatrice d’un hémangiome caverneux. 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