Quelles sont causes de la somnolence diurne et de l`altération de la

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Quelles sont causes de la somnolence diurne et de l`altération de la
Quelles sont causes de la somnolence diurne et de
l’altération de la vigilance chez les parkinsoniens ?
La maladie de Parkinson est une affection neurodégénérative, touchant 1,5 % de la population de
plus de 65 ans. En l’absence de traitement curatif
de la maladie, la prise en charge thérapeutique a
donc pour but de corriger les symptômes du
patient. La dégénérescence des neurones
dopaminergiques, à l’origine de la maladie,
entraîne une déplétion en dopamine dans le
cerveau, aboutissant à l'apparition de signes
cliniques regroupés sous le terme générique de
syndrome parkinsonien. D’autres troubles sont
souvent associés à la maladie de Parkinson comme
des douleurs, des troubles digestifs ou urinaires,
une hypotension orthostatique et des troubles du
sommeil.
L’hypersomnolence diurne excessive est un
phénomène fréquent et persistant chez ces
malades. Sa physiopathologie pourrait être due à la
maladie elle-même qui altère la transition entre
l’état de veille et de sommeil, mais aussi la
conséquence d’insomnies, de parasomnies et de la
prise de sédatifs. Plusieurs hypothèses suggèrent le
rôle favorisant des traitements dopaminergiques.
Deux études, l’une norvégienne, l’autre française,
dont le but était de préciser les causes de la
somnolence
diurne
chez
les
malades
parkinsoniens, viennent d’être récemment
publiées. La première étude a été initiée en 1993.
Elle a permis de suivre 232 patients présentant une
maladie de Parkinson pendant 8 ans pour savoir si
la maladie, son stade évolutif et les traitements
étaient en relation avec une somnolence diurne
excessive. Des échelles validées ont été utilisées
pour préciser le stade de la maladie, rechercher des
symptômes de dépression et évaluer les
performances cognitives. Le diagnostic de
somnolence diurne excessive a été fait à l’aide de
l’échelle d’Epworth. La fréquence de la
somnolence a augmenté pendant la durée de
l’étude, passant de 5,6% en 1993 à 40,8% en 2001.
Il s’agissait le plus souvent d’un symptôme
persistant, dont l’incidence augmentait avec l’âge
et la prise d’agonistes dopaminergiques. En
revanche, la somnolence était moins fréquente
chez les hommes que chez les femmes. Chez les
patients qui ne recevaient pas de traitement
dopaminergique, l’hypersomnolence était associée
à la sévérité de la maladie. Dans la deuxième
étude, des informations concernant les troubles de
la vigilance, les données démographiques, les
traitements, les caractéristiques de la maladie et le
sommeil (étudié par polysomnographie), ont été
recueillies auprès de deux cent vingt deux malades
parkinsoniens ne présentant pas de syndrome
démentiel. Une somnolence diurne excessive était
observée chez 43% des patients et 28%
manifestaient une somnolence dans l’heure qui
suivait la prise de leur traitement dopaminergique.
Les accès de sommeil irrépressibles se
produisaient plus fréquemment chez les patients
qui se plaignaient de somnolence diurne et/ou de
somnolence après la prise de traitements
dopaminergiques. Les troubles de la vigilance
étaient en partie expliqués par les altérations du
sommeil nocturne (ronflement, apnées, troubles de
la miction…), mais surtout par les traitements
dopaminergiques.
Ces
deux
études
confirment
que
l’hypersomnolence diurne est fréquente chez les
patients atteints de maladie de Parkinson. Si les
causes sont multifactorielles, les traitements
dopaminergiques sont fréquemment associés à une
somnolence diurne et une altération de la vigilance
chez ces patients. Ces troubles peuvent avoir des
répercussions très gênantes dans la vie
quotidienne. C’est une cause d'accidents de la
circulation ou domestiques mais aussi d’une
dégradation de la qualité de vie. Afin d’éviter ces
conséquences fâcheuses, les patients doivent être
suffisamment informés, notamment ceux qui ont
des accès de sommeil irrésistibles et ceux qui
ressentent une somnolence dans l'heure qui suit la
Tristan Cudennec,
Hôpital Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt
Gjerstad MD, Alves G, Wentzel-Larsen T, Aarsland D, Larsen JP. Excessive daytime sleepiness in Parkinson disease. Is it
the drugs or the disease? Neurology. 2006;67:853-858. Monaca C, Duhamel A, Jacquesson JM, Ozsancak C, Destée A,
Guieu JD, Defebvre L, Derambure P. Vigilance troubles in Parkinson's disease: a subjective and objective
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