Qualité et proximité au menu - Euro
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Qualité et proximité au menu - Euro
D'UNE TABLE À L'AUTRE 37 mardi 23 avril 2013 Qualité et proximité au menu Le coup de cœur du sommelier Quand le signal du rappel est donné, les chefs rappliquent en nombre. Soit une petite centaine d'Eurotoques qui se sont retrouvés hier après-midi à Leudelange. La volonté de mettre en avant les produits régionaux a été de nouveau exprimée au cours de l'assemblée générale se déroulant hier après-midi. De notre journaliste Jacques Paturet la fois président national et in- ternational d'Eurotoques, DaÀ niel Rameau n'a pas vraiment l'oc- > Toujours bien servi dans le pays Le credo de ces chefs n'a pas varié d'un iota. Leur objectif est de transfor- mer et de mettre en valeur les produits régionaux. «Pourquoi aller obligatoirement en chercher au bout du monde alors que nous avons ici tout sous la main? Avec une traçabilité qui est sans faille» affirme le chef en désignant des produits dont la réputation n'est plus à faire que ce soit la moutarde en passant par la viande de bœuf ou de porc. Cette qualité à mettre en évidence pourrait d'ailleurs prochainement faire l'objet d'un nouveau label. Le chef étoilé Alain Ducasse et Daniel Rameau ont prévu de se rencontrer en vue de la création d'une section luxembourgeoise défendant les mérites du produit transformé sur place. Mais le plaisir de la table et les saveurs de l'assiette ne sont pas les seuls critères déterminants. Les restaurateurs souhaitent également se distinguer par l'accueil qu'ils offrent et par la qualité du service. Pour se donner encore plus de visibilité, les chefs dont le site internet (www.eurotoques) a été complètement relooké, seront présents pour la première fois à Luxexpo en partenariat avec la Chambre de commerce. Il s'agit de prouver que le Grand-Duché a de beaux produits et tout un savoir-faire à exporter. Preuves à l'appui obligent, l'assemblée générale s'est achevée par une série de dégustations. La Provençale a profité de l'occasion pour faire découvrir de nouveaux produits et les vignerons de la Moselle n'ont pas été en reste pour donner un aperçu sur leurs nouveaux crus. À l'instar de Mathis Bastian qui, outre son Domaine et tradition, a procédé à l'embouteillage de son dernier auxerrois pas plus tard que la semaine dernière. Photo : isabella finzi casion de souffler puisqu'il a pour tâche d'être sur tous les fronts à la fois. Aussi bien à Strasbourg, pour expliquer aux parlementaires européens tous les avantages qu'il y a à privilégier une nourriture saine, qu'à Lisbonne où il se trouvait encore en fin de semaine dernière. Le programme était chargé. Plusieurs écoles hôtelières lui avaient ouvert leurs portes et il se déclare impres- sionné par le niveau de l'enseignement. Sur le plan national, le président peut légitimement se vanter d'être à la tête d'une association qui a le vent en poupe. Eurotoques, qui a le vent en poupe après les récents scandales qui ont ébranlé le secteur de l'alimentation, compte actuellement 130 membres et une centaine d'entre eux ont jugé bon de participer à l'assemblée générale qui se tenait à Leudelange dans les halles de la Provençale, partenaire depuis toujours de l'association des cuisiniers. Quelques-uns des vins les plus précieux de la vallée du Rhône viennent de sa partie septentrionale, au sud de Lyon. Le cépage syrah s'épanouit sur le coteau pentu de l'Hermitage, en rive gauche du Rhône. La Cave de Tain, qui dans ce secteur gère une trentaine d'hectares, propose son Hermitage 2009 après élevage de 18 mois en barriques. Généreux, marqué par le pruneau et le chocolat noir, ce rouge n'a pas encore les arômes de garrigue typiques de l'appellation. Mais comme il peut se garder dix, voire quinze ans... Prix : 55 euros. Tél. : 0033 475 08 20 87. Plus au sud et sur la rive droite, Cornas est un autre fief de la syrah. Celui du Domaine Courbis, La Sabarotte 2010, est fort (14 °), harmonieux, entre une base suave et une texture tannique appelée à s'adoucir avec le temps. Les notes de cassis perceptibles en finale laissent augurer la belle évolution de ce vin savoureux. 46 euros. Tél. : 0033 475 81 81 60. Côte-Rôtie est un terroir aussi abrupt que l'Hermitage, mais en rive droite et plus au nord. Pour son Côte-Rôtie 2011 , Pierre Gaillard a tempéré d'un peu de viognier sa syrah, alliage qui a vieilli 18 mois en barriques. Quoique léger (12,5 °), ce rouge est d'abord chaleureux en bouche, puis viennent des saveurs de fruits cuits avant que des notes balsamiques s'imposent au final. 37 euros. Tél. : 0033 474 87 13 10. Ces rouges assez voisins accompagneront gibier, daubes, civets. Mais tout autre est le Condrieu 2011 de Tardieu-Laurent , et pour cause : Condrieu, AOC jouxtant Côte-Rôtie, est exclusivement voué aux blancs de viognier. Celui-ci, plein de prestance et de fraîcheur, épate par ses saveurs herbacées (sel de céleri) et florales (violette). À boire avec du poisson en sauce. 35 euros. Tél. : 0033 490 68 80 25. La fine fleur des bonnes tables était au rendez-vous pour l'assemblée générale d'Eurotoques, présidée par Daniel Rameau (debout). LE TOUR DE TABLE DE GILLES PUDLOWSKI Docteur Thierry et Mister Krompholtz T hierry Krompholtz, on le connaît depuis belle lurette! Il fut le chef étoilé du Bellevue à Borny avant de voyager puis de se réinstaller au cœur de Metz, près du quai des Roches cher au Barrès de Colette Baudoche. J'ai fait deux repas chez lui, à quelques semaines de distance et en compagnie de Michel Roth, chef du Ritz en disponibilité, à l'occasion de deux tournages de l'émission Des toques et des étoiles de la télévision de la Région Lorraine. Ces deux repas de styles différents prouvaient que coexistent deux Thierry K. : l'un, Lorrain enraciné, l'autre, voyageur du monde. Le premier, au gré du menu du jour, proposait crème de topinambours et croûtons aux pétoncles, choucroute de la mer avec cabillaud, colin, saumon frais, gambas et réduction de gingembre, enfin crumble ananas banane avec glace caramel au beurre salé. Arrosés d'un côtesde-gascogne Tariquet et d'un saint-chinian blanc. Pas très lorrain, me direz-vous. Vous n'auriez pas tort! Mais Thierry, qui est le voya- geur immobile de sa ville après avoir accompli des périples d'Amérique latine en Asie, a soin d'en semer des souvenirs sur sa carte. Il peut se montrer amateur de soupe thaïe, de céviche sur le mode péruvien, de california rolls de crabe et de thon, comme de nems aux crevettes et de tajine de poissons aux fruits secs. Mais il est aussi ce Lorrain éclairé qui sait retrouver ses racines et conter, à sa manière finaude, la cuisine régionale de son époque. > Mode régional et joliment enraciné La preuve? Le deuxième repas effectué chez lui sur un mode régional et joliment enraciné. Les asperges vertes servies croquantes avec leur sabayon moutardé à l'orange et leur croustillant de boudin noir, le carpaccio de tête de veau en pot-au-feu – avec ses cromesquis – servi tiède et une sauce gribiche, la bouchée à la reine extralégère, dite «comme autrefois dans la tradition lorraine» avec son riz basmati à la cardamome, étaient bien là pour nous séduire. Sur ces agapes régionalistes de haute volée, Didier Bertin, caviste malicieux des Domaines, avait choisi des vins de classe : auxerrois de Stapurewicz à Ars-sur-Moselle, muller thurgau de Dietrich Girardot à Vic-sur-Seille, pinot noir de Lelièvre à Toul, pinot gris Les Blasons de Sontag à Contzles-Bains, autant de cuvées de choix prouvant que la Lorraine, en particulier la Meurthe-et-Moselle et la Moselle, n'a guère à rougir face aux vignobles voisins. In fine, le pain perdu à la mirabelle et aux figues avec sa crème anglaise à la fève Tonka a fait une issue de choix. On rappelle que Thierry Krompholtz a publié en 1992 aux éditions Serpenoise, avec Jean-Luc Mengin, un Florilège gourmand de la cuisine lorraine qui fait référence. Et l'on comprend que Thierry, en ambassadeur de la tradition d'ici, a son mot à dire! Thierry Saveurs et Cuisine, 5, rue des Piques, 57 000 Metz. Tél. : 0033 387 74 01 23. Menus : 19,50 euros (formule, sem.), 26,50 euros (sem.), 36,50 euros (vend. soir, sam.). Carte : 60 euros. Un classement contesté Trois candidats déchus au classement décennal des saint-émilion ont porté plainte contre X. L e classement décennal des vins de Saint-Émilion, homologué en septembre 2012 par le ministère de l'Agriculture français, a été indirectement attaqué par trois candidats déchus qui ont déposé une plainte contre X pour prise illégale d'intérêts, a-t-on appris hier auprès de l'avocat des plaignants. «Ce n'est pas une plainte contre le classement, mais contre ceux qui ont pris part à ce classement et conservé un intérêt dans une opération dont ils avaient la maîtrise et la surveillance. On ne peut pas être juge et partie», a indiqué Me François de Contencin, avocat des châteaux Croque-Michotte, Corbin Michotte et La Tour du Pin Figeac, tous trois parmi les 14 évincés sur 96 candidats, confirmant une information du quotidien Sud Ouest. Sont notamment mis en cause dans cette plainte contre X Hubert de Boüard, membre du comité régional de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), président du groupement des grands crus classés de Saint-Émilion et propriétaire de château Angélus promu en 2012 premier grand cru classé A, le plus prestigieux rang de ce classement aux côtés de château Pavie, lui aussi promu en 2012, château Cheval Blanc et château Ausone. Hubert de Boüard, qui gère également une structure de conseil dans le domaine vitivinicole, est également mis en cause par cette plainte au titre des sept châteaux qu'il conseille et ont été promus ou maintenus. Est également visé sans le nommer Philippe Castéja, membre du comité national de l'INAO et propriétaire du château Trottevieille maintenu au rang de premier grand cru classé B. «Je suis le premier surpris d'être mis en cause et je n'aurais aucun problème pour démontrer que je suis extrêmement clair dans ce dossier», a indiqué Philippe Castéja, parallèlement président du Conseil des grands crus classés 1855, classement de plus d'un siècle et demi ne concernant que les vins des terroirs de Sauternes et du Médoc. Pour l'avocat des plaignants, les mêmes qui avaient déjà obtenu l'annulation en 2008 du précédent classement, «ces personnes sont au point de départ du règlement, ils désignent les membres et le président de la commission de classement, et homologuent eux-mêmes les propositions de classement soumises au ministère de l'Agriculture. Ce sont eux qui ont fabriqué cette procédure à l'usage exclusif de quelques-uns. On finit par être dans le domaine de l'autoproclamation», a estimé l'avocat.