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La conférence est introduite par Monsieur DETCHART, Inspecteur IEN-ASH
représentant, M. FLOCH, INSPECTEUR D’ACADEMIE DE TOULOUSE :
Au titre du travail qu’elle mène, l’Académie de Toulouse est une plate-forme d’accueil importante
pour les familles d’enfants sourds.
En 2011, l’Académie a passé une convention avec l’association des codeurs LPC permettant de
faciliter leur travail au sein des établissements scolaires.
Il faut reconnaître la liberté du choix du mode de communication : Le LPC, au même titre que la
langue des signes, au même titre que l’usage ou non d’un appareillage.
« Aujourd’hui c’était un simple mot pour reconnaître le travail que nous menons, la satisfaction
d’avoir pu mener à bout notre projet de convention et vous souhaiter de bons travaux. »
Intervention de Delphine PETRUCCI, orthophoniste en libéral
Les différents points abordés sont les suivants :
les différents niveaux de surdité,
le développement du langage,
la communication,
la perception de la parole,
l’apport de la lecture labiale et ses limites,
l’utilisation du LPC en orthophonie, à la maison et en classe.
Différents niveaux de surdité :
Quand on parle d’audition, on parle de fréquence et d’intensité. La fréquence d'un son correspond à
sa hauteur (son grave, médium, aigu) et l’intensité à la force du son (son fort ou faible).
L’intensité en voix normale est à peu près à 65 décibels, en voix chuchotée à 30 dB, et en voix
projetée plutôt à 90 décibels.
On a donc établi des grilles de surdité.
On parle
 d’une audition normale jusqu’à 20 décibels de perte auditive.
 de surdité légère pour des pertes allant de 20 à 40 décibels : la perception de la
parole commence à être altérée.
 de surdité moyenne pour des pertes entre 40 et 70 dB.
 de surdité sévère pour des pertes allant de 70 et 90 dB.
 de surdité profonde pour des pertes supérieures à 90 décibels (il existe des sousgroupes dans cette catégorie).
 de surdité totale au-delà de 120 décibels.
Il est important d’avoir les courbes audio métriques de l’enfant pour connaître les fréquences
auditives préservées et celles qui sont atteintes et pour définir son degré de perte auditive.
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Développement du langage et de la communication :
L’enfant doit mettre en place quatre éléments pour structurer son langage.
Il doit :




développer ses perceptions auditives
développer ses productions
mettre en place les éléments pré linguistiques
structurer sa pensée
Les parents ont un rôle vraiment central.
Quand l’enfant naît, il perçoit au début tout un continuum de sons qu’il n’arrive pas à distinguer. Il
va devoir les découper en éléments distincts pour pouvoir les reproduire.
Pour y parvenir, il va s’appuyer sur la prosodie et sur sa perception des sons.
Les parents vont mettre en place une manière particulière de parler à l’enfant: ils vont parler avec
une voix plus aiguë, un rythme plus lent, en exagérant les accents, etc., ce qui aide l'enfant à
découper ce continuum sonore en mots et en sons.
Le bébé va également structurer ses productions.
Progressivement, il va passer par des phases de vocalisations qui vont devenir volontaires. Il va
ensuite structurer un babillage sous forme de syllabes.
Une fois de plus, les parents vont tenir un rôle réellement important.
Ils vont entrer dans des jeux vocaux avec le bébé. Ils vont l’imiter, y mettre du sens, interpréter, et
cela va donner un feed back au bébé qui va vouloir en faire plus.
Il y a également une communication gestuelle qui se met en place.
Au début, c’est l'enfant qui transmet des informations à ses parents par la détente corporelle, les
tensions corporelles. Les parents vont interpréter ces signaux. Au fur et à mesure, l’enfant va
comprendre qu’il a un impact sur son environnement et va commencer à utiliser des gestes plus
complexes.
Les éléments pré linguistiques se mettent également en place :
 l'attention conjointe (le parent et l’enfant ont un intérêt commun pour un objet), le
pointage (le bébé va pointer)
 les capacités d'imitation (imiter le parent),
 les jeux de faire-semblant.
Ce sont les parents qui vont construire et enrichir tout cela.
Il va également falloir que l’enfant structure sa pensée.
Au début, pendant la première année, l’enfant va beaucoup expérimenter, jouer avec des objets,
faire des expériences. Il va répéter ces expériences. Puis, il va observer par quel moyen il a obtenu
tel résultat.
Les parents vont mettre en place le parentage intuitif: ils vont interpréter ce que fait l’enfant, lui
proposer des ajustements à ses capacités, verbaliser le résultat des manipulations de l’enfant, afin
qu’il fixe toutes ces expériences.
Les parents sont réellement au centre par le biais du langage.
Il faut que le message transmis soit riche d’une intention de communication.
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Qu’en est-il de la réception de ce message par l’enfant ?
La réception de la parole:
On a une perception audiovisuelle de la parole : on reçoit la parole par l’audition, mais aussi par le
visuel, par le biais de la lecture labiale.
La lecture labiale joue un rôle important dans la réception du message.
On utilise beaucoup les lèvres. On a tous fait l’expérience de regarder un film à la télévision, avec
un décalage entre ce qu’on voit et entend. Autre exemple, en mangeant au restaurant, dans un milieu
bruyant, on regarde les lèvres pour capter réellement le message.
On a fait des expériences pour montrer que le bébé était sensible à la synchronisation entre ce qu’il
voyait par la lecture labiale et entendait par l'audition.
Par exemple : on fait entendre à un enfant un son et en même temps, on lui montre par la lecture
labiale un autre son. Les observations ont prouvé qu'il existe des interactions auditives et visuelles
et qu’un canal peut modifier l’autre.
La parole reçue est traitée par un système complexe qui traite des informations à la fois auditives et
visuelles, issues de la lecture labiale. C'est ce qui permet le développement phonologique chez
l’enfant.
C’est un système inné.
Limites de la lecture labiale :
Les mots suivants: "chapeau, chameau"ont exactement la même lecture labiale.
La lecture labiale ne présente pas une image complète de la forme phonologique du mot, c’est-àdire de l’ensemble des sons qu’il y a dans les mots. Elle n’est donc pas suffisante pour développer
le langage.
Elle permet de distinguer des groupes de sons (les voyelles facilement) mais on se retrouve gênés
par des sosies labiaux (sons qui ne s’entendent pas pareils, mais qui sont identiques au niveau des
mouvements de la bouche): on ne peut pas très bien les dissocier. (Par exemple les sons oraux et
nasaux).
Le « b » et le « p » se lisent de la même manière au niveau des lèvres par exemple.
Si l’enfant utilise uniquement la lecture labiale, il a une image phonologique incomplète. La
quantité de mots qui se ressemblent en est augmentée.
La lecture labiale offre des informations visuelles importantes et intéressantes, mais également
beaucoup d’ambiguïtés pour le développement du système phonologique.
Souvent, on constate chez les enfants sourds qui n’utilisent que la lecture labiale, qu’il y a un retard
d’acquisition et également des éléments déviants.
Par exemple, quand ils produisent des mots dans lesquels se trouvent des groupes de consonnes, ils
en suppriment une ou simplifient les mots. Au niveau du vocabulaire, ils ont également plus de
difficultés. Normalement, on a besoin de faire le lien entre l’objet et la bonne forme sonore du mot.
Donc là, il est plus difficile de fixer le vocabulaire.
Quels sont les apports du LPC ?
C’est un système de signaux visuels qui, associés à la lecture labiale, vont permettre de lever les
ambiguïtés de la lecture labiale.
Les clés de la main viennent en complément de la lecture des lèvres, tous les sons sont codés ce qui
permet de différencier tous les sosies labiaux.
Des études ont permis de tester la réception d’un message oral et de comparer les résultats entre
enfant entendants et enfants sourds ( pour lesquels des sous groupes étaient établis : enfants
LPCistes ou non, mise en place du LPC précocement ou non)
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L’apport du LPC dans la compréhension du message oral :
Lors des expériences, on fait entendre à des enfants des mots qui n’existent pas. Avec le LPC, les
enfants ont une meilleure représentation phonologique des mots, c’est-à-dire de la suite des sons
dans les mots et du coup, un meilleur développement lexical.
C’est d’autant plus vrai que le LPC est introduit et pratiqué tôt à la maison.
Le LPC apporte d’autant plus d’aide que l’enfant a une perte auditive importante.
L’apport du LPC dans l’acquisition de la morphosyntaxe:
Quand on parle, on produit des mots comme les noms, les verbes, les adjectifs, et des mots dont la
fonction (la morphosyntaxe) est de relier les mots entre eux. Ces derniers peuvent également donner
une information sur le temps de la phrase.
La morphosyntaxe est difficilement perceptible car ces petits mots sont souvent brefs, courts et
l’information est souvent sur la fin des mots, comme « il mange ou il mangeait »
C’est l’hémisphère gauche qui traite ce qui relève du langage. Plus cet hémisphère est stimulé tôt,
plus il se développe pour traiter ce type de mots.
Les résultats montrent que les enfants n’utilisant que la lecture labiale présentent un retard dans
l’acquisition de ces éléments, mais aussi des déviances.
Le LPC introduit précocement aide énormément à l’acquisition de ces éléments car il permet de
visualiser tous ces petits mots.
Ces enfants ont donc tendance à développer un langage oral plus précis, plus précoce et comparable
à celui des enfants entendants.
L’apport du LPC dans la construction de la parole intérieure:
On a besoin d’une parole intérieure (capacité à traiter le langage dans la tête). Il faut des bonnes
représentations internes de la parole pour traiter tous ces éléments.
Des chercheurs ont essayé de voir si les enfants étaient capables de traiter les sons dans les mots.
Quand on lit et écrit, il est indispensable de traiter les sons dans les mots, de pouvoir dire si deux
mots riment ensemble, etc.
Ils ont donc demandé à des enfants de dire si certains mots rimaient et de produire eux-mêmes des
rimes.
Les enfants utilisant la lecture labiale seule ont une représentation très partielle de la forme
phonologique des mots et ils sont capables de dire que des mots comme Mouton et Bateau riment.
Pour compenser, ils s’appuient beaucoup sur l’orthographe des mots. Ils ont beaucoup de difficultés
et cette tâche s'avère très compliquée.
En revanche, les résultats étaient fortement améliorés quand le LPC était introduit précocement et
surtout à la maison. Cela permet aux enfants de ne pas se baser uniquement sur l’orthographe des
mots même si cette tendance persiste.
L'apport du LPC dans la mémoire:
Quand on mémorise des choses, on utilise entre autres des stratégies verbales. Et dans le
fonctionnement de la mémoire, il y a une boucle articulatoire qui nous permet de répéter
l’information que l’on a stockée.
Pour les enfants n'utilisant que la lecture labiale, la mémorisation est difficile.
Pour les enfants avec le LPC introduit de façon précoce, les résultats sont meilleurs.
L'apport du LPC pour la lecture et l’écriture:
Il y a deux manières de fonctionner.
La voie d’assemblage : on se base sur les sons dans les mots. Une fois qu’on connaît la
correspondance entre les sons et les lettres on peut facilement lire le mot.
La voie d’adressage : on stocke les formes orthographiques en mémoire à long terme et on reconnaît
globalement les mots.
Ceux qui utilisent la lecture labiale seule font beaucoup d’erreurs d’inversion de sons, de
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suppression de sons.
Les enfants ayant bénéficié d'un bain de LPC précoce ont des compétences qui se rapprochent
beaucoup plus des enfants entendants même si des confusions apparaissent.
Mais, ils ont besoin que des mots nouveaux soient codés pour développer une bonne représentation
phonologique.
Le LPC permet d'augmenter l’attention visuelle car lorsqu’on code, le regard de l’enfant est attiré
sur la bouche et sur le visage de l’adulte. Ainsi, l'enfant développe une plus grande précision au
niveau de l’articulation.
En conclusion, d’après les études, on voit que le LPC permet d’offrir un langage plus précis. Le
message fourni avec le LPC est plus ajusté à ce que l’enfant vit sur le moment. Cela a un impact sur
le langage oral et le langage écrit. Cela permet de transmettre beaucoup d’informations
phonologiques.
Les performances sont d'autant meilleures que le LPC est introduit tôt.
Les études montrent que les performances des enfants ayant reçu du LPC tôt sont comparables avec
celles des enfants entendants, mais attention, si elles s’en rapprochent il y a toujours des
particularités à réajuster.
Bien sûr, il y a l’importance des prothèses auditives qui ont fait beaucoup de progrès. Les enfants
vont également s’appuyer dessus.
Ce qui est important c’est d’utiliser le LPC dans un contexte de communication et de plaisir. Il ne
faut pas coder juste pour coder.
Le code doit s’inscrire dans un contexte de communication.
LPC en orthophonie, rôle de l’orthophoniste auprès des parents et utilisation du LPC en séances
En général, les parents découvrent le LPC quand les enfants sont tout petits : c’est à nous aussi de
les aider à mettre en place une dynamique autour de ce projet.
On leur explique souvent l’intérêt de cet outil. Et on doit réfléchir avec eux sur comment
l’introduire au mieux dans la maison.
Les parents passent par des phases de doute, de découragement.
Ils sont également en difficulté pour assimiler les clés du code.
On va essayer d’intervenir à plusieurs niveaux pour répondre à leurs questions.
Même si l'enfant ne regarde pas le code, des études montrent qu' il peut tout de même mémoriser
des éléments dans son champ périphérique visuel.
Comment coder ?
Il est important de coder des messages adaptés aux compétences de l’enfant. Il ne faut pas coder des
messages trop complexes, trop longs, sinon, les parents sont perdus dans le code et déconnectés de
toute leur intention au niveau du message et l’enfant décroche. Il faut essayer de coder des
messages du quotidien. Certains mots dans certains contextes, coder pendant un jeu, pendant la
lecture d’un livre.
L’enfant, à force de voir ses parents coder, va intégrer ce code.
Ce n’est pas la solution miracle à tout: il faut une intention de communication, un plaisir, un regard,
une mélodie de la voix; on peut par exemple l'associer à des signes de Langue des Signes. C’est un
ensemble. Le message codé doit entrer dans toute cette communication.
Les parents passent par des phases de doute, de découragement. Aussi, il est également important
que les parents puissent se rencontrer entre eux.
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Comprendre l’intérêt du LPC en complément des prothèses auditives.
Certains enfants se basent beaucoup sur les informations auditives perçues et parfois certains plus
grands refusent le LPC.
C’est important d’expliquer aux parents l’intérêt du LPC même avec des enfants plus grands. Car
cela va permettre de lever des ambiguïtés sur l’orthographe des mots.
Le LPC sera utilisé de manière différente selon qu'il est introduit tôt ou tard.
Pour des enfants de moins de 3 ans le but est l’imprégnation et des exercices de décodage ne leur
sont pas proposés.
Des messages courts, adaptés à la situation et ajustés aux compétences de l’enfant sont codés. Les
messages doivent toujours être en lien avec l'objet de l’interaction.
Il est intéressant aussi de bien donner les messages auditivement puis par le biais du LPC, pour que
l’enfant ait une empreinte visuelle du mot.
Quand l’enfant commence à grandir, selon son niveau de compétence, il est proposé des exercices
de décodage à partir de mots ou de phrases : le code s'effectue sans voix et l'enfant doit
alors les différencier en s’appuyant uniquement sur le LPC.
Au départ des mots très différents sont utilisés et progressivement, le travail portera sur des mots de
plus en plus proches, avec le même nombre de syllabes, ou avec des syllabes en commun. Puis des
mots très proches au niveau des sons sont proposés. Enfin des mots qui se distinguent par un seul
son sont travaillés en décodage.
Pour finir l'enfant devra différencier de tous petits éléments.
C'est la même progression au niveau des phrases : le travail porte au début sur des phrases très
différentes, puis de plus en plus proches. Pour finir l'enfant doit différencier de tous petits éléments.
En rééducation l’idée est de travailler sur toutes les modalités de réception du message, afin que
l’enfant ne soit pas dépendant d’une voie de réception, par exemple le visuel. On va faire plusieurs
exercices, avec l’audition seule par exemple, pour qu’il discrimine les informations de plus en plus
proches. L'enfant sera également entraîné à utiliser l'audition et la lecture labiale sans le LPC ou le
LPC sans voix ou la lecture labiale seule. Ce travail a pour objectif de multiplier les différents
modes de réception du message afin que l'enfant ne soit pas dépendant d'une voie de réception et
qu'il puisse se débrouiller dans différentes situations du quotidien (quand il y a un bruit de fond par
exemple, il faut se débrouiller avec la lecture labiale).
Avec des plus grands, on va utiliser le LPC pour un travail plus spécifique. Par exemple, sur la
morphosyntaxe, on va coder une partie du message, ou uniquement ces petits mots fonction pour
insister dessus.
En ce qui concerne le vocabulaire, on va coder des mots nouveaux. Le LPC permet aussi un travail
sur l’articulation.
En phonologie, il faut que l’enfant soit capable d’analyser les sons dans les mots. Des jeux de rimes,
de suppression de sons sont utilisés et le LPC peut être intéressant pour apporter un appui à l’enfant.
Pour la lecture et l’écriture, on va utiliser le LPC afin que l’enfant ne se base pas uniquement sur
l’orthographe des mots pour analyser les sons, mais qu’il puisse avoir une bonne correspondance
entre les sons et les lettres.
En lecture, on peut coder un message pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté dans sa compréhension.
Tout n'est pas codé mais les objectifs doivent êtres ponctuels et précis.
Quand les enfants sont plus grands et notamment adolescents, il y a des codeurs en classe. Il y a un
lien important à mettre en place entre les codeurs et l'orthophoniste. La question est :
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Quand mettre en place le LPC en classe ?
Il faut évaluer le niveau de décodage de l’enfant. Il y a des tests qui existent, qui nous permettent
de savoir la quantité de code qu’il faut lui apporter en classe.
Certains ados rejettent le code, car il y a la présence des copains ou parce qu’ils ont une prothèse
auditive. C’est important encore une fois de dialoguer avec toute l’équipe.
Le LPC s’intègre dans un tout. C’est un outil de réception du message, mais il vient en
complémentarité de tout ce qu’apportent les prothèses auditives. C’est un outil de réception qui
s’intègre dans un travail complet de rééducation qui est plus complexe. On travaille sur la
compréhension du langage, l’expression linguistique, le raisonnement etc...
Utiliser le LPC c'est l'utiliser au quotidien.
Intervention de Nadine COCHARD, orthophoniste et coordinatrice du
programme d'implantation pédiatrique de Toulouse
Qu’est-ce qu’un implant cochléaire ?
Il s’agit d’un dispositif électronique composé d’une partie externe et d’une partie interne, qui va
essayer de compenser les pertes d’audition profondes.
La partie interne est une bobine avec un faisceau d’électrodes, qui sera insérée dans l’oreille interne.
Un circuit avec un aimant sert à positionner l’antenne sur le cuir chevelu.
Le son parvient à l’oreille sous forme d’ondes. Elles pénètrent par le conduit externe à la membrane
du tympan, se répercutent dans la chaîne des osselets pour arriver à l’oreille interne et parvenir
ensuite au cerveau.
Les prothèses auditives servent à amplifier le son pour stimuler au maximum le nerf auditif quand il
y a des cellules ciliées. Sans cette stimulation, l’audition ne parvient pas jusqu’au cerveau.
C’est ensuite le cerveau qui va décoder l’information auditive.
S'il n'y a plus de cellules ciliées, il n’est plus possible de faire parvenir le son jusqu'au cerveau.
La partie externe de l'implant consiste en un petit microprocesseur qui va analyser les informations
qui arrivent au niveau des microphones qui captent le son. Ces informations sont transfèrées à
l’unité de traitement qui transforme le son en impulsions électriques. Celles-ci vont passer à travers
l’antenne puis de l'antenne à la partie interne où les différentes électrodes implantées sont stimulées.
Quelles sont les indications d’implant cochléaire chez l’enfant ?
Elles ont été déterminées par la haute autorité de santé en 2007 ; elles ont un petit peu évolué depuis
par rapport à l’implantation bilatérale. La haute autorité de santé recommande une implantation
précoce après qu’un essai prothétique ait été fait pendant au moins six mois.
Parfois, dans les surdités profondes, on a une récupération qui est intéressante mais si l’on voit
qu’au bout de quelques mois l’enfant n’a pas amélioré la production de la parole ou son babillage,
on pourra se poser la question de l’opportunité d’un implant.
Il n’y a pas de limites supérieures, sauf si l’enfant n’a développé aucune appétence pour une
communication orale.
Il y a également des indications pour des enfants qui ont parfois des auditions qui fluctuent d’un
moment à l’autre. Ils peuvent passer d’une audition moyenne à une surdité assez profonde en
l’espace de quelques jours, donc, dans ces cas, il y aura peut-être indication après bilan.
L’indication chez l’enfant tout petit correspond à l’absence de développement du langage. Là, on est
très strict par rapport à l'appareillage : on veut être sûr qu'il a été porté et que l’appareillage proposé
est le meilleur possible.
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L’implantation bilatérale chez l’enfant :
Les indications ont un peu évolué. Il y a eu une nouvelle recommandation de la haute autorité de
santé par rapport à cette implantation bilatérale qui risque de se généraliser plus facilement. Jusqu’à
présent, cette implantation était recommandée en cas de surdité secondaire à une méningite (les
méningites occasionnent une ossification de l’oreille interne), un traumatisme. Il faut le faire assez
rapidement après la méningite sinon, la cochlée est obstruée. En cas de syndrome d’Usher, c’est
recommandé pour donner une plus grande notion d’espace, pour que les enfants s’orientent mieux,
qu’ils aient une notion plus large de leurs déplacements.
Avant 2009, la moyenne d’âge de consultation dans le service était d’environ 49 mois. Elle est
passée à 26 mois.
On a réalisé l’implantation la plus précoce chez un enfant de six mois qui avait eu une méningite et
par la suite, un début d’ossification.
Quel développement peut-on attendre après une implantation cochléaire ?
Quels sont les objectifs de l’implantation cochléaire ?
L’arrivée des perceptions auditives : cela peut permettre une meilleure compréhension de la parole,
une bonne qualité de voix, mais pour tout cela, il y a des paramètres très importants à préciser :
 l'âge d’implantation : si l’enfant arrive à 7 ans sans aucune éducation auditive, il y aura
contre-indication,
 son appareillage,
 ses fonctions cognitives,
 son environnement éducatif et familial
Les parents ont un grand rôle à jouer dans l’évolution de l’enfant. Il faut le stimuler et le faire avec
le plus d’outils possibles.
Lorsqu’on réalise une audiométrie tonale après implantation, on s’attend à des seuils très
homogènes. Or l’évolution du langage sera différente en fonction du profil de l’enfant, de ses
propres capacités.
Sur notre population, nous avions fait une étude qui montrait trois types de profils d’enfants qui
avaient eu des moyens de communication différents :
-Un groupe d’enfants qui n’a eu que de l’oral,
-Un groupe d’enfants qui a eu de l’oral avec du LPC,
-Un groupe d’enfants avec de l’oral et du français signé.
D’un point de vue perceptif, ce qui en ressort c'est que les enfants qui ont bénéficié d’un bain de
LPC très précocement commencent plus rapidement que les autres à identifier, comprendre les
phrases sans l’aide de la lecture labiale que les enfants des autres groupes. Cela se vérifie encore
plus à trois et cinq ans par rapport aux autres populations.
Pour ce qui est de l’acquisition de la parole et du langage, nous avons dans notre population globale
trois types d’évolutions :
 on a des enfants qui, très rapidement après l’implantation vont avoir un développement,
d’abord de vocalisation, puis du babillage assez rapide, dans les trois à six mois après
l’implant
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 on a ensuite des enfants qui ont des progrès qui sont moins rapides ; ils ont besoin d’un
peu plus de temps pour assimiler, s’imprégner de la langue orale.
Les enfants du groupe 1 ont déjà du babillage, presque l’apparition des premiers mots alors que les
enfants du profil 2 sont moins avancés dans cette phase pré linguistique, il leur faut plus de temps
pour démarrer. Ces phases sont absolument incontournables, on ne peut pas avoir l’accès aux mots
si on n’a pas passé ces étapes.
 enfin, on a des enfants avec une évolution plus lente, qui ont l’acquisition d’un
environnement sonore, mais une difficulté d’appropriation du langage à cause de
troubles associés ou de problématiques plus différenciées.
Etudes démontrant la supériorité du LPC par rapport aux enfants qui n’ont pas eu cette
imprégnation de LPC :
Au niveau de l’acquisition du lexique, là aussi on retrouve nos trois groupes.
Les enfants ayant bénéficié de LPC n'ont pas ou peu de retard.
Est-ce que le fait d’être implanté tôt a une influence sur le développement du lexique ? Oui, bien
sûr :
sur un groupe d’enfants implantés avant l’âge de 4 ans, on voit qu’on a davantage d’enfants qui ont
rapidement, à deux ans, quatre ans et six ans, récupéré un niveau identique par rapport aux enfants
entendants.
Les enfants implantés plus tardivement ne rattrapent pas, voire même, ont un retard de plus en plus
important au fil des années puisqu’ils n’arrivent pas à rattraper ce retard.
En conclusion, chaque enfant est unique. Il aura sa progression en fonction de différents facteurs ;
on ne peut pas généraliser des résultats à différents enfants. C’est en fonction de ses propres
capacités, de son environnement, de son étiologie, de nombreux facteurs très importants à prendre
en compte.
J'encourage vivement l’utilisation du LPC. Malgré l’apport auditif de l’implant cochléaire, on ne
peut pas se passer d’une aide visuelle, c’est très important.
QUESTIONS - REPONSES
- Est-ce que tous les orthophonistes sont qualifiés pour suivre des enfants sourds ?
Delphine Petrucci :
Tous les orthophonistes sont formés pour prendre en charge les enfants sourds. Il y a un gros
module dans la formation sur la surdité, la rééducation, les prothèses. Après, il y a des gens qui se
spécialisent plus ou moins selon leurs affinités. Donc, certains voient plus d’enfants sourds. Mais on
y est tous formés, notamment au LPC, ça fait partie du cursus des études (à Toulouse du moins).
- Jusqu’à quel âge peut-on implanter ?
Nadine Cochard :
Nadine Cochard : C’est ce qu’on a essayé de préciser.
Tout dépend de l’enfant, s’il a été appareillé ou non. On est confronté à beaucoup d’enfants qui
viennent de pays d’Afrique du nord qui n’ont jamais été appareillés et qui arrivent à 7 ans, ils
n’entrent pas dans les critères d’implantation... Ce sont des décisions au cas par cas.
Si on s’aperçoit que la surdité est évolutive, que les prothèses auditives ne compensent plus
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suffisamment l’audition, à ce moment, on fera des tests et on verra si l’enfant peut en bénéficier.
C’est pour cela qu’on a un bilan très poussé, développé, pour bien faire la synthèse de tous les
éléments, de façon à prendre la décision en connaissance de cause.
On peut implanter un enfant à 6 ans, s’il a une surdité évolutive et qu’il était dans l’oral. Par contre,
s’il n’a pas de prothèse, qu’il est dans la gestuelle, on ne va pas prendre la même décision.
Chaque cas est unique, même si on a des recommandations qui nous disent qu’au-delà de quatre
ans, on aura de moins bons résultats.
Tout dépend de ce qu’il avait avec ses prothèses. S’il avait un bon gain à 3 ans, ce n’est pas grave
d’implanter à 3 ans. Mais s’il avait une surdité qui n’était pas compensée, c’est déjà presque un peu
tard. Ce sont des décisions faites sur un bilan complet, on ne peut pas généraliser.
- Vous avez montré l’acquisition du vocabulaire des enfants implantés et des implantés tardivement.
Elle ne paraît pas être très importante quand elle se fait tardivement, or ce sont des enfants qui
avaient déjà des prothèses je suppose. Car il faut avoir eu une éducation du français préalable avec
des prothèses.
Cette courbe-là correspond à quoi ? Ce n’est pas très clair
Nadine Cochard :
Les résultats correspondent à des enfants implantés depuis longtemps. Au début de l’implantation, il
n’y avait pas d’âge limite. On a implanté des enfants relativement grands, avec peu ou pas de
bénéfices prothétiques. On a implanté des enfants qui n’ont pas eu la progression attendue car trop
tardive. C’est pour ça qu’en 2007, les choses se sont régulées. On ne savait pas, il n’y avait pas de
consensus national sur l’âge.
Il a fallu attendre quelques années pour voir ce que cela donnait au niveau des résultats.
Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas eu du tout de bénéfice de l’implant. Ils ont pu être dirigés
vers des centres spécialisés au niveau de la langue. Ce qui sera plutôt langue gestuelle avec un
complément oral.
On ne met pas forcément tous les enfants en intégration. Ils suivent une progression et c’est parce
qu’on les suit régulièrement, qu’on décide de continuer l’intégration, ou qu’il vaut mieux, en
collaboration avec les parents, orienter cet enfant vers une structure spécialisée. On ne fait pas de
l’intégration à tout prix si on voit que l’évolution de l’enfant n’est pas satisfaisante.
- Je voulais savoir si maintenant, avec le recul, on sait combien dure la partie interne d’un
implant ?
Nadine Cochard :
Il a été développé dans les années 1990 pour les parties actuelles. Ce qui fait 22 ans. On a donc 22
ans de recul, et il peut donc durer 22 ans.
Après, je ne peux pas vous dire s’il durera 30 ou 40 ans, car on n’a pas d’expérience antérieure.
On a des enfants qui ont toujours le même implant depuis le début et certains qu’il a fallu
réimplanter car il y a eu une panne, mais c’est très rare.
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- D’un point de vue chirurgical, après une implantation, pendant combien de temps, l'enfant reste til sans appareillage ?
Nadine Cochard :
Il gardera la prothèse contrôle latérale. Et on attend 6 semaines après l'intervention pour les
premiers réglages de l'implant. Ils sont bien sûr répétitifs au début, il y a une adaptation du système
etc.
Mais il peut retourner à l’école après la cicatrisation.
- Est-ce qu’il serait judicieux d’implanter de manière bilatérale des enfants qui n’ont été implantés
que de manière unilatérale ?
Nadine Cochard :
Cela se fait effectivement. Tout dépend du délai entre les deux oreilles. A quatre ans, on peut
l’envisager. Plus tard, oui dans certaines conditions, non dans d’autres. Ce sont des décisions au cas
par cas. On a vu des choses assez étonnantes, avec des délais d’implantation assez longs qui
donnent d’excellents résultats. On ne sait pas trop encore.
- Même sur une oreille qui n’a jamais été stimulée pendant 10 ans, ça pourrait marcher ?
Nadine Cochard :
On a eu un cas comme ça.
- Vous disiez que plus l’implantation est précoce, mieux c’est.
Nadine Cochard :
Pour les enfants qui sont sourds profonds de naissance. Il y a quand même un protocole qui fait
qu’on ne peut pas les opérer tôt. Ce qui peut durer un an et demi, deux ans. On sait que sans
l’implant cochléaire, ils n’entendront pas.
Par exemple, si c’est un enfant issu du dépistage, il y a cet appareillage qui est indispensable pour
voir comment il évolue, si on observe un développement de ses vocalisations etc.
Et de toute façon ça ne sert à rien d’implanter à 6 mois.
Les enfants les plus jeunes que nous avons implantés ont aux alentours de un an, 14 mois et il n’y a
pas de différence fondamentale.
Il faut une prise en charge, qu’il rentre dans toute cette communication, avant même de décider d’un
implant. Il y a l’appareillage, la communication à instaurer , des choses incontournables à
développer, tout cela avant d’envisager un implant.
Après, l’audition va venir en plus.
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 Combien coûte un appareil HF ?
Jean-Marc AUFRERE :
Un émetteur coûte environ 1 000 €, un récepteur 800 €. En général, c’est pris en charge soit par les
MDPH ou le rectorat.
Maintenant il y a un transfert de fait sur les MDPH, en fonction des cas et des surdités, ils prennent
en charge la totalité ou pas. Et le financement peut être lissé sur une année.
C’est très variable d’une famille à une autre.
Intervention de Jean-Marc AUFRERE, audio prothésiste
Qu’est-ce qu’une aide auditive ?
C’est un appareil placé sur ou à l’intérieur de l’oreille. Cela existe sous différentes formes :
Les contours d’oreille qu’on utilise systématiquement chez les enfants et qui conviennent à tous les
types de surdité.
Les minis contours d’oreille à écouteur dans le conduit auditif, ce sont des contours d’oreille qui ont
l’écouteur qui est placé directement dans le conduit auditif. C’est destiné à tous types de surdité. La
contrainte est la taille du conduit auditif. (destiné aux adolescents et aux adultes)
Les intra auriculaires sont des petits appareils qui sont uniquement placés dans le conduit auditif.
(destiné uniquement aux adultes et à des surdités légères, moyennes, sévères grade 1)
Une prothèse auditive est composée de quatre éléments essentiels :
. la batterie pour alimenter les appareils.
. les microphones, dans toutes les prothèses actuelles, il y a des microphones au nombre de deux qui
fonctionnent comme un micro conventionnel pour capter le signal.
. un amplificateur qui est là pour amplifier les sons ; il fonctionne avec un équaliseur qui permet
d’apporter une amplification adaptée à la surdité sur chaque fréquence.
. un écouteur : c’est un haut-parleur, comme celui d’une chaîne hi-fi mais en plus petit.
En fait on peut schématiser une aide auditive par un micro, un ampli et un haut-parleur.
On peut classer l’audition en 5 types :
jusqu’à 20 dB, l’audition est normale
De 20 à 40 dB, c’est une surdité légère.
De 40 à 70 dB, c’est une surdité moyenne.
De 70 à 90 dB, c’est une surdité sévère.
Au-delà de 90 dB, c’est une surdité profonde
JM AUFRERE a fait des enregistrements sonores pour faire percevoir ce qu’entend un
malentendant.
Lorsqu’on a une perte de 30 dB en moyenne on va essayer de remonter les seuils auditifs avec
appareil jusqu’à 20 dB.
Lorsqu’on a une perte de 50 dB en moyenne on va essayer de remonter les seuils auditifs avec
appareil jusqu’à 25 dB.
Lorsqu’on a une perte de 70 dB en moyenne on va essayer de remonter les seuils auditifs avec
appareil jusqu’à 30 dB.
Lorsqu’on a une perte de 90 dB en moyenne on va essayer de remonter les seuils auditifs avec
appareil jusqu’à 40-45 dB
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Quand on a des pertes sur les aigus, c’est-à-dire que les graves sont conservés, on entend un peu
comme si on était sous l’eau.
C’est toujours la même phrase que l’on entend. Quand on va appliquer la correction, on redonne des
aigus et le signal est perçu de manière plus claire.
Les systèmes FM, pourquoi utiliser un système FM ?
C’est constitué d’un émetteur, et de petits récepteurs qu’on va placer sur les appareils auditifs ou
implants cochléaires. Il y a un système de radiofréquence qui envoie le son de l’émetteur vers le
récepteur.
Pourquoi utiliser cela ?
Quelle que soit la distance, on va percevoir la personne avec la même qualité et on l’entendra
comme si on était à côté d’elle.
Par exemple, dans une pièce où il y a un bruit de 60dB, on aura l’enseignant qui va parler à voix
forte (80 dB). Lorsqu’on a quelqu’un qui est à un mètre, avec la distance la voix n’est plus perçue
qu’à 65 dB. La voix est plus forte que le bruit ambiant, la personne peut comprendre assez
facilement le message. Quand on est à deux mètres, l’intensité de la voix diminue, elle est au même
niveau que le bruit ambiant, donc, il faut bien se concentrer pour entendre le message, si on a
quelqu’un qui a une surdité moyenne ou au delà, il aura beaucoup de mal à le percevoir. Si on est à
quatre mètres, le son de la voix est inférieur au bruit de la classe, le message n’est plus
compréhensible.
L’intérêt du système FM est de s’affranchir de ces distances en entendant la parole comme si on
était contre la personne qui a l’émetteur.
Si on utilise la FM, on entend toujours pareil quelle que soit la distance, c’est pour ça que c’est utile
en utilisation scolaire, l’enfant peut être n’importe où dans la salle et percevoir le message.
A quoi ressemble un émetteur ?
Pour les enfants scolarisés, on utilise des petits boîtiers, puis, on a un petit micro-cravate qu’on met
comme à la télé sur l’enseignant, qui va transmettre ses paroles. On a des systèmes qui fonctionnent
à la main qui ne sont pas plus gros que ça et qui permettent de pointer vers la personne que l’on
souhaite entendre.
Un récepteur c’est un tout petit boîtier qu’on vient brancher sur l’appareil auditif ou l’implant, ça
n’a pas besoin de batterie.
Où peut-on utiliser ce système ?
A l’école, avec une ou plusieurs personnes dans la salle qui ont un récepteur et quelle que soit la
position de la personne dans la salle, elle pourra percevoir confortablement ce que dira l’enseignant
et cela peut être utilisé dans d’autres endroits, comme les transports, la voiture, etc.
Cela peut être utilisé dans des cas de surdité importante pour la rééducation du langage. Pour la
visite guidée d’un musée, pour donner des consignes à votre enfant à bicyclette.
Et dans plein d’autres situations.
14
Intervention de Marielle BONNET, membre de l’association codeur LPC 31,
ancienne codeuse LPC et qui travaille depuis 3 ans à la MDPH du Lot au pôle
enfant.
Son intervention porte sur les différentes missions de la MDPH ; elle explique également les PPS et
PAI (projets personnalisés) et donne des informations très précises sur l’allocation enfant
Handicapé : l’AEEH.
La MDPH a pour vocation d’être le guichet unique pour toutes les questions liées au handicap.
C’est un lieu d’accueil et d’information.
Il y a deux pôles : enfant (jusqu’à 20 ans) et adulte.
La MDPH met en place le fonctionnement de l’équipe pluridisciplinaire chargée d’évaluer les
besoins de la personne handicapée et de proposer un plan personnalisé de compensation du
handicap. Cette équipe réunit des professionnels ayant des compétences médicales et
paramédicales, des enseignants, des assistants sociaux, des éducateurs.
La MDPH organise aussi la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées.
Cette commission, la CDA, prend les décisions relatives à l’ensemble des droits de la personne, sur
la base du plan personnalisé de compensation. Dans cette commission, il y a des représentants de
l’État, du conseil général, de l'Éducation nationale, de l’agence régionale de la santé, de la CAF, des
chefs d’établissements de services de soins.
En résumé, il y a deux commissions à la MDPH, l’équipe pluridisciplinaire qui propose et la CDA
qui prend les décisions.
La MDPH assure aussi à la personne handicapée et à sa famille l’aide à l’accompagnement et à la
mise en œuvre des décisions prises par la CDA, notamment auprès des établissements, des services
médico-sociaux.
Elle gère également le fonds départemental de compensation du handicap chargé d’accorder les
aides financières permettant de faire face aux frais de compensation.
Quelques précisions sur l’importance du projet de vie.
Dans le formulaire MDPH il y a une partie que l’on appelle « projet de vie ». C’est une partie
facultative, les familles ne sont pas obligées de le remplir, mais c’est très important de le faire et de
préciser quelles sont les attentes des parents, les difficultés rencontrées par leur enfant ; il faut
apporter le maximum d’informations sur la façon dont ça se passe à la maison, l’emploi du temps de
l’enfant, scolarisé à temps partiel ou complet, les différentes prises en charge. Le projet de vie est lu
en Commission Disciplinaire.
Le rôle de la MDPH est d’aider les familles à rédiger ce projet de vie.
Explications sur l’AEEH (allocation d’éducation de l’enfant handicapé) :
Peuvent en bénéficier les personnes qui ont à leur charge un enfant handicapé de moins de 20 ans
qui présente un taux d’incapacité au moins égal à 80 % ou si son état exige le recours à des soins
préconisés par la CDA.
L’AEEH peut être majorée par un complément d’allocation accordé par la CDA qui prend en
compte :
les dépenses réelles engagées au titre du handicap,
la cessation ou la réduction d’activité professionnelle de l’un des deux parents,
l’embauche d’une tierce personne.
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Il existe 6 catégories qui correspondent à 6 montants de complément d’allocation. (La MDPH se
base sur justificatif ou devis.)
Pour la compensation du handicap ou le complément à l’allocation, la MDPH ne se base que sur
justificatifs.
Explications sur la PCH (prestation de compensation du handicap) :
Il s’agit de couvrir les aides humaines, techniques, les mesures liées à l’aménagement du logement,
les aides spécifiques ou animalières. Il est possible d’en bénéficier à domicile ou en établissement.
Pour en bénéficier, il faut répondre à plusieurs critères : résider régulièrement en France, être âgé au
maximum de 60 ans et présenter une difficulté absolue pour réaliser une activité essentielle de la
vie, ou une difficulté grave pour deux activités comme marcher, s’habiller.
Il faut avoir droit à un complément pour faire une demande de PCH.
Ces deux prestations, le complément et la PCH prennent en compte le même titre d’attribution, mais
les modes de calcul ne sont pas les mêmes.
L’équipe disciplinaire propose un droit d’option.
Pour la PCH, il y a cinq éléments :
L’aide humaine : elle concerne les personnes ayant une perte auditive d’au moins 70 dB et
qui ont recours au dispositif de communication adaptée nécessitant une aide humaine telle
que l’interface de communication, interprète langue des signes, codeurs en LPC, preneur de
note. Le forfait surdité représente 30 heures par mois d’aide humaine, ce qui représente un
montant de 359,58 € par mois. Aucun justificatif sur frais engagés ne sera demandé.
Les aides techniques : il n’y a pas de seuil minimum de surdité.
Une aide technique c’est tout instrument, équipement, système technique adapté ou
spécialement conçu pour compenser une limitation d’activité rencontrée par une personne du
fait de son handicap : fax, réveil vibrant, casque, système HF.
L’aménagement du logement. La prestation de compensation peut servir à aménager les frais
qui concourent à améliorer l’autonomie.
Les aides exceptionnelles et spécifiques : elles servent à financer les charges telles que le
forfait annuel pour les produits d’entretien de prothèse, d’implant cochléaire. Financer une
formation en langue des signes, en LPC, pour les bénéficiaires ou une personne de leur
entourage.
Contracter une extension de garantie sur les matériels fragiles.
Les aides animalières, par exemple les chiens guide.
La PCH est versée au bénéficiaire par le conseil général (en complément de la sécurité sociale et de
la mutuelle pour les appareils auditifs).
Le plus souvent, elle ne couvre pas la totalité des coûts des besoins évalués. Le reste à charge peut
être pris en partie par le Fond Départemental de Compensation. Il faut monter un dossier auprès de
la MDPH.
Le complément à l’AEEH et la PCH sont deux prestations qui ne sont pas imposables, mais dans le
cas de la PCH, les autres personnes des familles qui perçoivent un dédommagement doivent
déclarer ces sommes.
On peut à la fois bénéficier d’un forfait surdité et d’un financement pour les aides techniques.
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Pour considérer la surdité on se base sur un certificat médical.
Il faut une prescription médicale pour les audioprothèses.
Attention : une aide technique déjà achetée n’est pas remboursée. La MDPH ne fonctionne que sur
devis.
Après 20 ans les jeunes continuent à bénéficier des aides au travers de l’AAH. Pour cela, il faut
s’adresser au pôle adulte de la MDPH.
Il peut être demandé une PCH dès la première fois. Si les parents ont en cours une AEEH, ils
peuvent, pour le renouvellement, faire une demande de PCH.
Au niveau de la MDPH, le dossier n’est jamais clos. Elle peut revenir à tout moment sur une mesure
accordée par la CDA.
Précisions sur la différence entre les projets PPS et PAI.
Relation avec l'Éducation nationale, notamment par le biais des enseignants référents.
Les enseignants référents sont des enseignants spécialisés répartis par secteur qui organisent des
réunions via les équipes de suivi de scolarisation dans les écoles où les enfants sont en intégration
scolaire. On est en lien tous les jours pour le renouvellement des dossiers.
Un PPS projet personnalisé de scolarisation, c’est un dispositif qui ne relève que de la MDPH.
Le PAI est un dispositif interne à l’établissement scolaire.
Les PPRE, c’est un dispositif de ré réussite éducative et purement pédagogique.
Les PPS s’adressent à des élèves reconnus handicapés par la CDA.
Les PAI, s’adressent à des enfants avec des troubles de la santé, sans forcément être cause de
handicap.
Le PPRE peut être établi pour des élèves dont les connaissances ne sont pas maîtrisées, c’est le cas
en redoublement.
Le PPS met en place l’orientation scolaire, via un dispositif ULIS, CLIS. Il permet de mettre en
place tout ce qui est aménage:ment de scolarité
- Polycopier des cours, aménager le temps.
- Mettre en place des mesures d’accompagnement, par des services de soins médico sociaux,
- Attribuer du matériel pédagogique, ordinateur, imprimantes...
- Définir les aménagements d’examens et concours.
Le PAI par contre permet l’aménagement de scolarité, donc prise en charge extérieure durant les
heures scolaires.
Selon les textes, il ne permet pas un aménagement pédagogique pour l’adaptation des
apprentissages, mais en fonction de l’équipe éducative, cela peut être mis en place.
Un PAI facilite la demande des aménagements d’examens.
Le PPRE permet la mise en place d’un soutien pédagogique spécifique, mais sur une période très
courte.
Qui solliciter ? C’est la famille qui doit le faire auprès de la MDPH.
Elle doit prendre contact avec l’enseignant référent du secteur.
ASH : adaptation scolaire des enfants handicapés.
L’enseignant référent est chargé en fait d’accueillir et d’informer les élèves et les parents, d’assurer
le lien avec l’équipe pluridisciplinaire de la MDPH. De réunir l’équipe de scolarisation au moins
une fois par an et de contribuer à l’élaboration des besoins du PPS.
Pour le PAI c'est également la famille de solliciter sa mise en place.Le chef d’établissement assure
le suivi de ce projet dans l’établissement.
Par ailleurs, l’enseignant référent peut être consulté par les enseignants et les parents dans une
perspective d’aide à l’élaboration du PAI.
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Le PPS : C’est l’enseignant référent qui récolte au préalable les informations auprès des familles et
joint les bilans nécessaires. Ces documents sont fournis à l’équipe pluridisciplinaire de la MDPH,
qui proposera ensuite un plan personnalisé de compensation. Ces propositions sont soumises à la
famille avant d’être présentées en commission.
L’enseignant référent met en place l’équipe de suivi de scolarisation.
Les parents, les enseignants, les professionnels qui accompagnent les enfants, les codeurs LPC, les
orthophonistes, psychologues, etc. y participent.
C’est cette équipe qui assure la mise en œuvre du PPS.
L’inspecteur ASH quant à lui est chargé de contrôler l’application des PPS.
Dépôt dossier MDPH : dans toutes les MDPH pour qu’un dossier soit recevable, il faut au minimum
quatre pièces : le formulaire MDPH, justificatif de domicile, justificatif d’identité et certificat
médical. Par la suite, des compte rendus (quand il y a des demandes plus scolaires), tous les bilans
de prise en charge, s’il y a des suivis orthophonistes, psychologiques et l’audiogramme peuvent être
joints.
Questions/réponses avec Marielle Bonnet :
- « Je vous remercie pour votre intervention, j’aurais aimé vous rencontrer plus tôt, ça m’aurait fait
gagner du temps.
C’est une question qui s’adresse plus aux enseignants, par rapport à la mise en place du PPS, j’ai été
confrontée pour mon fils à six mois d’attente pour qu’il soit mis en place, après, le référent ASH
m’a expliqué qu’il était débordé. Mais là où je suis étonnée, c’est que j’ai proposé, je me suis
appuyé sur l’équipe LPC 31 pour que l’association LPC 31 puisse intervenir au niveau du collège
pour expliquer ce qu’est la surdité. J’avais essayé de rencontrer les enseignants avant la rentrée, on
m’a dit que ce n’était pas possible. On m’a dit que l’infirmière scolaire et les médecins scolaires
pouvaient expliquer cela aux enseignants. Je constate que pour eux, je pense que c’est difficile de
faire entrer quelqu’un de l’extérieur au sein du collège. Par contre, comment vaincre cette
défiance ? Je trouve que les enseignants, alors que la professeur principale était d’accord parce
qu’ils sont confrontés à des enfants malentendants, ils ne savent pas gérer ça, et quand on propose
d’expliquer, on nous refuse cet accès. L’orthophoniste qui était présent m’a dit : peut-être que si
moi, je propose, ce sera accepté, mais je voudrais là savoir si, effectivement... Quel est votre avis ?
ou celui des enseignants dans la salle parce que l’intérêt des enfants, c’est que les enseignants soient
renseignés sur la surdité.
- Je vous dirai de voir avec l’enseignant référent.
Par contre, votre enfant a déjà un dossier à la MDPH ?
- Oui, sur l’école élémentaire, on s’était contenté d’un PAI parce que c’était beaucoup plus simple,
j’ai fait une demande de PPS en avril... Pour la rentrée de septembre.
On fait toujours du bricolage en tant que parents, les enseignants étaient au courant, il a été bien
accueilli, ça s’est bien passé, mais je trouve que ça aurait pu être mieux.
- Vraiment voir avec l’enseignant référent, c’est vraiment l’interlocuteur privilégié entre la famille,
les établissements scolaires, les MDPH et les professionnels qui prennent en charge l’enfant.
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