avantage ou contrainte pour une opération immobilière
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avantage ou contrainte pour une opération immobilière
CYCLE RETAIL Un socle commercial actif: avantage ou contrainte pour une opération immobilière? Les « RDC commerciaux » sont soumis à de fortes exigences de la part des collectivités et des aménageurs, quand ils ne représentent pas une variable décisive dans le choix des opérateurs… La question du commerce fait cependant l’objet d’une économie et de logiques de montages bien particulières, qu’il convient de bien appréhender afin que ce dernier ne soit plus une contrainte « subie », mais s’affirme au contraire comme la « signature » d’un programme immobilier mixte ! Examen des bonnes pratiques et débat avec des représentants des enseignes, promoteurs, collectivités, architecte- urbanistes Jeudi 3 décembre 2015 - 14h30 - 16h00 Conférence organisée avec Bérénice pour la Ville et le Commerce Débat animé par Stanislas CEBRON de LISLE- Directeur Général - BERENICE POUR LA VILLE ET LE COMMERCE Intervenants: • • • • Pascal GABAGNOU - Associé –Gérant - SOPIC PARIS Eric LLAMAS - Directeur Urbanisme Commercial - EIFFAGE Ari MSIKA - Directeur du projet des Docks de St Ouen - SEQUANO AMENAGEMENT Franck PROUX- Directeur du Développement - IMMO MOUSQUETAIRES 1 En préambule à la conférence, quelques chiffres clefs sont soulignés. Environ 140 Millions de m² de surfaces de plancher (=0,87m²/habitant) dont: • • • • 20% - Grande distribution alimentaire 40% - Autres commerces de détail 17% - Restauration 23% - Services Il s’agit d’un seuil économique à prendre en compter même si cela doit être corrélé selon l’emplacement et la taille de la ville. De même, sont également soulignés les avantages et contraintes des commerces. Pour ce qui est des contraintes: • Nuisances ; • Risque de vacances ; • Un phasage compliqué (besoin pour développer un chiffre d’affaires de voir le logement livré préalablement) ; • Des commerçants ingérables. En clair, il s’agit d’un écosystème complexe à mettre en place, peu connu et mal maîtrisé par les acteurs de l'immobilier. Pour ce qui est des avantages: • Les RDC sont au coeur de la reconquête "relationnelle" de la ville auprès de ses usagers et de son cœur de ville ; • Les commerces assurent la transition entre logements, bureaux et espaces publics. Comment passer de la contrainte à l'opportunité et à la valorisation des programmes par le commerce? Intervention d'Eric LLAMAS - Directeur urbanisme - EIFFAGE IMMOBILIER Selon lui, on ne peut décréter de faire du commerce! Il faut s'assurer de la visibilité de l'emplacement retenu et d'un flux clients suffisant. Le commerce est une opportunité qui amène des contraintes techniques et de conception! Il est fondamental de penser le commerce dès le début de la conception. Pour illustrer son propos, Eric LLAMAS cite quelques exemples : • ZAC de Joinville le Pont : il s’agit d’un projet à l'échelle du quartier avec des commerces en pieds d'immeubles. Le merchandising est local ; • Opération du Grand Hôtel Dieu à Lyon :Ce projet de mixité à l'échelle de la ville et dans un bâtiment classé constitue un travail proche de la réalisation d’un ensemble commercial ; • Projet de réfection des anciens abattoirs situé sur les quais à Bordeaux : dans le cadre de ce projet mixte avec changement de destination pour un bâtiment qui a une histoire forte et qui est intégré dans un quartier ayant une véritable identité (quartier jeune et vivant), le choix des commerces s'est tourné vers le service et la restauration. 2 Ces illustrations viennent appuyer l'idée qu'il y a un vrai travail d'ingénierie à respecter, à savoir: • Définir l'échelle sur laquelle on va travailler ; • Reprendre l'histoire/l'identité du site ; • Faire une étude de marché (respect des seuils économiques). Le commerce ne présente pas un caractère monolithique mais revêt des enjeux qui sont à envisager au cas par cas. Intervention de Pascal GABAGNOU - Associé - Gérant - SOPIC (Promoteur/Développeur) Selon lui, le métier de promoteur commercial est trop différent de celui de promoteur résidentiel pour ne pas les différencier. Il est donc recommandé de faire appel à un partenariat en cas de projet mixte. Pascal GABAGNOU, donne également quelques exemples pour illustrer son intervention: • Quartier de la mairie à Montreuil : il s’agit d’un projet d'envergure avec la démolition et reconstruction à neuf de logements (300 environ) et de commerces ; • Opération du Palais des Pyrénées à Pau : cet ensemble immobilier situé en centre-ville avec commerces/logements a été mal entretenu. Il a fallu presque 10 ans pour racheter le foncier avant de le restructurer. Intervention de Franck PROUX - Directeur du Développement - IMMO MOUSQUETAIRES (Distributeur (Enseigne Intermarché)/Promoteur) Selon lui, le commerce doit se déplacer vers le client et non plus l'inverse. Pour cela, il est nécessaire d'intégrer en amont des projets d'aménagement urbain/de restructuration des centres villes...Il faut penser la problématique de l'actif « Commerce » Il s’agit d’un actif qui permet de créer/recréer du lien entre les élus et ses usagers et/ou les habitants avec leur quartier. Il faut donc d'abord traiter la question du commerce et ensuite résoudre la question logement. Des illustrations sont également données : • Projet de St Loup à Marseille : il s’agit d’un projet de requalification de zone, monté en partenariat entre Immo Mousquetaires et Kaufman & Broad (pour la partie logements) ; • Concarneau : il s’agit toujours projet de requalification mais de moins grande envergure que le premier exemple. L'objectif est de créer, ici encore, un dynamisme entre les fonctions de la zone, et assurer la mixité. Intervention d’Ari MSIKA - Directeur du projet des Docks de St Ouen - SEQUANO AMENAGEMENT Selon lui, l'enjeu essentiel est de répondre aux attentes des élus qui souhaitent "une ville de qualité" et "reconquérir les centres villes". En cela, les commerces jouent un rôle important. On assiste donc à un retour des grandes surfaces alimentaires en centre ville (phénomène de retour en arrière) et à une attention plus forte sur la qualité des cellules commerciales afin d'assurer leur pérennité. Ce qui pose la question du portage et montage de ces cellules commerciales. En illustration, Ari MSIKA livre un retour d’expérience sur le projet des Docks de Saint-Ouen. Il s’agit du plus grand projet urbain en cours (100 hectares = 1 quart de la ville de Saint-Ouen). Ce projet se veut comme une extension de la ville et, par conséquent, l’échelle de travail est bien au niveau de la ville. La desserte est bonne par les transports en commun. Sept années de réflexion ont été nécessaires entre les élus et l'équipe de promoteur/aménageur pour penser l'ensemble. La second idée forte de ce projet est sa mixité (bureaux, logements, commerces, établissements publics, espace de coworking, de rencontres...). Pour cela, le projet doit "sortir de terre en une seule phase, un seul tenant!". 3 Ainsi, les outils méthodologiques à retenir sont les suivants: • Aménagement global et raisonné ; • Créer une véritable trame d'espaces publics ; • Développer un quartier mixte (le commerce est la variable d'ajustement entre les logements, les bureaux et les parcs d'activités) ; • Créer une singularité dans l'offre commerciale (Ex: ZAC des Docks à Saint-Ouen avec son complexe gastronomique et alimentaire innovant) ou permettre l’arrivée de grande enseignes ; • Adapter la surface de la zone commerciale aux flux de clients potentiels (= business plan). La nécessité d'anticipation doit être également soulignée : • • • • Penser division en volume, optimisation des hauteurs et façades ; Problématiques de livraison (accès, pentes, virages…), de parkings ; Problématiques de commercialité: centralité, visibilité, accessibilité ; Problématiques des nuisances auditives et olfactives (extractions, restrictions à prévoir dans les baux...). Réfléchi et raisonné en amont, le commerce est un atout à part entière de l'opération et non plus une contrainte. Afin de garantir le succès du commerce, le choix d'un partenariat avec un opérateur commercial peut s'avérer payant. Synthèse écrite établie par Audrey Bernard et Hassan Alladee, étudiants au DESUP IMMOBILIER D’ENTREPRISE de l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne 4