intervention eutelsat aux etats generaux des reseaux d`initiative

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intervention eutelsat aux etats generaux des reseaux d`initiative
ETATS GENERAUX DES RESEAUX D’INITIATIVE PUBLIQUE
17/03/2014, intervention Eutelsat, 15h, Deauville (10’)
« Internet vu du ciel » : La fibre est l’horizon des RIP THD. Mais en attendant la généralisation de cette
technologie, de quelles solutions disposent les territoires isolés, pour qui le vrai haut débit constituerait
une avancée majeure, les préparant à utiliser bientôt la puissance de l’optique ?
--On me demande d’intervenir sur le thème « L’Internet vu du ciel ».
Je vais, en vous parlant satellite, vous parler d’une technologie tout ce qu’il y a de plus terre-à-terre.
Oui, le réseau satellitaire, c’est avant tout un satellite, une infrastructure en « aluminium » à
36 000km au-dessus de nos têtes, qu’il a fallu des centaines de milliers d’heures / homme pour
construire, à base de tuyères et de composantes technologiques bien spécifiques, maîtrisées par
l’industrie spatiale française. Une œuvre de haute joaillerie finalement, qui, une fois là-haut, est
opérationnelle 15 ans pour desservir une très large zone géographique.
Mais, trois choses pour vous dire comme nous sommes terre à terre. Première chose, le satellite ne
saurait pas fonctionner sans son réseau sol : pour vous donner une idée, le satellite KA-SAT, notre
satellite dédié à l’Internet, est couplé à un réseau MPLS de 10 stations terrestres réparties dans toute
l’Europe. Et c’est par fibre optique que ces stations sont connectées entre elles, reliées au centre de
contrôle du satellite et raccordées aux principaux nœuds d’échanges Internet européens (Francfort,
Londres, Milan / Turin, Paris). Vous ne le savez peut-être pas, mais ce réseau propriétaire fait d’Eutelsat
un des gros utilisateurs européens de la fibre optique, puisque l’infrastructure sol doit pouvoir être le
miroir du satellite qui lui fait déjà 90 Gbps de capacité.
Deuxième chose, le satellite, pour l’usager final de la technologie, ce n’est jamais qu’un modem – et
une parabole – à acquérir chez un fournisseur d’accès à Internet. La particularité, j’en conviens, c’est 1)
que ce matériel vaut quelques centaines d’euros là où la box ADSL n’en coûte que quelques dizaines ;
mais dans 1 département sur 2, la collectivité publique subventionne l’équipement et/ou son
installation. Nous ne pouvons qu’encourager la généralisation de cette dynamique. Et 2) que le signal
doit parcourir un long chemin pour arriver jusqu’à mon ordinateur.
Troisième chose, le satellite fonctionne de plus en plus en hybridation avec les réseaux des opérateurs
télécoms terrestres. Prenez la TV d’Orange ou celle de SFR : là où le triple-play ne fonctionne pas avec le
seul réseau terrestre, la TV peut être apportée par la solution satellite, par l’intermédiaire d’un
décodeur couplé à la box.
Pour en venir à ce qui nous intéresse sur ces Etats généraux, concrètement, à quoi me sert le satellite
quand je suis une collectivité publique et que je dois équiper mon territoire en très haut débit ?
1. D’abord, le satellite, est la solution qui est là quand les autres ne sont pas là. Ou qu’elles sont
moins adaptées.
Regardez, les écoles. En France, sur 55 000 écoles primaires, 16 000 environ, plus d’un tiers, n’ont pas le
haut débit par voie filaire. La plupart, même si elles sont des sites prioritaires, présentent des
caractéristiques, leur géographie par exemple, qui font qu’en dépit de la volonté publique, elles ne
pourront pas avoir la fibre avant un long moment.
Comment vont faire ces écoles le jour où le cartable, les manuels scolaires n’existeront plus qu’au
format numérique ? Le numérique à l’école pourra-t’ il vraiment se développer dans notre République si
certaines écoles n’ont pas la connexion à Internet pour bénéficier à plein des TICE ?
Fleur Pellerin et Vincent Peillon se sont justement saisis du sujet et ont annoncé que l’Etat ferait un
effort spécifique pour soutenir financièrement, à très court terme, l’équipement de ces écoles en
solutions d’accès à Internet « alternatives » à la fibre. Cela a été dit lors de la Conférence du Plan France
Très haut débit le 6 février dernier. Cela a été confirmé en Conseil des ministres la semaine dernière.
Eutelsat sera heureux de mettre le satellite à contribution sur cet exercice. Avec l’AMRF, Orange et sa
filiale NordNet, nous avons démontré (Connect’Ecoles) sur une période à cheval entre les années
scolaires 2012-2013, 2013-2014, que le satellite était capable. Capable de performances en débit, en
volume, en prix d’abonnement mensuel, de relever sa part du défi.
L’expérience montre qu’une parabole suffit à servir simultanément de l’ordre de 15 ordinateurs d’un
même bâtiment scolaire. On sait que les offres de type grand public entre 15 et 22Mbps en débit
descendant et entre 2 et 6Mbps en débit montant permettent a minima de naviguer, visionner et
télécharger des ressources pédagogiques, y compris à partir d’un tableau blanc interactif, mais aussi
évidemment échanger du mail (pour les besoins administratifs de l’école). Le tout pour des tarifs
comparables à l’ADSL.
On sait qu’une école consomme en moyenne quelques giga-octets (5/6) par mois, dans une tranche
horaire où le réseau est généralement très peu encombré. On sait faire sans recourir au wifi dans la
classe. On sait aussi faire installer rapidement le matériel, en liaison avec le personnel de la mairie et de
l’école, et tout servir clé en main, jusqu’à procéder à la configuration complète des ordinateurs.
2. C’est aussi la solution qui est là quand les autres ne sont plus là
Il est facile d’imaginer, quand on se souvient des évènements climatiques du grand ouest au début de
cette année, que les réseaux terrestres peuvent être fragilisés jusqu’à être rendus indisponibles.
Comment faire pour communiquer en cas de crise, ne serait-ce qu’entre services de secours sur le
terrain, et entre services de secours et services de l’Etat (Préfecture, Ministère de l’Intérieur) ? Une
parabole auto-pointable peut être la clé. Nous l’avons vérifié dans le cadre d’un programme UE.
De même, entreprises, mairies et autres administrations situées en zones à risques naturels, peuvent
tout à fait se doter d’une solution satellite en « back-up », en plus de leur solution d’accès terrestre
habituelle, en prévision de ce type d’épisodes. Ex. Céreste, Intermarché.
--Pour conclure, le satellite est loin mais il sait rendre service ici et maintenant. La collectivité publique
qui établit un RIP peut prévoir un volet satellite. Le Plan France THD nomme d’ailleurs cela « volet
inclusion numérique ».
J’ajoute que le nombre des abonnés à des services fournis par KA-SAT s’élève aujourd’hui à plus de
128 000. Il y a encore de la place sur ce satellite ! et des travaux sont en cours au CNES pour assurer la
relève, le moment venu. Depuis le début des années 2000, la capacité des satcoms a doublé tous les 4
ans. 30 satellites de grande capacité (HTS) sont en construction dans le monde et on s’achemine vers les
150/200 Gbps.