Antoni JODLOWSKI - La vieille Mine de Sel à Wieliczka
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Antoni JODLOWSKI - La vieille Mine de Sel à Wieliczka
La vieille Mine de Sel à Wieliczka Antoni JODLOWSKI1 La vielle mine de Wieliczka occupe une position exceptionnelle parmi les mines de l’Europe. Elle a été inscrite en 1978 sur la première liste du Patrimoine Mondial établie par l’UNESCO. En 1989 elle a été ajoutée à la Liste des Sites en Péril de l’UNESCO. En 1994 le Président de la Pologne l’a classée au titre des Monuments Historiques. Après 700 ans d’une exploitation intensive elle est maintenant reconnue comme un monument d’une grande valeur historique, comme une réserve minière unique au monde et est visitée par des milliers de touristes venant de tous les pays. Tous sont frappés par la découverte des anciennes excavations originales, les chapelles souterraines, les machines, l’ensemble des installations, les outils, la richesse de la cartographie minière, les archives, les produits des métiers d’art et tous les autres monuments de la culture matérielle qui illustrent l’histoire de la saline de Wieliczka depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours. Ce site témoigne du haut niveau atteint par la technique minière polonaise et du rôle important que joua cette mine dans l’économie, l’histoire et la culture de la Pologne. Tout cela est présenté également in situ et dans le Musée des Salines de Cracovie. Les zones d’excavations de la mine représentent des sites remarquables et précieux. Leur volume global est estimé à 7,5 millions de m3, y compris 2350 chambres d’un volume total de 6,6 millions de m3 et quelque 200 km de galeries (900 000 m3 environ). En raison des éboulements, plus du quart des espaces n’est plus accessible. Les anciennes cartes et descriptions en gardent la mémoire. Les autres sont représentatifs des différents états de conservation. 26 puits principaux (dont 6 seulement sont actuellement accessibles) y donnaient accès, complétés de 180 puits secondaires destinés à relier les niveaux intermédiaires (il y en a 48 au premier niveau). Chambres et galeries s’étagent sur neuf niveaux, de 57,4 m à 327 m de profondeur. D’ouest en est, selon son orientation, le gisement de Wieliczka s’étend sur 5,5 km de longueur et sur une largeur variant de 900 mètres à 1,4 km. 1 Muzeum Zup Solnych, Wieliczka 97 Du point de vue de l’intérêt historique, les objets les plus remarquables du site de Wieliczka se situent dans une zone monumentale comprise entre les niveaux I et V sur 3,5 km de longueur, 1 km de largeur pour un volume global de 4,3 millions m3. Les espaces les plus précieux se trouvent aux niveaux I – III et représentent un volume de 270 000 m3 environ. L’ensemble du site est particulièrement fragile. Une inspection récente a eu pour conséquence de mettre en œuvre des mesures strictes afin de préserver et conserver 227 chambres et 270 galeries, c'est-à-dire celles qui ont la plus grande valeur historique, naturelle et monumentale. Parmi les chambres toujours accessibles, très peu datent du moyen âge (Piaski, Bąkle, Gospoda, Niedziałek, Weszki;). La plupart ont été creusées entre le XVIe et le début du XXe siècle. Du point de vue historique et géologique on a distingué dans la vieille mine 23 zones. Un autre inventaire fait ressortir 53 ensembles comprenant des objets culturels et relevant de réserves géologiques et minières d’une valeur unique, introuvables dans les autres mines européennes. Des objets de la culture matérielle, trouvés sur place, constituent une documentation précieuse pour l’étude des techniques d’exploitation du site, de transport, de conservation, de pompage et de ventilation. Différents types d’échafaudages monumentaux en bois, qui éveillent toujours l’intérêt le plus vif, permettaient de protéger les excavations et les galeries. Dès le XIV e siècle on soutenait les voûtes des chambres par des poutres massives (chambres Boczaniec, Magdalena, Margielnik, Schmidt), ou d’imposants piliers de sel (chambres Barącz, Ciołek, Tworzyjanki). Certains de ces échafaudages constituent de véritables chefs-d’œuvre des anciens maîtres charpentiers. Des engins qui servaient à l’aération se présentent assez modestement. La mine fut équipée de ventilateurs à soufflets, à ailettes et spirales. Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle on a construit un système de portes qui permettaient d’aérer les salles. Le captage des eaux dans la mine est illustré par différents objets : tuyaux, gouttières, rigoles, cuves et conduites en bois. Il faut mentionner encore la célèbre Grotte de Cristaux au niveau II. Découverte en 1898, elle constitue une réserve unique de la nature inanimée. Différentes formes de la cristallisation secondaire : stalactites et stalagmites, groupes de cristaux et cheveux de sel 98 dans des anciennes excavations (p.ex. Marcin, Wessel) soulignent le charme et la beauté de la mine. Dans la mine de Wieliczka des chapelles et des lieux de culte ont été créés probablement dès la fin du XVe siècle. Situés au voisinage des puits ou des lieux d’extraction ils permettaient aux mineurs de se recueillir et prier Dieu avant ou pendant le travail qui était dur et dangereux. Dans quelques-unes des chapelles, on célébrait des messes quotidiennes jusqu’en 1787 où, sur ordre de l’empereur autrichien Joseph II, la fréquence des offices fut ramenée à trois par an. La plupart de ces chapelles souterraines datent du XVIIe au XIXe siècle. Elles sont localisées aux niveaux I, II et III. Les documents en mentionnent 17 mais, grâce aux recherches, on a trouvé les vestiges de 26 lieux de culte. Dans toute la mine il y avait au total environ 40 chapelles et autels. Parmi les plus intéressantes au niveau I il faut citer les chapelles de Sainte Cunégonde dans la chambre Boczaniec, de Saint-Antoine près du puits Daniłowicz, de la Vierge, côté du petit-puits Mirów, de la Sainte Croix dans la chambre Léopold et trois autres dans les chambres Lizak, Piżmowa et dans le voisinage du petit puits Lipowiec. Au niveau II se trouvent de belles chapelles: de la Sainte Croix et de la Sainte Kinga, visitées par les touristes; et, enfin, au niveau III - une petite chapelle de la Sainte Croix dans la galerie Geramb et de Saint Jean. Toutes ces chapelles, très caractéristiques de la mine de Wieliczka, sont l’œuvre des mineurs, sculpteurs amateurs, et, parfois, d’artistes. Une collection originale d’antiques machines et de dispositifs et outils miniers illustre les étapes importantes du développement des techniques minières à Wieliczka depuis le moyen âge jusqu’à présent. L’ensemble est d’une valeur historique sans équivalent au monde. La présentation des installations pour le transport utilisées entre les XIIIe–XIX e siècles commence par les plus simples des dispositifs. Ainsi, ont été utilisés à partir du XVe siècle : un treuil à deux manivelles (appelé « haspel ») muni d’un arbre horizontal autour duquel s’enroulait une corde ; une installation en forme de croix à quatre bras et un arbre vertical, actionnée par les hommes. Vers la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, quand le nombre de chevaux qui travaillaient dans la mine a augmenté, des croix du même type, mais actionnées par des chevaux (« croix de Wieliczka ») ont fait leur apparition. Elles 99 étaient plus massives et pourvues d’un frein. On les utilisait dans le transport vertical et horizontal. L’emploi des treuils à chevaux, avec un arbre horizontal, dit « polonais » a joué un rôle majeur dans le développement du transport vertical. Mus par quatre paires de chevaux, ils étaient en usage au-dessus des puits entre le XVe et la première moitié du XIXe siècle, et dans la mine - à partir du XVIIe siècle. Construits en bois avec quelques petits éléments en fer ils se composaient de deux roues : l’une verticale aux échelons, avec un arbre pour la corde situé directement au-dessus de l’orifice du puits et l’autre horizontale, pourvue de dents. Le développement du transport vertical est représenté par des treuils à chevaux „saxon”, avec un tambour vertical pour la corde. Ils ont été utilisés dès le début du XVIIIe siècle. Des machines de ce type fonctionnaient en Saxe. Elles se composaient d’un gros arbre vertical avec, en haut, un tambour de 2 mètres de diamètre pour la corde, de quatre bras horizontaux en forme de croix, fixés en bas, pourvus de crochets pour y atteler les chevaux. En complément du treuil on a mis en place - une construction, appelée « kunszt » et située directement au-dessus de l’embouchure du puits avec deux poulies qui changeaient la direction du mouvement de la corde d’horizontal en vertical. Leur construction était pareille aux treuils appelés « hongrois », utilisés dans la mine depuis la moitié du XVIIIe siècle. La collection de treuils à chevaux est unique au monde. Elle illustre les étapes successives du développement dans les anciennes mines des installations de transport. On utilisait aussi pour le transport de grands tambours de freinage et des chariots aux roues en fer, d’autres en bois dit « chiens hongrois », des brouettes, des traîneaux, des wagonnets de rampe qui servaient au transport des tonneaux ainsi qu’au transport du sel alimentaire. On a construit aussi un petit train touristique à chevaux, pour promener des visiteurs illustres, entre autres l’empereur de l’Autriche, François-Joseph Ier. L’exposition du Musée des Salines est très variée. À côté des anciens outils des mineurs et des charpentiers on présente des ustensiles contre le feu et des engins pour l’aération de la mine et une collection de lampes utilisées pour l’éclairage des galeries depuis le moyen âge jusqu’au XXe siècle : lampes au suif, puis à huile, à pétrole, au carbure et enfin électriques. Sont également présentées les formes principales de diffusion du sel extrait entre le XIVe et XIXe siècles : de grands tonneaux pour le sel de cuisine et 100 des blocs de sel de différentes grandeurs appelés « rouleaux ». On produisait aussi des unités moins grandes en forme de petits blocs réguliers ou irréguliers. L’exposition est enrichie par de nombreux objets des métiers artistiques en relation avec les Salines de Cracovie : fameux cor minier de la Confrérie des Découpeurs du sel de 1534, armes de parade portées par les employés miniers (haches, épées, cannes), tableaux, sculptures, uniformes miniers de parade, riche collection de salières, anciennes cartes minières, archives des salines, trouvailles archéologiques, fossiles et beaucoup d’objets illustrant la géologie des gisements du sel. 101
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