11.01.2017 Sylvie Goulard Pas un accord de connivence mais un

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11.01.2017 Sylvie Goulard Pas un accord de connivence mais un
11.01.2017
Sylvie Goulard
Pas un accord de connivence mais un pacte de responsabilité entre tous les groupes proeuropéens.
Que faut-il de plus que le Brexit, une crise économique et sociale persistante, des périls géopolitiques
majeurs et des attaques terroristes pour faire comprendre à la classe politique européenne qu’elle a
des responsabilités à prendre et non seulement des susceptibilités à ménager ?
Le 17 janvier, le Parlement européen doit désigner son Président, le successeur de Martin Schulz. A
moins d’une semaine du scrutin, la situation est très confuse. A ce stade, chaque groupe politique
présente son candidat. Contrairement à la tradition du Parlement européen, et de toutes les
assemblées exigeant mathématiquement une coalition, le scrutin approche sans aucun accord entre
les principales familles, et notamment entre les pro-Européens qui soutenaient conjointement
Martin Schulz (PPE, S&D, ALDE).
Cette confrontation n’est pas à la hauteur des enjeux : après plusieurs tours, le risque est grand,
surtout à bulletin secret, qu’un Président soit finalement élu à une majorité relative, avec l’appui des
extrêmes. Ce serait un Président faible alors même que cette partie de la mandature sera marquée
par un événement d’une exceptionnelle gravité : le Parlement doit en effet approuver, en vertu de
l’article 50 TUE, l’accord réglant les modalités de la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Le Parlement doit
en outre continuer à assurer le contrôle de la Commission européenne, adopter la législation et le
budget, ce qui est important pour les citoyens comme pour les entreprises.
*
Si l’on veut éviter de mettre en danger l’avenir de l’UE, une solution raisonnable doit donc être
trouvée, coûte que coûte, entre les familles politiques européennes. Pas un accord de connivence,
derrière des portes closes mais un pacte de responsabilité entre tous les groupes pro- européens.
Un accord secret a bien été conclu en 2014 entre les groupes PPE, S&D et ALDE. Rendu public cette
semaine, il prévoit que les socialistes exercent la Présidence de 2014 à fin 2016 (ce qui a été le cas
avec Martin Schulz) et le PPE de début 2017 à la fin de la mandature (juin 2019). En échange de son
soutien, le groupe ALDE a récupéré en 2014 un poste supplémentaire de vice-président. Cette
opacité a nourri toutes les spéculations.
Le public devrait au contraire être tenu au courant du déroulement des négociations, en toute
transparence, avant le vote. L’accord devrait porter à la fois sur :
-
une personne susceptible de jeter un pont entre les pays et les partis, possédant les
compétences requises pour s’adresser aux citoyens ;
ainsi que sur les éléments clés d'un contrat de coalition donnant des orientations de fond et
mettant en perspective le rôle du Parlement dans cette situation de crise (vis-à-vis des
citoyens des autres institutions et des États).
Si besoin, le scrutin devrait être reporté.

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