Camille Giroud - Bourgogne Aujourd`hui

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Camille Giroud - Bourgogne Aujourd`hui
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Entreprise
Camille Giroud
Nouveau départ
Rachetée par un groupe d’investisseurs américains
en 2002, la maison Camille Giroud (Beaune)
tourne une page. Jusqu’alors spécialiste de la
commercialisation de vieux vins, elle vit aujourd’hui avec son temps.
Repères
L
“
Production : 45 000 bouteilles
Chiffre d’affaires : 1 million d’euros
Export : 65%
Principaux marchés :
Etats-Unis, Hollande
Vignoble :
1,13 hectare en
beaune premiers crus
bourgogne hautes-côtes de beaune
PDG : Becky Wassermann-Hone
Régisseur : David Croix
La maison reçoit sur rendez-vous
3, rue Pierre Joigneaux - BP 111
21203 Beaune Cedex
Tél. 03 80 22 12 65 - Fax 03 80 22 42 84
e.mail : [email protected]
18 • Bourgogne Aujourd’hui 69
e travail de remise en état a été
énorme, mais nous terminons
la période de transition”,
se réjouit Becky Wassermann,
présidente de la maison
Camille Giroud. Petit retour en arrière.
Janvier 2002, la nouvelle secoue le landernau beaunois : Camille Giroud, quasi institution aux vins intemporels, est rachetée
par des investisseurs américains. Et pas
n’importe lesquels. À leur tête figure une
viticultrice de la Napa Valley, Ann Colgin
et son mari Joe Vender. Ils reprennent une
maison qui connaît des jours difficiles :
divergences de vue entre les deux frères
Giroud, décalage croissant des pratiques
avec les réalités du marché. Une remise à
plat s’impose. Becky Wassermann, célèbre
exportatrice de vins aux Etats-Unis
(Le Serbet, à Beaune), a fait le lien entre les
repreneurs et les Giroud. Elle est promue
à la présidence de la maison et fait appel à
un jeune œnologue tout juste diplômé :
David Croix. Originaire du Val-de-Loire,
celui-ci a connu une expérience en
Bourgogne lors d’un stage au domaine
Comte Armand (Pommard). La maison
peut alors entamer une nouvelle vie.
Des travaux d’entretien les plus courants à
la réorientation de la gamme, le duo
Wassermann-Croix est décidé à remettre
la maison sur ses deux pieds.
UNE
REMARQUABLE
COLLECTION
Camille Giroud a fait sa réputation avec la
commercialisation de vins de garde.
Un style de vin hors du temps ou suranné,
c’est selon. Les inconditionnels des vieilles
bouteilles y trouvent leur bonheur (essentiellement en rouge). Le stock compte une
remarquable collection de vieux millésimes 1937, 47, 49, etc. “Nous avons en
cave des appellations régionales des millésimes 1993 ou 1996 qui ne sont pas encore
prêts à boire”, annonce David Croix.
La légende veut que Camille Giroud,
un Suisse qui avait repris la société de son
beau-père bourguignon en 1865, ait décidé
de constituer un stock important de vins
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En haut : La gamme de la maison s'est élargie
notamment vers la côte de Nuits
(ici un chambertin grand cru).
À gauche : Les vinifications de la maison ont
évolué vers un style plus contemporain.
À droite : La maison est réputée pour son stock
de vieux millésimes, certains étant datés des
années 30.
après la crise du phylloxéra. Son idée était
alors de se prémunir d’une autre catastrophe
qui anéantirait les sources d’approvisionnement. Une politique qui a perduré pendant
trois générations. “Lorsque les Giroud
sélectionnaient des vins, ils choisissaient
systématiquement les plus tanniques, ceux
qui paraissaient les plus aptes à la garde”,
se souvient Becky Wassermann.
DES
ÉLEVAGES PLUS COURTS
Sous l’impulsion de l’œnologue les pratiques changent. “Je n’ai pas de grands
principes. Le style du millésime ou l’empreinte du terroir sont pour moi plus
importants que la signature maison”,
annonce David Croix. Les élevages, qui
pouvaient s’étendre sur trois ans dans des
fûts à l’âge canonique (jusqu’à 25 ans), ont
été raccourcies à dix-huit mois en moyenne
dans des fûts récents (très peu de fûts
neufs cependant). Une grande partie des
cuvées est issue d’achat de raisins et
vinifiée dans la cuverie de la maison.
La gamme qui était composée essentiellement
d’appellation village de la côte de Beaune a
été largement étoffée. Elle compte maintenant pour 40% des appellations de la côte
de Nuits premiers et grands crus compris.
Sa production, 45 000 bouteilles, en fait un
petit poucet du négoce. “Nous souhaitons
à terme atteindre les 60 à 70 000 bouteilles”, annonce David Croix. La maison
restera à l’avenir une spécialiste des rouges
(80% des volumes).
Camille Giroud exporte les deux tiers de sa
production. À côté des marchés historiques
Etats-Unis, Hollande, la maison se tourne
aujourd’hui vers l’Angleterre ou le Japon
pour renouveler sa clientèle. Un changement d’époque, finalement bien vécu selon
Becky Wassermann : “Les clients ont globalement suivi. Beaucoup ont même été
contents de voir une évolution. Il n’y avait
pas tant d’inconditionnels du style historique de la maison qu’on pouvait le penser.
Ils ont vieilli ou alors tout simplement disparu”, conclut la présidente.
Becky Wassermann et David Croix,
les deux artisans du renouveau
de la maison Camille Giroud.
Laurent Gotti
Photographies : Lionel Georgeot
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