Delpeyrat se fait un nom… dans le saumon
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Delpeyrat se fait un nom… dans le saumon
Delpeyrat se fait un nom… dans le saumon Avec l’acquisition, hier, de Pêcheurs d’Islande, le groupe landais conforte son pôle maritime et hisse ses prétentions au niveau de son grand voisin Labeyrie. Thierry Blandinières, directeur général de Maïsadour et PDG de Delpeyrat. (photo Nicolas Le Lièvre) Si incroyable que cela puisse paraître, le groupe Maïsadour et sa filiale Delpeyrat ont créé en l’espace d’un mois un pôle maritime qui fait désormais d’eux l’un des premiers acteurs français du saumon frais, du saumon et de la truite fumés, du poisson blanc frais et de la crevette, vendus dans les rayons de la grande distribution. C’est un relais de croissance supplémentaire qui vient s’ajouter à l’éventail des productions de la coopérative landaise (1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaires) originellement fondée sur la culture du maïs et sa valorisation à travers la volaille et le canard gras. 4 000 tonnes à la barre Le coup était parti timidement, il y a un an à peine, avec la reprise de la petite saumonerie (Label rouge) Saint-Ferréol, à Brioude, en Haute-Loire. « Mais cela nous a permis de comprendre le marché », explique Thierry Blandinières, directeur général de Maïsadour et PDG de Delpeyrat. Puis, au début de ce mois d’août, tout s’est accéléré. Au terme de longues négociations, la SA MVVH (commune à Maïsadour, à Vivadour et à Val de Sèvre Holding) a pu acheter Viviers de France (75 millions d’euros de chiffre d’affaires, 230 salariés), jusqu’alors propriété du groupe norvégien Norway Seafoods. Soit deux usines, l’une à Castets (40), l’autre à Boulogne-sur-Mer (62), transformant 15 000 tonnes de poissons par an : 8 000 tonnes de saumon, 3 000 de truite et 4 000 de poisson blanc. L’offre de Labeyrie écartée Enfin, hier, le tribunal de commerce du Havre a répondu favorablement à l’offre de Delpeyrat pour la reprise de Ledun Pêcheurs d’Islande, qui était en redressement judiciaire. Cette entreprise, installée à Cany-Barville (76), où elle dispose de deux usines, est spécialisée dans le saumon fumé (environ 4 000 tonnes par an) et la crevette (3 000 tonnes). Elle réalise un chiffre d’affaires annuel de 52 millions d’euros et compte 234 salariés, dont l’emploi sera sauvegardé. Delpeyrat n’était pas seul à convoiter Pêcheurs d’Islande. Son grand voisin de SaintGeours-de-Maremne (40), Labeyrie Fine Foods, filiale du groupe basque Lur Berri, était aussi sur les rangs. En février dernier, le groupe avait déjà mis la main sur l’activité hareng de l’entreprise normande. Et il voyait donc là une belle occasion de conforter son leadership national dans le saumon fumé, où, à travers ses marques Labeyrie et Delpierre, il représente près de 30 % de parts de marché. Mais le tribunal en a décidé autrement, et, par conséquent, Labeyrie voit surgir un redoutable concurrent à sa porte. En l’absence de son président, Xavier Govare, Labeyrie Fine Foods n’a pas souhaité réagir hier. En revanche, du côté de Maïsadour-Delpeyrat, on ne s’en est pas privé. « Pour nous, c’est un enjeu stratégique, affirmait Thierry Blandinières. Le saumon entre tout à fait dans l’univers alimentaire festif haut de gamme du Sud-Ouest que nous développons autour du foie gras et du jambon de Bayonne. » D’autant que les perspectives de marché semblent bonnes : « La consommation de poisson est en plein essor, tant au niveau français que mondial, la tendance par rapport à la viande rouge lui est favorable. » La progression de la consommation de saumon a toutefois pour effet un renchérissement de la matière première, dont la production reste stable dans les fermes aquacoles de Norvège. Ce sont elles, principalement, qui alimentent les unités de transformation françaises ; avec, à un degré moindre, les fermes écossaises. Des occasions Dès lors, un certain nombre de transformateurs nationaux se sont trouvés en difficulté, parce que, précise Thierry Blandinières, « ils ne sont pas parvenus à répercuter la hausse du prix du saumon auprès de la grande distribution ». C’est ainsi que Delpeyrat et d’autres ont pu récupérer des entreprises à la barre des tribunaux de commerce. « Nous participons à la restructuration de la filière poisson », justifie-t-il. Mais ne craint-il pas les mêmes effets ? « Les distributeurs ont accepté une hausse de 10 % en juin, et 10 % supplémentaires sont prévus en septembre. Disons que nous arrivons au bon moment » ! La carte que joue Delpeyrat dans cette affaire est celle de la « notoriété » associée à sa marque, pour lui permettre de bien valoriser le produit, souligne le président de Maïsadour, Michel Prugue. La qualité et la traçabilité seront des éléments mis particulièrement en avant auprès du consommateur. « Nous accordons la plus grande vigilance à la traçabilité de nos produits », affirme Thierry Blandinières. La période des fêtes de fin d’année sera le moment choisi pour le lancement, avec, laisse-t-on entendre, une grosse campagne de communication à la clé. Publié le 31/08/2013 à 06h00 Par jacques ripoche