Activits sur la tourte voyageuse

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Activits sur la tourte voyageuse
Activité sur la tourte voyageuse
Niveau primaire, 2e et 3e cycle
Traduit et adapté de Project Passenger Pigeon du
Objectifs
À la fin de cette activité les élèves seront en mesure :
D’expliquer comment les actions de l’humain ont eu un impact sur le cycle de vie de la tourte
voyageuse.
Matériel
Illustration de la tourte (page 7)
Illustration du pigeon biset (page 8)
Document : Bâtie pour une vie en mouvement (page 9)
Vidéo (sous-titres disponibles) extrait (0:00 – 1:47)
de “Stewart Brand: The Dawn of De-extinction. Are You Ready?” Voir :
www.ted.com/talks/stewart_brand_the_dawn_of_de_extinction_are_you_ready.html
La vidéo est présentée en anglais; si désiré, les sous-titres apparaissent en superposition.
Il n’est pas nécessaire de poursuivre l’écoute de la vidéo au-delà de l’extrait proposé. Le sujet de la
réintroduction de la tourte pourrait être abordé plus tard, une fois que les élèves auront acquis
suffisamment d’information sur l’histoire de cet oiseau.
Textes du livre de Joel Greenberg (extraits) versions longue et courte (pages 5 et 6)
A feathered river across the sky: The passenger pigeon’s flight to extinction (pages 1-7)
Un océan de plumes dans le ciel : Le vol de la tourte voyageuse vers l’extinction
Déroulement
1. Présentation des espèces
Montrer les illustrations du pigeon et de la tourte (pages 7 et 8).
Demander aux élèves s’ils reconnaissent les oiseaux et s’ils peuvent les nommer.
Écrire les noms au tableau.
Montrer l’illustration du pigeon et demander aux élèves s’ils ont déjà vu cet oiseau.
Préciser les lieux où ils ont aperçu cet oiseau.
Nommer l’oiseau : pigeon biset, (rock pigeon, en anglais) (Columba livia, nom scientifique).
Montrer l’illustration de la tourte et demander aux élèves s’ils ont déjà vu cet oiseau.
Personne ne pourra répondre dans l’affirmative.
Personne dans la classe incluant le professeur n’a jamais vu et ne verra jamais cet oiseau.
Nommer l’oiseau : tourte voyageuse ou pigeon voyageur, (passenger pigeon, en anglais) (Ectopistes
migratorius, nom scientifique).
Projeter le document Bâtie pour une vie en mouvement (page 9).
Attirer l’attention des élèves sur la photo de gauche où l’on voit 4 peaux scientifiques de spécimens
d’oiseaux de la famille des pigeons.
De gauche à droite :
• la tourterelle triste, Zenaida macroura
• le pigeon biset, Columba livia
• le pigeon à queue barrée, Patagioenas fasciata
• la tourte voyageuse, Ectopistes migratorius
Tous ces oiseaux sont des espèces différentes mais ils font tous partie de la même famille, celle des
Columbidae.
Demander aux élèves s’ils connaissent une personne âgée de plus de 100 ans.
Seules les personnes centenaires pourraient avoir vu une tourte voyageuse vivante, car la dernière
tourte est morte il y a 100 ans, en 1914.
La tourte est une espèce disparue. Expliquer la définition de ce statut.
Espèce disparue : espèce sauvage qui n’existe plus.
Espèce sauvage : espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement
distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un
virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et
y est présente depuis au moins cinquante ans.
Présenter les désignations des espèces
Les désignations des espèces au Canada.
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, le COSEPAC, a été formé en 1976. Ce
comité est composé de représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux et de quatre
organismes fédéraux (Service Canadien de la faune, Parcs canada, Pêches et Océans Canada et
Musée canadien de la nature).
Son mandat premier est d’identifier les espèces (incluant les sous-espèces et certaines populations)
considérées en danger à l’échelle du Canada, et de leur attribuer un statut (une désignation).
Les différents statuts accordés par le COSEPAC sont :
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qu’on ne trouve plus à l’état sauvage au Canada, mais qu’on trouve ailleurs.
En voie de disparition (VD)
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays
imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir « en voie de disparition » si rien n’est fait pour contrer
les facteurs menaçant de la faire disparaître.
Préoccupante (P)
Espèce sauvage qui peut devenir « menacée » ou « en voie de disparition » en raison de l'effet
cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné
les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)
Catégorie qui s'applique lorsque l'information disponible est insuffisante (a) pour déterminer
l'admissibilité d'une espèce sauvage à l'évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du
risque de disparition de l'espèce sauvage.
Au Québec, le gouvernement a adopté en juin 1989, la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables
(LEMV). La gestion des plantes relève du ministère du Développement durable, de l’Environnement et
de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC). La gestion de la faune incombe au
ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFFP).
Les différents statuts reconnus sont :
Espèce menacée : toute espèce dont la disparition est appréhendée.
Espèce vulnérable : toute espèce dont la survie est précaire même si la disparition n’est pas
appréhendée.
ESDMV : toute espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable.
Demander aux élèves de dresser la liste des causes de la disparition à cette époque.
2. Visionnement de la vidéo et discussion
Pour en apprendre un peu plus sur les causes de l’extinction de la tourte, les élèves regardent la vidéo
(extrait 0 :00 – 1 :47).
Que savent les scientifiques à propos de la tourte?
Quelles sont les causes de la disparition de la tourte? Chasse commerciale, perte d’habitat
En quelle année Martha est-elle morte? 1914
Certaines personnes ont désigné 2014, l’année de la tourte. Quel est le lien avec l’année de la mort de
Martha? C’est le centenaire de la disparition de la tourte.
Quel est le message le plus important de la vidéo ? On peut perdre ce que l’on prend pour acquis.
Demander aux élèves en quoi est-ce important de souligner le centenaire de la disparition de la
tourte?
Quels sont les avantages d’attirer l’attention sur un événement qui a eu lieu au siècle dernier?
L’un des messages les plus importants est le suivant :
Même si une espèce est très nombreuse, elle peut disparaître. Les autorités de l’époque n’ont pas
jugé nécessaire d’intervenir, on ne pouvait imaginer la disparition d’une espèce aussi nombreuse.
Aujourd’hui, les scientifiques et les historiens doivent s’en tenir aux témoignages et aux écrits des
gens qui ont vu autrefois ces volées d’oiseaux.
3-Lecture des textes et discussion
Distribuer aux élèves le texte, version longue ou version courte (pages 5 ou 6) :
Un océan de plumes dans le ciel, le vol de la tourte voyageuse vers l’extinction.
Laisser aux élèves le temps nécessaire pour lire le document.
Qu’a vu le major W. Ross King qui était impressionnant?
Une volée de tourtes.
Quelles sont les raisons pour lesquelles les scientifiques ne pouvaient déterminer avec précision le
nombre d’oiseaux qui passaient ? Les méthodes d’inventaire de l’époque n’étaient pas assez précises,
souvent il est impossible de compter tous les individus, ce sont seulement des estimés.
Imagine que tu es à la place de M. King, au-dessous d’une volée d’oiseaux qui passe en continu
pendant 14heures. Qu’aurais-tu pensé ? Qu’aurais-tu ressenti?
Est-ce que l’histoire de King permet de mieux comprendre pourquoi les gens de l’époque prenaient
pour acquis la présence de la tourte?
La tourte n’est pas la seule espèce disparue. Il y a d’autres espèces pour lesquelles on ne s’inquiétait
pas mais qui ont finalement subi le même sort. Connaissez-vous d’autres espèces qui sont disparues?
Dans le monde? En Amérique du Nord? Au Canada? Au Québec?
Le bison (Bison bison) a bien failli disparaître lui aussi. Les immenses troupeaux paraissaient
inépuisables et les chasseurs les ont pratiquement éliminés. Avant l'arrivée des Européens en
Amérique, on comptait de 50 à 70 millions de bisons en Amérique du Nord. Vers 1890, il en restait
moins de 1 000.
Demander aux élèves de penser aux animaux qui les entourent. Si vous pouvez aller à l’extérieur,
regardez les animaux qui sont dans les alentours. Y a-t-il des animaux qui sont assez nombreux pour
ne pas être en danger de disparition? Comment les élèves peuvent-ils utiliser l’histoire de la tourte
pour jeter un regard nouveau sur ces animaux qui semblent « en sécurité ».
Rappeler aux élèves que 2014 souligne la disparition de la tourte, que cette année est une
opportunité de réfléchir sur l’histoire de cette espèce afin d’en tirer des leçons pour changer nos
rapports avec le monde qui nous entoure.
Extraits du livre de Joel Greenberg, version longue
A feathered river across the sky: The passenger pigeon’s flight to extinction pages 1-7
Un océan de plumes dans le ciel, le vol de la tourte voyageuse vers l’extinction
Rien dans l’histoire humaine ne laisse croire qu’il y ait eu un autre oiseau comme la tourte voyageuse.
À l’arrivée des premiers européens en Amérique du Nord, on a estimé que sa population était de trois
à cinq milliards d’individus. La tourte était l’espèce d’oiseau la plus abondante sur le continent, et sans
doute sur la planète. Elle comptait probablement pour 25 à 40 % de tous les oiseaux présents en
Amérique du Nord. Lorsque les volées d’oiseaux se déplaçaient en migration ou à la recherche de
nourriture, leurs ombres obscurcissaient la terre pendant des heures. Le célèbre naturaliste John
James Audubon a décrit un passage de tourtes qui a caché le soleil pendant trois jours consécutifs.
La tourte se distinguait déjà des autres espèces par sa forme et ses couleurs. Mais ce qui la plaçait
dans une catégorie à part était la taille des colonies et des volées d’oiseaux. Les individus étaient
entassés les uns contre les autres avec apparemment juste assez d’espace entre eux, pour leur
permettre de battre des ailes. Un des plus grands vols de tourtes jamais décrit en détails a survolé le
Fort Mississauga, en Ontario, en mai, vraisemblablement en 1860. Le major W. Ross King était un
chasseur et naturaliste Britannique qui a passé 3 ans à voyager à travers le Canada. Il espérait voir
ces vastes mouvements de tourtes, tels que décrits dans les nombreuses lectures qu’il avait faites sur
le sujet. Il ne fut pas déçu :
« Tôt le matin, j'ai été informé par mon serviteur qu’une extraordinaire volée d'oiseaux passait audessus, comme il n’en avait jamais vu auparavant. M’empressant de sortir et d’enjamber les remparts
herbeux, j'étais parfaitement étonné de sentir l'air rempli, le soleil obscurci par des millions de tourtes,
non pas planant mais s'élançant en avant en ligne droite, volant comme des flèches, dans une vaste
masse de 1,6 km ou plus en largeur, s’étirant de l’avant vers l'arrière aussi loin que l'œil pouvait voir.
Rapidement et de façon constante la colonne d’oiseaux passa au-dessus de nous avec un sifflement
assourdissant. Pendant des heures, en myriades continues, elle poursuivit son avancée vers l’est dans
les forêts de l'Amérique, les myriades précédentes s’écoulant et se perdant au fur et à mesure dans
l’horizon du ciel.
Il était tard dans l'après-midi avant qu’une diminution de la masse soit perceptible, mais elle devenait
de moins en moins dense à mesure que la journée touchait à sa fin... La durée de ce vol étant
d’environ quatorze heures, c’est-à-dire de, quatre heures à dix-huit heures, la colonne d’oiseaux (avec
une vitesse probable de 100 km/h) devait être au moins de quatre cent quatre vingt trois kilomètres
de longueur, sur une largeur moyenne de 1,6 km. »
King n'a jamais estimé le nombre d’oiseaux, mais Schorger (ornithologue et auteur d'un livre sur
l'histoire de la tourte), en attribuant deux oiseaux par mètre carré et une vitesse de 100 km/h, conclut
que la volée était constituée de 3 717 120 000 tourtes ! Au moins trois autres scientifiques se sont
penchés sur les écrits de King ces dernières années, et ils ont obtenu des résultats similaires à ceux
de Schorger. Toutefois ils ont mis en doute la vitesse de vol de 100 km/h durant la migration.
Ken Brock de l'Université de l'Indiana du Nord-Ouest a créé un graphique montrant le nombre
d'oiseaux à des vitesses de 60 à 100 km\h. En utilisant la vitesse de vol des tourterelles qui est de 60
km/h, King aurait vu plus d'un milliard d'oiseaux au-dessus du Fort Mississauga. Comme la tourte
avait un vol plus rapide, il en a probablement vu beaucoup plus !
Quel que soit le nombre d’oiseaux que King a vu, cette espèce a connu une population probablement
plus importante que celle de tout autre oiseau sur la terre. Ses colonies ont dépassé en nombre celles
de tous les autres vertébrés terrestres sur le continent.
Extraits du livre de Joel Greenberg, version courte
A feathered river across the sky: The passenger pigeon’s flight to extinction pages 1-7
Un océan de plumes dans le ciel, le vol de la tourte voyageuse vers l’extinction
Lorsque les Européens sont arrivés en Amérique du Nord, trois à cinq milliards de tourtes occupaient
le continent. Il y avait plus de pigeons voyageurs que tout autre oiseau en Amérique du Nord, et peutêtre plus que tout autre oiseau sur la planète. Lorsque les volées de tourtes se déplaçaient dans le
ciel, leurs ombres obscurcissaient la terre pendant des heures. John James Audubon, naturaliste, a
décrit le passage d’une volée de tourtes qui a duré trois jours!
Les tourtes étaient différentes des autres oiseaux en raison de la taille de leurs colonies. Chaque
individu volait en groupes serrés avec juste assez d’espace de chaque côté pour battre des ailes. En
mai 1860 (l'année exacte n'est pas connue), une immense volée de tourtes a survolé le Fort
Mississauga, en Ontario. Le major W. Ross King, un chasseur et naturaliste anglais, voyageait à
travers le Canada à l'époque. Il avait lu sur les immenses volées de tourtes et espérait en voir une. M.
King ne fut pas déçu.
Le serviteur du major King vint lui dire qu'il y avait « une volée extraordinaire d'oiseaux » volant audessus. King se précipita dehors et fut étonné de voir que le soleil était caché par des millions de
tourtes. La volée d’oiseaux avait plus d'un kilomètre de large et s’étendait vers l'avant et vers l'arrière
aussi loin qu'il pouvait voir.
Les oiseaux ont continué à voler au-dessus de King pendant de nombreuses heures. Quatorze heures
plus tard, la volée a commencé à paraître plus mince et a finalement cessé de passer. King a estimé
que les oiseaux volaient à 100 km/h dans une volée de quatre cent quatre vingt trois kilomètres de
longueur et d’une largeur moyenne de 1,6 km.
King n’a jamais écrit à combien il avait estimé le nombre d'oiseaux dans la volée qu'il avait observée.
A.W. Schorger, un scientifique et historien, a utilisé les observations de King pour calculer la taille de
la volée. Schorger a estimé qu'il y avait deux oiseaux par mètre carré se déplaçant à une vitesse de
100 km/h. Il a conclu que la volée contenait 3 717 120 000 tourtes. D'autres scientifiques ont utilisé
les données de King pour estimer le nombre de tourtes qu’il avait observé. Même si les oiseaux
avaient volé seulement à 60 km/h, King aurait tout de même vu encore plus d'un milliard de tourtes.
Le nombre exact de tourtes qui vivait en Amérique du Nord n'est pas connu. Cependant, les
scientifiques et les historiens savent que la population de tourtes était très grande. Quel que soit le
nombre, la population de tourtes a sans doute été plus grande que les populations de tous les autres
oiseaux sur la Terre.