La Ville de Paris enquête chez ses sœurs
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La Ville de Paris enquête chez ses sœurs
& systèmes MATÉRIELS Éclairage public La Ville de Paris vient d’achever une enquête auprès d’autres villes pour savoir quel mode de gestion de l’éclairage public elles ont adopté, notamment à échéance des conventions d’exploitation avec EDF. La Ville de Paris enquête chez ses sœurs 2 009 sera l’année où expirera la convention signée par la Ville de Paris avec Eurec (groupement EDF/Elyo/Citélum) pour le fonctionnement et le développement des installations d’éclairage public, d’illuminations et d’exploitation de la circulation. Soit un contrat de près de 40 millions d’euros (hors travaux neufs) pour 150 000 points lumineux et 2 000 carrefours à feux. Pour préparer l’« après », Paris a mené une enquête, achevée en juin, auprès de 8 villes françaises, certaines ayant choisi un nouveau mode de fonctionnement à échéance des conventions d’exploitation avec EDF à la fin des années 90. Ce sont Lille, Marseille, Nice, Bordeaux, Strasbourg, Lyon (> 200 000 habitants), Créteil et Boulogne-Billancourt, plus petites mais situées en Ile-de-France. Tableau 1 VILLE HISTOIRE SOLUTION ACTUELLE Lille L’ère du marché L’étude a identifié trois modes de gestion, adoptés aujourd’hui par les villes : la régie, la maîtrise d’ouvrage assumée à l’aide de marchés, et les marchés globaux. Elle souligne qu’aucune des villes qui fonctionnaient en convention avec EDF n’a choisi d’assurer la gestion de l’éclairage public en régie. • D’emblée, l’enquête montre que la régie, dont Lyon donne le meilleur exemple, est inapplicable à Paris : une vingtaine de personnes s’occupent de 150 000 points lumineux à Paris, 123 personnes pour 77 000 points à Lyon. La capitale devrait multiplier par 10 ses effectifs. Strasbourg panache régie et marchés d’exploitation maintenance, pour compenser les non-recrutements après les départs à la retraite. • La maîtrise d’ouvrage « assumée » à l’aide de marchés est la solution le plus souvent adoptée au sortir d’une convention avec EDF. Atouts : mise en concurrence réelle, service adapté, engagement à court terme et grande souplesse dans la délimitation des marchés. Nice découpe ses marchés selon le type d’installations. Marseille a passé un marché d’exploitation qui fixe un objectif sur 5 ans, avec un budget défini. A l’exploitant, plutôt qu’aux politiques, de désigner les priorités. L’exemple séduisant, c’est Bordeaux (33 000 points) qui a passé un marché d’entretien et de rénovation sur trois ans, découpé en deux lots : entretien et exploitation à une entreprise, création et rénovation à l’autre. Il est assorti d’un marché de détection de défauts : l’entreprise chargée de la détection n’est pas l’entreprise de maintenance. Bordeaux ne soustraite ni sa base de données ni la gestion de son patrimoine, ni la maîtrise d’œuvre des projets de conception. Atout : contrôle fort Éclairage seul, hors signalisation sur les prestataires. Inconvénient : • Énergie : 10 millions d’euros beaucoup de personnel qualifié. • Exploitation maintenance : De plus, à l’échelle parisienne, il 18 millions d’euros est difficile de faire jouer la • Prestations bordereau : concurrence pour trouver une 5 millions d’euros entreprise par lot. Le budget de Paris 44 • Le contrat global, comme à Lille, c’est un seul marché (hors travaux neufs), pouvant inclure la fourniture d’énergie, à court ou moyen terme, à prix fixe et sur performances avec une seule entreprise. (1) Atout : souplesse, et engagement de l’entreprise sous-traitante. Le partenariat public privé (PPP) (2) est une variante du précédent où l’entreprise peut investir ses propres deniers pour abaisser ses coûts et dégager sa propre marge bénéficiaire. La ville de Boulogne-Billancourt est en passe de signer un PPP. Inconvénients : longue durée, enlève à la ville la maîtrise d’ouvrage. LUX N° 233 MAI/JUIN 2005 Marseille Marché global de 8 ans Convention EDF avec le concours de Citélum Marché d’exploitation 5 ans Créteil Marchés Marchés Boulogne-Billancourt Marchés + régie Marchés + régie. Bientôt PPP Strasbourg Régie totale Régie + marchés Lyon Régie totale Régie totale Nice Bordeaux Marché d’exploitation 3 ans Marché d’exploitation 3 ans Nota bene : L’enquête a défini 4 pôles pour l’organisation de l’éclairage public : maintenance exploitation, patrimoine, énergie, travaux neufs On l’aura deviné, la conclusion de l’enquête est à double détente. La souplesse de la solution lilloise intéresse Paris, moyennant des réserves comme la validation des solutions techniques choisies pour réduire la dépense énergétique. Dans un premier temps, Paris préférera probablement « s’aider des marchés » en définissant les compétences externalisables. Pour faciliter la mise en concurrence, la capitale aura peut-être à choisir un découpage des lots associé au type d’installations plutôt qu’à un secteur géographique. La ville, par ailleurs, a décidé qu’elle reprendrait la maîtrise d’œuvre « travaux neufs » et la gestion informatique de son patrimoine. Comme Bordeaux, dont le système de contrôle inspire également la capitale. Quant au montant des contrats, l’enquête à Créteil a révélé que la ville a pu, par la mise en concurrence, diviser par 4 le coût du forfait du marché d’entretien. Trop peu cher ? ANNE LOMBARD (1) Voir Rencontre avec Danielle Poliautre, Lux n° 229. (2) Ordonnance 559 dite « PPP » de juin 2004, décret d’application 13 octobre 2004, Minefi. Guide téléchargeable sur le site du ministère : www.ppp.minefi.gouv.fr Intervenant I Hélène Soulier (ingénieur stagiaire) pour la Section éclairage public de la ville de Paris.