un texte - Site de Marie
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un texte - Site de Marie
L’annonce du décès à l’âge de 81 ans du très médiatique sexologue Gilbert Tordjemann, survenu un mois avant qu’il ne comparaisse libre devant la Cour d’Assises de Paris pour 13 viols aggravés et 3 agressions sexuelles, a plongé les victimes et les parties civiles dans la stupeur et un grand désarroi. Mercredi 18 mars 2009, dans les locaux du Collectif Féministe contre le Viol, toutes ces personnes se sont réunies. La colère, la frustration et un profond sentiment d’injustice habitaient les participants. Les femmes victimes de Gilbert Tordjemann, ancien chef de file de la sexologie, l’avaient consulté à ce titre, et notamment au regard de ses écrits et de sa notoriété. D’autres aussi ont été violées par Gilbert Tordjemann avant qu’il ne développe la sexologie, à une époque où il était seulement généraliste, dans son cabinet parisien, et même au domicile d’une patiente en présence de son bébé. Dans cette affaire, la procédure judiciaire a été complexe et lente, notamment en raison de la profession, de la notoriété et de la médiatisation du prévenu. Malgré un dossier de plus en plus accablant, Gilbert Tordjemann a été laissé en liberté. Se croyant au-dessus des lois, il a continué à exercer la médecine malgré l’interdiction de la justice, ce qui lui a valu sa seule incarcération de un mois en janvier 2003 (il fut libéré pour raisons de santé). Il a fallu six années d’instruction avant le renvoi du prévenu devant la Cour d’Assises de Paris pour « viols et agressions sexuelles ». A l’Appel du sexologue, la Cour d’Appel répond en alourdissant la qualification des faits en « viols aggravés par personne ayant autorité sur personnes vulnérables ». Le prévenu se pourvoie en Cassation. La Cour rejette le pourvoi. En avril 2007, le dossier est enfin bouclé : 41 femmes ont porté plainte pour des viols (péniens et digitaux) et des agressions sexuelles, perpétrés durant 30 ans entre 1970 et 2000. Son décès a épargné à G. Tordjemann de comparaître devant ses juges, mais ses pairs l’avaient déjà condamné car le sexologue a été radié définitivement de l’Ordre National des Médecins. Aucun des recours déposés par sa défense pour tenter de lui éviter la condamnation pénale n’a été recevable. Aux côtés des plaignantes se sont constitués parties civiles : l’Ordre National des Médecins, le Mouvement français pour le Planning Familial, le Collectif Féministe Contre le Viol. Ensemble ils déplorent que dix années aient été nécessaires entre la première plainte (1999) et la date d’une audience (avril 2009), qui n’aura finalement jamais lieu. Ils déplorent aussi que l’appareil judiciaire soit resté sourd aux demandes pressantes des avocats mettant l’accent sur l’âge et l’état de santé du prévenu, et que deux années se soient écoulées entre le bouclage du dossier (avril 2007) et la date prévue de comparution (avril 2009). La lenteur de la justice n’aura pas permis de voir sanctionnés les crimes de viol perpétrés par un agresseur qui se présentait comme soignant. Parmi les innombrables victimes de ce violeur réitérant, 41 femmes ont eu le courage de dénoncer les faits, de porter plainte, de témoigner durant l’enquête et l’instruction. Pour beaucoup d’entre elles, les faits étaient prescrits, mais aujourd’hui toutes savent que leur parole a été reçue, entendue, prise en compte par l’institution judiciaire. Elles ont demandé à être reçues par Madame la Présidente de la Cour d’Assises de Paris. Le 31 mars, Monsieur le Procureur Général recevra les victimes et les parties civiles, ce qui est une avancée considérable dans la lutte des victimes pour être entendues et envisager une reconstruction. Contacts : Viols-Femmes-Infomations au 0.800.05.95.95 ou au Collectif Féministe Contre le Viol au 01.45.82.73.00