PENTECOTE – C 2007
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PENTECOTE – C 2007
1re LECTURE: Actes 2, 1-11 PSAUME 103 2e LECTURE: Romains 8, 8-17 ÉVANGILE: Jean 14, 15-16.23b-26 PENTECOTE – C 2016. Ce matin de Pentecôte-là, ils sont douze, douze hommes que le souffle de l’Esprit Saint jette dans les rues de Jérusalem. Ce qu’ils ont à annoncer leur brûle les lèvres, les mots se bousculent. Quelle est cette ivresse qui les transporte ? Ils se défendent, ils n’ont rien bu, il n’est que neuf heures du matin, et pourtant, l’Esprit qu’ils viennent de recevoir les enivre et ceux qui les écoutent sont à leur tour bouleversés. Après ce qu’ils viennent d’entendre, ils ne peuvent pas rester là, les bras ballants, il faut faire quelque chose, il faut répondre, acquiescer, bouger, agir. ‘Que devons-nous faire ?’ (Actes 2, 37). Et voilà, l’histoire commence, ils étaient douze, les voilà trois mille de plus, et bientôt, ils seront des millions, peut-être des milliards, et nous en sommes. Mais la question continue à résonner, sans cesse de génération en génération. ‘Que devons-nous faire ?’ Elle s’impose à nous aujourd’hui avec une intensité particulière, parce que nous sommes les habitants d’anciennes nations, les héritiers d’une vieille civilisation. Et nous pensons : ‘Que reste-t-il à faire ?’, comme si tout ce qui était possible avait déjà été fait, ou pire : ‘Peut-on encore faire quelque chose ?’, comme si tout était consommé, comme si la cause était perdue. Comment le souffle de l’Esprit, le souffle qui renouvelle, va-t-il ce matin nous arracher à nos habitudes, à nos certitudes, à nos lassitudes. Ecoutons la réponse de Pierre : ‘Repentez-vous et faites-vous baptiser au nom de Jésus-Christ pour la rémission de vos péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit’ (Actes 2, 38). Mais dirons-nous, pour nous qui sommes baptisés, l’aventure est-elle achevée, s’agit-il simplement de maintenir, de conserver ce qui nous a été donné ? Allons, notre baptême n’appartient pas au passé, il est notre présent et nous appelle vers l’avenir. Nous avons chaque jour à être baptisé, c’est-à-dire à laisser la vie nouvelle, divine, nous happer. Ce qui est vrai pour chacun de nous en particulier l’est plus encore à l’échelle du monde. Nous avons chaque jour à baptiser ce monde, à le faire passer de la mort à la résurrection. Ce monde qui gémit dans l’inachèvement de la création, nous avons à lui annoncer son accomplissement ; ce monde, notre monde, n’est pas un monde pour la mort, pour la destruction, mais un monde pour la vie. Ce monde ne va pas à sa perte, il va quelque part, il va à Dieu, inexorablement, depuis la Croix. Voilà l’avenir de ce monde qu’ordinairement nous condamnons et maudissons. ‘Dieu a tant aimé le monde…’ Et nous ? L’aimons-nous ? Savons-nous tendre les bras au monde qui vient, aux générations qui naissent, aux nations et aux peuples nouveaux qui se lèvent ? Leur tendre les bras et témoigner de la tendresse de notre Dieu ? Alors que devons-nous faire ? Rêvons follement, aménageons des courants d’air pour que l’Esprit s’engouffre, creusons des brèches, partout, dans toutes nos certitudes, dans nos institutions, dans nos systèmes. Et même dans notre vieille maison, l’Eglise : qu’elle devienne la maison des courants d’air, que ses portes et fenêtres battent au vent, que les chapeaux s’envolent, que les idées fusent, que les espérances les plus utopiques s’expriment. Non, ne nous pouvons pas nous résigner à voir notre Eglise devenir une maison de retraite pour vérités frileuses ! Je ne veux pas croire que la plus belle espérance au monde puisse se taire. Nous sommes en état d’urgence, toutes les intelligences sont requises, tous les bras sont utiles. Quel sens proposerons-nous à ce monde, quels défis saurons-nous proposer pour que ce monde, en étant chaque jour plus humain, continue sa marche vers Dieu ? MD