Quelle place à l`invention, à la création, dans le parcours de l`élève
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Quelle place à l`invention, à la création, dans le parcours de l`élève
CEFEDEM Bretagne/Pays de la loire PROMOTION 2005-2007 Quelle place à l’invention, à la création, dans le parcours de l’élève en école de musique? Johann Calac Discipline: Guitare 1 Introduction...................................................................3 Première partie: l'invention, la création.....................4 A. Définition.................................................................................................................................4 B. pour une évolution des missions des écoles de musique......................................6 1. Historique des conservatoires......................................................................6 2. Evolution des publics et des missions.......................................................7 Deuxième partie: le parcours de l'élève.....................10 A. Cursus.....................................................................................................................................10 1. Le cours instrumental.....................................................................................10 un cursus organisé par cycles.....................................................................10 2. Les pratiques collectives..........................................................................................10 a) une place importante dans le projet d'établissement...................10 b) quelle place à la créativité? .....................................................................13 B. La place de l'invention dans le cursus..........................................................................14 1. exemple dans ma pratique d'enseignement..........................................14 a) dans le cour de guitare...............................................................................14 b) dans l'atelier de musique actuelle .........................................................15 2. La prise en compte du projet de l'élève...............................................................20 C. La « créativité » de l'élève dans quel but?.....................................................................21 1. Pour rendre l'élève acteur de son apprentissage ...................................21 Conclusion: quel musicien veut t-on former?............24 Bibliographie................................................................25 2 Introduction Le sujet de ce mémoire porte sur la place de l'invention, de la création dans le parcours d'un élève en école de musique. J'ai choisi ce sujet car, dans mon cursus d'apprentissage de la musique, je n'ai eu à aucun moment l'opportunité d'inventer. J'ai suivi des cours d'écriture, mais ces derniers ne répondaient pas à mes attentes. J'ai donc appris beaucoup par moi même en écrivant: harmonie, organologie... Si j'ai appris, en inventant, je me dis que d'autres personnes peuvent aussi, grâce à ces activités, développer des connaissances. Alors pourquoi ne pas inclure à nos cours d'instruments, de formation musicale, de pratiques d'ensembles ces activités? Dans un premier temps, nous essaierons de définir cette notion, puis après un bref rappel historique de ce qu'a été la notion de création dans le modèle du Conservatoire de Paris, nous tenterons de voir, à travers les textes définissant les valeurs de l'enseignement de la musique, si la dite notion a toute sa place dans nos cours et dans le cursus d'un élève. Je citerais deux exemples de situations pédagogiques à travers lesquels j'ai pu expérimenter les atouts de ce type d'activités, puis je tenterais de faire le lien avec le projet de l'élève. Ce lien me semble important dans le sens ou un élève qui entre en école de musique avec des attentes, doit être guidé afin de développer les connaissances liées à ses envies. Pour finir, nous essaierons de voir, en utilisant la création, l'invention, quels sont les finalités. 3 Première partie: l'invention, la création A. Définition A propos de création, la définition du petit Robert dit: «Action de faire, d'organiser une chose qui n'existait pas encore». Ce mot est très abstrait et difficile à définir. Dans un sens large, on peut aussi lui associer les mots: nouveau, projet, construction, engagement, élaboration. On peut l'associer, dans le domaine de la musique, à plusieurs autres termes voisins tel que: composition, invention, écriture. Comme l'illustre cette citation de Stravinsky, la création renvoie souvent à l'idée qu'elle est réservée à certaines personnes qui détiennent un «don», un « génie ». « A composer is or isn't », Déclare Stravinsky. « un compositeur est ou n'est pas ». Position bien connue que celle-ci: le compositeur, dit encore Stravinsky « ne peut apprendre a acquérir le don qui fait de lui un compositeur »; « et qu'il l'ait ou non, dans les deux cas, il n'aura besoin de rien que je puisse lui dire ».1 Dans les classes d'écriture au conservatoire, on apprend à écrire, ou disons à ré-écrire dans le style de Bach, Mozart... On apprend aussi a maîtriser certains procédés d'écriture tel que le choral, le contrepoint... Tous ces procédés sont régis par des règles d'écriture rédigés dans des traités d'harmonie. Dans mon parcours au conservatoire, j'ai suivi pendant deux années des cours d'écriture. Tout au long de ces deux années ainsi qu'aux épreuves d'évaluations, des exercices de réalisation de basse ou de chant chiffrées étaient donnés. Je n'arrivais pas à faire le lien entre ces exercices et mes activités 1« The Composer Is a University Commodity », dans The Writings of Elliott Carter, textes réunis et annotés par Else Stone et Kurt Stone, Indiana University Press, 1977. / présenté dans « Enseigner La Composition », Textes réunis par Peter Szendy. 4 personnelles d'écriture. Certes, ces exercices ont développés une écoute intérieure mais la relation avec l'étude stylistique des compositeurs et les exercices était dépourvue de sens pour moi. Mais, comment, dans ces cours, donner du sens à ce que les élèves apprennent? Pourquoi ces situations didactiques ne permettent elles pas une réelle compréhension? Cette citation de Gérard BOUGERET, dans Créer pour comprendre: l'exemple de l'écriture musicale est-il transposable?, illustre bien que les règles d'écriture ne sont pas en lien avec la musique des compositeurs. Le propre d'une grammaire est de décrire l'ordonnancement des combinaisons permettant la production de tous les énoncés d'une langue. Or, les règles de grammaire musicale rencontrées dans les divers traités ne permettent en aucun cas de décrire les musiques qui leurs sont contemporaines et que l'histoire a validées comme éléments patrimoniaux. L'on pourrait simplement penser que les créateurs ont toujours été en avance sur les grammairiens, mais, en réalité, pour ce qui concerne la musique, le problème est beaucoup plus complexe et même insidieux. [...]Ce problème dépasse notablement celui de la capacité à se promouvoir "locuteur génial" ! Je ne suis pas Balzac, mais la grammaire standard du français me permettrait, très hypothétiquement certes, mais me permettrait de l'être par la production d'énoncés grammaticalement corrects. Autrement dit, en dehors de la production géniale de sens, la grammaire standard du français me permet de lire et d'adhérer à la langue de Balzac. Au contraire, la grammaire musicale standard invalide ou semble invalider sans cesse les énoncés musicaux de Bach, Mozart, Haydn, Beethoven, Schumann, Brahms … et des autres ! Rétrospectivement, cette phrase n'a pas de sens : ce ne sont pas les énoncés des compositeurs cités qui n'ont pas de sens, mais la grammaire musicale standard qui se contente d'offrir des occurrences rédactionnelles tellement réduites qu'elle en perd sa légitimité et parfois sa prétention 5 en tant que grammaire. De façon formelle, on peut dire que l'intersection des règles de la grammaire musicale standard correspond à une pure fiction, à une langue jamais parlée.2 La position selon laquelle la composition est ou n'est pas l'acte d'un génie ou réservée à certaines personnes qui ont un dont, n'est pas traitée dans ce mémoire. Dans les cours de l'école de musique, le but n'est pas de façonner à tout prix de petits Mozart, mais bien de former de bons musiciens qu'ils soient amateurs ou professionnels. Tous les moyens sont bons et je tente ici de démontrer que l'acte créatif ou inventif permet de développer des connaissances. Cette citation de Piaget permet d'étayer mon point de de vue: « Comprendre, c’est inventer, ou reconstruire par réinvention. » (Piaget, Où va l’éducation? comprendre c'est inventer, Paris,1988, Ed Gallimard) Je dirais même qu 'inventer, c'est comprendre! Ainsi, l'acte de créer, d'inventer, s'attardera plus sur le fait que l'élève reconstruise par lui même des connaissances, des notions, des gestes musicaux. Demander à un élève d'inventer une mélodie sur une gamme, lui permettra indirectement l'apprentissage de cette gamme, de plus, il éprouvera sûrement beaucoup de plaisir à jouer cette mélodie qui vient de lui même. B. évolution des missions des écoles de musique 1. Historique des conservatoires En 1795, lorsque le conservatoire de Paris se créa, les fonctions des musiciens se 2 BOUGERET Gérard, Créer pour comprendre: l'exemple de l'écriture musicale est-il transposable? INRP, en ligne. http://www.inrp.fr/Acces/Biennale/6biennale/Contrib/affich.php?&mode=long&NUM=88 6 séparent. Il y avait d'un côté les interprètes et de l'autre les compositeurs. Ces fonctions ont contribué au mythe de la création en musique en plaçant le compositeur au sommet de la pyramide du haut de laquelle il décidait de tous les détails en ce qui concerne l'oeuvre écrite. On devait former de bons lecteurs afin de pouvoir réaliser très rapidement les partitions. Ce fonctionnement s'est perpétué dans les succursales du conservatoire de Paris. Nous sommes les héritiers de cette organisation pyramidale. A partir de 1878 dans les conservatoires, il est possible à un élève d'accéder à l'écriture lorsque l'on a atteint un certain niveau instrumental. Pourquoi un élève débutant n'est-il pas confronté plus tôt à l'écriture, à l'invention. Qu'en est-il du questionnement pédagogique? Qu'est ce que cela met en jeux comme apprentissages? On peut dire que cela fait une vingtaine d'année que ces questions se sont posées dans l'enseignement musical. On peut comprendre qu'avec tout cet héritage institutionnel, les professeurs, héritiers de ce fonctionnement, ne se sentent pas compétents dans le fait de faire inventer leurs élèves puisque eux même n'ont pas été poussés à le faire. Cet extrait de philippe Pernoud, illustre ce propos. Comment amener des professeurs habitués à faire des leçons à repenser leur métier? Ils ne développeront des compétences qu'à condition de se percevoir comme organisateurs de situations didactiques et d'activités qui ont du sens pour les élèves, les impliquent, tout en engendrant des apprentissages fondamentaux.3 2. Evolution des publics et des missions Comme nous l'avons indiqué, le conservatoire de Paris a formé des compositeurs d'une part, et des interprètes d'autre part. Par sa situation géographique, le conservatoire 3 Construire des compétences – entretient avec Philippe Pernoud, Université de Genève – Propos recueillis par Paola Gentille et Roberta Bencini. Texte original d'un entretien « A arte de construir competências » paru en portugais dans Nova Escola (Brasil) Septembre 2000, P.19-31 http://www.svt.berkane.free.fr/constr_comp.htm 7 favorisait l'accès à un certain public venant de la ville et donc d'une situation socioprofessionnelle aisée. Tous ces musiciens était formés pour devenir des élites et excellaient dans leur domaines et participaient à une renommée du conservatoire. Depuis la fin du XXème siècle, grâce à l'enregistrement et aux différents médiats, l'accès à la musique a changé. Les publics ont évolués. De nouveaux publics, de nouvelles musiques, de nouvelles demandes, sont apparus. En prenant en compte ces changements, il semble nécessaire de repenser le contenu et les valeurs de l'enseignement musical. C'est pour cela que des textes qui tentent de formuler les valeurs de l'enseignement musical sont apparus. Le schéma directeur de 1984 réorganise les cursus par cycles. En repensant ces cursus, le schéma directeur remet en cause, même si cela n'est pas explicite, les contenus des cours. En 1992, un deuxième texte apparaît. Tout en intégrant l'organisation du cursus par cycle, il y est précisé les missions. Je prends ici comme référence le texte de 1992 qui a été le premier à faire mention des missions tout en sachant qu'entre temps il y a eu le texte de 1996 et un nouveau qui est annoncer pour 2007 ou 2008. Les écoles de musique et de danse ont pour vocation l’accès à la pratique musicale et chorégraphique, associée à la diffusion et à la création. Cet accès prend des formes extrêmement diverses, de l’initiation à la formation préprofessionnelle, en passant par tous les degrés de l’apprentissage permettant de maîtriser techniques, connaissances et moyens d’expression, en vue d’une pratique amateur ou pour l’acquisition d’un métier. Les écoles de musique et de danse sont donc ouvertes à des publics extrêmement divers par leurs âges, par leurs origines socioprofessionnelles, par leurs goûts et leurs traditions culturelles, par la nature de leur demande enfin. 8 Lieux d’enseignement et de pratique amateur, lieux de formation professionnelle précoce et donc de promotion sociale, les écoles de musique et de danse se doivent de réaliser au mieux cette ouverture, de contribuer autant que possible à la réduction des inégalités sociales et géographiques.[...] [...]Selon leur implantation et leur catégorie, ces établissements répondent à des missions plus ou moins étendues : - assurer l’initiation à la musique et à la danse, - assurer la formation à une pratique approfondie de la musique et de la danse, conduisant chaque élève à l’autonomie dans cette pratique, - préparer l’orientation professionnelle Les écoles de musique et de danse participent à l’activité culturelle de la collectivité, dont elles sont un élément moteur. La diffusion et la création sont des composantes du projet d’établissement étroitement associées aux missions pédagogiques, dont elles constituent à la fois des résultantes et des moyens. Ces établissements concourent au développement de la pratique des amateurs adultes, que ce soit en leur sein même ou en collaboration avec les institutions en charge de ce secteur.4 On peut voir dans la Charte, que l'accent est mis sur l'ouverture de l'école de musique à des publics divers tel que les adultes amateurs, en tenant compte de leur demandes, de leurs culture musicale, leurs origines socioprofessionnelles et géographiques. Ainsi, cela pousse les écoles de musique à développer plusieurs cursus: des cursus amateurs et des cursus préprofessionnels pour les publics qui désirent en faire leur métier. 4 Schéma directeur de l'organisation pédagogique des écoles de musique et de danse 1992. 9 Deuxième partie: le parcours de L'élève A. Cursus 1. Le cours instrumental un cursus organisé par cycles A partir de 1984 (Schéma directeur pour l'organisation pédagogique), trois points clés apparaissent: La notion de département pédagogique, l'organisation de la progression des études en trois grands cycles et la notion de contrôle continue. Dans un cours de type traditionnel d'instrument, la voie semble toute tracée; on étudie des oeuvres du répertoire de l'instrument. Au début de ma carrière de professeur de guitare, j'ai inconsciemment reproduit le schéma des cours que j'ai reçu au long de ma formation; je me sentais obligé de faire jouer à mes élèves des morceaux du répertoire classique. Cependant, je me suis vite rendu compte du décalage entre les attentes, les goûts de certains élèves et ce programme que je leur imposais. De plus, ayant moi même dans ma formation eu l'envie de côtoyer des styles de musiques différents, je me suis mi à intégrer à mes cours l'étude du blues, du Rock, du Jazz... Bref, à essayer de renouveler le répertoire et de le replacer dans notre temps au plus proche des attentes des élèves. Un élève adolescent qui veut apprendre la guitare ne se représente pas l'appréhender en étudiant des études de F. Sor, D.Aguado,M. Giuliani ou M.carcassi. Il se voit jouer des morceaux de Nirvana, ACDC ou encore Led Zeppelin. 2. Les pratiques collectives a) une place importante dans le projet d'établissement Au sein d'une école de musique, on peut accéder à divers pratique collectives. Ces 10 activités musicales sont importantes car elles permettent, dans une mise en situation, de travailler les aspects fondamentaux de la musique (écoute, justesse, tempo, ressenti de la pulsation, gestes instrumentaux...). Outre le fait de travailler ces aspects musicaux, elles sont le moment pour les élèves de rencontrer d'autres élèves, d'échanger, de vivre socialement un moment musical et au moment de concerts ou auditions d'être en situation de « musicien ». Cette situation de « musicien » renvoi au terme « pratique sociale de référence ». La définition que donne Michel Develay est la suivante: Le terme de pratique de référence, emprunté à Jean-Louis Martinand, renvoie à des activités sociales diverses (activités de recherche, de production, d'ingénierie, mais aussi d'activités domestiques et culturelles) pouvant servir de référence à des activités scolaires, et à partir desquelles on examine au sein d'une discipline donnée: l'objet de travaille [...], le problème que l'on souhaite aborder [...], le savoir donné au terme de l'activité.5 Nous pouvons trouver dans la plus part des écoles de musique ces différentes pratiques musicales de référence: -orchestre à corde -harmonie -musique de chambre -chorale -Ateliers Jazz -Atelier Musique actuelle -Atelier de Musique traditionnelle -Ensembles d'instruments (homogènes et hétérogènes) 5Michel Develay, De l'apprentissage à l'enseignement, Paris, ESF Editeur, 1992 pp.22-25. 11 La liste dressée ci-dessus n'est pas exhaustive mais fait déjà preuve d'une certaine ouverture. En effet, la présence des Ateliers Jazz, Musique actuelle, Musique traditionnelle, sont le résultats de l'évolution des publics et des missions. Il n'en a pas toujours été ainsi: [...] la modélisation de l'école de musique la plus courante, l'école organisée autour de trois pratiques: la pratique individuelle, la musique de chambre, l'orchestre, est de plus en plus questionnée, peut être parce que l'orchestre est ressenti davantage comme un « service » plus que comme un lieu de construction de soi préparant à une pratique amateur « référée. »[...]6 Si les pratiques collectives sont ressenties comme un service, c'est qu'elles ne répondent pas à une attente, une demande de la part des élèves. (Ce n'est pas le public qui doit être au service d'une école, mais l'école au service du public! Ce n'est pas si simple pas une demande de consommation) Car si l'on restreint le champs des pratiques collectives, on restreint un répertoire, une manière de travailler et donc un public. C'est pour cela que l'on se doit de diversifier nos activités. La prise en compte des attentes du public qui s'adresse à l'école de musique impose de nouvelles formes de réponses: elle devient un challenge à relever sur la possibilité de construire une pratique musicienne amateur de haute qualité dans des champs de culturels hétérogènes.7 Quand on parle de champs culturels hétérogènes, on parle aussi de manière de travailler. Un musicien de formation classique ne va pas aborder la musique de la même manière qu'un musicien traditionnel, qu'un jazzman ou qu'un musicien de rock; ne serait-ce que 6 E. Demange, K. Hann & J.-C. Lartigot, Apprendre la musique ensemble, Ed Symétrie, 2007 pp 102. 7 Item, pp103 12 dans l'utilisation des supports. L'un va privilégier la partition, l'autre son oreille, un groupe de rock va être amené à travailler sur de la composition en groupe, un jazzman va développer son vocabulaire d'improvisation en jouant avec d'autres. Chaque manières de travailler a ses vertus mais pourquoi ne pas s'inspirer de ces différentes manières d'aborder la musique afin de les inscrire dans notre pédagogie? b) quelle place à la créativité? Comme nous venons de le dire, les pratiques collectives sont importantes et participent au développement musical des élèves. Mais quelle place laisse t-on à l'invention et à la création dans ces pratiques? Si le but de ces pratiques est de produire un résultat par le biais d'un répertoire, on peut passer à coté de quelque chose d'important. Le but de ces pratiques n'est il pas de motiver les élèves et de les amener à de nouvelles connaissances? Les pratiques collectives de la musique ne servent pas toutes de renforcement de la motivation de l'élève: si on observe les séances d'orchestre, on constate que les élèves sont inactifs de longs moments et s'y ennuient souvent.8 Si on replace ces pratiques au même titre qu'un cours d'instrument « traditionnel », les élèves vont ressentir une lassitude et ne développeront pas de nouvelles connaissances, ils se retrouveront dans la situation où ils réalisent une partition. C'est pour cela que nous devons rester attentif et créer des situations qui mobilisent l'attention des élèves. Une des situations permettant de les mobiliser, est de les mettre en situation d'invention. On pourrait par exemple donner une mélodie à une classe d'orchestre et demander aux élèves de créer une deuxième voie mélodique, puis une ligne de contrebasse qui accompagnerait l'ensemble. Cela pourrait créer l'occasion de développer des connaissances harmonique, d'arrangement. Ainsi, un pupitre de violon 2, d'alto, de 8 E. Demange, K. Hann & J.-C. Lartigot, Apprendre la musique ensemble, Ed Symétrie, 2007 pp 127 13 contrebasse..., pourrait réellement prendre conscience de son importance dans la réalisation d'une partition d'orchestre. B. La place de l'invention dans le cursus 1. exemples dans ma pratique d'enseignement a) dans le cour de guitare Dans mes cours de guitares classique et électrique, j'essaye au travers d'expériences pédagogiques diverses de développer au mieux chez mes élèves des situations d'invention. Je passe souvent par des moments d'improvisation puis dans un second temps par une phase d'écriture. Voici un exemple de situation: Je propose une grille d'accord simple utilisant le Ier, le IVème et le Vème degré d'une gamme (les accords sont des accords à trois sons). Je leur demande d'improviser sur cette grille avec la gamme correspondante (notons que ces moments d'improvisation sont enregistrés afin de pouvoir les écouter par la suite). Souvent, on peut constater que les élèves apprécient ces moments car il se sentent vraiment « acteur » de ce qu'ils jouent. Ensuite je leur demande si toutes les notes de la gamme sonnent bien sur les accords. La plus part du temps la réponse est positive. Lorsque l'on écoute l'enregistrement ils se rendent compte que de temps en temps certaines notes ne sonnent pas bien. Je leur demande d'émettre des hypothèses afin de savoir pourquoi « ça ne sonne pas bien ». Ensuite, je leur demande de jouer en insistant, chaque notes de la gamme pendant que je joue chaque accords. Ainsi pendant que je joue l'accord du Ier degré, l'élève prend le temps d'apprécier chaque notes de la gamme et d'écouter si elles sonnent bien ou pas sur l'accord. Pour chaque degrés (accords) nous allons répéter ce travail afin de déterminer quels sont les notes qui sonnent bien avec les différents degrés. Ces notes consonantes, sont ainsi sélectionnées et notées sous les accords correspondants. Notons que, selon les élèves, certaines notes sont pour certains dissonantes et pour d'autres, consonantes. Cela est, je suppose, une réaction liée à la culture musicale. Après avoir noté les notes consonantes, je leur repose la question: pourquoi ces notes sonnent t-elles bien 14 avec les accords? Pour certains, la réponse est simple, ils ont une notion de ce qu'est un accord, ils en concluent donc en disant que ce sont les notes qui le constituent. Pour d'autres, la réponse est moins évidente, ils ont souvent une vague idée de la notion d'accord. Il convient donc, de travailler sur cette notion avant de continuer le travail. La suite du travail va consister à écrire une mélodie sur la grille donnée à l'aide des notes des accords. Je leur propose un rythme sur quatre mesures à base de noires et de blanches. Une fois ce travail accompli, je leur propose une mélodie utilisant des notes des accords mélangées avec des notes étrangères (notes de passage, broderies...). Ainsi ils se trouvent face à une contradiction par rapport à la situation précédente: les notes qui dissonaient, se trouvent mélodieuses lorsqu'elles sont mélangées aux notes réelles. Après avoir remarqué ce phénomène, je leur demande pourquoi ces notes étrangères aux accords deviennent elles jolies. Voyant que cette note étrangère est placée entre deux notes réelles de l'accord, l'élève a vite compris qu'elle ne fait que passer. C'est là que je lui demande, en partant de la mélodie qu'il a écrit, d'y intégrer des notes étrangères. Ce genre de situation pédagogique, permet à l'élève de construire plusieurs notions: des notions d'accord, de tonalité, de notes étrangères et au delà de ces notions, il développe son oreille et une conscience de l'interaction harmonique et mélodique. b) dans l'atelier de musique actuelle Ce travail avec l'atelier de musique actuelle a été réalisé dans le cadre du « projet avec les élèves » demandé par le CEFEDEM. L'atelier s'est produit sur scène le 17 juin 2007 à Dinan. Le projet vise à faire travailler des élèves de musique actuelle autour d'un travail d'arrangement de 2 morceaux de Herbie Hancock (Cantaloupe Island, Butterfly). A partir d'une partition (thème et grille d'accords), ils pourront faire des choix d'arrangements en prenant en compte les différents instruments du groupe. (2 guitares, Basse, Batterie, Trombone) 15 Ces élèves de musique actuelle, sont depuis le début de l'année sur une démarche de création, de composition et par conséquent, d'arrangement. Un des membres du groupe amène une idée qui est développé par tous. Ils se trouvent souvent face à la même difficulté: donner un forme,La structure du morceau. L'idée de ce projet est de les faire travailler sur des morceaux avec des éléments simples, qu'ils pourront remanier grâce à l'orchestration, la rythmique. Grâce à ce travail, ils pourront créer une sorte de « banque d'idées» d'arrangements dans laquelle ils pourront se servir, faire des choix et les organiser afin de donner une forme aux morceaux. Les objectifs pour ce projet sont de donner une forme aux morceaux en utilisant l'orchestration: les rôles des instruments peuvent être renversés. Par exemple la thématique peut être donnée aux instruments rythmiques tel que la basse ou la batterie, un instrument mélodique peut prendre un rôle rythmique (riffs). La rythmique du morceau ne doit pas nécessairement rester tel que dans l'original: les élèves pourront transformer la mesure et par conséquent adapter les éléments comme la ligne de basse afin de correspondre à la nouvelle métrique. Des parties d'improvisation devront être distribués au musiciens et seront intimement liées à la forme du morceau. Pour finir, les morceaux arrangés devront être joués en public. Les critères d'évaluation seront basés sur la capacité à faire émerger une structure aux morceaux, à utiliser les différents instruments (orchestration), à remanier les différents éléments (ligne de basse, mélodie, rythmique...). 16 Le travail s'organise en plusieurs séances d'une heure. Le groupe continue de travailler en autonomie après chaque séance de travail. 1ère séance: Distribution des partitions: Les supports donnés sont tirés des « real book ». On peut y voir écrit les différents éléments des morceaux: la grille harmonique, le thème, voire quelques éléments d'arrangement. Afin de leur donner une idée des morceaux, je leur ferai écouter deux versions de chaque morceaux. Suite à cette écoute, ils devront me dire ce qu'ils ont entendu de différent entre les deux interprétations. Déchiffrage: Sans chercher à arranger, le groupe essayera de déchiffrer et de « faire tourner » quelques éléments des morceaux. 2ème séance: Ecoute, analyse: Les élèves auront à analyser à l'écoute, les différences d'arrangements entre plusieurs versions d'un morceau. Il sera demandé aux élèves de décrire leur forme et de proposer des hypothèses sur les éléments musicaux qui créent la forme. Suite à ce travail, une discussion pourra commencer autour des différentes idées 17 d'arrangements. Ils pourront aussi s'inspirer des différentes choses entendues pour les replacer dans les arrangements qu'ils doivent réaliser. 3ème séance: Cette séance sera consacrée à l'expérimentation des différentes idées qui auront émergé suite au travail d'analyse. L'enregistrement pourra servir au élèves afin d'avoir un recul sur leur travail puis permettra un moment de discussion. Aussi, il leur sera demandé de prendre un moment pour décider d'une forme des morceaux. Ce travail devra se répéter sur les autres séances selon leurs besoins. Autres séances: Les séances suivantes permettront de continuer le travail commencé puis de mettre en place les morceaux. En fonction de leur différents besoins, un travail sur l'harmonie, le rythme, l'improvisation pourra être réalisé. Rapport suite à la prestation: Dans un premier temps, il est important de soulever que les choses ne se passent pas comme prévu. En effet, un des guitaristes n'a pu participer au projet car au moment du concert, il se trouvait en Angleterre! Les emplois du temps de chacun (car certains passaient le Bac) ne permettaient pas de répétitions régulières à cause des révisions. nous a dû revoir les objectifs du projet, afin que celui-ci soit réalisable. Dans un premier 18 temps, on a du supprimer un morceau. C'est alors que je leur ai proposé d'arranger « Cantaloupe Island » de Herbie Hancock, puis si ils avaient le temps, de reprendre un autre morceau (du même compositeur) vu dans l'année qu'ils devaient essayer de réarranger: « Cameleon ». Mission accomplie! Finalement, le projet a été mené à bien. Les élèves se sont appliqués à réaliser un arrangement personnel. Ils ont pris note des différentes ressources et contraintes que je leur avais amené pendant les séances de travail, à savoir qu'ils ont donné une forme au morceau en l'orchestrant d'une manière pour l'introduction, puis d'une autre pour l'exposition du thème, en changeant la rythmique pendant le « chorus » et enfin en changeant la mesure pour la fin du morceau. Bien évidemment, au moment de la représentation, tous ne s'est pas passé comme prévu. Face au stress du concert et sûrement au manque de temps de répétitions, les élèves ont eu quelques difficultés. Lors de l'improvisation, la grille harmonique n'a pas été respectée. Pour palier à ce problème je proposerai de continuer un travail que j'avais commencé avec eux: • jouer à l'unisson le thème (en respectant les moments de silences pendant le thème car il se trouve que dans Cantaloup Island, il y a 4 mesures jouées par la rythmique seule). • Faire chanter la grille harmonique (en chantant seulement les fondamentales) et en respectant le temps de chaque accords. La mise en place du changement de mesure à la fin du morceau n'a pas été correctement réalisée. 19 Le tromboniste a eu quelques difficultés à réaliser le rythme du thème. Ce jeune cuivre n' a pas l'habitude du jouer ce genre de musique qui est rythmiquement basée sur l' « after beat ». Tous cela est un phénomène de culture musicale et de ressenti physique de la pulsation. Pour palier à cela, je lui proposerais plusieurs pistes de travail: • Ecouter du jazz, du Funk en lui proposant quelques références. • Chanter le thème en tapant l' « after beat ». • Un travail au métronome en le réglant deux fois moins vite et en imaginant que les battements deviennent le 2ème et le 4ème temps de la mesure. • Une petite pratique de la batterie en essayant de réaliser un rythme simple (voire jouer essentiellement la caisse claire sur les 2ème et 4ème temps de la mesure). Pour conclure, je pense que ce travail, qui les a amené à travailler sur des éléments simples en les transformant au niveau de l'orchestration, de la rythmique, leur permettra de réutiliser ces différents outils dans leurs propres compositions. 2. La prise en compte du projet de l'élève Le pro-jet: (la projection) Jeter devant. C'est l'action de prendre quelque chose en soi et de le jeter devant soi, d'adopter dans la réalité de l'environnement une part plus ou moins large de son désir. C'est la démarche de projection. La projection est une action dans le présent; le projet, lui, apporte la représentation de l'avenir. Le pro-jet (la projection) est la dimension spatiale du projet, celle qui se réalise dans la présent, dans l'ici et maintenant, tandis que le projet s'inscrit dans l'ailleurs et plus tard. On ne peut plus de nos jours demander à un élève d'être seulement un « citoyen témoin » d'une culture, d'un héritage musical de quatre siècles. Comme nous l'avons vu plus haut, les publics et les missions des écoles de musique ont évoluées: « L'école de musique commence dans les vingt dernières années du XXème siècle, à relever un nouveau 20 défi qui questionne la position même d'amateur comme celle d'un engagement personnel dans une pratique et non pas comme l'effort et le détour pratique nécessaire pour que se transmette un patrimoine culturel. » ( E. Demange, K. Hann & J.-C. Lartigot, Apprendre la musique ensemble, pp 104). Les plus jeunes élèves n'on pas forcément de projet défini mais un élève pré-adulte a sûrement une idée de ce qu'il veut faire. En tant qu'acteur de ces établissements, nous nous devons de prendre compte leurs projets et de les y accompagner. En tant qu'accompagnateur de leur projets, nous pouvons créer des situations qui mobilisent l'invention. « il s'agit de placer l'amateur au coeur même des « arts de faire » plongé dans des activités même « brouillonantes ».( E. Demange, K. Hann & J.-C. Lartigot, Apprendre la musique ensemble, pp 104). C. La « créativité » de l'élève dans quel but? Pour rendre l'élève acteur de son apprentissage. En science de l'éducation, les études de plusieurs praticiens, théoriciens démontrent les qualités d'une démarche de création, d'invention dans les processus d'apprentissages: Freinet prêtait toutes les vertus au "tâtonnement expérimental", terme qu'il avait forgé mais dont certains n'ont indûment et superficiellement retenu que la connotation péjorative fâcheuse du terme "tâtonnement" qui a longtemps porté tort à sa Pédagogie. Mais FREINET, nous semble-t-il et cela peut poser problème, pensait sans doute davantage au cheminement du chercheur / découvreur qu'à celui de l'apprenant / imitateur de Reuchlin ou Alain, tant il est vrai que ses options le portaient moins à imiter qu'à créer . Le texte libre, le dessin libre en témoignent avec force qui sont attachés à jamais à la Pédagogie Freinet, mais qui ne sauraient cependant faire oublier sa publication trop méconnue de fichiers de "textes d'auteurs" destinés à montrer à l'enfant 21 ce que les "grands auteurs" avaient pu écrire, à l'instar de leurs "textes libres", sur des sujets analogues. Le souci de la liberté créatrice de l'enfant, qui est l'un des piliers de la Pédagogie Freinet, n'était évidemment pas celui d'un marginal en rupture de ban, ni même peut être celui d'un intégriste réfractaire à tout "modeling".... Quoi qu'il en soit, le "tâtonnement expérimental" de Freinet, dans son principe même, mérite plus qu'un intérêt poli ou qu'un regard dédaigneux. Il met en œuvre, à travers un processus complexe d'essais et d'erreurs constamment évalués et réajustés, ce précieux raisonnement hypothético-déductif qui est l'objectif suprême des pratiques de l'éducabilité cognitive. Freinet avait bien compris cela, qui autorise à le situer en précurseur dans la mouvance de l'éducabilité cognitive.9 Dans Apprendre...oui mais comment. Philippe Meirieu propose une typologie des opérations mentales sollicitées dans les apprentissages. Ces opérations mentales sont: la déduction, l'induction et la créativité. C'est cette troisième opération mentale qui, ici, va nous intéresser. « ...dans la formulation de J-P Guilford, la créativité apparaît conditionnée par une opération mentale très précise: la divergence. Il s'agit de mettre en relation des éléments considérés habituellement comme disparates, appartenant à des champs ou à des registres différents et dont la rencontre produit la nouveauté. »10 Il faut faire attention à la dérive selon laquelle la créativité est associée à la liberté. En effet l'élève doit toujours être encadré dans un dispositif avec des contraintes organisées par l'enseignant. Philippe Meirieu décrit, ici, ce dispositif: « Si l'on cherche à traduire cette opération mentale en terme de dispositif, nous devons convenir que, contre toute attente, ce qui suscite 9 Internet: Site de La pédagogie de maîtrise à effet vicariant http://pmev.lagoon.nc/freinet.htm 10 Philippe MEIRIEU, Apprendre... oui, mais comment. Edition ESF, Paris, 1987.pp 116 22 l'imagination n'est pas la liberté mais la contrainte, l'obligation dans laquelle se trouve le sujet de prendre en compte les éléments qui lui échappaient jusque-là, et de les mettre en rapport avec ce qu'il connaissait déjà. Le dispositif pourra donc programmer l'inattendu, organiser la contingence, imposer la rencontre entre des matériaux disparates et multiples provenant de diverses sources. Il faudra donc fournir à l'élève ces matériaux et le contraindre de les intégrer dans son activité habituelle.... L'exercice prendra toujours la forme d'une « mise en relation » et entraînera le sujet à une opération mentale qui ne pourra le conduire à plus d'autonomie et d'inventivité... Car, à nouveau ici pour la divergence comme pour les autres opérations mentales, nous faisons le pari que le dispositif peut former à des dispositions.11 11 Item. pp116,117. 23 Conclusion: Quel musicien veut t-on former? Dans les écoles de musique, nous sommes amenés à former un public divers et varié, selon leur origines socioprofessionnelles. La nature de leurs demandes est aussi diversifiée. Nous ne sommes plus amenés à former uniquement des lecteurs, interprètes professionnels. Que nous formions des musiciens amateurs ou des musiciens professionnels, nous nous devons de développer chez eux une certaine autonomie. C'est en cela que l'invention, la création sont importantes et sont aussi le moyen de développer des connaissances mais aussi de pouvoir être autonome face à une situation courante de la vie d'un musicien. Si on veut qu'un musicien, en sortant d'une école de musique, puisse continuer son activité musicale en dehors des murs, il faut lui en donner les moyens. Il peut être amené à jouer avec des musiciens divers et divers instruments, pouvoir arranger un morceau pour cet effectif instrumental hétérogène qui n'a rien à voir avec la version originale. Enfin, une somme importante de contraintes qui, si il n'a pas de moyens pour y remédier, lui feront perdre confiance et peut être même abandonner. C'est à mon sens important, pour qu'un musicien amateur puisse mener à bien son projet, mettre au sein de son cursus dans l'école de musique les outils lui permettant ensuite de continuer sa vie musicale. 24 Bibliographie ● Michel Develay, De l'apprentissage à l'enseignement, Paris, ESF Editeur, 1992 ● Piaget, Où va l’éducation? comprendre c'est inventer, Paris,1988, Ed Gallimard ● Philippe MEIRIEU, Apprendre... oui, mais comment. Edition ESF, Paris, 1987. ● E. Demange, K. Hann & J.-C. Lartigot, Apprendre la musique ensemble, Ed Symétrie, 2007. Internet ● BOUGERET Gérard, Créer pour comprendre: l'exemple de l'écriture musicale est-il transposable? INRP, en ligne. http://www.inrp.fr/Acces/Biennale/6biennale/Contrib/affich.php?&mode=long&NU M=88 ● Site de La pédagogie de maîtrise à effet vicariant http://pmev.lagoon.nc/freinet.htm ● Construire des compétences – entretient avec Philippe Pernoud, Université de Genève – Propos recueillis par Paola Gentille et Roberta Bencini. Texte original d'un entretien « A arte de construir competências » paru en portugais dans Nova Escola (Brasil) Septembre 2000, P.19-31 http://www.svt.berkane.free.fr/constr_comp.htm Autres Ressources ● Schéma directeur de l'organisation pédagogique des écoles de musique et de danse 1992. 25 ● « The Composer Is a University Commodity », dans The Writings of Elliott Carter, textes réunis et annotés par Else Stone et Kurt Stone, Indiana University Press, 1977. / présenté dans « Enseigner La Composition », Textes réunis par Peter Szendy. 26