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Concours de l’été 2012
2012, portrait de la transidentité en France
Roxanne
« Il fuit son corps pour un autre corps idéaliste, stérile. C’est parce qu’il met en question les
racines de notre identité que ce transfuge nous interroge. La large diffusion de l’information par
les médias et les progrès de la médecine ont propulsé le transsexuel sur la scène des phénomènes
de société. Le transsexuel fascine : il est l’objet total du désir. "L’homme prostitué en femme a
beaucoup de succès sur les trottoirs" (Welzer-Lang). Cependant lorsque le vrai transsexuel se
prostitue, c’est la plupart du temps afin de réunir les sommes nécessaires à sa transformation.
Le transsexualisme, ainsi lié au désir et à l’argent, est en effet une pathologie mentale rare qui
relève de la psychiatrie. Il s’agit de la conviction intime qu’éprouve un sujet, génétiquement,
anatomiquement et biologiquement normal, d’appartenir à l’autre sexe. Le transsexualisme
concerne également le champ social puisqu’il pose un problème juridique, médico-légal et
éthique. Le consensus est loin d’être réuni actuellement sur ces trois aspects. Le transsexuel, est,
avec légèreté, assimilé à "l’homosexuel, le pervers, le prostitué", ce qui favorise son rejet et
augmente sa souffrance. »
Il y a moins de dix ans, le docteur Jean-Claude Penochet, éminent psychiatre de Montpellier,
secrétaire général du syndicat des psychiatres des hôpitaux en charge des personnes transsexuelles,
s'exprimait ainsi à l'égard de ses cas d’étude transsexuels, dans un article nommé « Le transfuge du
corps ».
Le 15/02/2010, un article paru dans le journal l'Humanité citait:
« Un décret a sorti le transsexualisme des « affections psychiatriques de longue durée ».
Le transsexualisme n’est plus une maladie mentale dans notre pays. La France est ainsi le premier
pays au monde à faire cette démarche par un décret publié, mercredi dernier, au Journal officiel.
Ce décret du ministère de la Santé supprime « les troubles précoces de l’identité de genre » d’un
article du Code de la Sécurité sociale relatif aux « affections psychiatriques de longue durée ».
Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, avait annoncé, le 16 mai 2009, à la veille de la Journée
mondiale de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, sa volonté de ne plus considérer les
transsexuels (50 000 personnes environ) comme des malades psychiatriques. En clair, il s’agit
d’une déclassification, les personnes trans sortant de la classification de l’Organisation mondiale
de la santé. Joël Bedos, responsable français au comité Idaho (International Day Against
Homophobia and Transphobia), s’est réjoui de cette annonce : « C’est important, cette avancée
pourra aider à faire évoluer les mentalités à l’égard des personnes trans, fortement stigmatisées
en France comme dans de nombreux pays. » Les associations trans, satisfaites, ont toutefois
précisé qu’elles veilleront à ce que les transsexuels français continuent d’être pris en charge par la
Sécurité sociale, le transsexualisme pourrait être alors classé comme affection longue durée « hors
liste ». L’association Outrans a rappelé que ce changement n’empêche pas pour autant le
transsexualisme de rester psychiatrisé. En effet, les trans restent notamment soumis à un suivi
psychiatrique la transphobie n’est toujours pas reconnue comme une discrimination par la Halde,
le changement d’identité reste difficile et la stérilisation forcée obligatoire. »
A première vue, on aurait presque envie de ruer dans les brancards en lisant la citation du
psychiatre, l'emploi des termes « pathologie mentale rare qui relève de la psychiatrie » étant en effet
assez indigeste.
A contrario, l'annonce du décret semble posséder toutes les caractéristiques d'une véritable avancée
sociale.
Je crois cependant qu'il ne faut jamais s'arrêter à une première lecture pour brandir le poing et hurler
au scandale, ou au contraire crier victoire et lancer les cotillons.
Si je cite ici l'article de ce journal au lieu de copier tout ou partie du décret, c'est justement parce
que le journaliste évoque, à travers d'autres citations, que le sujet reste néanmoins complexe, si ce
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n'est quasiment identique en termes de réelle avancée, allant jusqu’à exprimer la crainte (à juste titre
à mon humble avis) d'implications sur le mode de prise en charge de la Sécurité Sociale.
Si on relit les phrases du docteur Penochet, hormis certes pour cette classification assez violente de
« pathologie », on ressent néanmoins l'implication du médecin à travers les difficultés de ses
patients face à une société qui les rejette, les catalogue trop facilement et leur en fait voir de toutes
les couleurs à bien des niveaux.
Il cite entre autres l'assimilation « légère » du trouble d'identité de genre à la sexualité, en
l’occurrence homosexuelle, une des principales erreurs de jugement encore largement rencontrée de
nos jours.
Les apparences sont trop souvent trompeuses, les interprétations trop arbitraires et fondées sur trop
peu d’informations concrètes.
Souvent, les prises de parti, les actes militants, les accusations lancées de ci et de là envers la
société par les trans et leurs soutiens prennent l’aspect d’une bagarre de rue, désordonnée, violente
et malheureusement inefficace.
On a rarement vu remporter de victoire sans stratégie à l’appui.
Au cœur de la lutte entre le pot de terre et le pot de fer, la confrontation directe n’a d’autre effet que
le bris immédiat du premier.
Lors des combats dans les arènes, si, contre toute attente, celui qui était donné perdant et hué
d’office par la foule s’avérait être un fier et brave combattant, il était possible de voir les esprits
changer et le conspué devenir le héros.
Hors, la communauté transgenre est éparpillée.
Elle n’est réunie sous aucune égide, sous aucune stratégie commune et surtout sous aucune forme
de modération.
En gros, quels modes d'expression y retrouve t-on?
- Des associations, des mouvements indépendants ou au contraire noyés à travers des revendications
LGBT qui ne leur sont pas toutes communes, et n'offrent pas forcément la part belle aux membres
de la dernière lettre de leurs initiales.
- Des coups de gueule solitaires, exprimés à travers des blogs, des sites web dédiés transgenres à
l’amplitude d’action encore trop restreinte, des forums ou des réseaux sociaux encore loin d’être
capables de faire le buzz sur une revendication, toute aussi justifiée qu’elle puisse être.
- Une « propulsion médiatique », mentionnée d’ailleurs par le docteur Penochet, bien trop
importante depuis quelques années pour ne pas cacher des intentions calculées.
A ce sujet, je me désole du ton employé par la plupart des journalistes auteurs de nombreux
reportages sur cette communauté.
Supposé être impartial et neutre de jugement, le reporter ne peut s’empêcher de dramatiser son
sujet.
Il en ressort une ambiance générale douloureuse qui magnifie une image désemparée des
transsexuels et cautionne devant le grand public leur asociabilité.
En France, à l’étranger, on montre des personnes selon certains aspects de leur vie, certes bien réels,
mais à dominante négative, tels que le rejet des autres ou les difficultés de l’intégration sociale.
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Parfois c'est même beaucoup plus insidieux que de simplement montrer des trans en souffrance.
Prenons par exemple le cas de la Thaïlande.
On favorise en quelque sorte le tourisme thaï en montrant de sublimes ladyboys sur les marches des
plus prestigieux podiums.
Mais de quel tourisme parle-t-on ?
Ne serais-ce pas un certain tourisme sexuel qui favorise l’assimilation des trans à des prostituées?
Je le crains fort...
Tiens... c’est aussi ce que disait notre fameux psychiatre au début…
Pas si farfelu que çà somme toute…
En tout cas les pieds bien sur terre.
Enfin, et pour finir de recenser l’éparpillement de la communauté, je mentionnerais la majorité de
ses membres dont l’action est inexistante, peut-être par manque de conviction ou d’implication,
peut-être par doute personnel ou par superficialité confortable, sans oublier le « bémol d'honneur »
accordé à celles et ceux dont les motivations d’intégration sont plus que douteuses et qui œuvrent de
part leur attitude égocentrique et vulgaire à discréditer de façon systématique tous les efforts des
autres.
Je n'invente rien.
De nombreuses personnes se prétendant transidentitaires ne sont en fait motivées que par le sexe et
endossent un accoutrement plutôt qu'une identité afin de séduire différemment ou de plaire à une
autre catégorie de personnes.
Malheureusement, l'essentiel de l'image que ces imposteurs diffusent est étroitement liée à leur
fantasmagorie et dessert par sa vulgarité celle des réels transidentitaires.
Mais quelles émotions, quels sentiments se dégagent de cette communauté au final, devant autant
d'informations confuses?
Certains y croient…
Certains espèrent…
Certains voudraient bien y croire…
Certains y croyaient et n’y croient plus…
Certains n’y ont jamais cru…
Mais des plus optimistes aux plus pessimistes, des plus enjouées aux plus désabusées, il faut bien
reconnaître qu’essayer de se distinguer, d’être reconnue, voire simplement respectée lorsque l’on est
objectivement d’apparence différente n’est pas chose aisée.
Faut-il pour autant condamner d’emblée la société à travers quelques actes radicaux de
discrimination, au demeurant assez peu nombreux, ainsi qu’à travers les différentes formes que
l’incompréhension humaine peut revêtir ?
J’ai vu de nombreuses fois, et pour souvent peu de choses, comme par exemple à travers un
dialogue, une attitude ou parfois simplement un sourire, le regard de certaines personnes se
transformer et regretter leur attitude première de rejet.
L’incompréhension naît de l’ignorance, de l’inculture, du manque d’information ou au contraire
d’informations erronées nées de la rumeur.
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L’être humain craint ce qu’il ne saisit pas au premier abord et se protège derrière le rejet.
« Je ne comprends rien aux motivations de cette personne, elle ne doit pas être équilibrée »,
pourrait-on parfois entendre.
Un peu primaire comme jugement, vous en conviendrez…
Pourtant, et sans chercher à faire de prosélytisme, je pense que pour peu qu’elles sachent faire
preuve de sagesse et de recul, beaucoup des personnes ainsi discriminées sont des gens au contraire
équilibrés et dotés d’un bon esprit d’analyse, ceci leur conférant une grande objectivité.
Elles réunissent de ce fait un réel potentiel de communication, sachant qu'il est tout de même bien
plus agréable de s’entretenir avec une interlocutrice posée qu’avec une hystérique rageuse lorsqu’il
s’agit de s’informer…
Je constate avec joie qu'un nombre croissant de transgenres, les félicitant au passage pour leur
engagement et souvent leur courage, ont donc choisi de militer activement ou passivement pour la
reconnaissance de notre genre auprès de la société, en osant se montrer au grand jour ou à la pleine
lune, en tout cas dans la lumière et sans raser les murs.
Les plus actives vont au devant des gens, militent, argumentent les conversations, répondent avec
plaisir aux interrogations que leur présence suscite.
Les plus timides se contentent d’être individus lambda dans la foule et d’apprécier que des
personnes puissent leur témoigner du respect, de la considération, voire des marques de sympathie,
permettant parfois de générer quelques échanges enrichissants.
Pour citer mon exemple, je ne me sens pas particulièrement investie d’une « mission »
d’information à chaque sortie que je fais, mais je me comporte en revanche comme je l’ai toujours
fait.
D’un naturel avenant, je ne refuse pas les dialogues et fais fi du mépris.
Ma tête est droite et si mon regard en rencontre un autre il s’adaptera au message reçu sans jamais
pour autant s’y soumettre.
Un regard amical sera rendu appuyé d’un sourire, un regard surpris aussi.
Un regard méprisant ou un regard agressif seront eux récompensés d’un regard neutre ou appuyé
d’une pointe d’ironie suivant l’humeur, mais jamais détourné.
Nous vivons dans un pays où la norme et la morale sont parfois encore très rigoureuses lorsque l’on
parle de sexualité.
Le souci, c’est que l’essentiel des gens commettent l’erreur déjà citée de confondre identité de genre
et identité sexuelle...
Si un transgenre se promène en ville, il fonctionne comme n’importe quel promeneur.
Il souhaite, comme n’importe quelle femme ou n’importe quel homme, pouvoir entrer dans une
boutique pour des emplettes, prendre un café à une terrasse, visiter une expo, etc...
Enfin ni plus ni moins faire ce que tout le monde fait sans recevoir la moindre remarque.
Les témoins de cette présence encore inhabituelle seront cependant très rares à être à même de
considérer cette personne comme lambda.
Si les réactions peuvent varier à l’infini, on distinguera cependant chez chaque témoin deux risques
d’attitude distincts selon qu’il soit seul ou accompagné.
J’en veux pour preuve les réactions maintes fois constatées de la part des hommes pour qui, comme
le cite le docteur Penochet (décidément encore lui…) : « Le transsexuel fascine : il est l’objet total
du désir. ».
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Un désir qui chez les hommes, très souvent gouvernés par l'instinct sexuel, ne s’exprime le plus
fréquemment envers nous que dans les cadres les plus discrets, tabous sociaux obligent.
On imaginerait volontiers cette personne dans son lit mais de la à lui faire la cour en public il ne
faut pas abuser non plus…
Isolé, l’homme cherchera peut-être une approche discrète ou n’osera pas, mais ne manquera pas
d’imprimer dans son esprit cette image troublante.
Là où çà se corse c’est lorsque ce même homme est accompagné d’une compagne ou d’autres
amis…
Dans le premier cas, la frustration engendrée par son incapacité à agir sera souvent compensée par
des moqueries à l’égard de la trans, murmurée à l’oreille de sa partenaire, plus pour se
déculpabiliser et par peur de montrer son attirance.
Dans le second cas, cela peut aller d’une moquerie de groupe nettement moins discrète, si plusieurs
individus se trouvent du coup placés dans la même situation de frustration et de gêne, jusqu’à des
mots et actes transphobes dans le cas de personnages peu recommandables…
Qui n’a pas connu de gens sympathiques dont le caractère se métamorphosait en présence de leurs
amis?
Si un individu, à priori pacifiste, se trouve en présence de copains belliqueux, il se ralliera le plus
souvent à leur cause, préférant se comporter comme un sombre idiot que de faire acte d’autonomie
de pensée au risque d’être rejeté du groupe.
Il est vraiment très rare de ce fait de subir une attitude hostile de la part de personnes isolées, alors
que cela est plus fréquent de la part des groupes.
Cela tend donc à prouver qu'il s'agit bien d'un malaise sociétal dû à une image péjorative d'une
communauté mal perçue.
Il faut dire que les gens à l'esprit étriqué aiment à cataloguer dans de jolis tiroirs bien ordonnés les
personnes que le hasard met sur leur chemin.
Monsieur et madame « Toutlemonde », abreuvés de télévision et de médias, n'ont pour repères face
à l'inconnu que ce qu'ils ont pu entendre par le bouche à oreilles ou voir dans les reportages.
Leur réaction en présence d'un transgenre, dans la rue ou dans un lieu clos, va être dès lors
gouvernée par la curiosité d'une part et par l'image renvoyée d'autre part.
C'est en cela que, dans un contexte où l'émergence de ce monde encore très mal cerné est en plein
essor, celles qui « osent » assumer leur existence face au commun des mortels ont quand même un
certain rôle à jouer.
Elles sont importantes, essentielles même, oserais-je dire, à faire bouger les choses.
Ethan Hawke, acteur et réalisateur américain disait fort justement: « Tout engagement génère des
compromis, et il est évidemment beaucoup plus facile de rester soi-même en ne faisant rien ».
Ces personnes, qu’elles en aient conscience ou pas, sont les pionnières d'une évolution future qui
pourrait être marquante à travers l'Histoire, car elles sont les ambassadrices d'une minorité bien plus
importante qu'on ne pourrait le croire.
Elles aussi lisent et entendent les médias.
Elles savent qu'il est parfois risqué à ses dépends de bouleverser le paysage habituel des gens...
De ce fait, le recensement d'un grand nombre est quasiment impossible car bien trop « souterrain ».
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C'est un peu comme un iceberg, 1/10e de sa masse émerge et le reste est sous l'eau.
Il faut plonger dans l'immense aquarium du web pour se rendre compte de cette existence cachée,
car pléthore de sites internet recensent ces personnes en recherche d'identité.
Malheureusement, et une fois de plus, le supermarché du net ne fait que très rarement le distinguo
entre identité sexuelle et de genre.
Et il faut avouer que beaucoup de transgenres s'y perdent aussi...
Certaines sont tellement avides de reconnaissance qu'elles s'inscrivent sur tout ce qui peut avoir de
près ou de loin un rapport avec le troisième genre.
Erreur fatale pour qui, à l'origine, se pose un réel problème de genre.
On les retrouve sur des sites communautaires sérieux dédiés à l'information transgenre, mais aussi
sur des sites de rencontre, voire des sites à vocation sexuelle.
A priori, rien n'interdit à personne d'effectuer une recherche d'identité de genre et corrélativement
d'assumer leurs besoins sexuels.
C'est l'amalgame systématique qui va poser un problème à celles pour qui cette différence bien
marquée reste confuse.
En découvrant la facilité de se créer une existence virtuelle à travers les réseaux sociaux, en
profitant de la facilité de contacts à caractère sexuel que procurent les sites de rencontres, ces
transgenres, encore très effrayées à l'idée de sortir au grand jour, vont se complaire dans ce qu'elles
croient être une forme de réalisation personnelle.
Elles vont inéluctablement s'éloigner de la réalité en croyant s'y intégrer, mais resteront ni plus ni
moins différentes de ce qu'elles étaient avant, lorsqu'elles s'habillaient seules chez elles et
regardaient la rue de leur fenêtre, rêvant de pouvoir faire comme toutes ces femmes qui marchaient
sans crainte.
Cette virtualisation n'en reste pas moins une chimère, une bien petite lucarne sur la vie à laquelle
chacune est en droit d'attendre.
Mais sur le fond, que feraient-elles de mal en allant à la boulangerie ainsi?
Où est le problème, dans la mesure où personne n'enfreint la loi?
Le problème ne vient pas d'elles mais des autres.
C'est eux qui vont la montrer du doigt.
Ce sont ses voisins qui vont la ranger immédiatement dans la catégorie des gens bizarres si ce n'est
des pervers.
C'est eux qui doivent changer d'attitude...
On entend fréquemment des gens dire « la rue est à tout le monde! », « la plage est à tout le
monde! », etc etc...
Ces mêmes gens seraient-ils aussi affirmatifs s'il s'agissait de défendre la présence d'une trans?
Mais soyons réalistes.
Rome ne s'est pas faite en un jour.
N'oublions pas que si aujourd'hui les femmes ont la capacité d'être candidates à la présidence, on en
aurait ri il y a à peine quelques décennies.
L'humanité a, au fil du temps, imposé de lourdes valeurs morales, pour la plupart éculées, mais
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toujours bien implantées dans les esprits.
Ces valeurs sont entretenues par les détenteurs de l'Ordre et de la Morale que sont les religions, les
pouvoirs publics, et les garants de traditions.
Elles sont autant de freins à la tolérance alors qu'elles devraient en être les garantes.
Mais chaque époque, et tout particulièrement depuis le 20e siècle, a vu des personnages courageux
défier cette obsolescence entretenue.
Les femmes ont lutté pour leurs droits, les salariés, les gays aussi, avec plus ou moins de succès
selon leurs revendications, mais toujours en faisant preuve de volonté et de courage, affrontant
l'opprobre sur un fondement commun: la solidarité.
Vaclav Havel, célèbre homme d'état et dramaturge tchèque citait: « Les droits doivent être
identiques pour les hommes de différentes races, de différents peuples, ils doivent être pareils pour
les deux sexes et pour les différentes religions ».
Souhaitait-il inclure le troisième genre dans cette phrase hautement humanitaire?
Il faudrait le lui demander mais j'ai tout à croire que oui.
Nous sommes pourtant un groupe encore trop disséminé, manquant d'unité, au sein duquel
beaucoup de mentalités divergent et beaucoup d'attitudes sont encore dans une représentation
caricaturale et desservante pour les autres.
D'un avis commun cependant, et je souhaite celui-ci fédérateur, quelques soient les motivations de
chacune, l'idéal de chacune serait une vraie reconnaissance identitaire.
La tolérance a ses limites, et beaucoup des catégories précitées en exemples le savent.
Les femmes ne sont toujours pas considérées égales aux hommes à de nombreux niveaux, les
salariés sont encore et toujours en lutte et les gays sont reconnus tant qu'ils ne « s'affichent » pas
trop hors de leurs ghettos.
C'est un travail de longue haleine, ils avancent d'amélioration en amélioration, reculent parfois
suivant l'action des dirigeants de ce monde, mais en y croyant, en se battant pour de futures
générations.
Et puis la tolérance, c'est bien mais c'est un pas.
Goethe a dit: « La tolérance ne devrait être qu'un état transitoire. Elle doit mener au respect.
Tolérer, c'est offenser »...
N'en est-il pas de même pour les transgenres qui n'en sont qu'aux balbutiements de cette
reconnaissance, qui à l'heure d'aujourd'hui passe par celles qui militent, dénoncent, s'affirment et
solidairement affrontent les regards étonnés ou hostiles, en sortant des placards réels ou virtuels où
elles étaient ou s'étaient enfermées, afin de faire de leur acte un exemple pour les autres?
Ne peut-on espérer qu'à force d'en rencontrer, se comportant comme n'importe qui, la tête haute et
sans ostentation notoire, les gens passeront leur chemin sans plus y trouver de raison de s'offusquer
une fois la surprise passée?
La démarginalisation n'est pas une utopie.
Malgré tout, je ne crois pas que j'aurais la chance de vivre dans un monde de la sorte.
Pour autant il ne sert à rien d'être égoïste et de ne pas œuvrer un minimum pour les autres.
Sénèque disait: « Pendant que nous sommes parmi les hommes, pratiquons l'humanité »...
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Agir pour celles de maintenant qui souffrent et agir pour celles de demain, qui elles pourront peutêtre, et je le souhaite de tout cœur, vivre leur vie et leurs rêves comme elles l'entendent.
Pour ma part, je mène ce combat avec le plus de cœur possible.
Parce que faire le bien, aider les autres, de quelque façon que ce soit, reste une inépuisable source
de bien-être.
J'ai choisi les mots pour cela, et je ne cesserais de parler et d'écrire afin de chercher à stimuler la
pensée, à rassurer et à avertir, à informer et à lutter contre l'obscurantisme et la médiocrité
savamment entretenue par ceux qui ne souhaitent pas voir évoluer les choses.
« Le pouvoir des mots est la force de l'humanité » disait Franck Dunand et je crois dur comme fer
en cela.
L'humanité c'est les hommes, les femmes, les trans tous confondus.
Un troisième genre émerge des sombres cachots du temps où il a vécu brimé et conspué.
Un genre qui ne souhaite plus être marginalisé mais bel et bien intégré.
« La vie est à tout le monde! » ai-je parfois envie de crier...
Nous n'avons pas affaire à une race d'extra-terrestres qui cherchent un nouveau sol ou une terre à
envahir, mais bel et bien à des hommes et des femmes nés sur Terre mais dans le mauvais corps et
qui ne cherchent simplement qu'à être des hommes et des femmes.
Pas de grand bouleversement au final.
Des êtres humains, des sentiments, des vies, sans plus ni moins de cas de figure que l'on en
rencontre chez celles et ceux qui ont eu la chance d'être nés en phase avec leur enveloppe.
J'incite toutes les lectrices de ce pamphlet, dont l'être est encore en proie au doute, à prendre
conscience de leur humanité, de leur normalité à l'échelle sociale et à se serrer les coudes afin de
créer l'unité qui manque encore cruellement à la communauté.
N'est seule que qui le veut bien, car la lutte pour la reconnaissance des droits est une lutte commune
et les militantes comptent sur tout le monde.
Chaque action, même si c'est un travail de fourmi, apporte sa pierre à l'édifice.
Chaque témoignage signe la pétition d'une existence supplémentaire, chaque voix entendue pèse
pour prouver que la communauté est vaste et motivée.
En conclusion, je dirais que si l'avenir nous appartient, il faut avant tout prendre conscience qu'il
nous appartient de construire notre avenir...
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