Musée royal d`Histoire naturelle de Belgique Koninklijk
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Musée royal d`Histoire naturelle de Belgique Koninklijk
BULLETIN MEDEDEELINGEN DU VAN HET Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique Koninklijk Natuurhistorisch Museum van België Tome XXII, n° 2. Bruxelles, février 1946. Dcel XXII, nr 2. Brussel, Februari 1946. NOTE SUR LES PSEUDOSCORPIONS DE LA FAUNE BELGE, par Jean CoO,'R EJJ\fAN (Bruxelles). L'ordre des Pseudoscorpions, ou Chélonèthes, n'a que fort peu d'espèces représentées en Belgique. L. BlDCKEJR ne mentionne que neuf espèces : Ohthoniu,s isehnoeheles (HEJRMANN) (= Ohthonhls myi L. KOCH). Ohthoni'ils 01'thodaetyl'lls (LEJAcn). Neobisi'ilm simile (L. Kocn) (= Obisi'ilm sim'ile L. KOCH) . NeobisÏ'llm simoni (L. KOCH) (= Obisi'1l'm simon'i I~. KOCH). OheiTidium mtlSe01"llm (LEJACH). Lamproehc1'nes nodOStlS (SCHlR,ANK) (= Ohelife1' nOd08tlS SCHRANK). Ohe1'1~es e'i1nieo'Ïcles (FAB'RICWS) (= Oheliifer ei1nieoides F.). Ohelifet· eaneroides (LINNÉ). Daetyloehelifet' latreillei (LEJAcn) (= Chelifm' d()gecl'i C. L. Kocn, O. sehaefferi C. L. KOCH). A. LAMEEiREJ reprend l'énumération des espèces précédentes, en omettant OhthonitlS 01'thodaetylus (LEJAcn), réduisant donc fi, huit le nombre de ces Arachnomorphes connus dans le pays. Parmi les collections du Musée d'Histoire naturelle étudiées par le regretté L. GI L'TAY, Conservateur à cette Institution, et sur la foi des notes manuscrites qu'il en a laissées, je relève de nouvelles localités de capture se rapportant à la plupart des espèces déjà citées. Cependant, Ohthoni1ls O1'thodaetyl1Is(LEJACH) , Oheiriditlm, n~useor1lm (LEJAcn) et N eo biSÎ'llm simoni (L. Kocn) 2 J. COOREMAN. - NOTE SUR I1ES PS:E1J1nOSCORPIONS ne figurent pas dans cette collection. Par contre, L. GllJTAY indique pour la première fois un Ob'isi'lt'ln '/n'USC01''Wm (LEACH), provenant de Kinkempois (1890). Or il est très vraisemblable que les O. simon'i (L. KOCH), se'ns'u BECKER, n'étaient autres que ùes O. '/n'IM:;COI'1tm (LEACH), car si la première de ces deux espèces ne fut plus retrouvée depuis BECKER, la seconde est tellement commune parmi les mousses et les détl'itus humiques des forêts, qu'il est tout à fait improbable que cet auteur ne l'ait pas eue entre les mains. Les Ohélonèthes recueillis pal' R. LERU'TH au cours de ses explorations des cavernes de Belgique, furent déterminés pal' les soins de M. BEUD,R. Ils se répartissent en cinq espèces: N eobisÎ'l/iln '/IIiUSCOr'l/im (LEACH), N eob'Ïsi'um sin1iÏle (L. KocH), Ohtho'/liins 'ischnocheles (HERJl1ANN) ,Ohth01vins tennIs (L. KOCH) , Ohthonins tctn/'chelnt,us (PREYSSVIDR). Les deux dernières constituant une nouvelle addition au catalogue des espèces belges. Au cours des dernières années, j'ai eu l'occasion de l'assembler et d'étudier un certain nombre de Ohélonèthes de Belgique; toutes les espèces déjà connues furent ainsi retrouvées, sauf O. tet'mchelat'us (PRElYSiSLiJi'(R) et O. ten1t'is (L. KOCH), ainsi que Neobisinm si/mon'i (L. KOCH). Trois nouvelles espèces pour la faune du pays, sont venues compléter ce. premier inventaire des Pseudoscorpions : • Alloche'l"nes wider'Ï(O. L. KOCH), Oherncs sco1'pioïcles(HERMANN) , Lasioche1'1ws IJilosns (ELLINGSEN). LIS'TE SYSTÊMAlTIQUE DES ESP,ÈCES. 1. Chthonius (Chthonitis) ischnocheles (HERMANN, 1804). Le plus commun du genre Olùthon'Ïns) en Belgique; on le trouve assez fréquemment sous les pierres, dans tout le pays, mais surtout en Ardennes. R. LERU'TH l'a capturé dans de nombreuses grottes et le l'ange parmi les troglophiles des entrées. Aux localités citées par BECKElR et LEIRtfTH, s'ajoutent: Moorsel (GILTAY), Wavreille (G. MARLIlJJR), 'frooz et Spy (A. OOLLART). 3 DE LA F.A:UNE BEDGE 2. Chthonius (Chthonius) tenuis (L. KOCH, 1873). Une capture parmi les feuilles mortes, à l'entrée de la grotte de Monceau, à Esneux (R. LEŒWlTH). (Cette espèce ne figure pas dans le mémoire de LERU"t'H.) 3. Chthonius (Chthonius) orthodactylus (LEACH, 1817). N'a été trouvé que dans les environs rle Liége : Liége (BECKER) et Trooz (A. COLLAET), sous des pierres. 4. Chthonius (Ephippiochthonius) tetrachelatus (PREYSSLER, 1790). Troglophile. Sous des pierres et parmi les feuilles mortes, à l'entrée de différentes grottes des provinces de Liége et de Luxembourg (R. LID;RU'TH). 5. Lamprochernes nodosus (SCHRANK, J 761). Espèce bien moins rare que ne l'indiquaient BECKER et LAMEERE. Sa prédilection marquée à se faire véhiculer par des Diptères des genres Fannia et Mtlsoa est bien connue (phorésie). Il n'est pas exceptionnel de capturer un de ces Insectes transportant six à huit Chélonèthes accrochés aux pattes de leur hôte momentané et dont le vol alourdi attire l'attention. L. nodo8tls fut capturé plusieurs fois à Bruxelles dans de telles conditions. 6. Chernes (Pselaphochernes) scorpioides (HERMANN, 1804). Espèce trouvée à Bruxelles en 1943 (A. COLLART) pendant son transport phorétique par M'li,soa domestioa LINNÉ. 7. Chernes cimicoides (FABRICIUS, 1793). Se trouve ordinairement sous les écorces d'arbres, dans les bois ou les jardins. A. COLI,AR'T en a capturé un exemplaire sous une pierre enfoncée, clans les Hautes-Fagnes, au lieu-clit « Rocher Frecleriq» (1939). 4 J.COOREMAN. - NOTE SUR LES :FSElU!DOSCO'RPlONS 8. Allochernes wideri cc. L. KOCH, 1843). Sous des écorces d'arbres, environs de Bruxelles, en 1944 (A. FRÉlIfINl<JVR). 9. Lasiochernes pilOSU8 (ELLINGSEN, 1910). Cette espèce, récoltée par N. ImLElUP, au cours de ses recherches sur la faune des nids de Taupe, IH'ésente un intérêt particulier. C'est, en effet, un Chélonèthe nettement pholéophile, qui prendra peut-être rang parmi les pholéobies lorsque sa biologie sera mieux connue. Je crois utile d'en retracer rapidement l'histoire et les avatars de ses appellations. C'est en 1910 qu'EI,LINGSElN décrivit OheUfcr pUOS'u,s) d'après un unique exemplaire mâle des collections du Musée deBerlin et qui provenait de Goysz, localité voisine du lac Neusiedl, en Autriche. Malheureusement, aucune indication de biotope n'accompagnait ce spécimen. Ses dimensions, d'après ELI,INGSElN, sont les suivantes: longueur du corps, 3 mm. ; largeur, 1,6 mm. ; longueur du céphalothorax, 1,17 mm. ; largeur, 1,21 mm.; articles du palpe, fémur, 1,00/0,54 mm.; tibia, 1,00/0,57 mm.; main, 0,83/0,70 mm.; doigts, 0,97 mm. Quelques années plus tard, F ALCOZ . (1914) trouvait dans un nid de Taupe de l'Isère) en France, un exemplaire femelle d'un Pseudoscorpion qu'il adressait à E. SIMON, pour détermination. Ce dernier le désigna sous le nom de Ohc'rnes pha.lm'a.t'/l.s SUroN. Cependant, l'année pl'écédente, au cours de ses recherches sur la faunule habitant les nids de Taupe au Grand-Duché de Luxembourg, HElSELHAUS avait récolté huit spécimens d'un Chernète et les signalait dans son premier tI'uyail, sans désignation spécifique. C'est également à E. SUroN qu'il envoya ses matériaux à déterminer. Celui-ci assimila ces Pseudoscorpions à O. pha.lerat'u,s) toutefois quelques détails, concernant une différence de taille et la longueur des poils recouvrant les pédipalpes des mMes, l'incitaient à admettre l'h,rpothèse d'une sous-espèce, voire d'une espèce nouvelle. Fort de cette opinion, HESElLHAUS n'hésita pas, lors d'une nouvelle publication, à créer, pour sa découverte, le nom de Ol~ernes falcO'lnonta1t'lt8 HESELHAUS. Il n'en donna toutefois aucune description, Illais se contenta de relater textuellement DE LA FAUNE B:ElUGE 5 les observations et les hésitations que E. SUroN lui avaient transmises au sujet de ce Ohernète. A la même époque, J. SAINlTJ1l-0LA:ùREl DElVILLIEJ capturait également deux femelles et un mâle de cette espèce à Gudmont, en Haute-Marne (France). L. BElRLAND, en 1925, reprenait l'étude de ce Ohélonèthe, d'après des exemplaires de la collection E. SIMON et de nouveaux spécimens recueillis par OOLAS et JARRIGEl, dans des terriers de Taupe de la Forêt de St-Germain, en Seine-et-Oise (France). Ne connaissant pas O. pilostts ELLINGS'lJJN, c'est sous le nom de OheUfer (Ohm'nes) fnlcomontOinttS HmS,)TILlIAUS qu'il donna de la femelle, non encore décrite, une diagnose accompagnée d'une figure. Notons cette remarque que faisait BlJJRLAND, après l'énumération des localités de capture: « Dans toutes ces localités, ce Ohelifer a été trouvé dans les terriers de Taupe, où, à ce que m'ont dit MM. COLAS et JAR'RIGlD, il est pnrfois nbondnnt ». Enfin, M. BmIlDR, en 1929, retrouvait ces Pseudoscorpions en gra,ncle q'uOintité) dans des nids de Taupe des environs de Vienne. Après examen du type, conservé au Musée de Berlin, cet Auteur conclut à la parfaite identité spécifique des exemplaires autrichiens, du O. phalcmttts SIMON et du O. fnlcomontanus HmsElLRAUS avec OheUfer pilostts EI,LrNGS'lJJN. BElIlDR soulignait également l'occurence exclusive de cette espèce dans les nids de Taupe. Oe n'est qu'en 1932 que M. BlJJIIDR créait le genre Lasiochernes) ayant O. pïlostts ELLINGSlJJN pour type, et comprenant encore une seconde espèce, O. jonicus BlJJIE1R, 1929. Les exemplaires recueillis par N. LlJJLElU'P proviennent de deux nids de Taupe; l'un, situé dans la Forêt de Soignes, aux environs de Bruxelles (2-XI-1945), ne l'enfermait qu'un seul individu mâle de grande taille, l'autre, construit à la lisière d'un Bois de Hêtres (Bois de Laurensart) à Basse-Wavre (18-XI1945), contenait 17 exemplaires. La taille des mâles, chélicères non compris, oscille entre 3,6 et 4,5 mm. ; leur moyenne étant de 3,9 mm. est donc supérieure de près d'un millimètre à l'exemplaire décrit pal' ELLINGSlJJN. Le rapport longueur/largeur du céphalothorax a une valeur très voisine de l'unité, quoique toujours inférieure à celleci. (Cette largeur étant toujours mesurée à la base du céphalothorax, où elle a, sa valeur maximum.) Oe rapport a une valeur de 0,9,7 pour le type; il est de 0,94 chez l'exemplaire de la 6 J. COOREMAN. - N'D'rE SUR LES PS'E'U'DOSCORPIONS Forêt de Soignes et de 0,94; 0,95; 0,96; 0,98; 0,98; 0,98; 0,98, chez les sept individus mâles de Basse-Wavre. La moyenne du rapport longueur/largeur est de 2,07 pour le fémur du palpe; 1,9 pour le tibia et 2,6 pour la pince. Lasiochernes pilosu,s ELLIN'GSEN, mâle, face dors.ale. Gr.: 13. Exemplaire de la forêt de Soignes, Bruxelles. (Les chélicères ont été enlevées.) Les femelles ont un aspect très variable suivant l'état de dilatation abdominale. Leurs longueurs, observées sur 10 exemplaires, s'échelonnent entre 3,0 et 4,5 mm.; la moyenne se trouvant de 3,5 mm. Le caractère pholéophile de Lasiochernes pîlostts ELLINGSEN est très net, car, si l'on en excepte l'exemplaire type du Muséum de Berlin, dont le biotope ne nous est pas connu, toutes les autres captures de cette espèce ont été faites dans des nids de Taupe. Mais .si l'on tient compte des nombreux terriers examinés par certains Auteurs, le nombre de nids abritant ce Pseudo- '7 DE LA FAUNE BEDGE scorpion est relativement faible. D'autre part, plusieurs cher· cheurs (JARRIGE et COLAS, prospectant la Forêt de St-Germain, .NI. BEII!JR, opérant aux environs de Vienne) ont observé que pa'l'foi8 ce Chernète y était abondant. Les captures réalisées jusqu'à présent par N. LELIDUiP confirment absolument cette particularité; sur plus de cent terriers fouillés, deux seulement abritaient des L. pilOS7l8 et dans l'un d'entre eux il y était en nombre. La présence du La8'iochel'nes pilo87l8 ELLLNGSElN dans un nid de Taupe doit donc être liée à des facteurs écologiques particuliers constituant une condition sine qua non à l'existence de eette espèee dans un tel biotope. En d'autres termes, il semble bien que L. pilo87l8 ne fréquente pas le8 nids de Taupes, mais bien certains terriers où se trouvent réunies les conditions biologiques qu'exige cette espèce. 10. Chelifer cancroides LINNÉ, J 758. Se trouve surtout à l'intérieur des habitations, vivant dansles fentes des parquets et des murs, dans les collections d'In. sectes et les herbiers mal entretenus et déjà colonisés par des Psoques ou des Acariens. Captures récentes: dans une habitation, à Bruxelles (A. FUlIDi\HNlQUU) ; dans une ruche, à Couvin (A. DALCQ) et transporté par M'1l8ca domest'Îca L., à Tervueren (M:. POLL). 11. Dactylochelifer latreillei (IJÛ,(CA} 1817) . (= (legeeri C. L. KOCH; = schnejjeri C. L. KOCH). D'après BEclmu, l'espèce serait commune dans les dunes du littoral, où on la trouverait pal' dizaines d'individus dans les touffes de Cal a m agI' 0 s t i s, vers la fin du mois de mai. N'est pas rare en Ba,sse et Moyenne Belgique, mais ne paraît pas avoir été trouvée en Ardennes. Plusieurs captures à Bruxelles (C. VANDEN BElRGHEJN, J. COO'UEMAN) et à Ohain (G. MARLIElR). 12. Cheiridium museorum (LEACH, 18 J 7). A la réputation de se tenir surtout dans les habitations où il se dissimule sous les papiers de tenture, dans les vieux livres, les collections, etc. Des individus isolés ou errants furent trou- 8 J, COORiElMAN, - NOTE SUR LES PSJillJlDOSCORPlONS DE LA FAUNE 'BELGE vés dans ces conditions; à Bruxelles il fut capturé parmi des capsules de pain azyme servant à la fabrication des cachets de pharmacie (L. OOaR1D1'>1AN). Mais ce sont surtout les nids d'Oiseaux et de petits Mammifères qui constituent son habitat naturel. Une nombreuse colonie de cette espèce prospérait dans une litière de Ohat à Watermael, comme je l'ai signalé naguère (1944) et des individus non moins nombreux fm'ent extraits d'un nid de Martinet abandonné par son propriétaire, mais encore habité par de nombreux Acariens détriticoles. 13. Neobisium (Neobisium) muscorum (LEACH, 1817). Le plus répandu et le plus commun de nos Ohélonèthes sylvicoles; sous les pierres, parmi les mousses et sous les écorces d'arbl'es. R. LliJRUITH l'a récolté dans des détritus à l'entrée des grottes; A. OOJ,LAJWT (1938 et 1939) l'a capturé dans les Hautes-Fagnes, aux lieux-dits « Les Stockais» et « DuzoMoÛ.pas», ainsi qu'à Furfooz (Trou Reuviau, 1943) et à Izier (1942). Je l'ai trouvé à maintes reprises dans la Forêt de Soignes, parmi les mousses et entre les lames de réceptacles de champignons. 14. Neobisium (Neobisium) simoni (L. KOCH, 1873), Oomme je l'ai dit plus haut, je crois que BliJCKER a confondu cette espèce avec N. 1n~tSoot"I(,1n (LEACH). 15. Neobisium tNeobisium) simile (L. KOCH, 1873), Très voisin de N. rnttso01"W!n (LliJA:CH), vit également sous les détritus et parmi les mousses des forêt~. Sa capture cependant est moins fréquente. Grur,AY le mentionne, provenant de Brasschaet, Maldegem, Rochefort, Ciergnon et Auby. R. LEIRlU!TH l'a trouvé dans quatre grottes des provinces de Namur et de Luxembourg. Ohez un spécimen de la grotte de Rochefort, cet Auteur a constaté une réduction des yeux et une accentuation du croisement des doigts du pédipalpe, modifications dues au séjour souterrain de l'espèce et qui sembleraient confirmer l'opinion de JEJANNliJL sur l'origine polyphylétique des Blothrus troglobies à partir de certains ObisitimL Se trouve également dans la Forêt de Soignes, en compag'nie de N. m1tsOOt'Um (LEACH). MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE. AD, GoEMAERE, Imprimeur du Roi, 21, rue de la Limite, Bruxelles.