Sur les pôles des fonctions uniformes k plusieurs variables
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Sur les pôles des fonctions uniformes k plusieurs variables
Sur les pôles des fonctions uniformes k plusieurs variables indépendantes. Par L. AUTONNE à Lyon. Soit X une fonction uniforme de r -f- 1 variables indépendantes y9 x±, • • •, xry coordonnées d'un point Ç dans une espace Er+i à r + 1 dimensions. Si un point eo, par exemple l'origine y = x± = • • • = xr = 0 des coordonnées, est pour X un point singulier non essentiel ou pôle, alors on a, par définition, pour des modules des variables suffisamment petits, X = P(#, #i, • • -, #r) • PO(^> %i> • • •)> les deux fonctions P et PQ étant holomorphes et nulles au pôle; les deux séries P et P0 sont supposées premières entre elles au sens de Weierstrass. Aux abords du pôle, X a (Weierstrass) une valeur arbitraire ou même n'a aucune valeur. Je me suis proposé d'étudier l'indétermination de X en co. Appelons valeur Xo, de X au pôle la limite vers laquelle tend X, lorsque le point g tend vers co. Xo, dépend évidemment de la loi suivant laquelle décroissent indéfiniment les modules des variables, ou, pour parler un langage géométrique, de l'itinéraire SB suivant lequel g tend vers œ. Il y a d'ailleurs avantage à considérer plusieurs fractions telles que P:P 0 , affectées d'un même dénominateur P0. Voici alors une manière plus commode de poser la question. Prenons dans un espace EN à N dimensions, N*^r-{-\ les JV-f-1 coordonnées homogènes £/ [j = 0, 1, • • •, N] d'un point g. Les N + 1 équations (1) Qb — Pjfaxi,--;**) [p = facteur de proportionnalité, Pj = fonction holomorphe, régulière et nulle en o] définissent le point g comme image du point g. Quelle est l'image Qr+i du pôle w lui-même? flr+i est constituée, par définition, par B. Vortrâge der Sektionssitzungen. 225 l'ensemble des points f vers lesquels tend |, quand g tend vers CD par tous les itinéraires SB possibles. J'appelle ^problème [r + 1]" la construction de l'image ûr+i. Il est évident que la résolution du problème [r + 1] fait connaître les allures de la fonction uniforme dans le voisinage de son pôle co et répond d'une façon complète à la question que je me suis posée. Le problème [r + 1] est résolu en étant ramené au problème [r] c'est-à-dire, de proche en proche, au problème [1], pour lequel la solution est immédiate. Voici la marche générale du raisonnement. D'abord le théorème fondamental de Weierstrass permet d'écrire l=n \_tojm = constante non nulle; o/i, qj = fonction holomorphe nulle en co], le tout, bien entendu, en effectuant au besoin sur les %j une collinéation convenable. A la limite, les rapports des P3- et ceux des /} sont les mêmes; on est ramené à résoudre le problème [r -f- 1] sur le système (2) &-fi. Ce système, pour y seule variable, définit dans l'espace EN une variété unicursale ou courbe Fx, qui ne dépend que du point #, ayant les x ±* xî> ' ' '; xr pour coordonnées dans un espace Er. Les N—1 équations de Fx 4b(So, tu ' • •> ÉJT; a\, BI, • • -, *r) — 0 [k = 1, 2, - -., N— 1}, obtenues par l'élimination de Q et de y entre les équations du système (2), ont pour coefficients des fonctions uniformes des xl9 • • •, xr. Si l'on sait résoudre le problème [r\ on saura construire toutes les limites JT vers lesquelles tend rx, quand x tend vers le point xl = • • • = xr = 0. Une démonstration, qui a ses difficultés, mène alors au théorème suivant: ,,La figure &r-\-i est exclusivement constituée par l'ensemble des courbes JT." Quelques-unes des courbes F sont éventuellement des points. Ainsi le problème [y + 1] es* ramené au problème [r] c'est-àdire résolu. Yerh. d. 1. internat. Mathem.-Kongr. Zurich 1897. 15 226 IL Teil: Wissenschaftliche Vortrâge. On peut dire que mon procédé permet de lever l'indétermination des symboles — à un nombre quelconque de variables. Voici, pour finir, une autre application. Dans la transformation birationnelle de l'espace {X, Y, • • -, Z'= polynômes} _ y, z) > * ~ T> qui a pour inverse la transformation y',O T /» — X'te' ^ if y i / 9j —_ _ x ~ T>', y', g')> T - __ Z'_ y — Tf > *— T' > M. Nœther (Eindeutige Raumtransformationen, Mathematische Annalen, tome III) étudie les points fondamentaux, communs par définition aux quatre surfaces (3) X — 0, T=0, Z— 0, T=Q. Il en distingue deux espèces, que je nomme pour abréger zénith et nadir. Par définition, l'image d'un zénith est un système de points, de courbes et de surfaces; celle d'un nadir ne comprend que des points et des courbes. M. Nœther fait la distinction des zéniths et des nadirs pour des singularités simples des surfaces (3). Mon procédé permet de faire cette distinction dans tous les cas, pour une singularité aussi compliquée que l'on voudra, et de construire effectivement les surfaces, images des zéniths, les courbes, images des nadirs. On établit notamment que le nombre des zéniths est toujours fini. Ce dernier théorème est un cas particulier d'une proposition plus générale: ,,Si, pour r = 2, les zéros communs aux JflT-f- 1 fonctions PJ du système (1) forment un ensemble continu Ei à une dimension, le point courant sur El est un nadir." J'appelle d'ailleurs surface toute variété à deux dimensions dans l'espace EN. Je signalerai en terminant l'existence d'itinéraires qui ne fournissent aucun point-limite £ de |. Voici un exemple très simple de cette circonstance. Supposons, pour r = 2, que les Pj soient des polynômes et que les N + 1 surfaces (au sens ordinaire du mot) algébriques Pj = 0 aient une courbe commune (7, issue du pôle o. Si l'itinéraire SES coïncide avec C, | ne tend vers aucune limite. Pour plus de détails, on peut consulter mes autres publications sur la matière: Comptes Rendus (11 Nov., 9 et 30 Dec. 1895); Rendiconti du Cercle Mathématique de Païenne (1896); Acta Mathematica (1897).