A.A.P.I.

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A.A.P.I.
A.A.P.I.
Association d'Aide aux Personnes Incontinentes
9 - LE STOP-PIPI
Un exercice pour “apprendre” les muscles du périnée (homme et femme)
Description
Il s’agit d’arrêter volontairement le jet urinaire pendant la miction, alors que la vessie n’est pas encore vide.
C’est un exemple rare de la possibilité d’intervenir volontairement sur le fonctionnement habituellement
automatique des organes. Il est en effet utile parfois, de pouvoir stopper le jet urinaire, si l’on est dérangé en
pleine action, si l’on se rend compte que l’endroit n’est pas approprié, s’il faut partir brutalement, si le téléphone
sonne...
En dehors de ces cas de figure exceptionnels, le stop-pipi est souvent pratiqué comme « exercice ». Certains
pensent que c’est l’essentiel de la rééducation périnéale ou vésico-sphinctérienne. Essayons de voir ce qu’il en
est.
Comment? Quand?
Arrêter le jet urinaire au début de la miction est réputé difficile, car il y a beaucoup de pression, le débit est fort.
En revanche, il sera plus facile de redémarrer ensuite pour terminer cette miction interrompue, car il reste
suffisamment d’urine dans la vessie pour re-déclencher la miction. Arrêter le jet urinaire en seconde partie de la
miction serait plus facile car le débit est moindre. En revanche, il sera plus difficile de faire « repartir » la
miction car la vessie ne contient plus un volume suffisant. Certains sujets sont capables de déclencher une
miction quelque soit le remplissage de la vessie. La pratique habituelle de mictions « de précaution » (avant de
quitter la maison...) développe cette aptitude.
Que se passe-t-il? Comment ça marche?
Le périnée et le sphincter urinaire strié enserrent le canal urinaire et diminuent son diamètre en se contractant.
Mais il ne faut pas croire que le jet urinaire s’arrête sous la pression de la contraction périnéale. L’arrêt du jet
procède d’un autre mécanisme: la contraction des muscles « releveurs »(1) entraîne une diminution du tonus de la
vessie, par voie réflexe. La miction s’arrête car le Détrusor ne « chasse »(2) plus l’urine vers la sortie et non pas
parce que le robinet est fermé.
C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on constate souvent que bien des femmes sont capables de stopper le jet
alors que leur musculature périnéale n’est pas très puissante.
Inversement, des femmes ayant d’excellents muscles peuvent ne pas réussir à stopper le jet. Ce paradoxe,
souvent observé, s’explique par ce mécanisme mis enjeu lors de la pratique du stop-pipi.
Un exercice utile?
Si donc la réussite du stop-pipi n’est pas proportionnelle à la puissance de contraction des muscles, s’il est tout à
fait possible de stopper le jet avec des muscles faibles, avec une contraction modérée, le stop-pipi est-il
réellement un exercice?
Le stop-pipi réussi est un moyen concret de vérifier que la contraction du périnée est réalisée correctement, donc
signe que l’étape de prise de conscience des muscles est acquise. Mais cela ne signifie pas que les muscles du
périnée sont puissants, ni que le sphincter est solide, ni qu’il n’y a pas de risque de fuites urinaires.
Un stop-pipi impossible peut signifier une méconnaissance du périnée au niveau de la conscience que l’on a de
son corps.
Est-ce inutile, dangereux, nuisible?
Association loi 1901 - Siège social : AAPI - 5 avenue du Maréchal Juin - 92100 Boulogne
Tél.: 01.46.99.18.99 - Fax: 01.46.99.18.85
[email protected] - www.aapi.asso.fr
Le stop-pipi peut être utile pour aider à la découverte des muscles du périnée s’il existe une difficulté de prise de
conscience du fonctionnement de cette région.
Mais il est sans intérêt pour la musculation, qui elle, nécessite des contractions quasi maximum, d’une durée
d’au moins 5 secondes, répétées plusieurs dizaines de fois par jour.
Il est néfaste pour ceux qui vont le faire souvent et énergiquement: cette pratique bouleverse à chaque fois
l’enchaînement des réflexes de déclenchement, de poursuite et de fin de miction.
Un résidu peut stagner dans la vessie après chaque exercice et favoriser ainsi des infections urinaires (cystites).
La perturbation répétée du cours normal des réflexes du système nerveux autonome qui fait fonctionner les
viscères, peut déclencher ou aggraver une instabilité vésicale (caractérisée par des envies trop fréquentes et
impérieuses, avec quelques fois des fuites non liées à un effort). Autrement dit, la vessie peut devenir trop
excitable, trop tonique, de façon inappropriée. Elle est dérangée dans son fonctionnement normal automatique,
qui correspond en principe aux besoins de base de notre corps.
Le pire, c’est le stop-pipi plusieurs fois au cours d’une même miction ou « pipi en pointillés »...
Ces phénomènes sont néanmoins réversibles quelques jours ou quelques semaines après l’abandon de cette
pratique.
Quelle est donc, finalement, la place du stop-pipi ?
C’est une toute petite place en début de rééducation, au moment de la prise de conscience des muscles à
contracter.
Après un accouchement, le passage du bébé dans le vagin a pu distendre le canal urinaire. Cette distension peut
persister plusieurs semaines, avec soit une simple impossibilité ou difficulté à faire le stop-pipi, soit en plus une
certaine difficulté à se retenir. La tentative de faire un stop-pipi permet alors simplement de « suivre » peu à peu
la récupération, une fois par semaine par exemple.
Proposons alors un autre exercice facile à expliquer: faire « comme si » on voulait arrêter le jet urinaire, mais en
dehors de la miction, juste après par exemple. Ainsi, la miction devient un moment où on se souvient qu’il faut
faire plusieurs fois par jour des exercices. C’est un « moment signal ». Etant donné que la miction est un acte
qui se reproduit environ 5 à 7 fois par jour, c’est un excellent moyen de penser souvent à réaliser les séries de
contractions indispensables à l’amélioration de la force musculaire et à l’établissement des réflexes de
verrouillage à l’effort.
En conclusion: Le stop-pipi : oui, mais après le pipi et non pendant !
…et avec des contractions du périnée qui correspondent aux contractions utiles pour la rééducation du patient,
des contractions qui remplissent les conditions de la musculation si la musculation est nécessaire, des
contractions plus longues et moins puissantes s’il existe une instabilité vésicale.
Dr Odile COTELLE-BERNEDE
Présidente d’Honneur de l'AAPI
(1) Muscles releveurs: muscles du périnée
(2) Détrusor: vessie
Mise à jour Avril 2003
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