vox romana - Lycée Français de Singapour

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vox romana - Lycée Français de Singapour
Numerus XIII — MMXIV
VOX
ROMANA
Le journal des latinistes du LFS
14 - 2014 :
Moi, Auguste,
Empereur de
Lycée Français de Singapour
Rome
EDITORIAL
La bande dessinée Astérix et Obélix d’Uderzo et Goscinny a contribué à
rendre célèbre la figure historique de Jules César (Caius Julius Caesar), vainqueur de
la guerre des Gaules nommé dictateur à vie. Mais c’est seulement quelques années
plus tard, en 27 avant notre ère, que son petit-neveu et fils adoptif Octave prend le
pouvoir et devient ainsi le premier empereur de Rome sous le nom d’Augustus. En
cette année 2014, pardon… MMXIV, les latinistes de VOX ROMANA s’associent à la
célébration de la mémoire du premier empereur romain décédé en 14 après JésusChrist pour fêter l’anniversaire de sa mort, voici déjà 2000 ans ! Retour aux sources
du régime impérial romain, le principat, qui dura jusqu’en 476 après Jésus-Christ…
Ave Imperator Caesar Divi Fili Auguste ! Que l’Empire commence…
J.-F.C. L.L. A. LG-O
Etymologie
Couverture : statue d’Auguste dite « Prima porta », marbre, 20 avant J.-C., Musée du Vatican, Rome
par les latinistes de 5ème
triumvirat (n-m) : du latin tres
« trois » et de vir, viri, m,
« l’homme ». Ce mot latin, passé
directement dans la langue française, désigne une association de
trois personnes qui exercent un
pouvoir, une influence. Un triumvirat est donc constitué de trois
triumvirs.
prince (n-m) : du latin princeps,
principitis « le premier ». L’empereur Auguste est princeps, c’est-àdire le premier de tous les citoyens. En français, le prince est celui qui possède une souveraineté à titre personnel et héréditaire. Il règne sur une principauté. Le mot prince est
souvent synonyme de « monarque », « roi » ou « souverain ».
Clipeus virtutis, bouclier de la vertu, offert par le Sénat à
Auguste en -27 pour célébrer ses vertus civiques
empereur (n-m) : du latin imperator, oris, m, qui signifie « général en chef ». César, Pompée, Marc-Antoine et Octave-Auguste sont les imperatores qui s’affrontent pendant les
guerres civiles à la fin de la République romaine. Le mot empereur désigne le détenteur
du pouvoir suprême qui est à la tête d’un empire (imperium, ii, n : l’empire).
auguste (adjectif qualificatif et n-m) : du latin augustus, a, um : vénérable. Dans l’Antiquité, le mot qualifie le nom d’un empereur romain. Un Auguste et un César sont des
titres impériaux. Dans un registre littéraire, l’adjectif auguste renvoie à ce qui inspire de
la vénération, il est synonyme de « vénérable », « sacré ». Ex : une auguste assemblée. Le
mot auguste employé comme nom masculin désigne un personnage comique de cirque,
souvent synonyme de clown. Ce sens s’explique par antonomase et antiphrase comique.
Le mois d’août tire également son origine d’augustus, en l’honneur du premier empereur romain Auguste.
mécène (n-m) : vient du nom d’un chevalier romain Maecenas, ministre de l’empereur
Auguste, qui encourage les lettres et les arts. Un mécène est une personne riche et généreuse qui aide les écrivains, les artistes. Le mot sert aussi en français pour remplacer l’anglicisme sponsor (mais qui vient lui aussi du latin !) au sens de « personne, entreprise qui
soutient financièrement une activité, notamment culturelle ». Le mécénat désigne le
soutien financier d’un mécène.
De Augusti vita par les latinistes de T
le
Caius Julius Caesar Octavinius (-63 ; +14) : premier empereur romain
D’Octavien à Auguste : Auguste règne de 27 av. J-C. à 14 ap. J-C. Il meurt à 76 ans
et laisse son trône à Tibère qui est son fils adoptif. Octave-Auguste est le petit-neveu et le
fils adoptif de Jules César (-100 ; -44), il arrive au pouvoir dans les proscriptions et les
guerres civiles qui suivent l’assassinat de ce dernier après avoir éliminé ses propres rivaux
dont le plus célèbre est Marc-Antoine.
Le titre d’Augustus est assez particulier. Conformément à la tradition romaine, il
s’agit d’un cognomen (surnom) qu’on ajoute au praenomen (prénom). L’adjectif augustus a une forte connotation religieuse. Avant d’être décerné à Octave, il est
employé au sens de « saint », « consacré » ou « vénérable » pour un dieu ou un temple.
Rattaché au verbe « augere » (faire croître) et à « augur » (le devin), le titre Augustus
confère au premier empereur une auctoritas (autorité naturelle). Auguste a également le
titre d’imperator (général) et de
princeps senatus (premier du
sénat).
L’empereur Auguste parvient à laisser à la postérité
l’image du restaurateur de la
paix (pax Romana), de la prospérité et des traditions romaines après la période violentes des guerres civiles. Les
arts et la littérature sont florissants ce qui vaut au « Siècle
d’Auguste » l’appellation de
« Siècle d’or des arts et des
Lettres », une référence culturelle de premier ordre.
Mécène représentant les arts libéraux à Auguste, Tiepolo (1743),
musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg
La fin du règne d’Auguste est plus douloureuse : problèmes de santé, conspiration
dont la plus célèbre est celle de Cinna (Pierre Corneille, dramaturge français du XVIIème
siècle fait jouer une tragédie classique Cinna ou la clémence d’Auguste sur ce thème en
1642), et problème de succession puisque l’empereur n’a pas de fils. Il se résout à adopter Tibère, fils de Livie, son épouse. Auguste meurt le 19 août 14 après J-C. Il est divinisé
la même année comme son père adoptif Jules César.
Le biographe latin Suétone (70 ; 130 ap. J-C.) dans son œuvre Vies des douze Césars, De vita duodecim Caesarum libri donne une description très précise d’Auguste et
de son règne. Voici le portrait physique de l’empereur Auguste :
Forma fuit eximia et per omnes aetatis
gradus uenustissima, quamquam et omnis
lenocinii neglegens . Oculos habuit claros
ac nitidos, quibus etiam existimari uolebat
in e s se q u id d a m d iu in i u ig o r is ,
gaudebatque, si qui sibi acrius contuenti
quasi ad fulgorem solis uultum
summitteret; sed in senecta sinistro minus
uidit ; dentes raros et exiguos et scabros;
capillum leuiter inflexum et subflauum;
supercilia coniuncta; mediocres aures ;
nasum et a summo eminentiorem et ab imo
deductiorem; colorem inter aquilum
candidumque.
« Sa beauté traversa les divers degrés de
l'âge en se conservant dans tout son éclat,
quoiqu'il négligeât les ressources de l'art.
Auguste avait les yeux vifs et brillants ; il
voulait même que l'on crût qu'ils tenaient
de la puissance divine. Quand il regardait
fixement, c'était le flatter que de baisser les
yeux comme devant le soleil. Son œil
gauche s'affaiblit dans sa vieillesse. Ses
dents étaient écartées, petites et inégales,
ses cheveux légèrement bouclés et un peu
blonds, ses sourcils joints, ses oreilles de
moyenne grandeur, son nez aquilin et pointu, son teint entre le brun et le blanc. »
— Suétone, De vita duodecim Caesarum libri, LXXIX
— Suétone, Vie des douze Césars, LXXIX
La Pax Romana
par les latinistes de 2nde
La « Pax Romana », deux mots latins si connus et pourtant souvent flous dans les
esprits quant à leur signification précise. Pour vous aider à y voir plus clair et à comprendre la situation politique à l’époque augustéenne, la rédaction de VOX ROMANA a
enquêté à ce sujet. Tout d’abord, la « Pax Romana » (paix romaine) désigne la période
de paix et de prospérité économique qu’a connu l’Empire romain entre 27 avant J-C. et
180 après J-C., soit entre la fin des guerres civiles et la mort de l’empereur Marc-Aurèle.
Auguste, voilà encore un homme qui a changé le cours de l’Histoire, mais qui était-il
vraiment ? Lorsque Octave-Auguste arrive au pouvoir, il met fin au régime républicain.
Il détient alors l’ensemble des pouvoirs politique, militaire et religieux et il est perçu par
les citoyens comme un dieu. Son principat est marqué par un renforcement du développement des axes de communication afin de faciliter le commerce. Les provinces
romaines sont administrées par des gouverneurs nommés par le Sénat. Le gouverneur a
pour mission de maintenir l’ordre, recruter de nouveaux soldats, aider au développement des différentes cités romaines, lever les impôts et rendre la justice. La paix règne
sur la plupart des régions, les batailles cessent ainsi que les attaques de pirates en mer.
Ara Pacis Augustae ou Autel de la Paix, entre 1 3 et 9 av. J.-C., Via Flaminia, Rome
Le souci principal de l’empereur Auguste est la protection du territoire face aux
invasions barbares et aux potentielles menaces de guerre. Les frontières sont ainsi
fortifiées et des légions romaines sont en charge de surveiller certaines zones sensibles
où le risque d’invasion est le plus élevé. Cette politique permet donc l’instauration
d’une paix durable entre les peuples sous domination romaine. Rome est plus que
jamais la capitale politique, économique, religieuse et culturelle de l’Empire romain. On
assiste ainsi à une romanisation de l’Empire. Les peuples adoptent progressivement les
modes de vie romains et deviennent même parfois citoyens romains. Cependant, une
très grande diversité religieuse et culturelle subsiste, les peuples conservent leurs dieux
dans un syncrétisme religieux entre dieux romains officiels et divinités autochtones.
Auguste et les arts
par les latinistes de 1ère
Auguste fut très attaché aux arts,
outre le fait d’être un vrai esthète, il
utilisa les arts comme outil politique.
Auguste se vante ainsi d’avoir
« trouvé une Rome de briques et laissé
une Rome de marbre ». L’architecture est
un des arts qu’Auguste a privilégié lors de
son long règne. Le pouvoir impérial étant
fondé sur la victoire, Auguste a attaché
une importance particulière aux
Virgile écrivant l’Enéide, entre Clio et Melpomène,
monuments qui exaltaient sa gloire
mosaïque, Musée national du Bardo, Tunis
militaire. Par ailleurs, l’empereur s’était
assigné la tâche énorme de remettre en état tous les temples de Rome ; il en construisit bon nombre de nouveaux, dont les plus importants sont celui d’Apollon sur le
Palatin et celui de Mars Vengeur, qui dominait un nouveau forum, orienté
perpendiculairement à celui de César.
La peinture se développe également sous Auguste. D’abord consacrée aux
légendes grecques, au cycle troyen, la peinture aborde de bonne heure l’Histoire : les
généraux suspendaient dans les temples des tableaux représentant leurs victoires.
Sous Auguste, le peintre Ludius introduisit à Rome l’usage de peindre les parois des
maisons, comme à Pompéi. Le goût dominant est celui d’Alexandrie : scènes de genre,
amours, scènes champêtres, maritimes, ou empruntées à la vie journalière.
Enfin, connue sous le nom de « Siècle d’Auguste », cette période de la littérature
romaine est marquée par les noms des poètes Virgile, Horace, Ovide, Tibulle,
Properce, ou encore de l’historien Tite-Live. Tous ces auteurs doivent beaucoup à la
protection du fidèle conseiller d’Auguste : Mécène. Ils soutiennent aussi sa politique
traditionnaliste visant à restaurer les cultes romains anciens, l’agriculture, les « mœurs
des ancêtres » (mos majorum) aux dépens des séductions de l’orientalisme et de la
libéralisation des mœurs, incarnées jadis par Antoine. Grâce à la Pax Romana instaurée
par Auguste, les poètes aspirent à l’amour et à la paix plutôt qu’à la guerre.
Maison de Livie, fresque , Palazzo Massimo alle Terme, Rome
Divin Auguste
Par les latinistes de 3ème
Auguste fut d’abord appelé Octave et Octavien avant de devenir empereur ; il
était le petit neveu de César mais devint son fils adoptif. Peu après la mort de César,
l’Egypte considérait déjà Octave comme un dieu, puisque fils adoptif de César. En effet,
le pharaon égyptien était déjà le fils du Soleil (Rê). Puis la province d’Asie demanda
l’autorisation de créer le culte d’Octave. Par ailleurs, César puis Octave avaient déjà un
caractère sacré car ils avaient la fonction de pontifex maximus (« Grand Pontife », c’està-dire chef de la religion).
Octave s’attribue le prénom Imperator en 40 avant J.-C. Plus tard, le 16 janvier 27, le Sénat romain lui permet de porter le titre d’Augustus dont il se pare comme un
nouveau nom. Ce titre religieux sera le cognomen, surnom, des futurs empereurs. Le
nom Augustus est tiré de la langue religieuse : il s’appliquait alors aux temples
consacrés selon les rites nationaux. Par ce nom, il devient un symbole religieux. Du
vivant d’Auguste, les provinciaux élèvent des autels à la déesse Rome et à lui-même. A
Rome, on n’adore encore que le Génie d’Auguste mais après sa mort, un décret
sénatorial le range au nombre des Dieux (divus Augustus). C’est l’apothéose : admission
d’un mortel parmi les dieux.
Le Sénat joue un rôle important dans la divinisation des empereurs. C’est en effet
lui qui décide si le défunt en est digne. L’apothéose, ou consecratio, était alors
proclamée par la formule « inter divos relatus est ». Le rite funéraire associé était le
plus honorifique de la religion romaine. Il se marquait par le lâcher d’un aigle depuis le
bûcher funéraire, qui accompagnait l’âme du défunt vers le séjour céleste des dieux. Le
défunt recevait alors le qualificatif de divus (divin), rappelé dans toutes les citations
officielles. Des monnaies dites de consécration commémoraient l’événement et
montraient le profil de l’empereur défunt avec la mention DIVUS. Vers la fin de son
règne, Auguste est appelé IMPERATOR.CAESAR.DIVI.FILIUS.AUGUSTUS.
Le culte impérial est une manière d’habituer les habitants de l’Empire à
respecter le pouvoir de Rome à travers des cérémonies organisées en l’honneur de
l’empereur divinisé. Le culte est aussi une manifestation de l’amour pour le prince et de
l’admiration pour sa stature. Les objets de la vie quotidienne sont ornés d’images qui
honorent l’empereur ou sa famille. Chaque province a un autel dédié à la déesse Rome
et à Auguste. Il n’est pas rare de voir des
particuliers rendre hommage à l’Empereur dans leurs foyers et des fêtes sont
organisées en son honneur, avec des
spectacles de gladiateurs. De plus, une
nouvelle classe de prêtres a été fondée :
les sodales augustales, des prêtres rendant hommage à Auguste et à la famille
des Iulii. Ils étaient vingt-et-un, choisis
dans les principales familles de Rome.
Gemma Augustea, onyx (an 10), représentant Auguste
divinisé sous les traits de Jupiter
Jusqu’au troisième siècle, le culte
de Rome et d’Auguste joue dans l’empire
un rôle unitaire. Il constitue un lien
puissant entre l’Empereur et ses sujets.
La diffusion du christianisme sera un
grand facteur de changement.
Un bimillénaire célébré
par les latinistes de 4ère
Nous fêtons cette année les 2000 ans de la mort d’Auguste, en 14 après J-C. A
Rome, l’événement a été fêté avec notamment un superbe spectacle son et lumière
tous les soirs sur le Forum d’Auguste : 2000 ans après. Des visites guidées ont permis
de visiter « les lieux d’auguste » : la maison d’Auguste sur le Palatin, la Villa di Livia, villa
de l’épouse d’Auguste…
Extrait d’une vidéo promotionnelle pour l’exposition « Moi, Auguste, empereur de Rome »
Après l’exposition “L’arte del comando. L’eredità di Augusto” qui s’est achevée
à l’Ara Pacis, une nouvelle grande exposition, Le Chiavi di Roma (Les clés de Rome)
célèbre Auguste depuis le 23 septembre 2014 (jour anniversaire d’Auguste) aux
Marchés de Trajan. Accompagné de deux personnages, un vieux marchand et son petitfils, le visiteur devra découvrir des objets ayant appartenu à leur famille et révèlera des
secrets, en s’aidant des “clés de
Rome”. Le projet est ambitieux, car
quatre expositions croisées sont
proposées au même moment entre
Rome, Sarajevo, Amsterdam, et
Alexandrie, quatre villes qui représentent symboliquement les quatre
coins de l’Empire sous Auguste.
A Paris, le Grand Palais , à
travers l’exposition « Moi,
Auguste, Empereur de Rome »,
rassemble une sélection de 350
pièces, issue des collections du
musée du Louvre et des musées du
Capitole. Des fragments de
monuments emblématiques du
règne d’Auguste, à Rome et dans
les provinces, des pièces de
mobiliers, des statues, des basreliefs et bien d’autres pièces nous
sensibilisent à ce que fut la
splendeur du siècle d’Auguste . En
effet, 2000 ans, cela se fête !
Affiche de l’exposition au Grand Palais à Paris.
Carré magique
Retrouvez dans cette grille le nom de Jules César
et des onze empereurs qui lui ont succédé. Voici
une formule magique pour vous aider.
CES – AU – TI – CA – CLAU – NE – GAL – O –VI –
VES – TI – DO
A U G U S
T
E
L
I
D O P
N C
G R
D A
U O E
A
N B
U M T
G R
S
L
M E
A I
I
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A B
T
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L
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T
L
N R
A
S
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C
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T
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L
L
E
S
A V
R
C L
O O T
V E
S
P
A S
I
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V I
T
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L
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H O N F
L
N
Bienvenue aux nouveaux latinistes !
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Les cinquièmes ABCE
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