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MORENO
Yochka
Jazz Manouche
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Moreno
Il est des musiques dont on s’entiche aussi vite qu’on les oublie malgré leur supposée variété ; d’autres qui
s’imposent par le respect convenu que l’on a de la forme classique de leur sérieux. Et puis il y a celles, plus
rares - tel le jazz manouche de Moreno - dont on ressent confusément ce que sa fascination a de mystérieux
et d’irrémédiable. Guitare au charme à la fois impalpable comme une saute de vent sur un terrain vague,
ou prégnant comme un coup de foudre, et qui vous saisit au détour d’une rue, ou du fond d’un bistrot des
Puces, pour ne plus vous lâcher...
Soudaine intrusion d’un souffle musical à la fois sauvage dans son arabesque et le contraste de ses couleurs
“Cesar Swing”, et empreint d’une sorte d’innocence désarmée lorsque Moreno s’abandonne à un délicat
onirisme sonore “Yochka”. C’est que, pour nos sens blasés, ce swing manouche au parfum si particulier
- émanation même de l’âme tsigane - réintroduit en nous la notion de musique naturelle et nourrit notre
imagination en mal d’émotion vraie. D’ailleurs, à l’écouter improviser, l’on pressent chez Moreno que
l’approche instrumentale ne procède nullement d’une démarche réellement concertée, mais de l’heureuse
conjonction de traditions ancestrales et d’influences diverses rencontrées au gré du Voyage, et qui viennent
se fondre en lui sans jamais annihiler sa propre personnalité : influence manouche bien évidemment, non
seulement par Django Reinhardt “J’attendrai”/“Over The Rainbow” mais aussi par ceux de sa Lorraine
natale, Dorado ou Tschavolo “Laurence Süni”, et influence plus gitane, par celle des guitaristes Bousquet
et Tchan-Tchou aux côtés desquels il joua un temps, dans le sud de la France “Moreno Waltz”/”Waltz à
Witi”.
Aussi est-on loin des sempiternels “Hommââge à Django” (avec un tremblement dans le médiator!),
pâles copies qui ne laissent du modèle que le spectre sonore exsangue du reflet. Ici l’art de Moreno se
révèle au contraire généreusement irrigué par une inspiration jaillissante, pleine d’allant et de verve “Swing
d’Alsace”/”Place Parodi”. Et si, manifestement, il joue dans l’esprit du maître (“c’est ma culture, après
tout !” aime-t-il à rappeler), ce n’est jamais, comme tant d’autres, pour en reprendre systématiquement
les clichés, mais plutôt pour en prolonger le chant intérieur et les conceptions instrumentales “I love you ”.
Aussi, pour lui, une guitare doit-elle sonner avec l’ampleur d’un orchestre et vibrer du plus profond de ses
fibres - sans nul artifice - aux élans irrépressibles de ses improvisations.
Il est à noter par ailleurs que Moreno a la délicatesse de n’interpréter ici aucun thème de Dango (pourtant
chers à son cœur) mais presque exclusivement des compositions personnelles où s’opposent aux morceaux
swing, d’une luxuriance ornementale toute tsigane “Milko”/”Dikeno Sinto”, des mélodies plus dépouillées
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dont le caractère élégiaque et mélancolique révèle un souci constant
de musicalité “Resla”/”Nouk”.
Quant à souligner la grande virtuosité de son jeu, cela tombe sous le
sens, la musique de Moreno - plus élaborée qu’il n’y paraît de prime
abord - requièrant en effet une maîtrise parfaite de l’instrument :
contrôle du plectre, vélocité digitale, précision de l’attaque et rigueur
du phrasé. Tout ceci au service d’une sonorité d’un lyrisme unique; à
tel point spécifique aux manouches, que ce n’est pas sans un certain
dépit que les gadjés (non-tsiganes) s’essayant à ce style si typé,
mesurent tout ce qui sépare la seule technique de l’expressivité
atavique d’un peuple. Cette fameuse gipsy touch, comme disent les
anglais, qu’évoquait, peu après la disparition de Django Reinhardt,
le critique Michel-Claude Jalard, en terme de supplément ethnique
...
Toujours est-il que Moreno, hors des modes mais bien de notre
temps, a su conserver à sa guitare cette irréductible liberté qui
s’épanouit jusque dans les conventions d’un jazz de tradition : ce
“Swing des Puces” rétif à toute assimilation, certes ici capté - pour
notre bonheur - mais qui n’est pas près d’être mis en cage!
Alain Antonietto
(des “Etudes Tsiganes”)
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Moreno
There are some musics you get hooked on just as easily as you forget them, in spite of their
so-called variety ; There are others that draw attention by conventional respect for classical
music, by their seriousness. Then there are those, more rare, such as Moreno’s manouche jazz
- that are fascinating and mysterious in a hopeless sort of way. A guitar that has a charm that
is intangible like the wind rushing across a vacant lot, and is striking, like lightning. It grabs you
as you round the corner of a street, or in the back of a café at the flea market, and doesn’t let
go...
The sudden intrusion of a musical inspiration that is both savage, in its arabesque and constrast
of colors like in “Cesar Swing”, and disarmingly innocent, such as “Yochka”, when Moreno goes
into delicate dreaminess. For our bored senses, this manouche swing that has such a distinct
taste, -stemming from the gypsy soul itself- reintroduces the notion of natural music and feeds
our imagination that is starving for real emotion. When you hear Moreno improvise, you can
sense that his approach to music is is not an artifical preparation. His playing has emerged from
the meeting of ancestral traditions with the various influences encountered during travel, that
he has absorbed without effacing his own personality: manouche influences of course, not only
Django Reinhardt “J’attendrai/Over the Rainbow”, but also from the Lorraine region where he
was born, Doardo and Tschavolo “Laurence Süni”. He is influenced by the more gypsy-type
musics, such as the guitarist Bousquet and Tchan-Tchou with whom he played for a time in the
south of France “Moreno Waltz”/Waltz à Witi”.
We are far from the same old “Hommage to Django” (with the pick trembling with emotion!),
pale immitations that leave only a lifeless reflection of the model. Moreno’s art is, on the
contrary, generously fed by gushing inspiration, and verve in “Swing d’Alsace”/Place Parodi”.
While he plays in the spirit of the master -”after all, its my culture” as he likes to say-, it is not
to repeat the clichés so often heard, but to prolong the interior song and instrumental concepts
as in “I love you”. For him, the guitar has to resound with the amplitude of an orchestra, and to
vibrate from deep down inside- without anything artificial- moved by the irrepressible
enthusiasm of his improvisations.
It should also be noted that Moreno is tactful enough not to interpret any of Django’s pieces
here (although they are dear to him), recording only his own compositions. There is a mixture of
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styles, from the highly ornamental gypsy-style swing, “Milko/Dikeno Sinto”, to simpler tunes that
are elegiac and melancholic, revealing his constant regard for musicality, “Resla/Nouk”.
Moreno plays with great virtuosity, his music, more elaborate than it seems at first, requires
complete mastery of the instrument: the control of the plectrum, speed, precision in entering
and rigor in the phraseology. This is all to serve a unique sound and lyricism. It is not without
some disdain that the gadjés (non-gypsies) try to play this typical style and learn that it is not just
a question of technique but also stems from the atavistic expressivity of a people. This famous
gypsy touch, that the music critic, Michel-Claude Jalard, writing shortly after the death of Django
Reinhardt, considered as an ethnical addition....
In any case, Moreno, far from the realm of fashion but from our times, has managed to
preserve the irreducible freedom of his guitar, being comfortable even in the conventional jazz
tradition, the “Swing des Puces”, resisting assimilation, that here is captured for our pleasure,
but is far from being caged.
Alain Antonietto
of “Etudes Tsiganes”
Potzi
guitare d’accompagnement
Stefan : contrebasse
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Tonito
guitare d’accompagnement
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
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15
CESAR SWING (Trad.)
YOCHKA (Moreno)
DIKENO SINTO (Moreno)
SWING DES PUCES (Trad.)
WALTZ À VITI (Moreno)
I LOVE YOU (Archer)
LAURENCE SÜNI (Moreno)
MILKO (Titi Winterstein)
NOUK (Moreno)
SWING D’ALSACE (Moreno)
OVER THE RAINBOW (A. Arler / E. Harburg)
PLACE PARODI (Moreno)
MORENO WALTZ (Moreno)
J’ATTENDRAI (Olivieri / Poterat)
RESLA (Moreno)
4’
3’
3’
2’
2’
4’
2’
2’
3’
3’
4’
2’
2’
3’
3’
22’’
01’’
18’’
49’’
12’’
14’’
59’’
51’’
39’’
20’’
08’’
16’’
36’’
03’’
29’’
Moreno joue sur guitare Maurice Dupont
M ore n o : Guitare Solo - Tonino & Potzi : Guitares d’accompagnement Stefan : Contrebasse.
Merci à Alain Antonietto pour son aide précieuse.
Michel Pagiras.
Pour des informations sur les autres enregistrements “al sur”
To get informations on other “al sur” productions
www.alsur.fr
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