Actualité sur le Moyen-Orient

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Actualité sur le Moyen-Orient
expertise
e
BANQUE-ASSURANCE
Asra Abdulaziz
Actualité
sur le Moyen-Orient
vu par la responsable ventes dérivés actions de Calyon, couvrant le Moyen-Orient et
l’Afrique du Nord. Asra Abdulaziz (M03) revient sur son parcours chez Calyon et son
métier actuel au sein de «Global Equity Derivatives» (GED).
Pouvez-vous nous présenter Calyon au
Moyen-Orient ?
Asra Abdulaziz. Calyon est la Banque de financement et d’investissement du groupe Crédit
Agricole, 6e groupe bancaire mondial en termes
de fonds propres. Calyon bénéficie du rating et
de la solidité financière du groupe et se positionne
comme un acteur de premier plan sur les marchés financiers. Avec près de 13000 collaborateurs répartis dans 58 pays (plus des deux tiers
du PNB est réalisé à l’étranger), Calyon est spécialisé dans les métiers de banque de marchés,
d’investissement et de banque de financement.
L’idée que supporte
l’action de la banque
islamique est le principe
du partage des risques…:
celui qui prête l’argent doit
participer avec celui qui
emprunte aux bénéfices,
comme aux risques.
Historiquement, Calyon est l’une des plus
anciennes banques présentes au Moyen-Orient,
avec l’implantation de la Banque Indosuez dès
1948. La plus grosse implantation est la Banque
Saudi Fransi (Calyon détient 31% du capital et
en assure le management) avec 70 agences et
2200 personnes. Calyon est par ailleurs présent
dans 10 pays au travers de ses filiales en Algérie
et en Turquie, ses succursales à Bahreïn, aux
DÉCEMBRE 2007-JANVIER 2008
Emirats arabes unis (EAU) et au Yémen, et ses
bureaux de représentation en Iran, Israël, Libye
et Tunisie. Nous nous appuyons également sur
les filiales de banque universelle du Groupe Crédit Agricole en Egypte et au Maroc.
La Banque a montré un engagement constant sur
cette zone et continue encore aujourd’hui à se
développer afin de créer des relations durables
et pérennes.
Nous proposons des gammes de produits et de
services très larges avec des équipes dédiées présentes sur la zone, mais aussi à Paris et à Londres,
sur les activités de financing dont les financements structurés (avec notamment de fortes
positions en financements aéronautiques, shipping, projets et trade finance), marchés de capitaux et banque d’investissement. Deux de nos
brokers, Cheuvreux et CLSA ainsi que Crédit
Agricole Asset Management (CAAM) et la Banque
Privée, finissent de compléter notre palette de
services.
Quels sont votre parcours et vos fonctions
actuelles ?
A.A.J’ai rejoint les équipes de ventes sur les dérivés actions de Calyon en 2004, où j’ai tout d’abord
couvert le Benelux. En 2006, j’ai pris la responsabilité d’une équipe sur la zone Moyen-Orient
et Afrique du Nord. Ce qui représentait un vrai
challenge à relever pour moi en tant que jeune
femme d’origine irakienne.
Je dois ainsi bâtir un business plan en phase
avec la stratégie GED, coordonner avec l’ensemble des interlocuteurs de la Banque, être à
l’aise dans des domaines aussi diversifiés que
la finance, le juridique, la fiscalité, la déontolo-
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gie, afin d’assurer la pérennité des
relations. Je continue par ailleurs
à faire de la prospection et à rencontrer des clients. Enfin, le fait
d’être une femme peut les surprendre, mais à ce jour n’a pas
joué en ma défaveur.
Quelles sont les compétences nécessaires
pour évoluer sur un poste de vendeur
Moyen-Orient ?
A.A.Un bon vendeur doit être de nature curieuse,
avoir un bon sens de l’écoute, du relationnel, de
la communication. Devant faire face à la fois aux
demandes des clients, du management et du
trading, il est important d’avoir une excellente
résistance au stress. La particularité de ce marché très diversifié et extrêmement compétitif
est de savoir construire des relations non seulement avec l’entité mais aussi avec le client.
Ainsi, malgré un accueil généralement chaleureux, il faut savoir se différencier, être mobile
pour le rencontrer, parler sa langue. Ce sont
autant de facteurs de succès pour gagner sa
confiance.
Quels sont les développements récents
sur cette zone ?
A. A. Il faut avoir quelques chiffres en tête pour
mieux mesurer les enjeux sur cette région. Ce
sont des pays dans l’ensemble peu peuplés,
avec des ressources énergétiques très fortes.
Si l’on prend comme indicateur les exportations de barils par jour (chiffres à fin 2006),
l’Arabie Saoudite, premier producteur incontesté, en exporte 8,8 millions ; EAU, 2,5 millions ; Kuwait, 2,5 millions ; Qatar, 1 million ;
Oman, 633 000. Les chiffres de l’Irak ne sont
pas connus à cause de la guerre, mais l’Irak
possède la 2e réserve au monde de pétrole.
Hors GCC (Gulf Country Council), on retrouve
l’Algérie: 800000; l’Iran, 2,7 millions et la Libye,
1,4 million de barils par jour. En termes d’avoirs
souverains du GCC en 2007, on parle de 1 500
milliards d’USD, à comparer avec 1 300 milliards d’USD pour la Chine.
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Dubaï a ouvert un nouveau Centre financier
international, où sont déjà installées un grand
nombre de banques d’investissement, et où
Calyon a ouvert en 2007 une succursale pour
exercer les métiers de corporate finance et
d’equity capital markets. Dubaï a l’ambition de
devenir pour le Moyen-Orient ce qu’est HongKong pour la région Asie, un émirat de services,
au carrefour entre l’Asie et l’Europe. Dubaï est
le seul émirat de cette zone composée à 85 %
d’expatriés avec une majorité d’Indiens (environ 60%), de Pakistanais (15%), sur une population totale de 1,1 million d’habitants.
Quels sont les produits que les clients
recherchent sur cette zone ?
A. A. Ce sont des pays qui ont besoin de partenaires internationaux, ce qui correspond parfaitement à notre stratégie de développement.
Nous travaillons ensemble. Ils investissent à la fois
dans des produits sophistiqués innovants qui
reposent sur des sous-jacents tant internationaux que locaux, mais aussi dans des produits
qui suivent les principes de la Sharia. L’offre que
nous leur proposons répond donc à ces deux
besoins.
La tendance bascule toutefois de plus en plus
vers les fondamentaux de la banque islamique.
Ils reposent sur l’interdiction du prêt à intérêt.
L’idée que supporte l’action de la banque islamique est le principe du partage des risques,
appelé en arabe «al-Ghunm bi al-Ghurm»: celui
qui prête l’argent doit participer avec celui qui
emprunte aux bénéfices, comme aux risques.
Ainsi, la banque appelée «Moudharab» finance
entièrement l’entrepreneur et partage les bénéfices (s’il y en a) avec celui-ci, selon un pourcentage fixé à la signature du contrat. La seule
source de revenu possible pour l’emprunteur
est sa part de bénéfice (il ne reçoit aucun salaire)
et la banque prend à son entière charge les pertes
éventuelles. Les investissements autorisés doivent respecter les règles dictées par la Sharia. Ce
qui interdit entre autres de faire du business
dans les secteurs comme le jeu, la spéculation,
la viande de porc, le tabac, l’alcool…
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