Discours M. Farid OUNDJELI
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Discours M. Farid OUNDJELI
Discours Monsieur Farid OUNDJELI – IHEDN le 08.11.11 6ème séminaire Cohésion Nationale et Citoyenneté « Esprit citoyen – Esprit de défense » Monsieur le Préfet MOLLE, Colonel BERTRAND, Lieutenant Colonel SALLAT, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers Auditeurs, C’est avec un honneur non dissimulé et avec joie, que je vous présenterai, en partie, le 6e séminaire Cohésion Nationale et Citoyenneté, intitulé : « Esprit citoyen – Esprit de défense ». J’espère que mes propos resteront fidèles et des plus objectifs ; néanmoins, la subjectivité n’est pas à écarter. Vous le verrez, par la suite, lors de vos débats en comité. Du fait de cette tribune qui m’est offerte aujourd’hui, je souhaite remercier tout particulièrement le directeur de l’IHEDN « le VAE- Richard Laborde » pour l’invitation qu’il m’a faite parvenir, ainsi que le directeur adjoint et secrétaire général de l’IHEDN, Monsieur le Préfet Patrice Molle. Dans un temps premier, je vous ferai part très rapidement de la genèse du séminaire CNC et souhaite rappeler le nom d’une anthropologue française, Madame Dounia BOUZAR, Anthropologue du fait religieux, éducatrice. Dounia BOUZAR a travaillé avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Elle est auditrice auprès de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale. Elle fut l’une des parties-prenantes qui participa activement à la mise en œuvre de ce séminaire qui clôturera avec vous sa 6e édition. Courant juillet 2006, l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale initiait un séminaire expérimental « Relais des jeunes » qui concernait des acteurs sociaux, sélectionnés sur la base de leur expérience et issus 1 de certains quartiers dits « difficiles », « en difficulté », « populaires », les vocables sont nombreux et je pourrai décliner l’ensemble des acronymes définissant certaines parties géographiques de nos territoires. Il en demeure encore aujourd’hui, une foultitude, notamment en matière de Politique de la Ville. En novembre 2005 la presse française et internationale titrait : - CNN titre: « Riots rock Paris suburb » (des émeutes secouent la banlieue parisienne). - BBC News titre: « Further rioting in Paris suburb » (davantage d'émeutes en banlieue parisienne). D’un point de vue sociologique et journalistique « Les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises » sont des violences urbaines qui ont commencé à Clichy-sous-bois (département de la Seine-Saint-Denis) le 27octobre 2005 puis se sont répandues dans un grand nombre de banlieues, à travers le pays. D’ailleurs, l'état d’urgence fut déclaré le 08 novembre de la même année, puis prolongé pour une durée de 3 semaines consécutives. Le 17 novembre, la police déclare être revenue en situation normale mais après ce brutal déchirement du tissu social et culturel français. Des inquiétudes persistaient. Ces émeutes étaient prévisibles et se reproduiront peut-être ?! Effectivement , elles se sont reproduites quelques années après et, plus spécifiquement à Villiers-le-Bel (département du Val d’Oise), le 25 et 27 novembre 2007. Globalement, les tenants et les aboutissants demeuraient constants, malgré l’eau qui coula sous les ponts. D’ailleurs les objectifs qui furent principalement visés durant ces événements étaient : les forces de l'ordre, les transports publics (bus, arrêts, …), certaines zones franches urbaines « zones industrielles ou commerciales censées embaucher prioritairement dans les quartiers dits populaires », ainsi que certaines institutions républicaines et certains représentants de l'Éducation Nationale. 2 En revanche les chercheurs du CAIRN1 titraient : - Penser la crise des banlieues « marcheurs » de 1983 aux « émeutiers » de 2005. Deux générations sociales d’enfants d’immigrés. Cette posture intellectuelle nommée « Recherche-Action » est à conserver. Elle est un travail essentiel afin d’appréhender des mécanismes complexes. Dans certains cas, ces événements se sont transformés en émeutes, opposant plusieurs centaines de jeunes, notamment d'origines algérienne, marocaine et tunisienne, mais aussi d'autres origines, centreafricaine et subsaharienne (Bénin, Mali, Sénégal, …) ; très majoritairement, toute cette jeunesse est de nationalité Française. Cette jeunesse, « l’avenir et la richesse de la France », n’a pas hésité à manier le cocktail Molotov. Ces images que nous avons tous en tête étaient douloureuses, car le déni de citoyenneté était parfois scénographié et mis en scène par des médias peu scrupuleux. J’ai bien souvent en mémoire ces iconographies où certains jeunes acteurs et jeunes adultes déchiraient leur carte nationale d’identité, allant jusqu’à les brûler. Je pose devant vous le choix qu’a fait l’IHEDN, celui d’une démarche inductive, qui consiste à mettre les auditeurs en situations de découvertes et à les amener à en tirer des règles, à travers 5 jours de conférences, de débats, tables rondes, et travaux de comité. Durant ce 6e séminaire, les thématiques « Esprit citoyen – esprit de défense » permettront une réflexion sincère, l’objectif général étant celui d’une commune construction. Pour ma part, cette réflexion s’articule autour d’axes forts : La Liberté, Le Vivre ensemble et La Citoyenneté. Cette dernière, j’y suis viscéralement attaché puisque RENAN, en son temps, nous laissa l’héritage suivant : « L’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et que tous aient oublié bien des choses » Extrait de : Qu’est-ce qu’une nation ? Je retiens avec attention cet autre message qu’il nous a légué : « Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé ». 1 La volonté de quatre maisons d'édition (Belin, De Boeck, La Découverte et Erès) ayant en charge la publication et la diffusion de revues de sciences humaines et sociales. 3 Avec votre permission, je ferai une double digression. Monsieur le Préfet MOLLE nous indiqua : « que l’IHEDN a voulu élargir encore son champ d’action, en s’adressant aux personnes qui sont les points d’ancrage de nos valeurs républicaines ». Ce ne sont pas de vains mots, il semble important de rappeler que : Les valeurs de la République s’apprennent à l’Ecole, que ce soit à travers la vie scolaire ou à travers des actions éducatives spécifiques. Elles soustendent, au quotidien, le travail des enseignants dans leur classe. Cette éducation à la citoyenneté concerne l’ensemble des adultes qui interviennent auprès des élèves. Elle fait intervenir quelques fois à leurs http://eduscol.education.fr côtés des partenaires extérieurs. Mais, me direz-vous, et vous objecterez un « mais ! », que fait-on des 150 000 élèves par an qui sortent disqualifiés de notre système éducatif ? Et je vous rétorquerai : Que fait-on des cohortes de jeunes gens qui quittent le système éducatif avant leurs 16 ans ? Les réponses sont complexes et les problématiques protéiformes. D’ailleurs, certaines questions demeureront légitimes en matière d’éducation et d’éducation à la citoyenneté. Pour la seconde digression, vous indiquiez, Monsieur le Préfet, les causes et les déterminants sociaux relatifs à l’exclusion, au sein de quartiers dits populaires. Je veux rappeler que la crise économique et les facteurs de disqualifications sociales peuvent permettre aux extrêmes le jeu de délitement de la Cohésion Nationale. D’ailleurs, la 5e CNC travailla sa thématique sur l’intitulé suivant : Le travail de mémoire. Je rendrai un second hommage non pas à un homme mais à une femme de lettre : Hannah Arendt. Elle nous laisse l’adage suivant : « La principale caractéristique de l’homme de masse n’est pas la brutalité ou le retard mental, mais l’isolement et le manque de rapports sociaux normaux ». Alors, suite à cette quasi maxime, je souhaite faire le CQFD : pour les mathématiciens et autres informaticiens, il s’agit du célèbre « Ce Qu’il 4 faut Démontrer ». Les questions de « cohésion nationale et citoyenneté », La CAJ (COMMISSION ARMEES JEUNESSE) transmettait dans son rapport 2007-2008 (Egalité des chances, Reconnaissances des savoir-être/ Ministère de la Défense), dans la première partie nommée : Cadre général du sujet. « La reconnaissance des compétences est actuellement principalement fondée sur le diplôme. Le groupe de travail a souhaité élargir cette reconnaissance à d’autres critères, en particulier en matière de comportement et de savoir-être. Souvent les jeunes ne prennent pas la mesure des compétences qu’ils ont acquises, des fruits de leurs expériences, des aspects positifs de certaines activités ; ils ne pensent souvent pas à les formaliser afin de les faire reconnaître». La CAJ conclue, en partie, « Cette démarche est pourtant capitale ». Je souhaite revenir sur un vocable : la Défense. Selon moi, le concept de « Défense Globale » est caduc ou obsolète. Il serait plus pertinent de parler du concept de « Résilience » et de « Résilience sociétale », puisque la résilience, ce concept psychologique, ‘’serait rendue possible grâce à la structuration précoce de la personnalité’’. Encore une fois, Hannah Arendt, nous dit : « Pour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres ». Extrait de : Les Origines du totalitarisme : le système totalitaire. Pour la CAJ, comme pour vous, lors de ce séminaire, il s’agira de mettre en valeur les engagements de jeunes gens. Les solutions que vous proposerez seront d’ordre opérationnel. Ainsi, l’engagement spécifique de chaque jeune, auquel vous diffuserez une information, s’inscrira dans une démarche personnelle et individualisée, mais elle demeure une démarche tellement collective. En écho à la crise, je souhaite vous rappeler que, dans un contexte économique peu propice à l’emploi, le Ministère de la Défense s’impose comme le second recruteur au plan national, acteurs publics et privés confondus. La défense et la sécurité nationale demeurent des enjeux primordiaux. En matière de défense il faut d’ailleurs rappeler une formidable exception française, « Quelles que soient votre origine, votre religion, votre nationalité, quels que soient vos diplômes et niveau scolaire, quelle que soit votre situation familiale ou professionnelle, la Légion étrangère vous offre une nouvelle chance pour une nouvelle vie... » 5 Avant de conclure, je citerai une personnalité militaire avec laquelle je partage certaines de mes aspirations. En 2006, Emmanuel de RICHOUFFTZ quitta l'armée et se consacra pleinement à la vie d'entreprise au sein d'un grand groupe français GDF SUEZ, ainsi qu'à différentes actions tournées vers les banlieues françaises. Le journal de l’école de Paris du management 2009/3 (N°77), titra it, dans la revue Vies collectives : CITOYENNETE : LA PERCEE DU GENERAL DES BANLIEUES. En conclusion j’évoquerai un poète et journaliste littéraire de langue française, attaché à la République Française et son amour pour la Liberté, Egalité, Fraternité. Il nous indiquait : « L'homme ne peut vivre s'il ne s'accepte tel qu'il est, s'il ne se sent pas accepté par la société où il vit, s'il ne peut avouer son nom ». Jean AMROUCHE {1906-1962 PARIS}. Je demeure à votre disposition et souhaite vous remercier. 6