octobre 2010 - Commune de Saint Beauzire

Transcription

octobre 2010 - Commune de Saint Beauzire
Absence
Assis dans le café de la gare
Dans son complet,
Avec ses quarante ans,
Sans inquiétude,
Sans questions,
Sans le sommeil qui escorte les voyageurs du soir.
Peut-être prête-t-il attention aux signes du temps froid
Il bavarde avec sa tasse vide
Hoche la tête comme s’il voulait dire «non ».
Mais demeure assis avec assurance
Et les trains respectent leurs horaires,
Les voyageurs transportent leur trouble comme un bagage
Leur nostalgie comme un péché
Ils s’enfuient de l’excès de lumière du lieu
Tantôt vers les portes du train,
Tantôt vers la porte de sortie.
Et lui, juste assis,
Faisant signe à la chaise dans l’autre coin
De son café,
Dans son complet,
Avec ses quarante ans.
Il ne fait ses adieux à personne,
Il n’attend pas de train,
Mais comprend parfaitement
Pourquoi des statues ornent les gares.
Nasser Rabah
Course derrière une gazelle morte
Anthologie
Qui ne garde aux amours
Ses plus beaux jours ?
Laissons la vieille horloge,
Au palais du vieux doge,
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.
Comptons plutôt, ma belle,
Sur ta bouche rebelle
Tant de baisers donnés…
Ou pardonnés.
Comptons plutôt tes charmes,
Comptons les douces larmes,
Qu’à nos yeux a coûté
La volupté !
Alfred de MUSSET
Ce soir
si j’écrivais un poème
pour la postérité ?
fichtre
la belle idée
Assis un soir à la terrasse
de la lune
La chaleur ne quitte pas les jours déclinants
Mais les nuits sont désormais plus promptes à tomber
Aussi le vieil homme, depuis déjà quelques soirs,
S’est assis dehors jusqu’à la troisième veille.
Le vent bourrasque et fanfaronne,
Les étoiles clignent leur respiration lumineuse,
Les nuages se précipitent vers la lune épanouie,
Elle les disperse ensuite dans l’encre du ciel.
Tu cours, haletant, vers la jouissance,
Tu cours en vain
Mais lorsque tu renonces aux délices
Les voilà qui arrivent soudain.
YANG WAN-LI
(1127-1206)
je me sens sûr de moi
j’y vas
et
à
la
postérité
j’y dis merde et remerde
et reremerde
drôlement feintée
la postérité
qui attendait son poème
ah mais
L’instant fatal
Raymond QUENEAU
ESPACE CULTUREL DE SAINT-BEAUZIRE - OCTOBRE 2010