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Humanité
4 | 2013
Kirghizistan
La rudesse de la vie
tout là-haut
Réfugiés de Syrie
Lueur d’espoir dans
la nuit de la guerre
Soupe populaire
Chaque soir, c’est un peu Noël
Equateur
Les bien trop jeunes mères
de Tigre Playa
4
19
12
14
25
22
Impressum
Humanité, 4e édition 2013
Décembre 2013
ReportAGE – Kirghizistan
4 La rudesse de la vie tout là-haut
8 Une nouvelle génération
9 Aider les autres à s’en sortir
ISSN 1664-2015
Photo de couverture et verso: Fabian Biasio
Editeur: Croix-Rouge suisse,
Rainmattstrasse 10, Case postale, 3001 Berne
Téléphone 031 387 71 11, [email protected],
www.redcross.ch
Dons: CP 30-9700-0
Conseil sur les legs: téléphone 031 387 72 83
Notification de changement d’adresse: par courriel
à [email protected] ou par téléphone au
031 387 74 64
Adresse de la rédaction: Croix-Rouge suisse,
Rédaction Humanité, Case postale, 3001 Berne
[email protected], www.magazine-humanite.ch
Rédaction: Tanja Reusser (rédactrice en chef), Urs Frieden
(Santé et intégration), Andreas Häner (Levée de fonds),
Isabelle Roos (Partenariats avec le secteur privé), Christine
Rüfenacht (Santé et intégration), Isabel Rutschmann
(Communication), Katharina Schindler (Coopération
internationale), Karl Schuler (Coopération internationale)
12 ENGAGEMENT – Susanna Rudow, donatrice
de la CRS
«Je veux aider les personnes en détresse»
14 TÉMOIGNAGE – Soupe populaire
Chaque soir, c’est un peu Noël
16 COUP DE PROJECTEUR – Engagement international
de la CRS
Au plus près de l’humain
19 ARRIÈRE-PLAN – Equateur
Les bien trop jeunes mères de Tigre Playa
Contributions à la présente édition: Markus Mader,
Marco Ratschiller, Jeanne Rüsch
Abonnement: l’abonnement coûte 6 CHF par an et est
offert aux donateurs de la CRS.
Parution: trimestrielle
Langues: français, allemand et italien
Tirage: 124 200 exemplaires
Copyright sur toutes les photos sans indication:
Croix-Rouge suisse
Traduction: Service de traduction CRS
Graphisme et impression: Vogt-Schild Druck SA,
Derendingen
Prochaine édition: février 2014
PERFORM ANCE
neutral
Imprimé
No. 01-13-551235 – www.myclimate.org
© myclimate – The Climate Protection Partnership
Humanité est imprimé sur du papier recyclé à 100%. Parce qu’économiser les
ressources, c’est préserver l’environnement.
2
Humanité 4/2013
22 CONVICTION – Bénévoles Croix-Rouge
Un engagement sans limites
25 SUR LE TERRAIN – Réfugiés de Syrie
Lueur d’espoir dans la nuit de la guerre
29 PÊLE-MÊLE
Repas traditionnel dans une yourte
Jeux, dessin humoristique
© CRS, Caspar Martig
É ditoria l
Plus qu’une aide
Chère lectrice, cher lecteur,
La CRS n’aide pas. Je m’explique: la CRS n’aide pas les populations, elle collabore avec elles,
et la plupart du temps avec la Croix-Rouge locale. Cette approche nous permet d’être à la
fois efficaces et efficients, comme depuis le 10 novembre dernier aux Philippines, où, après
le passage du typhon, nos spécialistes s’engagent au titre de l’aide d’urgence.
Comme tout travail, la coopération au développement s’accompagne de défis à relever
et de solutions à trouver. Car nous voulons que les personnes concernées non seulement
acceptent nos activités, mais aussi qu’elles contribuent à en définir les contours et s’impliquent dans leur réalisation.
Et cela marche. J’ai pu m’en rendre compte par moi-même lors d’un récent voyage en Bolivie,
où, main dans la main avec la population et les autorités locales, nous mettons en place une
desserte médicale de base pour les villages reculés. Le savoir thérapeutique des communautés
indiennes n’est pas appelé ici à disparaître, mais, bien au contraire, à compléter la médecine occidentale conventionnelle. La CRS encourage ainsi l’élaboration de manuels sur les plantes médicinales traditionnelles et la constitution de pharmacies naturelles. Il faut avoir vu, dans un village
éloigné de tout, l’immense gratitude d’une mère dont l’enfant reçoit enfin les soins urgents
dont il avait besoin pour comprendre tout ce que représente la coopération internationale.
Chacun des délégués CRS dont vous verrez les visages en pages 16 et 17 pourrait vous parler de la reconnaissance de celles et ceux qui, dans des pays pour l’heure moins développés
que la Suisse, apprécient la moindre amélioration de leur quotidien.
Je vous souhaite de joyeuses fêtes, en espérant que la vie vous offre à vous aussi de quoi
être reconnaissant-e.
Avec mes salutations les meilleures,
Markus Mader
Directeur de la Croix-Rouge suisse
Humanité 4/2013
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repo rtag e
Kirghizistan
La rudesse de
la vie tout là-haut
Au Kirghizistan, pays de montagnes tiraillé entre tradition et modernité, la CroixRouge suisse (CRS) aide depuis dix ans des villages à se doter d’un système de santé.
Des bénévoles tels que Machabat Ibisheva (p. 6) se rendent sur les estives les plus
élevées pour conseiller les bergers. Parmi ceux-ci, Munara, qui passe tout l’été avec
ses enfants dans une yourte à 3500 m d’altitude. Contraintes et privations sont le lot
quotidien de ces familles pastorales.
TEXTe: KARL SCHULER photos: FABIAN BIASIO
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Humanité 4/2013
Humanité 4/2013
5
rep o rtage
C
hacun des quelque mille habitants
de Buguchu a affaire un jour ou
l’autre à Machabat Ibisheva, communément appelée Machabat. Car cette
femme de 53 ans non seulement dirige
l’école enfantine locale mais, en tant que
bénévole du comité de santé villageois,
effectue des visites à domicile dans ce village perché à 1500 m d’altitude. Sa robe
à fleurs multicolore s’accorde bien avec
sa personnalité cordiale et radieuse, qui
met à l’aise jeunes et moins jeunes. Nous
accompagnons Machabat lors de sa visite à une famille de paysans.
La bénévole du comité villageois mesure
la pression artérielle d’Aizuura. Il faut dire
que le Kirghizistan enregistre une sur-
Le lait de jument
fermenté, ou koumis, est la boisson
nationale de ce
pays de cavaliers.
Une population trop peu
consciente des risques qui
pèsent sur sa santé
mortalité due aux maladies cardio-vasculaires, nombre d’habitants ignorant les
risques associés à l’hypertension. Chez
les enfants, l’anémie est très répandue
du fait des carences alimentaires, d’où
les conseils nutritionnels de Machabat,
laquelle n’oublie pas non plus d’informer la famille des mesures à prendre
pour se protéger de la brucellose. Aussi
appelée «fièvre de Malte», cette infection
parasitaire est notamment transmise à
Machabat (à droite) consigne les valeurs tensionnelles d’Aizuura et explique à la paysanne comment les interpréter.
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repo rtag e
l’homme par l’ovin. Se manifestant par
de la fièvre et des douleurs articulaires,
elle peut avoir une issue mortelle. Dans
les villages kirghizes, la plupart des habitants élèvent des moutons. Grâce aux
campagnes d’information, la brucellose a reculé en dix ans, mais le risque
subsiste du fait de la promiscuité entre
l’homme et l’animal. La prévention passe
par une meilleure hygiène – notamment lors des mises bas. Il importe, entre
autres, de bien enterrer le placenta de la
brebis. Moyennant la
vaccination systématique des animaux et
la sensibilisation de
la population, l’éradication de la maladie
est possible. Un enjeu
qui motive Machabat,
comme en témoigne
aujourd’hui son intervention auprès d’Aizuura et de ses enfants.
les deux aînés laisse aussi entrevoir des
lendemains meilleurs. Aizuura, qui est
âgée de 38 ans, et les siens font partie
d’une génération nouvelle dans ce pays
à l’identité rurale. S’ils vivent chichement, l’autosuffisance totale n’est plus
la règle. La charge de travail est lourde,
et les revenus sont précaires. Bien que
la situation de la plupart des habitants
se soit améliorée depuis les débuts de
l’ère post-soviétique il y a une vingtaine
protègent du froid comme de la chaleur.
Ici, à 3500 m d’altitude, Eseubek, sa femme Munara et leurs trois enfants gardent
pendant les mois d’été 300 moutons et
treize chevaux appartenant à des paysans de la vallée.
Les bêtes ont déjà été rassemblées, afin
que le vétérinaire puisse leur admi­nistrer
un vaccin antibrucellique sous forme de
collyre. Machabat donne à la bergère
Munara et à ses enfants de précieux con-
Une petite paysanne optimiste
A Buguchu, sur sa petite exploitation d’un
demi-hectare, Aizuura cultive des pomLes moutons estivés ont été regroupés afin d’être vaccinés.
mes de terre et des
légumes. Des pommiers complètent la production vivrière.
d’années, le niveau de vie de l’actuel
Le cheptel comprend une vache laitière,
Kirghizistan est encore loin d’être éle20 poules pondeuses, cinq moutons qui
vé (cf. p. 8).
passent l’été à l’alpage ainsi qu’une jument pourvoyeuse du précieux lait qui
La yourte, héritage toujours vivant
est également estivée. Le père de familMachabat et Mairambek, le vétérinaire,
le passe la semaine à Bichkek, la capitale,
nous conduisent ensuite sur le pâturasituée à trois heures de là, où son activité
ge où sont estivés les moutons d’Aizude journalier sur les chantiers lui rapporura. Les deux membres actifs du comité
te 20 000 soms par mois, soit 400 CHF.
bénévole villageois se connaissent bien.
Agés de 4 à 14 ans, les trois enfants parLe véhicule progresse au gré des viraticipent aux travaux de la ferme.
ges amples de la route empierrée. Les
Aizuura nous conduit fièrement dans
pentes sont d’un vert de velours, des
sa nouvelle maison en glaise séchée.
sommets enneigés culminant à plus de
Le bâtiment d’exploitation est en pas6000 m scintillent à l’horizon et d’irréelse d’être terminé. «Grâce à la vente de
les volutes de nuages se détachent sur
nos pommes de terre et au revenu d’aple vaste ciel bleu. Nous sommes accueilpoint de mon mari, nous avons plus de
lis par les aboiements d’un chien de
place: plus besoin de vivre entassés chez
troupeau qui nous guide jusqu’à la
mes beaux-parents!», explique-t-elle.
yourte. Le vent glisse sur la tente circulaiLa fréquentation assidue de l’école par
re, dont les parois de feutre et de peau
Un vaccin sous forme de collyre
seils qui les aideront à se prémunir contre certains risques. Elle revient notamment sur les modes de trans­mission de
la brucellose. Le koumis – lait de jument
fermenté – est servi en guise de remerciement pour la vaccination et les recommandations. Très prisée des Kirghizes,
cette boisson bienfaisante est une autre institution qui a survécu à l’irruption de la modernité. Bien que le lait de
jument soit crédité de grandes vertus,
l’aigreur du breuvage a de quoi rebuter
les non-initiés.
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7
rep o rtage
TROIS QUESTIONS
Tobias Schüth
Ce médecin de 55
ans intervient depuis
treize ans comme délégué de la CRS au
Kirghizistan, où il
œuvre à l’approvisionnement en soins.
Quels sont les principaux
problèmes de santé du
Kirghizistan?
Les montagnes du Kirghizistan elles aussi à l’heure de la modernité
Kirghizistan
Une nouvelle
génération
Au Kirghizistan comme dans toutes les ex-républiques soviétiques, l’indépendance il y a une vingtaine d’années s’est soldée par un effondrement économique. La population a payé
un lourd tribut à sa conversion à l’économie de marché.
TEXTe: KARL SCHULER photo: FABIAN BIASIO
L
e Kirghizistan est, avec le Tadjikistan,
le pays d’Asie centrale au plus faible
revenu national. L’agriculture occupe encore un peu plus de la moitié des 5,5 millions de Kirghizes, tandis que beaucoup
d’autres sont acculés à l’émigration.
Cependant, la situation économique s’est
légèrement redressée ces dernières années. De nombreuses entreprises familiales ont été créées dans le commerce de
détail et l’artisanat. Les bazars, où de petits
détaillants marchandent tout, des denrées
agricoles locales aux produits d’importation chinois, sont très fréquentés.
Comme en Suisse, la ressource hydrique
est abondante. On assiste actuellement
à un développement de l’énergie hydraulique et à l’aménagement d’axes
routiers en altitude. Siégeant à Bichkek,
dans le nord, le gouvernement espère
ainsi accroître son contrôle sur le sud du
pays, théâtre il y a trois ans de violents af8
Humanité 4/2013
frontements entre Kirghizes et Ouzbeks.
La réforme constitutionnelle de 2010 a
doté le pays d’un parlement multipartite
et d’un régime stable.
Programmes de santé au Kirghizistan
Depuis l’indépendance, l’accès de la population rurale aux soins est très déficient.
Aussi la Direction du développement et de
la coopération (DDC) a-t-elle décidé de financer la formation de comités de santé
villageois. La CRS a été chargée de la réalisation du programme avec le ministère de
la santé kirghize. De petits hôpitaux et dispensaires ont été rénovés, du personnel a
été formé. Le pays est maillé d’un dense réseau de 1700 comités de santé desservant
85% des villages. Une solution à la fois efficiente et financièrement soutenable, dont
la viabilité dépend de la confiance des habitants dans les bénévoles.
➔ redcross.ch/kirghizistan
Environ la moitié de tous les décès sont
consécutifs à des maladies cardio-vasculaires, parce que la plupart des habitants ignorent leur statut tensionnel. En
outre, l’anémie ferriprive est fréquente,
touchant la moitié des enfants en bas
âge et des femmes enceintes. Nombre
de familles rurales ne peuvent se permettre de consommer de la viande plus
d’une fois par semaine. L’anémie, qui
interfère avec le développement cérébral, peut avoir des effets irréversibles.
Les enfants concernés ont souvent des
difficultés d’apprentissage et un système immunitaire moins performant.
Mais qu’en est-il des
compléments alimentaires?
Ils sont inabordables pour la plupart
des familles. Aussi la fourniture gratuite à des familles des quatre coins du
pays d’une poudre à base de fer qui
peut être mélangée aux aliments des
tout-petits est-elle un acquis majeur
de notre action. Grâce à cette mesure,
l’anémie a déjà fortement reculé. La
sensibilisation des habitants aux conséquences de l’hypertension passe par
les opérations porte-à-porte des bénévoles des comités de santé. Ils mesurent
gratuitement la pression artérielle et
adressent les hypertendus à un médecin. La supplémentation de la population en iode à travers la distribution de
sel enrichi est une autre avancée.
Qu’est-ce qui a changé
depuis que vous vivez au
Kirghizistan?
C'est à Bichkek, la capitale, que les
changements sont le plus visibles. La
ville a perdu son caractère typiquement
soviétique pour se parer des attributs
de l’Occident: panneaux publicitaires,
enseignes colorées, cafés et automobile
omniprésente. A la campagne, rien ou
presque n’a changé. La transition économique a toutefois été douloureuse,
l’Etat ne prenant plus en charge tous
les aspects de la vie. Mais les habitants
ont passé ce cap et je les admire pour
leur faculté de rebondir.
repo rtag e
Combattre l’alcoolisme
Aider les autres à s’en sortir
L’alcoolisme est un fléau au Kirghizistan, où nombre d’hommes au chômage noient leur désespoir dans la boisson. L’abus de vodka bon marché peut mettre en péril l’existence de toute
une famille. Des bénévoles de la Croix-Rouge encouragent les personnes concernées à rejoindre des groupes de parole.
TEXTe: KARL SCHULER photo: FABIAN BIASIO
N
ous sommes affalés dans le sofa d’un
salon orné de tapis muraux. Dans sa
simplicité, la maison individuelle se distingue à peine des autres habitations de
la petite ville de Kochkor, dans le nord du
Kirghizistan. L’accueil de notre hôte de
41 ans se pare d’une franchise et d’une
cordialité toutes kirghizes. Mais quelque
chose de plus se dégage des propos de
Beishembiev: l’immense fierté de «s’en
être sorti», comme il le martèle.
Il fait là allusion à sa victoire sur l’alcoolisme.
«J’ai commencé à boire dès l’âge de 15
ans et suis resté accro pendant 18 ans. L’al-
cool a détruit mon couple et m’a entraîné
dans une véritable déchéance physique»,
confesse Beishembiev en toute franchise.
A son tour, Beishembiev
Tataertbek aide des personnes
dans leur combat contre la
dépendance.
Avant d’évoquer avec gratitude l’intervention salvatrice d’une connaissance de la
Croix-Rouge qui, il y a huit ans, l’a convaincu de rejoindre un groupe de parole des
Alcooliques Anonymes. Non seulement le
quadragénaire est sevré, mais il anime désormais des rendez-vous de l’association!
Beishembiev vit aujourd’hui avec sa mère
de 66 ans et ses fils Azamat et Nurjigit,
âgés respectivement de 12 et 17 ans. Les
larmes aux yeux, la mère revient sur sa
dérive, la perte de son emploi, sa rupture
avec les siens. Avant de se remémorer la
joie que lui ont procurée sa sobriété nouvelle et son retour dans le giron familial.
Les deux garçons embrassent alors spontanément leur père. Un geste d’affection
suffisamment éloquent.
➔ redcross.ch/kirghizistan
Beishembiev Tataertbek (à droite) a surmonté sa dépendance à l’alcool – pour le plus grand soulagement de ses fils et de sa mère.
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9
2 × Noël
Pour les plus défavorisés
au
2013 ez!
.
2
1
.
D u 2 4 4 : pa r t i c ip
01
11. 1. 2
Action 2 × Noël: aliments et articles d’usage courant pour les personnes démunies en Suisse et à l’étranger
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cadeau destinée aux donatrices et donateurs de la CRS. Un jury sélectionnera
les cinq plus beaux motifs. Les artistes
primés gagneront un paquet surprise
de la CRS. Voici comment faire: sur un
papier épais grandeur carte postale
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comprendre une croix rouge. Envoyez
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à: Croix-Rouge suisse, «Concours de dessin», Case postale, 3001 Berne.
Typhon Haiyan: aide d’urgence CRS
Pakistan et Erythrée:
objectif atteint
■ Trois ans et demi après les crues qui
ont dévasté le Pakistan, la CRS a achevé
son programme de reconstruction dans
le sud du pays. Quelque 3550 sinistrés
bénéficient désormais de logements résistant aux séismes et aux inondations.
Des campagnes pour une meilleure hygiène et des naissances sûres ont en
outre été menées en vue de promouvoir
la santé des familles de cette région défavorisée.
En Erythrée, la CRS achève actuellement
la mise sur pied du Service national de
transfusion sanguine. En collaboration
avec le ministère de la Santé, les processus ont été systématiquement professionnalisés et le nombre de donneurs
s’est sensiblement accru. Le dispositif
transfusionnel, plusieurs fois certifié, répond désormais aux normes internationales.
■ Aux Philippines, la désolation a atteint des proportions gigantesques. Thomas Büeler, logisticien CRS expérimenté,
est bouleversé: «Je suis passé devant une
école en ruine où tout un village avait
trouvé refuge en se croyant en sécurité. Le bâtiment était complètement détruit», rapportait-il quelques jours après
la tragédie en nous transmettant l’image
ci-contre.
Le 8 novembre, le typhon Haiyan a balayé les Philippines à plus de 300 km/h,
anéantissant des villages entiers, détruisant de nombreuses voies de communication et paralysant l’ensemble des
infrastructures. Cette tempête, la plus
forte jamais enregistrée, a fait plusieurs
milliers de victimes et près de 4 millions
de sans-abri.
Quelques jours après le passage du
typhon, deux spécialistes de la CRS
étaient déjà sur place pour contribuer
à la mise en place d’une aide d’urgence
malgré la situation chaotique. Ils ont été
rejoints une semaine plus tard par deux
autres experts. Avec le soutien des bénévoles de la Croix-Rouge philippine,
la première distribution de biens de secours a eu lieu sur l’île de Bantayan, où
3000 familles ont reçu outils, tôle et matériaux de construction. Ainsi, quelque
20 000 personnes bénéficient d’abris
provisoires, une question de survie vu les
nouvelles précipitations attendues.
Au-delà de l’aide d’urgence, la CRS
contribuera bien entendu également
à la reconstruction. Aussi est-elle toujours tributaire de la générosité des donateurs.
➔ redcross.ch/philippines
Un don pour
redonner la vue
■ La CRS et McOptik combattent ensemble la cécité liée à la pauvreté. Pour
ses quinze ans, la chaîne d’opticiens
a fourni gratuitement 7500 montures
neuves à la CRS et collecte des fonds
pour des projets ophtalmologiques en
Afrique et en Asie.
Dans l’ensemble de ses 61 succursales, une tirelire permet à chacun de se
joindre à l’action.
➔ mcoptik.ch
Humanité 4/2013 11
en gagE MENT
Susanna Rudow, donatrice de la CRS
«Je veux aider les
personnes en détresse»
L’histoire de Susanna Rudow pourrait aisément être portée à l’écran. Car si cette donatrice
fidèle et engagée de la Croix-Rouge suisse (CRS) a fini par réaliser ses rêves au fil du temps,
sa vie aura été riche en rebondissements inattendus.
texte: Tanja Reusser Photos: Tres Camenzind
pour passer quelques semaines de repos
en Suisse, loin de leur pays déchiré par la
guerre. Sa mère les prenait en charge, les
baignait, leur donnait des habits propres
et les plaçait dans des familles d’accueil.
«La Croix-Rouge nous rappelait à quel
point nous avions de la chance d’avoir
grandi dans la patrie d’Henry Dunant.
Ça m’a toujours réjouie d’être née dans
le même pays que lui et que les quatre
autres pères fondateurs de la CroixRouge.» Susanna Rudow connaît bien la
Le principe de vie
de Susanna Rudow:
faire le maximum
pour les plus faibles
D
es pattes-d’oie se dessinent au coin
des yeux de Susanna Rudow alors
qu’elle contemple le lac de Zoug. Ces
fines ridules, qui soulignent la douceur
de son regard, ne se forment que lorsqu’elle sourit. Sinon, impossible de deviner que cette femme élégante a déjà 78
ans. Et je ne suis de loin pas la première à
lui en faire le compliment. «Personne ne
veut me croire, et cette méprise sur mon
âge peut avoir des suites fâcheuses à l’hôpital», répond-elle en glissant au passage
qu’après quatre traitements contre des
tumeurs, sa santé n’est pas au beau fixe.
Il y a six ans, elle et son mari ont quitté le
canton d’Argovie pour s’installer dans un
appartement moderne et lumineux avec
une magnifique vue. Susanna Rudow n’a
jamais craint le changement. Si elle aime
se remémorer le passé, elle ne s’accroche
12
Humanité 4/2013
pas pour autant à des lieux spécifiques.
Un détachement qui lui a été bénéfique:
«Vous savez, c’est en sachant saisir les occasions qu’on devient ce qu’on a envie
d’être. J’en suis convaincue.» Et c’est ce
que démontre son histoire.
Souvenirs d’enfance
Susanna Rudow grandit à Thoune, à
deux pas de la place d’armes. Grâce à sa
mère pétulante et dynamique, elle est en
prise directe avec la réalité vécue par les
femmes engagées bénévolement sous la
bannière de la Croix-Rouge pendant les
deux guerres mondiales. Sa mère, qui est
toujours mobilisée en cas de besoin, s’investit notamment pour le Secours aux enfants de la CRS dans les années 40 et 50.
Susanna Rudow se souvient de «l’état pitoyable» des enfants qui arrivaient en train
La mère de Susanna Rudow était bénévole
du Secours aux enfants de la CRS, qui a accueilli près de 181 000 enfants entre 1946
et 1956 pour un séjour de repos en Suisse.
vie d’Henry Dunant, elle qui a lu Un souvenir de Solférino et qui s’attaque désormais à une biographie fouillée rédigée par
Yvonne Steiner. «Pas très pratique comme
livre de chevet», regrette-t-elle toutefois.
D’autres événements marquants de son
enfance expliquent son fidèle soutien à
la Croix-Rouge. Petite, elle se rend régulièrement à l’hôpital pédiatrique pour
trouver un jeune cousin hémophile dont
elle est très proche. Dans les corridors, de
nombreux enfants pleuraient à fendre
l’âme, se souvient-elle. Elle se jure alors
de faire don de ses économies à la CroixRouge à chaque fois qu’elle en aura la
possibilité. Dont acte.
Tranches de vie
Le destin de Susanna Rudow et celui de
son cousin se mêlent encore plus lorsqu’elle apprend qu’elle est porteuse du
gène défectueux à l’origine de l’hémophilie. Si elle devait avoir des enfants, elle
transmettrait selon toute probabilité la
maladie à ses garçons et le gène en question à ses filles. Aussi les médecins lui suggèrent-ils de renoncer à la maternité.
Par la suite, elle se marie avec un professeur allemand de 30 ans son aîné et s’installe avec lui en Allemagne, où le couple
vit deux ans de bonheur. Mais son mari
meurt, et la jeune veuve hérite de ses
dettes. Grâce à sa solide formation commerciale et à ses aptitudes linguistiques,
elle décroche rapidement un poste et
peut rembourser tous ses créanciers.
Après plusieurs années en Allemagne, elle
n’en conserve pas moins un accent suisse
caractéristique. C’est ainsi que lors d’une
La septuagénaire a lu presque tous les ouvrages consacrés à la vie d’Henry Dunant et à
la fondation de la Croix-Rouge.
fête d’anniversaire, un vieil homme lui
propose de lui présenter son neveu, qui
vit seul en Suisse avec ses quatre enfants
depuis le départ de sa femme. «Je lui ai ré-
«Dans mon testament, j’aimerais léguer quelque chose à la
CRS pour aider ceux qui ne sont
pas aussi privilégiés que nous.»
pondu que la situation me semblait délicate. Premièrement, je ne connaissais rien
aux enfants. Deuxièmement, je doutais de
mes capacités à cuisiner pour autant de
monde.» Quand elle finit par les rencontrer, elle saisit immédiatement sa chance:
«Je me lance.» C’est ainsi qu’elle devient la
belle-mère de quatre enfants de 6 à 16 ans.
Elle se retrouve souvent seule avec eux
quand son mari part en voyage d’affaires,
une situation pas nécessairement évidente. Aujourd’hui, elle y repense pourtant avec gratitude et nous présente une
photo de ses enfants désormais adultes,
avec lesquels elle entretient d’excellentes
relations. Elle est toujours là pour eux, ainsi que pour ses petits-enfants. «Mais tout
le monde n’est pas aussi privilégié que
nous. C’est pourquoi dans mon testament, j’aimerais léguer quelque chose à la
CRS pour aider les personnes en détresse.
Je veux faire un geste», confie-t-elle avec
détermination. Puis elle jette un regard
sur Zoug et son lac avec un grand sourire.
Une cité au bout d’un lac, à l’image de
Thoune, la ville de son enfance.
Humanité 4/2013 13
T É M OIGNAGE
Soupe populaire
Chaque soir,
c’est un peu Noël
La moitié des paquets offerts dans le cadre de l’action 2 ✕ Noël sont redistribués à des personnes vivant près de chez nous. La Soupe populaire à Lausanne, où les plus démunis ont la
possibilité de prendre un repas gratuit, parfois le seul de la journée, est l’une des organisations bénéficiaires.
texte: Christine Rüfenacht photos: Roland Blattner
1
9h45, à l’ombre du Pont Bessières.
Les portes de la Soupe populaire
de la Fondation Mère Sofia s’ouvrent.
La foule impatiente s’engouffre dans
le local: devant, un vieil homme avec
son déambulateur et une mère de famille serrant la main de son enfant,
derrière, des jeunes un peu perdus et
quelques migrants qui espèrent des
jours meilleurs. Une file d’attente se
forme rapidement devant le buffet,
où les bénévoles – piliers de la Soupe
populaire – servent un repas chaud.
Ce jour-là, on propose une soupe
14
Humanité 4/2013
brune, du riz, quelques légumes et
des champignons. La viande, par contre,
il faudra s’en passer. Il est très rare
d’en avoir au menu. Mais pour com-
«Un espace d’accueil où
les gens se retrouvent, dans
la dignité et sans discrimi­
nation.»
bler les estomacs creux, il y a encore
des sandwichs et des viennoiseries du
jour, récupérées dans les boulangeries
de la ville.
Lieu de refuge
Ce scénario se répète chaque jour. Cent
à 200 personnes viennent se restaurer
tous les soirs à la Soupe populaire, ce qui
représente 63 000 repas par an, explique
Yan Desarzens, Directeur général de la
Fondation Mère Sofia. «C’est un espace
d’accueil où les gens se retrouvent, dans
la dignité et sans discrimination», précise-t-il. Outre un repas chaud, les personnes qui le souhaitent peuvent aussi
bénéficier de conseils, et sont alors dirigées vers d’autres structures, en fonction
de leurs besoins.
TÉ MO IG N AG E
niale, parce que les donateurs sont sûrs
que l’aide va directement à ceux qui en
ont besoin!», commente Yan Desarzens.
Ouverte à tous
Les bénévoles de
la Fondation Mère
Sofia trouvent eux
aussi que 2 ✕ Noël
est une action géniale.
La Soupe populaire est ouverte à tous. La
plupart des personnes que l’on y croise
viennent pour avaler un repas chaud, et, s’il
y a assez d’invendus à disposition, ramener
du pain ou des fruits à la maison. Mais, depuis deux ans, il y a aussi de plus en plus de
gens âgés, ce qui témoigne d’un phénomène grandissant, et préoccupant: la solitude. C’est le cas de cet homme aux cheveux blancs, âgé de 87 ans, premier servi
au buffet. Habitué de la Soupe populaire, il
apprécie de pouvoir manger correctement
une fois par jour. «Et puis, ça m’occupe de
venir ici», dit-il entre deux bouchées.
Jean, pour sa part, a fréquenté la Soupe
pendant plusieurs années avant de se
construire une situation professionnelle
solide et devenir bénévole à son tour. Il
Les denrées nécessaires à la préparation
des repas proviennent entre autres de
l’action 2 ✕ Noël, via la Croix-Rouge vaudoise. Les colis des donateurs permettent
de diversifier les menus. Ils alimentent
aussi l’Echelle, un autre service de la Fondation Mère Sofia, qui fournit gratuitement de la nourriture aux familles en difficulté, afin de soulager leur budget. Avec
l’argent ainsi épargné, celles-ci peuvent
par exemple acheter une paire de lunettes à leur enfant. Les colis de 2 ✕ Noël
permettent à l’Echelle de fonctionner
quatre à cinq mois. «Cette action est gé-
À PROPOS
2 ✕ Noël
C’est la 17e édition de 2 ✕ Noël,
une initiative de la Croix-Rouge
suisse, de La Poste Suisse et de
SRG SSR. Du 24 décembre 2013
au 11 janvier 2014, La Poste
Suisse expédie gratuitement vos
colis adressés à la CRS pour l’opération 2 ✕ Noël. Nous veillons à
distribuer la moitié des dons en
Suisse et l’autre moitié en Europe de l’Est. Idéalement, un colis se compose de pâtes, riz, huile,
conserves, sucre, farine, fruits
secs, dentifrice, brosses à dents,
savons, shampooing, cahiers,
feutres, crayons, etc. Les denrées alimentaires doivent avoir
une durée de conservation d’au
moins six mois.
des familles qui atteignent les limites,
même si elle travaillent», explique Paul
Milliet, qui coordonne l’action 2 ✕ Noël à
la Croix-Rouge vaudoise. Ces prochaines
semaines, il distribuera de nouveau
24 000 kilos de denrées alimentaires, produits hygiéniques et autres cadeaux dans
le canton, principalement via des organisations actives localement et des communes, proches des gens qui ont besoin
de soutien. Une aide qui, selon Paul Milliet, évitera aux bénéficiaires de s’enfoncer davantage encore dans la précarité.
➔ 2xnoel.ch
Travail d’équipe: Yan Desarzens de la Fondation Mère Sofia et Paul Milliet de la
Croix-Rouge vaudoise
a 45 ans et vient presque tous les jours.
«La Soupe populaire, c’est une porte magique!, s’enflamme-t-il. C’est le seul endroit où vous pouvez dire ‹stop› à la misère, au moins le temps d’un soir.» Les
nombreux liens qu’il a tissés au fil du
temps, que ce soit avec les bénéficiaires
ou les autres bénévoles, lui sont très précieux. «Ce qui se fait ici est très fort!»
Précarité accrue
La Soupe fait partie du rituel quotidien de
cet homme âgé de 87 ans.
Dans le canton de Vaud, comme ailleurs
en Suisse, de plus en plus de gens vivent
dans la précarité. «Ce sont par exemple
Ancien bénéficiaire de la Soupe, Jean est
désormais un bénévole très engagé.
Humanité 4/2013 15
COUP DE PROJECTEUR
Engagement international de la CRS
Au plus près de l’humain
Claudio Stauffer
Honduras
Anne-Catherine Bickel Paul Rüegg
salvador
Haïti
Outre la prévention
des catastrophes, la
Croix-Rouge s’engage
en faveur de la jeunesse dans les quartiers pauvres.
Face à la multiplication des phénomènes
météorologiques extrêmes, les mesures
de protection et
d’évacuation sont
capitales.
Honduras
Après le séisme et
la reconstruction, il
s’agit désormais de
préparer la population aux catastrophes
naturelles futures.
Haïti
La CRS améliore l’accès à l’eau dans des villages de la région de
Tombouctou, dévastée
par la guerre.
Salvador
Lutte contre la cécité liée à la pauvreté:
la CRS réalise quelque
2000 opérations de la
cataracte par an.
Equateur
Togo
Ghana
Bolivie
Paraguay
Photos: Clemens Laub
Mali
Seth Adde-Kyereme
ghana
16
Bos
Kamilou Wahabou
Sandra Aeschlimann
mali
Amilcar Albán
ÉQUATEUR
Edoh Adjakly
togo
Ömer Güven
Liban/ÉGYPTE
Alexandra Machado
MALawi
La CRS s’engage pour
la santé des communautés indigènes en
Amazonie.
Promotion de la santé materno-infantile:
grossesse et accouchement s’accompagnent de risques
considérables.
La transfusion sanguine pour sauver
des vies: la CRS assure
l’approvisionnement
en produits sanguins
de qualité.
Dans ce pays parmi les
plus pauvres d’Afrique,
la CRS met sur pied un
programme de santé
et améliore le service
de transfusion.
Albino Portillo
paraguay
Eduardo Lambertin
Bolivie
Claudia Plock
sOudan
James Mwanza
Soudan du Sud
Adèle Beerling
ÉTHIOPIE
Nous aidons les petits
paysans à faire valoir
leur droit à la santé
et à la terre.
Notre action a contribué
à réduire la mortalité
infantile dans certaines
régions reculées.
La sécheresse touche
de vastes portions
de territoire. La CRS
construit des puits
pour 30 000 personnes.
Indépendant depuis
2011, ce jeune Etat
a besoin d’aide pour
développer l’accès
aux soins.
Sans pluie, la crise
alimentaire est imminente. La CRS soutient des familles
d’éleveurs dans le
sud du pays.
Humanité 4/2013
So
d
TROIS QUESTIONS
Martin Fuhrer
Mihela Hinic
Bosnie
Tatyana Svetlovich
Biélorussie
Hannelore Gut
Moldavie
Nadine Weber
Jordanie
La détresse sociale,
fléau quotidien: la
CRS aide malades,
personnes âgées et
familles pauvres.
Des seniors actifs se
rendent au domicile
de personnes malades
ou très âgées. La CRS
assure coordination
et formation.
Dans ce pays parmi
les plus pauvres d’Europe, des personnes
âgées seules sont
prises en charge.
La CRS aide les familles de réfugiés
syriens à s’établir
provisoirement dans
leur pays d’accueil.
Après 21 ans à la tête
de la Coopération internationale de la CRS,
Martin Fuhrer, 59 ans,
quitte ses fonctions en
fin d’année. Il continuera de travailler à
temps partiel pour
l’œuvre d’entraide.
Pourquoi la CRS intervient-elle à l’étranger?
Biélorussie
En sa qualité de Société nationale
d’un pays prospère, il est de son devoir d’apporter son aide aux plus démunis, là où les conditions de vie sont
précaires. Toutes les Croix-Rouges de
pays riches s’engagent dans des régions défavorisées du globe. Au sein
du Mouvement, la répartition du travail est bien définie: le CICR est présent
dans les zones de guerre, tandis que
les Sociétés nationales interviennent
après des catastrophes naturelles et
fournissent un travail sur le long terme
(reconstruction, prévention des catastrophes, coopération au développement).
Moldavie
snie
Kirghizistan
Liban
Chine/Tibet
Jordanie
Egypte
Bangladesh Laos
Népal
Soudan
Vietnam
oudan
du Sud
Cambodge
Ethiopie
Malawi
Sybille N’Zebo
Bruno Gremion
Swaziland
Dans ce petit Etat avec
une très forte prévalence du sida, la CRS
encourage la prévention et le traitement.
Bien sûr, mais l’aide individuelle ne
suffit pas. Il s’agit de bien plus: par
notre travail, nous amorçons des processus sociaux, combattons les injustices, favorisons le développement.
Nous obtenons ainsi des résultats remarquables. Mais la coopération au
développement n’est pas omnipotente; des améliorations durables et
profondes sont aussi conditionnées
par de bons gouvernements, de la
stabilité, des relations commerciales
équitables.
Swaziland
Letitia Kleij
Bangladesh
Améliorer les conditions de vie: nous formons et aidons des
femmes et des mères
qui transmettent
ensuite leur savoir.
Aider les personnes,
est-ce la motivation de
l’engagement international?
Tobias Schüth
Kirghizistan
Kamal Baral
Népal
Grâce à la CRS, 1700
comités de santé villageois s’engagent
dans ce pays montagneux.
Eau, santé, protection contre les catastrophes: l’aide de la
CRS aux villages
défavorisés est multiforme.
Chansouk Phandolack
Jean-Marc Thomé
laos
Ronald Bannerman
Cambodge
Luigi Viscardi
vietnam
Un tiers de la population n’a pas accès à
l’eau potable. La CRS
améliore la santé et
l’hygiène.
Engagée au Vietnam
depuis 50 ans, la CRS
se concentre désormais sur la protection
contre les typhons.
Se rendre à l’hôpital
est bien souvent trop
cher. La Croix-Rouge
a donc créé un fonds
pour les plus démunis.
Brigitte Crost
Dicken Higgins
tibet
La CRS est la seule organisation humanitaire
suisse à soutenir la desserte médicale dans des
villages isolés du Tibet.
Pourquoi l’engagement
dans un pays dure-t-il
souvent plusieurs années?
Si nous vivons à une époque où tout
doit aller vite, les changements sociétaux ne se font pas du jour au lendemain. Il faut de la patience, de la persévérance. Parfois, il faut surmonter
des revers de fortune et des crises pour
continuer malgré tout d’avancer. La
coopération, c’est aussi être aux côtés
du partenaire pour le meilleur comme
pour le pire.
Santé commu­
nautaire
Prévention des
catastrophes
Eau et hygiène
Reconstruction
Ophtalmologie
Programme d’allocation d’espèces
Médecine trans­
fusionnelle
Humanité 4/2013
17
Votre parrainage – pour
répondre à l’urgence
Avec
r,
jou
r
a
p
F
H
1C
onnes
s
r
e
p
s
aidez le resse!
en dét
 Oui, je souscris à un parrainage pour 1 CHF par jour,
soit 30 CHF par mois.
 Veuillez m’envoyer des informations sur les parrainages
de la CRS.
En Suisse comme à l’étranger, les situations de crise requièrent une
intervention rapide. Parrainer notre action, c’est secourir sans tarder les victimes de catastrophes – et donc répondre efficacement
à l’urgence. Avec 1 CHF par jour, vous pouvez alléger la souffrance
et sauver des vies. Souscrivez dès aujourd’hui à un parrainage.
Pour en savoir plus:
www.crs-parrainage.ch
Courriel: [email protected]
Prénom/nom:
Rue/n°:
NPA/localité:
Date de naissance:
Tél.:
Courriel:
Signature:
A retourner à: Croix-Rouge suisse, Parrainages
Rainmattstrasse 10, Case postale, 3001 Berne
A R R IÈ R E -P LA N
Ces trois femmes sont devenues mères à 16 ans – rien d’inhabituel dans le village de Tigre Playa, en pleine forêt vierge.
Equateur
Les bien trop jeunes mères
de Tigre Playa
En Equateur, une jeune fille sur cinq tombe enceinte avant d’avoir atteint l’âge adulte, un
chiffre plus élevé encore dans les villages reculés des basses terres d’Amazonie. Les soins
médicaux font défaut lorsque des complications obstétricales surgissent. C’est pourquoi la
Croix-Rouge suisse (CRS) améliore la prise en charge médicale et encourage la sensibilisation des jeunes indigènes.
Texte ET photos: Katharina Schindler «
C
e que je veux, c’est que nous ayons
le choix. Il y a trop d’adolescentes
qui tombent enceintes et qui sont livrées à elles-mêmes. Elles vivent dans
la pauvreté, les pères des enfants ne
s’occupent pas d’elles. Souvent, elles
ne savent pas bien ce qui se passe avec
leur corps – et deviennent mères avant
même d’avoir vraiment réfléchi à la situation.» Quand Jani Begai, 18 ans,
parle de ce problème, son indignation est palpable. Elle-même fille d’une
mère célibataire, elle a grandi dans des
conditions difficiles à Tigre Playa. Une
chose est sûre: elle ne veut pas avoir la
même vie que sa mère. Lorsqu’elle a appris que l’organisation Fonakise, soutenue par la Croix-Rouge, recherchait de
Humanité 4/2013 19
A RR IÈ RE- PL AN
«Ce que je veux,
c’est que nous
ayons le choix»:
la jeune bénévole
Jani Begai sensibilise les adolescentes de son âge à
la contraception.
Une rencontre que
je n’oublierai jamais: dans la maison de village, les
jeunes mères me
racontent leur destin sans pudeur.
jeunes promoteurs de santé bénévoles,
elle s’est tout de suite emballée pour le
projet.
Lors de cours et d’ateliers, la jeune Quechua a beaucoup appris sur la grossesse
et l’accouchement, sur la responsabilité sociale et le droit à la contraception.
Aux côtés d’autres bénévoles, elle intervient désormais dans des écoles et des
villages et participe à des émissions de
pliées sur elles-mêmes, presque coupées du monde. L’extraction pétrolière,
en plein essor dans la région, vient troubler ce cadre «idyllique» depuis un moment déjà. Les hommes sont toujours
plus nombreux à rechercher un travail
auprès des consortiums et à vivre des
mois en ville. Les structures familiales traditionnelles changent, le sida progresse.
Autant de facteurs qui ont des retombées sur les perspectives des jeunes. La
conscience des défis que pose le monde
moderne contraste avec la vie au village,
empreinte de traditions ancestrales.
«Nous nous adressons
aussi aux garçons, eux aussi
sont concernés par le problème.»
la radio locale dans le but de sensibiliser
les adolescents. «C’est important que les
jeunes filles connaissent leurs droits et
sachent comment éviter une grossesse
précoce. Nous nous adressons aussi aux
garçons, eux aussi sont concernés par le
problème», souligne Jani Begai.
Tigre Playa est l’un des 20 villages situés en bordure du fleuve San Miguel
où la CRS participe à l’amélioration
de la santé. Les communautés de pêcheurs de cette zone frontalière de la
Colombie sont longtemps restées re20
Humanité 4/2013
Les collaborateurs du programme de santé utilisent souvent le bateau pour se déplacer.
A R R IÈ R E -P LA N
pour me transporter à l’hôpital situé à
une heure et demie d’ici. Quand on a
fini par en trouver un, c’était trop tard»,
se souvient Elena, aujourd’hui 23 ans et
mère de deux enfants.
Le rôle clé des sages-femmes
D’enfant à mère
La langue quechua n’a pas de mot pour
désigner l’adolescence. Les fillettes deviennent directement femmes, et la première relation sexuelle entraîne souvent une grossesse. Un risque dans ces
si jeunes années, où le corps n’est pas
prêt. En théorie, les jeunes femmes
peuvent obtenir des moyens contraceptifs comme la pilule ou des préservatifs
gédie. Elle avait 15 ans lorsqu’elle est
tombée enceinte la première fois. Mais
l’accouchement s’est très mal passé, le
bébé a perdu la vie. «Comme toutes les
femmes, je voulais lui donner naissance
à la maison. Des complications sont
survenues, et il n’y avait aucun bateau
Les risques liés à la grossesse et à l’accouchement comptent parmi les principales préoccupations dans les villages
de cette région difficile d’accès. Au cours
des seuls six derniers mois, dans les environs de Tigre Playa, deux femmes ont
perdu la vie en donnant naissance. Dans
le cadre de son programme global visant à améliorer la santé de la population, la CRS soutient la formation continue des sages-femmes traditionnelles,
qui jouent un rôle clé dans l’accompagnement, pendant et après la grossesse. Il est primordial qu’elles décèlent
les signes avant-coureurs de complications, afin que le long trajet vers l’hôpital puisse être organisé à temps. Des
mesures très concrètes permettent aussi de sauver des vies, comme la présence
permanente d’un bateau disposant de
carburant en suffisance pour que le moteur soit démarré rapidement en cas
d’urgence.
➔ redcross.ch/equateur
«Il faut beaucoup de tact
pour aborder le tabou de la
sexualité et aussi beaucoup
de courage aux jeunes pour
en parler.»
auprès du dispensaire. «Mais la plupart
d’entre elles sont trop peu informées
ou trop timides pour se renseigner», indique Nathaly Lopez, responsable du
projet de la Croix-Rouge auprès de Fonakise. Et d’ajouter que les communautés
sont très traditionnelles, qu’il faut beaucoup de tact pour aborder le tabou de la
sexualité et aussi beaucoup de courage
aux jeunes pour en parler.
Elena a vécu dans sa chair la joie de devenir mère qui se transforme en tra-
Elena me présente
sa famille: son
jeune mari, leurs
deux enfants et sa
mère.
Humanité 4/2013 21
© Carole Vann
CONV IC TI ON
En tant que bénévole, Berna Beyrouthy – ici avec un collègue – soigne les réfugiés syriens blessés à la frontière libanaise.
Bénévoles Croix-Rouge
Contre la barbarie
En trois décennies de pérégrinations sur quatre continents pour la Croix-Rouge, j’ai
rencontré des personnes au courage exemplaire que je n’oublierai jamais. Parmi celles-ci,
de nombreux bénévoles qui s’engagent sur le terrain au nom de l’humanité et de l’universalité.
Texte: Karl Schuler
M
a première mission pour le Mouvement Croix-Rouge remonte au
début des années 80, dans le cadre de
visites à des prisonniers politiques dans
la bande de Gaza. Pour mon dernier séjour professionnel à l’automne 2013, je
suis retourné dans cette région sensible
qui paraît encore si loin d’une pacification durable. Destination le Liban, où
des centaines de milliers de réfugiés syriens vivent dans la précarité. Alors que
22
Humanité 4/2013
nous sommes les témoins impuissants
de la brutalité des belligérants et du
cynisme des acteurs politiques, les bénévoles de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’investissent sans limites
pour soulager l’immense détresse de la
population civile. Un dévouement qui
a déjà coûté la vie à plus de trente collaborateurs du Croissant-Rouge en Syrie. «Nous, les jeunes bénévoles, nous
apportons de la lumière à ce monde si-
nistre.» J’ai été particulièrement touché
par cette formule de Berna Beyrouthy,
une bénévole de la Croix-Rouge libanaise qui prend en charge les réfugiés
blessés à la frontière syrienne.
Un engagement indispensable
Les bénévoles, impartiaux, sont au cœur
de l’action de la Croix-Rouge. A l’image
de José, rencontré lors de la guerre civile au Salvador. Jour et nuit, bravant le
CO N V IC T I O N
danger, il évacuait des blessés du front
en ambulance. Quand je suis retourné
sur place au printemps dernier, il était
fidèle au poste, toujours aussi motivé
après trois décennies d’engagement
bénévole. «La paix nous a donné espoir, m’a-t-il confié. Mais la violence sociale fait aujourd’hui de nouvelles victimes qui ont besoin de notre aide.»
José, Berna et les milliers de bénévoles
Croix-Rouge forment un rempart plein
de promesses contre la barbarie. Leur
engagement sera indispensable tant
que conflits, catastrophes et pauvreté menaceront la vie de millions de
personnes. Pour leur précieuse action,
ils méritent notre gratitude et notre
respect.
Une détresse créée par l’homme
Lorsque, au XVIe siècle, le grand humaniste français Michel de Montaigne
Les milliers de bénévoles
Croix-Rouge forment un
rempart contre la barbarie.
écrivait «Je hais cruellement la cruauté comme l’extrême de tous les vices»,
il se référait à la souffrance infligée par
l’homme à son prochain. Le fanatisme
religieux ou idéologique ainsi que les
revendications totalitaires restent les
ennemis les plus farouches de la liberté
et de la dignité. L’absence de perspectives pour la jeunesse ainsi que la misère engendrée par l’exploitation économique et la corruption constituent
un terreau idéal pour ces dérives. Et ce
tout particulièrement dans certaines
régions d’Afrique en guerre, d’où proviennent notamment les matières premières qui composent nos smartphones. A long terme, la défense du
commerce équitable est donc tout aussi importante que l’aide humanitaire et
la coopération au développement. C’est
ce que m’a rappelé un jeune bénévole
Au Honduras,
les bénévoles
s’exercent régulièrement à secourir la
population en cas
de catastrophe.
© CRS, Stefan Maurer
de la Croix-Rouge sud-soudanaise qui
œuvrait à la mise sur pied d’un système
de santé dans son pays dévasté. Engagé de bon cœur en faveur de ses compatriotes en détresse, il n’en espérait
pas moins que le développement économique et la lutte contre la corruption
contribueraient à améliorer durablement les conditions de vie.
Des bénévoles
âgées de la CroixRouge biélorusse
s’occupent des plus
faibles.
Karl Schuler
Ancien responsable de programme, il a dirigé dès
1992 le service de communication de la Coopération internationale, rendant
compte des activités de la
CRS dans la quasi-totalité
des pays bénéficiaires.
Humanité 4/2013 23
© CRS, Caspar Martig
en bref
© CRS, Mitja Rietbrock
Etre bénévole, c’est cool!
véritable course contre la montre pour
réduire les risques induits par le changement climatique. Le film, qui dure
22 minutes dans sa version allemande
et espagnole et 7 dans sa version française, peut être montré en classe. Le DVD
se commande gratuitement par courriel
à [email protected]. Une version courte est
disponible sur Youtube:
■ Alexander Gulski, bénévole à la CroixRouge Jeunesse, organise régulièrement
des programmes dans le cadre des aprèsmidis EMS. «Faire le bien autour de soi,
c’est cool!», estime le jeune homme de 20
ans en montrant les affiches qui le représentent comme fan de la CRS. Il fait partie
des quelque 72 000 bénévoles de l’œuvre
d’entraide, que celle-ci tient à remercier à
l’occasion de la Journée internationale des
volontaires, le 5 décembre, tout en invitant le grand public à s’engager pour les
diverses organisations Croix-Rouge. Vous
aussi, vous souhaitez faire du bénévolat?
D’autres informations sur Internet:
➔ redcross.ch/honduras
➔ redcross.ch/benevoles
Prévention des catastrophes au Honduras
■ El clima se enloquece (le climat perd
le nord): c’est ainsi que les paysans de
Pespire et San José, deux villages reculés
du sud hondurien, évoquent les phénomènes climatiques extrêmes qui frappent
leur région, toujours plus exposée à la sécheresse et aux pluies torrentielles.
Le documentaire Quand le climat perd le
nord de la CRS montre que, loin d’être
désemparés, les habitants mènent une
Recherche de personnes
disparues en Europe
■ Chaque année, des centaines de
familles séparées dans leur tentative de rejoindre l’Europe
s’adressent aux services
de recherches de la CroixRouge. Souvent en vain, les
personnes recherchées se
déplaçant rapidement d’un
pays à un autre et leur nom
étant orthographié différemment selon les registres. Aux
côtés du CICR, la CRS et seize
autres Sociétés nationales
de la Croix-Rouge entendent
améliorer les perspectives de
succès. Les personnes à la recherche d’un proche en Europe peuvent désormais
faire publier leur photo sur
un poster affiché dans les
endroits très fréquentés par
des migrants ainsi que sur Internet:
➔ familylinks.icrc.org/europe
24
Humanité 4/2013
Soutien à la CRJ
sur le green
■ Une cinquantaine de golfeurs se sont
mesurés à des professionnels du circuit
international dans le cadre d’un tournoi organisé par Canon. En lieu et place
de prix, l’entreprise a versé 2000 CHF à
la CRS, une somme qui sera affectée aux
activités de jeunesse. Isabelle Roos, collaboratrice de la CRS, a fait part de sa reconnaissance à Markus Naegeli, CEO de
Canon (Suisse) SA, lors de la remise du
chèque.
SU R L E TE R R A I N
Réfugiés de Syrie
Lueur d’espoir dans
la nuit de la guerre
La guerre civile en Syrie pousse de plus en plus de gens sur le chemin de l’exil. Ces réfugiés
se retrouvent pour une durée indéterminée dans l’un des Etats voisins, sans ressources
dans un pays où tout leur est étranger. En Jordanie, la CRS aide 1600 familles à couvrir leurs
besoins et surmonter les rigueurs de l’hiver.
Texte: Isabel Rutschmann Photos: Remo Nägeli
Humanité 4/2013
25
S UR LE TERRAI N
C
haque matin, Sulaf regarde par la
fenêtre les enfants qui viennent à
l’école. Elle les regarde jouer à l’heure de
la pause, elle les entend rire et s’amuser.
Sulaf partage un même appartement
avec sa mère, sa grand-mère, sa tante,
ses frères et sœurs et ses cousins et cousines: 18 personnes dans un trois pièces,
au dernier étage d’un petit établissement scolaire de Jerash, ville frontalière
«Nous étions heureux en
Syrie, nous ne manquions
de rien.»
du nord de la Jordanie. «Quand c’est que
je pourrai aller à l’école moi aussi?», demande-t-elle chaque jour à sa mère. Depuis six mois, la réponse est toujours la
même: «Bientôt, j’espère.»
Pour pouvoir aller à l’école, il faut un uniforme, du matériel scolaire, et donc de
l’argent. La mère de Sulaf, Hiaem Abu
Duha, 36 ans, ne sait pas quand ses enfants pourront y retourner, pas plus
qu’elle ne sait de quoi l’avenir de leur
petite communauté sera fait. En mars
dernier, les femmes et les enfants de la
famille ont quitté en secret leur ville de
Deraa, fuyant les bombes, les combats et
les viols pour aller se mettre en sécurité
en Jordanie. Comme eux, plus d’un demi-million de Syriens ont gagné le pays
voisin depuis le début de la guerre civile.
De nouveaux arrivants viennent jour
après jour gonfler ce total, et le flot ne
semble pas devoir se tarir de sitôt.
26
Humanité 4/2013
Sulaf, 5 ans, vit avec 17 de ses proches dans un trois pièces du nord de la Jordanie. Et personne ne sait
«Nous étions heureux en Syrie, nous
ne manquions de rien», regrette Hiaem
Abu Duha. Son mari, enseignant, percevait un revenu régulier, si bien que
durant ses premiers mois en Jordanie,
la famille a pu vivre sur ses économies.
Toutefois, malgré un train de vie des
plus modestes, ce capital a rapidement
fondu, rogné de toutes parts: achats
de nourriture et de produits de la vie
courante, loyer, factures d’électricité
et surtout factures d’eau, une denrée
rare en Jordanie. Un temps, afin que
les enfants aient au moins un toit audessus de leur tête, les trois femmes ont
réglé les loyers avec les cartes de ravitaillement auxquelles ont droit les réfugiés enregistrés. Mais elles ne faisaient là que déplacer le problème: car
dès lors, comment payer la nourriture?
Rien ne semblait pouvoir enrayer la spirale négative.
SU R L E TE R R A I N
pour combien de temps encore.
Mohammad Khoulani en pleine discussion avec Hanny Rücker, déléguée CRS
La CRS soutient heureusement la famille Abu Duha, au même titre que
de nombreuses femmes et personnes
âgées sans argent ni revenu, en leur
versant des contributions en espèces
qui leur permettent de rester en Jordanie. Le montant, ajusté en fonction
du nombre de personnes concernées,
s’élève en moyenne à 160 CHF par famille et par mois. A Jerash et dans son
agglomération, 1600 familles bénéJour après jour,
les femmes de la
famille Abu Duha
essaient de donner aux enfants
le sentiment
d’une certaine
normalité.
Sulaf et son frère
devant l’école
dans laquelle ils
habitent sans
pour autant pouvoir aller en
classe.
ficient de ce programme d’allocation
d’espèces, dont les avantages sont multiples: les réfugiés conservent leur indépendance, assument leurs responsabilités et gèrent leur argent en fonction
«Le soutien de la CRS règle
une partie de nos problèmes et
nous rassure.»
de leurs besoins prioritaires. En outre,
ils soutiennent l’activité économique
locale. Si la contribution de la CRS ne
couvre pas la totalité des dépenses courantes mensuelles, elle permet néanmoins aux réfugiés de faire face à l’urgence.
«Le soutien financier de la Croix-Rouge
suisse règle une partie de nos problèmes et nous rassure, car nous savons
que nous pouvons au moins rester ici et
y mener une vie à peu près normale»,
déclare Mohammad Khoulani, 44 ans,
un architecte d’intérieur qui, à la suite
d’un effroyable massacre, a dû fuir Darayya, près de Damas, avec femme et enfants. Comme la famille Abu Duha, il a
reçu des collaborateurs et des bénévoles
du Croissant-Rouge jordanien une carte
bancaire, assortie d’un code personnel,
avec laquelle il peut retirer à tout moment au bancomat la somme allouée
chaque mois.
«Quand c’est que je pourrai retourner à
l’école?», demande Sulaf à sa mère, qui
vient de recevoir son premier versement
mensuel de la CRS. «Bientôt», répond
celle-ci en souriant.
➔ redcross.ch/refugies-syriens
À PROPOS
À la mémoire des
victimes du CroissantRouge syrien
La guerre en Syrie fait chaque
jour d’innombrables victimes. Pas
moins de 30 bénévoles du Croissant-Rouge syrien ont déjà perdu la vie dans ce conflit. Beaucoup sont morts dans le cadre de
leur mission, en voulant fournir en
toute neutralité une aide humanitaire, conformément aux Principes
fondamentaux de la Croix-Rouge.
Au même titre que la CRS, le Croissant-Rouge syrien est l’une des
189 Sociétés nationales du Mouvement international de la CroixRouge et du Croissant-Rouge.
Humanité 4/2013 27
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plein air. Etui avec fermeture à
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aux intempéries, avec boîtier
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solaire intégré. Dimensions
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froides, étanche et équipé d’un
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Nom
Prénom
Adresse
NPA/localité
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Courriel
Envoyer le coupon à: Croix-Rouge suisse
Rainmattstrasse 10, 3001 Berne
* Frais d’emballage et de port de 8.– CHF en sus; délai de livraison: 7 jours ouvrés environ; livraison
dans la limite des stocks disponibles
pÊ le-m Êle
Le tündük
(ouverture située au sommet
de la yourte) est
représenté de
façon stylisée
sur le drapeau
kirghize.
gueurs du climat. Il faut dire que sa
paroi, une structure circulaire pliable
en bois, est recouverte de feutre et de
peau; de quoi garder la chaleur à l’intérieur et le froid à l’extérieur. Le sommet
de la yourte est percé d’un trou refermable, le tündük, qui laisse passer l’air
frais. Faute de bois, le poêle est alimenté par du fumier de cheval et de mouton séché.
La première bouchée de kuurdak, accompagnée de galettes de pain maison, nous conforte instantanément
dans notre décision d’avoir rendu visite à Svieta à l’improviste. A nos yeux,
ce plat quotidien a tout d’un véritable
repas de fête. En revanche, le lait de jument fermenté – populaire au Kirghizistan et censé être aussi sain que du lait
maternel – n’est pas à la portée de tous
les palais et, la première gorgée avalée,
nous ne sommes pas mécontents de voir
notre hôtesse nous tendre une tasse de
thé noir.
➔ magazine-humanite.ch/recettes
RECETTE
Kirghizistan
KUURDAK
Repas traditionnel
dans une yourte
Svieta, bergère kirghize, passe elle aussi l’été à l’alpage avec
sa famille. Elle nous a préparé un kuurdak, mets typique de
tous les jours dont elle n’a absolument pas à rougir.
texte: KARL SCHULER
PHOTOS: FABIAN BIASIO
L
a casserole dans laquelle mijote la potée de viande et de légumes exhale
des parfums alléchants. Svieta, prise de
court par notre visite impromptue, s’ex-
A l’abri des rigueurs du climat:
la yourte traditionnelle des
familles de bergers a fait ses
preuves à travers les siècles.
cuse de n’avoir qu’un «simple» kuurdak
à nous proposer. Si elle avait été avertie
plus tôt de notre venue, elle aurait cuisi-
né des nouilles accompagnées de viande,
un plat de fête dont la préparation nécessite plus de temps. Svieta et les siens
sont les plus proches voisins de Murana, la bergère à qui nous avons rendu visite avec des bénévoles Croix-Rouge (voir
pp. 6-7). Une demi-heure de marche sépare leurs yourtes respectives.
Nous sommes assis sur de confortables
coussins disposés autour d’une table
basse, à l’intérieur de la yourte. Cette
tente traditionnelle d’Asie centrale protège parfaitement ses habitants des ri-
Ingrédients pour env. 4 personnes
100 g d’émincé d’agneau et
100 g d’émincé de bœuf (variante
sans viande également possible),
2 cs d’huile, 1 oignon haché,
1 chou blanc sans trognon détaillé
en lamelles, 300 g de pommes
de terre pelées et coupées en
morceaux, poivre, chili (frais ou en
poudre selon les préférences), sel,
paprika
Faire revenir l’oignon haché et la
viande dans un wok ou une grande
casserole. Incorporer les pommes
de terre, le chou blanc et les épices.
Laisser mijoter au moins 30 minutes
en ajoutant éventuellement un
peu d’eau. Rectifier l’assaisonnement au besoin.
Humanité 4/2013 29
pÊ le- mÊle
HUMANITÉ 3/13
Solution des derniers
mots croisés:
ESPOIR
Félicitations
aux gagnants:
Oksana Changkakoti, Genève
Antoinette Fischer, Triengen
Marie-Louise Lovis, Delémont
Martina Staub, Bülach
Edith Stöckli, Morat
Solutions des autres jeux de la
dernière édition:
Karma, alias Marco Ratschiller, est dessinateur humoristique et rédacteur en chef du magazine satirique
Nebelspalter.
Labyrinthe
Tracez le chemin qui va de l’entrée à la sortie de ce labyrinthe
tortueux. Si vous le faites correctement, une figure apparaîtra.
04010000006
4
7
1
2
8
3
9
5
6
9
6
5
7
1
4
2
3
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5
6
4
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1
1
9
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3
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1
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2
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1
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7
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1
2
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6
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2
5
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4
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8
1
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4
1
9
7
2
5
2
7
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8
5
4
1
9
1
4
6
5
7
3
8
2
7
8
9
6
4
1
3
2
5
06010026094
3
5
8
1
2
4
9
7
6
06010026095
Vous trouverez les solutions du
sudoku, des mots cachés et du labyrinthe dans la prochaine édition et
sur la page Internet
➔ magazine-humanite.ch
(C) Conceptis Puzzles
30
Humanité 4/2013
4000515
pÊ le-m Êle
Mots croisés
PAYS
D’ASIE
CENTRAPAYS
LE
D’ASIE
CENTRALE
CLAN
PANICAUTS
CLAN
RÊVÉS
ÀPANIMOUDRE
CAUTS
9
GAZ
AVIS
INFINITIF
RÊVÉS
À MOUDRE
9
AVIS
INFINITIF
GAZ
❤
❤
Sudoku
PIGE
VIRE
CONCIPIGE
LIER
VIRE
CONCILIER
13
TOUR DE
GARDE
MÉTAL
13
TOUR
DE
TAVERNE
GARDE
3
TAVERNE
3
PREMIER
MARIN
MÉTAL
CHANTEUSE
SUISSE
CHANTEUSE
CONSTELSUISSE
LATION
2
DIRIGÉE
2
DIRIGÉE
7
À NOUS
INCLINÉS
7
DÉVÊTU
COBALT
ABÎME
SUJET
LUTTENT
DÉVÊTU
12
LUTTENT
12
10
VIADUC
10
DÉMONSTRATIF
5
8
5
RÔDE
À TOI
COBALT
1
RÈGLE
RÔDE
À TOI
1
RÈGLE
SUJET
8
6
6
CONSTERNES
11
CONDIMENT
5
8
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4
5
6
7
8
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
9
10
11
12
13
À GAGNER
7
1
1 4
6
2
9
4 2
1
9 5
7
6 5
Conditions de participation au concours:
Les gagnants seront avisés par écrit. Aucune
correspondance ne sera échangée au sujet du
concours. Les prix ne peuvent être convertis en
espèces. Tout recours juridique est exclu.
8
4
4
1
3 1
9
3
6
9
8
4
CONSTERNES
11
2
2
SAISON
SAISON
CONDIMENT
7
4
TENTE
NOMADE
PREMIER
MARIN
VIADUC
CONSTELLATION
DÉMONSINCLINÉS
TRATIF
ÀABÎME
NOUS
TENTE
NOMADE
CRACK
BOUCHONCRACK
NÉES
BOUCHONNÉES
2
Conceptis Puzzles
6
5
9
4
1
2
7
3
9
Conceptis Puzzles
1
2
7
5
06010026097
7 5
9
7 2
4
3 8
06010026098
Remplissez la grille de sudoku de
manière à ce que chaque chiffre
de 1 à 9 ne se trouve qu‘une
seule fois sur chaque ligne, dans
chaque colonne et dans chaque
petit carré de trois cases sur trois.
Mots cachés
Commander des articles:
➔ redcross.ch/boutique
Découvrez les 20 mots qui se cachent dans cette grille, que ce soit
à l’horizontale, à la verticale ou en diagonale. Les lettres peuvent
servir à créer plusieurs mots.
Parmi toutes les solutions correctes
envoyées des mots croisés, nous
offrons par tirage au sort cinq
gobelets isothermes incassables
d’une contenance de 0,45 l.
Envoyez-nous la solution correcte et votre adresse par courriel à
[email protected] ou par
carte postale à:
Croix-Rouge suisse
Magazine Humanité
Case postale
3001 Berne
Date limite des envois:
31 décembre 2013
Humanité 4/2013 31
Il suffit de soins médicaux simples pour soulager de nombreuses souffrances. La CRS veille à
ce que les populations
des régions reculées ne
soient pas oubliées.
Nous avons besoin de votre don.
Compte postal 30-9700-0