inmigración y cooperación entre los países de la región
Transcription
inmigración y cooperación entre los países de la región
IMMIGRATION ET COOPÉRATION ENTRE LES PAYS DE LA RÉGION EURO-MÉDITERRANÉENNE Rééquilibrer Séville avec Tampere AVANT-PROJET DE RAPPORT Groupe de travail: Rapporteur: Conseil Economique et Social d’Espagne Conseil National Economique et Social d’Algérie Conseil Economique et Social de France Conseil Economique et Social de Tunis Conseil Nationale de l’Economie et du Travail d’Italie FR TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROJET DE RAPPORT................................................................................................. 1 1. L’IMPORTANCE DE LA REALITE MIGRATOIRE ............................................................................. 4 2. LES POLITIQUES DE MIGRATION ET DE COOPERATION DANS LA REGION EUROMEDITERRANEENNE........................................................................................................................ 12 La politique commune européenne : rééquilibrer Séville avec Tampere ................................13 L’intégration des migrants et de leurs familles .......................................................................15 La gestion des flux migratoires professionnels .......................................................................20 La coopération en matière de retour des immigrants en situation clandestine ou irrégulière................................................................................................................................22 Le cadre du partenariat euro-méditerranéen............................................................................23 La politique européenne de voisinage.....................................................................................30 3. RECOMMANDATIONS .................................................................................................................. 32 ANNEXE........................................................................................................................................ 39 2 Le VIIIème Sommet Économique et Social euro-méditerranéen, tenu à Malte les 6 et 7 novembre 2003, reprend dans ses conclusions l’accord visant à l'élaboration d'un rapport sur “l’immigration et la coopération entre les pays de la région”, dirigé par le CES d’Espagne, en collaboration avec les Conseils économiques et sociaux de France, Grèce, Italie et Tunisie. De même, en réponse à l’invitation du Président du CES d’Espagne, le CNES d’Algérie a accepté de faire partie du Groupe de Travail chargé d’élaborer la proposition de rapport. Ce rapport sera soumis à sa considération au IXème Sommet euro-méditerranéen des Conseils économiques et sociaux qui se tiendra à Valencia (Espagne) les 18 et 19 novembre 2004 et qui sera organisé par le Conseil économique et social d’Espagne. Ce n’est pas la première fois que le Sommet des Conseils économiques et sociaux et des Institutions similaires aborde le sujet de la migration dans la zone euroméditerranéenne. En 1996, presque depuis le début du Processus de Barcelone, les implications des flux migratoires à l’horizon de la création de la Zone de Libre Échange1 ont été analysées. Ceci constitue néanmoins pour les CES la première approche de la réalité migratoire, en particulier sous la perspective de la coopération. Ce rapport constitue la vision et la réponse adressées par les organisations représentatives composant les Conseils économiques et sociaux aux gouvernements et aux institutions sur un sujet de tout premier ordre. La réalité migratoire méditerranéenne, correctement gérée, est une chance de dynamisation et d’enrichissement des relations et des échanges entre les deux rives ayant des conséquences qui, dans l’ensemble, peuvent se révéler positives pour les objectifs partagés au Processus de Barcelone. L’importance stratégique de l’espace euro-méditerranéen, en tant que région de civilisation et d’échange, constitue un pari partagé par tous les pays et les invite à relever une série de défis communs au niveau des relations politiques, de sécurité, économiques, sociales et culturelles, tissées par l’histoire et la géographie. Si l’objectif partagé est la construction d’une région de stabilité, de paix et de progrès, il convient d'asseoir correctement les bases d’un partenariat et d’une coopération durables dans un esprit de globalité et de solidarité. 1 Création d’une Zone de Libre Échange et de flux migratoires. Rapport élaboré dans le cadre du IIème Sommet économique et social euro-méditerranéen, tenu à Paris les 21 et 22 novembre 1996. 3 Ce grand objectif, souhaité et tracé par la majorité des pays euro-méditerranéens grâce aux Traités d’amitié, de bon voisinage et de coopération et au travers d'accords de partenariat avec l’UE, ne pourra être atteint que si la dimension humaine sous tous ses aspects figure au centre du projet euro-méditerranéen. Ainsi, les multiples et nombreuses déclarations doivent être accompagnées d’engagements concrets et fermes en vue de renforcer, dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, le sentiment d’une Europe des Droits de l’Homme, prête à partager avec ses voisins méditerranéens la prospérité et le développement. Pour toutes ces raisons, le chapitre humain des relations euro-méditerranéennes, construit par l’immigration et la circulation des personnes, porteur de grands espoirs de prospérité partagée, devra répondre à un sens de partenariat et d’enrichissement mutuel plutôt qu’à un sentiment de menace ou de pression. Avec ce rapport, les organisations représentatives qui composent les Conseils économiques et sociaux souhaitent contribuer à la définition des grandes lignes de ce qui pourrait progressivement constituer une politique de coopération intégrée sur la migration dans la Méditerranée et dont les principaux objectifs devraient être de favoriser des migrations ordonnées et d'aborder les causes de la migration clandestine et irrégulière, de fournir des chances d’intégration sociale et économique aux migrants et à leurs familles, de renforcer les liens socio-économiques en vue de contribuer à une plus grande prospérité sur les deux rives. Le rapport devrait également contribuer à mettre en place les bases et les moyens permettant une meilleure compréhension de la réalité migratoire en Méditerranée. L’ensemble, en évaluant les cadres des politiques communes et de partenariat existant aujourd'hui entre les deux rives devrait permettre d’avancer dans une approche partagée et plus intégrée, sous une perspective régionale, des politiques de migration et de coopération. 1. L’IMPORTANCE DE LA REALITE MIGRATOIRE Les migrations sont un phénomène répondant, à l’échelle mondiale, aux causes socioéconomiques de fond et présentent des éléments communs. Bien qu’elles ne soient pas un phénomène nouveau, elles connaissent une importante transformation caractérisée par leur mondialisation et par une grande diversification du nombre de pays d’origine, de transit et de destination, ainsi que par les différentes raisons d’“expulsion” ou 4 d’“attraction”. Tout celà comporte une diminution progressive de l’importance des liens traditionnels et historiques entre les pays de départ et les pays d’arrivée. Selon la Division de la Population des Nations Unies et l’Organisation Internationale des Migrations, le nombre de migrants dans le monde entier est d’environ 175 millions, sans compter les immigrants clandestins et irréguliers. Ce chiffre représente 2,9% de la population mondiale. Le taux s’est accru de façon constante au cours des quinze dernières années. Dans l’ensemble de l’Union européenne seulement, ces dernières années, la moyenne du solde migratoire annuel avoisine le million de personnes. Face à un futur immédiat, la persistance de graves conflits, de brèches économiques entre les pays et les régions, et l’action de plus en plus sophistiquée des réseaux clandestins de trafic d’êtres humains, constituent les facteurs qui font prévoir la hausse des flux migratoires au cours des prochaines années. Dans ce contexte de migration globale, la région euro-méditerranéenne se détache comme l’une des principales zones géographiques en matière d’importance et d’intensité des mouvements migratoires. Cette région enregistre également les nouvelles caractéristiques des migrations à l’échelle mondiale, bien que les facteurs déterminés par des décennies d’une histoire commune avec d’importants liens culturels et humains entre les pays des deux rives conservent encore un poids important. Le nombre de citoyens provenant des pays du bassin méditerranéen apparaît comme une composante extrêmement importante du total des immigrants à destination des États membres de l’Union européenne et, malgré les limitations des données disponibles, en 2001, ce chiffre dépasse les 4,8 millions de personnes (voir annexe). Dans ce récent et intense cycle d’immigration, les pays de l’Europe méridionale (Espagne, Italie, France), sauf le Portugal et la Grèce, et de l’Europe centrale (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, France, Italie et Pays-Bas) sont les principaux pays d’accueil d’immigrants provenant des Pays Partenaires Méditerranéens (ci-après, PPM). Les principaux pays émetteurs sont la Turquie, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie (58%, 24%, 11% et 5%, respectivement, du total). En ce qui concerne le stock de citoyens ressortissants des pays partenaires méditerranéens (PPM) dans les pays de l’Union européenne en 2002, la population originaire de ces pays représentait en Espagne 19% du total des ressortissants, un taux similaire en Italie (22,3%), en Belgique (18%), en Autriche (19,2%) ou au Danemark (15,9%). Ce pourcentage était de 42% en France, 30,6% dans les Pays-Bas et 29,8% en Allemagne (voir annexe). 5 Ces chiffres traduisent l’ampleur et l’importance acquises par les migrations dans la région euro-méditerranéenne, et se situent à des niveaux similaires à ceux provenant d’autres régions géographiques qui sont traditionnellement très importantes en tant que pays d’origine de l’émigration à destination des pays d’Europe occidentale, comme dans le cas de l’Amérique Latine ou de l’Afrique du Nord et sub-saharienne pour des pays comme l’Espagne, la France, la Belgique ou l’Italie ; de l’Europe centrale et orientale pour l’Allemagne ou l’Italie ; et de l’Asie dans le cas du Royaume-Uni ou de l’Allemagne. L’intensité de l’actuel cycle migratoire ne doit pas cacher la perspective et l’arrière-fond historiques des migrations dans la région euro-méditerranéenne. Sans remonter à des périodes lointaines, et sachant qu'il est impossible de tracer une évolution historique commune aux pays qui ont vécu des expériences très différentes en matière de migrations, il paraît évident qu’elles ont joué un rôle d’une extraordinaire importance au cours de récentes périodes historiques. L’immigration provenant des pays de l’Europe méridionale, du Sud et de l’Est de la Méditerranée, à destination de pays de l’Europe centrale et septentrionale, constitue une donnée historique d’une importance capitale dans l’histoire du XXème siècle, en particulier pendant la seconde moitié. Cette époque a connu d’importants flux migratoires liés tout d’abord à une étape de reconstruction, puis d'envol économique de l’Europe occidentale, où des milliers de travailleurs de l’Europe méridionale, du nord de l’Afrique et de la rive Est de la Méditerranée ont contribué de façon décisive à jeter les bases de la prospérité européenne. Dans de nombreux cas, l’arrivée en masse de cette force de travail a été demandée et stimulée par les autorités des pays qui devaient alimenter leurs marchés du travail pour permettre l’essor de leurs économies. Depuis le milieu des années soixante-dix, le signe des politiques migratoires a brusquement changé en raison de la crise qui a conduit ces mêmes pays à adopter des mesures pour défendre l’emploi de leurs citoyens. Le revirement des politiques relatives à l’immigration a coexisté dans le temps avec des étapes successives de stagnation et d’expansion économique dans les pays d’accueil. Quoiqu’il en soit, ceci n’a pas empêché que, ces dernières années, l’importance du phénomène migratoire dans la région ait augmenté pour des raisons de regroupement familial, de demande d’asile, ou à cause du phénomène de l’immigration clandestine ou irrégulière. Actuellement, l’impact politique, économique et social des migrations dans la région, tant dans les pays traditionnellement récepteurs de travailleurs, que dans les pays où l’arrivée d’étrangers s’est accélérée sur un laps de temps réduit, ne fait aucun doute. En 6 général, on signale l’importance de l’immigration pour les pays d’accueil comme étant l’un des éléments pouvant contribuer à pallier les effets du vieillissement démographique progressif par rapport aux besoins des marchés du travail, du développement économique et de l’avenir des systèmes de protection sociale. En même temps, l’immigration dans la région euro-méditerranéenne est une opportunité d’avenir et d’amélioration des attentes vitales pour des milliers de personnes qui aspirent, grâce à la mobilité, a de meilleures conditions de vie et de travail. Aussi, le travail des migrants suppose une garantie minimum de subsistence économique pour de nombreuses familles dans les sociétés d’origine et il peut être une voie de contribution au développement des villes et des régions. Néanmoins, une caractéristique spécialement importante de l’actuel cycle migratoire dans la région euro-méditerranéenne est l’importante croissance de l’immigration clandestine et irrégulière de ces dernières années, ainsi que des figures délictuelles associées au trafic et à la traite d’êtres humains. Dans cette réalité, il faut accorder une attention particulière au cas des mineurs non accompagnés, dont le nombre paraît suivre une tendance croissante dans plusieurs pays. En outre, la migration clandestine provenant de la traite d’êtres humains peut toucher les femmes d’une manière particulièrement intense. Tout cela engendre des situations de violation potentielle des droits de l’homme les plus élémentaires et peut également être la cause de tensions et de conflits sociaux. Cet important drame humain répond, en dernière instance, à la persistance et l’aggravement des déséquilibres économiques entre le Nord et le Sud de la Méditerranée, et vise l’ensemble des relations économiques et commerciales entre les deux rives. De même, il ne faut pas oublier que ce drame est facilité par l’action des réseaux délictuels de trafic d’êtres humains, de plus en plus puissants et organisés, contre lesquels il faut orienter le poids de l’action des pouvoirs publics et la coopération internationale par rapport à ce phénomène. Le panorama de la réalité migratoire dans la région montre, en premier lieu, l’importance de la migration de nature permanente, qu’elle soit principalement liée à des raisons professionnelles ou à des regroupements familiaux. La croissance économique enregistrée en bonne partie dans les pays d’accueil, durant le cycle récent, a accentué le poids des flux de migration permanente pour des raisons d’emploi. Par ailleurs, dans d’autres pays qui commencent à devenir des pays d’immigration au cours d’une période plus récente, comme l’Espagne, les entrées à vocation permanente pour raison de regroupement familial commencent à devenir l’une des plus importantes 7 sources d’immigration. En règle générale, il y a une tendance à la permanence des projets migratoires des personnes qui se déplacent dans la région, ce qui doit se répercuter de façon conséquente sur les politiques d’intégration. Une caractéristique fondamentale pour comprendre la portée et la nature de la réalité migratoire en Méditerranée est la consolidation d’importantes communautés de ressortissants d’un pays partenaire euro-méditerranéen installées sur le territoire de l’Union européenne, comme dans le cas des ressortissants algériens en France, où l'on trouve 85% des algériens qui résident hors de leur pays, ou des turcs en Allemagne. Ces communautés installées au cours du temps, composées de plusieurs générations de citoyens, nationalisés ou non, présentent fréquemment des besoins et des demandes découlant d’une plus mauvaise situation relative par rapport à divers aspects économiques, sociaux, éducatifs, de marché du travail, etc., qui nécessitent, conjointement à des politiques de portée plus générale, des mesures spécifiques destinées à faciliter une égalité plus réelle et effective dans les sociétés où elles s’insèrent. Il convient de souligner l’importance qu’ont eu, et ont encore aujourd’hui, ces communautés en vue de favoriser l’intégration sociale des nouveaux arrivés, ainsi que pour contribuer au développement économique des pays d’accueil comme des pays d’origine. La formation, au cours des années, de ces colonies de ressortissants a fait émerger de nouvelles catégories de professionnels hautement qualifiés, faisant remonter le profil socioprofessionnel des résidents en Europe originaires des PPM. Dans certains pays, on peut constater que la présence de citoyens provenant des PPM, parmi les niveaux professionnels supérieurs, tourne autour de la moyenne, ou est même supérieure à la moyenne des nationaux des pays d’accueil. Cette réalité renvoie à l’importance que peuvent revêtir les départs de bénéficiaires d'études supérieures et de professionnels hautement qualifiés qui quittent leur pays d’origine pour de meilleures chances de développement professionnel en Europe. Ladite “fuite de talents” montre un visage plus complet de la contribution de l’immigration à la croissance et au bien-être dans les pays d’accueil. Cette fuite constitue un problème qui concerne tout spécialement les pays émergents ou en voie de développement de la région euro-méditerranéenne, bien que ses effets se fassent également sentir dans les pays européens industrialisés. Il ne faut pas méconnaître l’importance de cette réalité dans la région euroméditerranéenne, dans la mesure où elle peut entraver, surtout à court terme, le 8 développement des économies des pays émetteurs, et demande une coopération plus qualitative. Aux côtés de la migration de nature permanente, on observe également dans la région une importante migration de nature temporaire. Toutefois, elle ne présente pas de claires tendances. Son importance pourrait être déterminée ces dernières années par les mouvements liés à des motifs moins professionnels, comme dans le cas des étudiants, que ceux basés sur le travail. En particulier, les travaux saisonniers ou temporaires pourraient perdre de l’importance comme éléments déterminants des flux migratoires de nature temporaires, puisque les secteurs traditionnellement demandeurs de cette main d’œuvre recrutent les immigrants qui résident déjà sur le territoire, sans emploi stable, ou même, des personnes provenant de l’immigration clandestine ou irrégulière. En termes plus larges, il y a dans la région une importante et intense réalité de circulation des personnes, qui se déplacent temporairement pour des raisons les plus légitimes et variées. Il suffit de citer, ne serait-ce qu’à titre d’exemple, la circulation des personnes liées au monde universitaire, scientifique, cultural, la circulation des étudiants, etc., qui est l’une des réalités les plus nécessaires avec le plus grand potentiel de développement pour les relations et l’échange entre les deux rives de la Méditerranée. Par ailleurs, les migrations de transit revêtent également une importance croissante. Les flux migratoires dans la région euro-méditerranéenne, bien que leur destination prédominante soit sur le territoire de l’Union européenne, constituent un phénomène plus complexe où il faut également identifier des réalités de pays qui sont, en même temps, émetteurs et récepteurs d’immigration, ou de transit, donnant ainsi lieu à leur propre problématique qui pose la nécessité de stimuler des politiques de coopération spécifique en la matière. Quoiqu’il en soit, la coopération dans ce domaine pourrait avoir besoin, dans un premier temps, de la mise en marche d’instruments nécessaires pour connaître cette réalité dans toute son ampleur. Actuellement, l’orientation prédominante des flux migratoires vers les pays de l’Europe s’oppose à la faible importance que revêtent les mouvements entre les PPM eux-mêmes. A l’avenir, cependant, ce scénario pourrait être plus complexe à cause de l’éventuelle apparition de nouveaux courants migratoires Sud – Sud, stimulés par des processus d’intégration sous-régionale qui créent des attentes d’un plus grand développement économique et des opportunités d’emploi dans la région, comme la récente mise en marche du processus d’Agadir, avec la création d’une zone de libre échange. A long terme, les prévisions démographiques signalant une baisse du nombre de jeunes et de 9 personnes se trouvant dans les premières années de la vie active, à partir de 2010-2015, dans la majorité des pays arabes du Processus de Barcelone (voir annexe). Cette situation pourrait contribuer à l’apparition de courants migratoires de ce type. Selon la croissante féminisation des migrations du monde entier, où l’on estime qu’environ la moitié des 175 millions de migrants sont aujourd'hui des femmes, les migrations dans la région euro-méditerranéenne traduisent également une importance croissante des femmes en termes quantitatifs. A côté du poids traditionnel du regroupement familial comme voie d’entrée des femmes dans les pays d’accueil, cellesci apparaissent de plus en plus comme les premières migrantes, bien souvent en raison de leur plus grande participation dans les systèmes éducatifs et d’évolution des modèles culturels traditionnels. Divers rapports et études à l'échelle mondiale soulignent l’importante contribution des femmes migrantes dans les économies de leurs pays d’origine grâce, essentiellement, à l’envoi d’argent. Une autre perspective de cette réalité peut être due, néanmoins, à la plus grande vulnérabilité que présentent fréquemment les femmes migrantes comme victimes potentielles de situations de discrimination professionnelle et sociale. Il est fréquent que les femmes occupent plus largement des postes temporaires et à temps partiel que les hommes migrants, qu’elles rencontrent plus de difficultés qu’eux dans leur insertion professionnelle, ou qu’elles occupent majoritairement des emplois dans les secteurs moins bien rémunérés, pour ne donner que quelques exemples. L’importance croissante du rôle de la femme dans la réalité migratoire de la région supposerait de mettre à jour les politiques d’intégration sociale et professionnelle destinées à enrayer les situations de double discrimination qu’elles peuvent subir à cause de leur double condition de femmes et d’immigrantes. Un aspect spécifique de la réalité migratoire qui mérite une attention concerne les demandeurs d’asile, et, en particulier, la situation générale de précarité des conditions de vie dans lesquelles tombent ceux dont la demande est rejetée. Les informations disponibles semblent indiquer que les demandes d’asile provenant des pays euroméditerranéens représentent un faible pourcentage par rapport au volume total des demandes. Elles sont loin derrière les demandes provenant d’autres régions du monde. Malgré cela, les politiques restrictives des flux migratoires professionnels adoptées ces dernières années font bien souvent de cette procédure un moyen d’entrée et de permanence licite dans les pays de destination. En tous cas, le rejet du statut de réfugié débouche fréquemment sur une situation de vulnérabilité et de précarité des conditions 10 de survie qui mérite des réponses spécifiques et distinctes en fonction des multiples situations que cette réalité peut présenter. Un panorama de la réalité migratoire dans la région euro-méditerranéenne ne peut être clos sans mentionner les contraintes d’information rencontrées dans l’approche d'une bonne connaissance. On constate ainsi des lacunes au niveau des informations statistiques disponibles sur les flux d’immigration et autres aspects liés à celle-ci. Ainsi, si l'on prend comme échantillon les données fournies par Eurostat sur les arrivées d’immigrants provenant des PPM pendant la période 1997 – 2001, on constate que les dernières données sur les arrivées en France remontent à 1999, que celles relatives à l’Italie ne sont pas inclues en 2001, ni la Belgique en 1998 et 2000, ni l'Allemagne en 2000, ni le Royaume-Uni en 1997. Il n’y a aucune donnée sur les arrivées en Irlande, et des pays comme l’Autriche disposent d'informations enregistrées jusqu’en 1991 sur les arrivées des citoyens turcs. D'autre part, Eurostat ne fournit pas d’informations sur les citoyens communautaires vers les PPM. Par ailleurs, d’autres sources, comme le récent rapport de l’OCDE sur les Tendances des Migrations Internationales en 2003, ne contiennent pas de données spécifiques sur les flux entre les rives Nord - Sud et Est de la Méditerranée. L’élaboration de statistiques sur des questions migratoires est toujours complexe, non seulement pour des raisons formelles comme l’utilisation des concepts : “immigration” et “immigrant”, selon les pays, mais aussi pour des raisons matérielles telles que la difficulté de connaître l’ampleur de l’immigration clandestine ou irrégulière. Les lacunes existantes permettent difficilement l’analyse des données sur les comportements migratoires dans la région. En ce sens, il devient indispensable d’encourager la coopération en matière statistique entre tous les pays du partenariat euro-méditerranéen, en particulier en ce qui concerne l’information nécessaire pour connaître les mouvements migratoires dans la région. Un pas en avant dans cette même direction aurait été la récente adoption (en février 2004) de l’un des projets de coopération euro-méditerranéens sur les questions liées à l’intégration sociale des immigrants, la migration et les mouvements des personnes, financé par MEDA. Ce projet consiste à mettre en place une base de données sur la migration, le suivi, l’analyse et la prédiction des flux migratoires entre l’Union européenne et les PPM, en vue de soutenir les efforts destinés à développer et mettre en place des politiques migratoires. 11 Finalement, l’évolution de la réalité migratoire dans la région euro-méditerranéenne fait partie de l’ensemble des relations historiques, humaines, économiques et commerciales, qui lient étroitement les pays de l’Europe et les pays partenaires méditerranéens. De sorte que la réalité des migrations, le dialogue et la réflexion sur le présent et l’avenir, ne peuvent être envisagés indépendamment ni de la situation économique et sociale, ni des perspectives démographiques et de marché du travail, des pays de la région. Les PPM doivent relever d’importants défis au cours des prochaines années, en commençant par une forte pression sur les marchés du travail, suite à son évolution sociodémographique. Les prévisions les plus optimistes signalent la pression démographique qu’il y aura dans les pays du Sud au cours des dix prochaines années, et ses conséquences sur les besoins en création d’emploi. Ainsi, à court terme, ils devront affronter une intégration insuffisante dans le commerce mondial et dans les flux d’investissement, une intégration régionale limitée, et l’impact de la suppression des tarifs douaniers au commerce, entre autres. A cela viendra s'ajouter une évolution des relations commerciales avec l’Europe qui, à court et à moyen terme surtout, pourraient nécessiter des besoins plus importants en ressources afin de financer le développement. Ce scénario pose l’urgence d’adopter une vision d’ensemble et de longue portée, ayant pour objectif la gestion, non seulement des flux migratoires actuels, mais aussi l’ensemble des relations économiques et sociales entre les deux rives de la Méditerranée. 2. LES POLITIQUES DE MIGRATION ET DE COOPERATION DANS LA REGION EURO-MEDITERRANEENNE L’évolution historique des relations dans la Méditerranée et les progrès institutionnels qui ont été développés ces dernières décennies, ont donné forme à un scénario dans lequel les politiques de migration et de coopération dans la région interviennent à différents niveaux, avec des cadres qui présentent, néanmoins, d’étroites relations entre eux. Le domaine traditionnel des relations bilatérales entre les pays apparaît en premier lieu, avec un important poids historique. Il est encore le protagoniste au niveau de la gestion des politiques. Par ailleurs, un cadre de politique européenne est progressivement configuré en matière d’immigration et d’asile, afin d’apporter des réponses communes à la réalité de l’immigration. Parallèlement, le processus de partenariat euro-méditerranéen contient, sous la dimension sociale et humaine, des 12 éléments importants des politiques de migration et de coopération, en apportant la perspective régionale et en mettant en relation ces politiques avec les objectifs de paix et de prospérité partagés. L’existence de ces divers domaines et processus pose la nécessité de penser aux politiques de migration et de coopération méditerranéenne sous une optique de complémentarité et de synergies entre eux. Il est également important de tendre des ponts de collaboration et de dialogue entre ces instruments et d’autres cadres de coopération sous-régionale, comme celui qui existe en Méditerranée occidentale et connu sous le nom de dialogue 5+5. La politique commune européenne : rééquilibrer Séville avec Tampere Les politiques de migration et de coopération dans l’ensemble de la région ont un important élément de référence au niveau de la configuration progressive de la politique commune européenne sur l’immigration et l’asile. L’outil de la politique européenne commune est un progrès extrêmement significatif dans le contexte mondial, à un moment où les organisations internationales défendent le renforcement du dialogue et la coopération régionale relatifs aux migrations. Bien que ceci constitue une politique de portée géographique générale, la politique commune européenne est également pour la Méditerranée un outil d’un énorme potentiel face à une politique migratoire dont la cohésion tourne autour de valeurs et de principes communs, orientés vers les objectifs du processus de partenariat euroméditerranéen. L’entrée en vigueur du Traité d’Amsterdam, en mai 1999 et le Conseil européen de Tampere, la même année, ont encouragé la communautarisation des questions d’asile et d’immigration, qui avaient été des compétences traditionnellement nationales structurées autour de quatre éléments essentiels : la collaboration avec les pays d’origine et de transit ; la création d’un système européen d’asile commun ; le traitement juste des nationaux des pays tiers ; et la gestion des flux migratoires. La stratégie de Tampere configure une politique d’immigration fortement intégrée dans les politiques internes et extérieures de l’UE, inspirées des principes de liberté, de sécurité et de justice, et orientées vers des objectifs de développement et de paix. “L’Union européenne –comme repris par les conclusions de Tampere—doit avoir une approche générale du phénomène de migration qui englobe les questions relatives à la politique, aux droits de l’homme et au développement des pays et des régions d’origine 13 et de transit. Ceci signifie qu’il faut lutter contre la pauvreté, améliorer les conditions de vie et les chances de travail, prévenir les conflits et soutenir la stabilité des États démocratiques, en garantissant le respect des droits de l’homme, en particulier ceux des minorités, des femmes et des enfants”. Malgré l’approche globale et l’esprit ouvert qui ont inspiré la stratégie adoptée à Tampere, les politiques communes européennes se sont développées jusqu’à présent d’une façon différente dans chacun des quatre éléments de cette stratégie, et avec une orientation plus limitée. Ainsi, la coopération entre les pays membres de l’UE dans le domaine de la gestion des flux migratoires a été la plus intense. Elle s’est centrée sur la coordination du cadre juridique d’admission et sur la lutte contre l’immigration illicite, en approfondissant le cadre pré-établi par l’acquis de Schengen. Il y a eu également de nombreuses initiatives de la part des Institutions de l’UE destinées à renforcer cette dimension de la politique d’immigration. Cette phase des politiques de l’UE a été encouragée à partir du Conseil européen de Séville, de juin 2002, accordant une attention particulière aux politiques de sécurité, aux problèmes d’immigration clandestine et réseaux délictuels qui la stimulent, au contrôle intégré des frontières extérieures, et aux politiques de collaboration avec les pays d’origine et de transit tournées essentiellement vers la coopération, afin de contrecarrer l’immigration clandestine et favoriser les réadmissions et les retours. Ces politiques sont importantes, pour lutter contre l’immigration irrégulière et ses effets négatifs, en particulier si elles sont clairement orientées vers la lutte contre la criminalité organisée, et si elles s’intègrent dans l’approche globale de la stratégie de Tampere. Il faut donc rééquilibrer l’orientation des politiques adoptée à Séville avec la stratégie de Tampere, en particulier moyennant une intégration de haut niveau entre les politiques migratoires et l’action extérieure de l’Union, articulée autour de la coopération, des relations économiques et commerciales, et de la politique extérieure. Tout cela doit conduire à des relations permettant une plus grande intégration avec les pays voisins de l’Est et de la Méditerranée La nouvelle Constitution européenne, qui intègre la Charte des Droits fondamentaux, suppose un élan ferme dans ce sens, en orientant la politique extérieure et les politiques relatives au contrôle des frontières, l’immigration et l’asile, pour encourager et soutenir ainsi les politiques d’intégration. 14 L’intégration des migrants et de leurs familles L’Europe et les pays partenaires méditerranéens doivent renforcer le dialogue en matière de réalité migratoire dans la région et situer les politiques de migration et de coopération comme point prioritaire de leur agenda, au même niveau que d’autres sujets qui font partie du processus de partenariat, tels que la libéralisation commerciale ou la coopération économique et financière. La nécessité d’un dialogue euro-méditerranéen renforcé sur la migration, ses causes et ses effets, doit se centrer également de façon prioritaire sur le défi de l’intégration des migrants et de leurs familles dans les sociétés d’accueil. Les politiques nationales d’intégration doivent faire l’objet d’une coordination de plus en plus importante. A cette fin il est souhaitable d’avancer vers la définition d’un cadre commun. Il faut promouvoir fermement l'application de la “méthode ouverte de coordination” aux politiques en matière de migration, en termes de coordination des politiques nationales, d’échange d’information et de bonnes pratiques, de contrôle et d’évaluation de ces politiques, sur la base d’orientations pluriannuelles avec des objectifs à court, à moyen et à long terme. Il est souhaitable que le développement coordonné des politiques d’intégration fasse partie du dialogue continu dans le cadre des organes de gestion des accords de partenariat en le mettant en exergue au sein des Conseils de partenariat. L’importance des migrations dans la Méditerranée et la diversité culturelle des communautés nationales de migrants renforcent la nécessité de mener ce dialogue pour rendre efficaces les politiques d’intégration. Il faut ainsi rendre effectives les prévisions contenues dans la majorité des Accords de partenariat en vue de développer un dialogue régulier sur les conditions de vie et de travail des migrants. Le succès des politiques d’intégration est un défi pour tous dont bénéficieraient mutuellement les migrants eux-mêmes et leurs familles, mais aussi et surtout les sociétés d’accueil, ainsi que les pays d’origine des expatriés, dans la mesure où l’on renforce la coopération permettant de maintenir des liens forts entre les migrants et leurs pays d’origine. En ce sens, une bonne intégration des migrants et de leurs familles est une condition nécessaire pour maintenir et renforcer ces liens. Comme la Commission européenne l’a défini, il faut comprendre l’intégration comme un processus bidirectionnel basé sur des droits mutuels et les obligations correspondantes des ressortissants de pays tiers en situation licite et de la société d’accueil, pour permettre la participation pleine des immigrants dans la vie économique, 15 sociale, culturelle et civile. De cette façon, la clé de l’intégration repose, en premier lieu, sur le cadre des droits reconnus aux immigrants. Mais il faut insister, en même temps, sur l’importance des politiques sociales : emploi, éducation, logement, santé, programmes pour lutter contre l’exclusion sociale et la marginalisation, etc., en tant qu’instruments devant permettre que la reconnaissance formelle des droits soit complétée de manière réelle et effective. Une intégration positive et efficace peut même requérir des politiques actives spécifiques destinées à sauver les inégalités de départ qui concernent assez généralement les immigrants et les communautés nationales d’expatriés. Par ailleurs, une obligation essentielle des immigrants repose sur la nécessité de participer activement au processus même d’intégration. Une politique d’intégration ferme va donc exiger d’approfondir le concept de “citoyenneté civique”. Ce concept a été défini par la Commission européenne comme un ensemble de droits et d’obligations fondamentaux que les immigrants acquièrent progressivement sur plusieurs années, pour qu’ils reçoivent un traitement comparable à celui des citoyens de l’Union européenne même s’ils ne se sont pas nationalisés. La reconnaissance de cette citoyenneté de base doit entraîner, pour sa part, le respect des règles et des valeurs fondamentales de la société d’accueil par les immigrants, sans que cela implique de renoncer à leur propre identité. L’identité culturelle des migrants, surtout après de longues périodes de résidence dans les pays de destination, constitue l’un des principaux problèmes de la dimension humaine de la migration. En ce sens, il faut encourager des modèles ouverts d’intégration conjuguant de façon équilibrée la liberté et le droit de préserver les traits de l'identité culturelle propre en respectant les valeurs et les devoirs qui découlent des systèmes juridiques des pays de destination. L’éducation est l’instrument clé pour aborder avec des garanties de succès les problèmes posés dans ce domaine sous une perspective équilibrée et respectueuse des droits de la personne. Le développement d’une citoyenneté civique pourrait impliquer, également, l’octroi de certains droits aux résidents stables, ainsi que la flexibilisation de l’accès à la nationalisation, bien que celle-ci ne soit pas nécessairement ni l’objectif, ni le moyen de tout processus d’intégration. L’ouverture de la citoyenneté européenne “en dehors” comme résultat du processus d’élargissement devrait être complétée par l’inclusion “en dedans”, des ressortissants de pays tiers résidant de façon stable dans l’Union européenne. Il faut pouvoir comprendre le droit de citoyenneté comme un processus graduel permettant d’intégrer les immigrants qui ont une résidence stable. 16 Mais, parallèlement au développement de ce processus au sein de l’UE, une approche intégrale qui prenne en considération les causes de la migration oblige à poursuivre les efforts pour renforcer dans les pays d’origine certaines composantes clés de ce concept de citoyenneté qui, en outre, font partie intrinsèque du cadre de coopération entre l’Union européenne et les pays méditerranéens : concrètement, le respect des droits de l’homme et des libertés individuelles, le progrès de la démocratie et le développement d’un cadre juridico-administratif solide et transparent. Quant à la reconnaissance des droits des migrants sur le territoire de l’UE, on envisage comme cadre de référence la politique commune européenne sous le volet de l’incitation à un traitement juste des citoyens des pays tiers. Ce cadre est construit sur le principe essentiel, assumé à Tampere, qui consiste à stimuler une politique d’intégration plus ferme et décidée, à accorder aux ressortissants des pays tiers résidant légalement des droits et des obligations comparables à ceux des citoyens de l’Union. Quant à ce principe, on a progressé au niveau communautaire sur la mise en place d’un cadre juridique commun sur le statut des citoyens des pays tiers. La Charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne, intégrée à la Constitution européenne, est une référence essentielle dans la reconnaissance des droits, puisque la plupart de ses dispositions sont applicables indépendamment de la nationalité des personnes. De cette façon, des règles communautaires ont été adoptées avec d’importantes conséquences au niveau de la reconnaissance des droits de la personne et de l’intégration sociale. Tout récemment, diverses directives ont été approuvées sur l’égalité de traitement des personnes indépendamment de leur origine raciale ou ethnique, sur le droit de regroupement familial, et sur le statut des ressortissants de pays tiers résidants de longue durée. De même, les droits dérivés de la coordination des régimes de sécurité sociale ont été étendus aux résidents qui n’y etaient pas bénéficiaires, pour le simple fait d’être des ressortissants de pays tiers. L’harmonisation des législations des États de l’UE dans ces domaines constitue un pas en avant très important. La reconnaissance du droit au regroupement familial au niveau européen, à partir d’une période de résidence relativement courte, est un pas en avant dans le renforcement de la dimension humaine de la migration, et suppose un outil fondamental pour l’intégration. De même, l’harmonisation d’un statut des droits des résidents de longue durée constitue un progrès pour la reconnaissance des droits de citoyenneté pour permettre l’enracinement des migrants dans les sociétés d’accueil. Ainsi, on assure aux résidents de longue durée l’égalité de traitement avec les citoyens de l’État membre dans un large éventail de secteurs économiques et sociaux. 17 Il faut donc que les États membres de l’UE intègrent dans leurs législations nationales le contenu de ces normes communautaires le plus rapidement possible. Il serait en même temps souhaitable que les institutions communautaires complètent le cadre règlementaire sur les politiques d’un traitement juste des ressortissants des États tiers dans d’autres domaines, en particulier, en encourageant l’adoption de Directives sur l’entrée et la résidence en vue d’exercer un travail salarié ou non salarié, ainsi que sur l’entrée et le séjour à des fins d’études, de formation professionnelle ou de bénévolat. Cependant, l’harmonisation des législations, bien qu’importante, ne suffit pas en soi pour que les migrants arrivent à une situation réelle de traitement juste et équitable. Il faut que les pays d’accueil développement d’importants programmes de politiques actives dans différents domaines, fondamentalement, au niveau du marché du travail, de l’éducation, de la santé ou du logement. Il est également important que les pouvoirs publics adoptent des mesures d’action positive pour garantir que l’égalité de traitement reconnue sur le plan règlementaire soit réelle, y compris pour les campagnes d’information sur la contribution des immigrants dans les sociétés d’accueil, de promotion de la tolérance et de rejet des attitudes discriminatoires ou xénophobes. Il faut donc des politiques d’intégration professionnelle plus fermes qui permettent la promotion d’une meilleure participation des migrants et de leurs proches regroupés au niveau de l’emploi, l’orientation, la formation et le perfectionnement professionnels. Les personnes provenant des pays non communautaires présentent, en général, des taux d’emploi sensiblement inférieurs par rapport aux taux des citoyens des pays d’accueil, une situation qui devient encore plus grave dans le cas des femmes. Cette situation est partagée par des personnes originaires de la plus grande partie des pays partenaires méditerranéens, qui enregistrent en général, les plus forts taux de chômage et une incidence accrue du taux de chômage longue durée. Pour cette raison, dans le cadre de la Stratégie européenne sur l’emploi, il faudrait renforcer dans les prochaines années les politiques destinées à corriger cette situation, afin de réduire significativement les différences d’emploi qui séparent les citoyens des pays tiers et les citoyens de l’UE. Par ailleurs, une intégration appropriée d’un point de vue professionnel requiert l’assurance d’une certaine stabilité dans les situations administratives des travailleurs migrants par rapport à leur situation d’emploi. Ainsi, il faut adopter des politiques législatives appropriées par rapport aux itinéraires professionnels des migrants, de sorte que l’on évite un passage automatique de ces derniers de la régularité à la situation d’irrégularité suite aux changements temporaires de leur emploi provoqués par la résiliation du contrat de travail. 18 Une autre voie pour améliorer la situation de l’emploi des immigrants devrait être issue des progrès au niveau de la reconnaissance de qualifications professionnelles, puisque, parfois, les personnes originaires de pays tiers doivent accepter des emplois qui ne correspondent pas à leur niveau de formation ou à leurs diplômes en raison des difficultés qu’ils rencontrent pour que ces qualifications soient reconnues dans les pays d’accueil. Le dialogue dans le cadre des accords de partenariat euro-méditerranéens représente une opportunité de progrès dans ce domaine. En particulier, le travail réalisé au sein des Conseils de partenariat qui devrait aborder, dans le cadre d’un dialogue régulier et périodique sur la réalité migratoire euro-méditerranéenne, les possibilités d’étendre aux citoyens des PPM des mécanismes de reconnaissance des qualifications établies sur le territoire de l’UE pour les citoyens communautaires. Parmi les différents aspects sur lesquels doivent coincider les politiques d’intégration, l’éducation, en particulier, est un facteur extrêmement important qui doit faire l’objet d’une attention et d’un effort particuliers. Les politiques publiques sur l’immigration doivent compter parmi leurs priorités, de faciliter l’accès aux différents niveaux du système d’éducation et de formation des migrants et de leurs familles, afin d’améliorer la citoyenneté active, l’égalité d’opportunités et la cohésion sociale. Et, en même temps, l’objet de ces politiques doit être également l’amélioration des voies de liaison entre les systèmes d’éducation et de formation et le monde productif, en promouvant une meilleure insertion professionnelle des jeunes diplômés car, en général, ils présentent une situation d’accès à l’emploi moins bonne que celle des jeunes du pays d’accueil. Or, le système d’éducation, en particulier à ses premiers niveaux, est le cadre idéal non seulement pour transmettre des connaissances et un savoir, mais aussi pour la formation aux valeurs. Parmi celles-ci, l’incitation au respect des droits de l’homme, la tolérance et la diversité, sont primordiales pour atteindre l’objectif des sociétés objet de cohésion dans la pluralité. Les migrations dans la région euro-méditerranéenne doivent être évaluées comme une opportunité pour stimuler le dialogue entre les cultures au niveau le plus approprié possible : l’échange et la coexistence entre les personnes, les relations professionnelles, de voisinage, dans les municipalités, les écoles, les associations, les universités. L’éducation constitue l’un des piliers de ce processus. De multiples partenaires devraient s’impliquer à différents niveaux : autorités éducatives, associations d’étudiants et de parents, syndicats et organisations professionnelles, etc. Dans ce domaine, la Fondation euro-méditerranéenne est appelée à réaliser une tâche importante, moyennant la promotion de rencontres et de débats, ainsi que la diffusion des idées. 19 Le dialogue qui a commencé à s’instaurer entre les pays, en particulier celui commencé par les pays de la Méditerranée occidentale, s’oriente dans la bonne direction, comme il ressort de la “Déclaration de Tunisie”, adoptée lors de la Première Conférence régionale ministérielle euro-méditerranéenne sur le dialogue en matière de migrations, en octobre 2002. Dans ce cadre, les pays d’origine et de destination sont invités à se concerter et coordonner leurs actions sur ce terrain afin que la double appartenance à deux cultures des jeunes provenant de l’émigration soit ressentie, assumée et vécue comme un enrichissement et un facteur de rapprochement entre les sociétés d’origine et de résidence. En ce sens, le domaine de l’éducation comme outil permettant de stimuler l’intégration des migrants, et la coexistence dans le respect de la diversité, est perçu comme un domaine spécialement fertile pour encourager la coopération et le dialogue entre les pays membres de l’UE et les pays partenaires méditerranéens. Dans le cadre du dialogue euro-méditerranéen, les parties du Processus de Barcelone devraient aborder l’échange d’information et de bonnes pratiques à propos des systèmes d’éducation comme voie pour transmettre des valeurs universelles, promouvoir des séminaires internationaux d’enseignants, encourager des programmes d’échange culturel, et des voies de collaboration entre des universités et des centres d’enseignement. Dans ce contexte, on pourrait essayer à titre expérimental d’étendre certains programmes européens, comme Erasmus ou Socrate, à des étudiants des pays partenaires euro-méditerranéens. La gestion des flux migratoires professionnels La nécessité d'une gestion des flux migratoires professionnels vers le marché du travail des pays de destination revêt une importance capitale. L'orientation des politiques spécifiquement destinées à réglementer l'immigration à caractère professionnel se maintient, également en Europe, dans le domaine de compétences des états, où cohabitent différents mécanismes d'accès aux permis de travail pour les citoyens originaires de pays non membres de la communauté européenne. La coopération dans ce domaine devrait encourager un rapprochement entre les besoins identifiés sur les marchés du travail nationaux des pays de destination et les attentes professionnelles des immigrants potentiels. En améliorant ainsi la gestion des flux migratoires, on favorise l'insertion professionnelle des immigrants et l'on garantit le respect de tous leurs droits professionnels, en entravant les actions des réseaux 20 internationaux illégaux d'exploitation. Pour tendre raisonnablement vers ces objectifs, les accords bilatéraux sont un véhicule important. Une gestion des flux négociée et concertée constitue la meilleure garantie d'une coopération réussie dans ce domaine. Les accords de cette nature permettent une programmation des flux migratoires à caractère professionnel. L'idée de programmation signifie une ouverture à l'immigration, comme phénomène structurel, tenant compte des raisons démographiques, économiques, géopolitiques et des exigences des marchés du travail, parallèlement à la capacité d'accueil, dans des conditions de dignité et de solidarité, outre une gestion équilibrée de la pression migratoire. Au cours de dernières années, les pays du sud de l'Europe ont intensifié la signature d'accords bilatéraux avec les pays d'origine de l'immigration. La passation d'accords avec les pays de l'est est plus prononcée. Dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne, il conviendrait d'encourager la signature et un fonctionnement efficace de ce type d'accords, à travers une amélioration des procédures basée sur la coopération entre les autorités des pays d'origine et de destination, un rapprochement avec les besoins du tissus productif des pays de destination et une articulation des programmes de coopération pour la formation des travailleurs dans leur pays d'origine. Le développement et la mise en pratique effective de ce type d'accords devrait compter sur une large participation des organisations des partenaires économiques et sociaux, grâce à la consultation et à l'information de ces dernières, apportant de la transparence aux actions et aux programmes développés par leur mise en œuvre. Enfin, les accords bilatéraux devraient inclure un traitement plus intégral et plus large des aspects concernant les migrations. Les accords pourraient ainsi inclure des engagements en matière d'investissement ou des liens économiques plus étroits contribuant au développement économique des zones d'origine. Cette situation serait favorisée par la progression de la consolidation de cadres institutionnels, administratifs et d'infrastructures adéquats dans les pays d'origine de l'immigration. Un aspect concret de la migration de nature professionnelle concerne le départ de professionnels hautement qualifiés, également appelé "fuite des talents". Cette réalité peut s'accentuer dans certaines conjonctures qui, comme au cours de la dernière phase de croissance économique, renouvellent dans certains pays l'intérêt de mener des politiques de migration sélective afin d'attirer des personnes formées à certains métiers. 21 Il est nécessaire que ces politiques sélectives soient négociées avec les pays d'origine de ces professionnels Le mouvement de personnes diplômées et de professionnels hautement qualifiés impose de renforcer une coopération entre les pays d'origine et les pays de destination susceptibles de tirer des conséquences bénéfiques mutuelles de ce processus dynamique. Dans le cadre du dialogue euro-méditerranéen, il convient d'explorer des formules pour faciliter la contribution volontaire apportée par ces professionnels au développement économique et social dans les pays d'origine, en supprimant les entraves à l'envoi d'argent, en encourageant la création de projets entrepreneuriaux et d'investissement ou en favorisant les liens avec les universités et les entreprises. Les pays de la rive nord de la Méditerranée doivent multiplier le soutien apporté aux efforts des pays du sud en faveur de la promotion des ressources humaines, particulièrement en matière d'enseignement supérieur et de formation professionnelle. Ce point constitue également un axe important de la coopération entre les pays du Processus de Barcelone. Pour finir, le traitement de cette réalité vise le cadre des conditions et des politiques nécessaires à la promotion du développement économique et, ainsi, à la diminution des raisons d'émigrer. Cela pose le problème du besoin de mettre en place une coopération économique, financière, technologique et commerciale de grande envergure entre l'Europe et les PPM. La coopération en matière de retour des immigrants en situation clandestine ou irrégulière Le besoin d'une étroite coopération entre les pays est également mis en évidence par un autre point. Il s'agit du retour des immigrants clandestins ou irréguliers. Il conviendrait d'avoir une approche élargie pour aborder cet objectif, en renforçant une série d'actions déjà envisagées par la politique de l'Union Européenne. Il est important d'encourager, en tant qu'actions à développer, l'élaboration de campagnes d'information sur les possibilités d'immigration légale et, pour la prévention de toutes les formes de trafic d'être humains, la promotion du retour volontaire, ainsi que le renforcement de la capacité des autorités dans les pays d'origine à combattre efficacement le trafic d'êtres humains et le soutien des pays tiers pour respecter leurs obligations de réadmission. 22 Le soutien technique de ces cinq zones d’intervention constitue l’objectif du programme de coopération pluriannuelle AENEAS, qui fait partie du cadre général de la politique communautaire de développement de la coopération avec des pays tiers, et qui vise à l’intégration de l’immigration comme priorité transversale de l’action extérieure de l’UE. Elle prétend doter d’une aide technique et financière les pays tiers et soutenir leurs efforts pour gérer les flux migratoires d’une manière plus efficace. Bien que tous les pays non membres de l’Union soient des bénéficiaires potentiels, il est prévu d’accorder un traitement de faveur aux pays ayant signé un accord de réadmission avec la Communauté européenne. Plusieurs pays partenaires méditerranéens ont signé ce genre d’accords. Néanmoins, une approche plus équilibrée de ce programme devrait envisager d’autres mesures au-delà de la coopération dans les procédures de réadmission, telles que la mise en place d’initiatives économiques dans les pays tiers, l’offre d’opportunités d’emploi pour favoriser le retour des émigrants, la diffusion d’informations sur les procédures légales de l’émigration, les contraintes liées au marché du travail de l’UE et aux conditions professionnelles. A ce propos, il serait utile de créer un service d’emploi spécifique, similaire au système EURES, auquel prendraient part les partenaires sociaux de l’UE et des pays d’origine de l’immigration dans la zone euro-méditerranéenne. Toutes ces actions, prévues et à promouvoir, peuvent se révéler efficaces sur le phénomène de la clandestinité et de l'irrégularité, si elles sont intégrées avec des politiques nationales et communautaires agissant sur les facteurs causaux de la migration à travers la coopération pour le développement. Ainsi, de telles politiques devraient écarter les causes qui, souvent, sont liées à des carences en matière de régulation des flux et des procédures réglementaires concernant la résidence régulière. Le cadre du partenariat euro-méditerranéen Les politiques de migration et de coopération doivent être abordées dans leur dimension régionale euro-méditerranéenne, sur la base des accords de partenariat entre les Communautés européennes et leurs États membres, et les pays partenaires méditerranéens. Le développement efficace et harmonieux du processus de partenariat dans ses divers chapitres devrait entraîner, surtout à moyen et à long terme, des conséquences visibles sur la réalité et l’évolution des migrations dans la région. Le dialogue politique pour le 23 renforcement de la démocratie et de l’État de droit, la coopération financière et de développement du secteur privé entrepreneurial, l'encouragement aux investissements, l’ouverture progressive du libre échange, le développement des infrastructures et de l’accès aux TIC des citoyens et des entreprises, la formation et le perfectionnement des travailleurs, le renforcement du tissus associatif professionnel et des organisations de la société civile, entre autres programmes du partenariat euro-méditerranéen, parallèlement à la prise en compte effective du problème de la dette, devraient avoir pour effet d’élever les niveaux de vie et la cohésion économique et sociale grâce à la création d’un contexte stable qui favorise la croissance durable. La coopération euro-méditerranéenne est un instrument fondamental pour parvenir à la paix et la prospérité partagées dans la zone méditerranéenne. Elle exige de tous les pays de l'association qu'ils apportent les éléments nécessaires à une politique qui tende vers le co-développement, la consolidation des bases de leurs économies et la promotion de l'éducation et de la formation des ressources humaines. Les objectifs de prospérité partagée et d’incitation à une meilleure cohésion socioéconomique dans la région requièrent le renforcement des politiques de coopération dans le chapitre social du partenariat euro-méditerranéen, pilier de la coopération en matière de politiques de migration. Les pays d'Europe ont besoin de l'immigration pour compenser les tendances démographiques au vieillissement de la population et à la future baisse de la population en âge de travailler, comme le prévoient plusieurs institutions et organismes officiels, et comme l'a récemment rappelé le Rapport de Développement humain du PNUD. A moyen terme, cette tendance à la baisse de la population en âge de travailler devrait également affecter les pays partenaires méditerranéens. En effet, suite à l'amélioration du niveau de vie et à la volonté de le préserver, les PPM vont connaître un vieillissement démographique significatif. Les effets de la baisse progressive du taux de fécondité qu'ils connaissent aujourd'hui se fera particulièrement ressentir à partir de 2010 (voir annexe). La migration intra-méditerranéenne à caractère professionnel pourrait ainsi se voir réduite à compter de la fin de la décennie. Cependant, il est impératif que les pays euroméditerranéens coopèrent afin d'endiguer le déficit démographique et de faire des migrations dans cette région un facteur d'intégration, de développement et de prospérité dans la zone de libre échange du partenariat euro-méditerranéen. 24 Au vu des perspectives d'emploi qui se profilent à l'horizon et qui ont commencé à se faire sentir dans certains pays et secteurs, il sera nécessaire, dans le cadre d'une révision des aspects sociaux des accords de partenariat euro-méditerranéens, d'inclure la migration comme élément essentiel de la coopération entre les pays de l'UE et les pays du sud et de l'est de la Méditerranée. Une approche globale et équilibrée des politiques de coopération dans la région devrait permettre des flux ordonnés de migration et un taux élevé d’intégration sociale et professionnelle des migrants et de leurs familles. Elle devrait également viser à encourager le phénomène migratoire comme facteur de développement dans les pays d’origine, en favorisant des modalités et des expériences qui multiplient les conséquences mutuellement positives de la migration. Dans la Déclaration de Barcelone, les parties ont reconnu le rôle important que joue la migration dans les relations au sein de la région euro-méditerranéenne. On a par conséquent ébauché les paramètres dans lesquels devait se développer une coopération dans ce domaine, comme partie du processus de partenariat. La Déclaration représentait ainsi un progrès important, intégrant la préoccupation pour la réalité migratoire sur certaines lignes et principes communs. Cependant, la considération initialement accordée par les parties de la Déclaration de Barcelone à la coopération en matière de migrations souffrait d'une approche limitée. Les engagements pris recueillaient, sans aucun doute, des points essentiels de la coopération en matière de politiques de migration, mais manquaient d'une approche intégrale des divers aspects impliqués dans la réalité migratoire susceptible de promouvoir une considération de la migration et des migrants du point de vue du développement social et économique. Les accords de partenariat euro-méditerranéens intègrent, pour leur part, un ensemble de dispositions relatives à des points essentiels des politiques de migration. Il s'agit de dispositions similaires dans la plupart de ces accords, bien que certains présentent des spécificités visant à répondre aux différentes situations de chaque pays. Cependant, les accords de partenariat souffrent également d'un traitement des sujets touchant à la migration, que l'on peut considérer comme extrêmement limité. De plus, ils abordent ces questions de façon totalement séparée et dissociée d'autres secteurs de la coopération, en particulier ceux de nature économique et financière. Les aspects de coopération migratoire se contentent, dans la plupart des accords, à instaurer une garantie d'égalité des traitements et de non discrimination dans le secteur 25 du travail et de la Sécurité Sociale, un aspect essentiel de toute politique migratoire, mais pas suffisant. D'autre part, les sujets sociaux, dont les clauses consacrées à la migration occupent une place relativement importante, se placent en "troisième pilier" des politiques de coopération dans les domaines social, culturel et humain. Ces politiques ne bénéficient pas, en outre, de la même structuration en matière d'éléments quantifiables, calendriers, d'objectifs, de résultats, etc., que les thèmes commerciaux et économiques. Dans une vision équilibrée et harmonieuse des objectifs politiques, économiques et sociaux du Processus de Barcelone, il est souhaitable que le dialogue entre les parties assume la véritable dimension de la réalité migratoire. Il est par conséquent nécessaire d'encourager une meilleure intégration des politiques de migration dans l'ensemble des instruments et des programmes destinés à atteindre les objectifs de développement socioéconomique visés à moyen et long terme. Les contraintes liées au traitement de la coopération et de la migration dans les accords de partenariat, ainsi que la contradiction que cela suppose par rapport aux objectifs de développement économique et social dans la région, devraient faire l'objet d'un dialogue spécifique et renforcé de la part des organes du partenariat euro-méditerranéen. Il est nécessaire d'encourager résolument le cadre de dialogue prévu par rapport aux sujets sociaux et de migration, avec une perspective compréhensive de cette dernière et dans un esprit de coopération et de recherche de solutions mutuellement bénéfiques. Dans ce sens, la tenue d'une Conférence Sectorielle des ministres de l'arc euroméditerranéen à caractère monographique sur les politiques et les instruments de coopération et de migration dans le contexte le plus vaste des relations économiques et commerciales entre les deux rives représenterait un grand pas d'importance qualitative. Dans le cadre du dialogue bilatéral, cette même préoccupation devrait occuper une place notable et permanente dans l'agenda des Conseils de Partenariat. Pour terminer, il serait souhaitable d'encourager le travail des groupes dont la constitution est prévue par les accords au sein du Conseil de Partenariat. Leur mission serait d'évaluer en permanence et régulièrement la coopération dans le secteur social, en veillant à la plus grande transparence et la meilleure visibilité quant au résultat de ces évaluations. De même, il conviendrait de permettre aux organisations des partenaires économiques et sociaux de prendre part aux différents niveaux de ce dialogue. 26 Le développement du partenariat euro-méditerranéen dans le chapitre social et des migrations est, en grande partie, conditionné par le volume des ressources destinées à financer le processus de partenariat. A ce sujet, il convient de signaler l'insuffisance des moyens financiers destinés à des priorités sociales par rapport à l'ampleur des défis lancés par l'évolution et les tendances sociodémographiques dans les pays partenaires méditerranéens. Comme l'ont reconnu les Ministres des Affaires Étrangères des 27 lors du dernier Sommet de Naples, les pays partenaires méditerranéens se trouveront confrontés à de grands défis au cours des prochaines années : une forte pression sur les marchés du travail, le besoin d'entreprendre de profondes réformes structurelles afin d'obtenir des augmentations du PIB per capita, une intégration insuffisante dans le commerce mondial et les flux d'investissement, non compensée par la petite taille des marchés nationaux, une intégration régionale limitée et l'impact de la suppression des droits de douane dans le commerce, entre autres. Au vu des projections concernant les besoins de créer de nouveaux emplois pour les prochaines années, le défi le plus important pour tous les pays de la région euroméditerranéenne est la création d'emploi, en particulier pour les PPM. Une approche globale de la coopération et des migrations dans la région devrait donc donner la priorité à la dynamisation économique de zones entières ayant des impacts significatifs en termes d'emploi. Cette situation met en évidence l'urgence, pour les pays partenaires méditerranéens, d'approfondir les démarches liées aux réformes, afin d'encourager des cadres institutionnels et des environnements économiques et administratifs, favorables à la protection des droits, à l'expansion de l'activité privée entrepreneuriale et à l'attraction de flux d'investissements extérieurs directs. Parallèlement, il convient d'adopter une vision d'ensemble qui tende vers la gestion des flux migratoires, mais aussi des relations économiques et commerciales entre l'UE et les pays partenaires méditerranéens. Dans cette perspective, la question de la dette extérieure doit figurer comme condition de développement d'un partenariat durable. Cette situation a conduit nos CES à formuler des recommandations, au cours de sommets passés, tels que la mise en place d'un Observatoire de la Dette. Dans le cadre du Sommet Ministériel de Marseille, en décembre 2000, les parties ont décidé de donner un nouvel essor au partenariat euro-méditerranéen et de lancer une nouvelle étape dans ce processus. 27 Au préalable, le Conseil européen avait défini (en juin 2000) une Stratégie Commune pour la région méditerranéenne, à travers laquelle il souhaitait voir approfondir le principe d'un partenariat régissant les relations entre l'Union Européenne et ses États membres et les pays partenaires méditerranéens. Cette stratégie mettait l'accent, entre autres, sur le besoin de travailler avec les partenaires méditerranéens pour aborder la question de l'immigration en prenant pleinement en compte la réalité économique, sociale et culturelle à laquelle se trouvent confrontés les pays partenaires, d'un point de vue impliquant également la lutte contre la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie et des possibilités d'emploi. Dans ce contexte de rénovation et de nouvel essor, et malgré les améliorations enregistrées dans d'importants aspects du Processus de Partenariat, une meilleure mise en œuvre de programmes et d'absorption des fonds MEDA, en particulier, on n'a pas assisté à une augmentation significative du volume des ressources destinées à cette nouvelle période. En effet, la programmation financière actuelle pour la période 20002006 de MEDA, avec une enveloppe globale de 5.350 millions d'euros, n'apporte pas un plus grand engagement financier par rapport à la période précédente, avec 4.600 millions d'euros pour 1995-1999. Une augmentation de l'effort financier serait plus conforme au nouvel essor que l'on a voulu donner au processus de partenariat euro-méditerranéen et aux engagements pris par le Conseil de l'Union Européenne dans sa propre Stratégie Commune pour la Méditerranée Quoi qu'il en soit, les chiffres projetés sont contraires à l'effort financier, considérablement supérieur, fait par l'UE dans le cadre de l'élargissement vers l'est. Le niveau d'engagement qu'ils révèlent par rapport au développement des PPM, afin de réduire les déséquilibres et les inégalités, nous éclairent sur le retard en matière d'atteinte des objectifs et des attentes communes intégrés dans le Processus de Barcelone. L'aide directe que sont les fonds MEDA, parallèlement à l'activité d'attribution de prêts dans des conditions légèrement meilleures à celles du marché dirigé par le BEI/FEMIP, constitue, dans le cadre actuel des engagements financiers, un volume de ressources qui ne correspond pas à l'ampleur et à la complexité des enjeux économiques et sociaux auxquels sont confrontés les pays du sud et de l'est de la Méditerranée, ni au large éventail des transformations que l'on veut encourager, si l'on souhaite les voir devenir réalité, sur un laps de temps qui ne soit pas excessivement long des effets tangibles sur 28 les grands objectifs stratégiques du cheminement vers une zone commune de paix et de prospérité partagées. L'étendue et la profondeur des réformes que les partenaires euro-méditerranéens se sont engagés à mettre en œuvre requièrent une amélioration sensible du cadre financier des aides, dans une progression graduelle permettant de faire face, avec certaines garanties de succès, à l'obtention de résultats significatifs et quantifiables dans les divers domaines de la coopération, dans un délai relativement limité en nombre d'années. Parallèlement, il faudrait continuer d'avancer de façon substantielle dans la capacité à absorber l'aide et à la convertir en une meilleure quantité et une meilleure qualité des projets ayant un impact significatif, ainsi que dans l'adoption de réformes et dans la modernisation des structures économiques et sociales dans les pays partenaires méditerranéens permettant de créer un cercle vertueux accélérateur de changements. Ces améliorations sont une condition nécessaire pour encourager une coopération efficace dans le chapitre social, permettant d'affronter les énormes défis qui sont lancés. Pour finir, dans le contexte de la phase actuelle du Processus de Barcelone, il est nécessaire d'avancer significativement dans la mise en œuvre des engagements qui ont été pris en matière d'immigration dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen. Lors du dernier Sommet Ministériel de Naples, les Ministres des Affaires Étrangères de l'Union Européenne et les pays partenaires méditerranéens ont exprimé l'avis partagé que la migration, correctement gérée, peut se révéler un facteur positif pour le développement de toute la région. C'est pourquoi ils ont décidé d'étendre le dialogue et la coopération aux causes profondes des migrations, en réaffirmant la nécessité d'avoir une approche globale qui tienne compte, de façon équilibrée, des préoccupations en matière de sécurité et de gestion des flux migratoires, d'un côté, et de la nécessité de faciliter le mouvement légal des personnes et l'insertion sociale des migrants, de l'autre. L'adoption, lors du Sommet Ministériel euro-méditerranéen de Valencia en 2002, du "Document Cadre pour un Programme de Partenariat Régional dans le domaine de la Justice" s'inscrit dans cette stratégie politique. Il inclut la coopération dans les questions liées à l'intégration sociale des migrants, la migration et le mouvement des personnes. Le document cadre présente une série de lignes d'action structurées autour de trois axes : l'intégration sociale des migrants et l'amélioration de leur situation dans les pays de destination et de leur lien avec leurs pays d'origine, l'incitation au dialogue sur la gestion des flux migratoires et la circulation des personnes, ainsi que le droit d'asile et la 29 lutte contre l'immigration illégale et le trafic des êtres humains (voir annexe : "Document Cadre de Valencia"). Les fins, objectifs spécifiques, cadres de la politique migratoire et lignes d'action, visés dans cet instrument cadre peuvent représenter la base d'une coopération régionale plus structurée dans ce domaine. C'est pourquoi il est nécessaire d'avancer clairement dans la mise en oeuvre des engagements pris, en traduisant les priorités établies par des actions spécifiques, conformément à un calendrier précis et en se dotant de moyens suffisants, tout en réalisant une évaluation périodique des résultats de ce processus, en toute transparence. La politique européenne de voisinage Le développement, au cours de ces dernières années, du processus de partenariat stratégique en Méditerranée est source de progrès dans différents domaines. Cependant, l’envergure des défis liés aux besoins de développement économique et aux tendances sociodémographiques est telle qu’il s’avère indispensable de mettre en place de nouvelles politiques plus audacieuses pour accélérer les réformes nécessaires. Dans ce contexte, les relations entre l’UE et les États membres et les pays partenaires méditerranéens doivent se placer dans une nouvelle dimension bien plus ambitieuse dont le cadre idéal pourrait être la Politique Européenne de Voisinage (PEV) qui commence à se développer et qui renferme un fort potentiel de soutien des réformes économiques et sociales par le biais d’un important renforcement du partenariat stratégique et de l’intégration du monde méditerranéen en Europe. La PEV a pour objet de mettre progressivement en place des relations de voisinage basées sur des valeurs fondamentales partagées dans le domaine politique, économique et social, dans une intégration économique plus étroite avec l'UE, grâce à la participation sur le marché intérieur, une coopération et une aide technique et financière renforcée et un essor des réformes profondes, incluant un rapprochement progressif de la législation des pays voisins vers l’acquis communautaire. Cette nouvelle politique s'articulera autour de plans d'action nationaux définissant un ensemble de priorités essentielles en matière politique, économique, commerciale et sociale, y compris les aspects migratoires fondamentaux. La PEV est basée sur un principe d'engagement mutuel et de responsabilité conjointe dans sa définition et sa mise en pratique. Les plans d'action pourront donner lieu, dans le futur, en fonction du 30 rythme des réformes entreprises, à des plans de voisinage qui matérialiseront une meilleure intégration. On est entré aujourd'hui dans une phase de discussions préparatoires avec les pays partenaires euro-méditerranéens ayant des accords de partenariat avec l'UE en vigueur, afin d'identifier les priorités pour les inclure dans d'éventuels plans d'action : Maroc, Tunisie, Jordanie, Autorité Palestinienne, Israël et, prochainement, l'Égypte et le Liban. La Turquie n'entre pas dans la PEV, ses relations avec l'UE se trouvant dans le cadre de la pré-adhésion. La PEV est mise en œuvre pour encourager efficacement la stabilité et le développement économique et social dans les pays impliqués, en favorisant une plus grande interconnexion entre les infrastructures de l'UE, en approfondissant la suppression des obstacles au libre échange et en incitant aux réformes législatives et administratives, en rapprochant, en particulier, la législation à l’acquis communautaire. Tout cela devra avoir pour effet de faciliter une meilleure insertion de ces pays dans l'économie globale, en faisant des destinataires préférentiels des flux d'investissement direct extérieur et en favorisant une dynamique économique intense à partir d'un secteur privé entrepreneurial qui jouisse d'un environnement favorable à son expansion. En même temps, la participation dans la PEV devra s'accompagner de politiques actives de lutte contre la pauvreté et l'inégalité. Un dialogue et une coopération renforcés en matière sociale seront centrés sur le développement socioéconomique, l'emploi et la politique sociale. Le futur scénario de la PEV dessine ainsi un nouvel horizon à moyen terme pour les politiques de migration et de coopération dans la région euro-méditerranéenne, se situant sur des coordonnées qui changeront progressivement, permettant des politiques renouvelées et adaptées aux différents niveaux de progression. La phase initiale de définition et de négociation de la PEV, dans laquelle nous nous trouvons, est une opportunité de placer les politiques de migration et de coopération au centre des priorités qui marquent déjà les relations de voisinage en Méditerranée. Les conversations préparatoires et la possible négociation de plans nationaux devraient prendre pleinement conscience du besoin d'intégrer ces questions dans une perspective renouvelée conforme au futur visé et constituant ainsi un cadre de référence pour les politiques de coopération bilatérale entre les pays d'origine et de destination des migrants. 31 3. RECOMMANDATIONS Les Conseils économiques et sociaux et les Institutions similaires des pays du Processus de Barcelone constatent que les migrations dans la région euro-méditerranéenne, comme partie de la réalité migratoire globale, constituent un processus remontant à plusieurs décennies, mais qui a pris une ampleur croissante ces dernières années. L'intense cycle migratoire que l'on vit aujourd'hui répond à un ensemble complexe de facteurs causaux qui annoncent son maintien dans le futur. Cette situation fait de la migration en Méditerranée un composant structurel et de tout premier ordre dans les relations des deux rives, présentes et futures. Considérant l'importance de cette réalité, dont la véritable dimension doit être reconnue et à laquelle il convient d'accorder une priorité absolue dans l'ensemble des politiques de coopération, ils formulent les recommandations suivantes : 1. Encourager la coopération statistique concernant la réalité migratoire dans la région. Pour cela, elle devrait jouir d'une attention particulière dans le cadre du programme MEDSTAT de coopération statistique euro-méditerranéenne. De même, il est important d'encourager les initiatives telles que la mise en œuvre du projet de coopération pour la création d'une base de données sur la migration, dans le cadre du programme régional sur la Gouvernance et l'État de Droit, qui permettra de réaliser des travaux d'analyse, de suivi et de prévision des flux migratoires dans la région, initiatives qui devraient bénéficier de la stabilité nécessaire. L'importance des migrations et des communautés de citoyens issus des PPM pour le présent et le futur des relations euro-méditerranéennes est en décalage avec l’insuffisance des données statistiques en la matière. Cela permet difficilement de connaître, dans une perspective d'ensemble régional, tant les flux migratoires que la réalité des collectivités dans les pays de destination, et limite la progression nécessaire dans la formation des politiques de projection, également régionale. 2. Rééquilibrer les principales politiques suivies par l'UE, à partir du Conseil européen de Séville, en juin 2002, caractérisées par une attention prédominante portée aux politiques de sécurité et de contrôle, sur la base de la stratégie formulée dans les conclusions du Conseil européen de Tampere, en octobre 1999, principalement grâce à une intégration de haut niveau parmi les politiques migratoires et l'action extérieure de l'UE : coopération, économie et commerce, 32 et politique extérieure, tournée vers la mise en place de relations d’intégration avec les pays du sud et de l'est de la Méditerranée. Tendre vers une conception intégrale des politiques de migration et de coopération tenant compte de façon équilibrée de l'ensemble des aspects qui la composent, comme la gestion des flux migratoires, la lutte contre les causes alimentant la migration clandestine et irrégulière, l'intégration sociale et professionnelle des migrants et de leurs familles. Dans cette optique intégrale, il conviendra également de renforcer les politiques de coopération dans différents domaines, tournées vers le développement économique et social dans les pays d'origine. Promouvoir l'application de la "méthode ouverte de coordination" aux politiques en matière de migration, en termes de coordination des politiques nationales, d'échange d'informations et de bonnes pratiques, de contrôle et d'évaluation de ces politiques, sur la base d'orientations pluriannuelles avec des objectifs à court, à moyen et à long terme. 3. Encourager les instruments juridiques et de coopération permettant de lutter efficacement contre les réseaux de criminalité liés au trafic d'êtres humains, pour faire face à la forte croissance vécue au cours des dernières années par l'immigration clandestine et irrégulière et par l'activité de tels réseaux criminels engendrant des situations de violation potentielle des droits de l'homme les plus élémentaires et pouvant causer des tensions et des conflits sociaux. A cet égard, il convient de sauvegarder la tutelle de la dignité humaine et des droits fondamentaux de l'homme pour les migrants clandestins victimes de ce trafic, de renforcer les instruments de coopération judiciaire et d'information et d'encourager la signature et la mise en œuvre d'accords de réadmission. Ces politiques doivent en même temps intégrer la préoccupation pour les diverses causes encourageant le phénomène de la clandestinité et de l'irrégularité, qu'il s'agisse de causes de nature socioéconomique requérant la mise en place de mesures de dynamisation économique dans les zones et les pays d'origine ou de causes dues aux carences dans les procédures réglementaires concernant la présence légale et la régulation des flux. 4. Intensifier le dialogue et la coopération, dans le cadre du partenariat euroméditerranéen, afin de faciliter l'intégration des migrants et de leurs familles, en promouvant l'exercice effectif des droits et des devoirs de ces derniers, ainsi que 33 leur pleine participation dans la vie économique, sociale et culturelle. En ce sens, il faut avancer clairement dans la mise en œuvre des priorités établies dans le Document Cadre adopté lors du Sommet de Valencia en 2002, en lançant des actions spécifiques et en se dotant des moyens suffisants pour faire de ces compromis une réalité. L'intégration, comme objectif primordial des politiques, nécessite d'avancer en coordination dans divers domaines : Compléter et accélérer l'application, au niveau national, du cadre juridique des droits et des obligations qui sont reconnus aux migrants dans le contexte de la politique européenne pour un traitement juste des citoyens des pays tiers. Approfondir le concept de "citoyenneté civique", comme ensemble de droits et d'obligations de bases acquis progressivement par les immigrants sur un laps de temps, de telle sorte qu'ils reçoivent un traitement comparable à celui des natifs du pays d'accueil. Le développement de la citoyenneté civique peut entraîner l'octroi de droits politiques basés sur l'idée de résidence stable, au-delà de l'appartenance à la nationalité. Adopter des modèles ouverts d'intégration combinant de façon équilibrée la liberté et le droit de préserver les traits de l'identité propre, sur le plan de la reconnaissance de la pluralité culturelle, dans le respect des valeurs et des devoirs découlant des ordres juridiques des pays d'accueil. Mener une politique d'information et de communication, la plus large possible, concernant l'apport économique et l'enrichissement culturel offerts par les immigrants aux sociétés d'accueil, de promotion de la tolérance et de rejet des attitudes discriminatoires et xénophobes. Développer, dans les pays d'accueil, de vastes programmes de politiques actives promouvant la suppression des entraves à l'accès au travail, la formation, l'éducation, le logement, la santé ou la protection sociale, afin de garantir que l'égalité des traitements reconnue au plan réglementaire soit réelle et effective. 5. Dans le domaine spécifique de l'intégration professionnelle, il convient d'encourager des politiques d'intégration fermes et permettant une meilleure participation des migrants et de leurs proches réunis dans l'emploi, l'orientation, la formation et le perfectionnement professionnels. 34 Dans le cadre de la stratégie européenne de l'emploi, renforcer les politiques visant à modifier la situation défavorable que présentent généralement les personnes provenant des pays partenaires méditerranéens en matière d'emploi. En particulier, promouvoir une meilleure insertion professionnelle des jeunes qui terminent leurs études, en comparant les possibilités d'accès à l'emploi à celles des jeunes des pays d'accueil. Avancer dans la reconnaissance des qualifications professionnelles et des diplômes obtenus dans les pays d'origine. Dans le cadre du dialogue régulier des Conseils de partenariat, envisager les possibilités d'application, aux citoyens provenant des PPM, des mécanismes de reconnaissance des qualifications en vigueur sur le territoire de l'UE pour les citoyens communautaires. Adopter des politiques législatives adaptées aux parcours professionnels des migrants afin d'éviter de tomber, de façon plus ou moins automatique, dans l'irrégularité, conséquence des brèves variations dans leurs situations d'emploi. 6. Renforcer les politiques permettant l'accès des migrants et de leurs enfants aux différents niveaux du système éducatif comme véhicule permettant d'améliorer la citoyenneté active, l'égalité des chances et la cohésion sociale. Développer l'éducation comme pilier de l'intégration, pour la coexistence dans le respect des droits des personnes, la tolérance et la pluralité. Promouvoir une implication forte des pouvoirs publics et des organisations de la société civile dans ces objectifs. Envisager, dans le cadre du dialogue euro-méditerranéen, des voies de collaboration pour promouvoir les systèmes éducatifs comme mode de transmission des valeurs universelles, en promouvant des rencontres internationales d'enseignants et de responsables d'éducation, des voies de collaboration entre les universités et les centres d'enseignement et des programmes d'échange culturel, en incluant une éventuelle extension des programmes européens dans ce domaine, comme Erasmus ou Socrate, à des étudiants des PPM. 7. Orienter la coopération en matière de gestion des flux migratoires professionnels vers un rapprochement entre les attentes des migrants et la situation des marchés du travail. Créer les conditions favorables à l'insertion dans des emplois de qualité, l'accès à la formation initiale et continue, et combattre les situations discriminatoires et d'exploitation. 35 Encourager, dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne, la signature et la mise en œuvre effective d'accords bilatéraux sur la gestion des flux migratoires professionnels, établissant un lien entre les nécessités économiques, productives et de l'emploi entre les pays. Il est souhaitable que les accords de cette nature intègrent des solutions avancées, telles que les programmes de coopération pour la formation dans le pays d'origine des travailleurs, sur la base de la coopération entre les autorités d'origine et de destination. Faciliter une large participation des organisations des partenaires économiques et sociaux en matière de développement et la mise en œuvre effective des accords bilatéraux. Explorer les possibilités d'articuler ce type d'accords avec des programmes de coopération bilatérale et transfrontalière capables de canaliser les investissements vers les pays d'origine. Pour cela, les programmes de voisinage, actuellement en cours de négociation pour la période 2004-2006, dans le cadre de la Politique Européenne de Voisinage pourraient être une opportunité. Il est extrêmement important d'avancer de façon sensible dans la consolidation de cadres juridiques, institutionnels et administratifs adéquats et transparents dans les pays de destination de la coopération. Renforcer la coopération entre les pays d'origine et les pays de destination autour de la réalité des personnes diplômées d'études supérieures et les professionnels hautement qualifiés qui émigrent. Explorer des formules, dans le cadre du dialogue euro-méditerranéen, afin de faciliter leur contribution au développement économique et social dans les pays d'origine, en supprimant les entraves à l'envoi d'argent, en encourageant la création de projets entrepreneuriaux et d'investissement, ou en promouvant les liens avec les universités et les entreprises. Augmenter le soutien apporté aux efforts des pays du sud en faveur de la promotion des ressources humaines, particulièrement en matière d'enseignement supérieur et de formation professionnelle. 8. Encourager une coopération en matière de retour des immigrants clandestins ou irréguliers, avec une approche large et variée. Cette coopération doit encourager des actions du type de celles envisagées dans le programme AENEAS de l'UE, sur la prévention du trafic des êtres humains, le respect des obligations de réadmission, etc… Elle doit en même temps mettre en jeu d'autres mesures 36 d'ordre économique et des opportunités d'emploi pour favoriser le retour volontaire. Il conviendrait d'étudier les possibilités de création d'un service d'emploi spécifique, similaire au système EURES, auquel prendraient part les partenaires sociaux de l'UE et des pays d'origine de l'immigration dans la zone euroméditerranéenne. 9. Dans le cadre d'une vision équilibrée des objectifs politiques, économiques et sociaux du Processus de Barcelone, il convient de renforcer le dialogue euroméditerranéen spécifique sur les migrations, conformément à l'importance que présente cette réalité pour la région. Un pas de grande importance qualitative dans ce sens serait la tenue d'une conférence sectorielle des ministres dans la zone euro-méditerranéenne à caractère monographique sur les politiques de migration et de coopération. Encourager une meilleure intégration des politiques migratoires et des politiques de coopération dans les différents domaines visant à atteindre les objectifs de développement économique et social qui se posent à moyen et à long terme dans la région. Renforcer significativement le cadre d'accompagnement financier du processus de partenariat euro-méditerranéen, jusqu'à atteindre un niveau plus en accord avec les besoins découlant de la transformation des structures économiques et des effets sociaux de la création progressive des zones de libre échange. Ce renforcement serait davantage en cohérence avec la stratégie commune pour la Méditerranée de l'UE. Il est en particulier nécessaire de renforcer la coopération dans le chapitre social du partenariat, recueillant les thèmes relatifs aux migrations. 10. Faciliter, dans le cadre de la Politique Européenne de Voisinage, l'intégration progressive économique des pays partenaires méditerranéens dans le marché intérieur européen, ainsi qu'une assistance technique et financière renforcée, de façon conforme à leur progression sur le terrain des réformes. Cela devra faciliter une meilleure insertion des économies des PPM dans l'économie globale, en améliorant leur participation dans les sources de moyens pour le financement du développement, en particulier les relations commerciales et l'investissement direct extérieur. 37 De la même manière, il conviendra d'insister d’une manière équilibrée sur le développement social, parallèlement au développement économique. Il faudra entreprendre des réformes visant à promouvoir une meilleure cohésion sociale, grâce à des instruments de redistribution et d'incitation à l'égalité des chances à travers l'éducation, la formation, l'emploi et les dotations sociales. Le cadre de la PEV doit être l'opportunité et le contexte pour conférer aux politiques de migration la dimension qu'elles requièrent de façon conforme à leur ampleur et à leur importance face aux objectifs de stabilité et de prospérité commune. Dans la négociation des programmes de voisinage, au cours de la période 20042006, et dans la définition du futur instrument unique de voisinage, à partir de 2006, il convient de prévoir un cadre des ressources financières pour la Méditerranée à la hauteur de l'importance des défis sociaux et économiques posés et capable de dynamiser des relations intenses de coopération bilatérale et transfrontalière entre les pays et régions pour une gestion intégrale des flux migratoires dans une optique de co-développement. 11. Les organisations représentatives d'intérêts économiques et sociaux peuvent jouer un rôle important dans les politiques de migration et de coopération en Méditerranée. Il est important d'encourager leur consultation et leur participation dans ces politiques, à leurs différents niveaux de matérialisation, et qu'elles soient soutenues dans leurs initiatives de partenariat sur la gestion des flux migratoires, l'intégration sociale et professionnelle des immigrants ou l'égalité réelle et effective pour jouir de leurs droits. Ainsi, il est nécessaire de reconnaître le rôle important que peuvent jouer les associations représentatives des immigrants dans les différents domaines de l'intégration. On doit fixer des voies de participation et de dialogue pour ces associations dans les politiques d'intégration sociale des immigrants. 12. Les organisations sociales et économiques participant au Sommet s'engagent à chercher des formules permettant la continuité du suivi des problèmes migratoires et des politiques de coopération. Pour cela, elles adopteront, après le sommet, une ligne de travail accordant une attention permanente à ces préoccupations. 38 ANNEXE 39 1. Indicateurs Socio-économiques TABLEAU 1 TAUX DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2004 Pays Suede Pays Bas Belgique Irlande Royaume Uni Finlande Autriche Luxembourg France Danemark Allemagne Espagne Italie Israël Grèce Portugal Slovénie Chypre Malte R. Chèque Estonie Pologne Hongrie Lituanie Slovaquie Lettonie Liban Turquie Jordanie Tunisie T. Palestiniens Syrie Algérie Egypte Maroc Taux Espérance de d'alphabetisation Vie à la des adultes (% naissance (2002) des plus de 15 ans) 2002 80,0 78,3 78,7 76,9 78,1 77,9 78,5 78,3 78,9 76,6 78,2 79,2 78,7 79,1 78,2 76,1 76,2 78,2 78,3 75,3 71,6 73,8 71,7 72,5 73,6 70,9 73,5 70,4 70,9 72,7 72,3 71,7 69,5 68,6 68,5 97,7 98,5 95,3 97,3 92,5 99,7 96,8 92,6 99,8 99,7 99,3 99,6 99,7 99,7 86,5 86,5 90,9 73,2 90,2 82,9 68,9 55,6 50,7 Enseignement Primaire, secondaire et supérieur, % (2001-02) 114 99 111 90 113 106 91 75 91 96 88 92 82 92 86 93 90 74 77 78 96 90 86 90 74 87 78 68 77 75 79 59 70 76 57 Taux de PIB par habitant l'espérance de (PPA US$) 2002 vie 26.050 29.100 27.570 36.360 26.150 26.190 29.220 61.190 26.920 30.940 27.100 21.470 26.430 19.530 18.720 18.280 18.540 18.360 17.640 15.780 12.260 10.560 13.400 10.320 12.840 9.210 4.360 6.390 4.220 6.760 3.620 5.760 3.810 3.810 0,92 0,89 0,90 0,86 0,88 0,88 0,89 0,89 0,90 0,86 0,89 0,90 0,89 0,90 0,89 0,85 0,85 0,89 0,89 0,84 0,78 0,81 0,78 0,79 0,81 0,76 0,81 0,76 0,76 0,79 0,79 0,78 0,74 0,73 0,72 Taux Education 0,99 0,99 0,99 0,96 0,99 0,99 0,96 0,91 0,96 0,98 0,95 0,97 0,93 0,94 0,95 0,97 0,96 0,89 0,87 0,92 0,98 0,96 0,95 0,96 0,91 0,95 0,84 0,80 0,86 0,74 0,86 0,75 0,69 0,62 0,53 Taux PNB 0,93 0,95 0,94 0,98 0,93 0,93 0,95 1,00 0,93 0,96 0,94 0,90 0,93 0,88 0,87 0,87 0,87 0,87 0,86 0,84 0,80 0,78 0,82 0,77 0,81 0,75 0,63 0,69 0,62 0,70 0,52 0,60 0,68 0,61 0,61 Valeur IDH (2002) 0,946 0,942 0,942 0,936 0,936 0,935 0,934 0,933 0,932 0,932 0,925 0,922 0,920 0,908 0,902 0,897 0,895 0,883 0,875 0,868 0,853 0,850 0,848 0,842 0,842 0,823 0,758 0,751 0,750 0,745 0,726 0,710 0,704 0,653 0,620 ource : Rapport sur le Développement Humain des Nations Unies, 2004. 40 TABLEAU 2 NOMBRE D’ÉTRANGERS DANS LES PAYS DE L’UNION EUROPÉENNE, 2002 Origine BE DAN ALL Total population 10.309.727 5.368.354 Non nationaux Pays partenaires méditerranéens Chypre 846.736 153.015 Malte GRE ESP FRA 82.440.309 10.964.080 41.116.836 266.729 7.318.628 761.438 42.503 2.180.794 41.911 73 25 956 74 22 366 33.383 1.947.938 IRL ITA LUX P. BAS 58.520.688 3.897.000 57.844.017 439.539 1.370.651 3.263.186 187.200 1.464.589 162.285 259.187 1.370.306 0 326.488 827 17.426 103 254 260 3 40 65 181 920 AUT 16.105.285 POR FIN SUE RU 8.032.926 10.335.559 5.194.901 8.909.128 58.731.105 690.393 710.926 224.932 98.577 475.986 2.459.934 211.816 136.663 1.355 3.817 29.668 106.405 51 69 3 23 101 8.821 14 98 33 4 10 52 9.763 100.309 Turquie 47.044 7.881 727 208.049 6.545 207 127.226 101 1.981 13.907 43.100 Algérie 7.382 384 17.154 267 18.265 477.482 12.991 103 845 330 107 227 518 15.415 Egypte 744 583 14.179 7.448 1.274 8.208 37.674 27 2425 4.721 71 208 618 9.450 Maroc 90.657 3.268 79.444 526 233.415 504.096 194.617 252 104.262 515 567 586 1.344 8.334 Tunisie 3.337 470 24.066 231 814 154.356 60.441 138 1.276 1.194 38 164 803 1.443 1.332 Israël 1.614 652 9.555 348 708 2.262 3.455 43 1.201 104 283 670 6.386 Liban 1.011 2.349 49.109 1.277 1.263 10.724 3.819 36 355 382 192 102 2.961 3.693 239 764 10.638 672 921 498 3.070 2 235 291 80 120 539 0 0 Jordanie Palestine Syrie Europe Centrale et Orientale Ancienne URSS 27 0 0 243 0 468 114 1 0 118 10 12 2171 813 603 27.389 5.552 1.632 3.728 2.582 1 628 583 78 101 5.984 0 35.072 50.878 1.919.729 552.087 90.816 119.849 410.056 13.197 33.236 401.376 3.257 47.547 83.094 134.617 3.037 2.358 136.080 71.283 10.047 17.249 22.399 718 3.998 7.247 906 24.973 5.925 43.103 136.524 26.016 303.018 15.571 317.193 1.419.758 462.975 2.675 131.415 14.223 107.945 8.171 23.998 375.852 Amérique du Nord 14.227 6.596 126.174 0 19.291 0 0 0 18.615 0 9.996 2.754 11.710 0 Amérique Centrale 1.032 590 10.012 306 13.582 3.950 8.321 45 1.258 640 297 216 1.962 6.328 Afrique Amérique du Sud Asie Océanie 10.900 7.286 2.994 66.522 2.022 353.355 25.357 88.543 601 16.623 3.245 28.566 746 16.176 49.016 32.040 63.913 877.413 83.214 77.417 203.432 273.946 2.603 63.186 36.067 9.754 16.297 90.364 584.055 871 1.276 11.181 9.027 1.471 3.024 3.241 105 4.151 1.026 538 585 2.465 108.604 NOTE: chiffres correspondent à Grèce, France, Italie, Luxembourg, Autriche et Royaume Unie, 2001. Source: Eurostat (NewCronos) TABLEAU 3 VARIATION DU NOMBRE D’ÉTRANGERS ORIGINAIRES DES PPM DANS LES PAYS DE L’UNION EUROPÉENNE, 1997-2002 Pays Belgique Danemark Allemagne Grèce Espagne France Irlande Italie Luxembourg Pays Bas Autriche Portugal Finlandie Suède Royaume Uni 1997 234.603 47.413 2.266.868 15.122 84.250 n.d. n.d. 208.462 n.d. 273.354 139.004 849 3.145 26.969 108.000 1998 223.317 47.881 2.326.539 15.521 120.594 n.d. n.d. n.d. n.d. 257.995 138.860 897 3.362 26.498 100.727 1999 211.352 49.185 2.348.946 n.d. 126.110 1.370.306 n.d. n.d. n.d. 238.680 138.220 969 3.090 31.020 113.128 2000 206.347 471.952 2.290.459 n.d. 177.239 n.d. n.d. 290.671 n.d. 227.910 134.229 1.051 3.435 30.462 106.405 2001 180.890 44.584 2.232.618 41.911 190.120 n.d. n.d. 326.488 827 219.499 136.663 1.202 3.482 29.739 n.d. 2002 153.015 42.503 2.180.794 n.d. 259.178 n.d. n.d. n.d. n.d. 211.816 n.d. 1.355 3.817 29.668 n.d. Source: Eurostat 41 TABLEAU 4 POPULATION ENTRE 20 Y 29 ANS DANS LES PAYS ARABS DU PROCESSUS DE BARCELONNE, PROJECTION 2000-2025 (MILLIERS) Population entre 20 y 29 ans (1 janvier) 2000 2005 Algérie 5823 6616 Egypte 11530 14728 Jordanie 955 1097 Liban 591 626 Maroc 5475 6078 Palestine 542 638 Syrie 3062 3760 Tunisie 1848 2009 Total 29826 35552 Source: INED. 2010 2015 2020 2025 7033 16014 1153 614 6394 730 4120 2037 38095 7181 15426 1162 583 6227 882 3884 1942 37287 6693 14892 1104 552 5820 1016 3727 1778 35582 5923 14971 1051 542 5601 1094 3790 1709 34681 Variations sur la période 2000-2005 2005-2010 2010-2015 2015-2020 2020-2025 794 3199 142 34 603 96 698 161 5727 417 1286 56 -11 317 91 360 28 2544 148 -588 9 -31 -168 152 -236 -95 -809 -488 -534 -58 -31 -407 134 -157 -164 -1705 -770 79 -53 -10 -219 78 63 -69 -901 42 2. Document Cadre de Valencia ENCADRE 1 DOCUMENT CADRE DE VALENCE 1 Intégration sociale des migrants et amélioration de leur situation dans les pays d’accueil et de leurs liens avec les pays d’origine. • Renforcer les moyens d’incorporation sociale et le regroupement familial des nationaux de pays méditerranéens partenaires qui résident légalement dans les Etats membres, en tenant compte des législations nationales et de la future législation communautaire, des programmes nationaux et communautaires et des accords bilatéraux et de partenariat entre l’UE et les partenaires méditerranéens ; promouvoir les actions destinées à empêcher les discriminations dans la vie économique, sociale et culturelle. • Protéger les droits fondamentaux des ressortissants des pays méditerranéens partenaires et lutter contre le racisme, la xénophobie au moyen de mesures appropriées. • Promouvoir la collaboration entre les pays d’origine et d’accueil de la migration afin de favoriser la contribution des migrants au développement régional ou local de leurs pays d’origine. 2 Stimuler le dialogue et la coopération sur la gestion des flux migratoires, sur la circulation des personnes et sur les problèmes relatifs au droit d’asile. • Promouvoir et améliorer les échanges d’informations et de statistiques sur les flux migratoires, en incluant la création possible de bases de données. • En accord avec les directives de Schengen, rechercher les possibilités de simplifier en général les procédures d’attribution de visa, étudier la possibilité de reconnaissance, par les Etats membres, d’un statut spécial pour certaines catégories de personnes des pays partenaires et introduire des mesures spécifiques pour faciliter l’attribution de visas aux personnes qui participent à des actions destinées à promouvoir la coopération euro-méditerranéenne. • En accord avec les pays impliqués et si besoin est, promouvoir assistance, coopération et formation dans le but d’augmenter la capacité des institutions pour instruire les dossiers de demande d’asile et de protection des réfugiés. 3 Lutter contre l’immigration illégale et le trafic d’êtres humains. • Combattre l’immigration illégale en développant des instruments de lutte contre les réseaux de trafic d’immigrants ; fournir une aide adaptée aux victimes de tels délits. • Promouvoir, dans la mesure du possible, des accords bilatéraux entre l’Union Européenne et les partenaires méditerranéens et entre ces derniers, le retour des personnes en situation irrégulière en accord avec le droit international et avec les obligations résultant des accords de partenariat euro-méditerranéen par des moyens jugés acceptables. • Analyser les causes des flux migratoires afin d’adopter des mesures appropriées, particulièrement celles qui soutiennent les efforts de développement intégré initié par les pays défavorisés du sud, foyer d’une importante émigration, afin de lutter contre les migrations clandestines. • Renforcer la solidarité et l’échange d’information entre pays d’origine, de transit et de destination. • Mettre en oeuvre des systèmes de contrôle aux frontières modernes et efficaces, en renforçant particulièrement les structures administratives et en fournissant une assistance technique pour la formation et le maniement des ressources techniques. Soutien à la formation et à la détection de faux papiers destinées aux polices des frontières et aux responsables de lignes aériennes et maritimes. 43 3. Argent de l’Immigration ENCADRE 2 ARGENT DE L’IMMIGRATION En 2002, les virements d’argent atteignaient 80.000 millions de dollars à l’échelle mondiale, quantité bien supérieure à l’aide extérieure et l’une des plus importantes sources de devises pour les pays pauvres. L’UE et les pays partenaires du processus de Barcelone veulent utiliser le Partenariat Euroméditerranéen en tant qu’instrument pour améliorer la croissance et consolider les réformes dans la région en vue de renforcer les liens économiques et financiers. Ces liens avec la zone Euro incluent les flux commerciaux, les prêts bancaires, les investissements étrangers directs (IDE) et les flux financiers liés à la circulation des personnes, c’est à dire le transfert des devises des travailleurs et les apports induits par le tourisme. Pour mieux comprendre l’impact de ces transferts de devises sur le développement des pays d’origine, il convient de faire une étude comparative portant sur le commerce des biens et services, l’appui financier de l’Union Européenne et du BEI pour l’intégration régionale, l’IDE, les investissements étrangers directs et les apports du tourisme. ■ Les transferts d’argent des travailleurs représentent une part considérable des rentrées par compte courant des pays partenaires du processus de Barcelone. En 2001, ces montants ont été de 12,5 millions d’euros et ont contribué pour 2% au PIB agrégé de ces pays. Concrètement, les rentes des pays du Maghreb proviennent essentiellement de la zone euro, alors que pour les autres pays, les virements d’argent proviennent surtout des Etats Unis et des Pays du Golfe. ■ Les échanges commerciaux avec la zone euro sont importants, du fait de sa proximité géographique et de ses structures de production complémentaires. Cependant, le degré d’intégration reste faible tant au niveau mondial qu’au niveau de ces pays entre eux. En 2002 le « taux d’ouverture » des pays partenaires du processus de Barcelone (ratio des exportations et importations par rapport au PIB) a été de 34%, face à 57% des quatre pays de l’ASEAN et à 50% des pays de l’Elargissement ■ L’appui financier de l’Union Européenne et celui de la Banque Européenne d’Investissement à travers les prêts bancaires aux pays partenaires du processus de Barcelone sont considérables. Ceux-ci ont augmenté durant la dernière décennie de plus des deux tiers et sont passés, par rapport au total des prêts attribués aux pays en voie de développement, de 15% en 1973 à 24% pour l’année 2002. Les actifs bancaires de la zone euro représentent plus de la moitié du total des actifs bancaires étrangers de la région alors qu’ils constituent moins de 2% des actifs totaux des entités de la zone euro à l’extérieur. ■ Depuis 1995, les investissements étrangers directs provenant de la zone euro ont représenté, en moyenne, 20% de la totalité des investissements étrangers directs, avec des variations importantes d’un pays à l’autre. En outre, la répartition par secteurs des investissements étrangers directs varie fortement selon la région. Tandis qu’en Algérie, en Egypte et en Syrie, le secteur pétrolier attire la majeure partie des investissements étrangers directs, en Jordanie ils se font au travers d’opérations réalisées dans le secteur du libre échange. 44 Sources: Foreign Policy (février /mars 2004) IMF, Balance of Payments Statistics Yearbook, 2002 BCE, Bulletin mensuel (avril 2004) Délégation de la Commission Européenne au Maroc et en Tunisie http://www.delmar.cec.eu.int http://www.deldza.cec.eu.int 45