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C’est pour ton bien
Racines de la violence dans éducation enfant Alice MILLER
1984, Aubier
Novembre 2002
Avant-Propos
Suite du « Drame de l’enfant doué ».
2 problèmes : définition conceptuelle de la réalité de petite enfance et souffrances, nécessité de cerner la
différence entre sentiment de culpabilité et deuil ( cf parents dans la compulsion de répétition).
Atteindre chez le lecteur adulte l’enfant qu’il a été.
•
Cf pédagogie noire ( méthodes d’éducation : parents et grands-parents)
•
Enfance relatée d’un toxicomane, dirigeant politique et infanticide ( effets dévastateurs éducation,
négation du vivant ).
I.
L’EDUCATION OU LA PERSECUTION DU VIVANT
1.
La pédagogie noire : foyer de haine
Livre de Katharina Rutschky ( 1977)
Enfants ont une tolérance sans limite pour parents : amour filial empêche l’enfant de découvrir la cruauté
psychologique des parents et traumatisme qui persiste souvent vie entière.
Libérer enfant des « germes du mal » ( dès 5ème mois) cf les caprices du tout petit.
ère
Sulzer (1748) : 1
année apprentissage de l’obéissance, élimination de caprice et méchanceté = base
bonne éducation ( enfant soumis et obéissant). Après un an, amour de l’ordre pour enfant vertueux et
juste . Puis obéissance absolue et approbation de tout ce que font parents comme sacré et inviolable (
cf principe ordre et obéissance aux lois). Peut utiliser force et contrainte dès 2 ans ( enfants oublient tout
de leur petite enfance). Leur ôter la volonté : le sujet ressent ainsi la volonté de l’autre comme la sienne
propre .
Battre un enfant si entêtement : le convaincre que vous êtes son maître. Application de la justice et non
par colère. Masque de l’affection pour cacher atrocité du mode de traitement.
Bien que le fait de maltraiter enfants soit toujours pour raisons internes ( besoins des parents), la société
admet que ce traitement doit être bon pour enfant.
Recours délibéré à humiliation détruit la conscience de soi de l’enfant.
Pleurs ( en réaction naturelle à douleur) réprimés par nouvelle correction.
Autres techniques de répression des sentiments )= sans parler X heures, sans bouger, faim, froid ou
chaleur. Art du renoncement. Même chez nourrisson : faim, ne pas crier sinon n’aura pas à manger.
Regards d’interdiction ou de mépris perçus par nourrisson : graves troubles aux adultes ( névroses
obsessionnelles, perversions).
« La discipline est essentiellement punition » : cf châtiment corporel précoce et énergique (
Schleiermacher : discipline est inhibition de la vie). Juguler très tôt chez enfant la volonté de savoir.
Regard et ton efficaces.
Enfant doit se soumettre à adulte sans demander de raisons sinon enfant ne nous obéit pas à nous mais
aux raisons. Educateur si légitime formulation objections , fausse rapport à l’enfant qui se croit légal de
l’éducateur. Méconnaît la nature de l’enfant et son besoin de se soumettre à la force ( L.Kellner).
Toutes conditions réunies pour que le citoyen en question puisse vivre sous dictature, sans en souffrir, voire
en s’identifiant à elle ( cf régime hitlérien).
Comme dans symbiose enfant au berceau, aucune séparation entre objet et sujet. Aucun scrupule à
participer au système répressif. Non lié à intelligence mais à rapport à soi.
Perpétue dépendance très ancienne ( cachée) vis à vis parents tyranniques ( cf M.Heidegger :
fascination pour idéologie hitlérienne).
Lutte contre pulsion sexuelle par vision de cadavres + apprentissage systématique du dégoût de son
propre corps.
Résumé : mépris et persécution de l’enfant dans sa faiblesse, répression de vie, créativité et sensibilité
( autrement dit d’un être faible, dépourvu et dépendant).
1/ Adultes maîtres de l’enfant dépendant
2/ Tranchent du bien et du mal comme des dieux
3/ Leur colère est le produit de leurs propres conflits
4/ Qu’ils en rendent l’enfant responsable
5/ Que les parents ont toujours besoin d’être protégés
6/ Que les sentiments vifs qu’ éprouve l’enfant pour le maître = danger
7/ Il faut ôter à enfant sa volonté le plus tôt possible
8/ Très tôt pour que l’enfant ne s’aperçoive de rien et ne puisse trahir l’adulte.
Cf croyances fausses :
Enfants ne méritent à priori aucun respect ( parents oui à priori)
Obéissance rend fort
Marques de tendresse nocives ( mièvrerie)
Apparence plus importante que l’être
Il ne faut pas céder aux besoins de l’enfant
Parents ont toujours raison
Corps : quelque chose de sale et dégoûtant
Enfant surmonte à condition de pouvoir se défendre : pouvoir donner à souffrance et colère une
expression structurée ( sinon apprend à se taire, sentiments refoulés, réactions adéquates ne peuvent pas
être intégrées à la personnalité).
Cf NEVROSE : origine pas dans réalité de ce qui s’est passé mais dans nécessité de refoulement.
Pas de sentiments véritables ( cf colère interdite et révolte impuissante) se transforme en haine plus ou
moins consciente de son propre soi ou autres personnes de substitution. Cf germes des cruautés de
l’histoire.
Dans ce système de valeurs : - relativisation des valeurs morales traditionnelles : ordre hiérarchique et
pouvoir déterminent en dernier ressort qu’une action est bonne ou mauvaise ( cf adultes recours à
mensonge, humiliations, mauvais traitements pour inculquer à l’enfant les valeurs reconnues)
respect des faibles ( ex enfants), de la vie et de ses lois bafoué ( cf créativité étouffée).
Fascisme en effet ne connaît pas le respect, mort psychologique et castration esprit ( cf Eichmann, Rudolf
Höss ont eu éducation dure et sévère, cf exécution des ordres).
Himmler : devise « Etre durs envers nous-mêmes et envers les autres, donner la mort et l’accepter ».
Goering : « ce n’est pas moi qui vis mais Hitler qui vit en moi ! »
60% des terroristes allemands issus de familles de pasteurs ( dominés par autre idéologie quand adulte).
Cf carrière militaire souvent : pour pallier vide intérieur, impossible de vivre de façon autonome).
Nostalgie de la soumission. Hitler = substitut de la figure du père ( omniscience, infaillibilité et nature
divine).
Mécanisme principal : dissociation et projection des parties du moi. Toute faiblesse est réprimée à
l’intérieur de moi ( Aryen pur) : on fournit le peuple juif comme support de toutes réactions indésirables (
lutte collective inexorable car tout ce qu’il redoutait au plus profond depuis enfance attribué aux juifs
traités de tous noms).
2.
Existe-t-il une pédagogie blanche ?
C’est éducateur et non enfant qui a besoin de pédagogie.
•
Si parents ont appris très tôt à ignorer leurs propres sentiments, il leur manque un sens essentiel des
rapports avec enfants. Principes éducation : espèces de prothèse pour y suppléer.
•
Parents qui n’ont pas appris à ressentir leurs besoins et à défendre leurs intérêts
( pas le droit) restent incapables de s’orienter eux-mêmes . S’en remettent à des
règles d’éducation très strictes. Reste insécurité qui rend maso ou sado ( pour
défendre son besoin de respect.
•
Situation analogue après 68 ( véritables besoins de l’enfant ignorés aussi)
« anti-autoritaires » : enfants dressés selon souhaits des parents à nouveau.
Accompagnement enfant a 4 caractéristiques :
respect de l’enfant, de ses droits, tolérance pour sentiments, volonté de tirer de son comportement un
enseignement sur nature de cet enfant, leur propre nature d’enfants et les lois de sensibilité.
Empathie avec enfant. En résumé, « éducation » non favorable .
II. DERNIER ACTE DU DRAME MUET : LE MONDE EPOUVANTE
Colère de petite enfance refoulée dans inconscient suicide ou toxicomanie ( pour combler le vide).
1.
La guerre d’extermination contre son propre moi
Pas de pb jusqu’à la puberté en général ( intensité forte alors des sentiments).
Nostalgie du moi véritable : drogué sait que moi existe mais effet provient de l’extérieur. Entre les 2,
apathie totale, angoissé, le sujet ne peut assumer la responsabilité de ses sentiment. 2 figures parentales
idéalisées.
Ex Christiane F : père qui la bat. Lutte menée de façon substitutive avec toutes autres autorités masculines
( école , police, gardien immeuble). Pour finir, toute la colère accumulée se retourne vers le moi au
travers toxicomanie ( ruine son corps et esprit, ruine dignité : prostitution, se condamne à isolement).
Enfant seul ( ne peut haïr car peur de perdre son amour) : différent de l’adulte en camp de
concentration ( ne doute pas du tragique vécu, libre de haïr ses geôliers, plus autres victimes avec lui).
Haschich laissait encore espoir libération et indépendance, l’héroïne totale dépendance ( fonction du
père irascible et violent).
Anorexie : terrible exploitation de la volonté, asservissement organisme ( orgie puis vomissement forcé).
2.
L’enfance d’Adolf Hitler : de l’horreur cachée à l’horreur manifeste
Structure famille : prototype du régime totalitaire car seule autorité incontestée souvent brutale = le père.
Père d’Hitler « batard » d’un juif pauvre, abandonné par sa mère miséreuse. Il se venge sur son fils Adolf
par jalousie : enfant légitime, fils d’un employé des douanes. Battu, humilié, mauvais résultats scolaires (
report sur le maître du père ) : identification plus tard avec son agresseur. A 11 ans, fuite, battu presque à
mort. Père meurt à 13 ans.
A transféré son propre traumatisme familial à ensemble du peuple allemand :
le juif ne pouvait s’échapper comme le jeune Adolf de son père ( cause des coups venait du père et
non de l’enfant). Nier douleur, donc se nier soi-même et s’identifier avec agresseur père d’Hitler malgré son ascension ne peut effacer la tâche du passé comme les juifs ( interdit de se
défaire de l’étoile jaune).
« Si le juif n’existait pas, il aurait fallu l’inventer ». Antisémitisme : seul exutoire permis ( droit à la haine), cf
persécution depuis 2 millénaires. Juif, objet de substitution mais ne peut rassasier.
Hitler ordonne de brûler livres, anathème sur artistes ( cf venge le fait qu’il a été privé du plaisir de l’école
alors qu’enfant doué). A su dominer classe dirigeante allemande, les masses, à mis à pied le
gouvernement des autres pays d’Europe. Pouvoir presque illimité : mais la nuit, insomnies, crises
d’angoisse ( père revenait). Légendaire pouvoir de séduction d’Hitler en éloquence ( ses discours au
peuple allemand qui l’aimait).
Moi grandiose pour éliminer sa propre impuissance passée. Besoin de battre n’en finit jamais.
A noter Adolf ( 3 frères et sœurs morts en 4 semaines de diphtérie avant sa naissance, donc état de sa
mère ?)
3.
Jürgen Bartsch : comprendre une vie par la fin
Assassin de 4 jeunes garçons entre 16 et 20 ans ( il les découpait après les avoir battus).
Conclusion : points communs de ces 3 cas
a)
Extrême destructivité : contre elle chez Christiane F, contre ennemis réels ou imaginaires chez Hitler,
contre petits garçons chez Jürgen Bartsch.
b)
Décharge de haine accumulée et refoulée en enfance
c)
Enfants maltraités et humiliés de façon continue. Climat de cruauté.
d)
Mouvement de révolte et de fureur sévèrement réprimé
e)
Aucune personne adulte à qui confier leurs sentiments pendant enfance et ado
f)
Même besoin pulsionnel de communiquer au monde expérience de souffrance endurée : don verbal
g)
Verbal interdit en direct, d’où mises en scène inconscientes
h)
Sentiment d’horreur et répulsion du monde extérieur au dernier acte du drame ( non dans enfance)
i)
Besoin de tendresse non satisfait ( car propriété de leurs parents) pousse à mises en scène dramatiques
III. ANGOISSE, COLERE ET DEUIL, MAIS PAS DE SENTIMENTS DE
CULPABILITE SUR LA VOIE D’UNE CONCILIATION
Vieux moyens d’éducation répandus ( cf reproduits par les enfants grandis en voulant se prouver que
leurs parents ont bien agi envers eux).
Pour sortir du cycle vicieux : pas pardon de la religion qui reposerait sur négation de la vérité ( colère
interdite contre parents transférée sur d’autres êtres et sur soi : comme une peste sur le monde).
Cf guerres de religion ( pourtant contradictoire ).
« Véritable pardon passe par la colère » : révolte contre injustice, identification de la persécution , haïr
bourreau pour ouvrir voie du pardon ( compréhension de l’individu devenu adulte/ enfance de ses
parents et sympathie pour victime aussi comme une grâce).
« Tout bourreau un jour a été victime ».
DEUIL : douleur de savoir que les choses se sont passées comme elles se sont passées et que rien ne peut
modifier le passé. Douleur peut se partager avec les enfants, sans honte, tandis que sentiments de
culpabilité, on essaie de les refouler ou de les faire supporter aux enfants, ou encore les 2 à la fois.
Simple expression de colère peut permettre de sortir de l’impasse de l’aliénation de soi : relibère enfant
sain et véritable dans adulte. Seule la haine contre objets de substitution est infinie et insatiable.
Processus de guérison psychique passe par expression des reproches contre ses propres parents ( jusqu’à
réconciliation dans meilleurs des cas).
Sylvia Plath et interdiction de la souffrance
Suicidée : car impossibilité de communiquer sa souffrance. Correspondance avec sa mère ( publiée )
construction d’un faux moi ( tout va bien).
Je ne peux être véritablement à l’écoute de mon enfant, si je suis intérieurement préoccupée d’être une
bonne mère, je ne peux être disponible pour ce qu’il a à me dire .
Pas le traumatisme en lui-même qui rend malade mais désespoir total, inconscient et refoulé de ne
pouvoir s’exprimer au sujet de ce que l’on a subi.
Ni une honte ni un poison : réaction naturelle et humaine. Si interdite, alors crée conditions d’un
développement pathologique.
La permission de savoir
Idée de n’avoir pas été parents idéaux peut susciter de véritables tortures parce qu’ils ont vis à vis de
leurs parents intériorisé le devoir de ne pas avoir commis de fautes. C’est « en serrant les dents » que l’on
devient adulte. Permettre le deuil de l’absurdité de ses propres sacrifices.
Deuil du rôle de victime de ses propres parents, et plus le besoin de persécuter ses enfants : alliance
nouvelle.
Chez sujets jeunes, on peut se dispenser d’une thérapie si les parents ont possibilité de rompre le mur du
silence et négation de vérité : donne à enfants la liberté de vivre non plus CONTRE mais AVEC le passé.
Conclusion
Instrument de l’exercice du pouvoir déguisé sous nom d’éducation ou de thérapie.
Argument d’ordre éthique ne peut interrompre ce processus ( car empêche émergence de nos propres
sentiments d’impuissance).
Avoir le courage de l’affronter et de faire le deuil pour réapprendre un nouveau chemin de vie.