HPN: Nous n`avons pas le traitement pour tous nos malades
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HPN: Nous n`avons pas le traitement pour tous nos malades
DOSSIER HPN: Nous n’avons pas le traitement pour tous nos malades Pre Fatiha Griffi* Propos recueillis par Rania Hamdi C’est avec une grande affliction que le professeur Griffi évoque le décès d’une patiente atteinte de HPN, décédée au mois d’octobre dernier, car elle n’a pas pu obtenir le traitement à temps. Deux autres cas, compliqués, sont suivis au service hématologie du CHU d’Annaba. C’est un cas qui m’a fait mal. Nous avons deux autres cas difficiles, avec toutes les complications. La pharmacienne du CHU se démène, pour leur obtenir le traitement. Santé Mag: Il nous semble opportun d’aborder votre propre expérience, dans le diagnostic et la prise en charge de l'HPN. Pouvez-vous nous exposer un cas précis ? Pr F. Griffi: Mes confrères et consoeurs vous l’ont certainement expliqué. L'HPN s’exprime différemment des autres maladies hématologiques. Elle s’exprime par l’anémie ou une aplasie ou une thrombose. Avec ce tableau clinique, les malades sont orientés automatiquement vers l’hématologie, où l’on arrive par élimination à la HPN. Autrefois, le diagnostic était posé sur la foi de l’examen Ham-Dacie, qui n’était pas très sensible et donnait, par la même, des résultats sous-estimés. Avec la CMF (cytométrie en flux), le diagnostic est plus précis. L’équipement n’existe toutefois pas dans tous les hôpitaux. Au CHU d’Annaba, nous ne l’avons pas. Les prélèvements sont envoyés au laboratoire français Cerdan, conventionné avec les hôpitaux algériens, mais, aux frais du malade. Dans notre service, cinq cas sont confirmés. Malheureusement, nous venons de perdre un patient, par manque de médicament, soit, l’Eculizumab. Le traitement coûte cher, donc nous n’avons pas pu l’avoir pour cette malade, qui est décédée au mois d’octobre dernier. Justement, 87 cas sont recensés par le comité dédié à l'HPN. Combien sont sous traitement ciblé ? Jusqu’à présent, seuls 3 malades bénéficient du traitement par Eculizumab. En l'occurence, deux malades à Alger et un troisième à Tlemcen. Les administrations des hôpitaux ne l’achètent pas, car, elles l’estiment trop cher. Les produits d’oncologie sont aussi très coûteux. Pourtant, on ne lésine pas sur les moyens pour les avoir. Les autorités sanitaires ne réalisent pas que la prise en charge d’un patient atteint d'HPN (hospitalisations à répétition, transfusions, les antibiotiques, le traitement des complications…) coûte, à long terme, plus cher que le traitement lui-même. En définitive, ce sont de faux calculs. Est-ce que vous sensibilisez sur la pertinence d’inclure l'HPN dans la liste des maladies orphelines qui ont leur propre budget ? Nous avons, déjà, sensibilisé la tutelle pour l’enregistrement de la molécule. C’est fait. Nous continuons à nous battre pour l'HPN, mais aussi pour les cancers hématologiques, qui sont sousconsidérés par rapport aux cancers solides * Professeure Fatiha Griffi, service hématologie - CHU Annaba. N°56 - Novembre 2016 Santé-MAG 31