Double page de l`Atlas du Diplo - Les Amis du Monde diplomatique

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Double page de l`Atlas du Diplo - Les Amis du Monde diplomatique
560
La planète en danger
Le point de non-retour
du réchauffement
Concentration en CO2
Parties par million (ppm)
Avec l’entrée en vigueur
du protocole de Kyoto
le 16 février 2005, cette
année marquerait l’an 1
d’un nouvel âge de maturité.
L’humanité aurait pris
conscience des pressions
croissantes qu’elle exerce
sur l’environnement.
Voilà qui tient plus
du discours convenu
que de la réalité.
un réchauffement de 2°C. Pour l’éviter,
il faudrait que la concentration en CO2
n’excède pas 550, voire 400 ppm (parties par million). Or celle-ci est passée
de 270 ppm vers 1850 à 380 ppm en
2004, une hausse sans équivalent dans
les 420 000 années de l’histoire du climat que l’on a pu reconstituer, au cours
desquelles la concentration en C02 a toujours varié entre 180 et 280 ppm. Avec
un rythme d’accroissement actuel de
plus de 2 ppm par an, un seuil critique
pourrait être atteint d’ici 10 à 30 ans. Et
il faudrait d’ores et déjà préparer une
division des émissions de CO2 des pays
industrialisés par quatre vers 2050.
es dernières années, les
prévisions sur le réchauffement climatique sont plus
alarmistes. Le rapport de
2001 du Groupe intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC) avait
confirmé que l’effet de serre s’était considérablement accru depuis le XIXe siècle. Ainsi les rejets de CO2 ont contribué
à une hausse de la température planétaire
de 0,8°C entre 1860 et 2000. Ce même
rapport prévoyait que le réchauffement
risquait de s’accroître encore de 1,4 à
5,8°C entre 2000 et 2100 – une augmentation considérable, sachant que, lors de
la dernière glaciation, il y a 15 000 ans,
la planète était globalement plus froide
d’environ 5°C.
Fondée sur 2578 simulations, une
étude publiée par l’université d’Oxford en 2005 envisage un réchauffement encore plus important : entre 1,9
et 11,5°C, la majorité des résultats se
situant entre 2 et 8°C. Le plus inquiétant
est l’idée de « point de non-retour ». En
effet, en raison de l’inertie climatique,
même si des mesures drastiques sont
prises aujourd’hui, les perturbations se
feront encore sentir pendant des années,
voire pourraient devenir irréversibles.
Un consensus se fait jour selon lequel
ce seuil critique pourrait correspondre à
C
UN FAISCEAU DE PRÉSOMPTIONS
Certes, ces prévisions n’ont pas le caractère de certitudes, mais l’importance des
risques et le consensus scientifique grandissant invitent à s’appuyer au plus vite
le principe de précaution et à mettre en
œuvre des mesures efficaces. Or, que
permettra le protocole de Kyoto s’il est
appliqué intégralement, c’est-à-dire si
les Etats-Unis le ratifient et si les Européens tiennent leurs objectifs ? Il ne freinera le réchauffement prévu à l’horizon
2100 que de 0,06°C, c’est-à-dire de 2 %
ou 3 %. De surcroît, il n’impose aucune
limite aux rejets des pays du Sud, qui
Au-delà du seuil critique
Estimation de ClimatePrediction en cas de doublement
de la concentration en CO2 (760 ppm)
fourchette : de 1,9° à 11,8°
Variations de température
par rapport au niveau de 1950
12°C
10°C
12°C
10°C
Estimation du GIEC pour 2100
fourchette : de 1,4° à 5,8°
8°C
8°C
6°C
6°C
4°C
4°C
2005
SEUIL CRITIQUE DES HAUSSES DE TEMPÉRATURE
2°C
2°C
Niveau de la température
moyenne en 1950
0°C
-2°C
Ere glaciaire
Ere glaciaire
0°C
-2°C
Ere glaciaire
Ere glaciaire
-4°C
-4°C
-6°C
-6°C
-8°C
-8°C
-10°C
-10°C
400 000
350 000
300 000
250 000
200 000
150 000
100 000
50 000
0
Années
Source: J.R. Petit, J. Jouzel, et al. Climate and atmospheric history of the past 420 000 years from the Vostok ice core in Antarctica, Nature 399 (3 juin), pp 429-436,
1999 ; David Stainforth, ClimatePrediction.net, 2005 ; Groupement Interministériel d’étude sur le climat (GIEC), Genève, 2001 ; UNEP/GRID-Arendal, Norway, 1998.
01 Histoire de la température et de la concentration en co2 au cours des 400 000 dernières années
12 I L’ATLAS
DU
MONDE DIPLOMATIQUE
540
2050
500
480
340
320
300
460
2030
440
Seuil de
concentration critique
400 450 ppm
420
400
380
360
520
380
2005
Les projections pour les ann es 2030 2100 sont celles que le
GIEC a calcul pour un de leur principaux sc narios (A1B),
lequel est d fini par une croissance conomique est tr s rapide
(ne reposant pas sur l utilisation excessive d une source
d n rgie particuli re) , la population en augmentation r guli re
jusqu en 2050 (d clinant dans la deuxi me moiti du si cle).
360
340
Niveau maximum de concentration en CO2
au cour des 420 000 derni res ann es
320
300
280
280
260
240
260
Ere glaciaire
Ere glaciaire
220
240
Ere glaciaire
Ere glaciaire
220
200
200
180
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160
160
400 000
350 000
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250 000
200 000
150 000
100 000
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Source: J.R. Petit, J. Jouzel, et al. Climate and atmospheric history of the past 420 000 years from the Vostok ice core in Antarctica, Nature 399 (3 juin), pp 429-436, 1999˚;
David Stainforth, ClimatePrediction.net, 2005˚; Groupement Interminist riel d tude sur le climat (GIEC) ; UNEP/GRID-Arendal, Norv ge, 1998.
Histoire de la température et de la concentration en co2 au cours des 400 000 dernières années
01 Histoire de la temp rature et de la concentration en co2 au cours des 400 000 derni res ann es
ambitionnent légitimement de « rattraper » l’Occident. L’échec, fin 2004, des
négociations de la conférence de Buenos
Aires, qui devait préparer l’après-Kyoto,
montre l’ampleur des blocages.
Et pourtant, même si les pronostics restent incertains, les signes de
perturbation s’accumulent. Ainsi les
années 1995-2004 sont les plus chaudes
observées depuis l’existence de relevés
réguliers au XIXe siècle. En outre, cette
période a été marquée par un accroissement des phénomènes extrêmes : plus
grande fréquence et intensité d’El Niño,
canicule de 2003 qui pourrait devenir
cyclique, nombre sans précédent de
typhons tropicaux aux Etats-Unis et en
Asie en 2004. Evénements conjoncturels ? Les faisceaux de présomptions
et de probabilités paraissent de plus en
plus convergents et corrélés.
Par ailleurs, plusieurs phénomènes
structurels se confirment, même si leurs
conséquences peuvent difficilement
être anticipées avec précision. Outre le
réchauffement dans les régions polaires
(Cf. planche 2 est-ce bien la 2), l’échauffement de la température a un effet destructeur sur les coraux, milieu vital pour
la vie marine. Ce même échauffement
pourrait provoquer par dilatation des
océans une montée du niveau des eaux
de 25 cm à 1 mètre, sans compter les
éventuelles fontes aux pôles. Des études
envisagent 150 millions de « réfugiés du
climat » ??? d’ici 2050. Les perturba-
tions dans les précipitations devraient
retentir sur l’agriculture comme sur les
aires de propagation des maladies, etc.
Les conséquences sur la biodiversité
risquent également d’être gravissimes,
du fait de la difficulté de nombreuses
espèces à s’adapter à des changements
aussi rapides, d’autant que, par les destructions et pollutions classiques, l’être
humain est déjà devenu le responsable de la sixième des grandes phases
d’extinction biologique qu’a connues
la planète.
●
Sur la Toile
g Front zapatiste de libération
nationale : www.fzln.org.mx
g Congrès national indigène :
www.laneta.apc.org/cni
g Mexico Web : mexico.web.com.mx/
g La Jornada (quotidien) :
www.jornada.unam.mx/
gLa Neta (réseau d’ONG) :
www.laneta.apc.org/nuevaneta/Index3.htm
Variation de la température moyenne de la terre depuis 1861
Ecarts de températures par rapport à la moyenne de la période 1961-1990 (15,08°C)
0,8°C
0,6°C
Hémisphère nord
au-dessus du tropique du Cancer
0,4°C
0,2°C
0°C
-0,2°C
-0,4°C
-0,6°C
-0,8°C
0,4°C
0,2°C
Hémisphère sud
au-dessous du tropique du Capricorne
0°C
-0,2°C
-0,4°C
-0,6°C
-0,8°C
1861
1880
1900
1920
1940
1960
1980
2004
Source: School of environmental sciences, climatic research unit, university of East Anglia, Norwich, United Kingdom, 1999 ;
Hadley Centre, 2005 ; Office météorologique mondial (OMM), 2005 Met Office (Royaume-Uni)
01 Variation de la température moyenne de la terre depuis 1861
L’ATLAS DU MONDE DIPLOMATIQUE I 13