De l`intèrêt des études de cas pour favoriser yune approche intégrée

Transcription

De l`intèrêt des études de cas pour favoriser yune approche intégrée
Les 8èmes JST - Brest - 8 et 9 décembre 2010
DE L'INTÉRÊT
Réunion des clubs le 10 décembre
DES ÉTUDES DE CAS POUR FAVORISER UNE APPROCHE
INTÉGRÉE DE LA GESTION DU TRAIT DE CÔTE
-
LES APPORTS DE L'INITIATIVE EUROPÉENNE
« OURCOAST »-
LUCE GOUDEDRANCHE
Centre d'Études Techniques Maritimes et Fluviales
Technopôle de Brest Iroise – 29280 Plouzané
[email protected]
De la recommandation européenne de 2002 au Grenelle de la mer en 2010, la mise
en œuvre d'une démarche de gestion intégrée est régulièrement citée comme la solution
pour gérer de façon cohérente la bande côtière. Hors les suivis des différentes
expériences menées pour développer ce concept tant à l'échelle européenne (programme
de démonstration des années 1998/1999) que française (appel à projet « GIZC »
Datar/Sg mer de 2005 à 2008) ont montré que son application pour passer d'une
approche sectorielle à une démarche systémique et pour prendre en considération toutes
les parties prenantes, oblige à des évolutions de pratiques et à des modifications de
postures.
Pour aider à la transformation de ces pratiques /postures, jamais facile qu'en elle se
situe entre autre au niveau individuel, l'Europe a favorisé ces dernières années la mise en
réseau des différentes parties prenantes afin de leurs permettre en particulier d'échanger
à la fois leurs connaissances et sur leurs pratiques. C'est dans ce contexte que s'est
constitué depuis 2005, le Réseau Français de Recherche Côtière (RFRC) inscrit dans le
cadre de l'action de coordination ENCORA. A partir de 2009 le soutien de l'Europe au
développement de la Gestion intégrée s'est par ailleurs concrétisé, par la mise en œuvre
du projet OURCOAST qui a pour objectif de continuer à fédérer la communauté littorale
(technique, scientifique, gestionnaire) et de constituer une base de données de pratiques
locales contextualisées et analysées au regard des principes de la GIZC, dans le but
d'aider les différents acteurs à engager des démarches intégrées.
Afin que ces études de cas puissent-être utiles aux initiateurs d'une GIZC, un
simple résumé descriptif n'étant pas pertinent, elles ont été formatées et homogénéisées
pour permettre à la fois de les comparer et de les évaluer ainsi que d'offrir un accès facilité
aux meilleures pratiques selon différents axes d'approche. Ainsi les différents exemples
répertoriés peuvent être sélectionnés en fonction de plusieurs clefs de recherche telles
que : les objectifs stratégiques poursuivis, les thématiques privilégiés ou les axes de mise
en œuvre et les outils privilégiés :
1
Objectifs stratégiques
Thèmes
1- Adaptation aux risques
1- Gestion des impacts du changement
climatique et préservation du
fonctionnement du système côtier
2- prévision, prévention et gestion des
risques naturels et technologiques
3- intégration de la problématique risque
dans les outils de planification et dans les
projets d'investissement
2-Utilisation durable des ressources
1- préservation de l'environnement marin et
côtier dans la gestion du territoire
2- partage de façon équitable des
ressources et des usages et promotion des
techniques/process à faible impact
environnemental
3-Développement économique durable
1- développement durable des régions
maritimes européennes
2- développement équilibré (social,
économique , culturel) en prenant en
compte l'environnement et l'impact des
activités côtières
3- amélioration de la compétitivité
Approche de mise en œuvre
Outils privilégiés
intégrative
participative
cognitive
écosystémique
socio-économique
technique
Instrument de planification
analyse stratégique
outil participatif
système de partage des connaissances et
SIG
instrument économique
innovation
ingénierie technique
Au-delà de ce classement par thème et processus d'action, chaque résumé d'étude
de cas informe sur: le contexte et les finalités poursuivies, la manière dont les principes de
gestion intégrée ont été abordés, les actions réalisées et les objectifs atteints, une analyse
des raisons du succès ou de l'échec de la démarche et enfin si nécessaire les
conséquences non prévues de la mise en œuvre du projet.
Parallèlement à cette collecte d'expériences, le projet Ourcoast prévoit une analyse
comparative des outils de gouvernance et de régulation mis en œuvre dans les différents
pays européens.
2
Au final le croisement de ces différentes analyses et évaluations doit permettre,
d'identifier les meilleurs processus, organisations ... pour appliquer les principes de la
gestion intégrée et proposer des conseils et recommandations pour impulser ces
nouvelles pratiques.
Le projet Ourcoast est aujourd'hui en cours de finalisation de la première phase
(collecte et analyse des différents exemples). Pour la France une vingtaine d'expériences
issues de l'appel à projet « GIZC » de 2005, a été évaluée selon le modèle défini et à
partir des éléments recueillis lors du suivi/accompagnement mené par l'IFREMER et le
CETMEF sur toute la durée de l'appel à projet.
Ce travail d'évaluation mené pour « Ourcoast », a donc permis de recenser dans le
cadre de cet appel à projet des pratiques innovantes et différentes expériences
intéressantes à partager.
Ainsi en matière de risques et de gestion de la mobilité du trait de côte, plusieurs
territoires ont engagé des démarches pour expérimenter d'autres pratiques que celles
habituellement menées dans ce domaine. C'est le cas en particulier de la Côte d'Opale, la
Somme, la rade de Lorient ou la Camargue.
Les projets initiés par ces territoires se sont intéressés à la fois à développer une
plus forte implication des usagers des espaces menacés par l'érosion et à construire des
mécanismes de partage des connaissances dans ce domaine.
Ainsi, alors qu'habituellement dans ce type de démarche d'évaluation des risques,
les parties impliquées étaient essentiellement les services techniques voire les élus des
collectivités concernées, les services de l'État, et les scientifiques ou experts sollicités
pour définir aléas et enjeux, les porteurs de projet ont ici proposé d'associer dès les
premières réflexions les habitants et usagers du territoire tant au niveau individuel qu'au
niveau associatif (associations environnementales, de commerçants , …). Afin que ces
forums (qui ont pu accueillir jusqu'à une soixantaine de participants) soient constructifs,
plusieurs spécialistes scientifiques ont été amenés à présenter lors de ces rencontres
différentes connaissances et problématiques techniques et cela d'une façon
compréhensible et formatrice afin d'en débattre avec les usagers présents.
Par ailleurs, pour compléter ces réunions et pour offrir au plus grand nombre et en
particulier aux acteurs silencieux la possibilité de manifester leurs questionnements,
inquiétudes, positions ...des interviews individuelles filmées ont été réalisées dans certains
cas (Somme). Ces vidéos ont ensuite été étudiées, analysées pour permettre d'apporter le
maximum d'éléments de réflexion et de réponse lors des réunions.
Enfin nous pouvons souligner que ces échanges n'ont pas concerné uniquement la
question de la mobilité du trait de côte mais les porteurs de la démarche ont le plus
souvent associé (parfois de façon très directe parfois de façon parallèle) des réflexions sur
la caractérisation et l'organisation urbaine de l'espace :construction de nouveaux quartiers,
développement possible de la ville, utilisation des espaces proches de la mer, organisation
des transports ….. La volonté d'associer ces différentes thématiques avait ici pour objectif
de permettre d'aborder avec l'ensemble des parties prenantes comme solution de gestion
du risque de submersion ou d'érosion soit (La Somme) le retrait stratégique soit (La
Camargue) le développement de techniques de protection douce.
Dans le cadre de ce même type de démarche, les territoires de la Côte d'Opale et
de la rade de Lorient ont ressenti la nécessité de compléter les connaissances
scientifiques disponibles et de construire différemment leur acquisition.
3
Aussi ils ont soit engagé de nouvelles études ou expertises dans des domaines
jusqu'alors peu abordés dans ce type d'approche telle une analyse sociologique pour
mieux appréhender le ressenti et le positionnement des différentes parties prenantes, soit
organisé des groupes de travail réguliers (mensuel par exemple pour la côte d'Opale)
réunissant scientifiques locaux investissant à travers différents travaux de recherche
(thèse....) la problématique de l'érosion côtière et les services techniques en charge de
cette question.
Le recensement et l'évaluation réalisés dans le cadre du projet « Ourcoast »,
permettent déjà à l'échelle française de proposer au regard de ces études de cas que
nous pourrions qualifier d'innovantes et intégrées, quelques orientations pour engager une
gestion intégrée du trait de côte. Nous pouvons constater :
− que l'intégration des différentes parties prenantes y compris des usagers sur la
thématique de la gestion du trait de côte est possible mais nécessite de
nombreuses réunions et donc que l'ensemble des acteurs impliqués y consacre
du temps y compris les services de l'État et les scientifiques pas toujours formés
et disponibles pour ce type de démarche,
− qu'aborder conjointement et avec l'ensemble des acteurs, les questions de l'aléa
et des enjeux peut être une méthode pertinente pour partager une culture du
risque et aborder d'une manière plus sereine et acceptable l'option
d'abandonner à la mer certaines parties du territoire,
− de la nécessité parfois de mettre en place des collectifs hybrides ( gestionnaires
techniciens/scientifiques) pour permettre un réel partage des connaissances et
une gestion adaptative,
− de la fragilité de telles démarches qui reposent bien souvent sur l'investissement
et l'implication individuelle.
Ainsi le projet « Ourcoast » devrait aussi pourvoir au delà de ces exemples français,
proposer d'autres expériences structurées qui pourront enrichir et inspirer les démarches
engagées sur nos littoraux en permettant de construire des modes de gestion plus
intégrés et plus partagés de la mobilité du trait de côte et de la problématique submersion.
4