MODE 106 - Peter Nitz
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MODE 106 - Peter Nitz
MODE 106 ENTIéREMENT FABRIQU…ES À LA MAIN DANS SON ATELIER ZÜRICHOIS, LES POCHETTES DE PETER NITZ, CI-DESSUS, FLIRTENT EN COLORAMA AVEC LE SUMMUM DU LUXE. de se fournir chez les meilleurs peaussiers et de récupérer la boflte à outils – lames, aiguilles, pincesÉ – indispensable à l’ouverture d’un atelier en décembre dernier. «J’ai voulu une maison qui redonne du sens au concept d’exclusivitéÈ, explique Peter Nitz, dont les trésors poids plume (moins de 200 g sur la balance) en croco, lézard ou autruche sortent au rythme d’un ou deux par semaine. Ni plus, ni moins. Les prototypes naissent en quinze jours. Les pochettes, bleu lagon, blond tabac, vernis noir ou brun cognac, doublées de peau de chèvre ou d’agneau, exigent deux à trois journées de travail chacune. Par PIERRE GROPPO. Deux lignes sont lancées : les «MasterpiecesÈ, pièces uniques ornées i quelques dizaines de grammes de raffinement d’un bouton de manchette ancien Van Cleef & Arpels pavé de extr’me distillés au compte-gouttes suffisent à saphirs, d’une libellule des ateliers Fabergé ou d’un insecte créer la dépendance, alors Peter Nitz est un homme victorien serti de diamants taille rose, posé parfois sur un ruban de à surveiller de près. A 34 ans, cet Américain soie, et la ligne «AtelierÈ, plus raisonnable – à défaut d’’tre pourrait bien devenir l’un des dealers d’accessoires vraiment accessible. les plus courus qui soient. Objets de l’addiction : Car les prix – de 8 000 à 24 000 dollars – feraient presque passer des pochettes et des sacs au luxe presque insolent, le kilo de beluga pour un produit de grande consommation. Sans 100 % made in Zürich. compter la possibilité de créations entièrement sur mesure, sacs de Peter Nitz est arrivé en Suisse il y a treize ans, pour des raisons jour ou de voyage pour homme ou femme, et l’obsession de Peter de cœur, mais sans permis de travail. Pour gagner sa vie, ce Nitz pour le crocodile naturel, summum absolu en matière de fils d’antiquaire écume alors les marchés aux puces et revend ses peaux exotiques. Envoûtées par cette démesure tout sauf trouvailles sur eBay. Il a le goût du cuir, le compas du vintage tapageuse, les clientes «d’un certain milieu, plutôt voyageuses, dans l’œil (ajusté par son expérience dans une maison de vente à cosmopolites, habituées au grand luxeÈ n’ont pas tardé à se Chicago) et le sens du commerce : de quoi ouvrir une boutique en manifester auprès d’un Peter Nitz s’imaginant m’me, un jour, ligne et deux dépôts-vente de luxe, un à Zürich, l’autre à Paris, où faire plaisir à Madonna (une broche en forme de M, entièrement les sacs Hermès, Vuitton, Gucci transitent par centaines. «C’est sertie de diamants, a d’ailleurs été mise de côté). C’est pour ces à force de toucher que je me suis familiarisé avec les qualités femmes qu’il a imaginé des bofltes-écrins faites main, dont la de peaux, des teintes, le grain et la souplesse des écaillesÉ Et poignée est cousue dans le m’me cuir que celui de l’accessoire que j’ai compris ce qui marche et ce qui plaflt moinsÈ, explique qu’elles contiennent. Un détail esthétique doublé d’une intention Peter Nitz, qui décide alors de se lancer dans la création. Il lui pratique, pensé pour celles qui rafleraient plusieurs pièces à la fois. manquait le savoir-faire : deux ans de cours particuliers donnés Une manière de mettre la main, d’un coup d’un seul, sur la par une ancienne employée d’Hermès feront l’affaire, tandis que pochette désirée. Petit vertige si chèrement convoité.— son exploration tenace des coulisses professionnelles lui permet www.peternitz.com Croco-deal Féru de MAROQUINERIE haut de gamme, PETER NITZ imagine, dessine et coud lui-m’me des POCHETTES légères comme un SOUFFLE et baptisées de son nom. Volontairement confidentielle, sa toute jeune maison conjugue le VERTIGE de l’accessoire au plus que précieux. Marco Carocari, Germain Chauveau S