Rapport de Stage
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Diversité et structuration génétiques des zones natives et envahies chez une espèce envahissante : l’ajonc d’Europe Guillaume Cossard M2 EFCE 2009/2010 Maîtres de Stage : Michèle Tarayre Anne Atlan Je souhaiterais, avant de commencer ce rapport, exprimer mes grands Remerciements, À Michèle Tarayre, pour sa gentillesse doublée d’une extrême patience et d’une ténacité de tous les jours, même du week-end, pour corriger le même rapport maintes et maintes fois et trouver la force d’en discuter après. À Anne Atlan pour ses conseils avisés et sa capacité à toujours orienter la réflexion vers des axes nouveaux. En somme, je la remercie pour m’avoir communiqué sa passion d’étudier et de chercher à comprendre un monde extrêmement vaste. À Benjamin Hornoy pour le heavy qui coule dans ses veines et fait headbanguer sa tête à l’écoute du nombre de la bête. Je le remercie aussi pour son incrédulité face à mes vaines tentatives d’ébrécher son impassibilité face aux situations de crise. Car crises il y a eu, et en nombre, toutes résolues à l’aide seulement d’un peu de braises, de quelques saucisses et de tanins tous judicieusement dosés. Enfin, je le remercie pour sa magnanimité dans tous les moments difficiles et pour son aide qui a été plus que généreuse. À Louis Parize pour sa bonne humeur sans faille et son goût pour la botanique. Merci pour le ginkgo. Je le remercie aussi pour le partage de sa passion pour les rythmes simples et sauvages du blues. Et à ces quatre personnes d’une façon générale pour m’avoir accueilli dans le cadre de ce stage et m’avoir fait découvrir à quel point les travaux de recherches sont directement corrélés, comme dirait un statisticien, ou plutôt à la fois favorisés et extrêmement dépendants d’une volonté de travailler en équipe. À Annie Guiller pour son implication dans mon travail et toute l’aide qu’elle m’a apportée sur les méthodes de génotypage et les techniques d’analyse en génétique des populations. À Dominique Vallet pour sa disponibilité, son affabilité et ses précieux conseils quant à la composition des multiplexes et de la lecture des génotypes. À Stéphane Dréano pour son incroyable capacité à être toujours disponible et à donner de lui pour faire avancer les travaux des autres. Son efficacité n’a d’égal que sa sympathie et sa faculté à séquencer plus vite que son ombre. À Valérie Roussel pour l’aide précieuse qu’elle nous apportée quant aux méthodes d’analyse de la diversité génétique chez les polyploïdes. Les arcanes des logiciels d’analyse génétique pour les polyploïdes nous seraient restées inconnues si elle n’avait pas été présente. À tous les collègues du M2 EFCE. A leur esprit de groupe, à leur soutien et aux joies qu’ils m’ont apportées. SOMMAIRE INTRODUCTION .................................................................................................................... 1 MATERIELS ET METHODES ............................................................................................. 5 1. Modèle biologique...................................................................................................................... 5 2. Sites d’étude et échantillonnage ............................................................................................... 5 3. Caractérisation moléculaire de la diversité génétique ........................................................... 6 4. 3.1. Extraction et purification de l’ADN génomique ................................................................. 6 3.2. Marqueurs moléculaires : microsatellites nucléaires ........................................................... 7 3.3. Amplification de l’ADN ...................................................................................................... 7 3.4. Génotypage .......................................................................................................................... 8 Analyses statistiques .................................................................................................................. 9 4.1. Analyse des paramètres de diversité génétique ........................................................................ 9 4.2. Structuration spatiale .............................................................................................................. 10 RESULTATS .......................................................................................................................... 11 1. 2. Diversité génétique .................................................................................................................. 11 1.1. Chez Ulex europaeus......................................................................................................... 11 1.2. Diversité génétique au sein des populations ...................................................................... 12 1.3. Comparaison de la diversité génétique entre régions et entre zones native et envahie ..... 13 Structuration de la diversité génétique.................................................................................. 14 2.1. Indice de différenciation entre populations F’ST. ................................................................... 14 2.2. Méthode d’assignation individuelle ....................................................................................... 15 DISCUSSION ......................................................................................................................... 18 1. Diversité et structuration génétiques d’Ulex europaeus dans la zone native ..................... 18 2. Histoire de l’introduction de l’ajonc d’Europe en zone envahie : La Réunion , NouvelleZélande ............................................................................................................................................. 19 3. Potentiel évolutif de l’ajonc d’Europe dans les zones envahies ........................................... 21 4. Conclusion et Perspectives ...................................................................................................... 22 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 24 ANNEXES LISTE DES TABLES ET FIGURES TABLEAU 1 : Situation géographique des 12 populations d’Ulex europaeus échantillonnées. La distance minimale et la distance maximale entre les populations échantillonnées dans une région sont indiquées (dist. Min. – dist. Max.). .................................................................................................. 6 TABLEAU 2 : Diversité génétique globale sur l’ensemble des populations étudiées. Sont indiqués : le nombre d’individus échantillonnés (n), la gamme de taille des allèles, l’étendue et la moyenne du nombre d’allèles portés par individu, le nombre d’allèles échantillonnés (Ae), la diversité allélique (H’T), le nombre de phénotypes échantillonnés (Np) ainsi que l’indice de diversité phénotypique de Shannon-Weaver (Hsw). ......................................................................................................................... 12 TABLEAU 3 : Mesures de diversité génétique (allélique et phénotypique) multilocus pour les 12 populations étudiées, par région, par zone (native et envahie) et totale. Sont présentés le nombre d’individus génotypés (n), le nombre d’allèles échantillonnés (Ae), la diversité allélique (H’s) et le nombre moyen d’allèles portés par individu (Aind), le nombre de phénotypes présents (Nh) et l’indice de diversité de Shannon-Weaver (Hsw). .................................................................................. 14 TABLEAU 4 : Matrice des F’ST par paires de régions. Le F’ST moyen entre les populations de chaque région est indiqué dans la diagonale, en grisé. ..................................................................................... 15 Figure 1 : Représentation en arbre des populations sur la base des F’ST calculés par paires de populations. Les populations réunionnaises semblent former un groupe légèrement distinct (cercle pointillé) des populations des autres régions qui apparaissent toutes mélangées : carrés bleus pour les populations bretonnes, losanges verts pour les populations écossaises et cercles jaunes pour les populations néo-zélandaises. ................................................................................................................ 16 Figure 2 : Représentation graphique des proportions d’assignation des individus par inférence bayésienne à chaque cluster génétique (représentés chacun par une couleur différente) réalisées sous STRUCTURE, avec K = 9. Chaque barre verticale représente un individu et les populations, régions et zones d’origine de ces individus sont indiqués. ................................................................... 17 INTRODUCTION Les invasions biologiques sont un des déterminants les plus importants de la perte de biodiversité auquel on assiste aujourd'hui à l’échelle mondiale. (Sala et al., 2000). En effet, les espèces envahissantes, c’est-à-dire les espèces qui ont été introduites dans un nouveau milieu et qui l’ont colonisé, entrent en compétition avec les espèces autochtones, entraînant une perte de biodiversité dans les zones envahies (Elton, 1958 ; Sakai et al., 2001 ; Lee, 2002 ; Lockwood et al., 2007). En outre, elles menacent l’intégrité des écosystèmes, les activités de pêche et d’agriculture, voire même la santé publique (cas d’Ambrosia artemisiifolia, Astéracées ; Heckel, 1906). Les premières études qui se sont intéressées aux invasions biologiques, généralement en vue d’un contrôle biologique, ont mis en évidence que seule une minorité des espèces introduites dans de nouveaux milieux deviennent envahissantes (Williamson, 1996 ; Jeschke & Strayer, 2005). Ces recherches étaient essentiellement axées sur les processus écologiques déterminant les invasions : la tolérance des espèces envahissantes et leur plasticité phénotypique (Williams et al. 1995 ; Sakai et al. 2001 ; Daehler, 2003) ou le relâchement des pressions biotiques subies par les espèces dans leur zone native (hypothèse nommée « Enemy release hypothesis » ou ERH ; Jones & Lawton, 1991 ; Keane & Crawley, 2002). Cependant, les investigations menées sur les espèces envahissantes ont montré que les invasions étaient la conséquence de la contingence de nombreux facteurs abiotiques et biotiques, y compris génétiques. Les espèces envahissantes sont le siège de changements évolutifs (Blossey & Nötzold, 1995 ; Lee, 2002 ; Lee & Gelembiuk, 2008 ; Monty & Mahy, 2009) et le succès envahissant d’une espèce est lié au potentiel évolutif des populations introduites. Dans ce cadre, l’hypothèse d’évolution de la capacité compétitive (Evolution of Increased Competitive Ability ou EICA) a été formulée en ces termes par Blossey et Nötzold (1995) : le relâchement des pressions imposées à une espèce par ses prédateurs et parasites lorsqu’elle est introduite dans un nouveau milieu entraîne l’évolution de ses traits d’histoire de vie, vers une allocation moindre d’énergie dans les mécanismes de défense et une allocation plus importante dans les mécanismes de reproduction et de croissance. Cela conduit à une compétitivité accrue de l’espèce dans le milieu envahi et favorise son invasion. Parce que la variabilité génétique détermine l’évolution d’une population (Fisher, 1930), il est important de savoir comment les introductions déterminent la diversité génétique retrouvée dans la zone envahie. Ainsi, de nombreux travaux ont montré comment cette diversité génétique peut changer après l’introduction (voir Bossdorf et al., 2005, pour revue). 1 Plusieurs patrons de diversité et de structuration ont pu être liés à l’histoire évolutive des populations introduites. On s’attend généralement à observer une diminution de la diversité génétique dans la zone envahie comparée à celle retrouvée chez les populations de la zone native. En effet lors de la fondation des populations, le nombre d’individus introduits est généralement faible et ne comporte qu’une petite partie du pool génique présent dans la zone d’origine (Barrett, 1992). Ces goulots d’étranglements sont souvent associés à un fort effet de la dérive génétique diminuant encore les niveaux de diversité des populations introduites (Nei et al., 1975 ; Sakai et al., 2001 ; Holsinger & Weir, 2009). De même, dans le cas où un génotype introduit serait plus adapté au milieu colonisé, l’action de la sélection sur ces populations peut entraîner la fixation d’allèles et amener à une réduction de la diversité génétique (Kliber & Eckert, 2005). Plusieurs espèces envahissantes montrent une variabilité génétique faible en zone envahie, comme par exemple Rubus alceifolius (Rosacées ; Amsellem et al., 2000), Alternanthera philoxeroides (Wang et al., 2005) ou Pennisetum sp. (Poulin et al., 2005). Notons que le caractère envahissant de ces espèces est lié à leur mode de reproduction (clonal ou apomictique) ou à la forte plasticité phénotypique qu’elles peuvent présenter (Williams et al., 1995). Pourtant, dans la majorité des invasions biologiques, une variabilité génétique équivalente ou le plus souvent supérieure est décrite dans les zones envahies comparé à la zone native. C’est par exemple le cas de Epipactis helleborine (Orchidacées ; Squirrell et al., 2001) ou d’Hypericum perforatum (Maron et al., 2004a). Cette diversité résulte généralement d’introductions multiples d’une même espèce dans un nouveau milieu comme cela a été mis en évidence chez de nombreuses espèces envahissantes (Bartlett et al., 2002 ; Lavergne & Molofsky, 2007 ; Simberloff, 2009). Cette importante diversité génétique de la zone envahie est engendrée par des introductions répétées dans le temps mais aussi par l’apport d’individus issus de plusieurs populations de la zone native. En effet, lorsque les individus introduits sont issus de populations génétiquement hétérogènes, les flux de gènes dans le nouveau milieu colonisé peuvent permettre un brassage génétique qui génère une plus forte diversité allélique. En outre, l’hybridation interspécifique dans la zone envahie peut être un stimulus pour l’évolution du potentiel envahissant (Schierenbeck & Ainouche, 2000 ; Ainouche et al., 2009). Elle conduit en effet à masquer les allèles délétères via une augmentation de l’hétérozygotie aux loci homologues ainsi qu’à une augmentation du nombre de combinaisons alléliques qui sont autant de variants sur lesquels la sélection peut agir. La fixation de l’hybridité est entre autre permis par la polyploïdie, résultant de la duplication du génome après hybridation. Ce processus évolutif fréquent chez les espèces végétales et souvent à l’origine d’évènements de spéciation 2 (Stebbins, 1950 ; Ainouche et al., 2004) entraîne une augmentation de la variabilité allélique présente chez ces espèces. En outre, une importante capacité de dispersion et une gamme de tolérance environnementale plus large ont souvent été montrées chez les espèces polyploïdes. Ainsi elles représentent des espèces susceptibles d’envahir plus facilement de nouveaux milieux. Plusieurs études décrivent des espèces végétales envahissantes et lient le succès de la colonisation du nouveau milieu avec le niveau élevé de ploïdie de ces espèces (Soltis & Soltis, 2000 ; Ainouche et al, 2004). Concernant les patrons de structuration génétique retrouvés en zone envahie, ils sont directement liés au mode d’introduction aux flux de gènes existant entre les populations qui s’y sont formées. En effet un important brassage génétique entre les populations introduites conduit à leur homogénéisation et la structuration en zone envahie est alors plus faible que celle présente dans la zone native. Kolbe et al. (2004) ont montré ce phénomène de conversion de la diversité inter-populationnelle en zone native en diversité intra-populationnelle dans la zone envahie chez Anolis sagrei. Au contraire, les effets non-exclusifs de la dérive génétique et de la sélection naturelle sur les individus importés en l’absence de flux de gènes entre les populations, peuvent mener à une structuration plus importante dans la zone envahie que dans la zone d’origine. Dans ce contexte, l’ajonc d’Europe (Ulex europaeus, Fabacées) est un modèle très intéressant pour l’étude des mécanismes impliqués dans les invasions biologiques. Il s’agit d’une plante originaire de la Péninsule ibérique qui s’est répandue le long de la façade atlantique jusqu’en Norvège et dans les îles britanniques, depuis les dernières glaciations. Il a été introduit volontairement dans de nombreuses régions du monde et est considéré comme envahissant dans plusieurs d’entre elles (p.e. à La Réunion, en Nouvelle-Zélande, au Chili, etc). L’ajonc d’Europe a été classé par l’UICN (International Union for the Conservation of Nature) comme l’une des 30 espèces envahissantes les plus nuisibles au monde. Il s’agit d’une espèce allohexaploïde dont les espèces parentales ne sont pas encore clairement identifiées (Misset & Gourret, 1995 ; Ainouche K. com. pers.). Son niveau de ploïdie élevé (6X) laisse suspecter une importante diversité génétique et un fort potentiel évolutif, qui lui aurait permis de s’adapter à un grand nombre d’environnements différents à travers le monde. Dans sa zone native, l’ajonc d’Europe présente une variabilité des traits liés à la croissance et à la reproduction (Atlan et al. 2010). Cette variabilité génétique des traits a pu être introduite dans les différentes régions où il est envahissant, lui conférant un important potentiel évolutif qui expliquerait son succès envahisssant. Mon travail de stage se place dans le cadre d’une thèse portant sur l’évolution des traits d’histoire de vie et de la diversité génétique chez l’espèce envahissante Ulex europaeus. Ma 3 contribution a porté sur une première évaluation et la comparaison de la diversité génétique et sa structuration entre la zone native et la zone envahie. Pour ce faire, nous avons étudié la diversité génétique de l’ajonc sur l’ensemble des individus échantillonnés, à l’échelle régionale - plusieurs populations des zones envahies de La Réunion et de Nouvelle-Zélande et plusieurs populations de Bretagne et d’Ecosse, deux régions de la zone native - et populationnelle. Ce travail a été réalisé en vue de répondre à plusieurs questions : - La diversité génétique présente dans la zone native de l’ajonc européen est-elle retrouvée dans les zones envahies ? - Quels patrons de structuration génétique retrouve- t-on dans les deux zones native et envahie? - Est-ce que la diversité génétique introduite peut être un facteur promoteur du succès envahissant de l’ajonc ? - Quelle est l’histoire évolutive de l’ajonc d’Europe dans les régions envahies ? L’étude de la diversité génétique a été effectuée à l’aide de marqueurs microsatellites (ou SSR, Simple Sequence Repeat) nucléaires. L’analyse des données moléculaires des espèces polyploïdes reste limitée et complexe puisque les génotypes ne sont pas accessibles. Très récemment, de nouveaux logiciels intégrant de nouvelles méthodes d’analyses ont été élaborés, nous permettant en particulier d’estimer la structuration génétique des populations d’ajonc d’Europe. 4 MATERIELS ET METHODES 1. Modèle biologique L’ajonc d’Europe (Ulex europaeus) est un arbuste sempervirent de la famille des Fabacées, originaire de l’ouest de l’Europe. Il s’agit d’une espèce allohexaploïde (6X=96 ; Misset & Gourret, 1995) considérée comme envahissante dans plusieurs régions du monde où il a été introduit : Amérique (p.e.. Etats-Unis, Chili, Brésil), Afrique (p.e. Afrique du Sud), Asie (p.e. Inde), Australie, ainsi que dans plusieurs îles (La Réunion, Nouvelle-Zélande, Hawaï, etc.). Les individus produisent des fleurs hermaphrodites à partir de la troisième année et la reproduction se fait préférentiellement par allogamie (Tarayre et al., 2007). La dispersion des graines se fait essentiellement par barochorie : plus de 50% des graines tombent à moins d’un mètre de la plante mère (Rees & Hill, 2001). Certaines graines peuvent être dispersées plus loin par les eaux de ruissellement, des herbivores ou l’Homme. En Europe, la dispersion est aussi assurée par les fourmis (Rees & Hill, 2001). Les graines d’ajonc d’Europe sont attaquées au printemps par le charançon spécifique Exapion ulicis (Curculionidés) essentiellement (Davies, 1928 ; Barat et al., 2007). Une grande variabilité des traits liés à la croissance et à la reproduction a été mise en avant chez U. europaeus dans sa zone d’origine par Atlan et al. (2010). Cette étude propose d’expliquer la variabilité observée de ces traits comme une réponse à la prédation des graines d’ajoncs, ce qui suppose qu’elle est liée à un polymorphisme génétique. Deux phénotypes de phénologie de floraison ayant une base génétique ont été décrits : une floraison longue, dès l’automne et jusqu’au printemps, associée à une faible production de fleurs en même temps ; une floraison courte seulement au printemps associée à une production intense de fleurs (évitement de la prédation par satiété du prédateur). Les individus à floraison longue sont moins résistants à la prédation des graines au printemps que les individus à floraison courte. 2. Sites d’étude et échantillonnage Les ajoncs dont l’ADN a été extrait pour les analyses de diversité génétique proviennent de deux régions natives de l’espèce (Bretagne et Ecosse) et deux régions envahies (La Réunion et la Nouvelle-Zélande). Nous supposons que les ajoncs présents à la Réunion ont été importés par l’Homme à partir du 18ème siècle depuis des populations françaises lors de la colonisation de l’île. De même, les ajoncs de Nouvelle-Zélande seraient issus de populations écossaises importées au 19ème siècle. 5 Dans trois populations de chacune des quatre régions (soit 12 populations, Tableau 1), une à trois graines par plante-mère ont été collectées. Cent-vingt graines ont été mises à germer et les plantules en résultant ont été transplantées en novembre 2007 au jardin expérimental situé sur le campus de Beaulieu (Rennes) dans le cadre d’une étude portant sur l’évolution des traits d’histoire de vie. En outre, d’autres graines ont été prises aléatoirement dans les stocks de graines des mêmes 12 populations, ont été scarifiées et mises à germer en mars 2010 afin de compléter à 25 individus par population (soit 300 individus sur l’ensemble de l’étude). Le Tableau 1 résume les informations géographiques concernant les 12 populations étudiées. TABLEAU 1 : Situation géographique des 12 populations d’Ulex europaeus échantillonnées. La distance minimale et la distance maximale entre les populations échantillonnées dans une région sont indiquées (dist. Min. – dist. Max.). 3. Caractérisation moléculaire de la diversité génétique 3.1. Extraction et purification de l’ADN génomique Les échantillons récoltés (fragment de branche adulte ou plantules) ont été broyés dans l’azote liquide à l’aide d’un mortier et d’un pilon. L’ADN a été extrait et purifié à partir de ces 6 broyats à l’aide du Kit NucleoSpin® Plant II (Macherey-Nagel), suivant les instructions du fabriquant. La qualité des échantillons d’ADN extraits a été contrôlée par électrophorèse sur gel d’agarose à 2% et leur concentration a été mesurée grâce au spectrophotomètre ND-1000 (NanoDrop®). Des aliquots à 30 ng/µL ont été réalisés pour le génotypage des individus et l’ADN extrait a été stocké à -20°C. 3.2. Marqueurs moléculaires : microsatellites nucléaires Nous avons caractérisé la diversité génétique au sein des 12 populations échantillonnées (Tableau 1) au moyen de marqueurs microsatellites nucléaires. Ces marqueurs correspondent à des séquences d’ADN formées par la répétition en tandem de motifs nucléotidiques (2 à 6 nucléotides). Leur important taux de mutation, entre 10-6 et 10-2 mutations par locus et par génération, consiste surtout en des erreurs lors de la réplication de l’ADN dans le nombre de répétitions du motif (erreurs dites de « slippage »). Ce phénomène conduit à un important polymorphisme de longueur des fragments i.e. une variation du nombre de motif répétés formant le microsatellite (Wan et al., 2004). Ces taux de mutations importants génèrent une grande diversité allélique, nécessaire pour étudier les processus génétiques et évolutifs à des échelles de temps écologiques, comme les invasions biologiques (Selkoe & Toonen, 2006). En outre, les marqueurs microsatellites sont considérés comme sélectivement neutres et montrant une hérédité mendélienne. Dans cette étude, la diversité génétique est estimée à l’aide de sept locus microsatellites nommés A101, A110, A114, A125, B4, B104, B123, développés par la société GIS (Genetic identification Services, Chatsworth – Californie). Chez l’ajonc, il s’agit de la première étude de la diversité génétique réalisée à partir de microsatellites. Aussi nous avons dû tester le polymorphisme des sept marqueurs et évaluer la gamme de taille des allèles échantillonnés en vue de réaliser des multiplexes pour le génotypage (les multiplexes sont caractérisés en Annexe 3). Ces tests ont été menés via des migrations par électrophorèse sur gel d’agarose à 2% après amplification des marqueurs chez 20 individus choisis dans les quatre régions étudiées : Bretagne, Ecosse, La Réunion et Nouvelle-Zélande. 3.3. Amplification de l’ADN Le génotypage des individus pour les sept marqueurs requiert l’amplification spécifique par PCR des allèles présents chez chacun des individus. Le volume réactionnel (25 µL) pour un 7 individu est composé de 12,5 µL de Mix (concentration : 1X ) contenant la Taq-polymerase (GoTaq® colorless Master Mix), d’amorces forward et reverse (entre 0,2 et 0,35 µM, voir Annexe 1 pour les séquences des amorces) et d’eau ultra pure (qsp 25 µL). Les concentrations en amorces diffèrent selon le marqueur microsatellite. Elles ont été mises au point au cours des expériences en fonction de la détection de la fluorescence par le séquenceur (voir Annexe 2 pour la composition des mixes). Les réactions de PCR ont consisté en 35 cycles d’amplification composés de : 40 secondes de dénaturation à 94°C, 40 secondes d’hybridation à une température associée à chaque marqueur (Tm s’étendant de 52°C à 61°C, voir Annexe 3) et 30 secondes d’élongation à 72°C, précédés d’une étape de dénaturation initiale de 3 minutes à 94°C et suivis d’une étape d’élongation finale de 4 minutes à 72°C. Les réactions de PCR ont été réalisées dans des thermocyclers Mastercycler epgradient S (Eppendorf). Pour chaque marqueur microsatellite, les amorces forward sont marquées à l’aide des fluorochromes PET (marqueurs A110 et A114), NED (marqueurs A125 et B123), VIC (marqueurs A101 et B104) et 6-FAM (marqueur B4). Le marqueur de taille a été marqué avec le fluorochrome LIZTM (fluorochromes : Applied Biosystems Inc.). Chaque amplification des extraits d’ADN d’ajonc a été testée par une électrophorèse sur gel d’agarose à 2% avant génotypage. 3.4. Génotypage Après amplification, le génotypage des individus a été réalisé en deux multiplexes : l’un avec les marqueurs A101, A110 et A125 ; l’autre avec les marqueurs A114, B4, B104, B123, mélangés dans une solution dénaturante de formamide (Hi-DiTM Formamide, Applied Biosystems). Un marqueur de taille est ajouté pour chaque individu (GeneScanTM-500 LIZTM Size) Les allèles amplifiés des différents marqueurs sont séparés par électrophorèse dans des capillaires contenant un polymère d’acrylamide (POP7, Applied Biosystems Inc), à l’aide du séquenceur multi-capillaires ABIPRISM® 3130x genetic analyser (Applied Biosystems Hitachi, situé au sein de l’UMR 6061, Rennes 1). La fluorescence associée à chaque marqueur permet leur détection au moyen d’un laser et d’une caméra. Les profils d’électrophorèse sont capturés par le logiciel ABI 3130 xL Data Collection. La lecture des données issues du séquenceur (taille des différents allèles amplifiés) a été réalisée à l’aide du logiciel GeneMapper v4.1 (Applied Biosystems). Après avoir effectué les lectures des tailles d’allèles pour chaque locus chez tous les individus, nous avons décidé d’écarter les données du marqueur A101 pour la suite des 8 analyses de diversité génétique, étant donné la difficulté difficulté de lecture des tailles d’allèles sous Genemapper et l’incertitude titude que nous avions quant au tableau des allèles obtenu. obtenu 4. Analyses statistiques 4.1. Analyse des paramètres de diversité génétique Ulex europaeus étant une espèce allohexaploïde, nous pouvons en théorie observer entre un et six allèles différents au sein d’un individu, sans aucune indication sur leur fréquence. Par exemple, pour un individu présentant deux allèles A et B pour un locus, plusieurs génotypes sont possibles : ABBBBB, AABBBB, AAABBB, etc. Or nous pouvons ouvons seulement visualiser un génotype incomplet AB, que nous appellerons « phénotype » dans le reste de l’étude, ainsi qu’il est largement admis dans la littérature (Obbard et al., 2006 ; Hamilton & Eckert, 2007 ; Marrs et al., 2008b). Peu d’outils et de méthodes ont été développés à ce jour pour répondre aux difficultés inhérentes à la polyploïdie des espèces. Dans le but d’étudier la diversité génétique chez l’ajonc et son organisation à différentes échelles (entre populations, entre régions et entre zones : native et envahie), nous avons calculé différents paramètres de diversité allélique et phénotypiques qui ne sont pas biaisés par l’ambiguïté des génotypes,, à savoir : le nombre d’allèles différents échantillonnés au sein d’une population (Ae), le nombre d’allèles portés par un individu (Aind), le nombre de d phénotypes observés (Np), par locus et multilocus. Le calcul de ces valeurs a été réalisé à l’aide de FDASH (Obbard et al., 2006). Cependant, l’hexaploïdie ne permet pas de réaliser aliser des analyses de diversité génétique standard basées sur les fréquences alléliques (hétérozygotie, F de Wright, etc). Néanmoins Obbard et al. al. (2006) ont proposé plusieurs mesures de diversité, alléliques et phénotypiques, s, dédiées aux espèces allopolyploïdes. La diversité allélique intra-populationnelle intra (H’s) a donc été mesurée par le nombre moyen d’allèles non-partagés non partagés entre paires d’individus pris au sein d’une même population et sur l’ensemble des locus : n : nombre d’individus xijk = 1 seulement si un des individus i et j porte un allèle k, sinon xijk = 0 2 s La diversité phénotypique typique est mesurée par l’indice de Shannon-Weaver Weaver (Hsw), selon la formule : m Hsw′ = ∑ pi log( pi ) i =1 m : nombre d’allèles ème pi : fréquence du i phénotype phéno 9 Ces statistiques calculées au niveau des populations, des régions et des zones et ont été comparées par un test de 1000 permutations. 4.2. Structuration spatiale de la diversité génétique Calcul de l’indice de différenciation entre populations F’ST (Obbard et al., 2006). La mesure de diversité allélique (H’s) permet de calculer un estimateur de différenciation génétique (F’ST) correspondant au rapport entre la diversité interpopulationnelle moyenne et la diversité observée chez tous les individus (H’T) : FST′ = H T′ − H S′ H T′ ’ : diversité allélique intra-populationnelle moyenne Cet estimateur synthétise la diversité allélique distribuée entre les populations. Nous avons calculé les F’ST de chaque région, testés par un test de 1000 permutations sous FDASH, et par paires de populations. Sur la base de cet indice de différenciation, un arbre liant les populations a été réalisé grâce au logiciel Phylip® (PHYLogeny Inference Package, Felsenstein, 2005) selon l’algorithme UPGMA (Unweighted Pair Group Method with Arithmetic mean), représenté visuellement à l’aide de Treeview® (Page, 1996). La distance géographique entre populations d’une même région varie énormément selon la région (Tableau 1). Afin de vérifier s’il existe un isolement par la distance entre les populations échantillonnées et de déterminer si l’échelle géographique n’apporte aucun biais dans nos mesures de structuration génétique, nous avons conduit un test de Mantel (Mantel, 1967) entre les matrices de distances génétiques (F’ST par paires de populations) et de distances géographiques. Le test de Mantel a été réalisé à l’aide de la macro pour Microsoft© Excel : GenAlEx (Genetic Analysis in Excel ; Peakall & Smouse, 2006). Méthode d’assignation individuelle Afin d’observer la structuration entre populations sans a priori sur leur distribution spatiale, nous avons conduit des analyses par assignation individuelle. Cette méthodes reposant sur des techniques d’inférence bayésienne peuvent permettre de retracer efficacement les caractéristiques démographiques et historiques d’une introduction, à savoir le nombre de populations sources, leur composition génétique et le nombre d’évènements d’introductions entre autres (Guillemaud et al., 2010). Elle conduit au calcul du nombre le plus probable de 10 groupes génétiquement homogènes (K) sachant les données génétiques, et y assigne les individus. Nous avons réalisé les tests d’assignation sous STRUCTURE selon la méthode de Pritchard et al. (2000), revue récemment par Falush et al. (2007) pour tenir compte de l’ambiguïté génotypique inhérente à la polyploïdie. Nous avons choisi d’utiliser un modèle autorisant le mélange des clusters au sein d’un même individu (« admixture model »), c'est-àdire que nous supposons que le génome d’un individu peut être composé de fractions héritées d’ancêtres issus de clusters K différents. STRUCTURE fournit l’estimation moyenne a posteriori de ces proportions. Après une « période d’échauffement » de 10000 itérations pendant lesquelles aucune donnée n’est collectée afin de minimiser les effets de la configuration initiale (Pritchard et al., 2000), l’inférence bayésienne a consisté en 50000 itérations selon une méthode de chaînes de Markov Monte Carlo pour une valeur de K. Dix processus d’inférence bayésienne ont été conduit pour chaque valeur de K testée : de 1 (tous les individus font partie du même groupe génétiquement homogène) à 12 (chaque population correspond à un groupe génétiquement homogène). Le calcul du nombre K a été réalisé selon la méthode proposée par Evanno et al. (2005) recourant à une statistique ∆K, basée sur le taux de variation dans le « logarithme de probabilité des données » entre des valeurs successives de K. Cette étude montre que ∆K identifie de façon plus fiable le nombre de groupes génétiquement homogènes comparé à l’approximation donnée par le « logarithme des probabilités des données » fournit par STRUCTURE®. RESULTATS 1. Diversité génétique 1.1. Chez Ulex europaeus Le nombre d’individus que nous avons finalement pu génotyper varie entre 235 et 264 selon le locus. Les six locus utilisés pour cette étude présentent un polymorphisme allélique et phénotypique très important chez l’ajonc d’Europe. La diversité allélique (Ae) s’étend de 12 (B4) à 50 allèles (A125) pour une moyenne multilocus de 27,33 (Tableau 2). Pour tous les locus, le nombre d’allèles par individus varie de un (individus homozygotes) à six (individus présentant une seule copie de chaque allèle), pour une moyenne de 3,25 allèles différents. La diversité phénotypique montre de grands écarts selon le locus considéré : le marqueur B4 compte 25 phénotypes différents sur l’ensemble des individus tandis que le marqueur A125, le 11 plus polymorphe, présente presque autant de phénotypes différents (255) que d’individus génotypés (264), pour une moyenne multilocus de 158,83. L’indice de diversité de ShannonWeaver varie entre 1,36 pour B4 et 2,95 ce qui démontre une diversité phénotypique globale très importante chez cette espèce hexaploïde. TABLEAU 2 : Diversité génétique globale sur l’ensemble des populations étudiées. Sont indiqués : le nombre d’individus échantillonnés (n), la gamme de taille des allèles, l’étendue et la moyenne du nombre d’allèles portés par individu, le nombre d’allèles échantillonnés (Ae), la diversité allélique (H’T), le nombre de phénotypes échantillonnés (Np) ainsi que l’indice de diversité phénotypique de Shannon-Weaver (Hsw). 1.2. Diversité génétique au sein des populations Les 12 populations étudiées présentent en général une importante diversité génétique. En effet le nombre moyen d’allèles observés pour les six locus au sein d’une population varie entre 11,38 (population écossaise SST) et 18,50 (population bretonne BCC ; Tableau 3). En moyenne, chaque individu possède entre 2,85 et 3,53 allèles différents par locus. La diversité allélique n’est pas significativement différente entre les 12 populations échantillonnées pour les six locus étudiés (p=0,24 ; 1000 permutations) : l’indice de diversité allélique H’s ne varie qu’entre 3,28 (RLB) et 4,67 (BCC). Aucun allèle privé, c'est-à-dire spécifique d’une population, ni d’allèles caractérisant une région ou une zone n’ont été détectés. Il existe une variabilité phénotypique entre les populations d’ajoncs encore plus grande que la diversité allélique : le nombre moyen de phénotypes échantillonnés au niveau multilocus varie entre 11,89 (SBA) et 20,33 (BCC). Toutefois ces différences ne sont pas significatives (p=0,11 ; 1000 permutations). 12 Etant donné que les effectifs génotypés diffèrent selon les populations et que l’hexaploïdie confère une richesse allélique importante chez chaque individu, il est possible que ces différences génèrent un biais dans les mesures de diversité génétique. Cependant, le nombre d’allèles obtenus au sein de chaque population n’est pas corrélé au nombre d’individus génotypés dans la population (corrélation de Pearson, r=0,47 ; p=0,126). De même, il n’existe pas de corrélation entre le nombre d’individus et l’indice de diversité allélique H’s (r=0,22 ; p=0,495). Le nombre moins important d’individus génotypés dans certaines populations (p.e. SBA, n=17) n’a pas d’influence sur le nombre d’allèles échantillonnés. Les effectifs de nos populations nous ont permis d’échantillonner la majorité de la diversité allélique présente dans ces populations, et les faibles variations observées ne sont pas dues aux différences d’effectifs. Nous trouvons cependant une corrélation positive entre le nombre d’individus échantillonnés et le nombre de phénotypes observés dans les populations (r=0,90 ; p=5.10-5). Logiquement, il existe également une corrélation entre le nombre d’individus d’une population et l’indice de diversité phénotypique de Shannon-Weaver (r=0,77 ; p=3.10-3). Ces constatations nous ont conduit à ne considérer que l’indice de structuration basé sur la diversité allélique (F’ST), et non celui basé sur la diversité phénotypique (F’SW) proposé par FDASH. 1.3. Comparaison de la diversité génétique entre régions et entre zones native et envahie Nous n’avons pas retrouvé de différences significatives au niveau de la diversité allélique entre les quatre régions (p=0,42 ; 1000 permutations) : le nombre moyen d’allèles échantillonnés au niveau multilocus varie entre 18,59 à La Réunion et 23,04 en Bretagne (Tableau 3). De même, la diversité allélique échantillonnée en zone native et en zone envahie est de 4,22 et 3,96 respectivement, et n’est pas significativement différente entre zones (p=0,43 ; 1000 permutations). Le nombre de phénotypes observés varie, en moyenne pour tous les locus, entre 38,32 (Ecosse) et 50,49 (Bretagne). L’indice de Shannon-Weaver est similaire d’une région à l’autre et s’étend entre 2,42 (Ecosse) et 2,68 (Bretagne) : aucune différence significative n’est détectée (p=0,69 ; 1000 permutations). Il en découle que la diversité phénotypique en zone native (Hsw=2,57) n’est pas différente de la diversité phénotypique échantillonnée en zone envahie (Hsw=2,53 ; p=0,55 ; 1000 permutations). 13 TABLEAU 3 : Mesures de diversité génétique (allélique et phénotypique) multilocus pour les 12 populations étudiées, par région, par zone (native et envahie) et totale. Sont présentés le nombre d’individus génotypés (n), le nombre d’allèles échantillonnés (Ae), la diversité allélique (H’s) et le nombre moyen d’allèles portés par individu (Aind), le nombre de phénotypes présents (Nh) et l’indice de diversité de Shannon-Weaver (Hsw). 2. Structuration de la diversité génétique 2.1. Indice de différenciation entre populations F’ST. Une grande part de la diversité retrouvée au niveau mondial est présente au sein de chaque population étudiée. Ainsi, aucune structuration n’a été observée entre les 12 populations échantillonnées pour les six locus étudiés. En effet, les F’ST par paires de populations (Annexe 5) s’étendent entre 7,84.10-4 (SST-BCC) et 0.076 (RLB-ZWE). Le même patron est retrouvé au 14 niveau des F’ST entre paires de régions (Tableau (T 4). Les tests sur 1000 permutations montrent qu’aucun des F’ST entre régions n’est significativement différent des autres (p=0,21). La représentation graphique des populations sur la base de leur F’ST par paires semble montrer cependant que les populations réunionnaises se distinguent des autres populations popul (Figure 1). La Réunion présente la plus forte structuration moyenne entre les populations qui la compose (F’ST=0,06 ; Tableau 4) Le test de Mantel ne montre aucun isolement par la distance entre les populations au niveau mondial (R²=0,005 ; p=0,324 ; 1000 permutations). En outre, étant donné que les distances séparant les populations échantillonnées varient varie grandement selon les régions (voir Tableau 1), ), il aurait pu être possible que la structuration génétique soit tributaire de l’éloignement géographique des populations,, ce qui n’apparait pas être le cas pour les marqueurs étudiés. Tableau 4 : Matrice des F’ST par paires de régions. régions Le F’ST moyen entre les populations de chaque région est indiqué dans la diagonale, en grisé. 2.2. Méthode d’assignation individuelle Les résultats de l’analyse bayésienne proposent un regroupement de l’ensemble des individus génotypés en neuf groupes génétiquement homogènes (K=9, Annexe 4). Ces clusters sont représentés chacun par une couleur différente sur la représentation graphique gra des probabilités d’assignations individuelles (Figure 2). Il apparaît que les individus sont assignés à de nombreux clusters. Aucune structuration génétique entre populations, entre régions ou entre zones ne se dégage des tests d’assignation avec les marqueurs utilisés, ce qui est congruent avec le calcul des F’ST et confirme confirm la représentation en arbre (Figure 1). Cependant, nous pouvons observer que les populations réunionnaises semblent plus homogènes, en termes de compositions de clusters, que les autres, autres en particulier la population RLB (dominance de la couleur marron). marron . Ce résultat semble montrer, montrer comme les valeurs de F’ST le suggéraient, que les populations de La Réunion se distinguent des autres populations. 15 BCC Figure 1 : Représentation en arbre des populations sur la base des F’ST calculés par paires de populations. Les populations réunionnaises semblent former un groupe légèrement distinct (cercle pointillé) des populations des autres régions qui apparaissent toutes mélangées : carrés bleus pour les populations bretonnes, losanges verts pour les populations écossaises et cercles jaunes pour les populations néo-zélandaises. zélandaises. 16 0 1 17 Figure 2 : Représentation graphique des proportions d’assignation des individus par inférence bayésienne à chaque cluster génétique (représentés chacun par une couleur différente) réalisées sous STRUCTURE, avec K = 9. Chaque barre verticale représente un individu et les populations, régions et zones d’origine de ces individus sont indiqués. DISCUSSION Afin d’examiner la diversité génétique neutre chez les populations natives et envahissantes d’ajonc d’Europe, nous avons utilisé six marqueurs microsatellites qui se sont avérés être très polymorphes. Nous avons étudié et comparé les niveaux de diversité à plusieurs échelles (populationnelle, régionale, entre la zone native et les zones envahies, et sur l’ensemble des individus) afin d’inférer l’histoire évolutive des populations introduites et de comprendre les mécanismes à l’origine de leur succès envahissant. 1. Diversité et structuration génétiques d’Ulex europaeus dans la zone native Notre étude a mis en évidence une forte diversité génétique pour les six locus étudiés au sein des populations naturelles d’ajonc d’Europe, tant au niveau allélique qu’au niveau phénotypique. Le nombre de phénotypes dans chaque population est presque égal au nombre d’individus qui les composent. De plus, aucune structuration génétique n’a été détectée en Europe, que ce soit par le calcul de l’indice de différenciation (F’ST) ou par la méthode d’assignation bayésienne. Le niveau de diversité génétique élevé chez Ulex europaeus a déjà été observé dans une étude antérieure portant sur des données allozymiques (Roussel et al., en préparation). De tels niveaux de diversité allélique et génotypique peuvent s’expliquer par les caractéristiques intrinsèques de l’espèce (Hamrick & Godt 1996 ; Nybom, 2004). Dans sa méta-analyse, Nybom (2004) montre que les espèces pérennes à longue durée de vie sont celles qui présentent les plus hauts niveaux de diversité, ce qui est le cas de l’ajonc d’Europe qui vit de 25 à 30 ans. De même les espèces qui ont une répartition régionale et un mode de dispersion des graines par barochorie, présentent une diversité génétique importante. De plus le système de reproduction par allogamie prépondérant chez l’ajonc conduit à la création de nombreux variants génotypiques (Nybom, 2004 ; Lee & Gelembiuk, 2008). Enfin, l’allohexaploïdie de l’ajonc d’Europe autorise non seulement une plus grande diversité allélique portée par les individus du fait de la duplication du génome, mais confère également une hétérozygotie fixée aux loci homologues (Schierenbeck & Ainouche, 2006, Mallet, 2007). Les populations d’espèces polyploïdes présentent dans la majorité des cas une diversité génétique élevée (Mallet, 2007). Garcia-Verdugo et al. (2009) retrouvent par exemple ce patron chez Olea europea ssp maroccana au Maroc. 18 Le degré de différenciation très faible voire nul des populations et des deux régions de la zone native (Bretagne et Ecosse) d’une part, et l’absence d’isolement par la distance observé chez l’ajonc d’Europe d’autre part, suggèrent des flux de gènes importants entre populations, ce qui va à l’encontre des attendus pour des espèces avec une faible capacité de dispersion du pollen et des graines. Or, si l’ajonc est essentiellement spontané actuellement, il était largement planté par les bretons aux 18ième et 19ième siècles pour ses nombreuses utilisations (litière et fourrage pour les animaux, amendement des sols, combustibles, etc.), ce qui pourrait avoir occasionné des mouvements de graines conséquent homogénéisant les populations (C. Darrot, com. pers.). En outre, cette forte diversité génétique non structurée intra et inter-régions natives pourrait également remettre en cause le pouvoir discriminant des marqueurs microsatellites utilisés. Celui-ci est peut être trop faible pour pouvoir mettre en évidence une quelconque structuration. 2. Histoire de l’introduction de l’ajonc d’Europe en zone envahie : La Réunion , Nouvelle-Zélande L’étude des microsatellites nucléaires dans six populations de la zone native et six populations des zones envahies d’ajonc d’Europe n’a pas révélé de différence significative dans les niveaux de diversité génétique entre les deux zones. Il apparaît ainsi qu’une grande partie de la diversité génétique présente dans la zone native a été introduite à La Réunion et en NouvelleZélande. Cela suppose que les populations qui ont colonisé ces nouveaux milieux n’ont subi que de faibles effets de goulot d’étranglement lors de leur établissement. Ce patron est souvent retrouvé chez les espèces envahissantes, par exemple : Bromus mollis (Poacées ; Brown & Marshall, 1981), d’Hypericum perforatum (Hypericacées ; Maron et al., 2004) ou encore Centaurea stoebe micranthos (Astéracées ; Marrs et al., 2008b). L’apport important de diversité allélique sous-entend que les plantes introduites résultent soit de l’apport d’un grand nombre d’individus de génotypes différents, soit d’introductions multiples, soit des deux à la fois. L’hypothèse des introductions multiples s’accorde avec le fait que l’ajonc a été introduit de façon volontaire à La Réunion (par les colons français à partir de la fin du 18ème siècle) et en Nouvelle-Zélande (par les Ecossais, au 18ème siècle ; Hill et al., 1999), essentiellement dans le but d’en faire des haies. Il a été montré dans de nombreuses études que le nombre et l’identité génétique des individus introduits conditionnent la diversité allélique retrouvée en zone introduite (voir la revue de Simberloff, 2009). En effet de multiples introductions génèrent une diversité génétique intra-populationnelle plus élevée en zone envahie, étant donné la part plus importante du pool génique de la zone native qui peut être introduite de cette façon. Ce patron 19 est notamment retrouvé chez Trifolium hirtum (Fabacées ; Molina-Freaner & Jain, 1992), Ambrosia artemisiifolia (Astéracées ; Chun et al., 2009) ou encore Heracleum mantegazzianum (Apiacées ; Henry et al., 2009). Ainsi Marrs et al. (2008b) mettent en évidence un phénomène d’introductions multiples chez une epèce tétrapoïde, Centaurea stoebe micranthos (Astéraccées) via la méthode d’assignation individuelle, observant l’assignation d’individus de populations envahies à plusieurs clusters associés à des populations isolées de la zone native. Cependant, bien que cela ait été possible dans l’étude citée précédemment, la forte diversité allélique individuelle générée par l’allohexaploïdie de l’ajonc d’Europe a entraîné l’assignation des individus à de trop nombreux clusters. Nous ne pouvons donc pas tirer de conclusions quant à l’origine des populations envahissantes de La Réunion et de Nouvelle-Zélande. La structuration génétique des populations entre elles au sein d’une région envahie peut permettre de comprendre les mécanismes liés au succès envahissant des espèces. Elle dépend directement de l’historique de fondation des populations et des flux de gènes existant entre ces populations après leur colonisation du nouveau milieu (Ennos, 2001). Dans notre étude, l’analyse de la structuration a révélé une très forte homogénéité entre les 12 populations et les quatre régions. En effet, les F’ST moyens entre les populations de chaque région ne dépassent pas 0,06 ce qui signifie que seulement 6% de la diversité génétique observée entre paires de populations est présente entre les populations. De façon plus surprenante, il n’existe pas non plus d’hétérogénéité génétique entre les populations de régions différentes : la valeur la plus importante de F’ST par paires de populations est de 0,076, entre la population de Luc Boyer à La Réunion (RLB) et celle de Wellington en Nouvelle-Zélande (ZWE). La méthode d’assignation par inférence bayésienne nous fournit des résultats similaires et révèle en outre une variabilité génétique très importante au sein de chaque population. Il apparaît alors que la majorité de la variation génétique se retrouve au sein des populations plutôt qu’entre elles. Les populations que nous avons étudiées partagent de nombreux allèles en commun pour nos marqueurs. Cela peut être lié au niveau de ploïdie de l’ajonc et/ou au fait que les flux de gènes entre les régions natives et les régions envahies ne sont pas « naturels » (de proche en proche) mais dû à l’Homme. Cela biaise les patrons de différenciation attendus entre des populations si distantes géographiquement. Toutefois, il est intéressant de noter un niveau de structuration plus important entre les populations réunionnaises, retrouvé pour les deux types d’analyses, alors que cette région présente la plus faible diversité allélique parmi les quatre régions étudiées. Des résultats similaires avaient été obtenus à partir de données allozymiques à partir de huit populations 20 réunionnaises, révélant les mêmes patrons de diversité et de structuration (Roussel et al., en préparation). Plusieurs hypothèses peuvent êtres émises pour expliquer le niveau de structuration génétique légèrement plus important des populations réunionnaises : (i) l’isolement des populations entre elles causé par la topographie de l’île, associé à un effet de dérive lors de l’introduction; (ii) les populations réunionnaises étant les seules collectées en altitude, un effet de la sélection aurait pu fixer des allèles différents selon la population (ensoleillement, taux d’oxygènes différents, etc.). Nos résultats de structuration génétique peuvent aller dans le sens de la première hypothèse. En effet la population de Luc Boyer (RLB) qui présente le contexte d’isolement le plus fort située, dans une plaine au pied d’un rempart rocheux, est aussi la population la moins diversifiée parmi toutes celles échantillonnées. En outre La Réunion est la région où l’on retrouve le plus faible niveau de diversité allélique, témoignant peut-être d’un apport de migrants plus faible qu’en Nouvelle-Zélande. Il est possible que le caractère insulaire, et donc très isolé, de cette région explique le plus faible apport d’individus. Par exemple, il est possible que l’ajonc n’ait été introduit qu’une fois en grand nombre sur l’île lors de sa colonisation. Une étude de la diversité génétique de l’île d’Hawaï, où l’ajonc d’Europe est également envahissant, permettrait d’explorer cette hypothèse. La seconde hypothèse formulée sous-entend que nos marqueurs pourraient se révéler être sous sélection alors que les microsatellites sont généralement supposés neutres. Si c’était le cas, cela entraînerait des biais potentiels dans nos calculs et nos comparaisons de diversité et de structuration génétique. 3. Potentiel évolutif de l’ajonc d’Europe dans les zones envahies Notre étude montre que la diversité génétique neutre est similaire dans les deux zones, native et envahie, et qu’une grande diversité génétique aurait donc été introduite dans les régions envahies. Comme l’a montré Fisher (1930), la vitesse d’adaptation d’une espèce à de nouvelles conditions environnementales est étroitement liée à son niveau de variabilité génétique. Il est aujourd’hui reconnu que les invasions biologiques sont le lieu d’adaptations rapides et que le potentiel évolutif des espèces introduites dans de nouveaux milieux est un facteur conditionnant leur succès envahissant (Lee, 2002, Maron et al., 2004b). Cela a été démontré chez de nombreuses espèces : Impatiens glandulifera (Balsaminacées ; Kollman & Banuelos, 2004), Hypericum perforatum L. (Hypericacées, Maron et al., 2004b) et Eschscholzia californica Cham. (Papaveracées ; Leger & Rice, 2007) par exemple. La diversité 21 présente dans les zones envahies dépend à la fois de la diversité retrouvée dans la zone native et de la part de cette diversité qui a été introduite. Lee et Gelembiuk (2008) ont proposé de faire le lien entre le niveau de perturbation de la zone native d’une espèce, son niveau de diversité génétique et donc son potentiel évolutif. Cette étude énonce en effet qu’un environnement présentant une hétérogénéité spatiale et/ou temporelle favorise l’adaptation d’organismes au changement. Ce phénomène peut se traduire de plusieurs façons : une évolution des systèmes de reproduction pour un brassage génétique plus élevé, un plus fort taux de mutation ou un changement dans la covariance des taux de mutations entre certains traits. L’ajonc d’Europe est soumis dans sa zone native à une perturbation biotique : la prédation de ses graines au printemps par un charançon spécifique : Exapion ulicis (Cucurlionidés). Atlan et al. (2010) ont montré chez l’ajonc une diversité de traits liés à la reproduction et à la croissance (traits essentiels pour le succès envahissant) qui ont évolué en réponse à cette interaction biotique. Ainsi, deux phénotypes de floraison se sont mis en place chez l’ajonc : des individus à floraison longue (dès novembre jusqu’au printemps) produisant peu de fleurs en même temps et des individus à floraison courte (uniquement au printemps) mais produisant une grande quantité de fleurs en même temps. Ils correspondent chacun à une stratégie d’évitement de la prédation, dans le temps pour la première, et par satiété du prédateur pour la deuxième. Cette étude a montré qu’une base génétique sous-tend ces deux phénologies, ce qui laisse penser à une forte diversité génétique en zone native. La forte diversité allélique de la zone native qui semble avoir été introduite (la présente étude) dans les régions envahies est certainement un facteur ayant joué un rôle majeur dans le succès envahissant de l’ajonc européen. En outre, l’hexaploïdie de l’ajonc génère un grand nombre de variants sur lesquels peut agir la sélection naturelle (Lavergne & Molofsky, 2007). Une étude de l’évolution des traits de croissance et de reproduction chez les mêmes populations (Hornoy et al., en préparation) n’a pas mis en évidence de différences entre la zone native et la zone envahie mais a montré de fortes différences entre les populations, aussi bien dans la zone native que dans les zones envahies. Nous pouvons émettre l’hypothèse que l’importante diversité génétique introduite de l’ajonc d’Europe a conduit à des adaptations locales de ces traits. 4. Conclusion et Perspectives Dans le contexte des invasions par l’ajonc d’Europe, nous avons mis en évidence une forte diversité génétique dans les régions de l’aire native et qui semble avoir été en grande partie introduite dans les zones envahies. Cette diversité a pu promouvoir le succès envahissant de 22 l’espèce en lui conférant un important potentiel évolutif dans ces nouvelles zones. Nous n’avons cependant pas pu retracer l’histoire évolutive de ces populations ni identifier les régions de l’aire native d’où elles sont issues. Il ressort de notre étude que les marqueurs microsatellites nucléaires utilisés ne sont pas assez informatifs pour comparer correctement la diversité génétique chez l’ajonc entre la zone d’origine et les zones envahies. Cela est essentiellement à mettre en lien avec l’hexaploïdie de l’espèce. La détermination de marqueurs plus discriminants permettrait de mieux répondre aux questions posées sur les invasions d’ajonc d’Europe dans de nombreuses régions du monde. Des marqueurs cytoplasmiques haploïdes auraient été plus adaptés pour ce type d’étude. De plus, la transmission uniparentale de tels marqueurs permettrait de mener une étude phylogéographique. Cependant, contrairement aux marqueurs nucléaires, les génomes cytoplasmiques mitochondrial et chloroplastique n’ont montré qu’une très faible diversité au niveau du genre Ulex (Cubas et al., 2005 ; K. Ainouche, com. pers.). Ces premiers résultats seront complétés grâce à un échantillonnage plus exhaustif des populations européennes (natives) et des populations des régions envahies. C’est ainsi que des ajoncs provenant d’Espagne (zone d’origine du genre Ulex avant sa colonisation de l’Europe, après la dernière glaciation), du Chili, des Etats-Unis et d’Hawaï vont êtres analysés. 23 BIBLIOGRAPHIE Ainouche ML, Baumel A, Salmon A, Yannic G. 2004. Hybridization, polyploidy and speciation in Spartina (Poaceae). New Phytologist 161: 165-172. Ainouche ML, Fortune PM, Salmon A, Parisod C, Grandbastien MA, Fukunaga K, Ricou M, Misset MT. 2009. Hybridization, polyploidy and invasion: lessons from Spartina (Poaceae). Annual Meeting of the American-Botanical-Society. Salt Lake City, UT, 1159-1173. Alpert, P., E. Bone, and C. Holzapfel. 2000. Invasiveness, invasibility and the role of environmental stress in the spread of non-native plants. Perspectives in Plant Ecology, Evolution and Systematics 3: 52-66. Amsellem L, Noyer JL, Hossaert-McKey M. 2001. 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Marqueur A101 Forward : 5'CGCAATTTTATGCTTCTTC'3 Reverse : 5'ACACCAACAGATAACTTACAGG'3 Marqueur A110 Forward : 5'CTATGGTGAATTTGTGATACAC'3 Reverse : 5'ACCTTGTTGCATCTTTACC'3 Marqueur A114 Forward : 5'GCAGGAGCATCAAATATACGTG'3 Reverse : 5'ACGAATCACCTACGTTGAACTG'3 Marqueur A125 Forward : 5’GCATATACATACCCGAGG’3 Reverse : 5’AACCTGATGATATGCACTAATC’3 Marqueur B104 Forward : 5'GAACCTTATTCACTGGAATCTG'3 Reverse : 5'CCCTTTTCTTTCCTTTCTTAAC'3 Marqueur B123 Forward : 5'AATTTGCCTGACATTGTTACTC'3 Reverse : 5'AGACCGTGTTCATTATGGTTAG'3 Marqueur B4 Forward : 5'GGGCTCTGGCTCTGATAC'3 Reverse : 5'TTGGATTAACCAACTTTCCTC'3 Annexe 2 : Composition des mixes réalisés pour les réactions de PCR, en µL pour une réaction, selon les marqueurs. Annexe 3 : Caractéristique des multiplexes A et B. Les locus ont été amplifiés séparément puis réunis en deux multiplexes pour le génotypage. Annexe 4 : Transformation du logarithme de probabilité des données après transformation en ∆K selon la méthode d’Evanno et al. (2005) en fonction du nombre de clusters. Annexe 5:: Matrice des F’st par paires de populations, à partir duquel a pu être construit l’arbre phénétique liant les populations sur la base de leur structuration génétique (voir Figure 1) Résumé : Le rôle des processus évolutifs dans les invasions biologiques est considéré aujourd’hui comme un élément majeur déterminant le succès envahissant d’une espèce. L’ajonc d’Europe est une espèce allohexaploïde native de l’ouest de l’Europe qui a été introduit et a envahit de nombreuses régions du monde. Afin d’inférer l’histoire évolutive des populations envahissantes d’ajonc et de déterminer le rôle de la diversité génétique dans les processus de son invasion, nous avons comparé la diversité génétique de plusieurs populations de la zone native et des zones envahies. Une très forte diversité génétique et une absence de structuration entre les populations a été mis en évidence dans chaque zone. La différenciation entre populations semblerait plus forte au sein des régions qu’entre elles. Cela va dans le sens d’introductions multiples de l’ajonc dans les régions envahies. Nous discutons le lien potentiel entre la forte diversité génétique introduite ainsi dans les régions envahies et le potentiel évolutif de l’ajonc d’Europe. L’importante capacité d’adaptation rapide de cette espèce à de nouvelles conditions environnementales est certainement un facteur expliquant son succès envahissant. Mots clés : Invasions biologiques, introduction multiple, diversité génétique, structuration génétique, allopolyploïdie, potentiel évolutif, Ulex europaeus. Abstract : Evolutionary processes are now recognized to have major implication in the invasive success of species. Common gorse is an allohexaploid species native from West Europe, introduced to many regions worldwide where it became invasive. In order to infer the evolutionary history of these invasive populations, comparisons of genetic diversity and genetic structure between native and introduced areas were performed. Both colonized and native areas exhibited important genetic diversity levels with no genetic differentiation. These results are consistent with an history of multiple gorse introductions in invaded regions. We discuss the eventual relationship between the high degree of introduced genetic diversity and the evolutionary potential of common gorse. The great ability of gorse rapid adaptation is certainly an important factor for its invasive success. Keywords : Biological invasions, multiple introduction, genetic diversity, genetic structure, allopolyploidy, evolutionary potential, Ulex europaeus.