Le CTP avec des plaques sans développement et - WAN-IFRA

Transcription

Le CTP avec des plaques sans développement et - WAN-IFRA
Prépresse & Intégration
Charlotte Janischewski
mai 2004
techniques de presse
Une nouvelle génération de plaques
Le CTP avec des plaques sans
développement et réinscriptibles
S’il y a un point sur lequel les
fournisseurs de plaques et systèmes CTP tombent d’accord, c’est
que le processus CTP ne sera pas
de sitôt remplacé par le CTPress :
la voie y conduisant est encore
jonchée d’obstacles. Enfin, la
gravure en ligne ne sera vraiment
intéressante que lorsque des
plaques réinscriptibles seront
disponibles sur le marché. Ainsi,
l’impression de journaux entrerait
dans une nouvelle dimension
technologique – mais nous n’en
sommes pas encore là...
Un grand nombre de nouvelles plaques seront présentées à la drupa, entre autres la plaque thermique sans
développement de KPG.
avenir prévisible. Dennis E. Nierman, président d’alfaQuest Technology, fait remarquer que le CTP ne fait que démarrer sur le
marché américain des quotidiens. Les éditeurs qui construisent aujourd’hui de nouvelles imprimeries devront, en coopération
avec leurs directeurs de production, envisager des options de CTPress, à condition que
des plaques vraiment réutilisables soient
disponibles à des prix abordables d’ici 2 à 3
ans. Selon lui, le succès du CTPress dépendra des coûts qu’il suscitera pour la totalité
de l’installation. En plus du retour sur investissement (ROI) – comparé aux imageuses CTP à laser violet et au workflow correspondant – se pose aussi la question de
savoir si la sécurité peut être garantie en
cas de panne et à quel prix.
De l’avis de basysPrint, fournisseur
de technologie CTcP (avec plaques conventionnelles), les temps d’arrêt machine seraient trop longs lors de la gravure dans la
rotative, en particulier si l’on pense à la
tendance aux tirages de plus en plus courts
et à la régionalisation croissante, qui nécessitent de plus en plus de plaques.
Olaf Waskow, responsable marketing
chez basysPrint, juge néanmoins le CTPress
comme une nouveauté intéressante pour
les informations qui arrivent juste avant ou
pendant l’impression. Il faut néanmoins
encore voir comment le marché l’acceptera.
De son côté, basysPrint communiquera de
manière plus intensive et plus large les
L’avènement du CTP a bien sûr signifié un gros progrès en termes de productivité et de maîtrise de procédé en impression de journaux. La majorité des entreprises de presse en Europe ont complètement
franchi le pas allant de l’exposition des
films à la gravure directe des plaques.
Dans l’objectif de l’élimination d’autres étapes du processus, la prochaine étape
logique consisterait à effectuer désormais
la gravure non pas en dehors (offline), mais
directement à l’intérieur de la rotative (inline), afin de gagner du temps et de simplifier la manipulation des plaques. C’est
d’ailleurs ce but que vise le constructeur de
rotatives Wifag avec sa nouvelle rotative
de journaux evolution. Le Computer-toPress (CTPress) signifie-t-il pour autant la
fin du CTP tel que nous le connaissons aujourd’hui ?
Le CTP remplacé par le CTPress
Kurt Smits, responsable de l’activité
journaux et des systèmes graphiques chez
Agfa-Gevaert, considère la gravure directe
dans la rotative comme une technologie
pour le moment encore limitée et ne
convenant qu’à quelques applications de
niche. Ce jugement repose sur le propre engagement d’Agfa dans ce domaine (voir
l’encadré sur Thermolite). Pour lui, le CTP
n’en sera pas affecté, du moins dans un
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avantages de la gravure hors ligne. La gravure sur presse n’est pas une nouveauté
pour Creo (NDLR : La DICOweb de MAN
Roland repose sur une technologie de gravure Creo). « Lorsque Creo a présenté la
gravure thermique à l’industrie de la presse
lors de la drupa 1995, nous savions qu’elle
était la seule technologie à permettre une
gravure sans développement dans la machine », explique Neil McLean, directeur de
l’activité journaux chez Creo.
Comme le constate cette société, l’intérêt pour la gravure sur presse a augmenté
dans les dernières années. Pour lui, une raison expliquant que le marché du CTPress
(ou CtCylinder) n’a pas affiché une croissance aussi rapide que celui du CTP est
l’effort d’investissement correspondant. En
effet, si une installation CTP produit des
plaques pour plusieurs cylindres, le CTPress
nécessite une unité de gravure pour chaque
cylindre. Ainsi, pour une rotative de journaux de 8 tours d’impression, Neil McLean
calcule qu’il faut 64 unités d’exposition et
160 unités pour 20 tours (en comparaison,
pour une gravure offline, il suffit ici de 2 à
4 insoleuses CTP). Il affirme cependant
s’attendre dans les cinq prochaines années
à voir une série de pionniers implémenter
la gravure sur presse. Selon lui, si ceux-ci
parviennent à afficher un ROI ou un avantage compétitif, d’autres imprimeries envisageront à leur tour cette technologie :
« Etant donné la longue durée de vie des
rotatives (plus de 20 ans), il faudra toutefois attendre encore longtemps avant de
voir le CTPress s’imposer comme procédé
dominant en impression de journaux. »
Derek Sizer, directeur de la distribution chez ECRM, est convaincu que le CTPress ne signifie pas la fin du CTP : « Le
marché est dominé par des presses à
feuilles et des rotatives à bobines qui ne
permettront jamais le CTPress, nous sommes persuadés que le marché du CTP a
encore un bel avenir devant lui. »
Chez Kodak Polychrome Graphics
aussi, on est convaincu que cette technologie n’annonce pas le début de la fin du
CTP, mais qu’on verra dans les prochaines
techniques de presse
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années encore de nombreuses innovations
du côté des imageuses voire des technologies d’exposition. A l’avenir, la gravure
offline présentera elle aussi des avantages
importants. « Les conditions techniques
pour la gravure sur presse sont disponibles », constate Freddy Eckel, directeur
marketing chez Kodak Polychrome Graphics Europe. Dans de nombreux domaines
d’application, elles ne seraient toutefois pas
forcément rentables.
« Le CTP et le CTPress sont deux
technologies qui se complèteront pendant
longtemps », pense Jörg Schlenk, responsable du produit journal chez Krause-Biagosch. L’existence de la technologie CTP
sera justifiée au moins pendant 15 ans
– délai d’amortissement de nombre d’investissements réalisés dernièrement dans des
rotatives. Il voit lui aussi actuellement encore une rentabilité bien plus élevée pour
la gravure hors presse, « sans parler des
cadences exigées, qui surtout dans le domaine des journaux sont encore loin d’être
atteintes. » Tout porte donc à croire que le
CTPress arrivera aussi dans l’impression de
journaux, mais c’est seulement avec les
plaques d’impression effaçables et réinscriptibles (qui ne sont pas encore disponibles aujourd’hui) qu’apparaîtra la perspective d’une utilisation rentable du CTPress
pour toute la rotative de journaux dans le
domaine du possible.
Des plaques réinscriptibles
Pour les plaques réutilisables, il existe
différentes technologies, par exemple la
couche de polymère, la gravure par transfert thermique ou le revêtement thermo-inversible (« switchable »).
Agfa coopère actuellement avec des
partenaires stratégiques du domaine des
journaux (aussi bien des clients que des
fournisseurs de prépresse) à un projet de
développement qui permettrait au client de
procéder à la gravure soit dans la machine
soit en dehors. « Thermolite est dans ce
domaine exactement la bonne réponse »,
explique Kurt Smits. « Agfa s’engage dans
la recherche continuelle d’un large éventail
de solutions de production futures pour le
marché des journaux, qui comprennent une
multitude de solutions de gravure différentes, que ce soit d’un point de vue technique
ou dans la perspective des possibilités d’application. « La DICOweb, qui repose sur la
technologie de gravure de Creo, a introduit
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miques obtenus. Par ailleurs, « une plaque
réutilisable ne serait un avantage que si
l’effacement de la plaque prend moins de
temps qu’un changement de plaque ».
Une gravure multiple des couchages
de plaques aujourd’hui disponibles (par
exemple un aluminium grainé et anodisé)
est pour KPG problématique, car ceux-ci ne
supporteraient pas l’usure mécanique causée entre autres par plusieurs millions de
roulements. Krause et ECRM font, quant à
eux, savoir que dès que les plaques correspondantes seront disponibles, alors
l’équipement et la technologie de gravure
seront commercialisés. <
l’impression sans plaques et est aujourd’hui
utilisée pour la production de nombre de
produits y compris des journaux », poursuit
Neil McLean. « Lors du salon Graph Expo
2001, Creo a fait la démonstration de la
gravure de formes d’impression réutilisables au moyen de la technologie dite
SQUAREspot et de polymères thermo-inversibles pour la gravure. » Creo s’implique
dans des projets pour l’impression sans
plaques et les plaques réutilisables et sans
développement. Neil McLean évoque ici le
problème des prix qui pourraient être au
début élevés et donc annuler partiellement
ou complètement les avantages écono-
> Nouvelle technologie de plaques
C’est avec les plaques d’impression dites « sans développement » que le
CTPress devient intéressant. Agfa-Gevaert (www. agfa.com) dispose avec la
Thermolite d’une telle technologie. La Thermolite d’Agfa est une plaque d’impression thermique numérique et sans développement pour l’impression de
courts tirages (de 20 000 à 30 000 impressions), qui peut être insolée aussi
bien inline (dans la rotative) qu’offline. La plaque convient au traitement en lumière du jour et est basée sur une technologie non ablative, de sorte qu’aucun
dispositif d’aspiration n’est nécessaire. La plaque repose sur le support aluminium grainé et anodisé par un procédé électrochimique d’Agfa. Après l’exposition, ce sont d’abord les zones non imprimantes qui sont ramollies par la solution de mouillage. Les rouleaux encreurs retirent ensuite rapidement le couchage des zones non exposées et l’encre contenant les résidus du couchage
est transférée sur les premières feuilles imprimées et évacuée avec elles. Avec
la KPG Thermal Direct Non Process Plate, Kodak Polychrome Graphics
(www.kpgraphics.com) a également développé une plaque thermique sans développement qui sera commercialisée après la drupa. La plaque a été conçue
pour les imprimeries offset labeur de petite ou moyenne taille (tirages de
75 000 impressions au maximum). La plaque pré-couchée d’aluminium est très
peu sensible à la lumière visible et peut être traitée pendant au maximum une
heure à la lumière du jour. Le support d’aluminium grainé électrochimiquement et anodisé possède une surface hydrophile. Fujifilm (www.fujifilm.com) a
annoncé fin janvier une nouvelle plaque sans développement actuellement en
phase de test. Les détails de cette plaque n’ont pas encore pu être communiqués. Presstek (www.presstek.com) a été le pionnier des plaques offset sans
développement : L’Applause est commercialisée depuis 2003. Il s’agit également d’une plaque CTP thermique reposant sur un support en aluminium et
convenant au traitement à la lumière du jour.
La première plaque effaçable et réinscriptible – pour l’impression à feuilles
et la gravure offline – est annoncée pour la drupa 2004. Le fabricant de presses japonais Mitsubishi (www.mitsubishipresses.co.uk) présentera son nouveau système de plaque réutilisable (Reusable Plate System – RPS), lequel devrait être utilisé en combinaison avec une nouvelle presse à feuilles (Diamond
16 MAX-V). Cette plaque est recouverte d’une couche de polymère puis insolée. Après l’impression, la couche de polymère est lavée et une nouvelle couche est appliquée. Ainsi, la plaque peut être réutilisée plusieurs fois. Le
processus de lavage et d’écriture a lieu en dehors de la presse.
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