Un cœur simple

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Un cœur simple
Un cœur simple
Gustave Flaubert
Séquence classe de 4e
séance 1
Corrigés
Un conte à part
I. Découvrir
Sand. Après s’être surtout illustré dans le genre du roman,
il se lance dans l’écriture d’un petit volume, puisant
dans ses souvenirs d’enfance et sa connaissance de la
Normandie.
2. Madame Bovary en 1857, Salammbô en 1862 et
L’Éducation Sentimentale en 1869 sont parmi les œuvres
les plus importantes de Flaubert.
3. Ce récit s’avère réaliste par le souci de son auteur
de « fouiller le vrai ». Il dépeint ainsi avec précision la vie
en province au xixe siècle. Tous les lieux géographiques,
à l’exception de Colleville, sont des lieux existant et
sur lesquels Flaubert s’est documenté. Les différentes
catégories sociales représentées dans l’œuvre
correspondent à la réalité de la Normandie de cette
époque, à commencer par le quotidien de Félicité, servante
travaillant sans relâche au service de Mme Aubain,
bourgeoise de Pont-l’Évêque. La notice et les notes du
dossier révèlent également les démarches entreprises par
l’auteur pour décrire de façon très réaliste les processions
ou encore le perroquet. Cependant l’appellation « conte »
choisie par Flaubert s’explique aussi par son attrait
pour le mouvement romantique et les thèmes qui le
traversent, la mort ou l’exotisme, ainsi que pour un style
parfois lyrique, employé pour évoquer l’exaltation mystique
de cette servante particulièrement frappée par le destin.
1. D’abord publié en feuilleton, Un cœur simple est publié
en volume en avril 1877 avec deux autres récits La Légende
de saint Julien l’Hospitalier et Hérodias, sous le titre Trois
Contes.
2. Le conte, tel que les élèves ont pu l’étudier en Sixième,
se caractérise par sa relative brièveté, par la mise en scène
de personnages stéréotypés (roi, prince, personnage faible
ou opprimé récompensé à la suite d’épreuves dont il sortira
vainqueur), par la manifestation éventuelle du merveilleux
et par un dénouement proposant souvent un enseignement
à tirer du récit. Le conte de Flaubert est certes lui aussi
assez bref mais il se distingue de ces caractéristiques
traditionnelles par son ancrage réaliste. De plus, le
dénouement n’offre pas de fin heureuse puisque l’héroïne
meurt, ce qui n’invite pas particulièrement le lecteur à faire
lui aussi preuve de bonté...
3. Il s’agit de la photographie en gros plan d’un cœur
rouge et brillant, pendu à un ruban doré auquel il est
raccroché par un grand et fin nœud. Cette représentation
correspond au sens premier du titre de l’œuvre en ne
figurant seulement qu’un cœur. Ainsi cette première de
couverture laisse complètement ouverte la lecture.
II. Comprendre
1. Flaubert écrit ce récit à la fin de sa vie, alors qu’il est
en proie à des problèmes financiers et de santé. De plus, il
vient de perdre deux amies chères, Louise Colet et Georges
Séance 2
Entrer dans un récit réaliste
I. Découvrir et comprendre
qu’évoquées, comme la chambre de Félicité, tandis que
le cabinet d’étude est, lui, décrit de façon très précise.
Cette description révèle une atmosphère triste, sinistre, par
l’emploi de termes dépréciatifs comme : « des différences
de niveau qui faisaient trébucher », « un vieux piano »,
« tout l’appartement sentait un peu le moisi », « le salon
toujours fermé », « un luxe évanoui ».
c) Cet incipit présente précisément le cadre spatial
et temporel du récit. Ainsi, les indications de lieu (« Pontl’Évêque, Toucques, Geffosses et Saint-Melaine »),
de temps (« pendant un demi-siècle, au commencement
de 1809 ») et les détails de la description de la maison
ancrent le conte dans un espace-temps réaliste. De même,
le quotidien de Félicité, dont la journée est rythmée par les
tâches ménagères, apparaît conforme au travail accompli
par les domestiques à cette époque.
1. Un cadre réaliste
a) Ce premier chapitre nous présente les personnages
principaux, Mme Aubain et sa servante Félicité, dans
leurs activités respectives. La maison de Mme Aubain,
située à Pont-l’Évêque, fait l’objet d’une description
précise et détaillée. Un portrait en action de Félicité clôt
le chapitre.
b) La situation extérieure de la maison est tout d’abord
donnée, « placée derrière les halles, (…) entre un passage
et une ruelle aboutissant à la rivière »; puis, elle est décrite
« intérieurement », de manière ascendante, du rez-dechaussée au deuxième étage. Les nombreux détails donnés
sur la disposition des pièces, l’ameublement ou la décoration
permettent de bien se représenter la maison. Certaines
pièces font l’objet d’une description plus brève ou ne sont
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Séance 2
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II. Retenir et pratiquer
2. Portraits croisés
a) Mme Aubain est une bourgeoise dont la situation
est explicitée dès le début de ce premier chapitre : elle est
veuve depuis 1809 « d’un beau garçon sans fortune »
qui lui a laissé « une quantité de dettes », mère de deux
enfants. Elle vend la plupart de ses propriétés sauf deux
fermes, pour s’assurer un petit revenu régulier et quitte
Saint-Melaine pour Pont-l’Évêque. On apprend qu’elle n’est
« pas une personne agréable » et qu’elle « se tenait tout
le long du jour, assise près de la croisée dans un fauteuil de
paille » Félicité est sa servante, enviée par les bourgeoises
de Pont-l’Évêque. Si celle-ci est décrite juste avant que ne
soient données ces informations, ce n’est que pour évoquer
le détail de ses tâches quotidiennes, à travers l’accumulation
des verbes d’action (« cousait, lavait, repassait, savait brider
un cheval »). Ces multiples activités sont développées plus
amplement à la fin du chapitre, à l’occasion du portrait
en action qui lui est consacré.
b) Le portrait de Félicité apparaît dans un premier temps
très positif. En effet, le narrateur valorise sa force de travail
(« travaillait jusqu’au soir sans interruption », sa fidélité à
sa maîtresse, sa piété (« pour ne pas manquer la messe »,
« s’endormait devant l’âtre, son rosaire à la main »), son
obstination, son caractère « économe ». Cependant, après
avoir décrit sa tenue vestimentaire, le narrateur dépeint son
physique ingrat (« maigre », « sa voix aiguë ») et insiste sur
l’automatisme de ses gestes, la comparant à « une femme
en bois ». Ses émotions ne sont pas évoquées. On sait
seulement qu’elle est « toujours silencieuse ».
c) Après la lecture de cet incipit et les remarques faites sur
la première de couverture, le lecteur est amené à considérer
le sens du mot « cœur » d’après sa valeur métaphorique.
Entendu comme le siège de l’affectivité, le « cœur » est
la partie qui sert à désigner le tout, c’est-à-dire un être
à part entière. L’adjectif « simple » qui le qualifie facilite
l’identification du personnage : « un cœur simple » c’est
Félicité, simple servante au service de Mme Aubain.
Comparaisons avec les incipits des nouvelles : Mateo
Falcone de Mérimée, Le Nez de Gogol, Aux Champs
de Maupassant.
Incipit de Mateo Falcone (du début à « Le fils n’avait que
dix ans mais il annonçait déjà d’heureuses dispositions. ») :
Le narrateur commence par décrire précisément le cadre
de l’histoire, le maquis corse, avant de présenter le
personnage principal, Mateo Falcone, et sa famille, qu’il
connaît personnellement. Le récit s’annonce comme celui
d’un souvenir. Le narrateur intervient aussi à la première
personne pour donner des conseils au lecteur.
Il s’agit d’un incipit à la fois réaliste par la précision
des détails concernant le cadre spatial notamment,
et romantique par le goût déjà avéré de l’auteur pour
la « couleur locale » visant à restituer l’atmosphère
caractéristique de la Corse.
Incipit du Nez (Partie I) :
Il s’agit d’un début de récit très différent de celui du
conte de Flaubert. Le personnage principal, le barbier Ivan
Iakovlévitch, découvre, un matin, un nez dans son pain
et il cherche à s’en débarrasser. Le lecteur est amené à
partager l’incrédulité du personnage. Le narrateur intervient
également à la première personne pour se reprocher de ne
pas en avoir dit plus sur le barbier, qu’il présente donc par
la suite plus précisément. Dès cet incipit, le lecteur hésite
entre une explication rationnelle et le surnaturel. Il s’agit
bien du début d’une nouvelle fantastique.
Incipit de Aux Champs (du début à « Je m’y ferais bien
tous les jours. ») :
Il s’agit d’un récit à la troisième personne. Le narrateur
présente les personnages, deux familles de paysans (les
Tuvache et les Vallin). Leurs maisons sont voisines et leurs
enfants jouent tout le temps ensemble. Le cadre est donné
précisément ainsi que le quotidien de ces paysans. Il s’agit
de l’incipit d’une nouvelle réaliste, proche de l’incipit
du conte Un cœur simple de Flaubert.
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Une héroïne toute simple
I. Découvrir et comprendre
pourrait même faire figure de « simple d’esprit » dans ses
réactions avec Théodore au début de leur relation (« Elle
ne sut que répondre » p. 21).
2.Un héroïsme au quotidien
a) Félicité se révèle héroïque lorsqu’elle affronte seule
le taureau de retour de la ferme de Geffosses avec
Mme Aubain et les enfants. La scène se passe « un soir
d’automne » (p. 26). Ils traversent tous les quatre les prés,
Félicité écarte les bœufs sur leur passage quand tout à coup
un taureau les menace. La servante attire son attention sur
elle pour permettre à Mme Aubain et à ses enfants de fuir :
« elle arrachait à deux mains des plaques de terre qu’elle
lui jetait dans les yeux » (p. 27). Elle manque de se faire
éventrer par l’animal mais parvient à s’échapper elle aussi.
b) Pendant cet épisode, Félicité se montre héroïque
en faisant preuve d’un grand sang-froid. Voyant sa
maîtresse « éperdue » (p. 27) et ne cherchant qu’à fuir,
elle la rassure (« Ne craignez rien ! » p. 26) et l’incite
à ne pas courir (« Non ! non ! moins vite! » p. 27). La
description effrayante de l’animal contribue à renforcer
son courage (« un beuglement formidable », « sabots
comme des marteaux », « tremblait de fureur en beuglant
horriblement », « sa bave lui rejaillissait à la figure » p. 27).
Après cet incident, elle apparaît très modeste (« n’en tira
aucun orgueil, ne se doutant même pas qu’elle eût rien fait
d’héroïque » p. 28). À la fin du chapitre, elle fait également
preuve de bonté et d’altruisme en aidant l’une de ses sœurs
qu’elle vient de retrouver (« Elle leur acheta une couverture,
des chemises, un fourneau » p. 32).
c) Engagée comme cuisinière par Mme Aubain, Félicité
occupe en réalité bien d’autres rôles en s’occupant des
enfants (« elle les portait sur son dos comme un cheval »
p. 23, « Virginie l’occupait exclusivement » p. 28), en
recevant les fermiers Robelin et Liébard qui viennent offrir
à leur propriétaire leurs produits (« Félicité invariablement
déjouait leurs astuces; et ils s’en allaient pleins de
considération pour elle » p. 24), mais aussi les habitués de
la maison (« Félicité le poussait dehors poliment: « Vous en
avez assez, Monsieur de Gremanville! » p. 25). Elle apparaît
extrêmement dévouée à sa maîtresse.
3. Scènes de vie réalistes
a) Différents personnages secondaires sont évoqués
tout au long de ce chapitre: appartenant au monde paysan,
Théodore « son père avait abandonné Colleville pour
la ferme des Ecots » (p. 21) et les fermiers de Geffosses
et Toucques, Robelin et Liébard; des pêcheurs, comme
la famille de la sœur de Félicité, Nastasie Barette; des
bourgeois, comme Mme Lehoussais « une vieille femme
très riche » (p. 23), qu’épouse Théodore; un ancien avoué,
M. Bourais; le précepteur des enfants, Guyot « un pauvre
1. Les aventures d'une simple servante
a) Le chapitre débute par l’évocation du passé de Félicité.
Telle Cendrillon, elle vit une enfance misérable après la mort
de ses parents, employée « toute petite à garder les vaches
dans la campagne », « battue » et « chassée pour un vol de
trente sols, qu’elle n’avait pas commis » (p. 20). Devenue fille
de ferme, elle est séduite un soir de fête par Théodore qui
tente de la forcer. Après d’autres rencontres, Félicité ne lui
cédant pas, il lui promet le mariage mais il épouse finalement
la vieille Mme Lehoussais pour échapper à la conscription.
La douleur de cette trahison lui fait quitter son emploi à la
ferme. Arrivée à Pont-l’Évêque, elle est embauchée par Mme
Aubain comme cuisinière. Elle s’occupe aussi de ses enfants,
Paul et Virginie, et prépare la maison aux visites des habitués.
Ils se rendent souvent à la ferme de Geffosses et alors qu’ils
en reviennent un soir, Félicité parvient à écarter un taureau
de leur chemin. Puis, comme Virginie est souffrante, est
organisé un voyage à Trouville pour que l’enfant y prenne
des bains de mer. Ils s’arrêtent sur leur trajet à la ferme des
Liébard pour y déjeuner. À Trouville, Félicité retrouve l’une
de ses sœurs, Nastasie Barette, qu’elle aide quelques temps,
avant que, de retour à Pont-l’Évêque, Paul ne parte dans
un collège à Caen.
b) Le narrateur raconte l’ « histoire d’amour » (p. 20)
qu’a connue Félicité avec Théodore en développant les
circonstances de leur rencontre et les raisons de son échec.
Dès le début de leur relation, le jeune homme se montre
brutal (« il la renversa brutalement » p. 21) et insistant.
Félicité accepte de l’épouser et se laisse gagner par la
tendresse mais elle est finalement trompée par Théodore
qui en épouse une autre « pour se garantir de la
conscription » (p. 22).
Le déterminant possessif dans « son histoire d’amour »
(p. 20) se justifie bien au terme de cette relation : Félicité
est seule à aimer tandis que le jeune homme ne pense
qu’à satisfaire son désir, sans considération des sentiments
ni de la situation de la jeune fille. Cette mésaventure la
conduit à s’engager auprès de Mme Aubain.
c) À l’issue de son histoire malheureuse avec Théodore,
c’est sa naïveté qui semble avoir joué des tours à Félicité.
Elle n’a pas su identifier la « couardise » (p. 22) du jeune
homme que pointe le narrateur. Sa famille aussi profite de sa
générosité (« évidemment ils l’exploitaient » p. 32). Félicité
semble aussi assez ignorante, comme lors de l’assemblée
de Colleville au début du chapitre (« Tout de suite, elle
fut étourdie, stupéfaite par le tapage des ménétriers, les
lumières dans les arbres » p. 20) ou lorsque Paul, âgé de
sept ans, lui explique les gravures offertes par M. Bourais
(« Ce fut même toute son éducation littéraire » p. 25). Elle
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II. Retenir et pratiquer
diable employé à la mairie » (p. 23) ; un noble désargenté,
le marquis de Grémanville « ruiné par la crapule et qui vivait
à Falaise sur le dernier lopin de ses terres » (p. 24). Cette
galerie de portraits plus ou moins esquissés ancre
le récit de façon réaliste dans la société de cette petite ville
de Normandie.
b) Le temps principalement employé est l’imparfait, à
valeur itérative pour marquer l’habitude : « recevait, se
présentait, le poussait dehors, l’ouvrait avec plaisir,
il s’enfermait » (p. 25). Les indications temporelles suivantes
contribuent également à l’effet de répétition: « À des
époques indéterminées », « toujours », « chaque fois »
(p. 24).
c) Les descriptions de lieux se révèlent particulièrement
réalistes par les précisions apportées et le vocabulaire
employé. Ainsi, à l’assemblée de Colleville, des détails nous
sont donnés comme la mention du « timon d’un banneau »
(p. 21), à la ferme de Geffosses, les personnages déjeunent
dans « un appartement faisant suite à la laiterie » (p. 26),
Paul monte dans la « grange » (p. 26) et tape sur
« les grosses futailles » (p. 26). Mais c’est la ferme de
Toucques qui est décrite le plus précisément « les poutrelles,
les murailles, les carreaux, le dressoir, les toits, la
charreterie » (p. 29-30). La nature traversée pour se rendre
à Trouville fait aussi l’objet de descriptions développées
(p. 30) ainsi que le bord de mer lui-même (p. 31).
Ces pauses dans le récit permettent au lecteur de mieux
se figurer les différents environnements dans lesquels
évoluent les personnages.
Étude de l’affiche du film Un cœur simple
de Marion Laine, réalisé en 2008 :
a) Au premier plan, on peut voir Félicité assise sur une
plage, tenant une poupée entre ses mains. Elle porte une
simple robe rouge à petit col blanc. À sa droite, derrière elle,
on aperçoit une femme avec deux enfants protégés par une
ombrelle ouverte, posée au sol, qui les protège du vent. Le
fils est debout derrière sa mère et sa sœur et semble occupé
par quelque chose tandis que la fille regarde sa mère et
apparaît donc de profil. Ils sont vêtus de tenues bourgeoises.
À l’arrière plan, on distingue un paysage de falaises.
b) Elle regarde au loin, sans sourire, avec un air grave
et pensif, fronçant légèrement les sourcils. Elle paraît très
concentrée, ses doigts sont crispés sur ce qu’elle tient entre
les mains.
c) Cette scène fait penser aux bains de mer de Virginie
ou aux parties de pêches évoqués à la fin du chapitre II,
page 31: « ils cherchaient des coquilles (…) ; et les enfants
couraient, pour saisir des flocons d’écume que le vent
emportait. Les flots endormis, en tombant sur le sable, se
déroulaient le long de la grève ». L’attitude des personnages
se rapproche davantage d’une scène qui se déroule un peu
avant dans un pré : « Mme Aubain, assise, travaillait à son
ouvrage de couture ; Virginie près d’elle tressait des ajoncs ;
Félicité sarclait des fleurs de lavande; Paul, qui s’ennuyait,
voulait partir. » (p. 31). Cependant, sur cette affiche, la
composition souligne la solitude de Félicité et l’absence de
communication entre elle et Mme Aubain et ses enfants.
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Séance 4
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L’écriture du récit court
I. Observer et comprendre
valeurs de description, de répétition ou pour des actions
longues, et le passé simple pour les actions de premier plan.
De plus, le récit rapporte également les paroles
des personnages.
5. Les paroles de Théodore sont rapportées au discours
indirect : « Il l’aborda d’un air tranquille, disant qu’il fallait
tout pardonner » (p. 21), « Il ajouta qu’on désirait l’établir »
(p. 21), tandis que celles de Félicité, très peu nombreuses,
sont mises en valeur par le style direct : « "Ah !" dit-elle. »,
« Mais non, je vous jure ! ». Le déséquilibre entre les deux
personnages est ainsi accentué par ces prises de parole
rapportées de façon différente.
6. Félicité apprend l’échec de son histoire d’amour par
un autre, venu lui annoncer la trahison de Théodore qui
s’est marié avec la vieille Mme Lehoussais. Ce moment
dramatique est raconté de façon assez sèche par de courtes
phrases simples que la mise en page du texte
met particulièrement en valeur :
« Le moment arrivé, elle courut vers l’amoureux.
À sa place, elle trouva un de ses amis.
Il lui apprit qu’elle ne devait plus le revoir. » (p. 22)
Le rythme de la narration est ainsi accéléré mais haché par
les points, contrastant avec la gradation employée juste
après pour évoquer la réaction de Félicité: « Elle se jeta par
terre, poussa des cris, appela la bon Dieu, et gémit toute
seule dans la campagne jusqu’au soleil levant. » (p. 23)
7. Félicité apparaît comme quelqu’un de timide,
s’exprimant peu, mais aussi de déterminé, en ne cédant
pas à Théodore avant de s’être assurée de sa volonté
de l’épouser : « la raison et l’instinct de l’honneur
l’empêchèrent de faillir ». Elle manifeste ses sentiments
physiquement: « elle courut vers l’amoureux » (p. 22),
« elle se jeta par terre, poussa des cris... » (p. 23).
1. Les deux premiers verbes du chapitre, « avait eu »
et « s’était tué », sont conjugués au plus-que-parfait de
l’indicatif. Il s’agit d’un retour en arrière (ou analepse) qui
évoque les premières années de Félicité. Orpheline très
jeune, elle est employée dans une première ferme où elle
est maltraitée puis dans une seconde où elle est fille de
basse-cour.
2. Il n’y a apparemment pas de lien entre les deux
phrases. Dans la première, est évoquée de façon assez
réductrice « l’histoire d’amour » de Félicité, rendue banale
par l’expression « comme une autre ». La phrase suivante
rapporte un événement dramatique, la mort accidentelle
de son père, produisant une rupture. Ces deux informations
données de façon concomitante au lecteur assombrissent
d’emblée le récit de sa jeunesse.
3. Ces premières années sont racontées très rapidement,
sous la forme d’un sommaire. En quelques phrases au style
très dépouillé nous est dépeinte la vie misérable d’une
enfant exploitée. Les verbes succèdent les uns aux autres:
« mourut, se dispersèrent, la recueillit, l’employa, grelottait,
buvait, était battue, fut chassée, n’avait pas commis »,
en une gradation qui mène à l’injustice la plus totale.
L’ironie de l’auteur est perceptible dans ce décalage entre
les événements racontés et le ton employé, qui invite le
lecteur à une réaction d’autant plus vive.
4. Le récit de la relation entre Félicité et Théodore est
assez long comparativement à d’autres périodes racontés
rapidement, comme l’enfance de Félicité. Le narrateur
introduit plusieurs petites scènes par des indications de
temps précises: « Un soir du mois d’août » (p. 20),
« un autre soir » (p. 21), « la semaine suivante » (p. 22),
et il emploie conjointement l’imparfait dans ses différentes
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Séance 5
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Les expansions du nom
I. Observer et comprendre
– « vieux » : adjectif qualificatif épithète qui complète
le nom « paysan »
– « haute »≈: adjectif qualificatif épithète qui complète
le nom « taille »
– « de haute taille » : groupe nominal complément
du nom « paysan »
– « en arrière » : groupe nominal complément du nom
« casquette »
– « crochu » : adjectif qualificatif épithète qui complète
le nom « nez »
– « qui était Robelin » : proposition subordonnée relative
complément du nom « paysan »
– « le fermier de Geffosses » : groupe nominal apposé
au nom « Robelin »
– « de Geffosses » : groupe nominal complément du nom
« fermier»
d) Au moyen d’une planchette, Loulou fut établi sur
un corps de cheminée qui avançait dans l’appartement.
– « établi » : adjectif qualificatif attribut qui complète
le nom « Loulou »
– « de cheminée » : groupe nominal complément
du nom « corps »
– « qui avançait dans l’appartement » : proposition
subordonnée relative complément du nom « corps »
e) Il arrivait le dimanche après la messe, les joues roses,
la poitrine nue, et sentant l’odeur de la campagne qu’il avait
traversée.
– « roses » : adjectif qualificatif épithète qui complète
le nom « joues »
– « nue » : adjectif qualificatif épithète qui complète
le nom « poitrine »
– « de la campagne » : groupe nominal complément
du nom « odeur »
– « qu’il avait traversée » : proposition subordonnée relative
complément du nom « campagne »
2. Portrait physique de Virginie :
Virginie, la fille de Mme Aubain, était une enfant
à la santé délicate. Elle souffrait d’une affection nerveuse
qui nécessitait un changement d’air. À Trouville, elle prit
des bains de mer qui lui firent le plus grand bien.
Avec Paul, son frère, elle jouait au bord de l’eau et ne
semblait plus essoufflée comme avant.
1. Le marquis de Grémanville est un des oncles de
Mme Aubain : « un de ses oncles » (p. 24) est un groupe
nominal séparé par des virgules du nom auquel il se
rapporte: « marquis de Grémanville ». Il s’agit d’un groupe
nominal apposé, comme l’est le groupe nominal « ancien
avoué » pour le nom « M. Bourais ».
2. « Ruiné par la crapule » et « qui vivait à Falaise sur
le dernier lopin de ses terres » (p. 24) sont deux groupes
de mots qui apportent également des précisions sur le
personnage. Le premier est un groupe adjectival et le second
une proposition subordonnée relative.
3. Le caniche est caractérisé par l’adjectif qualificatif
épithète « affreux » et la proposition subordonnée relative
« dont les pattes salissaient tous les meubles. ».
4. Si l’on supprimait les expansions non indispensables,
voici la phrase que l’on obtiendrait : « Sa cravate (blanche)
et sa calvitie, son jabot (de sa chemise), sa (ample) redingote
(brune), sa façon de priser (en arrondissant le bras), tout son
individu lui produisait un trouble (où nous jette le spectacle
des hommes extraordinaires). Les expansions enrichissent
la description.
5. Les expansions utilisées pour caractériser M. Bourais
(« extraordinaires ») sont plus valorisantes que celles qui
se rattachent à la description du marquis de Grémanville
(« ruiné, affreux »).
II. Retenir et pratiquer
Correction de la Fiche élève 1
1. Corrections des phrases :
a) Félicité retirait de son cabas des tranches de viande froide.
– « de viande froide » : groupe nominal complément
du nom « tranches »
b) L’air était chaud et bleu, un merle gazouillait, tout
semblait vivre dans une douceur profonde.
– « chaud et bleu » : adjectifs qualificatifs attributs du sujet
« l’air »
– « profonde » : adjectif qualificatif épithète qui complète
le nom « douceur »
c) Vers midi, au plus fort du marché, on voyait paraître
sur le seuil un vieux paysan de haute taille, la casquette en
arrière, le nez crochu, et qui était Robelin, le fermier
de Geffosses.
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Séance 6
Corrigés
Un personnage mis à l'épreuve
I. Découvrir et comprendre
petit chapeau de Virginie à Félicité : « Leurs yeux se fixèrent
l’une sur l’autre, s’emplirent de larmes ; enfin la maîtresse
ouvrit ses bras, la servante s’y jeta ; et elles s’étreignirent,
satisfaisant leur douleur dans un baiser qui les égalisait. (…)
Félicité désormais la chérit avec un dévouement bestial
et une vénération religieuse » (p. 51).
1.Félicité malmenée par la vie
a) Le nom « Félicité » vient du mot latin felix qui signifie
« qui a de la chance, qui est heureux ». Ce choix de
Flaubert peut faire sourire car la vie de la servante semble
au contraire sans cesse soumise à un destin implacable. Au
cours de ce chapitre, elle connaît le décès de deux êtres qui
lui sont très chers, Victor et Virginie, après avoir connu grâce
à eux de grands moments de bonheur. Chacune des visites
de Victor la réjouit (p. 38) et les instants passés aux côtés de
Virginie, notamment lorsqu’elle l’accompagne à l’église la
rendent très heureuse (pages 35-36).
b) Félicité a connu Virginie à quatre ans et s’est occupée
d’elle depuis avec une grande affection, comme le narrateur
le rappelle après le départ de la jeune fille pour le couvent
des Ursulines : « Elle s’ennuyait de n’avoir plus à peigner
ses cheveux, à lui lacer ses bottines, à la border dans son
lit » (p. 38). Elle se révèle tout aussi proche de son neveu
Victor avec lequel elle se comporte comme une mère : « Ils
déjeunaient l’un en face de l’autre ; et mangeant elle-même
le moins possible pour épargner la dépense, elle le bourrait
tellement de nourriture qu’il finissait par s’endormir. (...)
elle le réveillait, brossait son pantalon, nouait sa cravate,
et se rendait à l’église, appuyée sur son bras dans un
orgueil maternel. » (p. 38). En leur absence, Félicité réagit
de la même façon : « elle n’entendait à rien, avait perdu
le sommeil, suivant son mot, était "minée". » (p. 38),
« Dès lors, Félicité pensa exclusivement à son neveu. »
(p. 41). À la mort de Victor, elle se contient jusqu’à finir
par s’abandonner à sa douleur (dernier paragraphe p. 44).
Lors de l’enterrement de Virginie, « elle songe à son neveu,
et n’ayant pu lui rendre ces honneurs, avait un surcroît de
tristesse, comme si on l’eût enterré avec l’autre » (p. 48)
et réprime à nouveau son chagrin.
c) Victor au loin, Félicité « jamais ne parle de ses
inquiétudes » (p. 41). Mme Aubain la méprise quand elle
les évoque : « Et, haussant les épaules, Mme Aubain reprit
sa promenade, ce qui voulait dire: "Je n’y pensais plus !...
Au surplus, je m’en moque ! Un mousse, un gueux, belle
affaire !... tandis que ma fille..." » (p. 42). C’est pourtant
par elle qu’elle apprend la mort de son neveu. Mme Aubain
fait alors preuve de compassion : elle « tressaillit » (p.43),
« tremblait un peu ». À la mort de Virginie, elle manifeste
sa douleur de façon bien différente de Félicité, par « des
hoquets d’agonie » (p. 47), « son désespoir illimité » (p. 48).
À partir de ce moment, elles se rapprochent : « Félicité
la sermonnait doucement » (p. 49), « Elles se promenaient
ensemble » (p. 50) jusqu’au jour où Mme Aubain offre un
2. Un cœur saint
a) Les cours de catéchisme de Virginie auxquels assiste
Félicité produisent sur elle une grande impression, comme le
prouvent les passages suivants : « Elle croyait voir le paradis,
elle pleura en écoutant la Passion » (p. 34), « elle demeurait
dans une adoration » (p. 35). Bien que le sens profond de
l’enseignement lui échappe, elle partage intimement la foi
de Virginie. Ses moments lui font éprouver des émotions
très variées, la joie, la peur, le doute et une forme d’extase :
« au moment d’ouvrir la bouche, en fermant les paupières,
elle manqua s’évanouir » (p. 36), lors de la première
communion de Virginie.
b) La religion occupe une place de plus en plus
importante dans la vie de Félicité avec l’éveil de sa foi. Elle
se rend à l’église régulièrement, comme lorsque son neveu
vient la voir le dimanche (p. 38), et elle prie souvent, comme
après être allée saluer Victor une dernière fois à Honfleur
(« Félicité, en passant près du Calvaire, voulut recommander
à Dieu ce qu’elle chérissait le plus; et elle pria pendant
longtemps, debout, la face baignée de pleurs, les yeux vers
les nuages. » p. 40), ou quand elle apprend que Virginie est
au plus mal (« Félicité se précipita dans l’église, pour allumer
un cierge » p. 46). C’est elle qui accomplit les gestes rituels
lors de la veillée du corps de Virginie : « Elle répétait les
mêmes prières, jetait de l’eau bénite sur les draps » p. 47).
c) Félicité fait preuve d’une grande bonté, comme le
prouve notamment sa réaction à l’attitude méprisante
de Mme Aubain lorsqu’elle évoque ses pensées pour son
neveu, son indignation est de courte durée et elle excuse sa
maîtresse aussitôt : « Il lui paraissait tout simple de perdre
la tête à l’occasion de la petite. » (p. 42). Son dévouement
au quotidien pour ceux qui l’entourent est manifeste, et
plus encore après le décès de Virginie, comme le souligne
le narrateur : « La bonté de son cœur se développa. »
(p.51) En effet, elle prend soin des soldats de passage, des
« cholériques » mais aussi des « Polonais », peu appréciés
de la population, ou encore du père Colmiche mis au ban
de la société. Le détail des soins qu’elle lui prodigue
contribue à faire d’elle une véritable sainte.
3. Un portrait d'une tendre ironie
a) Au cours de ce chapitre, Félicité apparaît « simple »
7
Un cœur simple
Gustave Flaubert
Séquence classe de 4e
Séance 6
Corrigés
suite
« s’appuyant », « baissé », « pendantes » p. 43), les
comparaisons qui traduisent l’imaginaire sombre du
personnage (« comme des chevelures de cadavre flottant
dans l’eau » p. 44), les contrastes qui soulignent l’effort
fait sur soi-même (« elle retenait sa douleur » / « elle s’y
abandonna » p. 44).
dans ses rapports aux autres, avec tout ce que comporte
de laudatif cet adjectif en ce sens : elle est pure, droite,
naturelle et sincère.
Cependant, cette simplicité peut aussi s’entendre dans
un sens plus dépréciatif, comme une forme de naïveté, de
simplicité d’esprit, telle que celle dont fait preuve Félicité
lorsqu’elle assiste au catéchisme : « Elle avait peine à
imaginer sa personne », « Quant aux dogmes, elle n’y
comprenait rien, ne tâcha même pas de comprendre. »
(p. 35) ou quand M. Bourais tente de lui expliquer où se
situe La Havane : « Elle se pencha sur la carte; ce réseau
de lignes coloriées fatiguait sa vue, sans rien lui apprendre »
(p. 43).
b) Lorsque M. Bourais est interrogé par Félicité sur
des questions de géographie, le narrateur ne semble
pouvoir s’empêcher de commenter les réactions de la
servante : « tant son intelligence était bornée » (p. 43).
L’ « ahurissement » et la « candeur » de Félicité sont ainsi
soulignés par un narrateur qui semble marquer une certaine
distance ironique avec le personnage principal de son récit.
c) On ne peut qu’éprouver de la compassion pour
cette héroïne frappée par le destin. Le récit pathétique
des abandons successifs qu’elle connaît suscite la pitié et
l’admiration du lecteur : l’annonce de la mort de Victor
et la douleur de Félicité, la mort de Virginie, le baiser des
deux femmes lors du don du petit chapeau de Virginie.
On peut identifier différents procédés qui caractérisent ce
registre pathétique, comme, par exemple, après l’annonce
de la mort de Victor : tous les verbes, participes ou adjectifs
qui expriment un mouvement vers le bas (« tomba »,
Séance 7
II. Retenir et pratiquer
Analyse du tableau de Camille Pissaro,
Femme au fichu vert :
La jeune femme représentée porte une robe sombre
et sur la tête un fichu fleuri, noué sous le menton, tenue
qui peut faire penser à celle de Félicité décrite à la fin
du premier chapitre : « un mouchoir d’indienne fixé dans
le dos par une épingle, un bonnet lui cachant les yeux »
(p. 19). Le personnage du tableau est assis à une table que
l’on aperçoit en arrière-plan, son visage est tourné de trois
quarts. Son regard, dans le vague, est dirigé vers le bas,
elle semble songeuse. Son attitude s’apparente à celle
de Félicité, peu bavarde et souvent pensive, notamment
dans ce chapitre, quand elle est séparée de son neveu,
ou après le décès de Virginie.
Le peintre a procédé par aplats de petites touches
de peinture, il s’agit du pointillisme qui donne l’impression
d’une image floue et exprime bien l’évanescence de
la jeune fille, absorbée dans ses pensées. On peut comparer
cette technique et ses effets à celle du narrateur nous
invitant à adopter, comme lui, une certaine distance avec
le monde qu’il nous dépeint, et en particulier le personnage
de Félicité.
Les paroles rapportées
I. Observer et comprendre
Il n'y a plus de guillemets, de tirets ni de ponctuation forte. On
identifie un verbe de parole et la présence de la conjonction
de subordination « que ».
3. Il s'agit bien d'une parole prononcée par Félicité, comme
les phrases précédentes nous invitent à le penser. On retrouve
une ponctuation forte mais aucun élément n'introduit cette
parole. Certaines paroles de Mme Aubain sont elles aussi
rapportées sur ce mode : « C’était vraiment extraordinaire !
Depuis quatre jours, pas de nouvelles ! » Ce type de discours
donne l'impression d'avoir accès de façon plus naturelle
encore aux pensées du personnage.
1. « Félicité lui dit :
- Moi, Madame, voilà six mois que je n'en ai reçu !...
- De qui donc ?...
La servante répliqua doucement :
- Mais de mon neveu ! »
On reconnaît des paroles adressées directement par un
personnage à un autre aux guillemets et aux tirets employés
pour marquer la prise de parole, ainsi qu'aux verbes de parole
comme dire et répliquer et aux signes de ponctuation forts.
2. Le narrateur rapporte aussi les paroles des personnages
de façon indirecte : « Le pharmacien lui apprit que le bateau
de Victor était arrivé à La Havane. »
II. Retenir et pratiquer
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Un cœur simple
Gustave Flaubert
Séquence classe de 4e
Séance 7
Corrigés
suite
Correction de la Fiche élève 2
Elle ne sut que répondre et avait envie de s'enfuir. (…)
Il ajouta :
- On désire m'établir, mais je ne suis pas pressé et j'attends
une femme à mon goût.
Elle baissa la tête. Alors il lui demanda :
- Vous pensez au mariage ?
Elle reprit en souriant :
- C'est mal de se moquer ! »
1.a) Discours direct : verbe de parole (dit), tiret et ponctuation
forte.
b) Discours indirect : verbe de parole (demanda), conjonction
de subordination (si) et concordance des temps.
c) Discours indirect libre : pas de verbe introducteur,
ponctuation forte.
d. Discours direct : verbe de parole (répliquait), tiret et
ponctuation forte.
2. « Il l'aborda et lui dit d'un air tranquille :
- Il faut tout me pardonner car c'était la faute de la boisson !...
Séance 8
Expression écrite
Pas de corrigés pour cette séance.
Séance 9
La triste fin du conte
I. Découvrir et comprendre
c) Le dernier chapitre, de trois pages seulement dans
notre édition, raconte l’agonie de Félicité le jour de la FêteDieu, soit quelques heures. Il s’agit bien à nouveau d’une
scène, isolée par le découpage des chapitres, qui contraste,
par le temps de narration qui lui est consacré, avec le récit
tel qu’il se présente depuis le début. Le narrateur consacre
ainsi l’importance de ce moment et attire notre attention
sur chacun des détails caractérisant la fin de l’héroïne.
Loulou, le compagnon fidèle
a) Loulou est un perroquet dont il est précisé dès le
début du chapitre IV que le « corps était vert, le bout de
ses ailes rose, son front bleu, et sa gorge dorée » (p. 54).
Ses habitudes et manies sont décrites notamment par
une série de verbes d’action: « s’arrachait les plumes,
éparpillait ses ordures, répandait l’eau de sa baignoire »
(p. 54), « il cognait les vitres avec ses ailes, et se démenait si
furieusement » (p. 55). Il circule librement dans la maison et
est une véritable attraction pour tous les visiteurs. Il parle :
« Charmant garçon ! Serviteur, monsieur ! Je vous salue
Marie ! » (p. 54), imite divers bruits et Mme Aubain. Il est
malade de temps en temps : « Il devint malade, ne pouvant
plus parler ni manger. » (p. 56). Il meurt brutalement de
froid et, sur les conseils de Mme Aubain, Félicité décide
de le faire empailler. Elle l’établit alors dans sa chambre :
« splendide, droit sur une branche d’arbre, qui se vissait
dans un socle d’acajou, une patte en l’air, la tête oblique, et
mordant une noix, que l’empailleur par amour du grandiose
Un dénouement rapide
a) Ces deux derniers chapitres racontent la fin de la vie de
Félicité, marquée principalement par la présence de Loulou, le
perroquet offert à Mme Aubain mais que celle-ci lui a donné.
Un jour, Félicité le perd et ne s’en remet pas ; sa santé décline
à partir de ce moment-là. Loulou meurt et elle le fait empailler.
Paul se marie, M. Bourais meurt et peu de temps après, c’est
le tour de Mme Aubain. La maison est mise en vente mais
Félicité y termine ses jours. Elle meurt le jour de la Fête-Dieu.
b) Les différences de rythme dans la narration sont
importantes dans le chapitre IV. Le narrateur s’arrête parfois
sur certains petites scènes du quotidien comme celle dans
laquelle Bourais cherche à échapper aux moqueries de
Loulou, mais ce sont surtout les incidents malheureux que
connaît Félicité qui font l’objet d’un récit prolongé : ses
recherches désespérées pour retrouver le perroquet ou son
voyage jusqu’à Honfleur au cours duquel elle reçoit un coup
de fouet d’un conducteur de voiture. Sur un autre ton, la
description de sa chambre marque une pause dans le récit.
Les événements les plus marquants et les plus douloureux
sont, quant à eux, racontés très rapidement, la narration
faisant se succéder sans ménagement, par exemple,
le mariage de Paul et la mort de sa mère en quelques
paragraphes (p. 62-63). Ces effets de rupture surprennent
le lecteur, et l’invitent à adopter cette même distance propre
au narrateur.
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Un cœur simple
Gustave Flaubert
Séquence classe de 4e
Séance 9
Corrigés
suite
avait dorée. » (p. 60) Sa ressemblance avec le Saint-Esprit,
tel qu’il est représenté sur une image d’Épinal qu’acquiert
Félicité, devient alors évidente pour elle : « Avec ses ailes de
pourpre et son corps d’émeraude, c’était vraiment le portrait
de Loulou. » (p. 62)
b) Loulou représente beaucoup pour Félicité, il est « sa
seule richesse » (p. 65). Elle entretient très vite avec l’animal
une relation passionnée : « Loulou, dans son isolement, était
presque un fils, un amoureux » (p. 58). Il concentre tout
l’amour qu’elle ne peut plus porter à Théodore et à Victor
et devient le seul être avec lequel elle communique encore :
« Ils avaient des dialogues, lui, débitant à satiété
les trois phrases de son répertoire, et elle, y répondant par
des mots sans plus de suite, mais où son cœur s’épanchait. »
(p. 55) S’opère une véritable fusion entre eux : « comme
elle penchait son front en branlant la tête à la manière des
nourrices, les grandes ailes du bonnet et les ailes de l’oiseau
frémissaient ensemble » (p.58), qui semble réciproque :
« Comme pour la distraire, il reproduisait le tic tac du
tournebroche, l’appel aigu d’un vendeur de poisson... »
(p. 57).
c) Félicité entreprend d’« instruire » son perroquet,
comme on le ferait d’un enfant, en lui apprenant certaines
phrases (p. 54). Elle tente de le protéger des moqueries de
Fabu ou de M. Paul (p. 55-56) et en prend soin « Elle le
guérit, en arrachant cette pellicule avec ses ongles. » (p. 56).
Mais c’est véritablement lorsqu’il s’égare un jour que son
attachement est le plus visible. Le narrateur raconte dans le
détail les recherches entreprises par Félicité pour retrouver
Loulou et témoigne de son désarroi. Le lecteur est invité à
vivre l’événement du point de vue de Félicité et d’en mesurer
ainsi la gravité pour elle. Après la mort du perroquet, son
attachement prend une autre dimension. Après avoir été
violemment blessée sur la route de Honfleur où elle se rend
pour le faire empailler, son premier geste est de s’assurer
que Loulou n’a rien (p. 59). Puis, lorsqu’elle l’installe dans
sa chambre, il se trouve « sanctifié par ce rapport avec le
Saint-Esprit, qui devient plus vivant à ses yeux et intelligible »
(p. 62). C’est donc une apothéose pour Félicité quand
elle peut le placer sur le reposoir de la Fête-Dieu. On peut
percevoir l’ironie de l’auteur dans l’évocation de cette
relation lorsque Félicité tente de justifier son adoration du
perroquet : « Le Père, pour s’énoncer, n’avait pu choisir une
colombe, puisque ces bêtes-là n’ont pas de voix, mais plutôt
un des ancêtres de Loulou » (p. 62).
Une chute mystique
a) D’après le Petit Robert, le mysticisme est l’« ensemble
des croyances et des pratiques se donnant pour objet une
union intime de l’homme et du principe de l’être (divinité) »,
c’est « la foi, la dévotion fervente à caractère mystique,
intuitif ». Il est aussi synonyme de « contemplation, extase,
oraison ». Félicité apparaît en effet comme quelqu’un de
prédisposé au mysticisme, en particulier dans les derniers
chapitres du conte, en en venant à ériger son perroquet
empaillé au rang de figure spirituelle par son association
au Saint-Esprit. Elle l’admire de façon rituelle : « Chaque
matin, en s’éveillant, elle l’apercevait à la clarté de l’aube, et
se rappelant alors les jours disparus. » (p. 61) et « contracte
l’habitude idolâtre de dire ses oraisons agenouillée devant
le perroquet » (p. 64). La vue de son œil de verre, dont jaillit
« un grand rayon lumineux » la met « en extase » (p. 64).
Le perroquet devient ainsi l’unique objet de sa foi fervente
et il est celui qui l’accompagne dans la mort : « Une vapeur
d’azur monta dans la chambre de Félicité. Elle avança
les narines, en la humant avec une sensualité mystique ;
(…) elle crut voir, dans les cieux entrouverts, un perroquet
gigantesque, planant au-dessus de sa tête » (p. 69).
b) Le chapitre V, consacré au récit de la mort de Félicité, fait
s’alterner deux tonalités distinctes. Les allusions à l’été
et ses connotation positives contrastent ainsi fortement :
« le soleil faisait luire la rivière, chauffait les ardoises » (p. 67),
la description de la procession « les voix claires des enfants, la
voix profonde des hommes » (p. 68) à travers les perceptions
auditives de Félicité, sensible aux différents bruits et au
silence : « En songeant à la procession, elle la voyait, comme
si elle l’eût suivie. » (p. 67). Ce que peut voir la Simonne
depuis la chambre : « des flambeaux d’argent et des vases
en porcelaine, d’où s’élançaient des tournesols, des lis, des
pivoines, des digitales, des touffes d’hortensias » (p. 68-69),
et enfin le caractère dramatique de son agonie (p. 68).
Les derniers instants de Félicité semblent cependant apaisés et
son dernier souffle apparaît comme une libération heureuse :
« Ses lèvres souriaient » (p. 69).
c) Ce dénouement est à la fois très réaliste à travers la
description du perroquet, de la procession ou de l’agonie
de Félicité : « Un râle, de plus en plus précipité, lui soulevait
les côtes. Des bouillons d’écume venaient aux coins
de sa bouche, et tout son corps tremblait. » (p. 68),
« Les mouvements de son cœur se ralentirent
un à un, plus vagues chaque fois, plus doux, comme une
fontaine s’épuise, comme un écho disparaît » (p. 69).
Ce réalisme apparaît cependant tout subjectif puisque ces
descriptions se font à travers le point de vue de certains
personnages, principalement Félicité. C’est ainsi surtout
une fin sublimée par l’héroïne qui nous est contée. Seule,
malade et abandonnée de tous, elle part pourtant dans
une véritable apothéose. Sa « sensualité mystique » fait
d’elle une éternelle amoureuse et ce romantisme justifie la
dénomination de « conte » choisie par l’auteur.
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Un cœur simple
Gustave Flaubert
Séquence classe de 4e
Séance 10
Corrigés
Le conte en images
I. Découvrir l’œuvre
1 et 2. La scène du voyage de Félicité jusqu’à Honfleur
pour faire empailler le perroquet et le coup de fouet qui la
blesse, ainsi que le mariage de Paul et la visite qu’il rend
à sa mère avec sa femme ne font l’objet d’aucune mise
en images, ainsi que l’association du perroquet à la figure
du Saint-Esprit, du moins dans cette partie du film. La
réalisatrice semble avoir privilégié les scènes qui mettent en
présence Mme Aubain et Félicité.
3. Mme Aubain est brune, ses traits sont peu expressifs et
son visage est assez fermé. Elle est souvent assise ou immobile.
Elle porte le plus souvent une robe noire à col blanc, en signe
de deuil. Félicité est blonde, son visage est très expressif, on
la voit passer du rire aux larmes. Elle fait preuve de tendresse,
notamment avec son perroquet. Elle est perpétuellement
active. Sa démarche est claudicante à la fin du film et elle est
devenue sourde. Elle porte une robe noire, parfois un tablier
blanc sur sa robe. Dans les dernières séquences, elle porte une
robe blanche (qui rappelle la tenue de Clémence/Virginie).
II. Analyser et comprendre l’œuvre
1. Dans son discours, à plusieurs reprises, Félicité associe
Loulou à son amour de jeunesse : « Mon trésor ! Je t’aime,
mon Loulou... Mon Théo ! ». Sa fascination s’exprime dès la
première scène de l’extrait lorsque Mme Aubain le lui donne.
Elle reporte sur Loulou l’affection qu’elle éprouvait pour
Théodore et pour son neveu Victor en disant : « Il a la même
couleur que mon foulard (offert par Théodore), et il revient
d’Amérique, comme mon neveu. » Elle se montre
physiquement très caressante avec son perroquet et ses
moments paraissent d’autant plus intimes quand, par
exemple, Mme Aubain, témoin de la scène pendant laquelle
elle le cajole, se retire. Sa réaction, à la mort de celui-ci,
est particulièrement pathétique. Dans les derniers plans, on
voit Félicité embrasser son perroquet comme s’il s’agissait
d’un crucifix.
2. Comme dans le livre, après la disparition du perroquet,
Félicité ne « s’en remet » pas. Alors qu’elle est alitée,
Mme Aubain la veille et, lorsqu’elle se réveille, lui parle.
Félicité ne l’entend pas et le spectateur est amené à
comprendre qu’elle est sourde au moment où elle-même
en prend conscience.
3. Aucun son ne nous parvient alors même que Mme
Aubain continue à parler. De même, quand la maison est
vidée de ses meubles, l’absence totale de son, en dehors
du tintement du lustre de cristal filmé en gros plan, nous
plonge dans l’état d’hébétude similaire à la torpeur dans
laquelle se trouve Félicité. C’est sa perception du monde
que nous partageons alors, de même que lors de l’apparition
finale du perroquet en surimpression.
4. Les dernières séquences du film se révèlent
particulièrement pathétiques. Seule dans sa mansarde
remplie d’objets hétéroclites, Félicité est alitée, habillée
d’une robe blanche semblable à un linceul et coiffée d’une
couronne de fleurs blanches qui peut fait penser à celle que
portait le Christ lors de la Passion.
5. L’attitude de la voisine, prompte à voler la broche
donnée par Victor, accentue la compassion du spectateur,
ainsi que les paroles moqueuses que prononcent Fabu et
la voisine : « Elle est folle! », « Elle a jamais eu toute sa
tête! ». On entend la pluie tomber et son râle d’agonie, très
perceptible jusqu’à la fin de l’extrait.
III. Mettre en perspective
1. Parmi les scènes transposées, celle de la mort de Mme
Aubain et de la venue des héritiers pour vider la maison
offre une mise en image particulièrement intéressante.
La mort de Mme Aubain fait l’objet d’une ellipse narrative
et ce sont les images de la maison qui permettent de
comprendre ce qui s’est passé. Par un lent fondu enchaîné, le
spectateur passe du visage pensif de Mme Aubain au lustre
de cristal, filmé en gros plan, dont on entend les breloques
tinter. Les plans sont très subjectifs : il nous semble vivre cette
scène à travers le regard et les perceptions de Félicité. On voit
des hommes déplacer des meubles dans une atmosphère
ouatée qui peut signifier le choc ressenti par la servante à
la mort de sa maîtresse, à laquelle elle était si dévouée. De
même, les scènes dans lesquelles Félicité lave le sol puis ferme
tous les volets de la maison jusqu’au noir complet laissent
implicitement mesurer la douleur et l’isolement de celle-ci.
2. Dans le film, la proximité entre Mme Aubain et Félicité
est accentuée par certaines mises en image, comme la scène
du banc lorsque Félicité confie sa détresse à sa maîtresse
ou quand Mme Aubain veille Félicité. Mais la scène la plus
émouvante est certainement celle au cours de laquelle Mme
Aubain couvre les épaules de Félicité d’un pan de son propre
châle. Leurs silhouettes sont ressemblantes et elles semblent
bien « s’égaliser », comme l’écrit Flaubert au sujet du baiser
qu’elles échangent au moment où elles vident l’armoire de
Virginie : « elles s’étreignirent, satisfaisant leur douleur dans
un baiser qui les égalisait » (p. 51).
3. On peut concevoir qu’un réalisateur ait le désir
d’adapter le conte de Flaubert aujourd’hui pour de
nombreuses raisons. Ainsi, différentes thématiques
de l’œuvre ne sont pas limitées au xixe siècle, comme
l’expérience de la perte, de l’éloignement, du deuil, de
l’échec sentimental que vivent les personnages. Les liens
de domination et d’exploitation qui régissent la relation
entre Mme Aubain et Félicité sont encore très actuels, dans
d’autres contextes.
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Un cœur simple
Gustave Flaubert
Séquence classe de 4e
Séance 11
Corrigés
Évaluation de fin de séquence
I. Analyse de texte
1. Après cet incident, l’état de santé de Félicité se
dégrade : « il lui vint une angine; peu de temps après,
un mal d’oreilles. Trois plus tard, elle était sourde. », « Des
bourdonnements illusoires achevaient de la troubler. »,
« Le petit cercle de ses idées se rétrécit encore. », « Tous les
êtres fonctionnaient avec le silence des fantômes. » (p. 57).
2. Ce passage est marqué par une accélération de la
narration avec l’ellipse qu’indique l’indication de temps
« Trois ans plus tard » (p. 57), ainsi qu’avec l’évocation
inattendue de la mort de Loulou « Un matin du terrible hiver
de 1837 » (p. 58).
3. Réponse c) : Les péchés de Félicité sont insignifiants.
4. La voix du perroquet est « (le) seul bruit » qui
« arrive maintenant à ses oreilles » (p. 57). Il la distrait en
reproduisant des bruits du quotidien, imite Mme Aubain. Ils
échangent : « Ils avaient des dialogues, lui, débitant à satiété
les trois phrases de son répertoire, et elle, y répondant par
des mots sans plus de suite, mais où son cœur s’épanchait. »
(p. 57). Une métaphore consacre véritablement ce lien très
fort entre eux : « Loulou dans son isolement, était presque
un fils, un amoureux. » (p. 58). Cette métaphore est filée
ensuite par les verbes d’action qui soulignent la proximité
physique entre les deux êtres « escaladait ses doigts,
mordillait ses lèvres, se cramponnait à son fichu ». Puis,
Félicité est comparée à une nourrice vivant une relation
fusionnelle avec son protégé « les grandes ailes du bonnet
et les ailes de l’oiseau frémissaient ensemble. »
5. La mort de Loulou est racontée en quelques lignes,
au passé simple. L’emploi de ce temps souligne bien
l’importance de cet événement dans la vie de Félicité.
Cependant, les premières réactions de Félicité, rapportées
sans mention de ses sentiments, surprennent, après
l’insistance sur le rôle du perroquet dans sa vie : « elle le
trouva mort (…) Une congestion l’avait tué sans doute ?
Elle crut à un empoisonnement par le persil (…) ses
soupçons portèrent sur Fabu ». Ce n’est que dans un
deuxième temps que l’émotion de Félicité est évoquée :
« Elle pleura tellement... » (p. 58).
6. Dans ce passage, Mme Aubain a des répliques
moqueuses : « Mon Dieu ! Comme vous êtes bête ! »
(p. 57). Son insensibilité est renforcée par la mention de
la réponse de Félicité, en complet décalage puisqu’elle
est sourde « elle répliquait : - Oui, Madame, en cherchant
quelque chose autour d’elle. » (p. 57). Après la mort du
perroquet, elle réagit froidement et dit assez brutalement à
Félicité : « - Eh bien! Faites-le empailler! » (p. 58).
7. Comme très souvent dans le conte de Flaubert, les
scènes pathétiques se caractérisent par leur brièveté, comme
dans cet extrait l’évocation de la dégradation physique
de Félicité ou la mort de Loulou, et sont ici limitées par
les répliques de Mme Aubain, dont la tonalité satirique
compensent d’une certaine façon le pathétique. Cet
équilibre qui évite au texte d’être larmoyant tient également
au registre comique de certains passages, comme celui
où sont évoquées les facéties de Loulou « aux coups de
la sonnette, imitait Mme Aubain, - Félicité ! La porte ! La
porte ! » (p. 57), ou le coq-à-l’âne lié à la surdité de Félicité
« Mon Dieu! Comme vous êtes bête ! elle répliquait : - Oui,
Madame » (p. 57).
II. Questions de grammaire
1. Trois expansions du nom différentes :
- « du tournebroche » : groupe nominal complément du
nom « tic tac ».
- « aigu » : adjectif qualificatif épithète qui complète le nom
« appel ».
- « qui logeait en face » : proposition subordonnée relative
complément du nom « menuisier ».
2. et 3. Les deux temps majoritairement employés sont
le passé simple, qui marque des actions importantes,
de premier plan (« elle eut du mal » p. 57, « elle le trouva »
p. 58) et l’imparfait, dans ses valeurs descriptive (« la scie
du menuisier qui logeait en face » p. 57, « (il) était presque
un fils » p. 58) et itérative (« il reproduisait » p. 57,
« Ils avaient des dialogues » p. 57).
4. Les paroles des personnages sont rapportées au
discours direct, identifiable aux guillemets et aux tirets, à sa
ponctuation forte et aux verbes introducteurs :
« sa maîtresse lui disait : - Mon Dieu! Comme vous êtes
bête ! elle répliquait: - Oui, Madame », en cherchant
quelque chose autour d’elle. » (p. 57). Une phrase relève
du discours indirect libre : « Une congestion l’avait tué, sans
doute ? » (p. 58).
On peut imaginer que ce soit Mme Aubain qui la prononce
puisque Félicité croit de son côté à un empoisonnement...
La ponctuation est forte mais aucun autre signe n’indique
qu’il s’agit d’une parole prononcée par un personnage.
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