Biographies, interviews ( in French )…

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Biographies, interviews ( in French )…
Festival de Marseille – danse et arts multiples
MARDI
19
JUILLET
20:30
THÉÂTRE
SILVAIN
ouverture
des portes
à 19:00
24 juin › 19 juillet 2016
COUP FATAL
& GUESTS
Fabr i z io Ca ssol &
Rodr i g uez Van gama
République démocratique du Congo, Belgique, Maurice,
Jamaïque
TA R I F S
20 / 15 / 10 / 5 €
Abonnement :
spectacle B
SOUS LA DIRECTION DE
Fabrizio Cassol ( saxophone ), Rodriguez
Vangama ( guitare et basse électrique )
AVEC
Serge Kakudji
( voix ), Russell Tshiebua ( chœurs ), Bule Mpanya ( chœurs ),
Costa Pinto ( guitare acoustique ), Bouton Kalanda
( likembe ), Erick Ngoya ( likembe ), Silva Makengo ( likembe ),
Tister Ikomo ( xylophone ), Deb’s Bukaka ( balafon ), Cédrick
Buya ( percussions ), Jean-Marie Matoko ( percussions ),
36 Seke ( percussions )
GUESTS
Marie Daulne ( voix ), Fredy
Massamba ( voix ), Linley Marthe ( basse électrique ), Tilo
Bertholo ( batterie )
SON
Michel Andina
Au fil de leur tournée, le chef d’orchestre guitariste Rodriguez Vangama et le directeur musical de Coup Fatal, Fabrizio Cassol, ont décidé
de dévoiler au public les multiples facettes
des interprètes kinois de la pièce. Comment ?
En les faisant dialoguer avec des musiciens
issus d’autres horizons musicaux, les guests.
À leurs côtés à Marseille, en plus de surprises
inédites : Marie Daulne, leader du groupe fémi-
création
nin Zap Mama ; le chanteur Fredy Massamba,
sacré meilleur artiste d’Afrique centrale ; une
star de la basse, le Mauricien Linley Marthe, et
musique
le batteur jamaïcain Tilo Bertholo. Quand les
rythmes traditionnels congolais rencontrent le
jazz, la rumba, la world music, le hip-hop et les
ambiances des boîtes de Kinshasa … Une grande
fête en vue pour un concert exceptionnel !
RETROUVEZ COUP FATAL
avec le spectacle Coup Fatal
Sam. 16 et dim. 17 juillet - La Criée
Festival de Marseille – danse et arts multiples
24 juin › 19 juillet 2016
Coup Fatal & Guests
Fabrizio Cassol & Rodriguez Vangama
parcours
Fabrizio Cassol
Compositeur et saxophoniste du groupe Aka
Moon depuis vingt ans, Fabrizio Cassol travaille
avec des chorégraphes tels Alain Platel, Anne
Teresa De Keersmaeker, Lemi Ponifasio et Faustin
Linyekula. Il touche également à l’opéra avec
Philippe Boesmans, Luc Bondy ou au théâtre
avec Tg STAN. Depuis 2012, il est en résidence à
la Fondation de l’abbaye de Royaumont, près de
Paris, où il prolonge l’étude des cultures du monde,
sa création la plus récente étant AlefBa, avec des
musiciens d’Égypte, de Syrie, du Liban, d’Irak et de
Turquie. Cet intérêt pour les musiques non européennes est lié à un voyage déterminant qu’il a fait
chez les Pygmées Aka, en République centrafricaine, en 1992, et à de nombreux voyages en Asie,
principalement en Inde, et en Afrique, où il travaille
notamment avec la diva malienne Oumou Sangaré,
le griot Baba Sissoko et les Black Machine, le
maître percussionniste indien U. K. Sivaraman et le
Sénégalais Doudou N’diaye Rose. Il approche également la scène des musiques improvisées et travaille
avec Mark Turner, Robin Eubanks, David Gilmore,
Magic Malik, Marc Ducret et Joe Lovano. Avec le
Dj Grazzhoppa, il crée le premier big band de 14 Djs,
et avec le fabricant d’instruments François Louis, il
participe à la conception de l’aulochrome, premier
instrument à vent chromatiquement polyphonique.
Sa pratique des expressions issues de l’oralité et de
l’écriture, de la musique de chambre aux œuvres
symphoniques, l’amène à donner régulièrement des
ateliers ou des master classes un peu partout dans
le monde, comme au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, à la Royal Academy de
Londres, aux Conservatoires de Jérusalem, Alger,
Beijing, Berlin, Chennai, Tunis et à Royaumont.
Rodriguez Vangama
Rodriguez Vangama est né à Kinshasa. Guitariste
réputé, il est régulièrement sollicité en tant que musicien, arrangeur ou producteur par des pointures
comme Papa Wemba, Werrason, Jean Goubald et
Monik Tenday. Il joue dans le groupe de jazz J
­ ’Affrozz
et collabore avec des artistes tels Pierre Vaiana et
Baloji, notamment pour l’enregistrement de son
album Kinshasa Succursale. Rodriguez Vangama a
beaucoup tourné avec Lexxus Legal en Afrique et en
Europe. Avec son groupe Les Salopards, il mélange
la musique populaire congolaise avec des éléments
de jazz et de rock. Leur premier album, Niveau Zéro,
est sorti en 2014.
Marie Daulne
Marie Daulne est une chanteuse belge originaire du
Congo. Athlète de sprint depuis l’adolescence, elle
se forme aux Beaux-Arts de Bruxelles et suit des
cours de danse moderne avant d’achever ses études
à l’École nationale supérieure des arts visuels de La
Cambre, à Bruxelles. Marie Daulne compose des
polyphonies et des polyrythmies, puis forme en
1991 le quintet polyphonique féminin Zap Mama, qui
mêle les sons de la diaspora africaine aux traditions
euro-américaines. L’ensemble connaît un succès
planétaire et se maintient onze semaines en tête
des ventes américaines du classement « Musiques
du monde ». En France, Zap Mama collabore avec
Jacques Higelin et participe à la bande son du film La
Haine, de Mathieu Kassovitz. Marie Daulne s’installe
quelques années à New York, décroche un contrat
publicitaire avec Coca-Cola et participe à plusieurs
séries et programmes télévisés en tant qu’actrice et
chanteuse. Elle développe sa carrière solo en collaborant avec des artistes comme The Roots ou
Speech, compose avec la scène rap et nu soul de
Philadelphie, tourne avec Erykah Badu, Gil ScottHeron et Macy Gray, chante au Hollywood Bowl…
En 2007, son album Supermoon invite les musiciens Meshell Ndegeocello, David Gilmore, Arno
et les Chœurs de l’Opéra national de La Monnaie,
à Bruxelles. Nommé au NAACP Image Awards, cet
album, plus intime, semble opérer la synthèse de
ses différentes expériences musicales. Marie Daulne
signe en 2016 son huitième album, Eclectic Breath,
produit par les légendes jamaïcaines Sly & Robbie.
Fredy Massamba
Fredy Massamba est un auteur, compositeur et
interprète originaire du Congo, pays qu’il quitte
pendant les conflits pour s’installer en Belgique.
Né de parents congolais passionnés de musique, il
intègre à 14 ans une chorale où il commence à chanter et à jouer des percussions. Il cofonde le célèbre
big band Les Tambours de Brazza et prend part à
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Coup Fatal & Guests
Fabrizio Cassol & Rodriguez Vangama
ses tournées internationales. Fredy Massamba collabore notamment avec les artistes Zap Mama, Didier
Awadi ou Manou Gallo, avant de signer un premier
album solo, Ethnophony, qui remporte le Kora – All
Africa Music Awards 2012 à Abidjan, dans la catégorie « Meilleur artiste masculin, Afrique centrale »,
et avec lequel il tourne à l’international. Suit un deuxième album en 2013, Makasi, « la force » en lingala,
produit par Fred Hirshy et mixé par Russell Elevado
(connu pour ses collaborations avec D’Angelo, JayZ, The Roots et Erykah Badu), qui apporte une
touche afro-américaine, et auquel participent des
artistes africains et américains, notamment Tumi
Molekane, Muthoni The Drummer Queen et Chip Fu.
Alibo et Franck Nicolas, avec qui il enregistre l’album
Jazz Bèlè Philosophy 8, ou encore Jowee Omicil.
Linley Marthe
Linley Marthe est un bassiste, musicien de jazz qui
a connu une grande renommée dans les années
1990 et 2000. Autodidacte, il apprend très jeune la
flûte, la guitare basse et la contrebasse, puis fait ses
premières armes au piano, au Club Med La Pointe
aux Canonniers (île Maurice), avec le groupe SOS
Tropic. Il intègre plusieurs groupes de jazz, notamment celui du saxophoniste Ernest Wiéhé. Repéré
par François Jeanneau, celui-ci l’aide, à son arrivée
à Paris, à intégrer le Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMD) de Paris. En
2003, il devient membre permanent du Joe Zawinul
Syndicate, jusqu’à la mort de Joe Zawinul, en 2007.
Tilo Bertholo
Né en Martinique, Laurent-Emmanuel Bertholo
commence la batterie à l’âge de trois ans et demi.
Il se lance quelques années plus tard dans l’apprentissage du solfège, joue de la guitare, du piano et de
la batterie, et accompagne les artistes martiniquais
Guy-Marc Vadeleux, Nicolas Lossen, Joël Vielet,
Hervé Martiny et Léo Lancry. En 2012, il obtient sa
licence en musicologie à l’Université du Mirail, à
Toulouse, et son diplôme d’études musicales (DEM)
Jazz au Conservatoire de Toulouse, puis obtient en
2013 le premier prix de l’École de batterie Dante
Agostini. Il enregistre Djim Rade & The Tôh Nal
Project avec le groupe Tôh Nal, puis forme le Dorliz
Trio avec Elvin Bironien et Teddy Doris, avant d’intégrer la troupe Ali Baba et les 40 batteurs (volume
2). Sa carrière prend une nouvelle orientation lorsqu’il rencontre les musiciens Mario Canonge, Michel
rencontre avec fabrizio cassol
Pourquoi le projet Alifbata ? Qu’est-ce qui vous a
poussé à fusionner Alefba et Aka Balkan Moon ?
Fabrizio Cassol : À l’origine, il y a deux projets, Alefba, en lien
avec le Moyen-Orient, et Aka Balkan Moon, qui est connecté
avec la musique des Balkans et plus particulièrement avec la
musique bulgare, mais qui touche aussi aux différentes traditions roumaines, grecques, serbes, et à celle, particulière, de
Budapest. Artistiquement, ce qui se passe dans les Balkans,
dans les mondes arabes et au Moyen-Orient est immense
et nous oblige à opérer des choix. Ces deux projets ont progressivement fusionné jusqu’à devenir Alifbata, parce qu’il
me semblait alors nécessaire d’ajouter une lettre – alef et ba
sont les deux premières lettres de l’alphabet arabe, ta est
la troisième. Le projet s’est étendu avec la présence de Zila
Khan, chanteuse musulmane soufie, née à Calcutta, en Inde.
La présence de cette artiste est importante, pour moi, parce
qu’elle apporte une vision féminine de sa culture, une vision
universelle également, grâce au soufisme, mais qui diffère
de celle que les gens s’en font traditionnellement. Cela me
semble particulièrement important en ce moment, considérant cette forme d’amalgame, de catégorisation un peu facile
qui se développe partout. En partant du Moyen-Orient, donc,
nous arrivons jusqu’en Inde. Quand on travaille dans une
approche multiculturelle, il est important de pouvoir créer
le plus de connexions possibles et de connaître l’histoire de
ces connexions. Alefba a été créé dans le grand tumulte des
« Printemps arabes ». Dès le début du projet, la dualité du A et
du B a permis d’exprimer deux aspects très importants, à mes
yeux. Il y avait tout d’abord un espace où les musiciens pouvaient exprimer librement leurs émotions sans qu’un compositeur occidental vienne imposer une forme ou une manière
de faire. C’est ce que j’ai appelé le A, un espace d’expression
émotionnel qui, par sa dimension très vocale, se rapproche
du requiem. Le B, c’est totalement l’inverse, c’est une fête qui
joue avec tous les ingrédients de la musique arabe, qui se tient
en dehors de toute dimension politique et sociale. On est dans
l’esthétique, le jeu, le plaisir musical. L’idée de connecter le
monde arabe avec le Moyen-Orient et avec les Balkans me
semble, somme toute, assez naturelle. Les différentes vagues
de migrations humaines ont transformé, façonné la musique
et l’art : quand on confronte des chants bulgares à des chants
classiques arabes, les chants bulgares peuvent sonner comme
Festival de Marseille – danse et arts multiples
24 juin › 19 juillet 2016
Coup Fatal & Guests
Fabrizio Cassol & Rodriguez Vangama
des chants marocains. Ce parallèle, qui permet une interpénétration, un rapprochement, relativise les sonorités et, avec
elles, les identités culturelles. Ça devient une grande chaîne
dont toute la complexité reste à découvrir avec Alifbata, dont
la première a lieu à Marseille.
Coup Fatal & Guests prend la forme d’un concert.
Qu’est-ce que cette forme vous permet d’explorer
de nouveau, par rapport au spectacle Coup Fatal ?
En tant que directeur musical et compositeur, respectivement, de Coup Fatal et de Macbeth, pouvez-vous nous dire en quoi ces deux spectacles se
ressemblent et en quoi ils diffèrent ? Comment se
répondent-ils, présentés dans un même festival ?
F. C : Bien que complètement différents, ils sont un peu les
deux faces d’une même pièce. Tout d’abord, les deux parlent
du Congo. Dans Macbeth, Brett Bailey observe ce pays depuis
l’Afrique du Sud, avec des interprètes sud-africains, et il en fait
une œuvre artistique et politique. Il y a ici une forme de ricochet qui passe par l’Afrique et qui est plutôt rare, plusieurs
visions qui se rejoignent dans cette observation. Coup Fatal
est une explosion de joie, même si la pièce a ses côtés sombres
qui dévoilent progressivement d’autres aspects, c’est-à-dire
la douleur, la mort, toutes sortes de choses que l’on connaît
de ce pays. À cet égard, Freddy Tsimba a réalisé un élément
du décor qui symbolise bien cette dualité : sur le plateau, un
rideau est composé de douilles ramassées au Congo. Ces
douilles ont été fabriquées pour des balles créées pour tuer, et
qui ont probablement tué des gens ; d’un seul coup, dans les
lumières du spectacle, elles deviennent une pluie d’or, on dirait
des bijoux ! On n’est pas censé voir directement que ce sont des
douilles ; c’était extrêmement important pour Alain Platel de
ne pas trop appuyer sur ce qui ressort habituellement quand
on parle du Congo, la misère, toujours, la mort, toujours, les
viols, toujours, les enfants soldats, toujours… Tous ces éléments restent présents, mais il faut être attentif pour les déceler. Enfin, Coup Fatal laisse une grande liberté d’expression aux
musiciens congolais. La direction artistique canalise toutes les
énergies sans pour autant chercher à contrôler, à l’occidentale,
leur propre vision expressive. Macbeth est l’exact opposé. On
n’est pas ici dans la joie mais plutôt dans l’opéra, dans le frontal
; les choses sont dites de face, ce qui est aussi propre au style
de Brett Bailey. Le spectacle commence comme une pièce
de cabaret, avec l’ascension de Macbeth et de Lady Macbeth,
qui n’hésitent pas à tuer pour accéder au pouvoir et, une fois
qu’ils y sont parvenus, c’est la grande dégringolade, un plongeon vers le néant et le vide qui finit dans la désolation et la
tristesse. Ces deux spectacles représentent deux manières
très différentes d’aborder une même situation, et c’est très
intéressant qu’ils soient présentés dans le même festival. Si on
voit les deux, on peut mieux comprendre ce qu’est le Congo.
Avec Macbeth, on peut mieux comprendre Coup Fatal et avec
Coup Fatal, on peut mieux comprendre Macbeth.
F. C : L’organisation des tournées de Coup Fatal est très
contraignante, en raison des visas des musiciens qui ne leur
permettent de venir que trois mois consécutifs, puis ils ne
peuvent revenir, de nouveau pour trois mois, qu’après avoir
passé trois mois au Congo. Les périodes pendant lesquelles ils
sont présents sont par conséquent très denses ; ils n’ont pas le
temps de rencontrer d’autres musiciens et restent finalement
toujours entre eux. Avec Rodriguez Vangama, mon partenaire principal dans la construction de la musique et du projet Coup Fatal & Guests, l’idée était donc de créer un espace
où les musiciens pourraient exprimer d’autres musiques, rencontrer d’autres artistes et qui me permettrait de les rejoindre
sur scène ! Je suis saxophoniste et j’ai joué avec eux durant
toute la préparation de Coup Fatal, pendant quatre ans. Dès
lors que les tournées ont commencé, je n’ai plus joué avec
eux, je me suis retrouvé spectateur, dans la salle… Coup Fatal
& Guests est plus dans l’esprit kinois et boîte congolaise que
Coup Fatal, plus jazz que Coup Fatal, plus ethnique même
que Coup Fatal, parce qu’on laisse apparaître toutes sortes de
choses avec des invités qui, chaque fois, lancent de nouveaux
défis.
Comment voyez-vous le lien entre ces projets et
Marseille ? Cette ville peut-elle leur apporter une
couleur différente ou représenter un défi supplémentaire ?
F. C : Marseille est une ville très intéressante. Je collabore avec
Jan Goossens depuis plus de dix ans ; nous avons travaillé
avec des artistes venus d’un peu partout dans le monde, dans
une conscience que l’on peut qualifier d’universelle parce
qu’elle n’est pas simplement localisée. Toutefois, ce travail
artistique ouvert sur le monde a toujours été en rapport étroit
avec la conscience d’une ville, c’est-à-dire avec la conscience
de Bruxelles au KVS, avec celle, singulière, de Kinshasa,
lorsque nous y étions. Pour Jan Goossens, il est toujours
important d’observer ce qui se passe dans son rapport spécifique au lieu. Son arrivée à Marseille risque d’être fascinante
parce que Marseille est une ville à la fois complexe et fascinante, aux yeux du monde entier. Marseille est multiculturelle ; située dans le bassin méditerranéen, elle est forcément
connectée à toutes les rives de la Méditerranée, à toutes les
cultures méditerranéennes et c’est cette complexité que nous
devons découvrir.
propos recueillis par le Festival de Marseille