Une autre analyse des deux extraits

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Une autre analyse des deux extraits
Une autre analyse des deux extraits …
Nous savons à présent qu’Offenbach a repris le mythe grec d’Orphée dans son opéra-bouffe dans le but de le rendre
comique et de faire rire son public, qu’il connaisse ou pas le mythe d’origine. Mais Offenbach a aussi cherché à travers
cet opéra de faire une satyre* de la société dans laquelle il vivait, et tout spécialement de se moquer de Napoléon III
alors au pouvoir.
Orphée aux Enfers peut donc être perçu sur un second plan comme un prétexte pour des règlements de compte
politique !
Il y a plusieurs raisons à cela :
 L’empereur exerçait une dictature sanglante et tous les pouvoirs de la République (Conseil municipal, police,
tribunaux…) étaient corrompus.
 Napoléon III avait instauré un système administratif du « privilège » qui régissait les théâtres, ne permettant de
mettre en scène que très peu de personnages, dans le cadre rigide de pièces musicales sans chœurs et avec un
acte unique, ce qui permettait à l’empereur d’exercer une sorte de censure. Cela a beaucoup freiné Offenbach
au début de sa carrière.
 La société était jugée comme décadente et l’empereur lui-même était connu et moqué pour son goût pour la
fête, ses sorties nocturnes et ses escapades extra-conjugales.
 On reprochait à l’empereur de s’être constitué une cour de courtisans l’admirant et étant toujours à son entière
disposition, à la manière d’un roi.
Repensons maintenant aux deux extraits que nous avons décrits :
-
Dans le Chœur du sommeil, Jupiter représente Napoléon et les autres Dieux l’ensemble de sa « Cour ». Nous
voyons bien que tous sont totalement démobilisés et n’exercent plus leur pouvoir. Ils se contentent de faire la
fête toute la nuit, de faire des rencontres amoureuses et de dormir toute la journée. Une façon détournée de se
moquer des mœurs de l’Empereur…
-
Dans le Duo de la mouche, Jupiter déguisé en mouche, n’est autre que Napoléon III lui-même. Or, le symbole
du 1er et du 2nd Empire était l’abeille. Quel ridicule ici, de représenter Napoléon en mouche et non en abeille,
comme tout le monde l’attendait! De plus, l’Empereur était célèbre pour son goût des déguisements et des
sorties nocturnes parfois périlleuses…
Conclusion
Orphée aux Enfers est donc un opéra bouffe de la fin du XIXème siècle qui reprend le mythe d’Orphée 20 siècles après
Ovide en le dénaturant complètement. Le livret change totalement l’histoire pour la rendre comique et certains extraits
nous montrent bien que le but de cet opéra était de divertir et de faire rire les spectateurs en leur montrant des Dieux
paresseux, un Jupiter déguisé en mouche, ou encore tous les Dieux de l’Olympe faisant la fête en dansant le french
cancan. Au-delà de ça, Offenbach, le compositeur, s’est aussi servi d’Orphée aux Enfers pour se moquer de façon
détournée de l’Empereur Napoléon III et des dérives de la société de son époque.
Nous pouvons en conclure qu’il y a plusieurs façons de réécrire un mythe : en en gardant uniquement le message pour
l’adapter à une nouvelle époque, comme l’idée de l’amour tout puissant dans le film Orfeo Negro, mais aussi en le
métamorphosant pour en faire une parodie comme dans Orphée aux Enfers. Cela suppose que tout le monde connaisse
le mythe et puisse avoir les mêmes références pour bien comprendre.
C’est toute la force du mythe : des histoires connues de tous qui sont une source éternelle d’inspiration !

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