REFERENTIEL Ttt ENTRETIEN LA RHEMAP
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REFERENTIEL Ttt ENTRETIEN LA RHEMAP
Réseau d’HEMAtologie Pédiatrique FEDERATION RHEOP TRAITEMENT D’ENTRETIEN AU COURS DES LEUCEMIES AIGUES LYMPHOBLASTIQUES REFERENTIEL RHEMAP Novembre 2004 1 Ont participé à l'élaboration de ce référentiel : Monsieur le Docteur Hervé CHAMBOST Service d'Hématologie Pédiatrique HOPITAL TIMONE ENFANTS, MARSEILLE (13005) Madame le Docteur Catherine CURTILLET Service d'Hématologie Pédiatrique HOPITAL TIMONE ENFANTS, MARSEILLE (13005) Monsieur le Docteur Eric DORE Service d'Hématologie Pédiatrique HOPITAL TIMONE ENFANTS, MARSEILLE (13005) Monsieur le Professeur Gérard MICHEL Service d'Hématologie Pédiatrique HOPITAL TIMONE ENFANTS, MARSEILLE (13005) Madame le Docteur Padshima MOSSLER Service d'Hématologie Pédiatrique HOPITAL TIMONE ENFANTS, MARSEILLE (13005) Madame le Docteur Angélique ROME Service d'Hématologie Pédiatrique HOPITAL TIMONE ENFANTS, MARSEILLE (13005) Madame le Docteur Isabelle THURET Service d'Hématologie Pédiatrique HOPITAL TIMONE ENFANTS, MARSEILLE (13005) 2 SOMMAIRE I – INTRODUCTION ........................................................p.4 II – DONNEES GENERALES ...........................................p.4 1. Les leucémies aiguës Lymphoblastiques ....................................p.4 a. Présentation clinique ...........................p.5 b. Examens complémentaires ..................p.6 2. Les différentes phases du traitement d'une leucémie aiguë lymphoblastique de l'enfant...................p.7 III – BUTS DU TRAITEMENT D'ENTRETIEN ...............p.10 IV – LE TRAITEMENT D'ENTRETIEN SELON LES MODALITES DES PROTOCOLES FRALLE 2000-A ET FRALLE 2000-BT ................p.11 1. Description Générale du protocole FRALLE 2000 .........................p.11 2. Le traitement d’entretien........................p.12 a. Objectif du traitement d’entretien .......p.12 b. Surveillance..........................................p.12 c. Descriptions des modifications des posologies ......................................p.13 3. Traitements associés................................p.14 a. Prévention des infections opportunistes à Peumocystis Carinii .....p.14 b. Traitement de la varicelle.....................p.14 4. Vaccination des enfants traités pour LAL .....................................................p.14 V – CONCLUSION ............................................................p.16 VI – RESUME .....................................................................p.17 VII – BIBLIOGRAPHIE......................................................p.18 VIII – ANNEXES DE 1 A 3 ...................................................p.20 3 I - INTRODUCTION Le traitement d'entretien est une phase importante du traitement des leucémies aiguës lymphoblastiques. Son but est d'éradiquer la maladie résiduelle. Il a été démontré que la qualité de cette étape de la prise en charge a une influence sur le taux des rechutes et finalement la survie des enfants. Le but de ce référentiel est d'homogénéiser la prise en charge des patients pendant cette phase de traitement, entre les médecins traitants exerçant en milieu libéral et les médecins du service hospitalier référent, par l'intermédiaire du Réseau d'HEMAtologie Pédiatrique (RHEMAP). En effet, une partie importante de la prise en charge de cette phase de traitement sera réalisée par le médecin traitant. Ce dernier, désigné par les parents, est impliqué dans le réseau, après une formation complète sur la maladie de l'enfant. Avec l'approbation des médecins traitants ayant déjà reçu une formation spécifique sur cette hémopathie maligne, les patients auront une visite mensuelle avec leur médecin traitant référent, et trimestrielle avec un médecin du centre référent. Le retour à l'école de ces enfants étant rendu possible durant cette phase de traitement, leur qualité de vie s’en trouvera améliorée grâce à cette prise en charge de proximité. II - DONNEES GENERALES 1. Les leucémies aiguës lymphoblastiques : Les leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL) sont des proliférations clonales développées à partir d'une cellule lymphoïde bloquée à un stade précoce de sa différenciation. Il s'agit du cancer le plus fréquent chez l'enfant, représentant environ 30% de toutes les maladies malignes pédiatriques. L'analyse initiale doit intégrer des critères cliniques, cytologiques, immunologiques, cytogénétiques et moléculaires, afin de caractériser au mieux la maladie et de définir des critères pronostiques indispensables à la prise en charge thérapeutique. 4 a. Présentation clinique : Le début peut être brutal ou remonter à plusieurs mois dans les formes lentement évolutives. Le tableau clinique résulte de l'insuffisance médullaire et de l'infiltration blastique. Il peut associer (1) : Des signes généraux : altération de l'état général, fièvre qui peut être, soit spécifique et cédant sous chimiothérapie, soit liée à une infection chez un patient neutropénique. Des douleurs osseuses (20 à 40% des cas) : particulièrement localisées sur les os longs, elles peuvent ressembler à des douleurs articulaires et égarer le diagnostic dans le sens d’une polyarthrite. Des manifestations liées aux cytopénies : - anémie : qui peut être profonde dans les formes lentement évolutives. Elle est généralement bien tolérée car de constitution progressive. L’asthénie est cependant un des signes les plus fréquents de la maladie. - fièvre d'origine infectieuse : surtout si la neutropénie est inférieure à 500/mm3. Parmi les infections révélatrices, les angines ulcéronécrosantes sont classiques. - syndrome hémorragique : le plus souvent uniquement cutanéomuqueux : purpura pétéchial, ecchymoses, épistaxis et gingivorragie. Les hémorragies viscérales ou cérébroméningées sont rares en l'absence de CIVD (coagulation intra-vasculaire disséminée) et/ou de leucostase associée. L'existence de bulles hémorragiques buccales et d'hémorragie au fond d'œil sont des critères de gravité. Un syndrome tumoral : plus souvent important dans les LAL T qui ont volontiers une présentation lymphomateuse : - adénopathies superficielles (50 à 70% des cas) : symétriques, fermes, indolores, mobiles, touchant toutes les aires ganglionnaires mais en particulier cervicales. - adénopathies profondes : abdominales et médiastinales. Ces dernières, mises en évidence par la radiographie du thorax, sont, en fait, une localisation thymique de la maladie. Un gros médiastin peut être responsable d'un syndrome cave supérieur et, surtout, d'une détresse respiratoire par compression, mettant en jeu le pronostic vital. Il est associé à une LAL T dans plus de 95% des cas. - splénomégalie (60% des cas). - hépatomégalie (50% des cas). 5 Un syndrome de leucostase : qui peut s'observer dans les formes très leucocytaires avec : - leucostase pulmonaire : détresse respiratoire avec hypoxie, et, à la radiographie du thorax, un aspect de pneumopathie alvéolo-interstitielle. - leucostase cérébrale : avec des troubles de la conscience et parfois des signes de localisation. La complication la plus redoutable est l'hémorragie cérébrale. Une CIVD : elle est observée dans les formes très hyperleucocytaires, souvent majorée dans les premières heures suivant le début de la thérapeutique, s'intégrant dans le syndrome de lyse tumorale. Des atteintes extra-hématologiques inaugurales : - envahissement du système nerveux central (SNC) : il est plus souvent observé en cas d'âge inférieur à un an, d'hyperleucocytose, d'immunophénotype T, de translocation (9;22). - atteinte testiculaire (1 à 2% des garçons) : elle se traduit par de gros testicules fermes, non douloureux. b. Examens complémentaires : Hémogramme : il montre typiquement une atteinte des trois lignées, avec une anémie normocytaire normochrome non régénérative, une neutropénie et une thrombopénie. Une blastose circulante s'y associe le plus souvent. La nature leucémique de cellules jeunes circulantes n'est pas toujours facile à affirmer sur un frottis sanguin. Certaines infections peuvent être trompeuses, en particulier la mononucléose infectieuse. Le chiffre de globules blancs est un élément pronostic majeur. On parle de forme très hyperleucocytaire au-delà de 100 000 /mm3 ; ceci s'observe dans environ 15% des cas, le plus souvent dans les LAL T. Myélogramme : il est indispensable au diagnostic. Il est effectué le plus souvent au niveau d'une épine iliaque postérieure ou antérieure. Chez le nourrisson, on peut être amené à ponctionner la crête tibiale. La ponction sternale est abandonnée. Le prélèvement permet une analyse morphologique complétée par une étude cytochimique (myéloperoxydase). Ces études sont systématiquement complétées par une analyse immunophénotypique et cytogénétique des cellules blastiques, ainsi que par une étude en biologie moléculaire. Le myélogramme permet d'affirmer le diagnostic de LA en objectivant plus de 30% de blastes. Le plus souvent, la moelle est riche et montre 70 à 100% de blastes alors que les autres lignées sont pauvres ou absentes. 6 La biopsie médullaire n'a pas d'indication en dehors des formes frontières lymphome-leucémie et des cas où l'aspiration de la moelle est impossible. Ponction lombaire : elle montre des blastes dans 5 à 10% des cas. L'atteinte méningée est définie par l'existence de plus de 5 éléments/mm3 avec présence de blastes, quel que soit le taux de ceux-ci. La présence de blastes retrouvés après centrifugation ("cytospin") a la même signification, même si l'analyse classique montre moins de 5 éléments/mm3 (2,3). L'étude du LCR est indispensable et sera différée dans les situations où elle peut être dangereuse (trouble de l’hémostase, grande hyperleucocytose). Autres examens : - Radiographie du thorax : elle recherche un gros médiastin, un syndrome alvéolo-interstitiel (leucostase), des signes de pneumopathie infectieuse. - Etude de l'hémostase : avec recherche de CIVD (4,5), de complexes solubles et de D-Dimères. - Ionogramme et bilan phosphocalcique pour dépister une hypercalcémie, rare, ou une hyperkaliémie, une hypocalcémie, une hyperuricémie secondaire à la lyse blastique (4,5). - Bilan infectieux bactériologique et viral. - Echographie abdominale : utile en particulier pour évaluer une éventuelle infiltration blastique rénale suspectée cliniquement ou devant l'absence de diurèse satisfaisante sous hyperhydratation et diurétiques. - Echographie cardiaque : avant l'utilisation d'anthracyclines. 2. Les différentes phases du traitement d'une leucémie aiguë lymphobastique : Les principes généraux du traitement sont communs à la majorité des protocoles (6-10). La LAL est devenue une maladie curable dans plus de 2 cas sur 3 chez l'enfant, grâce à un traitement reposant essentiellement sur une polychimiothérapie. La meilleure définition des facteurs pronostiques et l'intensification des protocoles de chimiothérapie, que permettent les progrès du "supportive care", ont été à l'origine de l'amélioration importante du pronostic des LAL de l'enfant. Le traitement ne se conçoit que dans le cadre d'une prise en charge initiale par un service spécialisé, permettant le meilleur recueil des critères diagnostiques et pronostiques initiaux, et d'un protocole multicentrique de chimiothérapie régulièrement analysé. 7 INDUCTION : Cette phase est précédée d'une préphase (J1-J7), comportant un traitement par corticothérapie où l'on mesure, en fin de semaine, la cortico-sensibilité, élément du pronostic particulièrement important dans les formes T. Elle est destinée à obtenir la rémission complète. Elle dure de J8 à J29. Actuellement, la plupart des protocoles utilisent une induction avec 4 drogues : vincristine, prednisone, asparaginase et une anthracycline (daunorubicine ou adriamycine). Pendant cette phase, un test de chimiosensibilité est effectué par une nouvelle analyse du myélogramme au J21. La qualité de la réponse, appréciée sur le pourcentage de blaste à cette date, est déterminante pour la stratification ultérieure du traitement. Au terme de l’induction, le taux de rémission complète est de 95 à 98%. Elle est définie par un examen clinique normal, un hémogramme "normal" associant plus de 1000 PN/mm3 et plus de 100 000 plaquettes/mm3, un myélogramme avec moins de 5% de blastes dans une moelle de richesse normale où toutes les lignées sont représentées. CONSOLIDATION : Cette phase dure 2 ou 3 mois. Elle utilise des drogues différentes de l'induction pour éviter la sélection de clones résistants. Sont utilisées dans cette phase les épipodophyllotoxines (étoposide), le Méthotrexate à dose standard (25 mg/m2), intermédiaire (500 mg/m2) ou haute dose (1 à 8 g/m2), l'aracytine par voie sous cutanée ou intraveineuse, la cyclophosphamide, et les antimétabolites comme la 6mercaptopurine ou la 6-thioguanine. L'asparaginase, à forte dose, hebdomadaire et répétée longtemps, peut être également utilisée en consolidation avec succès (10,11). INTENSIFICATION : Cette phase de chimiothérapie lourde utilise des chimiothérapies similaires à la phase d'induction. Elle est réalisée 8 à 12 semaines après l'obtention de la rémission complète et elle a un intérêt démontré, au moins dans les formes à haut risque et les formes intermédiaires. Elle est adoptée dans de nombreux protocoles (12). LE TRAITEMENT D'ENTRETIEN : Cf. infra 8 TRAITEMENT PROPHYLACTIQUE DES ATTEINTES NEUROMENINGEES : Il est systématique. Le système nerveux central constitue un site sanctuaire pour les cellules leucémiques du fait de l'existence d'une barrière hématoméningée s'opposant à la pénétration des chimiothérapies. Cette prophylaxie se fait par (13-16) : - Injections intra-thécales de chimiothérapies : c'est la prophylaxie de référence. - Méthotrexate haute dose (3 à 8 g/m2) : il est largement utilisé au titre de prophylaxie des rechutes méningées ; il constitue également une consolidation médullaire et une prévention des rechutes testiculaires. -Irradiation de l'encéphale jusqu'à C2 : la dose habituelle est de 18 Gy. L'irradiation prophylactique, du fait de sa toxicité non négligeable (syndrome post-irradiation ; retard statural par déficit en hormone de croissance, puberté précoce ; difficultés scolaires ; troubles de l'attention), est peu à peu retirée des protocoles au profit des injections intra-thécales. L'irradiation cérébrale garde néanmoins sa place lors d'atteinte initiale du SNC ou dans les formes à très haut risque de rechute dans les méninges. 9 III - BUT DU TRAITEMENT D'ENTRETIEN Le but du traitement d'entretien est d'éradiquer la maladie résiduelle. Il a été démontré, par des techniques de biologie moléculaire, que des cellules leucémiques peuvent rester détectables jusqu'à, au moins, 18 mois après l'obtention de la rémission complète (17). Il doit être continu et repose sur l'association de 2 drogues : la 6mercaptopurine (6-MP, Purinéthol®) quotidienne et le Méthotrexate® hebdomadaire est donné per os, plus rarement IM ou IV. On y associe ou non, selon les protocoles, des réinductions mensuelles (vincristine et prednisone). D'autres protocoles utilisent en entretien des cures séquentielles de Méthotrexate® IV à dose intermédiaire, de 6-mercaptopurine IV (18) ou des réinductions lourdes (19). La biodisponibilité du 6-mercaptopurine et son métabolisme sont variables. La pharmacocinétique de ce médicament a un intérêt clinique démontré (20). En pratique néanmoins, dans la plupart des protocoles, l'adaptation du traitement se fait uniquement d'après les numérations et une étude cinétique n'est envisagée que si les posologies de 6-MP nécessaires s'écartent des normes habituelles. L'intensité du traitement d'entretien est inversement corrélée au taux de rechute. De nombreuses études, utilisant comme critères le chiffre moyen de globules blancs ou des polynucléaires neutrophiles, la survenue d'au moins un épisode de neutropénie inférieure à 500/mm3, l'intensité de la cytolyse hépatique ou la posologie moyenne de 6-MP, démontrent que les enfants qui ont le traitement d'entretien le plus intense ont une survie sans rechute significativement supérieure (21-23). Les protocoles actuels cherchent à maintenir les polynucléaires dans une fourchette relativement serrée (800 à 1500/mm3), dans le but d'améliorer la survie sans rechute. En revanche, ceci expose à des complications infectieuses plus fréquentes : septicémies en cas de neutropénie importante et viroses graves, pneumopathies interstitielles en cas de grande lymphopénie associée (24). La pneumopathie à Pneumocystis Carinii est systématiquement prévenue par le Bactrim ou les aérosols de Pentacarinat pendant toute la durée du traitement d’entretien. 10 IV - LE TRAITEMENT D'ENTRETIEN SELON LES MODALITES DES PROTOCOLES FRALLE 2000-A ET FRALLE 2000-BT : 1. Description générale du protocole FRALLE 2000 Le traitement des leucémies aiguës lymphoblastiques de l'enfant repose sur un schéma thérapeutique bien défini, élaboré à partir des meilleurs traitements connus. Les pédiatres hématologues impliqués dans le traitement des LAL se réunissent régulièrement et rédigent un nouveau protocole qui tient compte des résultats du protocole précédent ainsi que de l'ensemble des protocoles des autres pays. Les protocoles FRALLE 2000-A et FRALLE 2000-BT sont des protocoles multicentriques et sont le fruit de cette réflexion. Le FRALLE 2000-A (Annexe 1) est un protocole de traitement des LAL de la lignée B de risque standard de l'enfant de plus de 1 an et de moins de 10 ans. On ne peut inclure dans ce protocole que les enfants atteints d’une LAL de novo, de la lignée B, et n'ayant pas de critère de gravité et notamment une leucocytose initiale à moins de 50 000/mm3. Ce protocole thérapeutique comprend successivement une induction séquentielle, une consolidation, deux intensifications séparées d’une interphase et un traitement d'entretien. La prophylaxie méningée repose exclusivement sur des intrathécales. L'intensité du traitement prend en compte la sensibilité initiale au traitement. Il n'y a pas d'indication de greffe dans ce protocole, sauf en cas de chimiorésistance avérée. Le FRALLE 2000-BT (Annexes 2 et 3) est un protocole de traitement des LAL de risque élevé. On peut inclure dans ce protocole soit les LAL de la lignée T, soit les LAL de la lignée B mais présentant au moins un des critères suivant : - Age ≥ 10 ans - Atteinte du système nerveux central - Leucocytose ≥ 50 000/mm3 - Présence d’une anomalie cytogénétique péjorative : t(9 ;22), d’une t(4 ;11), ou d’une hypodiploïdie ≤ 44 au caryotype. - Présence d’un transcrit bcr-abl ou mll-af4, équivalents moléculaires respectifs des t(9 ;22) et t(4 ;11). - Présence d’un réarrangement de mll pour les formes CD10-. En fonction de la réponse initiale au traitement (cortico et chimiosensibilité) et en fonction de l’étude cytogénétique, les groupes B et T du FRALLE 2000-BT sont divisés en sous-groupes B1 ou T1 (sans facteur de mauvais pronostic surajouté) et B2 ou T2 (avec facteur de mauvais pronostic surajouté). 11 2. Le traitement d'entretien La durée du traitement d'entretien est de 18 mois pour les patients atteints d’une leucémie aiguë lymphoblastique T (groupes T1 et T2), et de 24 mois pour les patients atteints de LAL B (groupes A et B). Le traitement d’entretien débute à la fin de l'intensification n°2 lorsque les polynucléaires neutrophiles sont supérieurs à 1000/mm3 et les plaquettes supérieures à 100 000/mm3. Le traitement d'entretien associe du Purinéthol® (6-mercaptopurine) à la posologie de 75 mg/m2/jour sans arrêt pendant les réinductions, et du Méthotrexate® à la posologie de 25 mg/m2/semaine. Les deux médicaments sont donnés par voie orale. Le traitement d’entretien comporte également 12 réinductions mensuelles de vincristine/corticoïde à faire la première année. Ces réinductions sont effectuées toutes les 4 semaines, à condition que les polynucléaires soient supérieurs à 500/mm3 et les plaquettes supérieures à 100 000/mm3. La posologie de la vincristine est de 1,5 mg/m2/injection (sans dépasser 2 mg) et la corticothérapie est de 40 mg/m2/jour per os pendant 7 jours (prednisone) ou 6 mg/m2/jour per os pendant 5 jours (dexamethasone). Les réinductions mensuelles sont effectuées en hôpital de jour. Cette phase de traitement comporte également une prophylaxie de l'atteinte neuroméningée. Dans les groupes 2000 A et 2000 B1 non irradiés, cette prévention repose sur 6 injections intrathécales de chimiothérapie à raison de une tous les 3 mois mais à partir de la réinduction n°3. Dans les groupes 2000 B2, T1 et T2, le nombre d’injections intrathécales en cours de traitement d’entretien est de 3 en débutant à la réinduction n°3. Quel que soit le groupe de traitement, si l’enfant est irradié sur le cerveau, il ne reçoit plus d’injection intra-thécale après l’irradiation. a. Objectifs du traitement d'entretien : L'objectif est de maintenir un taux de polynucléaires neutrophiles entre 800 et 1200/mm3, SANS lymphopénie inférieure à 500/mm3, SANS cytolyse hépatique sévère (SGPT>10N). b. Surveillance : Elle se fait par la réalisation systématique, une fois par mois, d'une numération formule sanguine (NFS) et du dosage des transaminases. La NFS doit être faite avant une réinduction. C'est en effet à ce moment là que l'on s'attend à avoir une cytopénie et une cytolyse maximale. La NFS sert, en effet, plus à équilibrer le traitement d'entretien qu'à "autoriser" la réalisation de la réinduction éventuelle, cette dernière étant peu aplasiante. En pratique, une NFS est réalisée tous les 15 jours les 2 premiers mois du traitement d'entretien afin d'équilibrer au mieux les posologies. Une NFS doit être systématiquement recontrôlée en cas de fièvre ou de problème clinique. 12 c. Description des modifications des posologies : L’adaptation du traitement d’entretien dépend essentiellement du taux de polynucléaires et des transaminases. Le but idéal est de parvenir à maintenir un taux de polynucléaires compris entre 800 et 1200/mm3, sans cytolyse hépatique. Le tableau suivant récapitule les modalités d’adaptation du traitement d’entretien en fonction du taux de polynucléaires et des SGPT. Il est parfois également nécessaire de tenir compte du taux de lymphocytes de telle manière que le traitement soit provisoirement arrêté en cas de lymphopénie profonde (lymphocytes < 500/mm3). CRITERES D'AUGMENTATION DES POSOLOGIES : Ces modifications ne doivent pas être trop fréquentes. En général, les augmentations de traitement sont à décider après 2 mois d'observation avec un traitement stable. En cas d’excès de polynucléaires neutrophiles, les 2 médicaments (Purinéthol® et Méthotrexate®) doivent être augmentés de 25% (en l'absence de cytolyse importante). La posologie maximale du Méthotrexate® est néanmoins fixée à 40 mg/m2. Après que cette dose seuil ait été atteinte, le Purinéthol® sera augmenté seul. CRITERES DE DIMINUTION DES POSOLOGIES : Lorsque le taux de polynucléaires se situe entre 500 et 800/mm3 avec un taux de transaminases normal, il n'y a pas lieu d'arrêter le traitement mais de baisser les posologies du Purinéthol® et du Méthotrexate® d'1/3. Pour une cytolyse entre 5 et 10N, on doit tenir compte de la tolérance clinique. Si elle est bien tolérée par l'enfant (absence de douleurs abdominales, de nausées, de vomissements,…), il n'y a pas lieu de modifier les posologies du Méthotrexate®. En cas d'arrêt d'un ou des deux médicaments, on reprendra le traitement avec une posologie réduite d'1/3. CRITERES D'ARRET DU TRAITEMENT : Les critères d'arrêt du traitement sont : PNN < 500/mm3 ou SGPT > 10N ou Lymphocytes < 500/mm3. Chaque fois que possible, cet arrêt ne devra pas dépasser 10 jours. En cas de lymphopénie < 500/mm3, on arrête le traitement pendant une semaine puis on reprend avec une posologie en diminuant le Purinéthol® d'1/3. En cas d'installation secondaire d'une leucocytose trop importante et de la persistance d'une lymphopénie limite, on pourra chercher à augmenter le Méthotrexate® seul si la cytolyse hépatique le permet. 13 3. Traitements associés : a. Prévention des infections opportunistes à Pneumocystis Carinii : Elle sera réalisée pendant toute la durée du traitement d'entretien. Elle est réalisée par la prise de Bactrim®, 3 jours par semaine, à la posologie de 20 à 30 mg/kg, à distance de la prise de Méthotrexate® hebdomadaire. Pour les enfants ayant un déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD) ou en pyruvate-kinase, cette prévention sera assurée par des aérosols de Pentacarinat® toutes les 3 semaines. b. Traitement de la varicelle La survenue d’une varicelle en cours de chimiothérapie, y compris dans la phase d’entretien, nécessite son interruption provisoire et une hospitalisation pour réalisation d’un traitement antiviral par acyclovir IV. 4. Vaccination des enfants traités pour LAL La reprise du programme vaccinal n’est envisagée qu’après la fin du traitement d’entretien. 14 TABLEAU RECAPITULATIF SGPT < 5N SGPT entre 5 et 10N SGPT > 10N PNN <500/mm3 ARRET du traitement (1 semaine) ARRET du traitement (1 semaine) ARRET du traitement (1 semaine) PNN entre 500 et 800/mm3 - Ne pas arrêter le traitement - Baisser d'1/3 la 6-MP et MTX - Baisser d'1/3 la 6-MP et le MTX. - Arrêter MTX si «hépatite clinique». ARRET du traitement (1 semaine) PNN entre 800 et 1200/mm3 Ne pas modifier le traitement - Ne pas modifier le traitement - Diminuer le MTX d’1/3 si «hépatite clinique» ARRET du traitement (1 semaine) Augmenter d'1/4 la 6-MP et le MTX - Ne pas modifier le traitement - Diminuer le MTX d'1/3 si «hépatite clinique» ARRET du traitement (1 semaine) PNN >1200/mm3 15 V - CONCLUSION Les taux de succès thérapeutique augmentent dans les leucémies aiguës lymphoblastiques depuis les années 60. Actuellement, les taux de guérison (absence de manifestation de la maladie sur au moins 10 ans) sont de 80% chez l'enfant et de 40% chez l'adulte. Les possibilités actuelles, pour encore améliorer ses résultats, sont : l'intensification des traitements antimitotiques et les greffes de cellules souches hématopoïétiques. L'objectif actuel de recherche est une meilleure compréhension de la pathogénèse des leucémies et de ses mécanismes de résistance aux chimiothérapies, l'identification de nouvelles cibles thérapeutiques, la thérapeutique spécifique d'une anomalie et de ses conséquences phénotypiques. Le but du traitement d'entretien est d'éradiquer la maladie résiduelle. Il doit être continu et repose sur l'association de deux médicaments : le Purinéthol® (quotidien) et le Méthotrexate® (hebdomadaire). L'objectif de ce traitement est d'améliorer la survie sans rechute. Le fait de maintenir un taux de polynucléaires neutrophiles bas expose à des complications infectieuses plus fréquentes qu'autrefois. Pendant toute la durée de cette phase, on continuera la prévention des infections opportunistes, notamment du Pneumocystis Carinii, par la prise régulière de Bactrim®, 25 mg/kg en une seule prise orale, 3 jours par semaine, ou par aérosol de Pentacarinat® toutes les 3 semaines. 16 VI - RESUME : Diagnostic 9 mois 24 mois 12 mois Traitement intensif Entretien Suivi sanguin et LCR Hospitalisation Collectivité possible Vaccins 12 mois "Guérison" Suivi sanguin et clinique Suivi clinique et dépistage des séquelles +/- Eviction scolaire 17 VII - BIBLIOGRAPHIE : 1 - Poplack DG : Acute lymphobastic leukemia. In : PA Pizzo, Poplack DG. Principles and practice of pediatric oncology, Philadalphia, JB Lippincort, 1993 : 431-481. 2 - Lauer SJ, Kirchner PA, Camita BM : Identification of leukemic cells in the cerebrospinal fluid from children with acute lymphoblastic leukemia : advances and dilemmas. 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