Chevaux maltraités: l`éleveur est condamné

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Chevaux maltraités: l`éleveur est condamné
Chevaux maltraités: l'éleveur est condamné
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«Le premier cliché, pris juste après le séquestre, montre à quel point ils n’étaient pas assez
nourris. Le second a été pris dans l’étable. Les chevaux étaient entassés les uns sur les autres.»
Le Tribunal de police du Locle punit un agriculteur neuchâtelois qui a manqué à ses devoirs avec
ses chevaux.
Fabiano Citroni - le 23 novembre 2010, 22h33
Le Matin
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Il n'a pas pris suffisamment soin de ses chevaux. Du coup, hier matin, le Tribunal de police du Locle a
condamné Fred*, éleveur brévinier, à 20 jours-amendes à 15 francs, sans sursis, pour infraction aux articles
4 et 6 de l'Ordonnance sur la protection des animaux. Deux articles spécifiant que «les animaux doivent
recevoir régulièrement et en quantité suffisante une nourriture leur convenant et de l'eau» et que «le
détenteur veille à fournir la protection nécessaire aux animaux qui ne peuvent s'adapter aux conditions
météorologiques».
Pas un monstre
Cette décision, plus clémente que les réquisitions du ministère public - 90 jours-amendes à 50 francs -, ne
contente personne. «Nous avions plaidé l'acquittement, confirme Me Kramer, l'avocat de l'agriculteur. Reste
que mon client n'est pas le monstre que le rapport du Service de la consommation et des affaires
vétérinaires faisait apparaître. La Cour a dégonflé une affaire qui n'aurait jamais dû être. Elle a remis l'écurie
au milieu du visage.» L'affaire se serait donc dégonflée? «Jamais de la vie», s'emporte Anouk Thibaud,
fondatrice du Refuge de Darwyn, qui s'occupe des chevaux maltraités. «Non seulement l'éleveur a été
condamné, mais en plus, c'est un récidiviste.»
Si la Genevoise s'emporte, c'est parce qu'elle a joué un rôle-clé dans cette affaire neuchâteloise qui remonte
au début de l'année. Mi-février, c'est elle qui dénonce ce qu'elle estime être un cas de maltraitance au
vétérinaire cantonal. «Onze chevaux étaient entassés dans une étable de 41 m2 et ils ne sortaient jamais»,
affirme Anouk Thibaud.
Le 26 février, le Services des affaires vétérinaires décide le séquestre préventif immédiat des animaux. Dans
un communiqué, il écrit: «La surface à disposition ne permettait légalement que la détention de quatre
chevaux, la litière n'avait plus été évacuée depuis plusieurs semaines, la couche de fumier atteignant plus
d'un demi-mètre de hauteur.»
«Terrorisés»
C'est Anouk Thibaud et son équipe qui s'occupent d'évacuer les chevaux. «Il a fallu sept heures pour
récupérer onze chevaux. Ils étaient terrorisés. J'ai compris qu'ils avaient été complètement délaissés»,
confie-t-elle. L'avocat de l'éleveur ne peut laisser passer cette attaque: «Dans son jugement, la Cour estime
que la condition psychologique des chevaux pouvait être liée aux conditions d'intervention.» Anouk Thibaud
contre-attaque: «Dire cela, c'est se moquer du monde. Je soigne des chevaux depuis dix ans et je peux
vous assurer qu'on ne peut pas les traumatiser en l'espace d'un trajet.»
Quid de l'exiguïté de l'étable? A peine 40 m2 pour onze chevaux, n'est-ce pas limite? «La Cour estime qu'il
ne manquait que 7 m2 pour que les normes soient respectées, répond Me Kramer. Elle a précisé que le
rapport du Service des affaires vétérinaires n'était pas conforme à la réalité.» Réplique d'Anouk Thibaud:
«La Cour a réussi à se tromper dans ses calculs. C'est affligeant. L'étable aurait dû faire au moins 72 m2
pour être aux normes!»
Que va-t-il alors se passer? Des recours en vue? «Il faut y réfléchir», répond l'avocat de l'éleveur. «Je dois
prendre connaissance de l'entier du jugement avant de me prononcer», dit pour sa part le procureur Nicolas
Aubert. Quant au Tribunal administratif, il doit se prononcer, lui, sur la levée ou non du séquestre. Les
chevaux sont actuellement en pension au Refuge de Darwyn, à Genève. «Je peux vous garantir qu'en neuf
mois, avec de bons soins, ils ont repris du poil de la bête, dit Anouk Thibaud. L'éleveur ne mérite pas de les
récupérer.»
*Prénom d'emprunt