Moisés Finalé : l`apparition de sa Vierge - Lettres de Cuba
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Moisés Finalé : l`apparition de sa Vierge - Lettres de Cuba
Moisés Finalé : l’apparition de sa Vierge Par Toni Piñera Traduit par Alain de Cullant Numéro 10, 2014 Le créateur, malgré sa longue carrière artistique et les reconnaissances qu'il a justement gagné au long de celle-ci, continu toujours à se mettre à l’épreuve. Il peint et travaille avec la même passion qu’au début, ou peut-être avec plus de force. Il estime que ce qu’il n’a pas fait le stimule. Il croit qu'il lui reste encore à découvrir le meilleur de luimême. De nombreux adjectifs pourraient qualifier l’œuvre de Moisés Finalé, un des artistes emblématiques de la génération des années 80 dans les arts plastiques cubains, qui a fondé avec d'autre créateurs le connu groupe 4x4 qui propose diverses réflexions sur ce qui se réalisait dans l'île à cette époque. Durant toutes ces années sa maestria et sa créativité ont suivi un processus d’ascension dans la liste exclusive de l'excellence de notre plastique. Dans ses œuvres nous trouvons la composition finale qui inaugure souvent des perspectives insolites et pleines de questions. Son dessin exquis se dédouble avec le caractère kaléidoscopique dans la précision finale de certaines formes et caractéristiques. En contrastant les techniques, les matériaux, les tracés et les couleurs, il atteint une texture visuelle de haut calibre. Une de ses plus récentes créations occupe une place dans l'entrée de cet espace, le préféré des jeunes : la « Fábrica de Arte Cubano » la (Fabrique d'Art Cubain). Sur le large fronton se trouve une pièce symbolique : la Vierge de la Fabrique (4,50 x 3,00 m). La Vierge de Finalé est faite avec la matière plastique de seaux vissés. Les couleurs sont de la même matière, combinées. Ce ne sont pas de simples seaux, ils ont étés travaillés, traités. La texture ressemble au cuir, pas au plastique, il est parfois difficile d'identifier le matériel. Et le fait de pouvoir travailler tous les jours avec des éléments communs fascine le créateur, afin que les gens sentent des « nouvelles vibrations ». Le créateur a commencé à aborder le sujet de la vierge dans les années 1980, quand il a fait des versions de la Bible, bien que cela ne constituait pas une constante dans son savoir-faire pictural. Mais le thème l’a toujours intéressé. Récemment, il a été surprit par le roman Un hombre llamado Jesús de Frei Betto et, à partir de sa lecture, il a commencé à imaginer sa vierge. « Je ne pensais pas à une vierge déterminée ou reconnaissable. C'est comme ma propre apparition. Je n’ai pas fait de dessin préalable, comme je fais presque toujours. Ce sont des choses que j'accumule à l'intérieur et elles sortent ainsi », a-t-il dit. Ensuite, pour les dimensions qu’elle atteignait, je me suis dit : où la placer ? En visitant la Fabrique d’Art Cubain et en voyant le mélange des différentes disciplines artistiques dans cet endroit et la grandeur de l'édifice, j’ai compris que c'était l'endroit idéal. L’idée a plu à X Alfonso et à son équipe et, alors, cette vierge ou apparition s’est convertie en la Patronne des fabricants d’art, avec son estampe et sa propre oraison créée par Yamilé Tabío, son épouse, qui a servi comme catalogue lors de l’inauguration de la pièce. . Elle a été placée dans le patio, juste à l'entrée et elle est toujours là. Je pense qu’elle va y rester, a commenté l’artiste. Un imaginaire d’expérimentation Moisés Finalé (Cardenas, 1957) considère sa création contemporaine, d'avant-garde, à sa forme. Il utilise indistinctement les codes de l'art moderne et du postmodernisme, son imaginaire peut glisser le long de ses surfaces baroques avec une technique traditionnelle combinée, une distorsion linéaire ou un tracé puissant, certain coup de pinceau non formel, une peinture librement disposée et même certains dessin pris à partir d'expressions infantiles. En France, où il partage son temps avec l'île des Caraïbes, il a récemment réalisé une série d’œuvres en métal intitulée « Ombres ou rêves » qui a été exposée dans la galerie Saint Ravy à Montpellier. Mais un jour, dans l’atelier, il s’est rendu compte que ce travail avec les métaux l’agitait (lui et ses voisins) avec le bruit des coups de marteaux, de la scie. Il a cherché un matériel plus noble avec lequel il pourrait travailler avec une plus grande tranquillité, ainsi que des solutions contemporaines, alors est apparu le plastique extrait des seaux de nettoyage. Il pouvait également réaliser une sorte d'ombre chinoise, de projeter la lumière à travers le dessin. Il a réalisé la première œuvre avec ce matériel flexible en France et il a continué à Cuba. Il a fait La Vierge de la Fabrique à partir de la matière de ces seaux qui lui donne une nouvelle texture. Mais la façon de travailler et le résultat est le même. www.lettresdecuba.cult.cu [email protected] Facebook : Lettres de Cuba Twitter : @rlettresdecuba