TRAGEDIE MINUSCULE / Collection du FRAC Basse

Transcription

TRAGEDIE MINUSCULE / Collection du FRAC Basse
TRAGEDIE MINUSCULE / Collection du
FRAC Basse-Normandie
Informations Pratiques
Commissaires : Sylvie Froux – David
Lemaresquier – Bérengère Lévêque
Exposition du vendredi 30 janvier
au Dimanche 22 mars 2009
Vernissage le Vendredi 30 janvier
à partir de 18h30
Visite commentée par les
commissaires d’exposition les
mercredis 4 février et 4 mars à
19h00.
Renseignements et inscription sur
le site internet ou par téléphone au
02.31.92.78.19.
Avertissement certaines œuvres
de cette exposition peuvent heurter
la sensibilité des plus jeunes
Horaires d’ouverture :
Du mardi au vendredi de 14h30 à 18h30, le
samedi de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à
19h00, le dimanche : de 14h30 à 18h30
Fermeture hebdomadaire : Le lundi
Coordonnées :
Le Radar, Espace d’Art Actuel, 24 rue des
Cuisiniers, 14400 BAYEUX
Tel : 02.31.92.78.19.
Site internet : www.le-radar.fr
Le Radar bénéficie du soutien de la ville de
Bayeux, du Conseil Général du Calvados, du
Conseil Régional de Basse-Normandie et de
l’Union Européenne.
Contact presse :
Aline Levavasseur : 06.09.93.88.40.
Pour toute reproduction d’un visuel, merci de
prendre contact avec Le Radar.
Il y a des productions plastiques voire des expositions
entières qui convoquent plus que d’autres notre esprit critique.
Bien que relevant de l’intime, les images sélectionnées pour cette
exposition sont destinées à être éprouvées par le regard public.
Tragédie minuscule est l’expression intacte d’un dévoilement
qui provoque comme nul autre « l’érection du regard » où chaque
artiste serait comparable au serpent révélant à Eve la vérité de sa
nudité. Longtemps les sensualités d’un corps nu se sont
camouflées sous les draps des croyances. Elles agissaient sous
le masque des Vénus et autres idoles, symboles de fécondité ou
de puissance.
Les huit artistes exposés au Radar, dont les œuvres sont
issus de la collection du FRAC Basse-Normandie, utilisent tous la
photographie. Outre le fait qu’elle fût le médium par excellence en
cette fin de XXème siècle, la photographie a pour caractéristique
de donner aux choses la valeur du réel. Chez Jan Saudek, le
format carte de visite et l’univers théâtralisé de ces scènes
charnelles, ne sont pas sans nous rappeler Auguste Belloc et
cette époque où la production d’images licencieuses a très vite
supplanté les productions académiques, précipitant sa
condamnation. Il est incontestable que les modèles de Véronique
Boudier et de Jean-Luc Moulène soient fait de chair et de sang.
On retrouve les poses lascives, les attitudes érotiques des grands
maîtres de la peinture, mais la représentation photographique y
est radicale, réduite, dans son cadrage et son décor, à
l’essentiel : le corps. Par le procédé photographique, ces clichés
sont élevés au rang de la consommation culturelle. Les bras
rejetés en arrière, les jambes expansives mettent en valeur
poitrine et pilosité, et s’abandonnent sans pudeur aux
spectateurs. La proximité est immédiate, le voyeurisme exclu.
Si les histoires défendues naissent bien souvent dans un
regard, c’est que celui-ci est corrupteur. Il allume la flamme du
désir, il met au défi les plus insensibles. Les grands yeux verts de
Véronique Boudier, se dilatent autant qu’ils séduisent. Du
spectateur ou du modèle, on est en droit de se demander lequel
hypnotise réellement l'autre ? Si on en croit Philippe Sollers dans
son roman Femmes, de 1983 « un seul regard de ses grands
yeux verts », peut avoir plus d’effet que n’importe quelles autres
distractions. L'érotisme apparait alors comme une idée du plaisir,
un moment sublime, semblable au vol impérieux et
fantasmagorique, au dessus des montagnes, imaginé par l’artiste.
Ainsi la volupté se situe, bien souvent, en dehors de l’acte. Alain
Fleischer, lui, la loge dans les objets de l’ordinaire, faisant de
l'érotisme, une valeur suscitée par quelque chose d'extérieur à
l'être.
Spontanément, nous avons tendance à associer le
caractère érotique à la figure féminine. Cependant l’homme l’est
tout autant. Philippe Kuznicki réinterprète l’art du déshabillé
dans les sous-sols d’une buanderie, rendant plus sensuelle une
scène de la vie quotidienne. Tandis que Duane Michals expose
dans une esthétique antique, le corps imberbe d’un jeune
éphèbe. La libération sexuelle et la lutte pour le droit à la
différence à la fin des années soixante, autorisent de nouveau le
culte de la nudité et laisse une place à l’imagerie homosexuelle.
De condamnations en rejet, l’art s’est toujours amusé du
sulfureux, de l’interdit et du secret. Les tabous liés à la
représentation du corps sont autant de scandales que de
Tragédies minuscules. Quoiqu’on en dise l’image participe à se
défaire d’un sentiment de culpabilité. Aujourd’hui la redéfinition du
nu et du corps pose la question de l’érotisme en images. Des
artistes comme Jean-Luc Verna, dans un autre registre que celui
du désir, participent à alimenter le débat sur les limites de
l’esthétique et de la morale. D’autre, à l’inverse se cache pour
mieux se dévoiler, se montrer. Orlan, s’amuse ainsi des codes de
la séduction et des couleurs flamboyantes du désir, derrière un
rideau opaque.
Depuis plusieurs mois, revues spécialisées et institutions
culturelles s'interrogent sur les formes du scandale, sur les
figures d'Eros et les frivolités d'un corps. Le Radar a fait le choix
de s'inscrire de manière délibérée dans ce débat. Cependant à
force de se pencher sur le sujet, de l’exposer, de le commenter,
ne risque-t-on pas comme l’évoque Georges Bataille à propos
d’Histoire d’O « que la parole vienne à bout de l’érotisme » ?…à
moins que ce soit l’érotisme « qui vienne à bout de la parole... ».
B.L