Thomas Henry Huxley et la Bible - C. Duvey - pdf

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Thomas Henry Huxley et la Bible - C. Duvey - pdf
La Revue LISA / LISA e-journal. - ISSN 1762-6153 - Volume V – n°4 / 2007
Thomas Henry Huxley and the Bible
Dr. Christophe Duvey
(Montpellier, France)
Abstract
Thomas Henry Huxley devoted several essays to the study of the Bible. This interest can
only be accounted for if his ideas on history, religion as well as epistemology are
examined. According to him, a struggle between free thought and supernaturalism was
culminating during the Victorian era, hence the need for a “New Reformation” which
was heir to the ideals of freedom defended by the humanists of the Renaissance. This
movement opposed the principles of the supporters of what he called “ecclesiasticism”.
The advocates of the “New Reformation” could rely on the progress of modern science,
and agnosticism, which Huxley identified with scientific method, became its
epistemological foundation. As a result, Huxley thought that the authority of physical
science was in conflict with the infallibility of the Scriptures and with the theological
arguments which rested on it, and this notably led him to the conclusion that the
biblical narrative of the Flood was unhistorical. The naturalisation of the Scriptures
seems then logically to follow his philosophical views based on the limits of human
knowledge.
It appears that it was the question of authority which underlay Huxley’s interest in the
Bible. He thought that the authority of the Scriptures must be replaced by that of
science.

Christophe Duvey, « Thomas Henry Huxley et la Bible »,
La Revue LISA/ LISA e-journal, Vol. V n°4 / 2007 : <http://www.unicaen.fr/mrsh/anglais/lisa>.
ISSN 1762-6153
© LISA 2007. Conformément à la loi du 11 mars 1957, toute reproduction, même partielle, par quelque
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Thomas Henry Huxley et la Bible
Dr. Christophe Duvey
(Montpellier, France)
Christophe DUVEY est maître de conférences à l’Université Paul Valéry – Montpellier
III. Il a consacré sa thèse à « L’homme et la nature dans la pensée du naturaliste et
philosophe St George Jackson Mivart (1827-1900) ». Ses travaux portent sur l’histoire
des idées au XIXe siècle, notamment sur la philosophie victorienne.
U
ne étude consacrée à Thomas Henry Huxley et la Bible
ne relève certainement pas de l’anecdote. La popularité
du personnage dans la seconde moitié du XIXe siècle,
ainsi que le volume de ses écrits sur la Bible, justifient,
s’il en était besoin, qu’on s’y intéresse. Sans prétendre évidemment à
l’exhaustivité, le présent travail va s’attacher à décrire les idées
principales qui ont influencé les jugements que Huxley a portés sur la
Bible, et, en particulier, sur l’épisode du Déluge. Sur les neuf tomes de ses
Collected Essays publiés en 1893-94, deux sont consacrés à des questions
bibliques. Le premier de ces deux tomes, intitulé La science et la tradition
hébraïque1, regroupe des articles sur l’Ancien Testament, notamment sur
la Genèse et la question de l’historicité du Déluge. Le second, La science et
la tradition chrétienne2, s’intéresse au Nouveau Testament, aux miracles et
à la démonologie dans les Évangiles, surtout à travers l’épisode du
démoniaque Gérasénien, qui fit l’objet d’un âpre débat avec Gladstone
dans les pages de la revue Nineteenth Century.
Huxley fut un vulgarisateur scientifique de talent qui connut un
grand succès, au point qu’il en vint à incarner la science auprès d’un
certain public victorien cultivé. Selon un de ses biographes, en effet, « en
1870, la science, c’était le professeur Huxley »3. Adepte de la polémique, il
se proclama « chien de garde » de Darwin, bien que son soutien à la
1
Thomas Henry Huxley, Science and Hebrew Tradition, Collected Essays, vol. IV, London:
Macmillan, 1893.
2
Thomas Henry Huxley, Science and Christian Tradition, Collected Essays, vol. V, London:
Macmillan, 1894.
3
“By 1870 science was Professor Huxley.”, Adrian Desmond, Huxley, Harmondsworth: Penguin
Books, 1998, 377.
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théorie de la sélection naturelle ne fut pas inconditionnel4, et il milita en
faveur d’une théorie évolutionniste naturaliste. En 1869, il inventa le mot
« agnostique » et développa une épistémologie d’essence empiriste qui
s’opposait radicalement à toute réflexion ne se présentant pas comme
fondée sur l’observation des phénomènes naturels et sur l’uniformité de
la nature. Il devint le premier conseiller de la couronne en matière
scientifique et prit part à plusieurs commissions royales, dont une sur
l’éducation, où il se prononça sur la place de l’enseignement de la Bible
dans les écoles.
L’intérêt de Huxley pour la question biblique n’est donc pas un
épiphénomène et ce n’est certainement pas un hasard. L’attention qu’il
porte à la Bible doit, tout d’abord, être interprétée en lien avec ses idées
sur l’histoire et la religion, ce qui va nous amener à nous pencher sur sa
notion de « Nouvelle Réforme », ainsi que sur sa définition du religieux
distinct de la réflexion théologique. Une fois ce cadre posé, il faudra
encore nous interroger sur la valeur qu’il accorde à l’agnosticisme comme
méthode pour atteindre la vérité, ce qui nous permettra de mieux
comprendre la place de la Bible dans sa pensée, ainsi que son soutien à
l’enseignement de la Bible à l’école. Nous terminerons par l’analyse de
ses principaux arguments concernant l’épisode du Déluge.
Ce que nous voudrions montrer, c’est qu’au-delà des arguments
que développe Huxley dans tous les débats auxquels il a pris part à
l’époque, c’est la notion d’autorité qui est en jeu. En d’autres termes, ses
travaux sur la Bible ou ceux sur l’évolution naturelle des espèces
montrent que Huxley poursuit un objectif, qui est celui d’imposer
l’autorité de la science, telle qu’il la conçoit, aux dépens de toute pensée
ne se pliant pas à ses canons empiristes.
I/ Huxley et la « Nouvelle Réforme »
L’idée d’une « Nouvelle Réforme » apparaît pour la première fois
chez Huxley dans une conférence faite à la Royal Institution en 1860 et
consacrée aux espèces vivantes et à leur origine. Il semblerait que
l’expression provenait alors des écrits du phrénologue George Combe qui
annonçait une Réforme imminente en matière de religion5. Plus tard,
dans une lettre à sa femme de 1873, Huxley parle d’un « mouvement
4
“[…] Huxley always drew back from full acceptance of Darwin’s mechanism of natural selection. […]
Intellectually, Darwin’s bulldog was no ardent Darwinian – at least not when it came to a mechanism
for evolution”, Michael Ruse, “Thomas Henry Huxley and the Status of Evolution as Science”,
dans Alan P. Barr (ed.), Thomas Henry Huxley’s Place in Science and Letters, Centenary Essays,
Athens and London: The University of Georgia Press, 1997, 146.
5
Ruth Barton, “Evolution: The Whitworth Gun in Huxley’s War for the Liberation of Science
from Theology”, in D. Oldroyd et I. Langham, The Wider Domain for Evolutionary Thought,
Dordrecht: D. Reidel Publishing Company, 1983, 277.
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gigantesque plus important que celui qui a précédé et produit la
Réforme » et qui, en réalité, en constitue le prolongement. À ce moment,
Huxley semble avoir été influencé par Matthew Arnold et le théologien
David Strauss6.
Deux problèmes se posent en ce qui concerne cette « Nouvelle
Réforme » : à partir de l’interprétation de l’évolution historique propre à
Huxley, il va nous falloir à la fois déterminer la signification de la
Réforme qui culmine au XVIe siècle, et aussi appréhender les
caractéristiques de la « Nouvelle Réforme » au XIXe siècle, ce qui nous
permettra de mieux comprendre pourquoi on a pu aller jusqu’à qualifier
Huxley de « nouveau Luther »7.
A/ L’idée de « Nouvelle Réforme »
Huxley souligne que les premiers partisans du Protestantisme, qui
partageaient la volonté de limiter le surnaturalisme chrétien aux seules
Écritures, n’en remettaient nullement en question l’infaillibilité et
l’origine divine. Le principe de « liberté du jugement personnel » dans
l’interprétation de la Bible, qui s’opposait au catholicisme – et qu’Huxley
présente comme un synonyme de « raison » – n’amenait cependant pas le
fidèle à douter de la vérité du texte sacré, celui-ci restant pour lui
l’authentique Parole de Dieu8. Autrement dit, le Protestantisme a
préservé l’autorité infaillible des textes bibliques. Or, pour Huxley, le
dogme de l’infaillibilité appliqué à la Bible ne possédait pas plus
d’évidence que celui de l’infaillibilité papale, qui avait été définie lors du
premier Concile du Vatican en 1869-709. Dans ces conditions, sa lecture
de la Genèse ou des Évangiles va consister à en naturaliser le sens pour
en démontrer ce qu’il perçoit comme des contre-vérités scientifiques et,
par conséquent, en contester le caractère infaillible.
Puisque, selon Huxley, l’autorité et l’infaillibilité des Écritures
n’ont pas été remises en cause par la pensée protestante, on comprend
qu’il se refuse à voir dans l’avènement du Protestantisme un véritable
mouvement d’émancipation de la raison. Selon lui, d’esclave sous la
Papauté, la raison serait devenue serve dans le Protestantisme10. Ne
dépendant plus directement des jugements du pape, elle restait soumise à
6
“We are in the midst of a gigantic movement greater than that which preceded and produced the
Reformation, and really only the continuation of that movement”, cité dans Leonard Huxley, Life
and Letters of Thomas Henry Huxley by his Son Leonard Huxley, New York, D. Appleton and
Company, 1901, vol. 1, 427-428 ; cf. R. Barton, “Evolution: The Whitworth Gun in Huxley’s
War for the Liberation of Science from Theology”, op. cit., 277.
7
A. Desmond, Huxley, op. cit., 249.
8
T. H. Huxley, “Prologue”, dans Science and Christian Tradition, op. cit., 8-9.
9
Idem.
10
T. H. Huxley, “Prologue”, dans Science and Christian Tradition, op. cit., 12.
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l’autorité infaillible de la Révélation. C’est ce qui pousse Huxley à
dissocier l’aspiration à la liberté intellectuelle au XVIe siècle, qui, à ses
yeux, représentait le véritable moteur de la Réforme, du développement
du Protestantisme11. Cette séparation est la source des principes de la
« Nouvelle Réforme » que Huxley va décrire pour le XIXe siècle. Il
maintient que, s’il y eut une alliance entre l’humanisme et le
Protestantisme à la Renaissance, c’est que les humanistes étaient prêts à
soutenir tout ce qui tendait à affaiblir la puissance des autorités
ecclésiastiques dans la vie civile, ainsi que celle des moines, leurs
« ennemis jurés », selon l’expression de Huxley12. Cette opposition entre
autorités religieuses et liberté de pensée est au cœur de la problématique
qui va mener à la naissance et au développement de l’agnosticisme dans
le dernier tiers de l’époque victorienne. Le lien, purement stratégique,
d’après Huxley, entre humanisme et Protestantisme, fut cependant de
courte durée, puisque l’objectif des humanistes, la liberté intellectuelle
absolue dont jouissaient les anciens philosophes, était aussi opposé à
l’esprit du Protestantisme qu’à celui du catholicisme13. Les véritables
valeurs de libre-pensée de la Renaissance, distinctes des valeurs du
Protestantisme, ont ainsi poursuivi leur course à travers l’histoire, et on
les retrouve deux siècles plus tard, au siècle des Lumières.
Or, au XVIIIe siècle, la libre-pensée aurait été « submergée » (c’est
le mot qu’emploie Huxley) par une forte réaction des partisans de la
surnature, au point que l’on put croire, l’espace d’un instant, qu’elle avait
réussi à arrêter le mouvement naturaliste. Mais Huxley s’empresse
d’observer qu’à ce moment de l’histoire, la libre-pensée ne fit qu’entrer en
clandestinité, destinée qu’elle était à reparaître tôt ou tard sur les devants
de la scène intellectuelle14.
Il va jusqu’à percevoir l’influence des défenseurs du
surnaturalisme le plus intransigeant jusque dans le dernier tiers du XIXe
siècle, affirmant que la « bibliolâtrie » y est alors plus florissante que
jamais15. Les temps paraissaient donc mûrs pour l’avènement d’une
« Nouvelle Réforme ». Si les objectifs rejoignaient ceux des humanistes de
11
T. H. Huxley, “Prologue”, dans Science and Christian Tradition, op. cit., 13.
12
“[…] their sworn enemies, the monks”, T. H. Huxley, “Prologue”, dans Science and Christian
Tradition, op. cit., 14.
13
Idem.
14
T. H. Huxley, “Prologue”, dans Science and Christian Tradition, op. cit., 20.
15
“[…] the green bay tree of bibliolatry flourishes as it did sixty years ago. And, as in those good old
times, whoso refuses to offer incense to the idol is held to be guilty of a ‘dishonour to God,’ imperilling
his salvation”, T. H. Huxley, “Prologue”, dans Science and Christian Tradition, op. cit., 23. On
peut encore noter que les dangers de la « bibliolâtrie » peuvent avoir des conséquences
néfastes pour l’ensemble de la société. Huxley écrit, en effet : “Wherever bibliolatry has prevailed,
bigotry and cruelty have accompanied it”, T. H. Huxley, “Preface”, dans Science and Hebrew
Tradition, op. cit., ix.
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la Renaissance, les moyens à la disposition de ses adeptes étaient
néanmoins différents, puisque les libres penseurs du XIXe siècle
pouvaient se prévaloir des avancées de la science. Selon l’avis de Huxley,
celle-ci se présentait comme un véritable « ennemi » des tenants du
surnaturalisme16. Ainsi Huxley en arrive-t-il à penser que l’impact de la
science dans la société moderne représente l’apogée de la Réforme
commencée au XVIe siècle17.
On l’aura compris, la nécessité d’une « Nouvelle Réforme » se
justifie, aux yeux de Huxley, par l’existence d’un obstacle cléricothéologique, perçu comme ennemi de la liberté, notamment intellectuelle,
qu’il convient de combattre sans relâche jusqu’à la victoire finale de la
libre pensée, victoire qui ne fait d’ailleurs aucun doute à plus ou moins
brève échéance, comme il l’affirme dans cette même lettre de 1873,
destinée à son épouse, que nous avons déjà mentionnée18.
Il y a encore toute une dimension sociale et politique de la
« Nouvelle Réforme », que nous ne ferons qu’évoquer, qui donne à ce
concept une valeur qui transcende le cadre de l’analyse historique pour
en faire un instrument d’action sur la société en vue de sa transformation.
La « Nouvelle Réforme » est alors synonyme de libération des classes
laborieuses19. L’énergie que déploie Huxley pour l’éducation des masses,
avec, notamment, ses séries de conférences de vulgarisation scientifique,
dans lesquelles il ne perd pas une occasion de défendre l’évolution
naturelle des espèces contre le créationnisme d’origine biblique, peut
ainsi s’expliquer par sa volonté de participer activement au mouvement
réformateur qu’il a défini.
Il convient de mieux appréhender la nature de l’obstacle à
l’épanouissement de la « Nouvelle Réforme », afin de montrer comment
ce mouvement, qui se présente comme étant en faveur de la pensée libre,
revendique une autorité qui se fonde sur une certaine conception de la
science et de sa méthode.
B/ L’obstacle clérico-théologique et la définition de la religion
L’histoire, selon la lecture qu’en donne Huxley, se résume donc en
un conflit entre la libre pensée et des forces contraires qui jouissent d’une
16
“The extant forms of Supernaturalism have deep roots in human nature, and will undoubtedly die
hard; but, in these latter days, they have to cope with an enemy whose full strength is only just
beginning to be put out, and whose forces, gathering strength year by year, are hemming them round
on every side. The enemy is Science, in the acceptation of systematised natural knowledge, […]”, T. H.
Huxley, “Prologue”, dans Science and Christian Tradition, op. cit., 32.
17
Bernard Lightman, The Origins of Agnosticism, Baltimore and London: The Johns Hopkins
University Press, 1987, 124.
18
L. Huxley, Life and Letters of Thomas Henry Huxley, op. cit., vol. 1, 428.
19
“So Huxley’s ‘New Reformation’ was synonymous with the liberation of the industrial and
professional classes”, A. Desmond, Huxley, op. cit., 625.
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certaine autorité, et le destin de la société moderne dépend de l’issue de
cette confrontation20. Huxley identifie clairement l’ennemi : comme au
temps de la Renaissance, ce sont les autorités ecclésiastiques et leurs
partisans, qui sont perçus comme un frein au développement de la
civilisation21. Les mots dont il use à leur propos ne souffrent pas
l’ambiguïté, puisqu’ils ont tous une forte connotation négative22. Il en
parle souvent en employant le mot générique d’« ecclesiasticism », forgé
sur le modèle du français « cléricalisme », avec toutes les connotations
anti-catholiques qui s’attachaient alors à ce terme23.
À ces forces du mal, il oppose tous ceux qui ont lutté et qui luttent
encore en faveur de la vérité. Dans ce domaine, les mots qu’il emploie
pour les désigner ont une autre valeur24. Parmi ces représentants et
continuateurs des aspirations de la Renaissance se trouvent aussi bien
Darwin que David Strauss, l’un des protagonistes de la « Nouvelle
Réforme » selon Huxley25, auteur d’une Leben Jesu retentissante en 1835-6
(traduite par Littré en France) ainsi que de Der alte und der neue Glaube
(L’ancienne et la nouvelle foi) en 1872, que cite Huxley au début de sa
préface à La science et la tradition chrétienne26. D’après Huxley, la
particularité de ces auteurs réside dans le fait qu’ils récusent tout
dogmatisme et toute croyance qui ne repose pas sur l’expérience et sur de
véritables faits d’observation27. Ce manichéisme n’admet aucune
20
“On the outcome of this intellectual battle [between free thought and authority] depended the moral,
social and material progress of society”, R. Barton, “Evolution: The Whitworth Gun in Huxley’s
War for the Liberation of Science from Theology”, op. cit., 278.
21
“Ecclesiasticism had stood in the way of the advancement of science, art, jurisprudence, the best
political and social theories, and the highest ethics”, J. Vernon Jensen, Thomas Henry Huxley,
Communicating for Science, Newark, London and Toronto: Associated University Presses, 1991,
130.
22
“The villains – the ecclesiastics – were ‘uncultured men’ (1:34), ‘depreciators of natural knowledge’
(1:28), ‘blind leaders of the blind’ (1:30), ‘theological dogmatists’ (4:212), or ‘counsels for creeds’
(5:358). They were ignorant, emotionally unstable, immature, uninformed, self-righteous, irrational,
inconsistent, incompetent, and lacked common sense, meekness, patience, courtesy, and love. Huxley of
course occasionally spoke well of those few theologians who tended to see things somewhat similarly to
him as ‘theologians of repute’ (5:330) or ‘Biblical scholars of repute’ (4:227)”, J. Vernon Jensen,
Thomas Henry Huxley, Communicating for Science, op. cit., 127.
23
J. Vernon Jensen, Thomas Henry Huxley, Communicating for Science, op. cit., 138.
24
“His heroes were ‘rational men’ (5:43), ‘the best intellects’ (1:25), ‘trained intellects’ (4:56), ‘all
thinking men’ (1:28), ‘any serious thinker’ (5:35), ‘a very candid thinker’ (4:48), ‘honest thinkers’
(4:49), ‘serious scientific inquirers’ (4:215), ‘all serious critics’ (4:212), ‘right-minded men’ (4:236),
and anyone ‘competent to judge’ (5:33). Other adjectives employed were ‘cautious,’ ‘calm,’
‘thoughtful,’ ‘mature,’ ‘patient,’ and ‘thorough’”, J. Vernon Jensen, Thomas Henry Huxley,
Communicating for Science, op. cit., 127.
25
T. H. Huxley, “Preface”, dans Science and Christian Tradition, op. cit., vi.
26
Ibidem, v-vi.
27
Huxley écrit, par exemple : “Mr. Darwin abhors mere speculation as nature abhors a vacuum. He is
as greedy of cases and precedents as any constitutional lawyer, and all the principles he lays down are
capable of being brought to the test of observation and experiment. The path he bids us follow professes
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exception, et ceux qui ne sont pas avec Huxley sont contre lui28. Il n’y a
pas de conciliation possible entre les deux camps. On ne peut être à la fois
membre du clergé et membre de la communauté des savants, le
« cléricalisme » étant « l’ennemi mortel de la science »29. Son
anticléricalisme est donc « sans concession et pugnace », pour reprendre
la formule de Stephen Jay Gould30.
Cette dichotomie entre le bien et le mal se matérialise dans son rejet
du discours théologique et des dogmes. En 1864, Huxley crée, en
compagnie d’autres auteurs de l’époque, un groupe qui se nommera le X
Club. Thomas Hirst, l’un des membres de ce groupe, a décrit le point
commun qui les rassemblait : « le lien qui nous unissait était la dévotion à
la science, pure et libre, non entravée par des dogmes religieux »31. Le
dogme était perçu comme un obstacle à la liberté intellectuelle, donc
contraire à l’esprit de la « Nouvelle Réforme », et la théologie
représentait, à leurs yeux, une source d’autorité capable d’étouffer la
vérité de la science32. En d’autres termes, selon ces auteurs, la théologie
était une menace à l’autonomie du travail scientifique.
Pour Huxley, il s’agissait donc de substituer une autorité à une
autre, l’autorité de la science à l’autorité religieuse. Il n’était pas le seul à
le penser à l’époque, puisque le physicien irlandais, John Tyndall, par
exemple, dans un discours célèbre prononcé à Belfast en 1874, affirmait la
même chose33. C’est également ce à quoi semblent s’être attachés les
to be, not a mere airy track, fabricated of ideal cobwebs, but a solid and broad bridge of facts”, T. H.
Huxley, “The Darwinian Hypothesis”, dans Darwiniana, Collected Essays, vol. II, London:
Macmillan, 1894, 20-21.
28
J. Vernon Jensen, Thomas Henry Huxley, Communicating for Science, op. cit., 126.
29
“[…] that ecclesiastical spirit, that clericalism, which in England, as everywhere else, and to whatever
denomination it may belong, is the deadly enemy of science”, T. H. Huxley, dans Method and
Results, Collected Essays, vol. I, London: Macmillan, 1894, 16-17.
30
“[…] though not anti-religious [cf. infra], [Huxley] was uncompromisingly and pugnaciously
anticlerical”, Stephen Jay Gould, cité dans J. Vernon Jensen, Thomas Henry Huxley,
Communicating for Science, op. cit., 191.
31
“Besides personal friendship, the bond that united us was devotion to science, pure and free,
untrammelled by religious dogmas”, Thomas Archer Hirst, cité dans J. Vernon Jensen, Thomas
Henry Huxley, Communicating for Science, op. cit., 143.
32
“Theology was a threat because it represented a traditional source of intellectual authority that had
always kept science in a subordinate position”, Peter J. Bowler, The Non-Darwinian Revolution,
Reinterpreting a Historical Myth, Baltimore and London: The Johns Hopkins University Press,
[1988] 1992, 178.
33
“We claim, and we shall wrest from theology, the entire domain of cosmological theory. All schemes
and systems which thus infringe upon the domain of science must, in so far as they do this, submit to
its control, and relinquish all thought of controlling it”, John Tyndall, Fragments of Science, New
York: A. L. Burt Co., s. d., 6th ed., 491.
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membres du X Club, en en faisant un instrument « politique » en faveur
de la cause scientifique34.
Il convient toutefois de faire remarquer que ce refus de la théologie
ne signifiait pas le rejet de la religion. Influencé par le romantisme
allemand, par Goethe et Carlyle, Huxley distingue, en effet, la religion,
domaine du sentiment, de la théologie, qui, à l’instar de la science, se
présente comme un discours rationnel, et peut, dès lors, entrer en conflit
avec elle35. Il n’y a pas d’antagonisme entre la science et la religion
proprement dite, mais entre la science et la théologie, toutes deux étant le
produit de la faculté intellectuelle, c’est-à-dire de la raison36. Pour ce qui
est de la religion, elle est de l’ordre du sentiment, de l’émotion, de
l’imagination, du symbole, et elle s’apparente à l’art et à la poésie37. Il faut
encore préciser que, dans l’esprit de Huxley, inclure la religion dans le
domaine du sentiment n’était pas la dégrader, mais seulement l’établir à
sa place, en tant que distincte de la connaissance rationnelle, dont la
science constituait le modèle.
Par conséquent, rien ne s’opposait vraiment à ce que la Bible fasse
partie des programmes scolaires38, mais sous certaines conditions39.
Huxley défend l’idée de la lecture de la Bible à l’école dans le but
d’enseigner les principes généraux de la morale, mais cette lecture doit
être sélective et se faire sans aucun commentaire d’ordre théologique40.
34
“Meeting the first Thursday of every month between October and June, the X Club wielded
unparalleled influence within the scientific world for almost thirty years. In combination, the members
of the X Club ‘conspired’ to promote their ideal of unfettered scientific research. Committed to the creed
of ‘scientific naturalism’, they believed that all phenomena in the material world could be reduced to
naturalistic explanations; revelation had no explanatory role in the realm of scientific investigation”, J.
F. M. Clark, “‘The Ants Were Duly Visited’: Making Sense of John Lubbock, Scientific
Naturalism and the Senses of Social Insects”, The British Journal for the History of Science, (30),
1997, 157.
35
R. Barton, “Evolution: The Whitworth Gun in Huxley’s War for the Liberation of Science from
Theology”, op. cit., 264; 267.
36
“Whereas religion, along with poetry and art, belonged to the province of feeling, the agnostics placed
theology in the realm of intellect or reason. The propositions of theology could therefore be tested like
any other proposition in the realm of intellect. Theology must submit itself to the authority of science.
Furthermore, on the basis of the distinction between religion and theology, the agnostics could claim
that there was only a potential conflict between theology and science, not religion and science”, B.
Lightman, The Origins of Agnosticism, op. cit., 128.
37
Idem.
38
“The foundation of Huxley’s defence of Bible reading was a distinction between feeling and intellect
which allowed him to separate religion from theology […]”, R. Barton, “Evolution: The Whitworth
Gun in Huxley’s War for the Liberation of Science from Theology”, op. cit., 263.
39
“At the same time, I laid stress upon the necessity of placing such instruction in lay hands; in the hope
and belief, that it would thus gradually accommodate itself to the coming changes of opinion; that the
theology and the legend would drop more and more out of sight, while the perennially interesting
historical, literary, and ethical contents would come more and more into view”, T. H. Huxley,
“Prologue”, dans Science and Christian Tradition, op. cit., 57.
40
“I have the fullest confidence that in the reading and explaining of the Bible what the children will be
taught will be the great truths of Christian life and conduct, which all of us desire they should know,
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Ces leçons consacrées à l’enseignement biblique devaient amener les
enfants à reconnaître la « beauté morale » des religions, au moyen d’une
étude grammaticale, géographique et historique41.
Puisque la théologie a, en quelque sorte, corrompu la religion,
l’opposition à la réflexion théologique prend une dimension nouvelle,
quand on sait que c’est la science qui revendique la sphère du rationnel.
La science devient un instrument de purification du savoir en général, et
de la religion en particulier42. Sa méthode naturaliste fonde l’agnosticisme
qui devient le « novum organum », le nouvel outil, de la recherche de la
vérité.
C/ L’agnosticisme comme méthode
C’est en 1869, nous l’avons dit, que Huxley a inventé le mot
« agnostique ». Ce faisant, écrit-il, il souhaitait se démarquer aussi bien de
l’athéisme, du théisme, du panthéisme, du matérialisme, de l’idéalisme
que du christianisme43. Selon Huxley, toutes ces doctrines prétendent
connaître ce qu’elles ne sont pas en mesure de démontrer, à savoir
l’essence de la réalité. Le matérialisme, par exemple, implique une
« erreur philosophique grave », parce qu’il déclare atteindre la réalité
absolue, ultime, alors que celle-ci, soutient Huxley, est inconnaissable44.
Dans ce domaine, ce sont les philosophies de Hume, de Kant et de
Hamilton qui lui servent à justifier le principe empiriste sur lequel repose
la pensée agnostique45. Mais, pour Huxley, l’agnosticisme n’est pas tant
une doctrine qu’une méthode. Bien plus, l’agnosticisme, c’est l’« essence
de la science », au dire de Huxley, et il ajoute que l’agnosticisme ne veut
and that no efforts will be made to cram into their poor little minds theological dogmas which their
tender age prevents them from understanding”, L. Huxley, Life and Letters of Thomas Henry Huxley,
op. cit., vol. 1, 369.
41
L. Huxley, Life and Letters of Thomas Henry Huxley, op. cit., 368 ; A. Desmond, Huxley, op. cit.,
403.
42
“Huxley was positive that science had acted as a beneficial influence in purifying theology and hence
religion as well”, B. Lightman, The Origins of Agnosticism, op. cit., 134.
43
L. Huxley, Life and Letters of Thomas Henry Huxley, op. cit., vol. 1, 343-344.
44
“[…] I, individually, am no materialist, but, on the contrary, believe materialism to involve grave
philosophical error”, T. H. Huxley, “On the Physical Basis of Life”, dans Method and Results, op.
cit., 155 ; “My fundamental axiom of speculative philosophy is that materialism and spiritualism
are opposite poles of the same absurdity – the absurdity of imagining that we know anything about
either spirit or matter”, T. H. Huxley, cité dans L. Huxley, Life and Letters of Thomas Henry
Huxley, op. cit., vol. 1, 262 (souligné par Huxley).
45
Huxley affirme que Hume, Kant et Hamilton “are my philosophical forefathers”, cité dans B.
Lightman, The Origins of Agnosticism, op. cit., 137. Il convient de faire remarquer que
l’interprétation de Huxley est sélective, puisqu’il n’accepte pas l’ensemble des systèmes
philosophiques de ces auteurs, mais seulement ce qui lui semble démontrer les limites de la
connaissance.
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rien avoir à faire avec le surnaturalisme46. En fait, l’agnosticisme souligne
les limites de la connaissance humaine, et tout ce qui transcende la
phénoménalité – le « noumène » chez Kant, l’ « inconditionné » chez
Hamilton – est déclaré inconnaissable. La connaissance se constitue à
partir de l’expérience, de l’observation des phénomènes, et dépend d’un
principe fondamental indémontrable, mais nécessaire : l’uniformité de la
nature. Le domaine de l’activité scientifique se distingue donc de ce que
George Henry Lewes nomme le « métempirique », c’est-à-dire ce qui est
au-delà de l’empirique, au-delà de l’expérience47. La vérité est dans les
faits, obtenus par la méthode scientifique. La science en appelle à
l’observation et à l’expérience, non à l’autorité aveugle48. On assiste donc
à la naturalisation du savoir, motivée par un empirisme issu d’une
épistémologie insistant sur les limites de la connaissance humaine.
L’agnosticisme comme méthode d’investigation de la nature se
présente, chez Huxley, comme l’antidote à nombre d’assertions infondées
du « cléricalisme », et l’on peut donc le tenir pour le point
méthodologique culminant de la « Nouvelle Réforme » au XIXe siècle.
Dans ces conditions, il est intéressant de le voir à l’œuvre dans un cas
particulier, celui concernant la véracité de l’épisode du Déluge.
II/ L’exemple du Déluge
L’analyse de la façon dont Huxley aborde l’épisode du Déluge, tel
qu’on peut le lire dans le livre de la Genèse aux chapitres 6 à 8, va nous
permettre de clarifier les caractéristiques de sa méthode naturaliste. Deux
points retiendront notre attention : tout d’abord, le choix des partisans du
concordisme et du littéralisme comme modèle d’interprétation des
Écritures ; ensuite, la conduite de l’argumentation, qui se fonde sur une
opposition inconciliable entre la vérité de la science et l’erreur de
l’interprétation théologique.
A/ Le concordisme comme cible privilégiée
Le Déluge tient une place particulière dans l’histoire des idées. Il
existe, en effet, une importante littérature sur le sujet, qui, d’ailleurs, ne se
46
“Agnosticism is the essence of science, whether modern or ancient. It simply means that a man shall
not say he knows or believes that which he has not scientific ground for profession to know or believe.
[…] It declines to have anything to do with supernaturalism”, T. H. Huxley, cité dans J. Vernon
Jensen, Thomas Henry Huxley, Communicating for Science, op. cit., 114.
47
“The metempirical region is the void where Speculation roams unchecked; where Sense has no footing;
where Experiment can exercise no control; and where Calculation ends in Impossible Quantities”,
George Henry Lewes, Problems of Life and Mind, London: Trübner and Company, 1874, vol. I,
18.
48
“The improver of natural knowledge absolutely refuses to acknowledge authority, as such. For him,
scepticism is the highest of duties; blind faith the one unpardonable sin”, T. H. Huxley, “On the
Advisableness of Improving Natural Knowledge”, dans Method and Results, op. cit., 40.
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limite pas à l’Angleterre. L’histoire de Noé a beaucoup intéressé les
géologues, et les années qui vont de la fin du XVIIIe siècle jusqu’aux
environs de 1840 sont marquées par le développement des études
géologiques. C’est le moment où s’affrontent les catastrophistes et les
actualistes. Si la théorie catastrophiste défend l’idée selon laquelle
l’histoire de la terre a connu une suite de cataclysmes dévastateurs, qui
représentent de véritables discontinuités, l’uniformitarisme ou
actualisme, dont la référence reste Les principes de la géologie de Charles
Lyell publiés entre 1830 et 1833, penche plutôt pour la continuité, selon
laquelle le passé géologique de la terre s’explique par des phénomènes
qu’il est encore possible d’observer de nos jours49. En France, l’un des
principaux tenants du catastrophisme, le Baron Cuvier, déclare avoir
« constaté » les traces d’un de ces cataclysmes qui a dû se dérouler il y a
quelques milliers d’années seulement :
Je pense donc, […] que, s’il y a quelque chose de constaté en géologie, c’est que
la surface de notre globe a été victime d’une grande et subite révolution, dont la
date ne peut remonter beaucoup au-delà de cinq ou six mille ans ; que cette
révolution a enfoncé et fait disparaître les pays qu’habitaient auparavant les
hommes et les espèces des animaux aujourd’hui les plus connus ; qu’elle a, au
contraire, mis à sec le fond de la dernière mer, et en a formé les pays
aujourd’hui habités ; que c’est depuis cette révolution que le petit nombre des
individus épargnés par elle se sont répandus et propagés sur les terrains
nouvellement mis à sec, et par conséquent c’est depuis cette époque seulement
que nos sociétés ont repris une marche progressive, qu’elles ont formé des
établissements, élevé des monuments, recueilli des faits naturels, et combiné
des systèmes scientifiques50.
Autrement dit, les faits établis par la géologie ne semblaient pas
contredire la Genèse et, par conséquent, il existait un accord possible
entre le livre de la nature et le Livre de la Révélation. Si les écrits du
grand Cuvier paraissaient favorable à un certain concordisme, d’autres
iront beaucoup plus loin, offrant une lecture littérale du Déluge, dans le
but de justifier, dans ses moindres détails, la véracité des tribulations de
Noé. On va jusqu’à déterminer la date exacte du début du Déluge, et l’on
calcule le poids de l’arche51. On note que ces tentatives de démonstration
49
« Actualisme, ou principe des causes actuelles (Deluc, 1790), ou doctrine uniformitarienne
(Whewell, 1832). Il consiste à postuler que les phénomènes anciens obéissent à des lois de
même nature et de même intensité que les phénomènes actuels. Il s’oppose traditionnellement
au catastrophisme (Whewell) pour qui les phénomènes passés ont eu, soit au début des temps
géologiques, soit périodiquement, une plus grande ampleur », Gabriel Gohau, Une histoire de
la géologie, Paris : Seuil, 1990, 265.
50
Cuvier, Discours sur les révolutions de la surface du globe et sur les changements qu’elles ont produits
dans le règne animal, 1812, 5ème éd. 1828, cité dans Dominique Tassot, La Bible au risque de la
science, de Galilée au P. Lagrange, Paris : Éditions François-Xavier de Guibert, 1997, 262.
51
“The best chronologists calculated that Noah’s rain began to fall on Sunday, 7 December 2347 B. C.”,
Owen Chadwick, The Victorian Church, London, Adam and Charles Black, 1970, vol. 1, 560 ;
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de la véracité du Déluge s’accordent pour reconnaître l’autorité et
l’infaillibilité de la Bible. Inutile d’insister sur le fait que ce type
d’interprétation fut fermement combattu par Huxley.
On peut faire remarquer qu’il existait d’autres lectures possibles, de
type allégorique par exemple, et que tous les lecteurs de la Bible n’en
soutenaient évidemment pas la littéralité à cette époque52. Certes, mais il
apparaît que Huxley ne goûtait guère l’interprétation allégorique des
Écritures, comme, par exemple, les interprétations qui avaient été
publiées dans Essays and Reviews ou Lux Mundi53. User de l’allégorie pour
interpréter la Bible contrevenait, en effet, à l’idée de Huxley selon laquelle
un conflit frontal, direct, était inévitable entre les affirmations de la
science et les positions de ceux qui défendaient l’infaillibilité des textes
sacrés. Accepter la thèse de l’allégorisation, c’était ouvrir la porte à la
possible conciliation entre science et Bible, ce que refusait Huxley54. Il
estimait, en outre, que l’idée d’ « inspiration » des Écritures n’avait pas de
valeur scientifique – la science, rappelons-le, étant fondée sur l’expérience
et l’observation – et qu’il était donc inutile de s’en préoccuper55.
En fait, il ne distingue que deux possibilités pour ce qui est des
récits rapportant des événements passés56 (il ne prend pas en
considération les œuvres de fiction, qui ne prétendent pas à la vérité
“The best calculators reckoned the ark at 42,413 tons”, O. Chadwick, The Victorian Church, op. cit.,
562.
52
Pour ce qui est de l’impact supposé du darwinisme sur une lecture littérale de la Bible, D.
Becquemont écrit, par exemple : « En premier lieu, les théories darwiniennes étaient
absolument incompatibles avec une interprétation littérale de la cosmogonie biblique. Mais
cette cosmogonie était déjà rejetée avant Darwin par une fraction importante du clergé
anglican », Daniel Becquemont, Darwin, darwinisme, évolutionnisme, Paris : Kimé, 1992, 151.
53
“I confess I soon lose my way when I try to follow those who walk delicately among ‘types’ and
allegories”, T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the Light of Science”, dans Science and
Hebrew Tradition, op. cit., 232 ; “[…] those refuges for the logically destitute, accommodation or
allegory. But the faithful who fly to allegory in order to escape absurdity resemble nothing so much as
the sheep in the fable who – to save their lives – jumped into the pit. The allegory pit is too
commodious, is ready to swallow up so much more than one wants to put into it”, T. H. Huxley,
“Agnosticism and Christianity”, dans Science and Christian Tradition, op. cit., 324.
54
Huxley a ainsi refusé de signer une pétition en faveur de Essays and Reviews : “Lubbock started
a counter-petition, which praised the book for trying to put the Church’s teachings on a ‘firmer’
footing. Lyell, Busk, Carpenter and Darwin signed. But at Oxford, Rolleston refused, no lover of
Essays. So did Huxley, Hooker and Ramsay, who actually agreed with the hard-line bishops that ‘the
position of the Essayists [was] untenable for Clergymen’. As astute strategists, they knew that this
reconciliation wrecked their professional strategy, which relied on confrontation”, A.
Desmond, Huxley, op. cit., 298 (nous soulignons).
55
“The question of ‘Inspiration’ really possesses no interest for those who have cast ecclesiasticism and all
its works aside, and have no faith in any source of truth save that which is reached by the patient
application of scientific methods”, T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the Light of
Science”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 233.
56
T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the Light of Science”, dans Science and Hebrew
Tradition, op. cit., 201 sq.
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historique). Un récit peut être absolument vrai ou à la fois vrai et faux57.
La question que pose Huxley est celle de savoir s’il existe des récits
historiques qui appartiennent à la première de ces catégories, c’est-à-dire
celle des récits absolument vrais, ceux qui correspondent exactement aux
faits tels qu’ils se sont effectivement déroulés. Selon lui, la majorité des
œuvres historiques ne sont que partiellement vraies et mêlent, dans des
proportions variables, la vérité et la fiction58. Cependant, citations à
l’appui, Huxley affirme que le Christianisme de l’époque soutenait la
véracité historique exacte des récits bibliques, donc y compris celle du
Déluge, ce qui revenait ainsi à soutenir que les Écritures se distinguaient
des autres types de récits par leur infaillibilité. Le travail de Huxley
consiste donc à démontrer que cette affirmation est insoutenable, et que la
Bible est un livre comme un autre, qui mélange vérité et fiction, et qui, de
fait, ne peut prétendre à l’infaillibilité que lui prêtent les partisans du
« cléricalisme ».
Mais, au-delà de cette volonté de démontrer la faillibilité de la Bible
de la part de Huxley, c’est, une nouvelle fois, la théologie qui est visée,
car, pour lui, elle dépend entièrement de la véracité historique des récits
bibliques59. L’objectif qu’il se fixe est donc de s’en prendre à la théologie à
travers la critique de la Bible en général, et celle de l’épisode du Déluge
en particulier. Puisque la théologie, qui se réclame de la faculté
raisonnable, prétend reposer sur un texte qu’elle déclare infaillible,
montrer la part de fiction du texte revient, finalement, à contraindre la
théologie à renoncer à ses prétentions rationnelles.
Pour ce qui est de la méthode, c’est la science expérimentale qui en
fournit les instruments. Se dessine alors un antagonisme entre le discours
de la science et celui des Écritures, où l’on retrouve la notion d’autorité.
La Bible, écrit Huxley, prétend apporter des réponses exactes sur un
terrain que revendique la science expérimentale. Elle décrit des
57
“The narrative may be exactly true. That is to say, the words, taken in their natural sense, and
interpreted according to the rules of grammar, may convey to the mind of the hearer, or of the reader an
idea precisely correspondent with one which would have remained in the mind of a witness”, T. H.
Huxley, “The Lights of the Church and the Light of Science”, dans Science and Hebrew
Tradition, op. cit., 201 ; “Or the narrative may be partly true and partly false. […] Such narratives,
while veracious as to the main event, may and do exhibit various degrees of unconscious and conscious
misrepresentation, suppression, and invention, till they become hardly distinguishable from pure
fictions”, T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the Light of Science”, dans Science and
Hebrew Tradition, op. cit., 202.
58
T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the Light of Science”, dans Science and Hebrew
Tradition, op. cit., 203-205.
59
“I am fairly at a loss to comprehend how any one, for a moment, can doubt that Christian theology
must stand or fall with the historical trustworthiness of the Jewish Scriptures”, T. H. Huxley, “The
Lights of the Church and the Light of Science”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 207.
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événements que la science réfute, d’où un conflit inévitable60. C’est donc
le drame de la « Nouvelle Réforme » qui se joue à nouveau ici. La liberté
et la vérité se trouveraient compromises par les affirmations
insoutenables du « cléricalisme », et la démonstration minutieuse de la
fausseté de ses prétentions n’aurait d’autre but, pour Huxley, que de
défendre ces valeurs menacées.
B/ Huxley et la faculté « mytho-poétique »
Les arguments qu’il oppose à la véracité historique du Déluge sont
scientifiques et littéraires. Il commence sa réfutation scientifique en
soulignant un recul du littéralisme, ce qui, dans son esprit, n’est
évidemment pas anodin, puisqu’il marque une première concession
d’importance : c’est l’abandon de l’idée de Déluge universel chez ceux,
dit-il, qui ont appris à maîtriser les rudiments de la science61. La science
possède donc la vertu de délivrer de l’erreur ceux qui se donnent la peine
de la comprendre. C’est, d’ailleurs, un outil rhétorique caractéristique
chez Huxley que de montrer les reculs successifs de ses adversaires pour
mettre au jour l’élasticité de leurs arguments et, au bout du compte, pour
les acculer à reconnaître la faiblesse de leur position62. La science semble
ainsi toujours parvenir à débusquer l’erreur, là où elle se trouve.
Reste que les tenants de la véracité historique du Déluge ont adapté
leur discours en remplaçant le mot « universel » par celui de « partiel »,
l’épisode biblique devenant, dès lors, un événement historique local. Par
ce revirement, affirme Huxley, ces auteurs espéraient être en mesure
d’accorder le récit des Écritures aux découvertes de la science moderne63.
60
“The books of ecclesiastical authority declare that certain events happened in a certain fashion; the
books of scientific authority say they did not”, T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the
Light of Science”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 213.
61
“Notwithstanding diligent search, I have been unable to discover that the universality of the Deluge
has any defender left, at least among those who have so far mastered the rudiments of natural
knowledge as to be able to appreciate the weight of evidence against it”, T. H. Huxley, “The Lights of
the Church and the Light of Science”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 217.
62
“While, therefore, every right-minded man must sympathise with the efforts of those theologians [the
authors of Lux Mundi], who have not been able altogether to close their ears to the still, small, voice of
reason, to escape from the fetters which ecclesiasticism has forged; the melancholy fact remains, that the
position they have taken up is hopelessly untenable. It is raked alike by the old-fashioned artillery of the
Churches and by the fatal weapons of precision with which the enfants perdus of the advancing forces
of science are armed. They must surrender, or fall back into a more sheltered position. And it is possible
that they may long find safety in such retreat”, T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the
Light of Science”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 236.
63
“But I am quite aware that the strength of the demonstration that no universal Deluge ever took place
has produced a change of front in the army of apologetic writers. They have imagined that the
substitution of the adjective ‘partial’ for ‘universal,’ will save the credit of the Pentateuch, and permit
them, after all, without too many blushes, to declare that the progress of modern science only
strengthens the authority of Moses”, T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the Light of
Science”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 220.
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En d’autres termes, dans son étude du livre de la nature, la science
confirmerait le Livre de la Révélation. Mais, pour Huxley, cette entreprise
de conciliation est vouée à l’échec, car l’hypothèse du Déluge partiel ne
serait pas plus soutenable que celle du Déluge universel. En vérité,
affirme-t-il, nombreux sont les détails du récit biblique qui vont à
l’encontre des résultats les plus assurés de la science64. La conciliation
espérée par les tenants du concordisme se révèle donc finalement
impossible. Même les fondements de la théorie catastrophiste lui
semblent discutables, puisque le recours à des catastrophes serait le
produit d’un manque de patience dans la recherche des causes efficientes
des phénomènes naturels65. Autrement dit, le catastrophisme n’a pas de
justification scientifique, mais il a des racines psychologiques.
La conclusion qui s’impose alors du point de vue de la science
serait que le récit du Déluge ne rapporte pas des faits historiques66, et ce
résultat concorderait avec l’autre type d’approche, plus littéraire et
historique, que Huxley propose dans la suite de son analyse. Dans ce cas
aussi, des « faits bien établis » dans ces disciplines démontreraient le
caractère légendaire de l’épisode rapporté dans la Genèse67.
Huxley en vient finalement à proposer une explication
psychologique pour en justifier l’existence. Les textes de la Genèse se
voient ainsi gratifiés d’une valeur mytho-poétique, dont l’objectif aurait
été de résoudre les interrogations métaphysiques et historiques du peuple
Hébreu, notamment celles concernant l’origine de l’univers et la présence
64
“[…] many of the very precisely stated details of Noah’s flood contradict some of the best established
results of scientific inquiry”, T. H. Huxley, “Hasisadra’s Adventure”, dans Science and Hebrew
Tradition, op. cit., 263.
65
“With respect to such inundations as are the consequences of earthquakes, and other slight movements
of the crust of the earth, I have never heard of anything to show that they were more frequent and
severer in the quaternary or tertiary epochs than they are now. In the discussion of these, as of all other
geological problems, the appeal to needless catastrophes is born of that impatience of the slow and
painful search after sufficient causes, in the ordinary course of nature, which is a temptation to all,
though only energetic ignorance nowadays completely succumbs to it”, T. H. Huxley, “Hasisadra’s
Adventure”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 283.
66
“Thus, in view, not, I repeat, of the recondite speculations of infidel philosophers, but in the face of the
plainest and most commonplace of ascertained physical facts, the story of the Noachian Deluge has no
more claim to credit than has that of Deucalion; and whether it was, or was not, suggested by the
familiar acquaintance of its originators with the effects of unusually great overflows of the Tigris and
Euphrates, it is utterly devoid of historical truth”, T. H. Huxley, “The Lights of the Church and
the Light of Science”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 226.
67
T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the Light of Science”, dans Science and Hebrew
Tradition, op. cit., 226 sq. ; “[…] the story of the Flood in Genesis is merely a Bowdlerised version of
one of the oldest pieces of purely fictitious literature extant; […] whether this is, or is not, its origin, the
events asserted in it to have taken place assuredly never did take place”, T. H. Huxley, “The Lights of
the Church and the Light of Science”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 229 ; “Unless I
greatly err, the arguments adduced go a long way to prove that the accounts of the Creation and of the
Deluge in the Hebrew scriptures are mere legends”, T. H. Huxley, “Preface”, dans Science and
Hebrew Tradition, op. cit., x.
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du mal chez l’homme. Selon Huxley, le Pentateuque en présenterait « les
solutions qui apparaissaient satisfaisantes à son auteur »68.
Conclusion
Les écrits de Huxley sur la Bible doivent être interprétés en lien
avec le développement de la « Nouvelle Réforme » et de l’agnosticisme,
celui-ci étant défini comme « essence de la science ». Sur ce point, Huxley
était fermement convaincu de l’existence d’un conflit inévitable entre la
science et la théologie, et la question de l’autorité est apparue essentielle,
aussi bien du point de vue intellectuel que social. Sur le plan intellectuel,
la science revendique la totalité du savoir rationnel. Pour ce qui est de
l’aspect social, la science revendique un statut69. Dans ces conditions, la
Bible représentait un obstacle, du fait des prétentions supposées du
« cléricalisme » à imposer son autorité et son infaillibilité70. Pour Huxley,
toute prétention à l’infaillibilité était une « malédiction »71, puisque la
liberté de pensée était alors menacée ainsi que la recherche scientifique de
la vérité.
Toutefois, le rôle de la science n’est peut-être pas aussi transparent
qu’il n’y paraît. En effet, on peut s’interroger sur la conception de la
science chez Huxley qu’il oppose à la « tradition », dans le titre de ses
deux tomes des Collected Essays consacrés à des questions bibliques. Cette
science, nous l’avons dit, repose sur une pensée de type empiriste et c’est
elle, au bout du compte, qui justifie la réfutation de la véracité historique
68
“The compiler of Genesis, in its present form, evidently had a definite plan in his mind. His
countrymen, like all other men, were doubtless curious to know how the world began; how men, and
especially wicked men, came into being, and how existing nations and races arose among the
descendants of one stock; and, finally, what was the history of their own particular tribe. They, like
ourselves, desired to solve the four great problems of cosmogeny, anthropogeny, ethnogeny, and
geneogeny. The Pentateuch furnishes the solutions which appeared satisfactory to its author. One of
these, as we have seen, was borrowed from a Babylonian fable; and I know of no reason to suspect any
different origin for the rest”, T. H. Huxley, “The Lights of the Church and the Light of Science”,
dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., 235.
69
“If the scientific profession was to gain the status it thought it deserved within the new industrial
world, it would have to establish its role as the most authoritative source of rational knowledge”, P. J.
Bowler, The Non-Darwinian Revolution, Reinterpreting a Historical Myth, op. cit., 178.
70
Huxley écrit : “It [Bibliolatry] lies at the root of the deep-seated, sometimes disguised, but never
absent, antagonism of all the varieties of ecclesiasticism to the freedom of thought and to the spirit of
scientific investigation. For those who look upon ignorance as one of the chief sources of evil; and hold
veracity, not merely in act, but in thought, to be the one condition of true progress, whether moral or
intellectual, it is clear that the biblical idol must go the way of all other idols. Of infallibility, in all
shapes, lay or clerical, it is needful to iterate with more than Catonic pertinacity, Delenda est”, T. H.
Huxley, “Preface”, dans Science and Hebrew Tradition, op. cit., ix-x.
71
“The truth is that the pretension to infallibility, by whomsoever made, has done endless mischief; with
impartial malignity it has proved a curse, alike to those who have made it and those who have accepted
it; and its most baneful shape is book infallibility”, T. H. Huxley, “Preface”, dans Science and
Hebrew Tradition, op. cit., ix.
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des miracles dans la Bible. Le constat d’une opposition frontale entre
science et théologie chez Huxley, pose donc une question fondamentale
au niveau épistémologique, donc philosophique, à savoir : le lien entre la
science expérimentale et l’empirisme est-il un lien nécessaire ? Des
auteurs de l’époque ne le pensaient pas72. Ceci conduit à une autre
question, non moins importante que la précédente : l’affrontement
supposé entre la vérité de la science et l’erreur de l’exégèse ou de la
pensée religieuse ne révèle-t-il pas, en dernière analyse, l’existence de
principes philosophiques absolument divergents ?
Dans cette optique, l’interprétation de la Bible chez Huxley, qui
implique une naturalisation de son contenu, découlerait directement de
son épistémologie.
Bibliographie
Sources primaires :
CARO Elme Marie, Le Matérialisme et la science, Paris : Hachette, 1867.
HUXLEY Thomas Henry, Method and Results, Collected Essays, vol. I,
London: Macmillan, 1894.
HUXLEY Thomas Henry, Darwiniana, Collected Essays, vol. II, London:
Macmillan, 1894.
HUXLEY Thomas Henry, Science and Hebrew Tradition, Collected Essays,
vol. IV, London: Macmillan, 1893.
HUXLEY Thomas Henry, Science and Christian Tradition, Collected Essays,
vol. V, London: Macmillan, 1894.
LEWES George Henry, Problems of Life and Mind, London: Trübner and
Company, vol. I, 1874.
TYNDALL John, Fragments of Science, New York: A. L. Burt Co., s. d..
72
Voir, parmi d’autres, les écrits d’auteurs comme les physiciens Peter G. Tait ou James C.
Maxwell. En France, E. M. Caro insiste également sur la distinction entre science
expérimentale et pensée positiviste : « Quand on parle des sciences positives et de ceux qui les
cultivent, il faut bien se garder de confondre l’école expérimentale avec le positivisme », E.
Caro, Le Matérialisme et la science, Paris, Hachette, 1867, 1.
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121
Sources secondaires :
BARTON Ruth, “Evolution: The Whitworth Gun in Huxley’s War for the
Liberation of Science from Theology”, dans OLDROYD D. et LANGHAM
I. (ed.), The Wider Domain of Evolutionary Thought, Dordrecht: Reidel, 1983.
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