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ACTUALITÉ Place de l’Evorilimus, dans le traitement des astrocytomes à cellules géantes (SEGA), dans la sclérose tubéreuse de Bournaville Une alternative à la chirurgie Par B. Metidji *, K. Ait Idir**, H. Boufenar*, M. Agha*, D. Dahlouk** RÉSUMÉ: La sclérose tubéreuse de Bourneville (STB) est une maladie génétique rare, qui touche, aussi bien, l’adulte que l’enfant et dont les manifestations cliniques peuvent varier. Les anomalies neurologiques et dermatologiques dominent le tableau clinique. Elles sont présentes chez 90 à 95 % des patients. Du fait de cette atteinte multi-systémique, une prise en charge, pluridisciplinaire et spécialisée, s’avère nécessaire; d’autant plus que la STB est, souvent, sous-diagnostiquée. Ce sousdiagnostic peut, ainsi, être à l’origine d’une prise en charge insuffisante. Elle reste une maladie méconnue, malgré l’existence de critères cliniques bien établis. Nous rapportons le cas d’un enfant, suivi pour STB, diagnostiqué dès l’âge de 9 mois et qui a développé, au cours de l’évolution de sa maladie, un astrocytome à cellules géantes (SEGA), localisé près du trou de monro. L’évorilimus a été prescrit, chez notre enfant, comme alternative à la chirurgie. géantes(SEGA). Le diagnostic peut être difficile, en raison de la grande variété des manifestations et du manque de spécificité de la plupart des signes. Actuellement, des critères cliniques, majeurs et mineurs, ont été établis, par Gomez, en 1988 et révisés en 1998, afin d’aider au diagnostic. La présence de 2 critères majeurs, ou 1 critère majeur et 2 critères mineurs, confirme le diagnostic. OBSERVATION: Nous rapportons le cas d’un petit garçon, âgé de 6 ans, suivi pour une STB, depuis l’âge de 9 mois, révélée par un syndrome de West. Le diagnostic été posé sur la présence de deux critères majeurs: les taches achromiques et les tubers corticaux et nodules sous-épendymaires à la TDM cérébrale. L’enfant a été traité, pour son épilepsie et a bénéficié d’un suivi régulier, clinique et radiographique. Il a très bien évolué, sur le plan du développement psychomoteur. Son épilepsie s’est stabilisée; par contre, il a développé un syndrome d’hyperactivité, avec défaut d’attention et retentissement sur la scolarité. Lors du suivi et à l’occasion d’une TDM cérébrale systématique, l’enfant développe, à l’âge de 6 ans, un astrocytome à cellules géantes (SEGA) mesurant 17 mm intra-ventriculaire (figure1). Sur le plan clinique, absence de signes neurologiques et la cure chirurgicale n’était pas envisagée, dans l’immédiat. De ce fait, un traitement par le lévérolimus (Votubia) - qui est un immunosuppresseur, inhibiteur de la voie mTOR,- a été proposé, chez notre malade, à raison de 5mg/j. La tumeur a diminué de volume, passant à 11 mm après 6 mois de traitement (figure2). Ce dernier a été bien toléré, par l’enfant. On a décidé de le poursuivre avec des contrôles cliniques et radiologiques. DISCUSSION: La STB est une maladie multi-systémique à hérédité autosomale dominante, caractérisée par la croissance d’hamartomes et d’autres tumeurs, dans différents or- Mots clés: Epilepsie, critères majeurs, SEGA, l’évorilimus. Introduction: La sclérose tubéreuse de Bourneville (STB) est une maladie génétique, de transmission autosomique dominante, multi-systémique qui touche les enfants, comme les adultes. Sa prévalence est de 1/10.000. On l’estime à près d’un million d’individus, dans le monde. Elle se caractérise par la présence d’hamartomes multiples, dans différents organes; particulièrement, le cerveau. La STB est la conséquence de mutations, dans le gène TSC2, qui code, pour la tubérine ou TSC1, qui code pour l’hamartine. Ces deux protéines sont impliquées dans la régulation de la croissance et la prolifération cellulaire, en inhibant le complexe mTOR. Les manifestations neurologiques sont l’épilepsie, le retard mental, l’autisme, les tubers, les nodules sous-épendymaires et les astrocytomes à cellules 6 Santé-MAG N°50 - Avril 2016 Fig. 1: Astrocytome de 17 mm Fig. 2: Astrocytome de 11 mm, après evolution de 6 mois, sous traitement ACTUALITÉ ganes, tels que le cerveau, les reins, la peau, le cœur, l’intestin, le foie, la rétine et les poumons. Le diagnostic est posé, cliniquement, selon des critères bien établis (critères majeurs et mineurs). La morbidité et la mortalité de la sclérose tubéreuse sont considérables. Chez 5–15% des patients, les nodules sous-épendymaires asymptomatiques peuvent dégénérer en astrocytomes à cellules géantes (appelés sub ependymal giant cell astrocytoma, ou SEGA), qui peuvent devenir symptomatiques, dans l’enfance, ou au début de l’adolescence. Ils sont, souvent, localisés dans la fosse caudothalamique, à proximité des trous de Monro et progressent, généralement, lentement. Mais, avec le temps, ils peuvent obstruer les trous de Monro et provoquer une hydrocéphalie, avec pression intracrânienne de plus en plus élevée. Les enfants ayant d’importants déficits cognitifs courent le risque que les signes d’hypertension intracrânienne, tels que la diminution du champ visuel, l’ataxie ou les céphalées, exigeant une intervention neurochirurgicale en urgence, ne soient pas diagnostiqués, correctement, à temps. Les connaissances, sur le rôle de la voie de signalisation de la mammalian Target Of Rapamycin (mTOR), dans la pathogenèse de cette maladie, font qu’actuellement les inhibiteurs de la voie mTOR peuvent être utilisés, avec succès, dans le traitement de certaines de ses manifestations organiques. Il n’y avait, jusqu’à récemment, aucune option thérapeutique, pour les astrocytomes à cellules géantes sous-épendymaires inopérables. Le recours aux inhibiteurs de la voie mTOR a, ici, ouvert une large brèche. L’évorilimus (Votubia) est un immunosuppresseur utilisé, depuis des années, pour prévenir les réactions de rejet, après transplantation d’organes. Plusieurs études ont démontré l’efficacité du l’évorilimus, dans le traitement des SEGA, avec une diminution d’au moins 30% du volume de la tumeur, en l’espace de 6 mois. L’évérolimus est, globalement, bien toléré. Ses effets indésirables, les plus fréquents, ont été la présence de stomatite et des CONCLUSION: La STB est une maladie à multiples facettes et symptômes. Elle touche des patients de toutes classes d’âge. La prise en charge, coordonnée et continue, de ces patients pose de grands défis et nécessite une étroite collaboration interdisciplinaire. Un diagnostic précoce de la STB, associé à un suivi régulier de ses complications, par un réseau de spécialistes et la mise en place d’un traitement individuel adapté, peut en influencer, favorablement, l’évolution clinique. En plus des traitements symptomatiques, la découverte du rôle de la voie de signalisation mTOR, dans la pathogenèse de la STB et les données, récentes, sur l’efficacité des inhibiteurs de la voie mTOR, ont ouvert de nouvelles perspectives thérapeutiques B. Metidji *, K. Ait Idir**, H. Boufenar*, M. Agha*, D. Dahlouk** *Service de pédiatrie. Hôpital central de l’armée, Aïn Naâdja – Alger. ** Service de pédiatrie. Centre de consultations spécialisées de l’armée, H-Dey – Alger. Bibliographie [1] Chipaux M et al.Sclérose Tubéreuse de Bourneville: atteinte neurologique et atteintes systémiques Neurologies 2008; 11(107):198-208. [2] Gomez MR. History of the tuberous sclerosis complex. Brain and Development 1995; 17:55-57. [3] Narayanan V.Tuberous Sclerosis Complex: genetics to pathogenesis. Pediatric Neurology 2003; 29:404409. [4] Crino PB, Nathanson KL, Henske EP. The tuberous sclerosis complex. New England Journal Medecine. 2006; 355(13):1345–56. [5] Franz DN, Belousova E, Sparagana S, et al. Efficacy and safety of everolimus for sub ependymal giant cell astrocytomas associated with tuberous sclerosis complex: a multicentre, randomised, placebo controlled. Lancet. 2013; 381(9861):125–32. [6] Bissler JJ, Kingswood JC, R adzikowska E, e t al. Everolimus for angiomyolipoma associated with tuberous sclerosis complex or sporadic lymphangioleiomyomatosis: a multicentre, randomised, doubleblind, placebo-controlled. Lancet. 2013. I l y a 50 ans, en 1967, était ouvert le C.E.S, Certificat d’étude spéciale de psychiatrie, à l’hôpital Mustapha, par le professeur K. Benmiloud. Depuis 1971, chaque année, une nouvelle promotion de psychiatres vient renforcer la prise en charge des patients. Mais, avant l’indépendance, en 1953, un psychiatre célèbre, le Dr Frantz Fanon, avait, déjà, marqué son passage, dans la plus grande citadelle de la psychiatrie du pays, qui comptait plus de deux mille lits (2000): l’hôpital psychiatrique de Blida. Cet hôpital, qui porte son nom, aujourd’hui, avait réalisé, grâce à la détermination de F. Fanon, la première expérience de psychiatrie institutionnelle, dans notre pays. Frantz Fanon est mort d’une leucémie, en 1961. Il n’a pu réaliser son rêve et transmettre, aux générations des psychiatres algériens, son enthousiasme, son humanisme et sa vision de la psychiatrie. Il a, tout de même, laissé des écrits, qui sont une source inépuisable de réflexions: «Chaque génération doit chercher, dans une certaine opacité, sa mission; la remplir, ou la trahir». a-t-il écrit. Si la génération de l’indépendance et celles postindépendance, avaient la chance de percevoir et d’identifier les missions, qui leur incombaient, la mission des générations des psychiatres, d’aujourd’hui, reste, souvent, dans l’opacité la plus sombre. Alors que leur nombre et celui des psychologues ne cesse d’augmenter, que les services de psychiatrie sont ouverts dans toutes les régions, les conflits, les convoitises, les fuites en avant ont, lentement, érodé les volontés et les sacrifices, éventuels, mobilisés, pour sortir la psychiatrie des fonctionnements asilaires. C’est cette évolution de la psychiatrie, de F. Fanon à celle de nos jours, que nous avons souhaité aborder et débattre, dans cette rencontre, organisée par la Société Algérienne de Psychiatrie, pour son 19ème congrès Pr F. Kacha président de la Société algérienne de psychiatrie. N°50 - Avril 2016 Santé-MAG 7