Pouvoir d`achat et consommation - Le prix de la confiance
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Pouvoir d`achat et consommation - Le prix de la confiance
ASSURANCE-VIE : information des bénéficiaires Fiscalité Afin d’éviter la déshérence des contrats d’assurance-vie, une loi du 11 décembre 2007 prévoit que l’acceptation du bénéficiaire sera faite désormais par un avenant signé par l’assureur, l’acceptant et le souscripteur ou encore par acte notarié. Cette mesure lève le paradoxe qui existait avant l’adoption de cette loi. Le souscripteur de l’assurance-vie évitait de prévenir le bénéficiaire car l’acceptation par le bénéficiaire sans autorisation du souscripteur entraînait un blocage des sommes. Le souscripteur dans le besoin ne pouvait plus récupérer les sommes ainsi placées. Or, le défaut d’information ne permettait pas aux bénéficiaires, au jour du décès du souscripteur, de récupérer les sommes ainsi placées à leur profit. SURSIS DE PAIEMENT DES IMPÔTS : pas de garantie Le contribuable qui conteste le bienfondé ou le montant d’une imposition peut demander un sursis de paiement à condition, souvent, de constituer des garanties (caution bancaire par exemple). Le contribuable est maintenant dispensé de fournir de telles garanties quand l’assiette de l’impôt contesté est inférieure à 4 500 € (au lieu de 3 000 euros en 2007). Économie Juridique Gestion Brèves Pouvoir d’achat et consommation : le prix de la confiance Jacques MATHÉ, économiste La question du pouvoir d’achat monopolise le débat économique. Il est vrai que, depuis de nombreuses années, la demande des consommateurs fait marcher la croissance. La hausse des prix va-t-elle la ralentir ? C’est une question de confiance. L es Français estiment que leur pouvoir d’achat n’augmente pas. Pourtant, l’Insee a mesuré qu’entre 1996 et 2006, il avait pro- gressé de 1,9 % par an, malgré une croissance modérée et en raIson notamment d’une inflation très faible. Il existerait donc un décalage entre la perception et la réalité. Qui a tort et Juridique À compter des exercices clos à partir du 31 décembre 2007, la non déductibilité des sanctions pécuniaires du résultat imposable des entreprises, est étendue à toutes les sanctions et pénalités pour non respect d’obligations légales, quelle qu’en soit l’origine. C’est le cas notamment des majorations en cas de paiement en retard des cotisations de Juridique Le retour de l’inflation Ce qui est vrai, c’est que nos modes de consommation évoluent et modifient nos repères sur les prix. Ces passage à l’euro. Ceci d’autant plus que certains acteurs de l’économie, notamment les secteurs des services, en ont profité pour ajuster leurs prix à la hausse. Mais la sensation de baisse du pouvoir d’achat est d’abord liée au poids croissant des dépenses “contraintes” ou “contractuelles” (logement, chauffage, électricité, assurances...). Depuis le début des années 2000, les ménages ont maintenu leur rythme de consommation, malgré les aléas sur leur pouvoir d’achat. Pour cela, ils ont pioché dans leurs réserves d’épargne. Le dynamisme de la consommation s’est surtout porté sur les achats de biens et services des technologies de l’information et de la communication (un secteur qui a connu une croissance à deux chiffres) et les dépenses liées aux loisirs et à la culture. OÙ VA NOTRE ARGENT ? Répartition de la consommation des ménages en 2006 sécurité sociale. SANCTION des retards de paiement Les clients négligents risquent désormais une amende en cas de non-respect du délai de paiement convenu avec un fournisseur. Cette amende peut atteindre : • 15 000 € si les poursuites sont dirigées à l’encontre d’une personne physique (dirigeant ou salarié) ; • 75 000 € si elles sont dirigées à l’encontre d’une société (ou de toute autre personne morale). 10 res (énergie, produits agricoles). Va-telle assécher la consommation ? qui a raIson ? repères ont été bouleversés par le SANCTIONS non déductibles Les dépenses de logement, avec le transport et l’alimentation, représentent aujourd’hui plus de la moitié du budget des ménages. Ces trois postes essentiels dans le panier des ménages subissent de plein fouet la hausse du prix des matières premiè- Gérer pour gagner EN AGRICULTURE – N° 10 L’alimentation va-t-elle faire les frais du retour de l’inflation et de la montée en puissance des nouvelles technologies dans les dépenses des ménages ? L’évolution de la conjoncture mondiale (hausse des prix des matières premières, crise immobilière aux USA,…) pourrait modifier la donne en affectant la confiance des consommateurs. En 2007 déjà, ceux-ci ont eu à supporter la hausse des prix alimentaires (moins élevée que ce que les médias ont pu rapporter) et la hausse de l’énergie (plus élevée que prévue). Parallèlement, les dépenses liées au logement et à l’équipement continuent de progresser et de grignoter le budget des ménages. D’autant que le taux d’épargne en France se maintient à un niveau élevé (16 % des revenus). Il n’est donc pas étonnant que la question du pouvoir d’achat - donc de la capacité à maintenir, voire accentuer son niveau de consommation - soit devenue centrale chez nous. De nouvelles envies Autres biens et services • Loisirs-culture -hôtel-restos • Transport communication 11 % 16,3 % 16 % 17,5 % 31,1 % 3,4 % • 4,7 % • Alimentation Boissons • Habillement • Logement équipement • Santé Le poste “logement équipement de la maIson” représente près d’un tiers du budget des ménages français. Or, les loyers augmentent à un rythme de 3,6 % par an. Viennent ensuite les dépenses de transports-communication (17,5 %) et d’alimentation (16,3 %). Trois postes qui subissent, ou vont subir, l’impact de la hausse du prix des matières premières. Car les Français conservent l’envie de consommer. Du reste, des dépenses nouvelles apparaissent. Si elles ponctionnent les budgets, elles facilitent le quotidien, le rendant plus facile et plus confortable. Le pouvoir d’achat ne mesure pas ces éléments qui font la qualité et le niveau de vie. Et pourtant, ce niveau de vie s’améliore. Les services apportés par les technologies de l’information et de la Économie ALIMENTAIRE Un prix peut en cacher un autre ses de transport aérien d’un tiers en trois ans. Parallèlement, on assiste à l’émergence rapide d’une offre de plus en plus alléchante de services à la personne (entretien de la maIson, dépannage à domicile, service aux personnes âgées...). Ces nouveaux secteurs d’activités adoptent la même stratégie de facturation, sous forme d’abonnement, que les opérateurs de la communication. De quoi accentuer encore le poids des dépenses contraintes dans les budgets des ménages. Les ménages, devant une offre de consommation de biens et services aussi étoffée qu’alléchante, vont sans doute chercher à faire des économies sur d’autres postes. L’alimentaire pour- communication (téléphonie portable, internet…) y contribuent. Les dépenses qui relèvent du plaisir, des loisirs, de la culture, connaissent un fort développement. Les dépenses de télécommunications ont augmenté de 10 % en un an, les achats de TV, son, vidéo de 27 %, les dépen- rait en faire les frais. brouille les repères sur les prix. Par contre, sur les produits alimentaires, peu ou pas transformés, les consommateurs mémorisent plus facilement les prix et surtout leurs variations. De sorte que le rayon des fruits et légumes, la boulangerie, le rayon des viandes et des poissons servent de bouc émissaire au dérapage des prix. Il faut dire que les prix des produits frais sont sensibles à la saIsonnalité, aux conditions climatiques ou sanitaires et donc, à la régularité de l’offre. Il semble que cette variabilité soit de moins en moins comprise par des consommateurs qui ignorent la réalité les contraintes de production des denrées alimentaires. (1) En fait, les études du CREDOC mon- trent que la baisse de consommation dans les produits frais est avant tout liée à un effet générationnel plutôt qu’à un effet prix. La deuxième raIson tient à la mauvaise conservation des produits, en déphasage avec les habitudes de L’alimentaire : bouc émissaire ? consommation actuelles où l’on veut utiliser un produit frais avec la praticité La complexité des modes de facturation dans le domaine des services d’un produit longue conservation. D’où le succès des aliments élaborés. Plaisir et loisirs LES FRANÇAIS plus fourmis que cigales taux d'épargne en % 17 7 taux d'épargne 6 16 5 15 4 Malgré la stagnation actuelle du pouvoir d’achat, les ménages vont sans doute privilégier davantage encore les produits synonymes de plaisir, service, confort, au détriment des produits plus basiques. Au besoin, ils feront même jouer la concurrence pour certains produits, avec des achats premier prix dans les circuits traditionnels ou des achats discount sur internet. Autrement dit, il n’y a pas forcément un lien direct entre pouvoir d’achat et consommation. La diminution de l’un n’entraîne pas une diminution automatique des achats pour l’ensemble des biens et services. Le regard que chacun porte sur son pouvoir d’achat est certes personnel, mais fortement influencé par le contexte économique et social et le niveau de confiance qu’il inspire. Ce regard influence les ménages et leurs comportements d’achat, lesquels changent. Tout le système productif, les chefs d’entreprise de l’artisanat, du commerce, des services et de l’agriculture, doivent intégrer de tels changements dans leur stratégie. La promesse de nouvelles opportunités d’affaires. (1) CREDOC : Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie. 14 dépense en volume 3 13 2 12 11 1 pouvoir d'achat du revenu disponible brut 0 Nos comportements alimentaires ont modifié notre pouvoir d’achat. La généralisation du “produit-service” est la raison principale de l’augmentation du prix des produits alimentaires. Le transfert de légumes préparés à la maison (entre 1 et 2 € par kilo) vers des solutions cuisinées en légumes surgelés peut engendrer des prix au kilo multipliés par 3 au minimum et jusqu’à 7 ou 8 fois. En contrepartie, le consommateur appréciera la facilité d’utilisation de ces aliments prêts à cuire ou à consommer. On retrouve ces mêmes effets dans le bricolage où les produits “tout-en-un” ou “prêts-àposer” sont souvent plus onéreux que les produits basiques à assembler, mais qui apportent moins de services (plus complexes, à poser). 10 Et dire que j’ai mis tout mon pouvoir d’achat dans mon niveau de vie ! Et dire que j’ai mis tout mon pouvoir d’achat sur un livret ! 9 -1 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 Source : comptes nationaux Insee. Malgré un taux d’épargne toujours soutenu, la dépense de consommation des ménages croît à un rythme régulier depuis 2001. Elle contribue pour une bonne part à la croissance de l’économie française. Celle-ci pourrait être fragilisée en 2008, si les ménages français limitaient leurs dépenses, sauf à américaniser leur comportement en diminuant leur épargne. Mais la fourmi française n’est pas la cigale américaine. N° 10 – Gérer pour gagner EN AGRICULTURE 11