Nicolas Sarkozy se jette à l`eau ?

Observatoire des armements / CDRPC
Communiqué de presse 19 mars 2008
Mise à flot du sous-marin nucléaire Le Terrible
Nicolas Sarkozy se jette à l’eau ?
Le déplacement du Président de la République à Cherbourg ce vendredi 21 mars pour une simple
mise à l’eau du quatrième et dernier sous-marin nucléaire lanceur d’engins de nouvelle génération
(SNLE-NG), Le Terrible, se veut un signal fort à la veille d’échéances importantes : pas de rupture
dans la politique de la dissuasion nucléaire !
« L’objectif de ce déplacement est de réaffirmer la priorité de la dissuasion nucléaire de la France à
coup de symbole au lieu d’ouvrir un véritable débat avec l’ensemble des citoyens sur l’utilité de
l’arme nucléaire pour relever les nouveaux défis que sont, par exemple, la menace climatique ou la
pauvreté ? » souligne Patrice Bouveret, président de l’Observatoire des armements / CDRPC.
Pas question d’attendre 2010 que ce sous-marin entre en service actif pour aller le « baptiser » ! À l’heure
où se préparent les derniers arbitrages au sein de la commission chargée d’élaborer le nouveau Livre blanc
de la défense et de la sécurité nationale (prévu pour la mi-avril) et la nouvelle loi de programmation militaire
pour les années 2009-2013… Sans compter les inquiétudes pesant tant sur les réductions d’effectifs
militaires que sur la construction de nouveaux matériels, comme le second porte-avions, pour cause de
coûts trop important en période de restriction budgétaire. À moins que le Président s’inquiète de l’écho
favorable que pourraient rencontrer les « désobéissants » à l’occasion du troisième tir d’essai dans les
Landes du futur missile nucléaire M-51, prévu pour les prochaines semaines ?
Le coût de ce quatrième SNLE-NG, va approcher les 2,5 milliards d’euros. Un montant 2,7 fois plus élevé
(900 millions d’euros) que pour un SNLE de première génération. En pleine période de restriction
budgétaire, les moyens affectés à la dissuasion continuent d’augmenter. Le projet de loi de finances 2008
consacre ainsi 3 367 millions d’euros en crédits de paiement (+ 3 % par rapport à 2007) à l’effort de
dissuasion (voir fiche en annexe). À ces crédits d’équipements, il faut encore rajouter notamment la part des
crédits de fonctionnement de la force nucléaire, certains crédits de recherche et développement amalgamés
avec d’autres lignes budgétaires…
Ce poids budgétaire va encore s’accentuer dès l’an prochain. La raison est simple : les programmes
commandés au milieu des années 1990 arrivent « enfin » à leurs termes : SNLE-NG Le Terrible, missile
M-51, Laser Mégajoule, missile ASMPA (air-sol moyenne portée, amélioré) emporté par les Rafale. Or
toutes ces dépenses vont influer sur le report de certains programmes militaires conventionnels, comme sur
la baisse d’autres budgets étatiques (culture, emploi, politique de la ville, écologie…), et donc sur le
contribuable…
Face aux nouvelles menaces, la dissuasion nucléaire est-elle vraiment efficace ? Par le passé, les missiles
nucléaires étaient braqués contre l’URSS et servaient à sanctuariser le territoire national. Aujourd’hui, selon
le discours officiel, « la France ne se connait pas d’ennemi ». Pourtant, la France augmente la portée
intercontinentale de ces missiles. Le Terrible, sera le premier SNLE-NG à être équipé des missiles M51
d’une portée d’environ 8 000 kilomètres, permettant, par exemple, d’atteindre la Chine… Les scénarios
d’emploi de l’arme nucléaire ne sont pas adaptés face aux nouvelles menaces (climatiques,
environnementales, de mal-développement, etc.).
« Il est temps de mettre en place un véritable plan de désarmement nucléaire, comme la France s’y est
engagée au sein des Nations unies notamment par sa signature du Traité de non-prolifération (TNP). »
CONTACT : Observatoire des armements, Patrice Bouveret,
tél. 04 78 36 93 03 • courriel : [email protected]
ANNEXE
LA FORCE OCÉANIQUE STRATÉGIQUE (Fost)
La Fost regroupe plus de 85 % de la force de dissuasion nucléaire française. Cette force est basée à l’île
Longue, dans la rade de Brest. Jusqu’à l’entrée en service actif en 2010 du Terrible, la Fost dispose
seulement de trois sous-marins nucléaires depuis le retrait du service de L’Inflexible en janvier 2008. La
marine nationale maintient en permanence un sous-marin nucléaire à la mer. Chaque SNLE peut emporter
un maximum de 16 missiles intercontinentaux. Ils peuvent être lancés simultanément ou individuellement
dans le cadre d’une frappe dite d’avertissement. Au total, la Fost dispose de trois lots de 16 missiles M-45.
Un missile peut être équipé au maximum de 6 ogives nucléaires TN-75 d’une puissance unitaire de
150 kilotonnes. Cependant depuis 2005, « le nombre des têtes nucléaires a été réduit sur certains missiles
1
de nos sous-marins ».
Six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la classe Rubis sont également intégrés à la Fost La
protection du groupe aéronaval (porte-avions), des SNLE et le recueil de renseignements sont leurs
principales missions. La future classe de SNA, baptisée Barracuda, viendra remplacer progressivement à
partir de 2017 les SNA actuels. Ces sous-marins seront équipés de capacité de frappe à terre avec le
missile Scalp naval,
Calendrier du programme sur sous-marin Le Terrible (2008-2010)
Mars 2008 : lancement du SNLE Le Terrible.
2008 : chargement du cœur de la chaufferie nucléaire et divergence de celui-ci.
2009 : essai à la mer et tir d’un missile M51.
2010 : admission au service actif.
LE MISSILE M-51
Trois lots de 16 missiles (plus 12 pour les tests) seront produits par le maître d’œuvre de ce programme
EADS Space Transportation pour un montant de 8,5 milliards d’euros.
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5,7 milliards d’euros pour le développement du missile et du système de mise en œuvre
-
2,8 milliards d’euros pour le coût de réalisation des trois lots destinés aux SNLE
Ce futur missile, qualifié de « mini-fusée d’Ariane », disposera d’une capacité multi objectifs (MIRV). Chaque
ogive thermonucléaire pourra se diriger indépendamment les unes des autres vers leurs cibles. Sa portée
minimum sera de 6 000 kilomètres, soit un rayon d’action beaucoup plus grand que le M-45 (4 000 km).
Cependant, en allégeant sa masse, c’est-à-dire en diminuant le nombre d’ogives (1, 3 ou 6), sa portée
pourra être améliorée jusqu’à 8 000 kilomètres…
Deux versions du M-51 sont prévues pour des raisons stratégiques et techniques :
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Le M-51.1, équipé des ogives nucléaires actuelles TN-75. Les ogives ont une durée de vie d’une
vingtaine d’année ce qui nécessitera de commencer à les remplacer vers 2015, d’où la réalisation
d’une nouvelle ogive nucléaire.
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Le M-51.2, équipé en 2015 de la nouvelle ogive nucléaire, la TNO (Tête nucléaire océanique),
normalement réalisée à partir du programme de simulation des essais nucléaires.
Calendrier du programme M-51 (2008-2015)
-
1
2008, un troisième tir sera réalisé à partir d’un bassin construit au CELM (Landes).
2009, un premier tir sera réalisé à partir du SNLE-NG Terrible.
2010, un premier lot de 16 missiles M-51 sera installé sur le SNLE-NG Le Terrible.
2015, la version M-51.2 est mise en service avec l’intégration des Têtes nucléaires océanique
(TNO).
Discours de M. Jacques Chirac, Président de la République, île Longue, 19 janvier 2006.