Gareth Bale, le joueur de football le plus surcoté de l`histoire

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Gareth Bale, le joueur de football le plus surcoté de l`histoire
Le Temps
Mardi 3 septembre 2013
Economie
17
Gareth Bale, le joueur de football
le plus surcoté de l’histoire
Au Brésil, Swiss échappe
à des millions d’amende
> Transfert Payé
91 millions d’euros
par le Real Madrid,
l’ailier gallois en aura
coûté 3 de moins que
Cristiano Ronaldo
Dejan Nikolic
> Son prix d’achat
est surévalué de 82%
Le Real Madrid, le club le plus riche de la planète, est coutumier des records
Joueur (nationalité)
Gareth Bale. A Madrid pour 91 millions
Acheteur
Montant
du transfert*
Année
2009
Cristiano Ronaldo (Portugal)
Real Madrid (Espagne)
94
Gareth Bale (Pays de Galles)
Real Madrid (Espagne)
91
2013
Zinédine Zidane (France)
Real Madrid (Espagne)
75
2001
Kaka (Brésil)
Real Madrid (Espagne)
67,2
2009
Zlatan Ibrahimovic (Suède)
Barcelone (Espagne)
66
2009
Edinson Cavani (Uruguay)
Paris Saint-Germain (France)
63
2013
*en millions d’euros
PHOTO: REUTERS
Servan Peca
C’est officiel depuis dimanche.
Après plusieurs semaines d’attentes, de suppositions et de rumeurs,
Gareth Bale est la nouvelle pépite
du Real Madrid. C’est dans les dernières heures du mercato d’été
qu’a été annoncé ce qui devait être
le transfert le plus cher de l’histoire. Un montant de 100 millions
d’euros a un temps été évoqué. Le
puissant ailier gallois, élu deux
fois meilleur joueur de la Premier
League anglaise – il évoluait à Tottenham depuis 2007 –, n’aura finalement coûté «que» 91 millions
d’euros, selon la presse espagnole
spécialisée. Le joueur le plus cher
reste donc Cristiano Ronaldo,
acheté 94 millions d’euros par le
même club madrilène, en 2009.
S’il ne juge «pas plaisant du
tout» le fait que le footballeur soit
«devenu un produit qu’il faut vendre», Michel Platini, président de
l’UEFA et pourfendeur des exagérations financières du football
européen, ne se montre pourtant
pas choqué par la dépense de Madrid, un club, il est vrai, coutumier
> Cartels Quatre compagnies ont dû payer
pour s’être entendues sur le prix du kérosène
du fait (voir tableau). «Si le Real
avait acheté trois joueurs à 30 millions, personne n’aurait rien dit,
suppose-t-il dans L’Equipe. Cela ne
me pose pas de problème, si le
club acheteur a les moyens.»
Incontestablement, le Real en a,
des moyens. Il est le club de football le plus riche du monde, avec
ses 512 millions d’euros de revenus en 2011/2012. Six fois plus
qu’en 1996/1997. Sa dernière
grande folie en date – le rachat de
Cristiano Ronaldo à Manchester
United – aurait été rentabilisée en
quelques mois seulement. En avril
2010, l’on apprenait en tout cas
que 1,2 million de maillots à l’effigie du Portugais avaient été écoulés par le club. Soit une recette de
112,8 millions d’euros.
C’est précisément cette stature
de multinationale qui permet au
club de financer son nouvel investissement. Selon Raffaele Poli, directeur et cofondateur du Centre
international d’études du sport
(CIES), à Neuchâtel, le Real est une
des rares entreprises en Espagne
qui, en cette période d’incertitudes économiques, bénéficient de
SOURCE: TRANSFERMARKT.DE
la confiance de pourvoyeurs de
crédits. «Les banques sont contentes de prêter de l’argent à un club
avec un tel chiffre d’affaires», commente le spécialiste.
Le Real est une des
rares entreprises en
Espagne qui, en cette
période d’incertitudes,
bénéficient de la
confiance des banques
Côté vendeur, Tottenham a
bien joué le coup, concède-t-il
aussi. Non seulement le club londonien avait d’emblée exigé un sacrifice financier inédit pour laisser
partir son joueur clé, mais en plus
il n’a pas négocié dans l’urgence
ou par nécessité d’encaisser le produit d’une vente. Ses finances sont
saines. En 2011/2012, ses revenus
s’élevaient à 178 millions d’euros.
Si toutes ces circonstances favorables n’ont pas fait de Gareth Bale
le joueur le plus coûteux de l’his-
toire, elles en ont au moins fait le
plus surcoté. Selon les calculs du
CIES, sa valeur «réelle» n’est située
qu’entre 43 et 50 millions. Il serait
donc surévalué, au bas mot, de
41 millions d’euros. Soit une surcote de 82%!
En comparaison, l’autre gros
transfert de l’été, le passage de
Gonzalo Higuain de Madrid à Naples, apparaît comme une bonne
affaire. Et ce, même si le club italien a déboursé 37 millions
d’euros pour débaucher l’attaquant argentin. Soit «seulement»
7,5 millions de plus que sa valeur
théorique (+25%).
«Si Tottenham avait réalisé de
meilleurs résultats à l’échelle nationale et internationale, et si le
pays de Galles était une nation
plus performante, notre estimation de prix aurait sans doute été
plus élevée», explique Raffaele
Poli pour justifier une partie de
cette différence. Un écart qui, lui,
exaspère Michel Platini. «Est-ce
que Bale vaut 100 millions
d’euros? C’est un autre débat […].
C’est pour cela que l’on essaie de
mettre des règles.»
Les compagnies aériennes
American Airlines, Alitalia, Varig
et TAM ont reçu la semaine dernière une amende cumulée de
127 millions de dollars (un peu
plus de 118 millions de francs)
pour s’être entendues sur les tarifs
du fret aérien international au
Brésil.
En revanche, Lufthansa et Swiss
– membres de Star Alliance – ont
pu échapper à toute poursuite
pour avoir collaboré à l’enquête.
C’est d’ailleurs la compagnie allemande qui avait dénoncé en 2006
aux autorités brésiliennes les pratiques illégales auxquelles elle
prenait part avec plusieurs enseignes concurrentes.
Le gendarme antitrust local (le
CADE, Conseil administratif de
défense économique) a sanctionné les quatre transporteurs
précités pour «formation de cartel». Au passage, pas moins de sept
dirigeants et administrateurs des
sociétés en question écopent également d’une peine pécuniaire variant – selon leur fonction hiérarchique et leur salaire – entre
29 000 et 1 million de francs.
Amende reversée aux ONG
L’ensemble de cet argent, assurent les autorités brésiliennes,
doit être reversé à des organismes
publics et des organisations non
gouvernementales (ONG) actives
dans la défense des droits des consommateurs, la protection de l’environnement et la défense du patrimoine culturel, historique et
artistique du pays.
Le communiqué du CADE ne
précise toutefois pas les sommes
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La fronde anti-corruption chinoise
prend des proportions inédites
> Justice Pékin semble déterminé à punir des hauts responsables
La délation comme arme anticorruption: les autorités chinoises ont ouvert, hier, un site web
permettant à n’importe quel
Chinois de dénoncer des faits de
corruption. C’est le Comité de la
discipline du Parti communiste,
dirigé par le très puissant Wang
Qishan, qui pilote ce projet inédit.
Afin de leur éviter la menace
de représailles, Pékin offre
même aux internautes la possibilité de se plaindre anonymement. Une mesure qui contraste
avec la politique en vigueur sur
le web, où l’anonymat est banni
afin de prévenir la propagation
de troubles sociaux.
L’annonce d’hier est révélatrice de l’ampleur de la campagne anti-corruption menée actuellement par Pékin. Celle-ci est
en train de prendre des proportions inédites depuis la Révolution culturelle. Longtemps soupçonnées de ne pas oser
s’attaquer aux «gros poissons»,
les autorités sont en train de
prouver le contraire.
Ce dimanche, on a appris,
cette fois, que Jiang Jiemin,
l’homme qui supervise l’ensemble des participations de l’Etat
dans des entreprises, faisait à
son tour l’objet d’une enquête.
Aucun détail n’a été communiqué au sujet de celle-ci, mais elle
sent probablement le pétrole.
Car Jiang Jiemin est un ancien
président de PetroChina, le
géant pétrolier chinois, qui a travaillé près de quarante ans dans
ce secteur.
PetroChina en ligne de mire
L’indice officiel des directeurs
d’achat s’est établi à 51 en août.
Ce chiffre constitue une excellente nouvelle, puisqu’il se situe
désormais nettement au-dessus
de la barre des 50, qui traduit
une stagnation. Une autre étude
de la production manufacturière,
menée par HSBC et Markit, a
affiché hier la plus nette hausse
mensuelle en trois ans: l’indice
s’est situé à 50,1, contre seulement 47,7 en juillet.
Autant de signaux qui permettent d’espérer que le rebond est
en vue pour l’industrie chinoise.
Il y eut d’abord, au début de
l’été, l’éviction de Liu Tienan, un
vice-président de la NDRC, commission de planification économique
souvent
considérée
comme un véritable Etat dans
l’Etat. Dans sa chute, il entraîne
une refonte des services de la
NDRC. Puis, la semaine dernière,
quatre hauts dirigeants de PetroChina sont démis de leurs fonctions pour faits de corruption
également. Là encore, c’est l’ensemble des directions qu’ils chapeautaient qui subissent une
réorganisation en profondeur.
L’ancienne direction
restreinte est aussi visée
Les pièces du puzzle s’assemblent progressivement pour
converger autour de la personne
de Zhou Yongkang. Cet ancien
membre du Comité permanent
du Bureau politique, à la tête des
services secrets chinois de 2002 à
2012, serait lui aussi sur le point
d’être arrêté.
C’est en tout cas l’information
publiée par le South China Morning Post, un journal de Hongkong très respecté. Une information que confirme, à Pékin,
une source bien introduite dans
les milieux politiques chinois,
qui ajoute que Pékin «ne sait pas
trop comment gérer publiquement ce dossier explosif».
Or Zhou Yongkang a été viceministre de l’Industrie pétrolière, et numéro un de PetroChina également. Sa chute, si
elle était avérée, serait une déflagration sans précédent.
Faire tomber l’homme qui
avait «des dossiers sur tout le
monde» du fait de sa mainmise
sur l’appareil de surveillance
public prouverait réellement
que rien ne peut arrêter Pékin
dans sa quête d’un assainissement des pratiques des cadres
du parti.
Gabriel Grésillon, Les Echos PÉKIN
Le bout du tunnel pour l’industrie?
Plusieurs banques revoient
même leurs estimations à la
hausse pour la croissance du
pays (c’est le cas de JP Morgan,
Deutsche Bank et Credit Suisse).
Pour autant, l’heure n’est pas
encore à l’euphorie. Certains
analystes constatent que, sur le
front de la consommation des
ménages, la prudence est encore
de mise et que les statistiques
industrielles peuvent être artificiellement dopées par des mesures ponctuelles de soutien à
l’activité.
G. G.
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exactes dont chacune des parties
impliquées devra s’acquitter personnellement. La presse brésilienne s’adonne à l’estimation suivante: près de 60 millions de
francs pour Varig – soit la contredanse la plus sévère –, un peu
moins de 50 millions pour TAM,
environ 10 millions pour American Airlines et moins de 2 millions
pour Alitalia.
Air France réduit sa peine
Les faits reprochés remontent à
2003. Et les accusations, prouvées
dans le cadre des investigations
qui auront duré sept années,
s’étendent jusqu’à 2005. Durant
cette période de 24 mois, plusieurs compagnies aériennes
s’étaient mises d’accord sur les
prix du combustible facturés à
leurs clients. «Ces tarifs abusifs
ont pénalisé les consommateurs»,
a fustigé il y a quelques jours le
président du CADE, Vinicius Marques de Carvalho, sans toutefois
chiffrer l’étendue de cette facturation jugée excessive.
Parmi les participants à ce régime illégal figurait Air FranceKLM. Mais ce dernier a conclu un
accord avec le CADE en février
2013. En échange d’aveux complets, le groupe a pu finalement
s’acquitter d’une amende réduite
à 5,5 millions de francs.
En plus des sanctions financières, le CADE a contraint les entreprises épinglées à publier leur
condamnation pour comportement cartellaire dans les médias.
Ce cas brésilien n’est pas isolé. En
Europe, 11 compagnies ont reçu
une amende de plus de
900 000 francs pour des pratiques
similaires entre 1999 et 2006.