CLÉO DE 5 À 7 - Les Montreurs d`Images
Transcription
CLÉO DE 5 À 7 - Les Montreurs d`Images
CLÉO DE 5 À 7 Drame d’Agnès Varda Avec Corinne Marchand, Antoine Bourseiller, Dominique Davray … France– Durée 1h30 Mer 07 Jeu 08 Ven 09 18h15 Sam 10 Dim 11 20h30 Lun 12 Mar 13 Réagissez sur le film sur le blog des Montreurs d’Images L’histoire Cléo attend les résultats d’examens médicaux. Persuadée d’avoir le cancer, elle tente de se rassurer chez une voyante… en vain. Frivole, la jeune chanteuse va tout faire pour taire ses angoisses… Le film se déroule le premier jour de l’été, le 21 juin 1961, en temps réel, de 17h à 18h30. En quête d’elle-même, Cléo déambule dans Paris, depuis la rue de Rivoli jusqu’à son appartement situé sur la rive gauche, depuis la gare Montparnasse jusqu’au Parc Montsouris. Ce parcours est parsemé de rencontres, de visions, de révélations et d’émotions contradictoires. Influencé par Hans Baldung Grien, ce film est la peinture cinématographique d’un thème éternel : la beauté et la mort. Notes Dvd Classic En 1955, La Pointe courte, film pré-Nouvelle Vague d’une insolente liberté formelle, frappait déjà par son étonnante modernité. Sept années plus tard et trois courts métrages supplémentaires à son actif, Agnès Varda confirme avec Cléo de 5 à 7 sa place singulière dans le paysage cinématographique français. Bien plus fluide que La Pointe courte, Cléo de 5 à 7 est une peinture de la vie parisienne dans toute sa modernité. Tout comme Manet un siècle plus tôt, Agnès Varda continue de redéfinir les codes de son art, en prenant en compte un héritage pictural ancien. Elle soulève avec ce film des enjeux esthétiques qui traversent l’ensemble de son œuvre. Non sans contradictions, elle mêle le documentaire et la fiction, se nourrit de la réalité la plus concrète pour mieux y extraire des images abstraites et puise son inspiration dans la peinture et la photographie pour élaborer une mise en scène d’une étourdissante mobilité. La contrainte semble être le maître mot de Cléo de 5 à 7, non seulement parce qu’il s’agit du premier long métrage de la cinéaste réalisé sous la houlette de producteurs, mais surtout parce que le scénario du film se déroule en temps réel, de 17h00 à 18h30. En reconstituant chaque seconde de l’attente de Cléo, Agnès Varda révèle une fois de plus son talent à valoriser les temps faibles. Bien loin de la frénésie et de l’éclatement narratif d’une série télévisée comme 24h chrono, Cléo de 5 à 7 se rapprocherait davantage de la structure du Train sifflera 3 fois. Mais dans le film d’Agnès Varda, le dénouement, c’est-à-dire le résultat des tests médicaux de Cléo, importe moins que la trajectoire de la jeune femme pendant ces quatre-vingt-dix minutes qu’elle vit en passant par tous les états, des rires aux larmes, de la frivolité à la conscience aigüe que la mort se tapit dans l’ombre du hors champ. Dès le prologue chez la cartomancienne, Agnès Varda expose, comme l’oracle d’une tragédie grecque, toute la matière fictionnelle de son récit jusqu’au sort funeste qui guette l’héroïne. Une fois de plus chez la réalisatrice, la structure du film est d’essence littéraire ; divisée en treize chapitres soigneusement minutés, cette déambulation dans Paris n’est pas non plus sans évoquer les descriptions impressionnistes de Rilke dans Les Carnets de Malte Laurids Brigge. Les paroles des chansons, écrites par Agnès Varda, ajoutent du sens et une profondeur au film. Au fond, qui est Cléo, cette « Belle Putain », qui expose son corps insolent comme un objet de plaisir, ou la royale Cléopâtre, que ses amants et ses musiciens viennent divertir ? Et que dire de la chanson poignante et déchirante Sans toi, interprétée par Cléo dont un moment de grâce et d’abstraction en noir et blanc inoubliable ? En plus de faire partie des plus belles scènes du cinéma français, ce cri d’amour constitue l’apogée du film et en illustre avec force le thème central : la beauté et la mort. Le texte fait écho à certains poèmes de Ronsard qui avertissent les jeunes femmes du caractère éphémère de leur jeunesse. Tout au long du film, les symboles de la vanité - les horloges à foison, les miroirs incalculables, les instruments de musique, les cartes à jouer - se glissent derrière le vernis documentaire et photographique des images. Ce symbolisme déguisé peut aussi prendre un tour plus explicite lorsque les enseignes des magasins Rivoli Deuil ou Bonne santé sautent au visage de Cléo comme autant d’avertissements lugubre. Les Montreurs d’Images Cinéma Art & Essai – AGEN www.lesmontreursdimages.com