Schéma départemental de l`enfance et de la famille des Pyrénées
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Schéma départemental de l`enfance et de la famille des Pyrénées
Schéma départemental de l'enfance et de la famille des Pyrénées-Atlantiques Prise en charge des mineurs et jeunes majeurs en difficulté, en danger ou délinquants Aide sociale à l'enfance-Protection judiciaire de la jeunesse octobre 1997 Sommaire Introduction 1 Partie 1 : Le dispositif d'aide et de protection des mineurs et jeunes majeurs 3 le cadre général le schéma départemental Partie 2 : Etat des lieux dans les Pyrénées-Atlantiques aspects quantitatifs aspects qualitatifs Partie 3 : Propositions organiser la concertation et renforcer l'efficacité de l'action et sa qualité 7 13 25 30 59 77 81 optimiser les outils 89 maintenir la qualité et diversifier le dispositif existant 99 Conclusion 107 Glossaire 109 117 Introduction L ES PARENTS ont la responsabilité première d'assurer l'édu- cation et la protection de leurs enfants. En cas de difficulté ou de danger, à leur demande ou sur décision d'un magistrat, ils peuvent être aidés dans cette tâche par les services de protection de l'enfance du Conseil général et du Ministère de la Justice. Cette aide consiste principalement en prestations à domicile mais dans certaines situations, l'intérêt de l'enfant commandera une séparation temporaire d'avec ses parents. Pour répondre aux besoins des familles, le département des Pyrénées-Atlantiques dispose depuis longtemps d'un ensemble important de moyens tant en hébergement qu'en services, mais il nous est apparu nécessaire, ainsi qu'à l'autorité judiciaire, de les diversifier pour les adapter le plus possible aux besoins actuels de l'enfant. Une telle démarche n'a pas pour vocation de se substituer à la famille, à l'école, aux organismes de loisirs, mais bien de les compléter lorsqu'il faut intervenir. Dans cette perspective, les services de l'Aide sociale à l'enfance et de la Protection judiciaire de la jeunesse doivent s'efforcer de mettre en oeuvre une politique définie en commun par l'État et l'Assemblée départementale. Cette politique s'appuie sur des services de proximité plutôt que sur des établissements éloignés et sur une meilleure articulation entre les politiques locales. Sa mise en oeuvre implique une coordination forte entre protection sociale et protection judiciaire, entre État, Juridiction et Conseil général, en matière de planification des équipements et services comme dans la pratique quotidienne des services. Nous nous félicitons que cette volonté ait trouvé sa concrétisation dans l'élaboration conjointe du " Schéma départemental de l'enfance et de la famille du département des PyrénéesAtlantiques " dont ce document présente la teneur. Gilles BOUILHAGUET Préfet des Pyrénées-Atlantiques François BAYROU Président du Conseil général 1 2 PARTIE 1 LE DISPOSITIF D'AIDE ET DE PROTECTION DES MINEURS ET JEUNES MAJEURS Le cadre général Le schéma départemental 3 4 Q ui n'a jamais entendu parler des " enfants de la DDASS " ? C'est en effet bien souvent à cette image quelque peu misérabiliste, restrictive et depuis la décentralisation inexacte qu'est associée l'aide sociale à l'enfance (ASE). Bien commode d'un point de vue médiatique, cette simplification abusive passe à côté de l'essentiel. L'aide sociale à l'enfance, dont le Conseil général a la charge, constitue, avec la Protection judiciaire de la jeunesse, un des éléments clés du dispositif d'aide et de protection des mineurs et jeunes majeurs. Des principes simples au service d'une grande ambition D'une manière générale, dans le cadre des missions d'action sociale confiées au Conseil général, l'objectif de la Direction de la solidarité départementale (DSD) est en effet d'apporter soutien et aide aux populations que leur âge ou leur état fragilisent. Il s'agit, d'une part, des enfants et des personnes âgées et d'autre part, des personnes handicapées et des personnes exclues des circuits de production économique. Le soutien à ces populations ne se fait pas de manière directe. Il est en général subsidiaire et/ou complémentaire à l'aide (obligation légale) familiale et aux prestations sociales. La traduction de ces missions générales pour l'aide sociale à l'enfance, comme pour les autres domaines d'intervention, consiste à apporter une aide financière, matérielle et éducative aux familles qui rencontrent des difficultés dans l'éducation de leur enfant. Le meilleur endroit pour qu'un enfant se développe harmonieusement étant auprès de ses parents, on peut donc dire que la séparation restera l'exception et ne sera envisagée que lorsque le maintien continu dans la famille risque de nuire au bon développement de l'enfant. Enfin, il y a un point qui mérite d'être précisé. Environ 95 % du millier d'enfants du département placés dans des foyers éducatifs ou dans des familles d'accueil ont des parents qui disposent toujours de l'autorité parentale. Parmi eux, 83 % ont été placés par décision judiciaire et 12 % par décision de l'inspecteur de l'aide sociale à l'enfance avec l'accord des parents qui font le constat qu'ils n'ont pas la capacité momentanée d'assurer l'éducation de leur enfant. Seuls 5 % des enfants ne sont pas dans cette situation : - près de 4 % sont des enfants pupilles. Ils n'ont pas de famille. Leur tuteur est le Préfet qui confie l'éducation aux soins des services de l'aide sociale à l'enfance. Le nombre de pupilles diminue chaque année, car depuis les lois sur la régulation des naissances, il y a très peu de naissances d'enfants non désirés, les handicaps à la naissance sont souvent limités et les quelques enfants qui se trouvent abandonnés à la naissance trouvent très vite une famille adoptive pour les accueillir ; 5 - les autres (1 %) sont des enfants qui ont des parents mais ceux-ci ne disposent pas en général de la capacité mentale pour s'en occuper. Le juge des tutelles a délégué l'autorité parentale au service de l'aide sociale à l'enfance. L'aide sociale à l'enfance n'est donc plus le service qui gère le placement d'enfants abandonnés, mais un service qui est un soutien familial dans l'éducation des enfants, qui ambitionne dans l'intérêt de ses décisions d'avoir toujours le souci de sauvegarder la responsabilité des parents. On sait trop que si l'on s'occupe des enfants sans le faire en complémentarité des parents, on finira par en assumer la responsabilité à leur place. Loin de se résumer au placement dans des familles d'accueil ou en établissement, ce dispositif a pour ambition d'aider à devenir adultes et citoyens responsables les enfants et les jeunes qui n'ont pas la chance de disposer d'un soutien familial suffisant. Cette ambition repose sur quatre principes de base : 1) maintien dans le milieu naturel autant que possible, 2) travail avec les familles, 3) primauté de l'éducatif sur le répressif, 4) choix de mesures éducatives à dimension préventive. Plusieurs textes consacrent ces principes, en particulier les ordonnances de 1945 et 1958, la loi de juin 1970, le décret du 18 février 1975 ou encore les lois de décentralisation de juillet 1983 et janvier 1986. Un dispositif complexe dans son organisation D'un point de vue institutionnel, ce dispositif, simple dans ses principes, se caractérise par sa complexité qui en rend difficile la compréhension par la population et les non-spécialistes. Selon les cas, en effet, les décisions sont prises par le Président du Conseil général ou le juge. Mais pour leur application, le Président du Conseil général peut faire appel à ses services ou à des structures habilitées, tandis que le juge peut recourir aux services de la Protection judiciaire de la jeunesse, mais aussi aux services du Conseil général ou à des structures habilitées. Le bon fonctionnement du dispositif au niveau départemental suppose donc une nécessaire coordination entre le Conseil général et l'autorité judiciaire. La réalisation du schéma fournit donc une triple opportunité : - donner une vision d'ensemble du dispositif d'aide et de protection des mineurs et jeunes majeurs dans les Pyrénées-Atlantiques, que ce dispositif résulte de politiques nationales ou de volontés départementales, - renforcer la coordination entre les services du Conseil général (Direction de la solidarité départementale) et ceux de l'État (Ministère de la Justice - Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse), - proposer une évolution coordonnée et réfléchie de l'ensemble du dispositif. 6 Le cadre général Pour différentes raisons, certains enfants sont confrontés à des situations de difficulté qui peuvent les mettre en danger ou les conduire à des états de délinquance. La démarche suivie dans ce cas est toujours la même : diagnostiquer, évaluer puis décider. Il existe alors une large panoplie de mesures qui sont prises avec l'accord des parents ou quand cela n'est pas possible en tentant de les y associer. Selon les cas, l'autorité compétente pour décider de ces mesures est le Président du Conseil général (autorité administrative, obligatoirement avec l'accord des parents) ou le juge (autorité judiciaire, qui doit rechercher l'accord des parents mais peut passer outre). L’autorité du Président du Conseil général Une compétence du Conseil général dans l'aide aux familles en état de difficulté Les familles éprouvant des difficultés dans l'exercice de l’autorité parentale demandent dans un premier temps une écoute particulière. Lorsqu'elles expliquent les problèmes qu'elles rencontrent avec leur enfant, elles peuvent prendre du recul et rechercher des alternatives différentes de ce qu'elles avaient imaginé. Des circonscriptions d'action médico-sociale Cette première étape constitue l'un des rôles fondamentaux des circonscriptions d'action médico-sociale. Ces équipes de professionnels relevant du Conseil général interviennent sur un territoire donné au bénéfice de la population pour apporter des réponses sociales globales et personnalisées, à travers l'accueil et l'accompagnement social. Par la suite, si la situation le nécessite et après évaluation, un soutien éducatif pourra être proposé à la famille dans le cadre de mesures préventives relevant de la responsabilité du Président du Conseil général en matière de protection de l'enfance. Ces mesures ne peuvent être prises qu'avec l'accord des familles. Elles ont pour objet de soutenir les parents dans leur responsabilité éducative et d'accompagner l'enfant dans sa vie quotidienne. Un service spécialisé : l'aide sociale à l'enfance (ASE) Pour répondre à l'ensemble de cette problématique, en concertation avec les circonscriptions d'action sociale et le service de la protection maternelle et infantile, le Conseil général s’appuie sur le service de l’aide sociale à l’enfance (ASE), service non personnalisé chargé des missions suivantes : 1° apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique aux mineurs, à leur famille, aux mineurs émancipés et aux majeurs âgés de moins de vingt et un ans confrontés à des difficultés sociales susceptibles de compromettre gravement leur équilibre ; 7 2° organiser, dans les lieux où se manifestent des risques d’inadaptation sociale, des actions collectives visant à prévenir la marginalisation et à faciliter l’insertion ou la promotion sociale des jeunes et des familles ; 3° mener en urgence des actions de protection en faveur des mineurs (Loi du 10 juillet 1989 art. 2) ; 4° pourvoir à l’ensemble des besoins des mineurs confiés au service et veiller à leur orientation, en collaboration avec leur famille ou leur représentant légal ; 5° mener, notamment à l’occasion de l’ensemble de ces interventions, des actions de prévention des mauvais traitements à l’égard des mineurs et, sans préjudice des compétences de l’autorité judiciaire, organiser le recueil des informations relatives aux mineurs maltraités et participer à la protection de ceux-ci (Loi du 10 juillet 1989 art. 2). Des mesures d'aide, en milieu ouvert ou en placement, décidées avec l'accord des familles Pour l’accomplissement de ses missions, l’ASE dispose de plusieurs possibilités d’action : soutien des parents, mesures d’assistance éducative en milieu ouvert (AEMO « administratives »), aides matérielles à domicile, par exemple intervention d'une travailleuse familiale quotidiennement, aides financières ou encore dans les cas les plus difficiles, mesures de placement en établissement ou dans des familles d’accueil. Les mesures de placement, quand elles sont indispensables, ne sont pas toujours cependant des mesures idéales car cette rupture avec le milieu familial risque de marquer l’enfant pour le reste de sa vie. Dans le cadre de l’autorité administrative, il faut souligner à nouveau que ces dispositions ne peuvent être décidées par le Président du Conseil général qu’avec l’accord des familles concernées et pour une durée maximale d'un an, éventuellement renouvelable. Toutefois, comme cela sera précisé ultérieurement, le service de l’ASE peut également se voir confier des enfants directement par le juge des enfants dans le cadre de la protection judiciaire de la jeunesse. Des mesures assurées par le Conseil général lui-même ou par des organismes qu'il habilite Sans préjudice de ses responsabilités vis-à-vis des enfants qui lui sont confiés, le service de l’aide sociale à l’enfance peut faire appel : - soit à des services, organismes ou personnes physiques qui relèvent directement du Conseil général : . en circonscription, le service social départemental, le service de protection maternelle et infantile, les éducateurs, les psychologues, . les foyers de l’enfance, . des assistantes maternelles salariées du département ; - soit à des organismes publics ou privés habilités dans les conditions prévues par la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales. Le service de l’ASE contrôle les personnes physiques ou morales à qui il a confié des mineurs, en vue de s’assurer des conditions matérielles et morales de leur placement. 8 Une prévention individuelle complétée par des actions de prévention collective L'action de prévention du Conseil général ne s'exerce pas seulement de façon individuelle. Elle comporte une dimension collective très importante dans le cadre d'animations et d'interventions sociales destinées à des groupes de jeunes. Par ailleurs, le rôle du Conseil général s'exerce de manière préventive avec ses propres services, en particulier le service social, en circonscription, et le service de protection maternelle et infantile, avec une action préventive déterminante avant toute prise en charge de l'aide à l'enfance, non seulement dans les premières années de la vie mais ultérieurement en évitant l'apparition de conduites inadaptées. Un exemple d'intervention Richard, 5 ans 1/2, vit dans sa famille Sa mère l'élève le plus souvent seule. Elle a 24 ans et se montre très fragile psychologiquement. Elle a des compagnons de passage. Parfois, elle laisse Richard longtemps seul à la maison, sans se préoccuper suffisamment de ses repas, de son hygiène et même néglige sa santé. Prévention Elle ne s'intéresse pas à ce qui existe dans son quartier comme dispositif de prévention (animations au centre social) et n'a jamais sollicité ni la protection maternelle et infantile (PMI), ni les aides financières, ni un travailleur familial (TF). Elle s'isole facilement. La situation empirant brusquement, le secteur d'action sociale est interpellé par un appel téléphonique anonyme (l'assistante sociale ne connaissait pas la situation). Évaluation en circonscription : en accord avec la mère et avec l'inspecteur de l'aide sociale à l'enfance, une aide éducative au domicile est proposée. Prise en charge : Aide éducative en milieu ouvert - AEMO administrative. Très vite, Madame se met en ménage avec un homme impulsif et déviant. Il y a maltraitance physique des deux parents vis-à-vis de l'enfant et nécessité d'imposer un placement. Signalement par l'ASE est fait auprès du procureur qui transmet au juge des enfants, lequel décide d'un placement en internat (cette décision s'impose aux parents mais aussi à l'établissement lui-même, dans la limite des places disponibles). Placement judiciaire : Richard vivra durant la semaine, quelques week-ends et une partie des vacances dans une maison d'enfants à caractère social (MECS). Cette MECS est agréée et habilitée par le Conseil général et par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). L'accueil de Richard est complètement financé par le Conseil général de son lieu de domicile. Richard ira de temps en temps chez lui. Le travailleur social de circonscription se maintient en capacité d'aider la mère de Richard et sa famille à évoluer. Le retour en famille se fera si possible, après évaluation par l'établissement chargé de la mesure et par décision du magistrat. La procédure et le financement du placement, en cas de risque et non pas de maltraitance, auraient pu être exactement les mêmes, décidés par l'inspecteur de l'ASE, à la seule condition que la mère de Richard ait donné son accord. 9 L’autorité judiciaire Les situations de danger ou de délinquance, compétences de l'autorité judiciaire Lorsqu’il existe une situation de danger pour l’enfant en matière de santé, de sécurité, de moralité ou lorsque les conditions de son éducation sont gravement compromises, les mesures à prendre relèvent de la protection judiciaire de la jeunesse. Dans ce cadre, le juge des enfants a la possibilité de décider la mise en place de mesures d’action éducative en milieu ouvert (AEMO « judiciaires ») ou de placement, au besoin sans l’accord des familles même si cet accord doit toujours être recherché. Les cas de délinquance relèvent également de l’autorité judiciaire. Enfin, le décret du 18 février 1975 offre aux jeunes majeurs de 18 à 21 ans qui éprouvent de graves difficultés d’insertion sociale la possibilité de solliciter du juge des enfants l’instauration d’actions de protection judiciaire. Les mesures éducatives que peut prendre ce magistrat doivent recevoir l’accord du jeune majeur. Un service spécialisé : la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) La direction de la protection judiciaire de la jeunesse compétente (anciennement « éducation surveillée ») est chargée d’assurer les prises en charge éducatives décidées par le juge des enfants. Avant toute décision, afin d’acquérir une meilleure connaissance de la personnalité du mineur et de son milieu familial et pour briser les logiques d’exclusion, le magistrat de la jeunesse dispose de moyens d’investigation et d’aide qui lui sont propres. Les principales mesures d’investigation ordonnées par les magistrats sont les suivantes : - les recueils de renseignements socio-éducatifs menés par le service éducatif auprès du Tribunal (SEAT) qui visent à éclairer le magistrat des enfants ou du parquet dans une prise de décision à l’égard de situations graves et urgentes (dans le cas où un mandat de dépôt est requis par le magistrat du parquet, les renseignements éducatifs sont obligatoirement complétés par une proposition éducative) ; - les investigations d’orientation éducative (I.O.E.), en particulier les examens médicaux, psychiatriques et psychologiques, observation du comportement, examen d’orientation professionnelle ; - les enquêtes sociales. Des mesures prises au besoin sans l'accord des parents 10 Les décisions prises par le juge des enfants s’appuient sur le Code civil (état de danger) ou le Code pénal (état de délinquance). Dans l’un et l’autre cas, elles visent à assurer au jeune concerné, quelles que soient son histoire et sa situation personnelle, le droit à l’éducation, à la formation, au travail, à la santé, à la culture. En matière civile, le juge des enfants doit toujours s’efforcer de recueillir l’adhésion de la famille à la mesure envisagée. Des mesures d'assistance éducative, en milieu ouvert, en placement ou dans le cadre d'une mise en détention Les mesures d’assistance éducative peuvent s’effectuer en milieu ouvert. Un service ou une personne est alors chargé par le juge d’apporter aide et conseil à la famille, de suivre le développement de l’enfant et d’en faire rapport au juge périodiquement. Ce type d’action s’attache prioritairement à garantir les conditions de maintien du mineur dans son « milieu actuel », dont sa famille constitue le noyau, mais qui comprend également son environnement social et culturel. Le magistrat des enfants, garant des libertés individuelles, intervient de manière à maintenir la famille dans l’intégrité la plus large possible de son autorité parentale. L’assistance éducative peut également avoir lieu à l’occasion d’un placement hors du « milieu actuel ». Si une telle solution s’avère nécessaire, le magistrat a en effet la possibilité de confier le mineur : - à celui des parents qui n’en avait pas la garde, - à un autre membre de la famille ou à une personne digne de confiance, - à un service ou établissement, sanitaire ou d’éducation, ordinaire ou spécialisé, - au service départemental d’aide sociale à l’enfance. En matière pénale, selon les cas, le juge des enfants, le Tribunal pour enfants ou la Cour d'assises des mineurs peuvent ordonner à l'égard du mineur : - toute mesure d'investigation, - un placement auprès d'un parent, d'une personne digne de confiance, d'un foyer ou d'une structure publique ou habilitée, - une mesure exercée par le service public PJJ comportant des contraintes particulières comme la liberté surveillée, le sursis avec mise à l’épreuve, le travail d’intérêt général, la mise sous protection judiciaire ou le contrôle judiciaire, - une réparation (travail ou activité au profit d’une collectivité ou directement auprès de la victime), - une peine privative de liberté (le suivi des mineurs incarcérés et la préparation d’un projet éducatif de sortie étant assurés par le service éducatif auprès du Tribunal ou l'institution qui avait la charge de l'enfant avant la mise en détention). Des mesures assurées directement par les services de la PJJ ou par des structures associatives habilitées L’ensemble des mesures décidées par l’autorité judiciaire sur le plan civil peut être assuré par des institutions publiques ou par le secteur associatif habilité. Les structures publiques peuvent relever directement de la Direction de la protection judiciaire, comme les services éducatifs auprès du tribunal (SEAT), les centres d’action éducative, ou relever de l’aide sociale à l’enfance. En effet, l’ASE, qui intervient déjà directement dans le cadre de l’autorité administrative dans les états de difficulté rencontrés par les mineurs et leur famille, prend également en charge les enfants qui lui sont confiés par le juge dans le cadre de la protection judiciaire. Le rôle des structures associatives est plus ou moins important selon les départements. Certaines d’entre elles sont habilitées par le Conseil général, d’autres par la 11 Direction de la protection judiciaire de la jeunesse, d’autres enfin simultanément par les deux autorités. On parle alors de « double habilitation ». En matière pénale, en dehors des mesures de placement concernant les mineurs de moins de 13 ans confiés à l’ASE (situation peu fréquente) et les mineurs délinquants placés dans des établissements habilités du secteur associatif, les services de la protection judiciaire de la jeunesse sont les seuls à intervenir. La Direction de la protection judiciaire de la jeunesse a pour mission de veiller à l’ensemble des moyens utilisés par les juges pour répondre à la diversité des situations qui leur sont présentées, ceux qu’elle met en place elle-même, comme ceux qu’elle habilite ou que les magistrats utilisent quel que soit l’organisme payeur. Elle est responsable des conditions d’exercice des mesures, des méthodes mises en oeuvre, du niveau des moyens mis en place et de la correspondance entre ces moyens et les besoins des populations relevant des juges des enfants. Elle le fait en donnant la priorité aux réponses éducatives, à la prévention de la récidive et de l’incarcération des mineurs, à la réduction de l’exclusion et de la marginalité. Dans ce but, elle s’efforce de renforcer l’information des jeunes, de leur redonner le sentiment d’appartenance à une communauté, de les restaurer dans l’exercice de leurs responsabilités. Elle rétablit enfin un espace de négociation afin de permettre à ces jeunes, le moment venu, de s’insérer dans l’ensemble des dispositifs de droit commun. 12 Le schéma départemental Une obligation légale Un schéma conjoint prévu par la loi du 6 janvier 1986 La loi du 6 janvier 1986, votée à l’unanimité par le Parlement, adapte la législation sanitaire et sociale aux transferts de compétence effectués au profit des collectivités locales par la loi du 22 juillet 1983. Elle modifie la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales et son article 2-2 impose l’élaboration d’un schéma qui devra préciser, dans chaque département, la nature des besoins sociaux, les caractéristiques des équipements et leurs perspectives de développement, les critères d’évaluation des actions conduites ainsi que les modalités de la collaboration ou de la coordination susceptibles d’être établies ou recherchées avec d’autres collectivités. Cette obligation concerne tous les secteurs de l'action du Conseil général. En matière d'aide aux mineurs et jeunes majeurs, la réalisation de ce schéma intéresse l’autorité judiciaire à double titre. En effet, la politique sociale suivie dans chaque département par le Conseil général a des conséquences sur de nombreux contentieux traités par les juridictions, par exemple en ce qui concerne la prévention de la délinquance et de la récidive. D’autre part, la mise en oeuvre des mesures ordonnées par les magistrats de la jeunesse est étroitement liée aux politiques départementales conduites en matière d’aide sociale à l'enfance. C’est pourquoi la loi du 6 janvier 1986 prévoit expressément que le schéma est arrêté de façon conjointe par le Président du Conseil général et le représentant de l’État dans le département pour ce qui concerne les établissements et services auxquels l’autorité judiciaire confie directement et habituellement des mineurs. Une déconcentration des services de l'État parallèle à la décentralisation La politique de décentralisation a conduit l’État à modifier l’organisation de ses services en déconcentrant les niveaux d’intervention. Le décret du 14 janvier 1988 relatif au ressort territorial, à l’organisation et aux attributions des services extérieurs de l’Éducation surveillée (devenue Protection judiciaire de la jeunesse en 1990) précise que les directeurs départementaux de 13 l’Éducation surveillée sont chargés de « mettre en oeuvre la politique nationale de la prise en charge de la jeunesse délinquante et en danger, en liaison avec la politique départementale d’aide sociale à l’enfance ». La circulaire du Ministère de la justice du 21 novembre 1988 rappelle par ailleurs que pour garantir globalement sur un territoire donné le droit des jeunes à l’insertion, l’Éducation surveillée doit réaliser trois objectifs : - organiser à l’échelon départemental avec les juridictions concernées, un dispositif cohérent de protection judiciaire, - construire des réponses décloisonnées avec les partenaires locaux, - poursuivre le processus de déconcentration pour assurer une mise en phase progressive des responsabilités déconcentrées de l’État avec les compétences exercées par les collectivités régionales et départementales. Enfin, le 22 juin 1990, le Garde des Sceaux, Ministre de la justice, adressait aux services de la Protection judiciaire de la jeunesse une circulaire ayant pour but d’engager l’ensemble des directions régionales et départementales « dans une démarche méthodologique d’élaboration, de mise en oeuvre, de suivi et d’évaluation d’un schéma départemental de protection judiciaire, articulé et relié au dispositif de protection sociale qui y participe, associant en complémentarité les capacités du secteur public et du secteur associatif, y compris dans leur dimension régionale, dans le cadre d’une politique judiciaire de plus en plus concertée, en son sein comme avec ses partenaires ». Globalement, des préoccupations communes au Conseil général et à l'autorité judiciaire Au-delà des diverses dispositions législatives ou réglementaires qui viennent d’être évoquées, force est aussi de constater lorsqu’on examine le fonctionnement des deux autorités administrative et judiciaire, que leurs services respectifs poursuivent globalement les mêmes objectifs. S’il existe sans doute une différence dans l’importance attachée par chacune d’une part aux préoccupations sociales et d’autre part à l'ordre public, les mêmes aspects sont pris en compte : santé, sécurité, moralité, éducation, et les moyens d’action, non seulement sont fréquemment identiques, mais sont souvent fournis par les mêmes partenaires ou prestataires. Dès lors, concertation et coordination apparaissent les corollaires indissociables et obligés de la décentralisation des uns et de la déconcentration des autres. 14 La démarche suivie dans les Pyrénées-Atlantiques Le Conseil général a décidé de revoir progressivement toutes ses politiques sociales par domaine d'intervention. À la suite du décret du 14 janvier 1988, un document est rédigé en 1988 par la Direction régionale de la Protection judiciaire de la jeunesse. Intitulé « Réflexions à propos d’un schéma départemental d’action sociale. Contribution du Ministère de la justice - Services judiciaires - Éducation surveillée », il est adressé simultanément au Préfet et au Président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques. Un rapport d'inventaire initial En même temps, la Direction de la solidarité départementale produit un rapport d'inventaire en octobre 1990. Le 31 mai 1990, à l’occasion d’une réunion regroupant les associations, les établissements et services habilités, le Conseil général (Direction de la solidarité départementale) annonce à ses partenaires, à partir du document intitulé « Rapport d’inventaire », la réalisation d’une démarche conjointe avec la Protection judiciaire de la jeunesse pour compléter, par une approche qualitative, ce premier inventaire essentiellement quantitatif. Devant l'importance de la tâche à réaliser, le Conseil général n'a pas voulu que le schéma départemental des institutions sociales soit un document unique simultanément réalisé pour tous les domaines de la Direction de la solidarité départementale (DSD) car cela aurait nécessité de mobiliser tous les services en même temps, au risque d'élaborer un document trop important et statique. Il a donc décidé que ce schéma se composerait de quatre grands chapitres qui seraient traités séparément par les divers services : - l'enfance et la famille, - les personnes âgées, - les handicapés, - les personnes en situation d'exclusion. Cette façon d'aborder le schéma devrait permettre d'en faire un document vivant qui définit la politique du Conseil général et qui peut évoluer. Un schéma " enfance famille " en quatre volets Le chapitre " Enfance et famille " concerne trois services de la DSD : la protection maternelle et infantile (PMI), les circonscriptions de service social et l'aide sociale à l'enfance. Ce chapitre se compose de quatre parties : - les modes d'accueil de la petite enfance, - la protection médico-sociale de l'enfant et de la mère, - la protection de l'enfance au moyen d'actions de prévention collective, - la protection de l'enfance au moyen de prises en charge individuelles. 15 L'accueil des jeunes enfants a fait l'objet d'un rapport d'étude en avril 1994 suivi d'une redéfinition de la politique et des critères d'intervention du Département (délibération 501 du 28 janvier 1995). Le Conseil général, qui agrée et contrôle les établissements et services d'accueil du jeune enfant, confirme sa décision de soutenir financièrement leur fonctionnement avec un objectif : - d'aménagement du territoire (soutien complémentaire aux structures rurales et aide à l'innovation), - d'accompagner la restructuration des crèches familiales et de développer les emplois de proximité (relais assistantes maternelles), - de prévention (parité de prestation entre crèches et haltes-garderies). La troisième partie a fait l'objet d'une délibération en 1995. Celle-ci a précisé et spécifié les missions confiées, d'une part, aux animateurs socioéducatifs des centres sociaux et maisons des jeunes et de la culture et, d'autre part, aux équipes d'éducateurs de rue de prévention spécialisée. Il leur est demandé d'axer leurs actions auprès de la population qui justifie le mieux l'intervention du Conseil général dans le cadre de sa mission de protection de l'enfance : l'adolescence. La deuxième partie n'a pas encore à ce jour été élaborée. La quatrième partie fait l'objet du présent document et concerne donc la prise en charge individuelle des mineurs et jeunes majeurs en difficulté, en danger ou délinquants. Une analyse qualitative des projets pédagogiques des MECS et des AEMO menée de façon conjointe La Direction de la solidarité départementale et la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse ont en effet jugé important de faire le point sur les projets d'établissement ou de service proposés dans le département par les maisons d’enfants à caractère social (MECS), les services d’actions éducatives en milieu ouvert (AEMO) et par le service de placement familial de l’aide sociale à l’enfance. L’analyse qualitative du dispositif d’intervention par les autorités de contrôle n’est pas chose habituelle. Toutefois, dans le cadre de l’habilitation et au-delà des aspects budgétaires et de fonctionnement, il a paru souhaitable de demander à chaque établissement ou service de fournir un projet de service écrit. C’est donc pratiquement en terme d’innovation qu’il faut analyser cette démarche qui a concerné dix-huit établissements d’accueil pour mineurs et jeunes majeurs et trois services d’actions éducatives en milieu ouvert. Simultanément, l’aide sociale à l’enfance mettait en chantier la réalisation du projet éducatif de son service de placement familial. Le projet éducatif, partie prenante du projet de service, est avant tout le reflet, le « porte parole » d’une pratique existante. La rédaction du projet pédagogique dans le cadre des projets de service devait donc permettre à l’établissement de préciser ses caractéristiques et ses pratiques. Des ren- 16 contres avec les directions, les professionnels éducatifs, pédagogiques, administratifs et des services généraux ont permis de mieux comprendre les projets, de s’interroger sur l’adéquation entre le projet et le discours et d’apprécier le niveau d’appropriation du projet par les équipes. Cette confrontation, sur le terrain, a parfois été rude, mais elle a permis de repérer l’adaptabilité de l’intervention éducative à la demande des décideurs et le dynamisme de chaque projet. De plus, chaque établissement a rempli une fiche technique de présentation qui permet d’avoir une vision plus fine du dispositif habilité par l’aide sociale à l’enfance et la protection judiciaire de la jeunesse pour la prise en charge des mineurs et jeunes majeurs en danger ou délinquants. De ce travail, un constat peut être tiré : les établissements sont plus complémentaires que concurrentiels. Les années 1991 et 1992 ont essentiellement été consacrées à la réalisation de cette démarche. Les informations recueillies ont permis de valider une première analyse des pratiques et des besoins, à travers l'analyse de l’ensemble des projets pédagogiques étudiés. Le document relatant le déroulement de cette étude a été largement diffusé en juin 1993. Il comprend en outre le recueil de fiches techniques remplies par chaque établissement et présentant à la fois ses capacités, habilitations et conditions matérielles d’accueil mais aussi ses modalités de prise en charge (références théoriques, nature des interventions, matériels pédagogiques particuliers...). Une démarche de schéma ouverte à l'ensemble des partenaires et des prestataires La dynamique du schéma a également concerné les autres institutions chargées de la jeunesse qui peuvent être amenées à intervenir dans le cadre de leurs missions auprès des mineurs et jeunes majeurs en difficulté, en danger ou délinquants. L’explicitation et la confrontation des pratiques, des motifs de satisfaction ou de difficulté ont permis de mieux se connaître et de poser les bases d’une réflexion plus large. C’est un aspect non négligeable que d’avoir réuni au long cours des professionnels d’horizons différents afin que chacun expose ses problématiques et les mette en perspective avec celles des autres. Ont été sollicités dans ce cadre les magistrats du siège et du parquet, l’Inspection académique (enseignement public et privé), la Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, la Direction départementale de la jeunesse et des sports ainsi que la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales. D'autres partenaires tels la Caisse d'allocations famililiales ou les communes peuvent, dans certaines circonstances, intervenir. L’étape importante de cette démarche partenariale a été la rencontre plénière de mars 1994 réunissant ces différents partenaires avec les représentants de la Direction de la solidarité départementale et de la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse. Une phase de concertation L’ensemble de ces travaux et de ces réflexions a permis à la Direction de la solidarité départementale et à la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse, ainsi qu’à leurs principaux partenaires, de consta17 ter que de plus en plus de jeunes mineurs mettent en difficulté ou en échec les modalités de prise en charge mises à leur disposition. Cette prise de conscience a débouché sur la décision d’entreprendre une concertation départementale pour mieux cerner cette réalité et en comprendre les facteurs afin d’adapter ou de redéfinir les modalités de prises en charge actuelles. Cette phase de concertation, débutée en décembre 1994, a été menée avec l’aide méthodologique de l’Observatoire régional de la santé d'Aquitaine (ORSA), déjà associé par le Conseil général à l’élaboration de schémas portant sur d’autres aspects de l’action sociale et médico-sociale. La concertation a été ciblée sur la population des mineurs et jeunes majeurs en établissements sociaux, en placement familial ou bénéficiant d’une mesure d’action éducative en milieu ouvert. Trois grands thèmes de réflexion ont été retenus : - les troubles psychiques et psychiatriques, - la violence, en particulier la violence physique, et la délinquance, - l’exclusion et la désinsertion scolaire et/ou professionnelle. Une méthode de concertation structurée mais souple et adaptable : des travaux en atelier, coordonnés au niveau départemental Chacun des thèmes a fait l’objet d’un atelier de travail composé d’intervenants d’origines professionnelles et institutionnelles variées dans lesquels étaient représentés les élus du Conseil général, les services de l’aide sociale à l’enfance, le service social de la Direction de la solidarité départementale, le Centre départemental de l'enfance et de la famille ainsi que la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales, des pédopsychiatres, l’Éducation nationale (enseignement public et privé), les services de la Justice, la Direction départementale de l’emploi et de la formation professionnelle, la Direction départementale de la jeunesse et des sports, les associations, les établissements et les services du secteur habilité, les assistantes maternelles, les parents et enfin la police et la gendarmerie. Des consignes communes ont été fournies aux trois ateliers. Chaque atelier s’est réuni au moins à trois reprises avec les mêmes objectifs à atteindre : - analyser les réalités et les éventuels dysfonctionnements (première réunion), - formuler des logiques d’intervention à envisager (deuxième réunion), - formuler des propositions prenant en compte aussi bien les travaux préalables que la réflexion au sein de l’atelier lui-même (troisième réunion). Dans chaque atelier un « bureau » était chargé de la préparation, de l’animation et de la synthèse des rencontres. Chaque réunion d’atelier donnait lieu à un compte-rendu approuvé par l’atelier à la réunion suivante. Ces comptes rendus ont permis de rédiger des rapports d’étape. La circulation de l’information entre les ateliers d’une part et les directions de la Solidarité départementale et de la Protection judiciaire de la jeunesse ensuite, a été un élément important pour l’efficacité des travaux. Les trois bureaux réunis en comité de coordination ont veillé à la progression simultanée des travaux. Ils ont également assuré la réflexion transversale indispensable pour garder sa globalité à la démarche entreprise. Deux réunions plénières ont eu lieu en début pour lancer et valider la démarche générale et à la fin des travaux pour arrêter les propositions elles-mêmes. 18 Composition des ateliers Atelier 1 - Problèmes psychologiques Bureau : 1 représentant des associations 1 pédo-psychiatre 1 directeur (service d'action éducative en milieu ouvert) 1 représentant de circonscription 1 psychologue de la Direction de la solidarité départementale Atelier : 1 animateur (issu du bureau) 1 représentant de la DDASS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales) 2 pédo-psychiatres 1 représentant de l’Éducation nationale (assistant social) 1 représentant de la Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle 1 représentant de fédération de parents 1 représentant des services éducatifs auprès des tribunaux (SEAT/PJJ) 1 juge des enfants 1 élu 1 inspecteur de l’aide sociale à l’enfance 1 psychologue de l’aide sociale à l'enfance 1 assistant social de circonscription 1 directeur d’établissement d'enseignement public 1 directeur d’établissement d'enseignement privé 1 éducateur d’actions éducatives en milieu ouvert 1 psychologue d’établissement (maison d’enfants à caractère social) 1 assistante maternelle 1 directeur de service d’actions éducatives en milieu ouvert 1 représentant des foyers de l’enfance 1 directeur de maison d'enfants à caractère social 1 magistrat du parquet 2 représentants de la protection maternelle et infantile 1 représentant des instituts de rééducation 1 conseiller à la cour d’appel 1 éducateur en établissement (maison d'enfants à caractère social) Atelier 2 - Délinquance/violence Bureau : 1 représentant des services éducatifs auprès des tribunaux (SEAT/PJJ) 1 directeur de service d’actions éducatives en milieu ouvert le directeur de la Protection judiciaire de la jeunesse 1 psychologue de circonscription de l’aide sociale à l’enfance 1 directeur d’établissement (maison d’enfants à caractère social) Atelier : 1 animateur (issu du bureau) 1 pédo-psychiatre 1 inspecteur de l’Éducation nationale 1 directeur d’établissement d'enseignement public 1 directeur d’établissement d'enseignement privé 1 assistant social de l’Éducation nationale 1 représentant de la Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle 1 représentant de fédération de parents 1 représentant des foyers de l’enfance 1 représentant des services éducatifs auprès des tribunaux (SEAT/PJJ) 2 directeurs d’établissement (maison d’enfants à caractère social) 1 directeur de service d’investigation d'orientation éducative 1 assistant social de l’aide sociale à l'enfance 1 magistrat du parquet général 1 magistrat du parquet 1 assistante maternelle 1 représentant de la police 1 représentant de la gendarmerie 1 élu 1 inspecteur de l’aide sociale à l’enfance 1 psychologue de l’aide sociale à l’enfance 1 représentant des instituts de rééducation 19 Atelier 3 - Formation/désinsertion 20 Bureau : 1 directeur de service de placement familial spécialisé 1 inspecteur de l’Éducation nationale 1 directeur d’établissement (maison d’enfants à caractère social) 1 éducateur de l’aide sociale à l’enfance 1 inspecteur à l'aide sociale à l'enfance Atelier : 1 animateur (issu du bureau) 1 inspecteur de l’Éducation nationale 1 directeur d’établissement d'enseignement public 1 représentant d’établissement privé 1 représentant de la Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle 1 représentant de la Jeunesse et sports 2 représentants de fédération de parents 1 représentant des services éducatifs auprès des tribunaux (SEAT/PJJ) 1 psychologue de services d’actions éducatives en milieu ouvert 1 éducateur de services d’actions éducatives en milieu ouvert 1 assistante maternelle 1 éducateur d’établissement 1 éducateur de l’aide sociale à l’enfance 2 directeurs d’établissement (maison d’enfants à caractère social) 1 élu 1 assistant social d’aide aux migrants 1 juge des enfants 1 formateur de travailleurs sociaux 1 accueillant juridique 1 assistant social de circonscription Des approches complémentaires En plus d'un soutien technique tout au long des travaux, l’ORSA a collecté et mis à disposition un certain nombre d’informations nécessaires à la démarche, avec trois objectifs principaux : - fournir un document présentant les données socio-démographiques de base sur les jeunes du département, - évaluer le « vécu » des professionnels sur chacun des thèmes retenus grâce à une enquête auprès de tous les professionnels du département, - mesurer la fréquence effective des phénomènes étudiés parmi les jeunes pris en charge à travers une enquête menée dans les établissements et services. Le travail réalisé dans les trois ateliers a permis de mettre en évidence les atouts et les lacunes des dispositifs existants et de dégager les constats, les lignes forces des actions menées afin d’émettre des suggestions et d’élaborer des propositions. Le comité de coordination a effectué la synthèse des réflexions des ateliers de façon globale et transversale. À partir de ces éléments, la Direction de la solidarité départementale et la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse ont formulé les propositions soumises à la décision du Conseil général et du Préfet. Un document de synthèse final présentant ces propositions a été communiqué à tous les membres des ateliers. Parallèlement, les travaux en collaboration avec les différentes administrations se poursuivent lors de réunions bi ou trilatérales. 21 22 Éléments essentiels ● La famille constitue le cadre naturel et légitime de l’éducation des enfants. Mais il arrive qu’elle ne soit pas ou plus en mesure d’assurer ce rôle, partiellement ou de façon globale, temporairement ou pour une longue période. Il peut alors en résulter pour les jeunes des états de difficulté, de danger ou même de délinquance. ● Le dispositif français de protection de la jeunesse prévoit alors l’intervention de l’autorité administrative du Conseil général ou celle de l’autorité judiciaire. Les décisions prises s’efforcent toujours de favoriser les mesures éducatives et préventives, d’obtenir l’adhésion des familles et de maintenir le plus possible l’enfant dans son milieu de vie habituel. ● Le service de l’aide sociale à l’enfance du Conseil général et celui de la protection judiciaire de la jeunesse sont chargés de la mise en œuvre et du respect de ces mesures, éventuellement en faisant appel à des organismes prestataires. Trois types de mesures sont principalement utilisés : l’assistance éducative en milieu ouvert, le placement dans des familles d’accueil (placement familial) ou le placement en établissement. Des mesures pénales, comme l’incarcération, peuvent également intervenir dans certains cas. ● Depuis la loi du 6 janvier 1986, chaque département doit être doté d’un schéma précisant la nature des besoins à satisfaire, les réponses à y apporter et les modalités de collaboration entre les services de l’État et ceux du Conseil général. Dans les Pyrénées-Atlantiques, l’élaboration des aspects concernant l'aide aux mineurs et jeunes majeurs a étroitement associé le service de l’aide sociale à l’enfance et la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse. L’ensemble des intervenants publics ou associatifs a été sollicité dans le cadre d’une large concertation ayant permis d’identifier les points forts du département, de présenter les projets éducatifs des structures, d'analyser les dysfonctionnements existants et de formuler des propositions. Des approches complémentaires ont également été entreprises pour mieux connaître d’une part les attentes des professionnels et d’autre part certaines caractéristiques des jeunes pris en charge dans le département. 23 PARTIE 2 ÉTAT DES LIEUX DANS LES PYRÉNÉES-ATLANTIQUES Aspects quantitatifs Aspects qualitatifs 26 Un département frontalier et touristique Frontalier avec l'Espagne, le département des Pyrénées-Atlantiques est le lieu d'échanges avec la population espagnole mais aussi avec les personnes à destination de l’Espagne ou transitant par ce pays. Ces mouvements de population rendent plus difficile l’exercice de certains contrôles en matière de délinquance. Il existe aussi des mouvements de population dus au caractère fortement attractif des Pyrénées-Atlantiques du point de vue touristique. En effet, le département dispose dans ce domaine d’atouts très importants en offrant une grande variété de paysages (mer, campagne et montagne) et un environnement à la qualité préservée. Au recensement de 1990, toutes les communes situées sur la côte ou le long de la chaîne des Pyrénées comprenaient au moins 10 % de résidences secondaires. Le nombre de jeunes varie ainsi fortement au cours de l’année, en particulier les mois d’été ou durant l’époque des sports d’hiver. Les besoins, par exemple les fugues, augmentent donc sans que les moyens évoluent de façon proportionnelle. Un département avec deux agglomérations principales : Pau et Bayonne Le département comprend trois arrondissements, deux de taille sensiblement équivalente, Pau et Bayonne, un troisième d'une taille plus petite, Oloron-Sainte-Marie. Si le département ne dispose que d’un service de l’ASE et d’une Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse, il comporte deux tribunaux de grande instance, deux juges des enfants, deux services éducatifs auprès des tribunaux et deux caisses d'allocations familiales. L’organisation des services du Conseil général est fortement territorialisée autour de Pau et Bayonne tandis que les juges des enfants utilisent habituellement les équipements implantés dans le ressort de leur juridiction. Des prestataires ASE et PJJ identiques Comme cela a été expliqué dans la première partie, le dispositif français de protection de la jeunesse repose sur l’autorité administrative du Président du Conseil général, pour les états de difficulté, et sur l’autorité judiciaire pour les états de danger et de délinquance. Dans les Pyrénées-Atlantiques, les services du Conseil général et la Direction départementale de la PJJ travaillent en étroite collaboration. Ils utilisent les mêmes prestataires aussi bien pour les mesures en milieu ouvert que pour les placements. La double habilitation « ASE-Justice » est systématique, ce qui n’est pas le cas dans de nombreux départements. Un secteur associatif très important Les Pyrénées-Atlantiques se caractérisent également par l’importance des moyens relevant du secteur privé associatif habilité. En effet, les équipements publics relevant directement du Conseil général ou de la DDPJJ sont peu nombreux. De ce fait, le contrôle, l’orientation et l’animation de ces prestataires revêtent une importance particulière pour la bonne marche du dispositif départemental. Si le département des Pyrénées-Atlantiques se caractérise par un secteur associatif très important, par voie de conséquence le secteur public l'est peu, mais la question incontournable est de savoir s'il l'est suffisamment. À cela, il y a fort à craindre que la réponse ne soit pas positive. 27 En effet, la loi du 10 juillet 1989 a mis le Conseil général, et particulièrement le service de l'aide sociale à l'enfance, au coeur du dispositif de protection de l'enfance maltraitée. Hormis les situations d'urgence, où le Parquet doit être saisi, toute situation de maltraitance doit être signalée par tout individu ou toute institution au service de l'aide sociale à l'enfance. Si le législateur avait voulu se satisfaire de traiter les situations de maltraitance, il aurait confié cette tâche à la Justice, mais dans ce cas, il n'aurait abordé que les situations de maltraitance effective. Or, on sait que dans la majorité des cas, les mauvais traitements infligés aux enfants ne sont très souvent que la conséquence des difficultés familiales pour lesquelles les parents n'ont pas rencontré conseil, écoute et aide. Les situations pathologiques sont minoritaires. Ainsi, le législateur, en confiant cette compétence au service de l'aide sociale à l'enfance, lui donne mission pour transmettre toutes les situations de violence à la justice. En même temps, il lui demande aussi et surtout, par l'intervention des travailleurs sociaux des circonscriptions d'action sociale ou du foyer de l'enfance (les seconds intervenant dans des situations plus conflictuelles que les premiers), d'analyser les situations familiales quant aux difficultés qui lui sont signalées et qui pourraient mener à la maltraitance si une aide n'était pas apportée. Le travail d'analyse est primordial pour l'aide sociale à l'enfance mais les circonscriptions d'aide sociale peuvent-elles y répondre quand il faut aussi faire face à la montée des phénomènes de précarité ? Le problème doit être posé pour deux raisons. La première est évidente : apporter une aide à une famille pour résoudre ses problèmes est bien plus utile que de placer un enfant parce que ses parents ne peuvent ou ne savent plus s'en occuper. La seconde l'est moins mais elle a son poids : le placement d'un millier d'enfants en foyer éducatif (maisons d'enfants à caractère social) ou en placement familial dans les Pyrénées-Atlantiques représente environ 65 % du budget de l'aide sociale à l'enfance (budget supérieur à 200 millions de francs). Parmi les aides que peuvent proposer les circonscriptions de service social, on en trouve certaines qui relèvent de l'aide sociale à l'enfance : - aides financières : 5 % du budget ASE - aide matérielle pour une travailleuse familiale : 1.5 % du budget ASE - aides éducatives : 8 % du budget ASE En fonction de ces éléments, un enfant ne doit pas être séparé de ses parents si les difficultés de ces derniers ne sont que financières ou matérielles et même si elles sont éducatives, un éducateur peut intervenir dans la famille. 28 Un département d'accueil Enfin, dans ce domaine comme dans d’autres, le département dispose de capacités lui permettant l’accueil d’enfants originaires d’autres départements. Cette situation présente des avantages en termes d'emplois sans surcoût pour les Pyrénées-Atlantiques puisque financés par les départements d'origine. Elle développe également les potentialités et les capacités d'innovation en favorisant les échanges et les expériences. Cependant, cet accueil d'enfants résidant hors des Pyrénées-Atlantiques ne s'accompagne pas toujours d'un transfert des responsabilités, compliquant ainsi parfois la tâche des services locaux en cas de problème sur place. Il rend difficile le maintien des relations familiales du fait de l'éloignement géographique. Enfin, ce phénomène complique l'appréciation du dispositif actuel dans la mesure où l'attractivité du département peut rapidement évoluer en cas de création d'équipement dans les départements d'origine. Il pourrait alors en découler des difficultés en matière d'emploi par exemple en cas de fermeture d'un établissement. 29 Aspects quantitatifs Les jeunes du département En 1996, 147 000 jeunes ont moins de 21 ans, soit un quart de la population En 1996, d'après les estimations de population réalisées par l'INSEE, 125 600 jeunes de moins de 18 ans habitent dans les Pyrénées-Atlantiques. Tout comme en Aquitaine, ils représentent un peu plus d'un cinquième de la population totale. Les 21 400 jeunes majeurs (18-20) ans représentent quant à eux 3.6 % de la population, proportion proche de celle observée pour l'ensemble de la région. Par ailleurs, 40 400 jeunes (6.7 %) ont de 21 à 25 ans. Estimation du nombre de mineurs et jeunes majeurs dans les Pyrénées-Atlantiques en 1996 Pourcentage PyrénéesHommes Femmes Ensemble Atlantiques Aquitaine _________________________________________________________________________ moins de 6 ans 6-9 ans 10-12 ans 13-15 ans 16-17 ans 19 14 10 12 7 500 100 900 100 600 18 13 10 11 7 900 600 400 400 100 38 27 21 23 14 400 700 300 500 700 6.4 4.6 3.6 3.9 2.4 6.6 4.7 3.6 3.9 2.5 moins de 18 ans 64 200 61 400 125 600 20.9 21.3 18-20 ans 21-25 ans 11 000 20 600 10 400 19 800 21 400 40 400 3.6 6.7 3.8 7.2 Tous âges 288 900 312 500 601 400 100.0 100.0 _________________________________________________________________________ Source : INSEE De 1982 à 1996 : 12 000 jeunes en moins dans le département 30 Le nombre de jeunes de moins de 18 ans diminue fortement depuis plusieurs années. En 1996, ils sont 12 000 de moins dans le département qu'en 1982 (- 8.7 %). Durant cette période, la baisse a été plus marquée chez les jeunes à partir de 10 ans, notamment entre 16 et 20 ans. En Aquitaine, une évolution sensiblement identique à celle des PyrénéesAtlantiques a été observée jusqu'à 15 ans. En revanche, la population des 16-20 ans n'a pas diminué et a même progressé. Évolution du nombre de mineurs et de jeunes majeurs entre 1982 et 1996 dans les Pyrénées-Atlantiques Population au 1er janvier Différence 1982 1996 absolue % % Aquitaine ____________________________________________________________________________ moins de 6 ans 6-9 ans 10-12 ans 13-15 ans 16-17 ans 39 29 24 25 18 190 560 750 580 440 38 27 21 23 14 400 700 300 500 700 - 790 - 1 860 - 3 450 - 2 080 - 3 740 - 2.0 - 6.3 - 13.9 - 8.1 - 20.3 + 0.5 - 3.9 - 12.7 - 10.4 + 0.4 moins de 18 ans 137 520 125 600 - 11 920 - 8.7 - 4.8 18-20 ans 21-25 ans 25 980 39 840 21 400 40 400 - 4 580 560 - 17.6 + 1.4 + 4.8 + 3.8 Tous âges 555 360 601 400 46 040 + 8.3 + 5.2 ____________________________________________________________________________ Source : INSEE De 1996 à 2010 : poursuite prévisible de la baisse du nombre de jeunes, de 125 600 à 116 000 moins de 18 ans Cette tendance devrait se poursuivre dans les prochaines années puisque l'INSEE prévoit qu'à l'horizon 2010 le nombre de jeunes de moins de 18 ans sera d'environ 116 000, effectif inférieur d'environ 10 000 à celui de 1996. Par rapport à la période 1982-1996, la diminution devrait davantage concerner les enfants avant 10 ans et un peu moins les 10-17 ans. Toutefois, ces prévisions sont basées sur le maintien d'une fécondité basse. Une reprise de la natalité d'ici 2010 pourrait donc en modifier les résultats, surtout pour les plus jeunes enfants. L'éventualité d'un tel phénomène est très difficile à apprécier mais aucun élément ne permet aujourd'hui de l'envisager. Estimation de l'évolution du nombre de mineurs et de jeunes majeurs entre 1996 et 2010 dans les Pyrénées-Atlantiques Population au 1er janvier Différence 1996 2010 absolue % % Aquitaine ____________________________________________________________________________ moins de 6 ans 6-9 ans 10-12 ans 13-15 ans 16-17 ans 38 27 21 23 14 400 700 300 500 700 34 25 20 21 14 400 300 500 600 200 - 4 000 - 2 400 - 800 - 1 900 - 500 - 10.4 - 8.7 - 3.8 - 8.1 - 3.4 - 4.4 - 3.0 + 1.6 - 4.3 - 2.6 moins de 18 ans 125 600 116 000 - 9 600 - 7.6 - 2.9 18-20 ans 21-25 ans 21 400 40 400 21 800 34 800 - 400 - 5 600 + 1.9 - 13.9 + 3.7 - 11.3 Tous âges 601 400 634 000 32 600 + 5.4 + 8.1 ____________________________________________________________________________ Source : INSEE - projections Omphale 31 Moins de 5 % d'étrangers avant 25 ans Un peu moins de 5 % des jeunes habitants des Pyrénées-Atlantiques en 1990 sont de nationalité étrangère et cette proportion est équivalente à celle observée dans l'ensemble de la population du département ou en Aquitaine. Les trois pays d'origine les plus représentés parmi les étrangers de moins de 19 ans vivant dans les Pyrénées-Atlantiques sont le Portugal (34.9 %), le Maroc (33.0 %) et l'Espagne (13.7 %). La proportion d'Espagnols parmi les habitants étrangers est deux fois moins importante chez les jeunes que dans la population étrangère tous âges confondus. C'est l'inverse pour les étrangers d'origine marocaine. Avant 20 ans, la quasi totalité des jeunes vit avec l'un au moins de ses parents Le mode de vie familial des jeunes des Pyrénées-Atlantiques est comparable à celui des jeunes Aquitains. Quels que soient l'âge ou le sexe, la majorité des jeunes vivent avec leurs parents. En 1990, ils sont 97.5 % dans ce cas avant 15 ans et encore 63.0 % après 19 ans. Les jeunes de moins de 15 ans et de 20 à 24 ans sont près de 10 % à vivre dans une famille monoparentale. Cette proportion est encore plus importante entre 15 et 19 ans (13.8 %). La vie en couple concerne près de 16 % des jeunes après 20 ans (22 % chez les filles et 10 % chez les garçons), 4.7 % ayant des enfants. Ces proportions sont plus faibles qu'en Aquitaine. Enfin, près de 10 % des 20 à 24 ans vivent seuls, environ 5 % dans une collectivité et 6.1 % dans un autre cadre, par exemple à deux sans vivre en couple. Mode de vie des jeunes en 1990 (pour 100 jeunes de chaque âge) 0 à 14 ans Pyrénées-Atlantiques Aquitaine Hommes Femmes Ensemble Ensemble ________________________________________________ Avec les parents* dans une famille monoparentale En collectivité Autres** 97.4 9.8 0.8 1.8 97.6 9.2 0.6 1.8 97.5 9.5 0.7 1.8 97.7 9.6 0.3 2.0 Total 100.0 100.0 100.0 100.0 15 à 19 ans __________________________________________________ Avec les parents* dans une famille monoparentale En couple Seul En collectivité Autres** 93.7 14.6 0.2 0.9 2.5 2.7 91.6 13.0 0.8 1.4 2.7 3.5 92.7 13.8 0.5 1.1 2.6 3.1 92.5 13.6 0.8 1.4 1.9 3.4 Total 100.0 100.0 100.0 100.0 20 à 24 ans __________________________________________________ Avec les parents* dans une famille monoparentale En couple avec enfant Parent isolé Seul En collectivité Autres** 70.9 11.3 9.6 2.4 0.1 8.6 4.8 6.0 54.7 9.0 22.0 7.1 1.5 11.2 4.4 6.2 63.0 10.2 15.6 4.7 0.8 9.9 4.6 6.1 55.7 9.1 20.8 6.4 0.8 12.1 3.5 7.1 Total 100.0 100.0 100.0 100.0 _____________________________________________________________________ Source : INSEE - RP 1990 32 (*) : non compris les habitations mobiles (**) : y compris les habitations mobiles Plus de la moitié des 21-24 ans ont un diplôme inférieur au bac ou sont sans diplôme et plus d'un jeune actif sur cinq est au chômage début 1995 La majorité des jeunes de moins de 25 ans poursuit des études. En 1990, ils étaient 57.3 % dans ce cas dans le département. Cette proportion diminue avec l'âge : elle passe de 94.7 % avant 18 ans à 26.6 % entre 21 et 24 ans. Globalement, dans les Pyrénées-Atlantiques, la proportion de jeunes sans diplôme déclaré ou ayant un diplôme inférieur au bac est d'environ 35 % avant 25 ans. Cette proportion dépasse 56 % parmi les 21-24 ans. Début 1995, près de 10 000 jeunes de 16 à 25 ans habitant les PyrénéesAtlantiques étaient demandeurs d'emploi, soit environ 23 % de la population active du même âge. Le taux de chômage des jeunes est ainsi pratiquement le double de celui observé parmi l'ensemble de la population active (12.7 %). La situation du département apparaît dans ce domaine légèrement meilleure que celle de l'Aquitaine. En effet, sur la base du taux de chômage aquitain, il aurait dû y avoir 800 jeunes de plus sans emploi dans les Pyrénées-Atlantiques. Demandeurs d'emploi au 31 décembre 1994 dans les Pyrénées-Atlantiques Taux de chômage (%) Pyrénées nombre Atlantiques Aquitaine _____________________________________________ 16-25 ans 9 520 22.5 24.5 Tous âges 33 282 12.7 14.0 ____________________________________________________ Sources : DRTE - INSEE Près de 150 IVG et 90 naissances par an chez les moins de 20 ans Un nombre non négligeable de grossesses ont lieu chez de très jeunes femmes nécessitant une prise en charge clinique et quelquefois psychologique adaptées. Ainsi dans les Pyrénées-Atlantiques, entre 1991 et 1993 près de 260 naissances ont eu lieu chez des femmes âgées de moins de 20 ans. Cependant, le taux de fécondité des jeunes femmes du département est toujours plus faible que dans l'ensemble de la région. Naissances (1991-1993) et interruptions volontaires de grossesse (1990 à 1992) chez les jeunes femmes de moins de 25 ans dans les Pyrénées-Atlantiques Nombre de Taux de fécondité* Nombre Taux d'IVG** naissances Pyr.-At. Aquitaine d'IVG Pyr.-At. Aquit. _________________________________________________________ 15-19 ans 20-24 ans 260 2 808 4.5 47.2 6.5 54.6 433 919 149 31 118 31 Moins de 25 ans 3 068 26.1 31.4 1 352 41 40 ___________________________________________________________________________ Sources : INSEE (État civil) - SESI (*) : pour 1 000 femmes de chaque âge (**) pour 100 naissances vivantes 33 De 1990 à 1992, 433 IVG ont concerné des jeunes femmes de moins de 20 ans, soit environ 150 interruptions de grossesse pour 100 naissances vivantes. Ce taux est plus élevé qu'en Aquitaine. 180 cas de sida chez les 15-24 ans en 10 ans Depuis le début de l'épidémie jusqu'au 31 décembre 1995, 180 cas de sida ont été déclarés chez des jeunes âgés de 15 à 24 ans habitant le département. Ils représentent 4.3 % de l'ensemble des cas de sida déclarés dans les Pyrénées-Atlantiques. Pour l'ensemble de l'Aquitaine, cette proportion est de 4.7 %. Près de 70 décès par an entre 15 et 24 ans avec une forte surmortalité masculine Les principales causes de mortalité chez les jeunes de moins de 15 ans sont celles en rapport avec la mortalité infantile qui représente 70 % des décès de jeunes de moins de 15 ans (mort subite, anomalies congénitales,..). Les décès chez les jeunes de 15 à 24 ans sont principalement causés par des traumatismes. De 1988 à 1993, 384 jeunes de 15 à 24 ans sont décédés. Parmi ces décès, 71 % étaient liés à des traumatismes dont 43 % à des accidents de la circulation et 13 % à des suicides. À cet âge, la surmortalité masculine est très marquée. Le taux de mortalité toutes causes de décès confondues est 2.3 plus fort chez les hommes que chez les femmes. 34 Le dispositif de prise en charge LES ÉVALUATIONS PRÉALABLES Avant toute décision de prise en charge (administrative ou judiciaire), des enquêtes sont réalisées pour adapter le mieux possible la prise en charge à la situation du jeune. Le Conseil général dispose ainsi de 13 circonscriptions d'action sociale, totalisant environ 240 postes équivalents temps plein de travailleurs sociaux et médico-sociaux, dont près de 58 entièrement dédiés à l'aide sociale à l'enfance ou à la PMI. En cas de difficultés, une évaluation préalable par le personnel des circonscriptions ou le Centre départemental de l'enfance et de la famille Chaque circonscription d'action sociale comprend une instance d'évaluation qui se réunie autant que de besoin à l'initiative du responsable pour étudier chaque situation difficile, à la suite d'informations venant de l'entourage ou d'autres professionnels faisant état d'inquiétudes sur l'évolution d'un enfant. Un professionnel de la circonscription est désigné pour rassembler toutes les informations relatives à l'enfant, à sa famille, afin de vérifier l'importance des difficultés en vue d'une évaluation. À la suite des conclusions de celle-ci, plusieurs types de mesures seront envisagés en recherchant expressément l'adhésion de la famille comme cela a été expliqué dans la première partie de ce document. Les circonscriptions d'action sociale du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques Les circonscriptions d'action sociale Du Béarn : " Jeanne d'Albret " à Pau " Berlioz " à Pau " Fébus " à Pau " Saint-Éxupéry " à Pau " Montesquieu " à Billère " Oloron " à Oloron-Sainte-Marie " Orthez " à Orthez Du Pays Basque : " Jorlis " à Anglet " Bayonne II " à Bayonne " Nive " à Cambo " Saint-Jean-de-Luz " à St-Jean-de-Luz " Lagunt Extea " à Saint-Palais " Biarritz " à Biarritz Bayonne J ORLIS ● ● B IARRITZ ST-JEAN DE -LUZ ●Cambo LAGUNT E XTEA Orthez ST-EXUPÉRY ORTHEZ BERLIOZ MONTES- Pau St-Palais QUIEU ● ● NIVE Oloron ● OLORON F ÉBUS J EANNE D 'A LBRET 35 Centre départemental de l'enfance et de la famille (CDEF) Foyer de l'enfance du Pays-Basque à Anglet (17 places) Foyer de l'enfance du Béarn à Lons (15 places) Le Centre départemental de l'enfance et de la famille (CDEF) concourt aussi à l'évaluation en offrant en plus l'hébergement dans deux foyers de l'enfance (Anglet et Lons) et un foyer maternel (Pau). Foyer maternel " Les tourelles " à Pau (12 places) En cas de danger ou de délinquance, des enquêtes préalables réalisées par les services de la PJJ ou des associations habilitées Les services d'investigation À Pau : Oeuvre de la protection de l'enfance et de l'adolescence Service d'enquêtes sociales Service d'investigation et d'orientation éducative À Bayonne : Association de la sauvegarde de l'enfance du Pays Basque Service d'enquêtes sociales Service d'investigation et d'orientation éducative Quand la situation relève d'une décision judiciaire (états de danger ou de délinquance), ces enquêtes sont réalisées par les services de la protection judiciaire de la jeunesse ou par des services d'investigation habilités, mandatés par la Justice. La Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse dispose d'un service éducatif auprès de chaque tribunal de grande instance du département (Pau et Bayonne). Ces services réalisent à la demande des magistrats des investigations rapides permettant d'évaluer l'opportunité d'une mesure d'assistance éducative judiciaire. Ces recueils de renseignements socio-éducatifs sont souvent effectués en urgence dans des délais très courts (plus de 300 enquêtes ont été réalisées dans ce cadre en 1996). Les enquêtes sociales et les investigations et orientations éducatives demandées par les magistrats peuvent également être confiées à des services habilités. Dans le département des Pyrénées-Atlantiques, deux services associatifs assurent ce type d'enquêtes dans le ressort de chacun des tribunaux. À Pau, l'Oeuvre de la protection de l'enfance et de l'adolescence dispose d'un service d'enquêtes sociales et d'un service d'investigation et d'orientation éducative. À Bayonne, l'Association pour la sauvegarde de l'enfance du Pays-Basque dispose également de ces deux types de services. Le résultat de ces enquêtes et évaluations conduit le Président du Conseil général et les juges à prendre des mesures pour les jeunes en difficulté, en danger ou délinquants. Les jeunes peuvent alors soit rester dans leur famille, soit être placés dans une maison d'enfants à caractère social, dans une famille d'accueil chez une assistante maternelle et bénéficier ou non d'une mesure d'action éducative en milieu ouvert. C'est par la pluralité des outils disponibles, chacun avec sa spécificité propre, que l'on réalisera au mieux l'aide apportée tant aux enfants qu'aux familles. 36 L'HÉBERGEMENT : DES MAISONS D'ENFANTS À CARACTÈRE SOCIAL (MECS) Au 30 juin 1996, une capacité totale de 902 places habilitées Association Notre-Dame Maison d'enfants à Jatxou (50 places dont 18 en hébergement) Congrégation des servantes de Marie Notre Dame du Refuge à Anglet (120 places) Association Saint-Vincent de Paul Maison Saint-Vincent de Paul à Biarritz (55 places) Association de la sauvegarde de l'enfance du Pays Basque Complexe Beyris-Mirasol à Bayonne (54 places) Foyers familiaux d'Urt et Urcuit (34 places) Unité polyvalente d'action socio-éducative à Bayonne (65 places) Association grand-voile et moteurs Centre éducatif et technique des métiers de la navigation de plaisance à Urcuit (12 places) Quand cela est nécessaire, les mineurs ou les jeunes majeurs sont accueillis dans des services et/ou des établissements qui assurent leur hébergement et les impliquent dans des actions socio-éducatives. Dans les Pyrénées-Atlantiques, ni le Conseil général ni la Justice ne gèrent de maison d'enfants à caractère social (MECS). Tous les établissements sont donc de type associatif et disposent de la double habilitation Ministère de la Justice et Conseil général. Les seize MECS des Pyrénées-Atlantiques sont gérées par onze associations et totalisent environ 800 places. À cette capacité, s'ajoutent celle du centre médico-psychologique de Mazères (52 places habilitées justice et sécurité sociale) et celle du Centre départemental de l'enfance et de la famille (44 places). En 1996, la capacité totale disponible pour l'accueil des jeunes dans les Pyrénées-Atlantiques est donc d'environ 900 places. Un peu plus de 40 % de ces capacités (370 places) sont localisées dans le Pays Basque. Il existe de fortes différences dans la taille de ces structures puisque deux établissements dépassent 90 places et d'autres ont moins de 20 possibilités d'accueil. L’éclatement des modalités d’accueil au sein de certaines structures (internat, foyer, appartement, chambres en ville) oblige toutefois à nuancer cette observation. Localisation des capacités installées au 30 juin 1996 Association Brassalay Maison d'enfants du château Brassalay à Biron (60 places) Association départementale des pupilles de l'enseignement public Foyer le grand cèdre à Pau (50 places) Foyer clair matin à Borce (48 places) Association pour la formation de la jeunesse Ensemble éducatif St-Georges à Montaut (56 places) École Planterose à Moumour (55 places) Pyrénées action jeunesse à Gelos (27 places) Biarritz Bayonne Urcuit Anglet Urt Biron Pau Jatxou Moumour Gelos Congrégation du Bon Pasteur Foyer d'Ossau à Pau (22 places) Montaut Oeuvre de la protection de l'enfance et de l'adolescence Foyer éducatif St-Vincent de Paul à Pau ( 98 places) Centre médico-psychologique " Le château " à Mazères (52 places) Association béarnaise de sauvegarde Unité polyvalente d'action éducative spécialisée à Pau (40 places dont 32 en hébergement) Mazères Borce : 220 : 10 37 LE PLACEMENT FAMILIAL L'action éducative en placement familial au 30 juin 1996 CONSEIL GÉNÉRAL : ASE : 361 assistantes maternelles Centre départemental de l'enfance et de la famille (CDEF) SERVICES HABILITÉS Association Notre-Dame Maison d'enfants à Jatxou (50 places habilitées, dont 32 en placement familial) Association oeuvre de l'abbé Denis Service intermédiaire de placements spécialisés à Pau (100 places habilitées, dont les trois quarts en placement familial) Association béarnaise de sauvegarde (40 places habilitées, dont 8 en placement familial) Dans le département, le placement familial est principalement assuré par le Conseil général, soit directement par le service de l'aide sociale à l'enfance chez ses 361 assistantes maternelles, soit par l'intermédiaire du Centre départemental de l'enfance qui gère des placements familiaux pour les jeunes enfants. Des services d'actions éducatives habilités assurent également des placements familiaux. Les trois structures habilitées par la Justice et le Conseil général représentent une capacité d'accueil de près de 110 enfants. LES ACTIONS ÉDUCATIVES EN MILIEU OUVERT L'action éducative en milieu ouvert au 30 juin 1996 CONSEIL GÉNÉRAL : ASE PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE : Service éducatif auprès des tribunaux de Bayonne Service éducatif auprès des tribunaux de Pau SERVICES HABILITÉS Association de la sauvegarde de l'enfance du Pays Basque Service d'action éducative en milieu ouvert à Bayonne Oeuvre de la protection de l'enfance et de l'adolescence Service d'action éducative en milieu ouvert à Pau Union départementale des associations familiales (UDAF) Service d'action éducative en milieu ouvert à Pau Des actions éducatives en milieu ouvert (AEMO) sont réalisées directement par les deux services auprès des tribunaux relevant de la Protection judiciaire de la jeunesse et par les services du Conseil général. Environ 250 enfants bénéficient de ce type de mesure un jour donné. Des actions éducatives en milieu ouvert peuvent également être réalisées par des services habilités qui sont alors mandatés par un juge ou par le Président du Conseil général pour mettre en place et assurer le suivi des mesures d'AEMO. Deux de ces services sont situés à Pau et un à Bayonne. Ils suivent un peu plus de 1 500 enfants un jour donné. LES AIDES AUX JEUNES MAJEURS Certains jeunes majeurs bénéficient avec leur accord d'actions de protection judiciaire. Il s'agit principalement de jeunes ayant de graves problèmes d'insertion sociale. Ils sont environ 150 dans ce cadre. Pour près de 20 % d'entre eux, cette mesure fait suite à une mesure antérieure. Le Conseil général a également mis en place des mesures de suivi pour des jeunes majeurs qui en font la demande. Dans de nombreux cas elles poursuivent des actions antérieures et permettent de ne pas abandonner le soutien au jeune quand il atteint sa majorité. Près de 180 jeunes sont dans ce cadre. 38 Le financement des mesures Un financeur principal : le Conseil général mais seulement pour les jeunes originaires du département Le financement du dispositif d’aide et de protection des mineurs et jeunes majeurs est partagé entre l’État et les conseils généraux selon des modalités précisées par les lois de décentralisation. Chaque conseil général assure le financement des mesures relevant de l'autorité administrative, prises à la suite d'états de difficulté. Il prend également en charge toutes les mesures de placement et d'actions éducatives en milieu ouvert (AEMO) ordonnées par une autorité judiciaire dans le cadre d'états de danger, à l'exception des prises en charge assurées par le secteur public de la protection judiciaire de la jeunesse. Dans tous les cas, le conseil général n'intervient que pour les jeunes originaires de son département, même si la mise en oeuvre des mesures s'effectue dans un autre département. Réciproquement, les jeunes placés dans les Pyrénées-Atlantiques mais originaires d'un autre département sont pris en charge financièrement par leur département d'origine qui paie directement les établissements et services qui assurent les prises en charge. L’État, pour sa part, prend en charge l’ensemble des coûts consécutifs aux mesures décidées dans un cadre pénal (états de délinquance), à l’exception du placement des mineurs de moins de 13 ans confiés à l’aide sociale à l'enfance. Il finance également les mesures d’investigation ainsi que les placements ou les mesures d’AEMO assurés directement par ses services. Il assume enfin la charge de toutes les mesures prises en faveur des jeunes majeurs (18 à 21 ans) qui sont décidées par un juge des enfants. La sécurité sociale assure également une partie des financements pour des enfants ayant fait l'objet d'une décision conjointe justice-CDES (Commission départementale d'éducation spéciale) ou Conseil général-CDES et placés au CMP de Mazères. Si dans ce cadre, des placements ont lieu à l'extérieur du département leur financement n'est pas pris en compte ici. Les deux sources d'informations disponibles pour préciser les dépenses engagées pour la prise en charge des mineurs et jeunes majeurs en difficulté, en danger ou délinquants sont les comptes administratifs du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques et le tableau de bord annuel de la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse. Le compte administratif du département présente les dépenses et les recettes d'une année et concerne tous les secteurs d'intervention du département : équipement, interventions économiques, aide sociale,.. Les dépenses engagées au titre de l'aide sociale aux enfants font partie de l'aide sociale légale (sous-chapitre 954-11). Ces dépenses comprennent des dépenses dites directes : frais d'hébergement des enfants hébergés dans des maisons d'éducation à caractère social, dépenses liées au placement familial, aux mesures d'actions éducatives en milieu ouvert, financement du Centre départemental de l'enfance, frais de prévention primaire et spéciali39 sée, allocations mensuelles aux familles et aux jeunes, achats divers (produits pharmaceutiques, fournitures scolaires,..). À ces dépenses directes, il faut ajouter des dépenses qualifiées d'indirectes qui représentent principalement le coût du personnel permanent du Service de l'aide sociale à l'enfance ainsi qu'une participation aux frais d'administration générale. La somme des dépenses directes et indirectes constitue les dépenses totales. Toutefois, il faut déduire de ces dépenses totales des recettes, dites recettes directes, qui sont principalement les recouvrements effectués sur d'autres collectivités (autres départements, organismes d'assurance maladie obligatoire, mutuelles...). Les dépenses nettes qui représentent le coût réel de l'action sociale sont donc égales aux dépenses totales (directes et indirectes) diminuées des recettes directes. Le tableau de bord de la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse concerne tous les établissements et services habilités par la Justice et le Conseil général. Il présente des données globales sur le nombre de prises en charge et sur les caractéristiques des jeunes qu'elles concernent, sur le financement des mesures, sur les personnels. Les dépenses présentées concernent les dépenses engagées par la Protection judiciaire de la jeunesse pour des actions de protection judiciaire en faveur des mineurs délinquants ou des jeunes majeurs mais aussi les dépenses engagées par les autres partenaires sur décision d'un juge ou non. ENSEMBLE DES DÉPENSES CONSACRÉES À LA PRISE EN CHARGE DES MINEURS ET JEUNES MAJEURS EN DIFFICULTÉ, EN DANGER OU DÉLINQUANTS Une dépense du Conseil général de 213 millions de francs En 1995, les dépenses nettes d'aide sociale aux enfants engagées par le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques s'élèvent à près de 205 millions de francs soit 30 % de l'ensemble des dépenses nettes d'aide sociale. La plus grande partie (96.7 %) est constituée de dépenses directes (achats de biens et services), les dépenses indirectes (principalement les frais de personnel permanent de l'ASE) ne représentant qu'à peine 5 %. Dépenses d'aide sociale aux enfants financées par le Conseil général en 1995 (en francs) _______________________________________ dépenses directes dépenses indirectes dépenses totales 197 931 482 9 409 006 207 340 488 recettes directes - 2 746 603 DÉPENSES NETTES 204 593 885 _______________________________________ Source : Compte administratif du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques 40 Plusieurs autres services de la DSD consacrent également une partie de l'activité de leur personnel à l'aide sociale à l'enfance sans que cela soit budgétairement identifié. C'est principalement le cas du service social départemental (activités des personnels permanents des circonscriptions) et du service de la protection maternelle et infantile (médecins, puéricultrices). Une estimation réalisée par ces services permet d'évaluer à 20 % la part du temps de travail consacrée à l'ASE par le service social départemental et à 8 % celle de la PMI, ce qui représente un coût d'environ 7 915 000 francs. En ajoutant ce montant aux dépenses totales d'ASE répertoriées comme telles (207.3 millions), l'effort départemental consacré à l'aide sociale à l'enfance s'élève à environ 213 millions de francs soit 16 % des dépenses brutes de fonctionnement (y compris le CDEF) du Conseil général. 85 % des dépenses totales couvertes par le Conseil général Pour connaître la dépense totale consacrée à l'aide aux mineurs et jeunes majeurs en difficulté, en danger ou délinquants dans les Pyrénées-Atlantiques, il convient d'ajouter aux dépenses engagées par le Conseil général celles engagées par d'autres partenaires, principalement l'État et l'assurance maladie. On peut estimer les dépenses de la Protection judiciaire de la jeunesse à environ 36.4 millions de francs, y compris les dépenses d'administration générale. Le financement par la sécurité sociale de la plupart des enfants pris en charge dans l'établissement de Mazères s'élève à environ 2.1 millions de francs. On peut ainsi évaluer à 251 millions de francs le montant des dépenses consacrées aux jeunes en difficulté, en danger ou délinquants. Cette somme est principalement consacrée à trois principaux postes de dépenses : les frais d'hébergement dans les maisons d'enfants à caractère social (MECS), les dépenses liées au placement familial et celles dédiées aux actions éducatives en milieu ouvert (AEMO). Ensemble des dépenses pour la prise en charge des jeunes en difficulté, en danger ou délinquants originaires des Pyrénées-Atlantiques en 1995 FINANCEURS millions de francs % ____________________________________________________ Conseil général dont : ASE (dépenses nettes) Autres services 212.5 84.7 204.6 7.9 81.5 3.2 Protection judiciaire de la jeunesse 36.4 14.5 Sécurité sociale 2.1 0.8 Ensemble 251.0 100.0 ____________________________________________________ Sources : Compte administratif du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, Tableau de bord de la Protection judiciaire de la jeunesse 41 DÉPENSES D'HÉBERGEMENT L'hébergement dans les maisons d'enfants à caractère social : 48 % des dépenses En 1995, près de 120 millions, soit 48 % de l'ensemble des dépenses consacrées aux jeunes en difficulté, en danger ou délinquants, ont été consacrés à l'hébergement de jeunes du département dans des MECS, dont 1.3 million dans des établissements situés en dehors du département. Plus des deux tiers de ces dépenses ont été financés par le Conseil général et plus d'un quart par l'État au titre de la protection judiciaire de la jeunesse. Dépenses d'hébergement dans des MECS en 1995 pour des enfants originaires des Pyrénées-Atlantiques FINANCEURS millions de francs % __________________________________________ Conseil général 80.7 67.3 Protection judiciaire de la jeunesse 30.3 25.3 Sécurité sociale 8.9 7.4 Total 119.9 100.0 __________________________________________ Sources : Compte administratif du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, Tableau de bord de la Protection judiciaire de la jeunesse Les MECS des Pyrénées-Atlantiques ont également accueilli des jeunes originaires d'autres départements. Près de 39 millions de francs ont été ainsi consacrés par d'autres départements pour l'hébergement de leurs enfants dans un des établissements des Pyrénées-Atlantiques. Cela correspond à environ 130 emplois éducatifs ou de services généraux. DÉPENSES DE PLACEMENT FAMILIAL Le placement familial : 22 % des dépenses En 1995, les dépenses de placement familial pour les enfants du département s'élèvent à 54.9 millions de francs soit 22 % de l'ensemble des dépenses consacrées à l'aide aux jeunes en difficulté, en danger ou délinquants. Près de 95 % de ces dépenses sont pris en charge par le Conseil général et 5 % par la Protection judiciaire de la jeunesse. Dépenses de placement familial en 1995 pour des enfants originaires des Pyrénées-Atlantiques FINANCEURS millions de francs % ____________________________________________ Conseil Général 52.0 94.7 Protection judiciaire de la jeunesse 2.9 5.3 Total 54.9 100.0 ____________________________________________ Sources : Compte administratif du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, Tableau de bord de la Protection judiciaire de la jeunesse 42 Certains enfants originaires d'autres départements bénéficient d'un placement familial dans les Pyrénées-Atlantiques. Ces placements sont à l'origine d'une dépense de 7.2 millions de francs pour leurs départements d'origine. DÉPENSES D'ACTIONS ÉDUCATIVES EN MILIEU OUVERT Les actions éducatives en milieu ouvert réalisées par des services habilités : 7 % des dépenses Les actions éducatives en milieu ouvert (AEMO) peuvent être réalisées par un service habilité ou directement par des personnels de la Direction de la solidarité départementale ou de la Protection judiciaire de la jeunesse. Les dépenses présentées ne concernent que les AEMO réalisées par les services habilités soit environ 85 % des AEMO réalisées dans le département. Elles ne prennent pas en compte les AEMO réalisées directement par la DSD ou la PJJ et qui concernent un jour donné environ 250 jeunes, environ 15 % du total. En effet, ces prises en charge sont réalisées par des personnels qui assurent également d'autres missions et le coût affectable à l'AEMO est difficilement isolable. Les dépenses consacrées aux actions éducatives en milieu ouvert réalisées par les services habilités représentent 18 millions de francs soit 7 % des dépenses totales. Elles sont pratiquement totalement prises en charge par le Conseil général. Elles ont concerné en 1995 près de 2 000 mesures. Dépenses d'actions éducatives en milieu ouvert réalisées par les services habilités en 1995 pour des enfants originaires des Pyrénées-Atlantiques FINANCEURS millions de francs % ____________________________________________ Conseil Général 17.8 98.7 Protection judiciaire de la jeunesse 0.2 1.3 Total 18.0 100.0 ____________________________________________ Sources : Compte administratif du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, Tableau de bord de la Protection judiciaire de la jeunesse Les actions éducatives en milieu ouvert se déroulant le plus souvent dans le cadre de vie habituel du jeune, il y a peu d'AEMO réalisées pour des enfants originaires d'un autre département. Dans les Pyrénées-Atlantiques, moins de 1 % des jeunes bénéficiant d'une AEMO sont originaires d'un autre département. 43 COMPARAISON DES DÉPENSES D'AIDE SOCIALE À L'ENFANCE DES CONSEILS GÉNÉRAUX Des comparaisons entre départements ont pu être réalisées pour l'année 1994 à partir des données collectées par l'Association nationale des directeurs d'action sociale et de santé des départements (ANDASS). La part des dépenses directes de l'aide sociale à l'enfance dans l'ensemble des dépenses nettes d'aide sociale a été calculée pour l'ensemble des départements ayant répondu au questionnaire de l'ANDASS (77 départements métropolitains). Pour l'Aquitaine, les données manquantes ont été complétées à partir des données des comptes administratifs. La part des dépenses directes de l'aide sociale à l'enfance dans le total des dépenses nettes d'aide sociale varie de 17.6 % à 44.7 %. La moyenne pour l'ensemble des départements atteint 32.2 %. Le département des PyrénéesAtlantiques (30.8 %) se situe dans la moyenne des départements métropolitains. Son pourcentage est comparable à celui observé (entre 27 et 35 %) pour les départements ayant un budget d'aide sociale de même ordre (600 à 700 millions). Il est également important de ramener les dépenses au nombre de jeunes du département. Toutes choses égales par ailleurs, plus un département compte de jeunes, plus ses dépenses d'aide sociale aux enfants risquent d'être élevées. Avec 1 495 francs par habitant de moins de 20 ans, les PyrénéesAtlantiques dépassent légèrement la moyenne (1 445 francs) des 77 départements considérés et se classent, tout comme les autres départements de la région, parmi le tiers supérieur des départements métropolitains. Toutefois les différences observées doivent être analysées avec beaucoup de prudence en raison de l'organisation propre à chaque département. En effet, les départements qui choisissent d'assurer eux mêmes certaines prises en charge plutôt que de les confier à des organismes habilités, diminuent d'autant leur dépenses directes. Cette charge est alors transférée sur les dépenses de personnel de l'ASE (dépenses indirectes). ÉVOLUTION DES DÉPENSES L'évolution de 1986 à 1995, des dépenses d'aide sociale dans les PyrénéesAtlantiques a été comparée à celle de l'ensemble des départements grâce aux données rétrospectives de l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée (ODAS). Ces données, disponibles pour la France, totalisent sans les distinguer deux types de dépenses : l'aide sociale aux enfants et l'aide sociale à la mère. La série rétrospective pour le département a donc été reconstituée dans ce sens. Cette définition ne modifie pas les évolutions constatées car l'aide sociale à la mère ne représente en moyenne qu' 1 % de cet ensemble. 44 Dans les Pyrénées-Atlantiques, les dépenses nettes ont augmenté chaque année de 1986 à 1994 passant de 156.9 millions de francs à 210.8 millions en 1994 pour revenir à 206.8 millions en 1995. L'aide à l'enfance est passée de 40 % à un tiers des dépenses nettes d'aide sociale hors RMI Évolution des dépenses nettes d'aide sociale à la mère et l'enfant dans les Pyrénées-Atlantiques en millions de francs Part dans les dépenses nettes totales (hors RMI) Pyrénées Atlantiques France ____________________________________________ 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 156.9 167.1 174.0 179.1 183.4 190.4 200.6 204.6 210.8 206.8 39.3 38.2 38.6 37.2 35.4 34.9 35.1 33.4 33.9 32.1 39.1 37.9 37.7 37.3 35.6 35.2 36.6 36.2 35.2 34.4 ____________________________________________ sources : CG64 - ODAS - exploitation : ORSA En France comme dans les Pyrénées-Atlantiques, la part des dépenses nettes d'aide sociale à l'enfance et à la mère dans l'ensemble des dépenses d'aide sociale (hors RMI) n'a cessé de diminuer passant de 40 % en 1989 à environ 30 % dix ans plus tard. Jusqu'en 1991, elle est restée peu différente de celle observée en France. Par contre en 1992, la part des dépenses nettes d'aide sociale à la mère et à l'enfant a augmenté en France pour atteindre 36.6 % et rediminuer ensuite. À partir de cette date, la valeur française est toujours restée supérieure à celle du département. Évolution de la part des dépenses nettes d'aide sociale à la mère et l'enfant dans l'ensemble des dépenses nettes d'aide sociale sources: CG64 - Sesi - ODAS exploitation : ORSA 45 Le rythme d'évolution des dépenses a été différent en France et en Aquitaine. En francs constants 1995 et calculé en référence au montant 1986 (base 100), les dépenses sont passées dans les Pyrénées-Atlantiques de 100 en 1986 à 107.9 en 1994 pour baisser à 103.8 en 1995. En France jusqu'en 1990, les dépenses en francs constants sont restées inférieures à leur niveau de 1986. Par contre, dès 1991 l'augmentation a été très forte et les dépenses ont atteint le niveau de 118.4 en 1995. Une évolution plus régulière et mieux maîtrisée des dépenses que pour l'ensemble des départements Évolution des dépenses nettes d'aide sociale à la mère et l'enfant (en francs constants 1995 - base 100 en 1986) sources : CG64 - Sesi - ODAS - INSEE exploitation : ORSA Pour analyser la progression réelle des dépenses, il est important de prendre en compte les effets de l'inflation mais aussi de l'évolution du nombre de jeunes. Dans le département, les dépenses d'aide sociale à l'enfant et la mère s'élevaient à 1 509 francs (francs constants 1995) par jeune de moins de 18 ans en 1986. Elles ont augmenté régulièrement pour atteindre 1 716 francs en 1994 et redescendre à 1 650 francs en 1995, première année où elles sont inférieures à la valeur française. Évolution de 1986 à 1995 des dépenses nettes d'aide sociale à la mère et l'enfant par jeune de moins de 18 ans (en francs constants 1995) sources : CG64 - Sesi - ODAS - INSEE 46 exploitations : ORSA Le rythme d'évolution de la dépense en francs constants par jeune a été nettement différent dans les Pyrénées-Atlantiques et en France. Dans le département elle a augmenté de 1.34 % par an en moyenne durant la période 1986-1990 alors qu'elle est pratiquement restée stable en France (- 0.14 %). À l'inverse, pendant la période 1991-1995, elle n'a augmenté en moyenne chaque année que de 0.24 % dans le département contre 3.74 % en France. Évolution des dépenses nettes d'aide sociale à la mère et l'enfant par jeune de moins de 18 ans (en francs constants 1995 - base 100 en 1986) sources : CG64 - Sesi - ODAS - INSEE exploitations : ORSA 47 Les jeunes pris en charge Une enquête exhaustive dans tous les organismes et institutions assurant la prise en charge des jeunes en difficulté, en danger ou délinquants Pour compléter les informations existantes, la Direction de la solidarité départementale et la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse ont décidé la réalisation d'une enquête permettant de savoir combien de jeunes sont pris en charge par le dispositif de protection en faveur de la jeunesse, comment ils sont pris en charge et avec quelle fréquence ils présentent certains problèmes d'ordre psychique, comportemental (violence, délinquance) ou scolaire. L'Observatoire régional de la santé d'Aquitaine (ORSA) a été chargé de la mise en oeuvre de cette enquête. Elle a concerné tous les jeunes qui bénéficiaient au cours de la semaine du 14 octobre 1996 d'une prise en charge par les services d'AEMO, les établissements habilités ou dans le cadre d'un placement familial. Toutes les institutions ont participé à l'enquête, qu'il s'agisse des associations habilitées, des services du Conseil général ou de ceux relevant du Ministère de la Justice. Aux omissions près, les résultats sont donc exhaustifs et fournissent une photographie complète de la situation départementale. Les informations ont été recueillies au moyen d'un questionnaire individuel anonyme rempli par un professionnel en contact avec le jeune concerné. Pour éviter tout risque d'identification, outre l'absence du nom du jeune, le questionnaire ne comprenait pas le nom de l'institution assurant la prise en charge et les renseignements relatifs au domicile du jeune étaient limités au département pour les cas originaires d'un autre département et au canton pour les autres (avec fourniture d'une table de correspondance communecanton). En outre, les questionnaires étaient renvoyés directement soit au Conseil général (services relevant de la DSD), soit à la DDPJJ (associations habilitées, services relevant de la justice) pour être vérifiés et numérotés avant transmission à l'ORSA sans indication de l'organisme répondant. Tous les établissements et services ont répondu. Chaque questionnaire comporte quatre parties consacrées respectivement aux caractéristiques socio-démographiques du jeune, à ses modalités actuelles de prise en charge, à l'existence de mesures antérieures et enfin à l'existence de problèmes psychiques, de violence subie, de violence envers les autres, de délinquance, d'exclusion ou d'absentéisme scolaire. Chacun de ces problèmes a fait l'objet d'une définition précise pour limiter au maximum les différences d'interprétation. 48 COMBIEN Y A-T-IL DE JEUNES PRIS EN CHARGE DANS LE DÉPARTEMENT ? 3 000 enfants pris en charge dont 89 % originaires des Pyrénées-Atlantiques Au total, 3 382 questionnaires ont été remplis qui ne concernent pas tous des jeunes différents. En effet, certains jeunes font l'objet de mesures associées, par exemple placement familial et AEMO, et ont donc été enquêtés plusieurs fois. Les questionnaires permettant d'indiquer toutes les mesures associées, il a donc été possible d'effectuer des dénombrements en éliminant statistiquement ces doubles comptes. En définitive, on peut estimer qu'en octobre 1996, un peu plus de 3 000 enfants différents étaient pris en charge dans le département, dont près de 2 690 originaires des Pyrénées-Atlantiques (88.5 %) soit 18 pour 1 000 jeunes de moins de 20 ans. Les enfants non domiciliés dans le département viennent principalement de la région Île-de-France (3.7 %), des Landes (2.5 %), de la Gironde (2.3 %) ou des Hautes-Pyrénées (0.9 %). Répartition des enfants pris en charge en octobre 1996 par région ou département de domicile nombre % _______________________________________________ Pyrénées-Atlantiques 2 687 88.5 Île-de-France Landes Gironde Hautes-Pyrénées 113 74 69 27 3.7 2.5 2.3 0.9 Autres 65 2.1 Total 3 035 100.0 _______________________________________________ Globalement, 56.2 % des jeunes pris en charge sont des garçons et 43.8 % des filles. Cette répartition est différente selon l'origine géographique. La proportion de garçons est plus élevée (66.8 %) parmi les jeunes n'habitant pas les Pyrénées-Atlantiques. Répartition des enfants pris en charge en octobre 1996 selon le sexe et le département de domicile (en pourcentage) Pyrénées Atlantiques Autres Total ________________________________________ Garçons Filles 54.9 45.1 66.8 33.2 56.2 43.8 Total 100.0 100.0 100.0 ________________________________________ 49 La moitié des enfants originaires des Pyrénées-Atlantiques a moins de 13 ans Ces jeunes sont également plus âgés. En effet, plus de la moitié (51.8 %) a entre 16 et 20 ans contre environ 30 % pour les jeunes des Pyrénées-Atlantiques. Réciproquement, environ la moitié des jeunes originaires du département a moins de 13 ans contre seulement le quart pour ceux dont la famille est domiciliée ailleurs. En revanche, il n'existe pas de différence selon l'âge entre les garçons et les filles. Répartition des enfants pris en charge en octobre 1996 selon l'âge et le département de domicile (en pourcentage) Pyrénées Atlantiques Autres Total ___________________________________________ 0 à 5 ans 6 à 9 ans 10 à 12 ans 13 à 15 ans 16 - 17 ans 18 à 20 ans 13.0 18.1 18.0 20.8 17.1 13.0 8.1 7.5 10.4 22.2 29.3 22.5 12.5 16.9 17.1 21.0 18.4 14.1 Total 100.0 100.0 100.0 ___________________________________________ C'est entre 16 et 17 ans que le taux de prise en charge est le plus élevé Comparativement à la population, c'est entre 16 et 17 ans que le taux de prise en charge est le plus fort. À cet âge, plus de 3 % des jeunes du département sont concernés par au moins une mesure administrative ou judiciaire. C'est avant six ans que la fréquence est la plus faible (moins de 1 %). Taux de prise en charge des jeunes des Pyrénées-Atlantiques par sexe et âge (pour 1 000 jeunes) Garçons Filles Ensemble ___________________________________________ 0 à 5 ans 6 à 9 ans 10 à 12 ans 13 à 15 ans 16 - 17 ans 18 à 20 ans 9.1 18.7 24.9 26.6 32.5 16.5 8.9 16.0 20.0 20.6 29.4 16.0 9.0 17.3 22.5 23.7 31.0 16.2 Ensemble 19.4 16.8 18.1 ___________________________________________ 50 Avant la prise en charge, près de la moitié des jeunes vivait dans une famille monoparentale Avant leur prise en charge actuelle, près de la moitié des jeunes (46.4 %) vivait dans une famille monoparentale, le plus souvent avec la mère. Un peu plus du tiers (36.5 %) habitait avec ses deux parents, 7.6 % étaient dans un établissement et 5.3 % dans une famille d'accueil. Les jeunes originaires de l'extérieur du département étaient beaucoup plus souvent en établissement (19.4 %) que ceux des Pyrénées-Atlantiques (6.1 %). Cette différence existe quel que soit l'âge. Comparativement à la population générale, la proportion de jeunes des Pyrénées-Atlantiques vivant dans une famille monoparentale avant leur prise en charge actuelle est beaucoup plus importante. Elle atteint en effet près de 50 %, soit environ cinq fois plus qu'au recensement de 1990 parmi l'ensemble des moins de 20 ans. Répartition des enfants pris en charge en octobre 1996 selon leur mode de vie antérieur et le département de domicile (en pourcentage) Pyrénées Atlantiques Autres Total __________________________________________________ Avec ses deux parents Avec un seul parent En famille d'accueil En établissement Autres 37.1 47.6 5.2 6.1 4.0 31.5 37.2 5.5 19.4 6.4 36.5 46.4 5.3 7.6 4.2 Total 100.0 100.0 100.0 __________________________________________________ Comme cela est normal, le mode de vie évolue avec l'âge. Le pourcentage d'enfants vivant avec leurs deux parents diminue ainsi avec l'âge, passant de 45.1 % avant cinq ans à 31.6 %. À l'inverse, la proportion de jeunes en établissement avant leur prise en charge actuelle progresse nettement de 1.1 % avant cinq ans à 11.7 % après 18 ans. Répartition des modes de vie antérieurs selon l'âge des jeunes des Pyrénées-Atlantiques pris en charge en octobre 1996 (en pourcentage) % `Z avec son père ou sa mère seul(e) _Z ^Z avec ses deux parents ]Z \Z en établissement [Z en famille d'accueil Z Za_bcde `afbcde [Za[\bcde []a[_bcde [`a[gbcde [ha\Zbcde 51 DE QUEL TYPE DE PRISE EN CHARGE BÉNÉFICIENT LES JEUNES ? Les AEMO concernent près de 60 % des jeunes pris en charge Parmi les 3 035 jeunes pris en charge dans le département, 812 soit 26.8 % étaient placés dans un établissement, 668 (22.0 %) bénéficiaient d'un placement familial et 1 787 (58.9 %) d'une mesure d'AEMO. Enfin, 115 jeunes majeurs (3.8 %) bénéficiaient d'une aide administrative de la part du Conseil général. Le total des pourcentages dépasse 100 puisqu'un même jeune peut bénéficier de mesures associées. Quel que soit le type de mesure, les jeunes des Pyrénées-Atlantiques sont les plus nombreux mais leur proportion varie de 72.2 % parmi les jeunes pris en charge en établissement à 98.9 % pour ceux bénéficiant d'une AEMO. Dans les établissements, 72 % des jeunes sont originaires des Pyrénées-Atlantiques et près de 9 % des Landes Répartition par origine géographique des jeunes pris en charge en octobre 1996 selon le type de prise en charge (en pourcentage) Jeunes Etablisse- Placement majeurs ments familial AEMO " CG 64 " _____________________________________ Pyrénées-Atlantiques 72.2 85.8 98.9 95.6 Landes Île-de-France Gironde 8.7 7.3 5.6 0.6 7.5 3.3 0.3 0.1 1.8 0.9 Autres 6.2 2.8 0.7 1.7 Total 100.0 100.0 100.0 100.0 _____________________________________ Hormis pour l'aide apportée par le Conseil général aux jeunes majeurs qui concerne plus souvent les filles (57.4 %) que les garçons (42.6 %), les garçons sont toujours majoritaires dans les prises en charge. C'est particulièrement vrai dans les établissements où ils représentent pratiquement les deux tiers (63.4 %) des jeunes pris en charge. Les garçons représentent les deux tiers des accueillis en établissement Répartition par sexe des jeunes pris en charge en octobre 1996 selon le type de prise en charge (en pourcentage) Jeunes Etablisse- Placement majeurs ments familial AEMO " CG 64 " _____________________________________ Garçons Filles Total 52 63.4 36.6 52.9 47.1 56.3 43.7 42.6 57.4 100.0 100.0 100.0 100.0 _____________________________________ Le placement familial et les AEMO touchent des enfants plus jeunes L'âge des jeunes varie nettement selon le type de prise en charge. En effet, les actions éducatives en milieu ouvert et les placements familiaux concernent des enfants plus jeunes (35 % sont âgés de moins de 10 ans) que les prises en charge dans les établissements où seulement 15.3 % des enfants ont moins de 10 ans. Répartition par âge des jeunes pris en charge en octobre 1996 selon le type de prise en charge (en pourcentage) Jeunes Etablisse- Placement majeurs ments familial AEMO " CG 64 " _____________________________________ Moins de 6 ans 6 à 9 ans 10 à 12 ans 13 à 15 ans 16-17 ans 18 ans et plus Total Avant la prise en charge actuelle, 75 % des enfants vivaient avec au moins un de leurs parents 4.8 14.6 15.5 10.5 20.4 19.9 19.2 19.2 16.9 26.1 17.6 22.9 24.0 13.0 19.6 15.4 15.2 5.2 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 _____________________________________ Hormis pour les jeunes majeurs aidés par le Conseil général, plus de trois enfants sur quatre vivaient avec au moins un de leurs parents avant la prise en charge actuelle. C'est particulièrement vrai pour les actions éducatives où 91.1 % des jeunes sont dans ce cas. La proportion d'enfants vivant dans une famille monoparentale est relativement stable selon le type de prise en charge. Environ 15 % des jeunes en établissement vivaient déjà dans un établissement sanitaire ou social. De même, 8.8 % des jeunes en placement familial vivaient dans une famille d'accueil. Parmi les jeunes majeurs que le Conseil général a décidé de soutenir et d'aider dans leur insertion, 43.8 % vivaient précédemment en famille d'accueil ou en établissement. Ce résultat montre l'intérêt de cette mesure prise par le département pour aider des jeunes qui ont des difficultés, à s'autonomiser et à s'intégrer dans leur nouvel état de majorité. Répartition en fonction de leur mode de vie antérieur des jeunes pris en charge en octobre 1996 selon le type de prise en charge (en pourcentage) Jeunes Etablisse- Placement majeurs ments familial AEMO " CG 64 " _________________________________________ Avec ses deux parents Avec un seul de ses parents En famille d'accueil En établissement Autres Total 31.0 43.8 5.3 14.7 5.2 31.2 46.7 8.8 8.2 5.1 42.8 48.3 2.2 3.5 3.2 19.3 28.1 25.4 18.4 8.8 100.0 100.0 100.0 100.0 _________________________________________ 53 L'autorité judiciaire est à l'origine d'environ 80 % des mesures Près de 80 % des prises en charge en faveur des jeunes en difficulté, en danger ou délinquants en cours en octobre 1996 ont été mises en oeuvre dans le cadre de l'autorité judiciaire. Cette proportion est légèrement plus élevée (85.6 %) pour les actions éducatives en milieu ouvert que pour les placements familiaux et les prises en charge dans les établissements (80.0 %). Origine de la mesure pour les jeunes pris en charge en octobre 1996 selon le type de prise en charge (en pourcentage) Jeunes Etablisse- Placement majeurs ments familial AEMO " CG 64 " _________________________________________ Judiciaire Administrative Total Les mesures associées sont plus nombreuses en établissement 80.0 20.0 80.0 20.0 85.6 14.4 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 _________________________________________ Un même enfant peut bénéficier simultanément de plusieurs prises en charge. C'est surtout le cas des enfants placés en établissement qui sont 61.2 % à bénéficier de plusieurs mesures. Pour la plupart de ceux qui ont deux mesures, il s'agit d'une mesure d'AEMO. Par contre, en placement familial et en AEMO, la grande majorité des jeunes (au moins 80 %) ne bénéficient que d'une seule mesure. Répartition des jeunes pris en charge en octobre 1996 selon le nombre de mesures associées (en pourcentage) Etablisse- Placement ments familial AEMO ______________________________ Une mesure unique 38.8 82.6 80.0 Deux mesures dont établissement dont placement familial dont AEMO dont suivi pénal 50.7 15.0 19.4 14.9 4.5 48.8 1.9 15.0 Autres 10.5 2.4 Total 54 0.6 100.0 100.0 100.0 ______________________________ Des antécédents pas toujours connus La plupart des enfants pris en charge en octobre 1996 ont déjà bénéficié de mesures antérieures. C'est le cas de 80.3 % des jeunes pris en charge dans les établissements, de 58 % de ceux en placement familial, de 26.8 % de ceux bénéficiaires d'une AEMO et de 61.7 % des jeunes majeurs aidés par le Conseil général. À cet égard, il est important de constater que la proportion de personnes n'ayant pas répondu à cette question, est plus importante dans le cadre du placement familial. Cela peut traduire le manque d'informations sur les antécédents de l'enfant dans le cadre des familles d'accueil, notamment chez les assistantes maternelles qui ont déjà signalé ce problème au cours de la phase de concertation du schéma. Répartition des jeunes pris en charge en octobre 1996 selon l'existence de mesures antérieures (en pourcentage) Jeunes Etablisse- Placement majeurs ments familial AEMO " CG 64 " _______________________________________ Aucune mesure antérieure connue 16.1 28.1 64.4 33.9 Au moins une mesure antérieure connue Au moins une mesure de placement Au moins une AEMO Un placement et une AEMO 80.3 11.7 46.4 22.2 58.0 16.2 29.8 12.0 26.8 8.3 12.1 6.4 61.7 36.5 10.4 14.8 Sans réponse 3.6 13.9 8.8 4.4 Total 100.0 100.0 100.0 100.0 _______________________________________ AVEC QUELLE FRÉQUENCE, LES JEUNES PRIS EN CHARGE PRÉSENTENT-ILS CERTAINS PROBLÈMES ? Les professionnels associés à la préparation du schéma départemental ont signalé rencontrer des difficultés dans la prise en charge de plusieurs types de problèmes qui ont été répertoriés dans l'enquête. Sur la base des informations fournies par les personnes ayant rempli les questionnaires, il est possible d'estimer le nombre de jeunes : - présentant ou ayant présenté des troubles psychiques aigus et/ou fréquents et répétés ayant nécessité une prise en charge médicale ambulatoire extérieure ou une hospitalisation ; - ayant subi des violences (inceste, maltraitance...) ; - à l'origine de violences envers les autres (jeunes ayant agressé, menacé ou " racketté " d'autres personnes) ; 55 - à l'origine de violences envers soi (tentatives de suicide, automutilation) ; - ayant des problèmes de délinquance (jeunes faisant ou ayant fait l'objet d'une procédure ou d'une sanction pénale) ; - ayant des problèmes d'exclusion scolaire (jeunes renvoyés administrativement ou exclus de fait d'un établissement scolaire ou de formation professionnelle) ; - ayant des problèmes d'absentéisme scolaire (jeunes faisant ou ayant fait preuve d'un absentéisme répété non justifié ou d'un refus de formation). Le questionnaire permettait d'indiquer l'existence de plusieurs de ces problèmes pour un même jeune et il distinguait les problèmes existant avant la mesure actuelle et ceux entrant dans le cadre de la mesure actuelle. Des problèmes d'ordre psychique signalés chez plus d'un jeune sur cinq Les problèmes psychiques sont ceux le plus souvent rencontrés chez les enfants pris en charge puisque 664 enfants (près de 22 %) présentent au cours de leur prise en charge ce type de troubles. Pour près des deux tiers d'entre eux, ces troubles étaient déjà présents avant la prise en charge actuelle. Les problèmes d'absentéisme scolaire sont mentionnés pour 8.2 % des enfants alors que les problèmes d'exclusion scolaire ne le sont que pour 4.4 %. Les problèmes de violence envers les autres sont mentionnés pour 6.8 % et les problèmes de délinquance dans 6.6 % des cas. Enfin, 4.3 % des enfants ont subi des violences à l'origine de leur prise en charge actuelle. Pour 80 % d'entre eux, ces maltraitances avaient débuté avant la mesure actuelle. Problèmes signalés chez les jeunes pris en charge en octobre 1996 dans le cadre de la mesure actuelle (plusieurs problèmes possibles par jeune) nombre de jeunes TYPE DE PROBLÈME %* ______________________________ psychique d'absentéisme scolaire de violence envers les autres de délinquance d'exclusion scolaire de violence subie de violence envers soi 664 21.9 250 8.2 206 6.8 199 6.6 134 4.4 130 4.3 84 2.8 _____________________ (*) pour 100 jeunes pris en charge 56 Les problèmes rencontrés par les enfants diffèrent peu selon leur origine géographique. Plus jeunes, les enfants originaires des Pyrénées-Atlantiques sont plus nombreux à présenter des problèmes d'absentéisme scolaire que les autres (8.8 % contre 4.3 %). En revanche, les problèmes de délinquance et de violence envers les autres sont plus souvent signalés chez les jeunes originaires d'un autre département. Problèmes signalés chez les jeunes pris en charge en octobre 1996 dans le cadre de la mesure actuelle selon leur origine géographique (pour 100 jeunes pris en charge) Pyrénées Atlantiques TYPE DE PROBLÈME psychique de violence subie de violence envers les autres de violence envers soi de délinquance d'exclusion scolaire d'absentéisme scolaire Des problèmes différents selon le sexe et l'âge Autres ______________________________ 22.3 18.4 4.7 1.4 6.3 10.9 2.6 4.0 6.0 11.2 4.4 4.3 8.8 4.3 _____________________ Les problèmes diffèrent également de façon nette en fonction du sexe de l'enfant. Les problèmes de violence envers les autres et de délinquance, évoqués chacun chez environ 10 % des garçons pris en charge ne le sont que pour respectivement 2.9 et 1.4 % des filles. Les problèmes liés à la scolarité sont également plus fréquents chez les garçons que chez les filles. Problèmes signalés chez les jeunes pris en charge en octobre 1996 dans le cadre de la mesure actuelle selon leur sexe (pour 100 jeunes pris en charge) Garçons AU MOINS UN PROBLÈME psychique de violence subie de violence envers les autres de violence envers soi de délinquance d'exclusion scolaire d'absentéisme scolaire Filles ______________________________ 22.9 20.4 4.0 4.7 9.8 2.9 2.2 3.5 10.6 1.4 5.3 3.3 8.5 7.9 _____________________ Quel que soit l'âge, les problèmes psychiques sont ceux qui sont les plus fréquemment signalés chez les jeunes mais ils le sont beaucoup plus à partir de six ans où pratiquement 20 à 30 % des jeunes présentent ce type de problèmes. Les problèmes de violence subie sont signalés chez environ 5 % des jeunes avant seize ans et cités moins souvent au-delà. Les problèmes de violence du jeune (envers soi ou envers les autres), de délinquance et de scolarité sont relativement peu mentionnés avant 13 ans 57 mais augmentent ensuite fortement avec l'âge. À partir de 16 ans, plus de 15 % des jeunes font preuve d'absentéisme scolaire et/ou de délinquance. Près de 13 % font preuve de violence envers les autres et près de 10 % ont été renvoyés administrativement ou exclus de fait d'un établissement scolaire ou de formation professionnelle. Problèmes signalés chez les jeunes pris en charge en octobre 1996 dans le cadre de la mesure actuelle selon leur âge (pour 100 jeunes pris en charge) Moins de 6 ans Davantage de problèmes psychiques en placement familial et de problèmes de violence et de délinquance en établissement ou en AEMO 6-12 ans 13-15 ans 16 ans et plus TYPE DE PROBLÈME _______________________________________________________________ psychique de violence subie de violence envers les autres de violence envers soi de délinquance d'exclusion scolaire d'absentéisme scolaire 8.0 29.6 21.5 19.5 5.3 5.2 4.9 2.6 1.1 2.0 8.5 12.9 0.8 0.7 2.7 5.8 0.0 0.3 6.5 15.8 0.5 0.8 5.5 8.9 1.9 2.8 10.0 15.1 ________________________________________ La fréquence des problèmes diffère nettement selon le type de prise en charge. Les problèmes psychiques sont ainsi presque deux fois plus fréquemment signalés pour des enfants en placement familial (31.3 %) que pour des enfants en établissement (16.6 %). Les problèmes de violence envers les autres et/ou de délinquance sont à l'inverse plus souvent cités chez les enfants en établissement (10.8 % et 8.7 %) ou en AEMO (7.3 % et 7.6 %) que chez ceux bénéficiant d'un placement familial. L'absentéisme scolaire est également signalé plus souvent dans les établissements (9.0 %) et en AEMO (10.6 %) qu'en placement familial (2.1 %), en partie à cause du plus jeune âge des enfants pris en charge par les assistantes maternelles. Enfin, 22.6 % des jeunes majeurs aidés par le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques et pris en charge par les circonscriptions de l'ASE présentent des problèmes psychiques, pourcentage peu différent de celui des jeunes en AEMO. Problèmes signalés chez les jeunes pris en charge en octobre 1996 dans le cadre de la mesure actuelle selon le type de mesure (pour 100 jeunes dans chaque mesure) Etablissements 58 Placement familial AEMO Jeunes majeurs " CG 64 " TYPE DE PROBLÈME _______________________________________________________________ psychique de violence subie de violence envers les autres de violence envers soi de délinquance d'exclusion scolaire d'absentéisme scolaire 16.6 31.3 23.2 22.6 5.0 1.3 6.4 3.5 10.8 3.4 7.3 2.6 4.9 2.4 2.1 2.6 8.7 2.8 7.6 1.7 4.1 4.0 5.0 6.1 9.0 2.1 10.6 7.0 ________________________________________ Aspects qualitatifs L'analyse des projets pédagogiques L’étude des projets éducatifs, consécutive à la démarche de schéma engagée dans le département, a concerné dix huit établissements d’accueil pour mineurs et jeunes majeurs (Direction de la solidarité départementale, Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse) et trois services d’actions éducatives en milieu ouvert. Simultanément le service de l’aide sociale à l’enfance a mis en chantier la réalisation du projet éducatif de son placement familial. LES MAISONS D'ENFANTS À CARACTÈRE SOCIAL (MECS) Une MECS, ou un service d'AEMO habilité, est gérée par une association loi de 1901 qui définit les buts et les moyens nécessaires à sa pratique sociale. L'association dépose auprès du président du Conseil général et du préfet une demande d'agrément et d'habilitation. Assurer une médiation quotidienne dans la relation éducative en maintenant l'ouverture vers la société La finalité éducative d’un établissement d’accueil pour mineurs est inscrite dans son habilitation. Les jeunes, accueillis à la suite d’une décision administrative ou judiciaire, présentent des difficultés psychosociales qui entravent leur développement. Les admissions et sorties relèvent exclusivement de l’autorité administrative ou judiciaire et pas de l’appréciation du jeune, de sa famille ou de l’établissement seul. L’accueil du mineur se fait dans un système collectif qui favorise une prise en charge individualisée dans le cadre d’un projet éducatif. Le terme de « projet » est préférable à celui de « contrat » car un mineur n’a pas la capacité de contracter. Cet hébergement collectif permet d’assurer un médiation quotidienne dans la relation éducative tout en maintenant une ouverture sur la société. 59 Trois pôles équilibrent la relation éducative : l’enfant et sa famille, l’établissement ou le service, et le décideur (juge des enfants ou inspecteur de l’ASE). Cette dynamique triangulaire est le levier de toute pratique avec une population relevant d’une décision administrative ou judiciaire. Elle doit préserver l’autonomie de chaque pôle et favoriser l’articulation avec les autres. Toute intervention éducative, même dans le cadre d’un entretien individuel, se réfère à la fois au niveau institutionnel, qui garantit le cadre de la relation, et au décideur. Les établissements aident à l'éducation de la personnalité de l'enfant à travers l’organisation de la vie quotidienne mais aussi grâce à des activités éducatives partagées qui doivent permettre aux jeunes d’en retrouver tout le sens. L’intervention spécialisée permet de donner du relief à certains moments de l’accueil (les soirées, les dimanches soir...) pour qu’ils servent de supports éducatifs au service d’une plus grande autonomie du jeune. De cette façon, le placement en internat n’est plus perçu comme un moindre mal à supporter, mais comme une occasion de reconstruction personnelle. L’apprentissage de la citoyenneté est intégré à cette approche. Le projet de service doit favoriser l’accès à la citoyenneté du jeune, en particulier dans le cadre d’une bonne connaissance des diverses institutions qu’il aura à côtoyer, à utiliser et à faire vivre. Des activités spécifiques à mieux identifier Les établissements d’accueil n’ont pas pour vocation première de dispenser de la formation. Ils utilisent pour ce faire les dispositifs de droit commun. Dans la pratique, certains établissements disposent toutefois d’outils de scolarisation et/ou de formation pour répondre à des situations particulières. Cette réalité mériterait d’être mieux identifiée. En général, il paraît souhaitable d’habituer les jeunes à s’adresser aux circuits habituels pour leur âge, même si l’institution propose des activités spécifiques (formation, loisirs, culture, sport, etc.). Les établissements collaborent étroitement avec les autres professionnels du champ médical et social. Toutefois, les interventions psychologiques et médicales viennent en soutien de l’action éducative et se distinguent d’actes thérapeutiques. Par ailleurs, il est de plus en plus fréquent que les établissements prennent contact avec les familles et les aident à faire face aux incidences découlant du retrait de l’enfant. Une pratique éducative en internat à préciser 60 L’ensemble de ces orientations a fait l’objet d’échanges réguliers avec les professionnels des établissements. Le schéma départemental doit en confirmer la validité. LES ACTIONS ÉDUCATIVES EN MILIEU OUVERT (AEMO) Elles sont effectuées par trois services associatifs habilités et, pour l'essentiel des AEMO administratives, par les travailleurs sociaux de la circonscription d'action sociale. Des interventions à intégrer dans des dynamiques locales d'insertion ou des politiques de prévention Chaque service de milieu ouvert habilité a également fait l’objet d’une démarche évaluative. Comme les mesures de placement, l’intervention éducative en milieu ouvert, quel que soit le cadre juridique dans lequel elle s’exerce, doit obligatoirement faire l’objet d’une décision administrative ou judiciaire, matérialisée par un arrêté, une ordonnance ou un jugement. Le service concerné par la décision doit rendre compte périodiquement du travail effectué avec le mineur et sa famille. Si les finalités de l’action éducative en milieu ouvert paraissent repérées, ses modalités de mise en œuvre n’obéissent pas à une véritable doctrine. Certes, la priorité est donnée à l’individualisation de la prise en charge. Mais aujourd’hui, cette prise en charge doit s’inscrire de façon de plus en plus forte dans des dynamiques locales d’insertion ou dans des politiques globales de prévention. Cette situation oblige à s’interroger plus précisément sur les contenus et les formes de l’intervention en milieu ouvert. Une série d'interrogations sur les conditions pédagogiques et institutionnelles de mise en oeuvre des mesures Ces considérations montrent combien la réflexion dans ce domaine est inachevée. Il conviendra donc de mieux définir les principales étapes du déroulement de la mesure éducative en milieu ouvert et d’éclairer les conditions pédagogiques et institutionnelles de sa mise en oeuvre. Cette meilleure identification des pratiques aura à s’articuler avec les orientations du schéma. - Les évolutions actuelles conduisent-elles à un enrichissement des capacités d’intervention ou à l’inverse à une dispersion ou plus grave encore à une dénaturation de leur contenu ? - Quels liens se tissent entre prise en charge individuelle et action collective ou entre éducation et prévention ? - Peut-on intervenir de la même façon dans le cadre de la protection administrative et dans le cadre de la protection judiciaire ? Les mêmes professionnels peuvent-ils mettre en oeuvre ces deux types de décisions ? Il apparaît en effet nécessaire de préciser et d’identifier les outils d’intervention tant les publics, très jeunes enfants ou grands adolescents par exemple, requièrent des techniques différentes. - Le suivi en milieu ouvert doit-il s’accompagner plus largement d’une intervention hors contexte familial et jusqu’où ? 61 L’accompagnement scolaire, les activités sportives et de loisirs, les ateliers de médiation constituent des aspects parfois incontournables du travail en milieu ouvert. Ils demandent néanmoins organisation, disponibilité mais aussi acceptation par le professionnel d’une remise en cause éventuelle de sa pratique qu’il peut vivre comme une intrusion dans une relation privilégiée avec le jeune, nouée au prix d’une implication personnelle forte. - Si le jeune doit bénéficier dans son parcours d’insertion d’une prise en charge en institution, quels rapports doivent établir les différentes équipes pour assurer une continuité cohérente de l’action éducative ? LE PLACEMENT FAMILIAL DU SERVICE DE L'AIDE SOCIALE À L'ENFANCE Un lieu relais transitoire dans le cadre d'un accueil individualisé Formulé en 1992, ce projet pédagogique précise que « le service de placement familial de l’aide sociale à l’enfance propose un accueil individualisé de l’enfant dans un lieu ayant un caractère familial avec un environnement socio-économique favorisant une meilleure vie sociale ». Le placement familial « est un lieu relais transitoire. L’enfant y bénéficie des conditions nécessaires à mieux favoriser son intimité, son intégrité et sa croissance à travers une relation individualisée entre un enfant et l’assistant(e) maternel(le). Dans cette relation, un souci de permanence et de continuité engage l’assistant(e) maternel(le) et l’équipe du suivi en un projet qui se construit dans le cadre du placement de l’enfant ». Ce dispositif institutionnel permet une pratique professionnelle et chaleureuse au sein d’une famille. L’assistant(e) maternel(le) assure l’accueil et le travail éducatif auprès de l’enfant dans le cadre de sa maisonnée. Il(elle) est aidé(e) par l’équipe du suivi. Les intervenants du placement familial sollicitent les autres professionnels de l’éducation ou de la santé. Le projet pédagogique définit le placement familial comme un outil souple et adaptable, qui garantit la qualité des interventions et la place de chacun des intervenants. Il manque encore à sa réalisation complète de disposer de lieux de rencontres pour les parents et les enfants placés et la mise en place de temps de régulation de la pratique à la disposition des assistants(es) maternel(le)s. 62 Le constat des administrations concernées par la prise en charge des jeunes Un dispositif globalement satisfaisant mais des recentrages nécessaires La démarche partenariale choisie pour mener le schéma a permis à l’ensemble des institutions et des professionnels qui peuvent être amenés à intervenir dans le cadre de leurs missions auprès des mineurs et jeunes majeurs en difficulté, en danger ou délinquants de faire part de leur opinion sur le dispositif existant dans les Pyrénées-Atlantiques. La séance plénière de mars 1994 en a constitué le point fort. Il est apparu que le dispositif général peut-être considéré comme globalement satisfaisant mais que des recentrages semblent nécessaires. Différents aspects ont été évoqués dans ce cadre : scolarité et formation professionnelle, loisirs sports culture, santé, solidarité, justice. SCOLARITÉ ET FORMATION PROFESSIONNELLE L'Éducation nationale : des réflexions à approfondir sur plusieurs aspects L’Éducation nationale assure un service public et collectif de formation et d’éducation. Ce dispositif est adapté à la majorité des enfants. Cependant, trop d'enfants relevant du dispositif Conseil général/Justice ont des retards dans leur scolarité. Par contre, il serait souhaitable de mener une réflexion plus approfondie sur certains aspects mis en évidence lors de la rencontre plénière. - La démotivation gagne une partie de la population scolaire, en particulier les enfants concernés par le schéma. - Il existe des problèmes liés au signalement des enfants en difficulté ou en danger. Le signalement arrive le plus souvent chez le juge des enfants, éventuellement via le procureur ou/et le président du Conseil général, mais parfois tardivement. Ces difficultés sont souvent anciennes. Par ailleurs, le service de l’aide sociale à l’enfance n’est pas toujours prévenu ni interpellé. Est-il perçu dans sa compétence propre par les enseignants ? - Le « tourisme » scolaire et les exclusions de jeunes enfants (moins de 16 ans) hors de l’école constituent un problème. Or, ces manifestations sont souvent précédées de signaux d’alerte significatifs, notamment d’importants retards scolaires. - Il a enfin été relevé le nombre insuffisant d’assistantes sociales scolaires et la nécessité de renforcer la collaboration réciproque avec les circonscriptions de service social. 63 Formation professionnelle : des difficultés pour toucher la population concernée ou pour la motiver La formation professionnelle concerne les jeunes au-delà de 16 ans. D’après les intervenants consultés, trop de jeunes en grande difficulté passeraient à travers les mailles du dispositif de formation et d’insertion. Cependant, il n’existe pas de chiffres permettant de confirmer cette impression. Le dispositif de formation professionnelle cherche à prendre en compte les réalités de la conjoncture et les besoins individuels des jeunes. Il propose des temps de formation et des temps de stages mais il est noté qu’il y a parfois des « temps-morts ». La Direction de la formation professionnelle signale qu’elle « perd » des jeunes en route. De plus, elle affirme la nécessité d’une collaboration plus active avec les acteurs éducatifs et de soins. Il s’agit d’établir des passerelles entre les diverses formes d’action. Certains intervenants de la formation professionnelle évoquent ainsi l’opportunité de centres de jour à la disposition des jeunes les plus en difficulté. À titre indicatif, au 1er janvier 1996, 609 jeunes d'au moins 16 ans étaient pris en charge dans le dispositif ASE-PJJ, dont 146 étaient chômeurs ou sans travail. La véritable question de fond, à laquelle aucune réponse n’a été apportée, est toutefois de savoir comment, malgré une conjoncture économique et sociale précaire, permettre aux intervenants comme aux jeunes d’avoir espoir en leur avenir ? JEUNESSE ET SPORT De nouvelles orientations en faveur des jeunes en difficulté Les interventions de la Direction de la jeunesse et des sports s’adressent aussi aux jeunes en difficulté. En effet, les nouvelles orientations du Ministère considèrent comme prioritaires les projets locaux d’action jeunesse (PLAJ) qui doivent avoir pour base l’un des quatre aspects suivants : - aide à l’initiative des jeunes, - accès aux loisirs et vacances collectives, - expressions et pratiques culturelles, - intégration et citoyenneté des jeunes. Les interventions se font par conventionnement avec les personnes ou les associations porteuses de projets qui sont encore trop rares. Souvent soutenus par des travailleurs sociaux, ces projets doivent à l’avenir être davantage portés par les jeunes eux-mêmes. Peu d’activités répondent aux goûts réels des pré-adolescents et adolescents demandeurs et peu de lieux d’expression sont à leur disposition. Ces problèmes sont liés à la pénurie d’encadrement adapté à cette demande et à l’information qui ne paraît pas suffisamment atteindre cette population. Ce constat nous amène à faire un effort particulier de sensibilisation, ciblé sur l'accueil des jeunes en difficulté, en direction des personnels pédagogiques dans le secteur de l'animation socio-culturelle et sportive. Des actions d'information seront menées en collaboration avec l'Aide sociale à l'enfance et la Protection judiciaire de la jeunesse. 64 SANTÉ Des risques liés à la multiplicité des intervenants et des difficultés pour aborder les adolescents Deux éléments fondamentaux ont été abordés par la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales : - le risque constitué par la multiplicité des intervenants s’il n’y a pas de coordination entre eux ; - le problème de l’adolescence, préoccupation importante qu’on ne sait pas aborder et traiter convenablement. La politique de santé mentale se réfère à la circulaire du 11 décembre 1992 qui insiste sur deux sous-groupes dans la population prise en charge dans le secteur public : les enfants de moins de 5 ans et les jeunes de 15 à 19 ans. Ce texte souligne la nécessité d’assurer la continuité de l’accueil des adolescents jusqu’à 20 ans si besoin et précise aussi quatre missions : - la formation des professionnels du secteur pédopsychiatrique en lien avec ceux de l’Éducation nationale, de la Justice et de l’Aide sociale à l’enfance afin d’assurer la bonne articulation de leurs actions respectives, - la couverture des besoins en matière de soins pour permettre, à travers la sectorisation psychiatrique, la prise en charge ambulatoire et hospitalière des jeunes, - le développement des capacités d’accueil d’urgence à travers des lieux spécifiques d’hospitalisation sur un territoire intersectoriel, - la promotion de formules innovantes pour compléter le dispositif médico-social et social existant. Le schéma départemental de la psychiatrie infanto-juvénile réalisé et adopté fin 1990 et arrivé à terme fin 1993 prévoyait : - une meilleure accessibilité aux soins à travers le renforcement en personnel des secteurs déficitaires (Bayonne, Oloron, Orthez), - la création d’un hôpital de jour à Bayonne, - une prévention précoce et une prise en charge des troubles de l’adolescent. Toutes ces opérations seront reprises par le nouveau schéma. L’articulation du champ psychiatrique et du champ social met en évidence la confusion qui existe tant au niveau de la terminologie que de la clientèle accueillie et de la prise en charge. Par ailleurs, il faut éviter le risque de cloisonnement en favorisant, là aussi, les passerelles entre les différentes modalités de prises en charge. 65 Des interrogations sur la place de l'approche médicale dans le processus éducatif Plusieurs remarques peuvent être formulées pour compléter le point de vue de la DDASS. Il n’y a pas d’études montrant que les jeunes aient davantage de troubles psychiatriques en cas de détresse éducative et sociale importante. La médecine ne peut pas résoudre les problèmes éducatifs ou d’autorité. Réciproquement, la prise en charge de certains troubles de santé ne relève pas du travail social. Par ailleurs, la mise en réseau consiste-t-elle à mettre en place une instance de coordination des interventions ? Ou s’agit-il d’avoir un référent pour chacun des quatre pôles (formation, santé, éducation, judiciaire), voire même tout simplement de penser chaque fois, au cas par cas, en terme de réseau et de passerelles à établir ? Pour les cas lourds, l’idée d’un établissement qui propose des prises en charge associées a été évoquée. La crainte est alors de trop stigmatiser une structure et de trop l’isoler dans son fonctionnement. On note par ailleurs l’insistance pour aboutir à une meilleure visibilité de la pratique de chacun, une plus grande synergie et plus de spécificité. La médecine se veut différente et complémentaire de l’éducation ou de la décision judiciaire. Elle affirme sa finalité soignante soit directement, soit à travers différentes médiations. CONSEIL GÉNÉRAL L'aide sociale à l'enfance Le rôle essentiel de la prévention 66 Le service de l’aide sociale à l’enfance de la Direction de la solidarité départementale souhaite réaffirmer le rôle essentiel de la prévention. La prévention primaire se situe en amont de la prise en charge. Elle vise à prévenir l’apparition des difficultés ou des troubles. Les orientations correspondantes insistent sur l’animation socio-éducative collective qui doit être proposée auprès des jeunes et de leur famille par les maisons des jeunes et de la culture (MJC) et les centres sociaux mais aussi auprès des jeunes habitant les foyers de jeunes travailleurs (FJT). La prévention secondaire appelée communément prévention spécialisée doit s’orienter vers les groupes de jeunes « en galère », qui vivent une espèce de vide dans un état de déstructuration personnelle et sociale les menant parfois à des attitudes inattendues qui oscillent entre délinquance et psychiatrie. Enfin, la prévention tertiaire a pour objectif d’éviter les récidives chez des jeunes pris en charge ou des jeunes majeurs. L’ensemble de ce dispositif d’intervention est complété par le Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) qui fait un travail d’observation, d’orientation et d’accueil en urgence. Des difficultés de prise en charge liées à l'accroissement des troubles associés, à l'absence de certaines structures et à une insuffisance de l'articulation avec les établissements scolaires Les inspecteurs chargés de l’accueil et du suivi des enfants mettent en évidence l’augmentation du nombre de jeunes enfants présentant des troubles associés. Ces difficultés, souvent mal identifiées, rendent la prise en charge plus complexe car les moyens existants y sont peu adaptés. Il semble que le problème soit identique en matière de délinquance. Ils signalent également la nécessité de disposer dans le cadre du placement familial de lieux d’accueil permettant la rencontre parents-enfants mais aussi d’offrir aux assistantes maternelles des formations plus spécialisées quand elles accueillent des jeunes enfants très perturbés. Par ailleurs, l’articulation avec les établissements scolaires ne leur semble pas satisfaisante. Certaines situations sont trop tardivement signalées. Les enseignants et les chefs d’établissement semblent mal informés des relais extérieurs à solliciter. La protection maternelle et infantile L'importance de la PMI pour la prévention Le service départemental de la protection maternelle et infantile (PMI) joue un véritable rôle préventif, d'éducation, d'aide et de conseil dans la politique de protection et de promotion de la santé maternelle et infantile. Dans cet objectif, le service de PMI met en place des mesures de prévention, médicales, psychologiques, sociales et d'éducation pour la santé des futurs parents et des enfants. Dans le département, elles sont assurées : - en faveur des futurs parents, à travers quatre centres de planification et d'éducation familiales (contrôle technique) qui reçoivent en moyennes 9 000 jeunes par an. - en faveur des femmes enceintes, par des actions médico-sociales de prévention à domicile, notamment à partir des avis de grossesse. - en faveur des enfants de moins de six ans, . par des actions générales concernant tous les enfants : - bilans de 3-4 ans en maternelle ; - consultations infantiles dans les centres médico-sociaux : un réseau de 46 lieux de consultations infantiles reçoit annuellement près de 6 000 consultants de 0 à 6 ans ; - modes d'accueil des enfants : agrément, surveillance et contrôle des crèches et haltes-garderies (65 structures d'accueil), des assistantes maternelles (environ 3 300 assistantes maternelles agréées à titre permanent ou non permanent) ; - recueil et traitement d'informations en épidémiologie et en santé publique (certificats de santé). 67 . par des actions de prévention médico-sociales plus ciblées : - actions de prévention médico-sociales de prévention à domicile par les puéricultrices notamment ; - prévention et dépistage des handicaps des enfants de moins de six ans ainsi que des conseils aux familles pour la prise en charge de ces handicaps. Dans ce cadre, le service de PMI est partie intégrante du Centre d'action médico-sociale précoce. . par des actions spécifiques de prévention mises en place dans certains secteurs géographiques : lieu d'accueil type maison verte, animation de salles d'attente... En outre, le service de PMI participe aux actions de prévention des mauvais traitements et à la prise en charge des mineurs maltraités en liaison avec le service de l'Aide sociale à l'enfance, le service départemental d'action sociale et les autres services publics compétents. Le service social Des problèmes de disponibilité pour le service social départemental Le service social de la Direction de la solidarité départementale concourt également aux missions relevant de la protection de la jeunesse dans le cadre de sa mission générale consistant à aider les personnes en difficulté à retrouver ou développer leur autonomie de vie. Au sein des équipes pluridisciplinaires des 13 circonscriptions du département, les assistants socioéducatifs sont chargés d’aider les familles en difficulté. Leur rôle de prévention de proximité est capital car il permet d’informer, de repérer, d’orienter et de proposer des interventions pour des jeunes vivant dans leur milieu familial. Le service social départemental peut agir directement ou faire appel à des organismes tiers, mais il doit toujours assurer la continuité de l’accompagnement. Toutefois, il a été signalé que, dans le cadre de la polyvalence du service, le RMI occupe une place de plus en plus importante et réduit d’autant la disponibilité pour les autres missions. JUSTICE Quelques améliorations en matière de signalement Les magistrats du siège et du parquet portent un jugement globalement positif sur le fonctionnement actuel du dispositif éducatif concernant les enfants et les jeunes. Les collaborations avec la Direction de la solidarité départementale sont régulières et satisfaisantes. Toutefois certaines améliorations pourrait être apportées. Le circuit des signalements apparaît relativement clair. Le rôle du Procureur ou de son substitut est de décider de la suite à donner à tous les signalements et dossiers pénaux qui lui sont transmis. Dans le cadre de son pouvoir 68 d’opportunité, il peut donc classer sans suite, adresser un avertissement ou transmettre au juge du siège compétent. Cependant, les services du Conseil général ne sont pas toujours sollicités préalablement et le juge est souvent directement saisi. Il existe également des signalements tardifs, en particulier en provenance de l’Éducation nationale. Une meilleure information sur le rôle du Parquet Les parquets souhaitent qu’une information plus complète permette de mieux appréhender leur double rôle : garantir l’ordre public et protéger les personnes « incapables » et « sans défense ». Ils peuvent apporter aux établissements scolaires une aide appropriée, par exemple quand il s’y passe des faits répréhensibles. Faire appel aux parquets présente d’autant plus d’intérêt pour les chefs d’établissements qu’ils pourraient se voir reprocher de ne pas l’avoir fait et même s’exposer à des poursuites. Par ailleurs, les magistrats du Parquet s’interrogent sur la pertinence de la prise en charge dans des maisons d’enfants à caractère social par rapport à des mesures éducatives plus contraignantes, dans le cas de jeunes très difficiles et peu nombreux. L’esprit d’ouverture de ces établissements n’est-il pas inadapté à ces jeunes ? Il est à noter que dans le cadre du pacte de relance pour la ville décidé par le gouvernement en 1996, une unité à encadrement éducatif renforcé (UEER) a été créée dans les Pyrénées-Atlantiques (arrêté préfectoral du 17 décembre 1996) selon deux modes d'accueil : croisière hauturière et base rurale. Son financement est entièrement assuré par la Justice. Il s'agit d'une formule nouvelle entre les structures classiques d'accueil et l'incarcération. Cette unité expérimentale prend en charge sept jeunes dont les comportements, les transgressions et les passages à l'acte nécessitent un accompagnement éducatif de tous les instants. Son objectif principal sur une durée limitée, consiste à créer les conditions d'une rupture avec le milieu d'origine et avec le parcours propre de ces jeunes et leur permettre d'intégrer le respect de la règle, tout en les plaçant dans une dynamique d'activité. Un manque de lieux de rencontre parents-enfants, neutres et protégés Les magistrats du siège soulignent l’importance du contentieux lié à la désintégration de la famille où l’enfant est au coeur des conflits. Dans les séparations difficiles, dans les familles confrontées au problème de l’alcoolisme, le maintien des liens entre les parents et les enfants nécessite des équipements spécifiques pour éviter les ruptures définitives. L’intérêt des « points-rencontres », lieux neutres et protégés facilitant les rencontres entre les enfants et les parents n’en ayant pas la garde, est évident pour l’exercice des droits de visites difficiles, conflictuels ou interrompus. L’aggravation des situations familiales rend la prise en charge et la réparation de plus en plus complexes. En effet, les adolescents cumulent fréquemment des difficultés sociales et des troubles psychopathologiques. 69 Nécessité d'une prévention de proximité auprès des familles Les magistrats signalent également l’augmentation des situations à risque chez des enfants de 10-13 ans et le rajeunissement de la population. Les difficultés surviennent maintenant chez les très jeunes enfants et se manifestent dès l’école maternelle par la violence, l’absentéisme, l’échec scolaire qui amène au « tourisme scolaire » et aboutit parfois à l’exclusion définitive. Il paraît donc essentiel de modifier les façons de penser et de redonner aux parents leur place en intervenant en amont par des actions de proximité, même si les résultats n’en sont pas visibles à court terme. Le travail auprès des familles est essentiel dans l’intervention éducative. Des interrogations sur l'articulation entre l'autorité judiciaire et les acteurs de la prévention individualisée Il est fréquent en France d’entendre dire que les juges prennent trop de décisions, ce qui alourdit les charges des collectivités locales. Or, les juges sont fréquemment sollicités pour des actions qui relèvent davantage de la médiation familiale ou par des travailleurs sociaux pour des mineurs dont la situation de « danger » est difficile à caractériser. Il y a donc un problème de définition de la prévention individualisée. Le juge a-t-il à intervenir dès qu’il y a difficulté ou souffrance dans une famille ? Ne se prive-t-on pas de faire appel à des relais précoces plus efficaces ? Les magistrats insistent sur le rôle du service social départemental, outil de prévention, dont l'efficience doit être maintenue malgré l'augmentation des problèmes de précarité. Il est également reproché au juge des enfants de ne pas faire « assez de pénal » mais la distinction entre le mineur en danger et le mineur délinquant est artificielle. Il n’est pas souhaitable de s’arrêter à cette dichotomie car ces deux situations se retrouvent souvent chez les mêmes jeunes. Le système actuel de protection de la jeunesse permet de prendre en compte ces deux aspects en établissant des passerelles entre les mesures correspondantes. Le ressenti des professionnels Une enquête auprès de l'ensemble des personnels, y compris administratifs ou de service Comme cela a été précisé dans la première partie, une enquête a été réalisée pour mieux appréhender le vécu et le ressenti des professionnels exerçant en établissement ou en milieu ouvert, qu’ils participent directement à la prise en charge, comme les éducateurs et les assistantes maternelles, ou qu’ils n’y participent pas, comme le personnel de service et le personnel administratif. Sur les 1 078 questionnaires distribués par l’intermédiaire des directeurs d’établissement ou de service, 322 ont été retournés, soit un taux de participation de 30 %. Le protocole retenu pour respecter totalement l’anonymat des répondants ne permettait aucune relance. Les assistantes maternelles représentent 41 % des réponses et les éducateurs 34 %. La grande majorité des répondants (78 %) sont des femmes, près de 70 % d’entre eux ont entre 30 et 50 ans et 62 % ont une ancienneté professionnelle égale ou supérieure à 10 ans. 70 Sources de dysfonctionnements, quatre thèmes abordés : troubles psychiques, délinquance, violence, et désinsertion scolaire L’enquête portait sur quatre problèmes identifiés comme source de dysfonctionnement par les différents intervenants du département. Il s’agit des troubles psychiques, de la délinquance, de la violence et de la désinsertion scolaire. Pour limiter les variations dans l'interprétation de ces troubles, ils étaient définis de la façon suivante : - troubles psychiques : troubles aigus et/ou fréquents et répétés ayant nécessité une prise en charge médicale ambulatoire extérieure ou une hospitalisation, - délinquance : infraction ayant fait l'objet d'une plainte ou d'une sanction pénale, - violence : agression, menace ou « racket » d'autres personnes, violence envers soi-même (tentative de suicide, suicide ou automutilation), - désinsertion scolaire : renvoi administratif ou exclusion de fait d'un établissement scolaire ou de formation professionnelle, absentéisme répété non justifié ou refus de formation. L’analyse des résultats porte sur l’implication des professionnels face aux quatre problèmes évoqués, sur leur avis relatif à l’augmentation de ces problèmes parmi les jeunes, leur appréciation sur l’adaptation des prises en charge au sein de leur milieu d’exercice et sur leur formation pour y faire face. Compte tenu de la différence de leurs conditions d’exercice professionnel, les résultats relatifs aux assistantes maternelles ont toujours été dissociés de ceux des autres professionnels, eux-mêmes répartis, le cas échéant, en deux sous-groupes : professionnels participant à la prise en charge et professionnels ne participant pas à cette prise en charge. Des professionnels largement concernés par les problèmes évoqués Hors assistantes maternelles, la grande majorité des professionnels répondants à l’enquête ont déclaré s’occuper de jeunes présentant l’un ou l’autre des quatre problèmes cités. C’est le cas de 75 à 85 % d’entre eux pour la désinsertion scolaire, la violence et la délinquance. Les problèmes psychiques sont évoqués un peu moins souvent, 63 % des répondants s’occupant au moins d’un jeune présentant ce type de troubles. Pourcentage de répondants s’occupant d’au moins un jeune présentant l’un ou l’autre des troubles mentionnés Troubles psychiques Délinquance Violence - sur les autres - sur soi Désinsertion scolaire - exclusion - refus hors assistantes assistantes maternelles maternelles ______________________________ 63.0 30.8 76.6 16.9 79.7 75.0 19.2 23.1 85.9 75.5 22.3 21.5 ___________________________________________________ 71 Les assistantes maternelles sont beaucoup moins souvent confrontées à ces problèmes, en raison du plus jeune âge des enfants dont elles s’occupent habituellement. Une sur cinq indique cependant prendre en charge des enfants ayant ce type de problèmes et même près d’une sur trois dans le cas des troubles psychiques. Les personnels administratifs et de service, concernés eux aussi Il existe également des différences statistiquement significatives en fonction du type d’activité. Les professionnels directement concernés par la prise en charge sont plus souvent confrontés à ces situations que les autres. Toutefois, les personnels administratifs ou de service sont également nombreux à être en présence d’enfants ou de jeunes ayant ces difficultés, en particulier pour la désinsertion scolaire, la violence ou les troubles psychiques. Pourcentage de répondants s’occupant d’au moins un enfant présentant l’un ou l’autre des troubles mentionnés (hors assistantes maternelles) Troubles psychiques Délinquance Violence - sur les autres - sur soi Désinsertion scolaire - exclusion - refus Personnels avec activité de sans activité de prise en charge prise en charge ________________________________ 69.5 40.4 80.1 21.1 86.5 80.9 61.7 59.6 89.4 83.0 78.7 51.1 ___________________________________________________ L’ancienneté professionnelle joue également un rôle dans le ressenti des professionnels, de même que les modalités d’exercice, en établissement ou en milieu ouvert, mais les seules différences importantes et significatives portent sur les troubles psychiques. C’est ainsi que les professionnels ayant au moins 10 ans d’ancienneté sont plus nombreux (68.5 %) que les autres (53.4 %) à déclarer s’occuper d’enfants ayant ce type de problèmes. Il en va de même pour ceux qui exercent en milieu ouvert (86.2 %) par rapport à ceux qui travaillent en établissement (53.0 %). Des situations perçues en augmentation 72 Si les professionnels sont nombreux à déclarer être confrontés aux problèmes évoqués, ils sont également nombreux à estimer que ces problèmes sont en augmentation parmi les jeunes, en particulier pour la violence et la désinsertion scolaire (hors assistantes maternelles). Pourcentage de répondants estimant que les troubles mentionnés sont en augmentation hors assistantes assistantes maternelles maternelles ______________________________ Troubles psychiques Délinquance Violence - sur les autres - sur soi Désinsertion scolaire - exclusion 54.2 47.4 46.9 50.0 50.0 64.6 74.0 74.0 46.9 - refus 67.7 34.6 ____________________________________________________ Des prises en charge considérées comme pas toujours adaptées, surtout pour les troubles psychiques D’une manière générale, les professionnels ayant répondu à l’enquête considèrent que les modalités de prise en charge actuelles dans leur établissement ou service sont adaptées aux différents troubles abordés. Il existe cependant des différences selon les types de troubles. Pour les problèmes liées à la désinsertion scolaire, à la délinquance et à la violence, environ les deux tiers des professionnels estiment la prise en charge adaptée, le tiers restant ayant une opinion contraire, ce qui constitue déjà une proportion non négligeable. Pour les troubles psychiques, la prise en charge est jugée inadéquate par plus de la moitié des répondants. Pourcentage de répondants considérant la prise en charge adaptée en fonction des troubles mentionnés (hors assistantes maternelles) Personnels avec activité de sans activité de prise en charge prise en charge ensemble __________________________________________ Troubles psychiques Délinquance Violence - sur les autres - sur soi Désinsertion scolaire - exclusion - refus 44.9 61.1 73.7 83.9 48.8 66.7 67.2 59.6 82.8 78.6 70.6 62.5 61.9 63.2 83.8 66.7 66.7 64.8 _____________________________________________________________ Les professionnels non directement impliqués dans la prise en charge des enfants sont plus nombreux, et de façon significative, à considérer que les réponses fournies par les établissements ou les services sont adaptés aux problèmes des enfants. Ils ne font pratiquement pas de différences entre les troubles psychiques et les autres. Un sentiment fréquent de ne pas avoir les capacités d’une prise en charge adaptée À l’occasion de l’enquête, les professionnels ont été interrogés pour connaître leur avis sur les capacités qu’ils estimaient avoir pour participer à la prise en charge des enfants présentant l’un ou l’autre des problèmes étudiés. En matière de délinquance, de violence ou de désinsertion scolaire, 73 à peine plus de la moitié des répondants parmi les professionnels hors assistantes maternelles estiment avoir la formation et/ou l’expérience nécessaires. Pour les troubles psychiques, la proportion est inférieure à 40 %. Les assistantes maternelles sont encore moins nombreuses à estimer disposer des capacités d’une prise en charge adaptée. Pourcentage de répondants estimant avoir la formation et/ou l’expérience nécessaires à la prise en charge des problèmes évoqués hors assistantes assistantes maternelles maternelles ______________________________ Troubles psychiques 38.5 31.5 Délinquance 54.7 26.9 Violence 48.4 31.5 Désinsertion scolaire - exclusion 56.8 30.8 - refus 48.5 29.2 ____________________________________________________ 74 Faits marquants ● Le département des Pyrénées-Atlantiques compte actuellement près de 150 000 jeunes de moins de 21 ans, soit un habitant du département sur quatre. Entre 1982 et 1996, ce nombre a diminué d’environ 17 000 et d’ici 2010, il devrait encore diminuer de 10 000. Jusqu’à 20 ans, la plupart des jeunes vivent avec leurs parents, certains (environ 10 %) au sein d’une famille monoparentale. Plus de la moitié des 21-24 ans sont sans diplôme ou ont un diplôme inférieur au bac. Début 1995, 10 000 jeunes de 16 à 25 ans étaient demandeurs d’emploi, soit plus d’un actif sur cinq du même âge. ● Les institutions et organismes d’aide et de protection de la jeunesse en difficulté, en danger ou délinquante, implantés dans le département assurent la prise en charge de plus de 3 000 jeunes. Tous ne sont pas originaires des Pyrénées-Atlantiques, particulièrement en établissement où plus du quart des capacités existantes accueille des jeunes provenant d’autres départements. La moitié des jeunes pris en charge bénéficie de mesures d’assistances éducatives en milieu ouvert, 27 % d’un placement en établissement et 22 % d’un placement familial. Les trois-quarts d’entre eux sont confiés au secteur associatif habilité. ● Le dispositif de protection de la jeunesse des Pyrénées-Atlantiques répond aux besoins mais des améliorations, des recentrages ou des innovations sont nécessaires pour en améliorer l’efficacité et l’efficience. La pratique des établissements et services doit être mieux adaptée à l’évolution des conditions socio-économiques et aux besoins nouveaux des jeunes qui en découlent. Les actions menées et les mesures mises en œuvre doivent davantage s’intégrer dans des politiques d’ensemble et la coordination entre tous les intervenants doit être renforcée. La place et le rôle des différents professionnels doivent être mieux précisés. L’importance de la prévention doit être réaffirmée et l’information développée. L’absence de certaines formes nouvelles de prises en charge a également été soulignée. ● Parmi les problèmes des jeunes, quatre ont été plus particulièrement identifiés comme source de dysfonctionnement : les troubles psychiques, la délinquance, la violence et la désinsertion scolaire. Les professionnels, y compris les personnels administratifs, se sentent largement concernés par ces problèmes qu’ils estiment en augmentation. Ils considèrent que les modalités actuelles de prise en charge des enfants ne sont pas toujours adaptées à ces situations, notamment en cas de troubles psychiques. Euxmêmes n’ont pas toujours le sentiment d’avoir la capacité d’y faire face. 75 PARTIE 3 PROPOSITIONS Organiser la concertation et renforcer l'efficacité de l'action et sa qualité Optimiser les outils Maintenir la qualité et diversifier le dispositif existant 78 L Une volonté partagée d'optimisation du dispositif a troisième partie de ce document est consacrée aux propositions qui pourraient être retenues pour la mise en oeuvre du schéma. Ces propositions découlent des réflexions menées en atelier et des convergences qui y ont été constatées. Elles traduisent une volonté de modernisation partagée à la fois par les décideurs institutionnels et les associations qui gèrent les structures. En effet, même si le dispositif actuel est globalement satisfaisant, il gagnera en efficacité par l'amélioration aussi bien de sa visibilité (définition plus précise de ses fonctions) que de sa lisibilité (compréhension plus facile de ses missions). La nouvelle organisation reposera sur le redéploiement des moyens actuels avec le souci d’en vérifier régulièrement l’opportunité par des temps d’évaluation fixés au préalable. L’ensemble des propositions vise à soutenir le bien-être de l’enfant et de sa famille,... de l’enfant dans sa famille. Le service départemental d'action sociale constitue le premier maillon d'un tel soutien. Il doit disposer des moyens nécessaires pour assurer cette mission et être la référence permanente des familles au fur et à mesure de l’aide apportée. C’est principalement à travers la polyvalence du travailleur social de circonscription que la famille sera, dès le départ et constamment, reconnue dans sa globalité et dans sa qualité. Le service social, acteur de proximité au coeur de la démarche de prévention Le service social occupe une place privilégiée et généraliste qu'il convient de renforcer conformément aux propositions qui sont remontées des ateliers. Il assure déjà une mission de prévention individuelle en concertation avec les dispositifs non spécialisés (MJC, centres socio-culturels...) et spécialisés (associations de prévention). La circonscription, avec l’aide sociale à l’enfance, doit avoir les moyens et l'organisation adaptée pour faire aussi de la prévention individuelle de proximité et d’assurer la continuité de l’accompagnement. Elle doit se faire reconnaître dans cette mission. Le territoire géographique de la circonscription est suffisamment bien délimité pour qu’il soit un repère pour les usagers et les autres professionnels à condition de ne pas s’y enfermer et d'accepter de rejoindre l’interlocuteur dans son territoire. Le secteur de la circonscription doit constituer le lieu d’un partenariat reconnu. Quand les difficultés ou le danger surviennent, l’inspecteur de l’aide sociale à l’enfance, ou le juge des enfants selon les cas, prend une décision. C’est à ce moment que le dispositif associatif habilité ASE-PJJ peut être sollicité, en plus du CDEF ou du service de l’ASE (travailleurs sociaux et assistantes maternelles) et des services éducatifs publics de la PJJ. Les propositions du schéma concernent plus spécialement ce dispositif associatif. En s’appuyant sur le cadre législatif actuel, elles concernent les pratiques départementales et visent à renouveler leur inspiration et à les redynamiser. La réalisation d'un tel objectif suppose une coopération et un engagement critique et responsable de chacun (services publics, associations, professionnels de terrain et même usagers) fondés sur un espoir raisonnable d'amélioration de la situation. 79 Dans cette perspective, trois grands axes se dégagent pour agir : Organiser la concertation et renforcer l'efficacité de l’action et sa qualité : Mettre en oeuvre le schéma, c’est en prolonger la dynamique de concertation et d’enrichissement mutuel, par exemple au moyen de conventions de partenariat entre différentes administrations en veillant à leur application. C'est aussi repenser les orientations des pratiques éducative du secteur habilité ASE-PJJ. Optimiser les outils : Les outils techniques constituent l'interface indispensable et habituelle entre les besoins de l’usager et la réponse qu’il obtient en retour. Leur utilisation repose sur la connaissance que chacun en a. L’information est donc un élément essentiel du schéma. Se connaître et se faire connaître, aussi bien dans ses propres instances qu’à l’extérieur, est le soubassement de toute pratique. L'information doit être régulière, vérifiable et réciproque aussi bien verticalement dans les relations entre décideurs et prestataires qu’horizontalement entre ses pairs. L’information réciproque, qui peut passer par des actions de formation, est sûrement un outil majeur de l’efficacité d’un dispositif d’intervention. Trois axes de propositions Certains outils qui existent déjà peuvent être améliorés et d'autres expérimentés. C’est le cas de groupes thématiques (sur le signalement, le recueil de données partagées ou la mise en place de lieux d’écoute pour adolescents) ou de structures expérimentales de prévention auprès de l’enfant et de sa famille, ou auprès de l’adolescent lui-même (dans l’école ou au cours d'une prise en charge consécutive à une décision administrative ou judiciaire). Mettre en place des structures nouvelles : La volonté publique d’innover se concrétise par la création de structures nouvelles de prise en charge. Les structures de jour en constituent le pivot. Elles permettent l’accueil de l’enfant ou de l’adolescent dans la journée et s’adaptent mieux à leurs besoins dans le cadre de leur environnement social habituel ainsi qu'aux réalités éducatives actuelles. Dans la mesure où le besoin d’internat traditionnel est en légère baisse, il existe une possibilité de redéploiement de moyens vers des structures de jour. Il s'agit de cette façon de ne pas contraindre les décideurs à des placements en hébergement quand l’intervention éducative serait suffisante dans la journée, au cours du temps scolaire et périscolaire. Par ailleurs, des lieux d’accueil non traditionnels aussi bien que des lieux centrés sur la relation parent-enfant doivent être mis en place. Il n’en existe pratiquement pas dans le département. Ce type de réponse n’étant pas offert, l’enfant et ses parents peuvent pâtir de ces manques. Développer ces lieux plus spécialisés permettra, aussi bien aux usagers qu’à l'ensemble du dispositif de prise en charge, une respiration et une adéquation meilleures. Ainsi, mieux concevoir et mieux agir, mettre en place des outils partenariaux et innover constituent les trois pôles de la modernisation du dispositif d'aide en faveur des jeunes en difficulté, en danger ou délinquants qui ressortent de la dynamique de schéma entreprise dans les Pyrénées-Atlantiques. 80 PREMIER AXE DE PROPOSITIONS : organiser la concertation et renforcer l'efficacité de l'action et sa qualité - Mettre en place une conférence départementale - Créer des groupes de ressources locales - Promouvoir l'harmonisation des pratiques la commission des directeurs, les groupes thématiques 81 82 Réclamés par tous les partenaires, indispensables au niveau départemental comme au niveau local, le partenariat entre les différentes administrations et la collaboration avec les prestataires du secteur habilité ASE-PJJ doivent être développés et pérennisés. Il est temps de passer de la conviction à l’action et de mettre en place une organisation qui formalise et organise la concertation entre les différents intervenants du secteur éducatif, judiciaire, de la santé ou de la formation. Les projets qui se dégagent de la préparation du schéma de protection de l'enfance portent sur la mise en place de plusieurs lieux de rencontre pour favoriser l'émergence d'une conception commune des orientations à suivre et pour harmoniser l’action. Ces lieux concernent aussi bien l’ensemble des partenaires décisionnels que les prestataires du secteur habilité. Ils visent à servir de plates-formes d'échanges en différents points de la pratique sociale, pour percevoir les changements de la réalité et y réagir afin d'affermir et de moderniser le dispositif. 1. Une instance de proposition, de coordination et d'évaluation Mettre en place une conférence départementale Lieu de coordination, d’échanges d’informations et de définition d’objectifs communs, une conférence départementale permettrait un meilleur fonctionnement et surtout une meilleure connaissance des réseaux et des synergies entre partenaires. Définie comme un lieu de réflexion et d’élaboration de protocoles, elle permettra de prolonger la dynamique consécutive à la réalisation du schéma départemental. La composition de la conférence devrait refléter le mieux possible la diversité des cultures des professionnels intervenant dans ce domaine. Pourraient y siéger : des élus du Conseil général, la Direction de la solidarité départementale, la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse, les juges des enfants, l’Éducation nationale (enseignement public et privé), la Formation professionnelle, la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales, la Direction départementale de la jeunesse et des sports, un pédopsychiatre représentant les secteurs de psychiatrie infantojuvénile et un ou deux représentants des associations habilitées par l’Aide sociale à l’enfance et la Justice. En se réunissant une à deux fois par an, et de manière ad hoc si nécessaire, la conférence départementale aurait également en charge l’évaluation des actions menées et l’amélioration de leur coordination. Force de propositions, elle devrait dresser chaque année un bilan d’activité mais aussi proposer à la validation du Conseil général et des autres autorités compétentes des projets et des objectifs communs d'actions. 83 2. Créer des groupes de ressources locales Améliorer l'efficience sur le terrain Il est indispensable que la conférence départementale garde un lien solide et permanent avec les intervenants « du terrain ». A cet effet, elle serait relayée dans chaque circonscription de service social par des groupes de ressources locales animés et coordonnés par le responsable de circonscription. Le coordonnateur, clairement identifié dans sa personne et défini dans son rôle, déterminera aussi l'avenir de ces groupes ressources. Lieu de collaboration entre les services existants, ces groupes permettront d’agir avec plus d’efficacité et de rapidité en luttant contre la parcellisation des moyens, l’absence de visibilité et les cloisonnements nés de la décentralisation. La nécessité de réunir toutes les compétences et de réfléchir ensemble pour apporter la réponse la plus adaptée aux besoins de chaque jeune en difficulté est apparue tout au long des travaux menés par les différents ateliers. Des actions concrètes à l'initiative des professionnels Plate-forme technique rassemblant les différents acteurs du terrain, qu’ils interviennent dans le secteur de la formation, de l’éducation, de la justice ou de la santé, le groupe de ressources locales a pour rayon d’action la circonscription. Il peut aider à proposer des réponses concertées et concrètes aux juges des enfants ou à l'inspecteur de l’aide sociale à l’enfance. Le groupe de ressources locales devra en effet trouver des solutions pratiques aux problèmes de chaque enfant, chaque jeune ou chaque jeune majeur pour lequel il aura été sollicité. Il pourra être réuni par le coordonnateur, à l’initiative du juge des enfants ou de l’inspecteur de l’aide sociale à l’enfance, sur proposition du travailleur social de l’établissement ou du service à qui est confié l’enfant, sur demande du travailleur social du service social départemental ou bien encore à l’initiative d’un des interlocuteurs de l’enfant et/ou de la famille (chef d’établissement scolaire, chargé de formation, pédopsychiatre, assistante maternelle,...). L’efficacité de ces groupes de ressources locales dépendra de leur rapidité de mobilisation. Sans tarder une organisation minimale sera nécessaire pour gérer le flux des demandes et éviter tout engorgement incompatible avec leurs objectifs de fonctionnement. L’évaluation de leur activité pourrait se faire dans le cadre du bilan annuel réalisé par la conférence départementale avec la présence des coordonnateurs de terrain. Une coordination par les décideurs Il importe toutefois de souligner que l'existence de ces groupes, comme celle de la conférence, ne doit surtout pas conduire à morceler la notion de responsabilité ni à la diluer. Il s'agit de mesures de protection de l'enfance. Il apparaît donc souhaitable que ces deux instances soient coordonnées par la Direction de la solidarité départementale et celle de la Protection judiciaire de la jeunesse à l'image du travail commun réalisé dans le cadre du schéma départemental. 84 3. Articuler les pratiques du secteur habilité et les orientations du schéma Promouvoir l'harmonisation des pratiques À l'occasion de la préparation du schéma, une " commission des directeurs " du secteur associatif habilité avait été mise en place pour être une instance d'interpellation au niveau de la méthodologie d'analyse des projets pédagogiques des maisons d'enfants à caractère social et des services d'actions éducatives en milieu ouvert. En reconduisant cette instance, il s'agit de maintenir cette capacité de régulation, d'interpellation et de proposition propre à l'ensemble des prestataires du secteur habilité ASE/PJJ. Pour ce faire trois conditions sont à remplir : 1 - Que cette commission réunisse, sous la coordination de l'ASE et de la PJJ, l'ensemble des directeurs des établissements et services du secteur habilité (une vingtaine de personnes) ainsi que le directeur du Centre départemental de l'enfance et de la famille et les responsables des deux services éducatifs auprès du tribunal. 2 - Qu'elle ait un caractère permanent et se réunisse régulièrement afin d'articuler les pratiques de terrain avec les orientations du schéma. 3 - Qu'elle soit une force de proposition et d'action dans le respect du cadre législatif relatif plus particulièrement à l'habilitation et qu'elle ne se substitue pas à la responsabilité des associations pour toute décision de modification des pratiques. La caractéristique de cette commission est d'être spécifique aux prestataires du secteur habilité, sollicités en tant que tels par l'ASE et la PJJ pour la constituer. La nécessité de faire le point sur les pratiques professionnelles et les relations avec les différents partenaires s’est faite sentir. La mise en place de structures nouvelles ayant pour objectif une diversification de la pratique et une meilleure articulation des services en faveur des jeunes entraînera toutes les structures à se repositionner mais également à étudier leurs complémentarités selon leurs caractéristiques propres (âge des enfants accueillis, implantation géographique en milieu urbain ou rural, projets de service,...). Impulsés par la commission des directeurs, des groupes d'harmonisation des pratiques faciliteront cette démarche. Celle-ci sera la plus ouverte possible aux autres professionnels du secteur social, judiciaire, médico-social et socio-professionnel. 85 Placement : une réflexion sur le rôle des maisons d'enfants à caractère social et sur le placement familial Un premier groupe de travail devra réfléchir sur des aspects tels que l’originalité et la spécificité du placement en internat, les complémentarités à susciter auprès des autres partenaires, la mutation des pratiques professionnelles vers des concepts de service, l’adaptabilité et la flexibilité. Ce groupe devra également imaginer les moyens à mettre en place pour interroger régulièrement les intervenants et vérifier l’adéquation des pratiques aux missions. En feront partie avant tout, des intervenants des maisons d’enfants à caractère social (équipes d’éducation, équipes de direction, psychologues...) et ceux du placement familial. Mais, les professionnels des autres services (actions éducatives en milieu ouvert,...) et structures d’accueil (institut de rééducation,...), des partenaires du service d'action sociale départementale et tout autre professionnel sensibilisé y seront associés, de manière permanente ou non. L'ASE et la PJJ souhaitent que les futurs travaux prennent en compte les orientations formulées lors de l’étude qualitative des projets pédagogiques présentée dans la deuxième partie et s’appuient sur les conclusions de deux documents. Le premier concerne l’insertion des adolescents en difficulté et a été édité en 1993 par le Commissariat général au plan (Comité interministériel des politiques publiques). Le second, « Travail social et éducatif en internat », a été publié par le Conseil supérieur du travail social en octobre 1995. Ce groupe de travail devrait se réunir au moins durant une année avant de présenter les résultats de ses travaux. Actions éducatives en milieu ouvert : adapter le contenu des actions et leurs modalités La mise en place d’un groupe d'harmonisation des pratiques relatives aux actions éducatives en milieu ouvert permettra aux professionnels concernés d’analyser leur activité et leurs projets éducatifs en se référant aux réflexions élaborées dans le cadre du schéma. Il est en effet important que les services d’AEMO se fixent des objectifs correspondant aux orientations du schéma. Il s'agit de prendre en compte la création de nouvelles structures et le développement du partenariat, tout en restant focalisé sur la « requalification » de l’enfant, son développement et ses relations avec sa famille de manière globale et structurante. Il ressort des travaux menés dans le cadre de la préparation du schéma que les professionnels des actions éducatives en milieu ouvert doivent envisager des interventions plus différenciées tant dans leur type (meilleure prise en compte de la fratrie, des parents, activités communes entre les jeunes et les éducateurs) que dans leur financement. Les services d’AEMO doivent trouver de nouvelles façons de formuler et de réaliser leur travail. La réflexion s'élargira aux professionnels de circonscriptions qui mènent des AEMO administratives. 86 Prise en charge des jeunes majeurs : redéfinir le rôle du milieu ouvert Les jeunes majeurs représentent près d'un jeune sur cinq hébergés en établissement. Il est donc important de ne pas les négliger et d’adapter les prises en charge « classiques » à leurs besoins. La plupart des jeunes majeurs sont en fait hébergés dans des chambres en ville. Ce type de prise en charge est plus proche d’une action éducative en milieu ouvert que d’un hébergement en établissement. Il existe en effet une nette différence entre un jeune suivi en internat avec la permanence éducative de jour et de nuit qui s’y rattache et une prise en charge dans une chambre en ville avec la visite régulière d'un éducateur à l'instar d'une action éducative en milieu ouvert. Pourtant, seulement 5 % des jeunes majeurs bénéficient réellement d’une mesure en milieu ouvert. Il est donc indispensable de mieux préciser les rôles respectifs de l’internat et du milieu ouvert pour les jeunes majeurs, tant pour définir les interventions éducatives les plus efficaces que pour mieux connaître les coûts réels de leur prise en charge. Ce troisième groupe réunira plus particulièrement des professionnels du secteur habilité par l’Aide sociale à l’enfance et la Protection judiciaire de la jeunesse. 87 DEUXIÈME AXE DE PROPOSITIONS : optimiser les outils - Intervenir au cours de certaines formations - Partager connaissances et informations - Bâtir ensemble des outils communs - Innover et évaluer avant de développer l'action 90 Une boîte à outils n’est jamais complète mais elle doit permettre de répondre à des impératifs de base tout en offrant une certaine souplesse dans l’utilisation des instruments. Même si l’outil n’est pas la finalité, mais le moyen de l’action, certains d'entre eux ont paru plus opportuns à développer dans le cadre de l'effort de modernisation engagé par le schéma. La formation et l’information réciproques en font partie car elles permettent la mise en commun d’expériences et de connaissances. La nécessité de disposer de procédures communes pour le signalement, de développer le système d’information sur la population prise en charge ou de concevoir les missions des sites d’écoute pour adolescents avant toute mise en oeuvre relèvent de la même logique. L'innovation sera encouragée par la création ponctuelle de structures expérimentales qui pourront, en cas d'évaluation positive, être développées plus largement de façon partenariale ou au sein même du dispositif de prise en charge existant. 1. Des interventions de l'ASE et la PJJ au cours de la formation des partenaires Intervenir au cours de certaines formations Développer le plus précocement possible un partenariat coordonné autour du jeune passe par une phase d’apprentissage. Il est donc important que dès leur formation initiale les futurs professionnels connaissent parfaitement l’organisation du dispositif, les différents acteurs et leurs missions. L’Inspection académique (enseignement public et privé), la Direction départementale de la jeunesse et des sports, la Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales souhaitent favoriser des échanges lors des formations initiales ou continues de leurs professionnels. Dans ce cadre, différentes modalités d’intervention ont été envisagées. Une information conjointe, Aide sociale à l’enfance et Protection judiciaire de la jeunesse, sera effectuée systématiquement durant la formation des directeurs d’école et de principaux de collège. Cette information permettra une meilleure connaissance par le personnel de l’Éducation nationale du dispositif d’aide aux mineurs et jeunes majeurs en difficulté, en danger ou délinquants. Une information similaire sera diffusée auprès des intervenants de la Jeunesse et des sports pour mieux faire connaître le dispositif d’intervention, indiquer les « clignotants » qui permettent de détecter les situations à risque et enfin mieux préciser les conduites à tenir. Dans les deux cas, un cahier des charges sera établi de façon partenariale. L'évaluation de ces actions d'information fournira l'occasion d'en apprécier 91 l'utilité et l'impact, afin d'en améliorer la visibilité, la lisibilité et l'efficacité sur les pratiques d'aide aux jeunes. En accord avec la Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, une recommandation a été adressée aux missions locales et aux organismes assurant des formations auprès des jeunes, pour qu’ils travaillent en coordination avec le dispositif habilité par l’Aide sociale à l’enfance et la Protection judiciaire de la jeunesse. Dépassant le cadre d’une formation obligatoire et structurée, ces « échanges » devraient permettre aux missions locales, en étant mieux informées, d'offrir aux jeunes en difficulté un accueil et des conseils plus adaptés. En effet, les jeunes sont encore trop nombreux à passer à travers les mailles du dispositif existant et à se mettre en rupture ou en « galère ». 2. Partager connaissances et informations L’organisation de journées communes d’information, la multiplication des rencontres lors de sessions de formation continue ou lors de journées de réflexion entre professionnels (séminaires, forum,...) devraient permettre aux professionnels de développer leurs relations et surtout de partager des informations et d'échanger leur expérience sur les pratiques respectives de chacun. Apprendre aux autres et des autres : Les adultes en contact avec le milieu scolaire (adultes en relation avec les élèves, professeurs, conseillers pédagogiques, agents administratifs et des services généraux, associations de parents d’élèves) pourraient être informés sur les problèmes éducatifs et sur les conduites déviantes des adolescents. Cette initiative associerait également des professionnels de santé. Son évaluation pourrait se faire de manière coordonnée avec les comités d’environnements sociaux des établissements concernés et la conférence départementale. Des professionnels de l'Éducation nationale pourraient également effectuer des stages dans les établissements et services pour enfants en difficulté ou en danger. Réciproquement, les professionnels de ces établissements et services pourraient être accueillis pour des stages en milieu scolaire. accompagnement scolaire 92 Des séances d’information auprès des professionnels et bénévoles qui assurent un accompagnement scolaire sont assurées par l’Inspection académique. A l’initiative de la conférence départementale, ou à celle d’associations privées, l’Inspection académique accepterait d’apporter son aide, ses connaissances et ses compétences dans le cadre d'un développement de l'aide aux devoirs. Cette aide pourrait être apportée régulièrement, sur l'ensemble du département, tant en milieu urbain que rural. En outre, un conseil technique pourra être sollicité quand des établissements sociaux se doteront de possibilités de soutien scolaire plus spécifiques, éducateur scolaire par exemple. L’Inspection académique accepterait alors d’étudier la pertinence du « programme » de formation correspondant. sans frilosité, profiter de l'expérience des professionnels de santé en matière d'évaluation, de prévention et de prise en charge Les professionnels de santé, qu’ils interviennent auprès des jeunes enfants (protection maternelle et infantile, pédiatres,...) ou d’enfants plus âgés (médecine scolaire, médecine du travail,...) apportent leur expérience notamment en matière de prévention ou de repérage de situations « précaires » et à risque. Cette intervention des professionnels dans l'aide à l’évaluation de situations aiguës peut être complétée par l’intervention directe auprès du mineur ou du jeune majeur : - dans le cas d’une hospitalisation d’adolescent effectuée dans le cadre réglementaire (décision parentale et/ou judiciaire, avec un certificat médical), - à l'occasion de soins ambulatoires lors de la prise en charge éducative (en établissement ou en milieu ouvert). L’articulation entre le secteur santé et le secteur éducatif concerne ainsi, outre le jeune, le praticien hospitalier ou de ville, les parents, la personne à qui est confiée la mesure éducative. Les médecins généralistes, qui soignent les enfants mais prennent souvent en charge les familles, sont des partenaires privilégiés en terme d’informations. Il en va de même des pédopsychiatres des secteurs de psychiatrie infanto-juvénile qui ont notamment pour rôle de partager leur expérience avec les autres intervenants du domaine. Les renseignements qu’ils détiennent sont les bases d’échanges à développer pour favoriser une meilleure prise en charge globale de l’enfant basée sur des orientations communes aux services du Conseil général, de la Protection judiciaire de la jeunesse, ainsi qu'aux établissements et services habilités. La souffrance psychique, les difficultés psychologiques, les conduites addictives, les suicides, les indicateurs de dépistage des situations à risque constituent autant de thèmes autour desquels un échange constructif peut s’organiser. intégrer le réseau jeunesse et sport Les professionnels de la jeunesse et des sports peuvent également entrer dans le cadre de ce partenariat et contribuer ainsi de manière plus active à la prévention de l’inadaptation sociale. Il est important que leur rôle dans ce cadre soit bien reconnu par tous les partenaires et qu’ils soient plus souvent sollicités par les professionnels spécialisés et les jeunes eux-mêmes. En étant à même d’identifier des situations à risque et en sachant faire appel à d’autres spécialistes pour aider les jeunes, les intervenants du secteur jeunesse et sport rempliront leur rôle dans le cadre du partenariat coordonné que tous les intervenants souhaitent développer dans le département des Pyrénées-Atlantiques. 93 3. Clarifier les procédures de signalement en vue aussi d'une meilleure évaluation Bâtir ensemble des outils communs Le schéma a mis en évidence des pratiques de signalement différentes et parfois inadaptées qui entraînent des retards de prise en charge. Il faut donc mettre en place une grille claire des procédures de signalement qui soit reconnue et utilisée par tous les professionnels du département. Ce document permettra en amont de concourir à affiner et à appuyer les pratiques d'évaluation. Sous le pilotage conjoint de l’Aide sociale à l’enfance et de la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse, cette grille sera élaborée en concertation avec l’Éducation nationale (y compris la santé scolaire), le service de protection maternelle et infantile du Conseil général, le secteur associatif, les municipalités, les secteurs psychiatriques, les centres hospitaliers, les médecins de ville, les missions locales... Dans ce cadre, il ne s'agit pas de se limiter à préciser qui signale et à qui signaler. Les aspects « clignotants » d'alerte, à partir desquels une prévention efficace peut être mise en place, devront également être abordés (absentéisme scolaire ou professionnel, violence, troubles du comportement, chute du potentiel scolaire, isolement, conduites addictives...). Le rapport publié en 1994 par l'Observatoire de l'action sociale décentralisée sur l'observation de l'enfance en danger pourra être utilisé dans ce cadre aussi bien que les travaux réalisés précédemment dans le département. Un document à l’usage des spécialistes présentera la grille d’analyse adoptée, les « clignotants » retenus mais aussi la liste des différents partenaires départementaux susceptibles d’intervenir dans ce domaine. L'information du grand public sera effectuée selon des modalités à définir, un document écrit n’étant pas toujours approprié pour atteindre certaines populations. Développer le système d’information 94 Afin de prendre des décisions au plus proche des besoins, il est important de pouvoir les mesurer et pour cela de pouvoir compter sur un système d’information fiable, efficace et homogène. Chaque structure, chaque partenaire, chaque prestataire dispose d’informations qui lui sont propres. Les établissements connaissent le nombre de jeunes qu’ils hébergent dans l’année, les services d’actions éducatives en milieu ouvert celui des prises en charge qu’ils assurent, etc. Aujourd'hui cependant, personne ne connaît le nombre de jeunes qui ont bénéficié, durant une période donnée, de ces deux modalités de prise en charge, en hébergement et en milieu ouvert. Il n'existe aucune possibilité d'éliminer les doubles comptes. Les informations disponibles permettent davantage de raisonner en terme d'activité que de population suivie. Tous les participants aux travaux du schéma ont regretté cet état de fait. L'amélioration du système d’information départemental suppose un bon repérage des données disponibles, un traitement et une valorisation adaptés et efficaces de ces données, l’accès à des outils techniques nombreux, par exemple la statistique ou l’informatique. Par ailleurs, le système d'information doit respecter la loi sur l’informatique et les libertés et offrir des garanties éthiques lors de la mise à disposition et de l'utilisation des informations collectées, en particulier pour respecter le secret professionnel. Un protocole rigoureux définissant les droits et les devoirs de chacun devra être soumis aux différents partenaires avant la finalisation technique du projet. De ce point de vue, l'adoption d'un logiciel de gestion et d'informations statistiques qui soit commun à tous les établissements et services, y compris aux instituts de rééducation constituerait un progrès notable, notamment pour mieux suivre les mouvements des jeunes entre institutions 4. Redéployer les moyens pour favoriser l'innovation La modernisation des outils dont dispose le département devra s'accompagner de démarches innovantes. Un tel processus ne se conçoit pas sans évaluations adaptées. En effet, ce n'est qu'en cas de résultats positifs que ces innovations pourront être pérennisées et, le cas échéant, généralisées à l'ensemble du département. Un repérage et une prévention des situations à risque en maternelle et à l’école primaire Par exemple, pour pouvoir repérer, le plus tôt possible, des problèmes familiaux susceptibles d'entraîner des difficultés d’adaptation au système scolaire, il est envisagé de mettre en place des rencontres thématiques entre les parents, les enseignants et des professionnels du secteur social. Ces rencontres s’adresseraient aux familles de jeunes enfants dans les quartiers en grande difficulté sociale. Outre la prévention de situations à risque pour tenter d’éviter l’échec scolaire et favoriser la réussite, ces rencontres offriraient la possibilité de réinvestir les parents dans leur rôle. En commençant par aborder des thèmes autour de la santé tels que le rythme de vie de l’enfant, son alimentation, son sommeil, sa relation à la télévision, il sera probablement plus facile de motiver les familles. Selon leurs besoins et leurs demandes, d’autres sujets pourront être abordés. Toutefois, il est nécessaire d’instaurer un climat de confiance avant d’aborder des sujets tels que la maltraitance, l’alcoolisme ou la toxicomanie. Des intervenants extérieurs à l’école devront apporter leur concours à ces réunions, illustrant ainsi concrètement le développement du partenariat au bénéfice du jeune et de sa famille. L’école, selon les sujets traités, pourrait solliciter les professionnels médico-sociaux, la protection maternelle et infantile, les services de santé, le service social, la protection judiciaire de la jeunesse, etc. 95 Des ateliers de parole au sein des collèges, lycées et lycées d’enseignement professionnel Dans les établissements de l'enseignement secondaire (collèges, lycées, lycées d’enseignement professionnel), il est également nécessaire que chaque jeune ayant peu d’accès à la parole et à l’écoute puisse s’exprimer et avoir la certitude de trouver quelqu’un qui prendra le temps de l’entendre et éventuellement de « décrypter » son langage. Deux modalités d’intervention devraient pouvoir être mises en place. Il s'agirait tout d’abord d'animations collectives sous forme de groupe de parole et d’échange pour apprendre aux jeunes à exprimer leur pensée, à organiser leurs idées, à argumenter. Ce travail devrait permettre de renforcer leur intégration par une amélioration de leur capacité d’expression souvent présentée comme largement déficitaire. Mais chaque jeune doit également pouvoir accéder à titre individuel à cette possibilité de s'exprimer, s’il en fait la demande ou sur le conseil d’un enseignant par exemple. Les intervenants, éducateurs, psychologues formés à ce type de travail et rattachés à une équipe d’action éducative en milieu ouvert ou de prévention, auraient alors le choix de s'entretenir directement avec le jeune dans le cadre d'une prise en charge ou bien de le conseiller et de l'orienter vers des services extérieurs. La mise en place de telles interventions ne pourra se faire qu’en accord avec l’Inspection académique, le directeur de l’établissement, le comité d’environnement social concerné et sur demande des enseignants, des assistantes sociales scolaires ou directement des jeunes. Ce projet viendrait en complément et en appui du travail de l’assistante sociale scolaire pour quelques sites particuliers et dans des temps déterminés. L’Aide sociale à l’enfance, la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse, les directions des établissements et les comités d’environnement sociaux réaliseraient une évaluation commune de ces ateliers pour chaque établissement où ils seraient mis en place. Définir le rôle des lieux d’écoute pour adolescents 96 Mettre en place des lieux d'écoute pour adolescents concerne autant le secteur social que celui de la santé comme en témoigne le schéma départemental de santé mentale. Préalablement à toute création, les professionnels de ces deux domaines devront en préciser le cahier des charges : site ouvert, anonyme ou non, avec ou sans hébergement, à la disposition des adolescents en difficulté ou en rupture plus ou moins avancée. Déjà, le schéma départemental de santé mentale envisage cette réflexion partenariale pour déterminer avec quels intervenants et sur quelles bases de fonctionnement mettre en place une telle permanence d’accueil, d’évaluation et d’orientation des adolescents. C’est à cette réflexion que le schéma de prise en charge de l’enfance en difficulté, en danger ou délinquante propose de s'associer. Des séjours de réconciliation sociale pour des jeunes en rupture d'insertion Certains mineurs et jeunes majeurs sont en rupture totale d’insertion et présentent des comportements délinquants et à risque. Ils ne sont pas très nombreux mais leurs comportements représentent souvent un coût très important pour la société en particulier du point de vue matériel. Ces jeunes doivent pouvoir recréer le lien à la réalité et à l’autre. La méthode pour y parvenir est de les sortir de leurs « rails » habituels, de leur milieu de vie, pour les amener à se resituer grâce à des expériences extérieures, accompagnées et de durée variable. L'intensité de l'effort à consentir dans ce cadre doit cependant être comparé aux économies résultant d'une modification des comportements asociaux ou délictueux. Cette période de pause devra être utilisée pour proposer une structuration éducative et psychologique et susciter une réconciliation sociale ou scolaire. Une équipe psycho-éducative restreinte devra aider le jeune, au cours de son séjour, à réfléchir et organiser un parcours initiatique à travers, par exemple, un projet humanitaire ou de chantier de jeunes, à dénouer la confusion dans laquelle il se trouve et à préparer, à la fin de l’accueil et après évaluation, une orientation vers des services plus précis et spécialisés dans leur mission d’hébergement et/ou d’insertion. Des moyens de scolarisation à géométrie variable devront également être mis en place tout au long des séjours. 97 TROISIÈME AXE DE PROPOSITIONS : maintenir la qualité et diversifier le dispositif existant Mettre en place - des structures de jour - des lieux d'accueil non traditionnels - des lieux de soutien parents-enfants 100 Les travaux menés dans le cadre de la préparation du schéma montrent que dans le département des Pyrénées-Atlantiques l’essentiel des besoins est d’ores et déjà couvert par les structures et les services existants. Toutefois, la consultation des partenaires a mis en évidence l'absence de certaines structures ou réponses pourtant adaptées aux conditions sociales actuelles. Le besoin n'est donc pas tant quantitatif que qualitatif. Il s'agit de diversifier les lieux d'accueil existants et d'en renforcer la qualité. La baisse du nombre d’enfants pris en charge et la nécessité de recentrer certaines pratiques devraient permettre cette diversification sans augmenter les dépenses. Des structures de jour avec de nouveaux objectifs, des lieux d’accueil non traditionnels, des lieux centrés sur la relation parent-enfant suite à une décision d’accueil ou de garde, autant de propositions qui ont émergé des ateliers. L’objectif essentiel de ces créations est de moderniser le travail éducatif pour faciliter la réinsertion des jeunes pris en charge en prévenant les récidives et les complications. 1. Structures de jour Assurer les prises en charge complémentaires pour éviter le placement Pour un certain nombre d’enfants et d’adolescents, les dispositifs existants dans le secteur habilité (maison d’enfant à caractère social, placement familial, actions éducatives en milieu ouvert) constituent une réponse trop large ou inadéquate. Il est nécessaire d’adapter plus spécifiquement la prise en charge éducative qui leur est proposée. A titre expérimental, des structures de jour complémentaires des autres prises en charge éducatives en journée ou en hébergement pourraient être mises en place. Utilisées dans le cadre de mesures d'actions éducatives en milieu ouvert, elles permettraient parfois d’éviter le placement, de l'avis même des professionnels. Afin de prendre en compte le mieux possible les difficultés scolaires ou de formation professionnelle que vivent les mineurs, ces structures de jour pourraient être conçues sous la forme de petites unités à médiation scolaire pour les enfants relevant du collège (12-16 ans) et à médiation professionnelle pour les grands adolescents (à partir de 16 ans) dans lesquelles les familles joueraient un rôle important et resteraient une référence active et prégnante. Favoriser le maintien ou la réintégration dans le système scolaire Pour les enfants scolarisés, ces structures associeraient à la scolarité une prise en charge éducative, y compris à des moments péri-scolaires (soirée, mercredi, samedi, vacances scolaires...). Conçues comme une alternative à l’hébergement éducatif, elles auraient pour objectif le maintien ou la réintégration dans le système scolaire de jeunes s'excluant ou exclus des établissements en raison de leurs difficultés d'apprentissage et de leurs troubles du comportement. De telles structures se distinguent d’un institut de rééducation par le fait qu’elles recevraient des enfants d’une intelligence dite « normale » ne nécessitant pas un accompagnement médical permanent. Leur petite taille (10 à 12 places) leur permettrait de garder souplesse et adaptabilité vis à vis de la population reçue. Parallèlement, le soutien des 101 parents doit également pouvoir être assuré pour favoriser une prise en charge globale de l’enfant dans son milieu. Conventionnées et cofinancées par les administrations concernées (Éducation nationale, Conseil général et Justice), ces « classes relais » ne doivent en aucun cas constituer une forme de scolarisation parallèle au droit commun. Elles sont une réponse spécifique et conjointe des trois administrations qui ont par ailleurs des manières complémentaires de prendre en charge des enfants en difficulté. Dans un premier temps, une expérimentation pourrait être engagée au niveau d'un collège. Favoriser la mise en place de projet professionnel chez des jeunes en situation d'échec Dans la situation actuelle du monde du travail, l’intégration professionnelle directe est difficile, voire impossible, pour certains jeunes en grande difficulté. La nécessité d’une remobilisation dans le cadre d’une structure de jour a été mise en avant par certains partenaires. Ces « passerelles » existent déjà dans d’autres départements. Il s’agit d’un lieu transitoire où des jeunes de 16 à 21 ans ayant rencontré des échecs répétés, tant dans leur formation scolaire que professionnelle, peuvent effectuer des séjours de trois mois renouvelables. Fragilisés sur le plan psychologique, en opposition avec le milieu social, en incapacité d’accepter la frustration, refusant des contraintes, instables au plan des comportements, ils doivent être aidés à prendre conscience de la notion d’activité professionnelle. L’objectif est de leur permettre de se positionner, d’effectuer un choix et d’envisager une orientation de vie personnelle et professionnelle. Étape entre la vie scolaire et la vie professionnelle, ce tremplin, cette passerelle vers l’emploi s’inscrit en complémentarité dans le réseau des dispositifs de remobilisation existants. L’expérience pourrait débuter en Pays-Basque et il faudra envisager à terme sa mise en place en Béarn. Un bilan devrait être établi périodiquement avec une évaluation de l’outil, des techniques mises en place et de leurs résultats. Réalisée en commun par l’Aide sociale à l’enfance et la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse, cette évaluation devra également associer le Conseil régional d’Aquitaine. 102 2. En cas de crise, fournir aux adolescents des lieux permettant une rupture avec leur cadre de vie Lieux d'accueil non traditionnels L’objectif de cette proposition est de mettre en place des lieux de vie pour offrir à des adolescents en grande difficulté, durant des périodes de durée variable mais limitée dans le temps (crise, vacances,...), un accueil temporaire personnalisé, en complément de l’hébergement éducatif traditionnel s’il y a lieu. A ce jour, le département des Pyrénées-Atlantiques n’est pas doté de lieux d’accueil de ce type. Les « hôtes » gérant ces lieux peuvent tout à fait être des assistants maternels qui le souhaiteraient. Des procédures d'agrément et de conventionnement spécifiques peuvent être définies dans ce cadre. Les « hôtes » pourraient bénéficier du soutien de personnel spécialisé (travailleuse familiale, superviseur). Il est cependant important d’éviter de stigmatiser une population difficile et de créer une dépendance vis à vis de ces moments de « pause ». 3. Des lieux centrés sur la relation parent-enfant en amont de toute décision administrative ou judiciaire Lieux de rencontre enfants-parents Dans de nombreux cas, il serait utile de permettre aux parents et aux enfants de se rencontrer, de se reconnaître et de se retrouver dans un lieu intermédiaire où ils bénéficieraient de l’aide de professionnels. Prévenir plutôt que guérir tel pourrait être le leitmotiv de la réalisation de ce projet. L’objectif est d’essayer d’éviter d'avoir à prendre une décision administrative ou judiciaire en intervenant en amont. Pour essayer de prévenir la déstructuration familiale, il faut en effet mener des actions éducatives à la fois auprès des enfants et de leurs parents. L'orientation vers un tel lieu d’accompagnement de la relation parent-enfant s’effectuera sur le conseil et en coordination avec les enseignants, des psychologues, des professionnels de centre social et de maison de quartier, des intervenants des Caisses d’allocations familiales. Toutefois, cette démarche doit rester un acte volontaire de la part des parents et des enfants. Ce lieu de rencontre, avec un local identifiable au coeur de la ville, devrait être animé par du personnel administratif et éducatif, en collaboration avec des médecins, des psychologues et des sociologues rémunérés sous forme de vacations. La communication verbale y sera privilégiée, mais aussi la communication non verbale à travers des activités de jeux et d’ateliers adaptées aux jeunes enfants. Les interventions pourront être structurées autour de trois axes principaux : l’accueil, l’éducation et les soins apportés à l’enfant. Accueillir la famille et l’enfant, c’est écouter et favoriser la parole des parents pour les aider à assumer leur rôle éducatif auprès de leur enfant par un travail individualisé, familial et en groupe. Il faudra également pouvoir, en 103 tant que de besoin, proposer un accueil occasionnel urgent chez une assistante maternelle, dans l’optique d’une prévention des sévices et mauvais traitements. La partie éducative de ce projet vise à restaurer les compétences familiales grâce au réapprentissage de gestes quotidiens (propreté, change, bain, préparation des repas, rythmes de vie...) et à la pratique d’activités d’éveil. Il est important de permettre à la famille d’apprendre ou de réapprendre à soigner son enfant en l’observant, en l’écoutant et en repérant ses besoins quand il est en bas âge. La prise en compte de l’enfant à travers ses potentialités et ses limites permet en effet à la famille d’adapter sa demande vis à vis de lui et de mieux comprendre ses rapports avec son entourage. Cette action innovante serait évaluée par l’Aide sociale à l’enfance en articulation avec les autres services de la Direction de la solidarité départementale (service social, Protection maternelle et infantile), mais aussi avec des partenaires extérieurs, en particulier les caisses d’allocations familiales. Une structure de la sorte vient d'être mise en place sur Bayonne, lors de l'année 1996. En cas de séparation, offrir aux parents des lieux de rencontre avec leurs enfants Trop souvent, la détérioration des situations familiales empêche les regroupements familiaux entre les enfants et leurs parents quand il y a eu décision de placement. Des structures permettant ces regroupements dans un lieu adéquat auraient pour objectif d’apprendre à ces enfants et à leurs parents à reformer une famille et à en apprécier la dimension globale. Ce type de rencontres pourrait avoir lieu dans un endroit neutre type " gîte " géré par une personne ayant le statut d'assistant maternel. Cette solution favorise une meilleure couverture géographique de ces petites cellules d’accueil et donc une plus grande proximité pour les familles. Les lieux retenus devraient permettre l’accueil d’une à deux familles simultanément pour des visites de courte durée avec la possibilité de préparer des repas et/ou de passer une nuit. La présence d’un travailleur social (éducateur, assistant social, psychologue) pour servir de médiateur au cours de ces visites semble indispensable. Il ne faudra pas négliger le risque d’infantilisation des parents par une utilisation abusive de ce mode d'intervention. L'ensemble de ces projets sera réalisé au fur et à mesure des possibilités de redéploiement. Chaque structure devra faire un effort de restructuration et de proposition. 104 À retenir ● Regroupées en trois axes, les dix propositions du schéma traduisent une volonté de modernisation partagée à la fois par les décideurs institutionnels et les associations gestionnaires de structures ou services. ● Les propositions formulées répondent à trois nécessités principales : - dépasser les clivages institutionnels en favorisant la concertation, en rapprochant les connaissances et les savoir-faire des professionnels et en se dotant d'outils techniques communs ; - optimiser l'existant et le compléter pour l'adapter aux besoins actuels des jeunes et de leur famille ; - agir le plus en amont possible pour prévenir la désinsertion familiale, scolaire ou professionnelle et, en cas de besoin, disposer des moyens adéquats pour faciliter la réinsertion sociale. ● La mise en oeuvre du schéma s'accompagnera d'un effort important et continu d'évaluation aussi bien des modalités habituelles d'intervention et de prise en charge que des dispositifs innovants et expérimentaux. ● La nouvelle organisation reposera sur le redéploiement des moyens actuels et sur la recherche constante de la meilleure efficience. 105 106 Conclusion L’ensemble de ce schéma conforte le dispositif existant en renforçant certains de ses aspects, comme le partenariat et la formation, et en lui permettant d'évoluer grâce à la création, par redéploiement de l'existant, de nouvelles structures et à des actions innovantes. Sans chercher à être exhaustif pour éviter d'être figé, il impulse, coordonne et ouvre la voie à des pratiques nouvelles pour une démarche qui se veut plus moderne. Actualiser et mettre en perspective ce dispositif implique de mieux le repérer et de mieux l’évaluer. Les outils dans ce cadre seront internes et externes. Ils auront pour référence les autorités de contrôle, seront définis dans le temps et intégrés dès la mise en place des nouveaux dispositifs prévus. La conférence départementale pour le versant partenarial, les groupes thématiques conduits par la commission des directeurs pour le versant relatif au secteur associatif habilité constitueront les deux pôles charnières de la dynamique de mise en oeuvre du schéma. Loin d'enfermer la réflexion, le bon fonctionnement de ces deux pôles ne peut qu'accroître la capacité d'ouverture et d'innovation intrinsèque à la démarche poursuivie. C’est à travers les sollicitations diverses que l’on pourra garantir un meilleur respect et soutien à l’enfant et à sa famille. L’enfant et sa famille, l’enfant dans sa famille, l’équilibre dans la santé, la moralité, l’éducation de l’enfant dans sa famille constituent les finalités de toutes pratiques sociales. L’Aide sociale à l’enfance et la Protection judiciaire de la jeunesse, chacune avec leurs missions spécifiques, communes ou complémentaires, veulent garantir le bon fonctionnement du réseau de prise en charge des mineurs et des jeunes majeurs en difficulté, en danger ou délinquants, et le bien-fondé des valeurs sociales qui viennent d'être évoquées. En les faisant leurs, tous ceux qui oeuvrent pour le mieux être de l’enfant et de sa famille aspirent à donner du sens à leur action et à apporter de l’espoir en exerçant leur métier. Toutefois, cette démarche n'est pas limitée aux seuls professionnels et responsables politiques et administratifs. Dans le respect mutuel de chacun, elle s'ouvre vers la Cité et tous ceux qui se sentent solidaires de ces préoccupations, en particulier les bénévoles qui animent un tissu associatif au champ d'action souvent proche. Face à l'ampleur des défis à relever, toutes les énergies doivent s'unir. 107 GLOSSAIRE 110 Accompagnement scolaire Cf. charte de l’accompagnement scolaire (7.10.92). Charte initiée par le Ministère de l’Éducation nationale et de la Culture et le Secrétariat d’État à l’Intégration auprès du Ministère des Affaires sociales et de l’Intégration, avec le Ministère de la Jeunesse et des sports et le Secrétariat d’État à la Ville, charte signée par de nombreux organisme publics. On désigne par « accompagnement scolaire » l’ensemble des actions visant à offrir, aux côtés de l’école, l’appui et les ressources dont les enfants ont besoin pour leur réussite scolaire, appui qu’ils ne trouvent pas dans leur environnement familial et social. Ces actions sont centrées sur l’aide aux devoirs et les apports culturels nécessaires à la réussite scolaire. Accueil immédiat Mission de service public par laquelle un établissement, dont la capacité installée n'est pas dépassée, accueille immédiatement un mineur correspondant à l'habilitation dès lors qu'un magistrat estime que ce mineur se trouve en danger réel, actuel et certain, et décide de cet accueil. Accueil provisoire Décision administrative prise en accord avec le représentant légal de l’enfant, en vue de son hébergement hors de son domicile. Agrément Action d’agréer, permission, approbation émanant d’une autorité. Dans notre secteur : agrément de l’institution au titre de l’aide sociale à l’enfance par le président du Conseil général et/ou le préfet sur proposition de la Direction de la solidarité départementale après passage en C.R.O.S.S. (comité régional de l'organisation sanitaire et sociale). Agrément de l’institution au titre du médico-social ou de la santé par le préfet sur proposition de la D.A.S.S. et de la D.R.A.S.S. après passage en C.R.O.S.S. Autorité parentale Ensemble de droits et devoirs attribués aux père et mère à propos de leur enfant légitime ou naturel jusqu’à sa majorité ou son émancipation pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité. L'autorité parentale se décline en droit et devoir de garde, de surveillance et d'éducation. Dans le cadre d’une décision judiciaire, les responsables légaux en conservent tous les attributs compatibles avec les mesures éducatives, précisées par le Juge des enfants. 111 Centre de placement familial socio-éducatif CPFSE Il est destiné à accueillir dans le cadre de la protection administrative ou judiciaire de l’enfance des jeunes éloignés de leur famille en raison des difficultés d’ordre social ou éducatif, avec le concours d’assistantes maternelles salariées du service de placement familial qui participent étroitement à la mise en oeuvre du projet pédagogique propre à chacun d’eux en les recevant à leur domicile. Capacité La capacité des établissements et des services se présente sous trois formes : - la capacité théorique - la capacité installée - la capacité budgétaire La capacité théorique correspond au nombre de places ou de mesures que l’établissement ou le service a été autorisé à exercer par un arrêté de création ou d’extension en cohérence avec le schéma départemental. La capacité installée correspond à un nombre de places ou de mesures pour lesquelles les moyens de fonctionnement sont alloués annuellement (la capacité installée est, en règle générale, inférieure ou égale à la capacité théorique). La capacité budgétaire est la traduction de la capacité installée en un nombre d'unités de paiement servant à déterminer le tarif. Cas lourd Enfant dont la problématique complexe se repère par des trajectoires de vie chaotiques, émaillées d’éléments souvent dramatiques et qui mettent régulièrement les prises en charge en échec. Ces cas présentent une intrication de données médico-psychologiques, souvent carentielles, des difficultés sociales, scolaires, voire professionnelles, ils nécessitent des articulations cohérentes de la part des différents services. Conseil d'établissement Aux termes du décret n°91-1415 du 31 décembre 1991, tous les établissements mentionnés à l’article 3 de la loi du 30 juin 1975 modifiée, relative aux institutions sociales et médico-sociales, doivent mettre en place un conseil d’établissement, composé notamment de représentants des usagers et des familles, qui donne son avis et peut faire des propositions sur toute question intéressant le fonctionnement de l’établissement. Contrôle Pour notre secteur : Service de contrôle : administration chargée d’habiliter ou d’agréer, de vérifier et de surveiller le fonctionnement des institutions tant sur le plan financier qu'administratif et pédagogique (D.D.A.S.S. D.S.D.- D.D.P.J.J...). 112 Contrôle judiciaire Mesure qui, sans la placer en détention, astreint une personne à laquelle il est reproché d’avoir commis un délit ou un crime (inculpé ou prévenu) à se soumettre à certaines obligations. Décideur Dans la pratique relatée par le schéma, regroupe les Juges des enfants et les inspecteurs de l’ASE sous réserve des compétences qui leur sont propres. Double mesure Exemple : mesure d’AEMO plus mesure de placement en institution. On emploie aussi le terme de mesures associées. Associer une mesure à une autre suppose qu’elles sont de nature différente et complémentaire et nécessitent participation, collaboration, coopération. Evaluation L’évaluation consiste d’abord et avant tout dans la formulation d’un jugement de valeur sur l’action menée. Elle suppose un protocole spécifique, négocié, qui ne porte pas sur les personnes accompagnées elles-mêmes, mais sur l’action menée. En tant que démarche de compréhension de l’action, elle suppose une série de choix portant sur l’aspect plus précis de l’action à analyser, sur la stratégie d’évaluation, sur les informations à recueillir, sur le référent évaluatif lui-même. Elle ne peut être standardisée. En matière de protection de l'enfance, c'est l'ensemble des actes professionnels permettant d'apprécier et de mesurer la réalité et la nature d'une situation (danger en l'occurrence). Habilitation Action de rendre légalement capable d’exercer certains pouvoirs, d’accomplir certains actes. Pour notre secteur : rendre légalement capable l’institution ou le service d’accomplir son action d’éducation et de se voir confier un mineur. L'habilitation est obligatoire au titre de la législation relative à l'enfance délinquante ou celle relative à l'assistance éducative, pour les personnes physiques, les établissements, services ou organismes publics ou privés auxquels l'autorité judiciaire confie habituellement des mineurs. Le préfet dirige la procédure, sollicite l'avis du président du Conseil général et déclare l'habilitation sur proposition du directeur régional de la Protection judiciaire de la jeunesse. Par ailleurs, lui-même délivre aux personnes morales qui le sollicitent une autorisation d’exercer. 113 Information Improprement nommé « signalement ». Il s’agit des informations caractérisant un enfant en danger, qui peuvent parvenir du voisinage, des familles ou des intervenants éducatifs ou médico-sociaux... (selon l’O.D.A.S.). Inspecteur de l'ASE Fonctionnaire responsable de la mise en oeuvre des missions de protection de l'enfance tel que définies à l'article 40 du code de la famille et de l'action sociale, en collaboration avec la famille ou sur décision judiciaire. Jeune en rupture Adolescent qui vit une impossibilité actuelle d’instaurer des relations suivies dans sa vie affective, l’école, le travail. Juge des enfants Magistrat spécialiste des problèmes de l’enfance au civil comme au pénal, il prend des mesures de sauvegarde, d’éducation et de rééducation à l’égard des jeunes en danger jusqu’à dix-huit ans, accorde une protection aux jeunes majeurs de 18 à 21 ans en grande difficulté qui en font la demande et préside le tribunal pour enfants qui juge les mineurs délinquants. Maison d'enfants à caractère social Il s’agit d’un établissement destiné à accueillir pour des séjours allant de quelques jours à toute la période de la minorité les enfants dont les familles se trouvent en difficulté momentanée ou ne peuvent assumer durablement l’éducation de l’enfant. Ils sont confiés par le service de l’aide sociale à l’enfance ou par le juge des enfants. La mission de l’établissement est limitée par l’exercice de l’autorité parentale des responsables légaux qui en conservent tous les attributs compatibles avec les mesures éducatives, précisées par le juge des enfants. Mandat Contrat par lequel une personne charge une autre personne de la représenter pour accomplir en son nom des actes juridiques comme la vente ou la location. La procuration est l’écrit par lequel est donné le mandat. Le mandat est aussi l’acte judiciaire par lequel le magistrat compétent donne des ordres relatifs aux personnes qu’il désire voir comparaître, faire arrêter ou détenir dans une maison d’arrêt. Mesure de garde Décision judiciaire amenant l’enfant à être hébergé en dehors du domicile de son représentant légal. Mission C’est la charge donnée à quelqu’un d’aller accomplir ou de faire quelque chose. Le magistrat désigne une personne, un service, un établissement en lui donnant mission de ... 114 Partenaire Exemple : une administration partenaire. Elle s’engage avec d’autre(s) administration(s) et avec ses moyens propres dans une collaboration en vue d’un but défini en commun. Notons que le partenariat s'accommode de l'inégalité mais mal de rapports hiérarchiques. Placement Fait par lequel un enfant est amené à être hébergé en dehors du domicile de son représentant légal, suite à une décision administrative ou judiciaire. Prestataire Employé dans le sens de personne morale, contrôlée par son administration de référence en ce qui concerne le cadre et les modalités de fonctionnement relatifs au service qu’elle fournit. Procureur de la République Fréquemment dénommé « Ministère Public », il regroupe les procureurs généraux des Cours d’appel, les procureurs de la République des tribunaux et les substituts. Ces magistrats qui représentent la société, ont autorité sur les services de police et de gendarmerie agissant dans le cadre de la police judiciaire, engagent les poursuites, requièrent lors des audiences l’application de la loi et veillent à l’exécution des décisions. (Source « Le Monde »). Projet pédagogique La mission de l’établissement ou du service est définie par le projet pédagogique, pièce essentielle du dossier d’habilitation, référence pour évaluer les prestations que l’établissement, ou le service, s’est engagé à exercer luimême et celles pour lesquelles il aura recours à des prestations extérieures. La responsabilité éducative et pédagogique est assurée en permanence par l’établissement ou le service. Référent Employé dans le sens d’interlocuteur éducatif de l’enfant (n’inclut pas obligatoirement la notion de responsabilité). Responsable Qui doit répondre de ses actes ou de ceux des personnes dont il a la charge. La responsabilité est assumée généralement par les parents et/ou celui à qui est confiée la mesure. Service d'action éducative en milieu ouvert (SAEMO) Diligenté par l’autorité judiciaire, le service a pour objet de suivre à domicile les mineurs et leur famille, créer et maintenir, dans le milieu naturel, des conditions socio-éducatives susceptibles de permettre aux enfants une évolution positive. Ce service peut également être habilité par l’ASE pour réaliser des aides éducatives à domicile (AEMO administrative), à la demande des parents ou avec leur accord intégral. 115 Service d'enquêtes sociales (SES) Service d’aide à la décision qui a pour mission d’informer le magistrat au moyen d’une étude du milieu familial et de l’environnement du ou des mineurs concernés. En assistance éducative, l’enquête vise aussi à vérifier les dangers encourus par les enfants, les répercussions sur chacun d’eux, et la capacité des parents à réagir. Service d'investigation et d'orientation éducative (SIOE) Service d’aide à la décision dont la mission consiste à réaliser pour l’autorité judiciaire une étude de la personnalité du jeune et des conditions de son éducation par le moyen d’une observation du comportement, d’un bilan médico-psychologique ou de tout autre mesure d’information, ensemble ou séparément. Cette investigation a pour but techniquement d’étudier le jeune et d’élargir le travail à la famille puis à l’environnement en associant les intéressés. Saisine En assistance éducative, le juge des enfants peut être saisi par le père et la mère conjointement, ou de l’un d’eux, par la personne ou le service à qui l’enfant a été confié, par le tuteur, par le mineur lui-même, par le ministère public. Le juge peut aussi se saisir d’office à titre exceptionnel. Pour un enseignant, il s’agit d’une démarche administrative auprès de la commission ad hoc pour confirmer le signalement en vue de la recherche concertée d’une solution. Lorsque la " saisine " est faite par le service de protection de l'enfance, le terme approprié est " signalement ". Signalement Selon la définition de l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée, il s’agit d’un document écrit établi après évaluation pluridisciplinaire et si possible pluri-institutionnelle d’une information faisant état de la situation de l’enfant et de la famille et préconisant des mesures. Pour un enseignant, démarche pédagogique qui consiste à porter à la connaissance des personnels et services compétents les difficultés rencontrées par un élève. Soutien scolaire Action menée auprès d’élèves en difficulté par des professionnels (enseignants, rééducateurs) généralement dans l’établissement scolaire. À ne pas confondre avec l’accompagnement scolaire. Tarification La tarification est l’acte qui permet de déterminer à titre prévisionnel, pour une année donnée, les moyens financiers nécessaires à une structure pour accomplir la mission qui lui est assignée dans le cadre de son habilitation. Tutelle En droit : charge conférée par la loi à un tuteur (personne morale ou physique). Pour notre secteur : charge conférée par le juge des tutelles pour assurer une mission de tuteur. 116